La Théophilanthropie
église libre et non entreprise gouvernementale. — Diversité du traitement
accordé aux théophilanthropes suivant les municipalités parisiennes. — Les
théophilanthropes suspects après les élections de germinal an VI. — Démêlés
entre le culte décadaire et la théophilanthropie. — Difficultés suscitées aux
théophilanthropes par les municipalités et les agents du gouvernement.
Il n'y
a rien de plus persistant que les légendes. Plus elles sont fausses, plus
elles durent. On répétera longtemps encore, sur la foi des écrivains
catholiques et des pseudo-libéraux qui les ont copiés, que la
théophilanthropie fut l'invention, qu'on qualifiera de grotesque, du
Directeur La Réveillère-Lépeaux. J'ai
combattu la légende, avec des arguments qui n'ont pas été jusqu'à présent
contestés, dans mon livre sur la Théophilanthropie et le culte décadaire
; j'ai montré, textes en mains, que l'église déiste était sortie, à la fin de
l'an IV, de l'initiative privée d'un libraire, ancien Girondin,
Chemin-Dupontès et de la collaboration de républicains de diverses nuances,
depuis l'ancien terroriste Valentin Haüy, le célèbre instituteur des
aveugles, jusqu'au clichien Dupont de Nemours, le physiocrate
rédacteur du journal l'Historien. Non seulement la nouvelle Église n'a rien
dû au pouvoir dans la première phase de son existence, mais elle a été en
butte aux vexations et aux tracasseries répétés des agents du ministre de la
police, le modéré Cochon, créature du Directeur Carnot, alors bien revenu de
ses audaces de l'an II ! J'ai
montré que les théophilanthropes ne bénéficièrent de la protection de La
Réveillière que pendant une très courte période, pendant les quelques mois
qui suivirent le coup d'État du 18 fructidor an V, dirigé contre les
royalistes, et qui précédèrent les élections de germinal an VI, que le
Directoire fit annuler comme trop jacobines. Même
pendant ces quelques mois de faveur officielle, cruellement expiée ensuite,
il s'en faut que les théophilanthropes n'aient trouvé auprès des autorités
subalternes qu'appui et bon vouloir. Dans la capitale, à deux pas du
Luxembourg où résidait leur protecteur attitré, ils eurent parfois de la
peine à se faire rendre justice ou simplement à obtenir l'exécution des lois. De
cette mauvaise volonté des autorités subalternes, j'ai déjà donné plusieurs
exemples dans mon livre. Grâce à des documents qui m'étaient inconnu et que
je viens de consulter aux archives de la Seine[1], je puis aujourd'hui revenir
sur ce point intéressant des rapports de théophilanthropes avec les autorités
et y projeter quelques lumières nouvelles. La loi
du II prairial an III sur la police des cultes mettait les églises, édifices
nationaux, à la disposition des fidèles de toutes les confessions passées,
présentes ou futures, à la seule charge pour les bénéficiaires de contribuer
aux réparations et de se conformer aux horaires établis par les
municipalités. « Lorsque des citoyens de la commune ou section de
commune, disait l'article 4 de la loi, exerceront des cultes différents ou
prétendus tels et qu'ils réclameront concurremment l'usage du même local, il
leur sera commun, et les municipalités, sous la surveillance des corps
administratifs, fixeront, pour chaque culte, les jours et heures les plus
convenables, ainsi que les moyens de maintenir la décence et d'entretenir la
paix et la concorde. » Forts de ce texte, les théophilanthropes
parisiens demandèrent à partager la jouissance des églises, jusque-là
occupées par les catholiques romains ou par les catholiques constitutionnels. Sur les
trois municipalités d'arrondissement, dont les papiers sont conservés aux
archives de la Seine, une, celle du 1er arrondissement, ne fit aucune
difficulté pour faire droit à la pétition des théophilanthropes et s'empressa
ensuite de faciliter leur installation ; les deux autres au contraire, celles
du 4e et du 6' arrondissements, manifestèrent une répugnance non dissimulée à
exécuter la loi et à coopérer à l'établissement d'un simultaneum
cultuel qui lésait les intérêts des catholiques, les premiers occupants. La
Municipalité du 1er arrondissement, sur le territoire duquel se trouvait
l'église Saint-Philippe-du-Roule, examina, le 18 brumaire an VI, une pétition
de 48 citoyens domiciliés dans l'arrondissement[2], qui lui demandaient « d'être
autorisés à suivre les exercices du culte théophilanthropique dans l'édifice
connu sous le nom de Saint-Philippe-du-Roule. » Sur-le-champ la municipalité
fit droit à la demande qui lui était faite et, par un arrêté en bonne forme,
dont copie fut envoyée au bureau central du canton de Paris — institution qui
a précédé la préfecture de police — et à l'administration départementale,
elle fixa les heures des deux cultes qui auraient désormais la co-jouissance
de l'édifice. Les théophilanthropes pourraient en jouir « tous les jours
indistinctement depuis 11 heures jusqu'à 3 », les catholiques tous les jours
aussi, « savoir le matin depuis l'aurore jusqu'à 11 heures et le soir depuis
3 heures jusqu'au coucher du soleil ». L'administration départementale ayant
approuvé, le 22 brumaire, l'arrêté de la municipalité, celle-ci s'empressa de
le faire afficher en placard et apposer, avec un extrait de la loi sur la
police des cultes, à l'intérieur et à l'extérieur de l'église. Elle écrivit en
même temps aux commissaires de police de l'arrondissement pour les inviter à
se rendre, le 99 brumaire, à Saint-Philippe-du-Roule, vers les 11 heures,
pour assister à l'inauguration du culte des théophilanthropes, « à l'effet
d'empêcher par leur présence que les scènes scandaleuses qui ont éclaté en
différents lieux à l'occasion .de ce culte naissant ne se reproduisent point
dans le premier arrondissement[3] ». Le citoyen Langlois,
commissaire de la division du Roule, était spécialement chargé de donner
lecture à haute et intelligible voix, au début de la cérémonie, des arrêtés
et loi précités[4]. Le
citoyen Langlois se conforma aux ordres de la municipalité. Il rendit compte,
par une lettre qui fut lue à la séance du 4 frimaire, des deux offices
théophilanthropiques qui s'étaient succédé à Saint-Philippe-du-Roule le 29 et
le 30 brumaire[5]. Tout s'y était passé « dans
l'ordre ». Tout y avait été « calme et paisible ». Il est visible que la
municipalité enregistre cette constatation avec satisfaction. Elle déclare
dans la même séance que les instructions, qui lui sont parvenues du bureau
central pour lui prescrire de ne pas tracasser les théophilanthropes à propos
de la prestation de leur serment civique, sont, pour ce qui la concerne, sans
objet. Elle ne voit « dans les mesures prescrites que celles qu'elle a
constamment suivies jusqu'à ce jour n et elle arrête qu'elle continuera à s'y
conformer ». On
entend un autre son de cloche quand on parcourt les délibérations des
municipalités du 218 et du fic arrondissements. Les
théophilanthropes du 6e arrondissement réclamèrent l'usage de l'église
Saint-Nicolas-des-Champs par la pétition suivante, datée du 24 vendémiaire an
VI : Citoyens
administrateurs, Les
citoyens théophilanthropes[6] soussignés, domiciliés dans le
60 arrondissement, désirant exercer dans l'église dite
Saint-Nicolas-des-Champs le culte théophilanthropique vous demandent de
vouloir bien, en vertu de l'article 4 de la loi du 11 prairial an 3, sur la
liberté des cultes..., nous assurer le plus tôt possible l'usage commun de
cet édifice, concurremment avec nos frères les catholiques, Voulant
aussi prouver aux dits frères que nous n'entendons pas les gêner dans la
célébration de leur office, nous vous prions, citoyens administrateurs, qu'en
conformité dudit article de laditte Loy, vous fixiez le temps de l'exercice
de notre culte tous les décadis et dimanches, depuis onze heures du matin
jusqu'à deux heures après midi ; La
Constitution et les lois garantissent formellement la liberté de tous les
cultes, quel que fût celui professé dans un des édifices consacrés par la Loi
à cet usage. Ce
culte, par la sagesse de ses principes, par sa simplicité, a excité le
respect des personnes de toutes opinions. Sans dogmes, sans sacerdoce, ni
cérémonie, excluant toute controverse, n'attaquant et ne contrariant aucun
système, en amenant le Peuple par des voies douces à la tolérance pratique,
[il] doit bientôt resserrer parmi tous les citoyens les liens de la Concorde
et de la Fraternité. Notre
culte ne voulant aucun ministre de profession, faisant nous-mêmes les
lectures et prières à tour de rôle, nous prêtons individuellement,
conformément à la loi du 18 fructidor an 5, le serment requis. En
conséquence, nous jurons : Haine à la royauté et à l'anarchie et
attachement et fidélité à la République et à la Constitution de l'an
troisième. Salut
et Respect. TOMBE fils aîné, BRUYAS, B. LAMOTHE[7], LIONNAIS, LECLERC[8], ULRICH[9], FLEURRI-LANNOE, TRANSON, AUBRY[10], ARBULOT, VUIGNIER-DIJŒRNY, MARAT[11], PLAUSON, PERICOT, NORMAN, EMERARD, CAPELLE, VACHERAND, LEMIERRE, illisible, BRETON, PEULLON, BERTRAND, POUGNON, BOULANGER, HENRY, FERRAND, DUMESNIL, MUGNIER, BROCARD, SIMON, LE SURRE, SIC, MARTIN, MONTAIGNE, GAUTIER, VAUVRAY, CASTEL, KIENNERMAN, TASSON, PAULARD, LEPAGE, BELLEMAIN, P. CUROT, PETIT, BUTOT, DAVID s[12], LOPPÉ, ARNIGOT, DAMON, DINANT, PESCHÉ, MICHEL[13], CHARLIN (OU CHARLIER), WANDELLE,
DESIIAYES, CRESPIN, MOUGIN père, MOUGIN fils, P. GILLET[14], CLEMANÇAU[15], LECOQ, GILLET, TAUCHÉ. Malgré
les protestations de tolérance des 64 pétitionnaires, malgré le texte formel
de la loi qu'ils invoquaient, la municipalité du 68 arrondissement se déclara
incompétente
[16] : « Nous,
administrateurs municipaux du 6e arrondissement de Paris, réunis en séance,
avons pris connaissance du présent mémoire, lit-on au bas de la pétition, et
avons jugé n'être pas compétents pour y faire droit quant à la disposition du
local demandé par les citoyens pétitionnaires, mais les avons invités à se
retirer par devant l'administration centrale du département de la Seine dans
le cas d'accéder à leur demande. Ce 24 vendémiaire an VI de la République
française... » Le
département de la Seine fit droit à la demande des théophilanthropes et leur
accorda Saint-Nicolas-des-Champs tous les jours de midi à 3 heures. Leur
culte y fut inauguré le 22 brumaire an VI. Dans le
46 arrondissement, les théophilanthropes eurent à lutter contre une hostilité
moins franche que dans le premier, mais par cela même plus tenace. Ils
adressèrent, le 2 brumaire an VI, à la municipalité de cet arrondissement,
une pétition où ils disaient : Les
citoyens soussignés suivant l'exercice du culte théophilanthropique et
domiciliés tant dans le 4e arrondissement que dans l'étendue de la commune de
Paris, désirant user du bénéfice de la loi du 11 prairial an 3..., demandent
à jouir, en concurrence avec leurs frères les catholiques, du temple connu
sous la dénomination de SALNT-GERMAIN-L'AUXERROIS, situé dans l'arrondissement
susdit, de tout ce qui en dépend et de l'orgue. En
conséquence, ils vous prient, citoyens administrateurs, de vouloir bien
arrêter que décadi prochain, 10 du courant, ils entreront en jouissance du
dit temple avec les catholiques pour y exercer leur culte, à commencer dudit
jour, ainsi que les décadis, quintidis et jours connus anciennement sous le
nom de dimanches, depuis onze heures du matin jusqu'à trois heures
après-midi, en se conformant du reste au décret sur la police des cultes du 7
vendémiaire an 4 et à celui du 19 fructidor an 5. Salut
et Fraternité. RICHARD[17], FILLEAU, BOUTAUD, LHERMITTE, MAIRE[18], JUMEL, FINEY, LECLERC, AUBRY, GAYDAMOUR, DELAFONTAINE, MODIOT, SOULLER, JOSSARD, LENOIR, PARENT fils, FONTAINE, MICHEL, GILOT LANISSOL, D. BELIÉ jeune, POUSSINT, HEURTEMATTE, LAQUIL, VAUVERSIN, PERÉ, PAILLION, AVOCAT, PIRLENC, DE GOUY, TRÉBAU, ROSER, DELAVIGNE, MONTEIL, BACH, TERMET, CRETTÉ, LECLERC, NICOUD, ROBE, JAMARD, ROLLIER, MAILLET, JOIGNEAUX[19], JULIEN[20], LE ROY, GOBERT, MUSILLE, MOUCHIN,
BALARDELLE, HAILBRON, MONTJOIE, SEGUIN, SINGIER, LALANDE, PALY, ANDRÉ, SAGEON, CHAVESSEN. La
municipalité du 40 arrondissement, évidemment par sympathie pour les
catholiques, ne fit droit qu'en partie à la pétition précédente. Elle
autorisa le culte théophilanthropique à Saint-Germain-l'Auxerrois les décadis
et quintidis seulement. Elle maintint implicitement les catholiques en possession
exclusive de l'église les dimanches. Elle n'avait pas voulu, expliquait-elle
hypocritement, dans une lettre du 13 brumaire adressée au département, fixer
les heures du culte théophilanthropique aux ci-devant dimanches, parce
qu'elle « ne devait pas, d'après le calendrier républicain, reconnaître ce
jour plus spécialement qu'aucun autre de la décade ». Mais
les pétitionnaires théophilanthropes revendiquèrent énergiquement leurs
droits. Au reçu de l'arrêté de la municipalité, ils protestaient par une
lettre très ferme : Paris,
7 brumaire an 6. Aux
administrateurs de la municipalité du 4e arrondissement. Citoyens,
nous avons reçu la lettre que vous avez bien voulu nous écrire, ensemble
l'arrêté pris par vous, le 4 du courant, et qui accorde aux citoyens
pétitionnaires de votre arrondissement la jouissance du temple Germain-l'Auxerrois,
les décadis et quintidis seulement. Votre
arrêté, citoyens, n'a pas toutes les formes légales que le département exige
: 1° parce qu'il ne fait pas mention des jours que les pétitionnaires ont
demandés ; 2° parce que votre arrêté ne relate point les termes de l'article
4 de la loi du 11 prairial an 3 ; 3° enfin, parce que vous n'y avez mentionné
la délibération ou plutôt partie de la délibération que vous avez prise et
qui refuse l'exercice de notre culte les jours connus sous le nom de
dimanches. Nous
vous observons, citoyens, que, nous empêchant, par votre silence, d'exercer
les dimanches, vous gênez les citoyens qui suivent le culte théophilanthrope,
qui le professent les mêmes jours que les catholiques et ont autant de droit
qu'eux d'exercer le dimanche ; par cet arrêté, ce serait favoriser ces
derniers au détriment des autres qui se sont enfermés dans une demande
raisonnable. Vous avez reçu, citoyens, une lettre du bureau central à cet
égard. Nous vous y référons et vous invitons de faire jouir les théophilanthropes
des dimanches ainsi qu'ils vous l'ont demandé. Nous vous prévenons qu'en attendant
nous avons cru devoir nous adresser au département, en lui fesant part de nos
observations sur cet arrêté qui n'est point dans les termes de la loi. Salut
et Fraternité. Les citoyens dirigeant le culte théophilanthropique
: CHEVALIER, DUBROCA, MARQUET, MAIRE, CHEMIN, JEANNE, JEANNEROT, ANGIBOUST, J.-J. GUINARD, BEAUFILS, RICHARD, DANJOU, un nom illisible et un nom
disparu par suite d'une déchirure du papier[21]. La
municipalité attendit cinq jours avant de faire droit à cette nouvelle
requête. Elle rapporta son premier arrêté et en prit un second qui accordait
l'église aux théophilanthropes, « chaque jour qu'ils jugeront à propos », de
onze heures jusqu'à trois. Mais ce second arrêté, pris le 12 brumaire, ne fut
signifié aux théophilanthropes que le 25[22]. Il
n'avait fallu rien moins que l'intervention de La Réveillière et du ministre
de la police Sotin, pour triompher du mauvais vouloir et des lenteurs
calculées des municipalités d'arrondissement. L'administration centrale du
département de la Seine elle-même avait d'abord soulevé des difficultés.
Comme si elle avait trouvé anormale la coexistence de deux cultes dans le
même édifice religieux, et comme si elle avait craint qu'il n'en résultât des
troubles, elle n'avait d'abord donné aux arrêtés municipaux que des
approbations provisoires, « jusqu'à ce qu'il ait été pris, disait-elle,
des mesures plus amples pour assurer le libre exercice des différents cultes ».
Cette réserve, qui était une critique très directe de la législation et un
appel à l'intervention des chambres, figure dans les arrêtés mettant les
théophilanthropes en possession de Saint-Étienne-du-Mont (29
vendémiaire, an VI)
et de Saint-Gervais (4 brumaire an VI). Mais elle disparut des actes postérieurs[23]. Les
commissaires de police eux-mêmes, au lieu de protéger les théophilanthropes,
s'attachaient parfois à leur causer des tracasseries mesquines. Le bureau
central était obligé, par une circulaire du 3 frimaire an VI, de blâmer les
excès de zèle de ceux d'entre eux qui défendaient dans les temples la vente
des livres des théophilanthropes et qui n'en permettaient pas même la vente
au dehors. « Cette marche, disait le bureau central, n'est pas dans l'esprit
de la loi et gêne l'exercice du culte[24] ». Tant
que le Directoire protégea la nouvelle Église républicaine et déiste, les
autorités subalternes mirent une sourdine à leur hostilité et ajournèrent
leur revanche. En
germinal an VI, les théophilanthropes ayant décidé, pour manifester leur
républicanisme, de ne plus faire d'offices les dimanches, mais les seuls
décadis, et de solenniser les fêtes nationales décrétées, par la loi,
l'administration centrale du département leur facilita l'exécution de ce
dessein patriotique. Par une circulaire du 12 germinal an VI, elle les
autorisa à commencer leurs exercices, les jours de fêtes nationales, à 10
heures au lieu de 11[25]. Mais,
ce fut là le dernier acte de sympathie du pouvoir à l'égard des « adorateurs
de Dieu et des amis des hommes ». Le renouvellement partiel des conseils qui
a lieu juste en ce moment, en germinal an VI, les brouille définitivement
avec le Directoire. La Réveillière cesse de voir leurs chefs et se
désintéresse de leur entreprise. Merlin (de Douai), son collègue au Directoire,
les accuse de jacobinisme et dénonce l'influence pernicieuse qu'ils ont
exercée sur les élections. Désormais, ils sont traités en suspects, en
adversaires, presque en ennemis. Les conseils, épurés par le coup d'État du
22 floréal an VI, décrètent l'institution du culte décadaire, culte officiel
dont les fonctionnaires seront les prêtres et qui aura tout juste la
popularité du gouvernement. Le
culte officiel concurrent n'était pas encore institué que déjà les autorités
subalternes profitaient de la disgrâce des théophilanthropes pour leur
refuser les faveurs ou les droits qu'ils demandaient. La
société qui administrait le temple du Museum (Saint-Germain-l'Auxerrois) avait adressé une pétition au
département de la Seine pour obtenir la permission d'établir une école
théophilanthropique dans la ci-devant chapelle des charniers dépendant de la dite
église. Arracher l'instruction de la jeunesse aux prêtres catholiques et aux
maîtres d'école formés par eux, avait été une des grandes pensées de l'Église
déiste. Le département refusa, en prairial an VI, de faire droit à la
pétition. Il refusa de même de permettre à l'institutrice qui devait ouvrir
l'école de se loger « dans une des chambres dont l'entrée était par
l'escalier de l'orgue[26] ». Or, il faut savoir que le
même département, si rigoriste à l'égard des théophilanthropes, ne trouvait
rien à redire à la présence des prêtres catholiques dans les dépendances de
Saint-Merri qu'ils occupaient gratuitement[27]. Peu à
peu les autorités s'enhardissent. En thermidor, le commissaire du Directoire
près l'administration centrale du département de la Seine, Dupin, très
hostile aux théophilanthropes, comme en font foi ses rapports mensuels
envoyés au Directoire[28], prescrivait aux municipalités
une enquête sur leurs faits et gestes. Dans un questionnaire, daté du 4
thermidor an VI, il les interrogeait en ces termes : « Les
théophilanthropes font-ils des prosélytes ? Leur morale prospère-t-elle ?
Leurs ministres sont-ils bons citoyens ? Leurs discours ont-ils quelque
rapport à la politique ?...[29] » Quand
le culte décadaire fut décrété, par les lois des 17 thermidor et 23 fructidor
an VI, il n'est pas de mauvais procédé, de vexation gratuite que certaines
autorités épargnèrent aux malheureux théophilanthropes, traités désormais en
intrus dans les temples officiels. L'administration
centrale de la Seine stipula, dans son grand arrêté du 2e jour complémentaire
an VI, qui organisait les fêtes décadaires dans tout le département, que les
cérémonies des différents cultes devaient cesser dans les églises les jours
de décadi dès 8 heures et demie du matin[30]. Cette exigence était purement
vexatoire, car les cérémonies décadaires ne commençaient qu'à onze heures ou
même à midi. Elle atteignait beaucoup plus les théophilanthropes que les
catholiques, car ceux-ci plaçaient leurs offices aux dimanches et ceux-là aux
décadis et il était assez rare que le décadi coïncidât avec le dimanche.
Jusque-là les théophilanthropes avaient placé leurs exercices entre la messe
et les vêpres, à 10 heures ou à 11 heures. Allaient-ils être obligés de
cesser leur culte le décadi, jour du repos officiel pour les ateliers et pour
les administrations ? Leurs adhérents leur resteraient-ils fidèles s'ils
reportaient leurs exercices à un autre jour ? Il y avait là un problème grave
à résoudre, dont dépendait peut-être l'avenir et même l'existence de leur
église. Dans certains temples comme dans celui de la Reconnaissance (Saint-Germain-l'Auxerrois) ou dans celui de la Victoire (Saint-Sulpice), ils tournèrent la difficulté
en reportant leurs offices aux quintidis[31]. Dans d'autres, ils
s'efforcèrent d'amadouer les autorités et d'obtenir de leur bon vouloir une
atténuation des rigueurs des mesures officielles. A la
fin de vendémiaire an VII, les théophilanthropes de Saint-Philippe-du-Roule
sollicitèrent de la municipalité du 1er arrondissement l'autorisation de
placer leurs exercices le décadi, de 10 heures à 10 heures trois quarts,
heures qui leur avaient été indiquées précédemment pour les jours de fêtes
nationales. Ils écrivirent à cette occasion la supplique suivante dont je
respecte l'orthographe et le style : Citoyens
administrateurs, Le
département, par son arrêté du [2e jour complémentaire an VI] vous donne la
jouissant du temple à 8 heures et demi du matin, les jours de fêtes
décadaires. Ces jours sont ceux que les théophilanthropes ont depuis
longtemps consacré à leurs cérémonie religieuse, jaloux de se montré dans
leur conduite comme dans leurs discours d'accord avec les lois de la patrie. Si
vous êtes convaincu comme eux, citoyens administrateurs, que leur
institution, en rattachant les hommes aux vrais principes de la Morale et en
rétablissant le culte de la religion naturelle dans sa simplicité primitive
sans prêtres et sans misterres, soit propre à seconder puissamment
l'influence des loix et les efforts du gouvernement, il vous sera facile de
concilier l'exercice de leur culte dans le temple du Roule avec la
célébration des fêtes décadaires. Ils
remarquent que les fêtes, exigeant des citoyens et particulièrement des époux[32] des soins personnels et la
propreté des vêtements, ne peuvent guère commencer avant onze heures. Ils
demandent donc à jouir du temple depuis dix heures jusqu'à dix heures trois
quarts comme ils y étoient autorisé par un arrêté antérieur du département. Ils
sollicitent cette autorisation avec confiance de Magistrat dont le premier
désir est d'encouragé toutes les institutions qui peuvent concourir au
bonneur des citoyens et à l'affranchissement de la République. Salut
et Respect. SASSOT, BOUSSIARD,
SAGET, LOYSEAU, POLLIART, BAUDOUIN, JOSEPH, MARGUERIE, DROUOT 2[33]. La
municipalité du 1er arrondissement, qui s'était déjà montrée bienveillante à
l'égard des théophilanthropes lors de leur installation, répondit à leur
attente. Elle communiqua leur pétition au département de la Seine, le 1er
brumaire an VII, et ajouta qu'elle trouvait leurs demandes légitimes[34]. Mais le
département avait son siège fait. Il répondit par une fin de non-recevoir
motivée par une série de mauvaises raisons. Paris,
le 6 brumaire an 7 de la République française. L'administration
du département à l'administration municipale du 1er arrondissement. Citoyens,
nous avons reçu votre lettre du premier de ce mois par laquelle vous demandés
notre autorisation à l'effet de ne commencer qu'à onze heures la célébration
des fêtes décadaires, afin de donner aux sectateurs du culte théophilanthropique
le temps d'exécuter leurs cérémonies religieuses. Nous vous observons,
citoyens, que nous ne pouvons acquiescer à votre demande. D'abord, c'est
qu'en adoptant la proposition que vous nous faites, ce serait nuire à
l'exécution de la loi, puisqu'il faudrait faire attendre les citoyens, qui se
présenteront pour Se marier, que les cérémonies des théophilanthropes fussent
terminées. Ensuite, nous ne croyons pas qu'un culte particulier pratiqué par
une fraction du peuple doive être préféré à une institution que l'on peut
regarder comme le culte général de la nation entière. D'ailleurs, quelle idée
le public aurait-il des fêtes décadaires si elles étaient estimées assez peu
intéressantes pour les faire entrer en concurrence avec des cérémonies
particulières ? Enfin, en supposant que le petit nombre des mariages vous
permit d'accorder aux théophilanthropes la faculté qu'il demandent, quelle
raison pourriés-vous opposer aux sectateurs d'un autre culte qui auraient les
mêmes prétentions. Ne pourrait-il pas arriver aussi que le nombre des
mariages fut plus considérable un jour qu'un autre, alors il ne vous resterait
plus assés de temps pour les célébrer, ou vous seriés dans l'obligation
toutes les fois que pareille circonstance se présenterait de prendre de
nouveaux arrangemens avec les sectateurs des différens cultes. Vous
voyez donc, citoyens, qu'une aussi faible considération ne doit pas retarder
d'un instant l'exécution de la loi, qui appartient à la nation entière, qui
doit être observée par les citoyens en général, tandis qu'un culte, tel qu'il
soit, n'appartient qu'à une fraction du Peuple. Nous
vous invitons, en conséquence, à ne point vous écarter de la marche tracée
par notre arrêté, à commencer à 9 heures précises la célébration des fêtes
décadaires, à y mettre toute la précision que l'on doit attendre des
magistrats amis des loix et à éviter d'y apporter la moindre précipitation,
afin de ne pas donner lieu aux assistans de croire que ces cérémonies sont
exécutées plutôt par contrainte que par zèle. Salut et fraternité. PICARD, SAUZAY. Il est
impossible qu'on ne sente pas, sous ce style administratif, le désir très
arrêté de rendre l'existence impossible aux théophilanthropes. Dans le cas
actuel, le département eut lieu d'être satisfait. Les théophilanthropes de
Saint-Philippe-du-Roule cessèrent de se réunir. Les
théophilanthropes du temple de la Victoire (Saint-Sulpice), soutenus par de puissants
personnages et brûlants de zèle, n'abandonnèrent pas si vite la partie. Ils
luttèrent sans se lasser contre le mauvais vouloir du département, ils
luttèrent avec obstination. A la veille du coup d'État du 30 prairial an VII,
qui mit fin à la dictature du Directoire, leurs réunions étaient surveillées
par la police et leurs adhérents considérés comme des anarchistes[35]. C'est pourtant le moment que
choisissent leurs administrateurs pour adresser à la municipalité du 11e
arrondissement une longue requête d'un style très ferme où ils énuméraient
leurs principaux griefs. Voici cette pièce qui est curieuse à plus d'un titre
: Paris,
le 20 prairial an 7 de la République. Les
administrateurs temporels du culte des théophilanthropes du temple de la
Victoire, Aux
administrateurs municipaux du 11° arrondissement, Citoyens, nous avons reçu
votre réponse à la pétition que nous vous avons présenté sous la datte du 6
courant. Vous nous opposez l'arrêté du département que nous citions
nous-même, comme pour nous prévenir que c'était seulement de votre amour pour
la propagation des principes de morale que les théophilanthropes consacr[ent]
que nous attendions la faveur que nous avions sollicité. Mais le motif ou
votre respect pour les autorités supérieures n'ayant pu déterminer notre
assentiment, nous n'avons rien à opposer à une mesure, qu'on a sans doute
crue sage et à laquelle nous nous faisons un plaisir de nous soumettre, si
nos réclamations auprès de l'administration centrale ne sont pas mieux
accueillies, mais permettez-nous encore quelques observations que nous
soumettons à votre sagesse et à votre impartialité. La
loi sur la liberté des cultes ne donne à aucun la prééminence sur un autre ;
une égalité parfaite de droits doit régner entre eux pour prévenir des
rivalités dangereuses à l'ordre public ; mais cette égalité est-elle
respectée entre les sectateurs des deux cultes différents qui occupent le
temple de la Victoire, quand ceux du catholicisme commencent le leur dès sept
heures du matin et le prolongent jusques à dix et onze et quelquefois midy,
et, en cela, se conforme-t-on aux dispositions de l'article 3 de l'arrêté du
département qui veut que le décadi, à 8 heures et demie très précises,
l'exercice de tout culte cesse dans les églises désignées et nous demandions
à jouir de la même prérogative qu'on use à notre égard, de la même tolérance
que la loi accorde à tous et cependant nous n'avons pu l'obtenir. C'est,
citoyens, une première observation que nous soumettons à votre examen. Il
en est une deuxième qui n'est pas moins digne de votre attention, et sur
laquelle nous attendons une prompte justice. Les temples désignés pour
l'exercice des cultes doivent-ils être ouverts, tous les jours, à ceux des
adorateurs du Grand Être qui veulent lui présenter leurs hommages dans les
lieux consacrés à sa gloire ; ainsi le veut la loi et sa puissance doit faire
taire et l'intolérant farouche et le fanatisme en délire. Cependant,
citoyens, par quelle fatalité arrive-t-il que seulement depuis environ deux
mois, l'accès du temple de la Victoire nous est interdit le jour de quintidi,
lorsque nous nous y présentons pour célébrer notre culte, comme nous étions
dans l'usage de le faire depuis sa fondation ? On nous oppose une consigne ;
le temple est sous votre surveillance comme édifice national. Qui peut, à
votre insu, avoir donné une pareille consigne, qui contrarie l'esprit de la
loi, gêne la liberté des cultes ? Elle ne peut être assurément l'ouvrage de
magistrats populaires pénétrés de la sainteté des devoirs que la loi leur
impose et qui, impassibles comme elle, feront jouir chacun des droits qu'elle
leur accorde. Nous vous prions de vouloir bien donner des ordres au
commandant du poste Sulpice pour qu'à l'avenir nous n'éprouvions plus de
semblables empêchements. Enfin,
citoyens, une dernière observation, que nous croyons devoir encore vous
soumettre, est relative aux locaux particuliers destinés à l'usage des
cultes. La loi les rend communs à tous. Nous ne demandons pas l'application
rigoureuse de cette disposition. Il en est plusieurs qu'occupent les
ministres du culte catholique qui nous seraient inutiles et sur lesquels nous
ne réclamons rien ; mais, depuis l'origine de la Théophilantropie dans ce
temple, nous occupions un petit local à côté de la sacristie qui n'est propre
à rien et dont nous nous trouvons exclus depuis près de six mois. Vainement,
avons-nous réclamé la clef au citoyen Mahieu[36] qui nous l'avoit demandé, à qui
nous la cédâmes de confiance. Nous ne pouvons plus la ravoir, sous prétexte
que la municipalité s'en est emparée. S'il en est ainsi, citoyens, nous
sommes bien tranquilles, puisque nous sommes persuadés que vous ne ferez aucune
difficulté de nous la remettre, à moins que ce locals (sic) où nous avons des effets qui
appartiennent à l'administration ne vous fût nécessaire et, dans ce cas, vous
voudrez bien nous en désigner un autre dont nous aurions la clef et où nous
pourrons nous assembler librement pour délibérer sur les objets relatifs à la
police du culte que nous professons. Il
est vrai de dire que, à quelques petites entraves près, nous avons la
jouissance commune de la sacristie ou vestiaire avec les prêtres qui servent
ce temple, mais nous ne pouvons rien y déposer. Ce lieu ne peut nous servir
que lorsque le Lecteur[37] s'habille pour aller à la
chaire et il nous en faut un différent destiné aux usages susmentionnés. Nous
espérons, citoyens, que vous voudrez bien vous occuper de ces différents
objets ; qu'en cette occasion, nous aurons lieu de nous convaincre, si déjà
nous ne l'étions, de votre amour pour la justice, de votre impartialité et de
cette tolérance philosophique qui doivent caractériser des magistrats
républicains. Salut
et Fraternité[38]. Il y a
dans cette requête une ironie assez forte, qui n'atteignait pas seulement la
municipalité, mais aussi par ricochet les autorités supérieures, c'est-à-dire
en bon français, le Directoire. A cette date, e prairial an VII, les
théophilanthropes persécutés n'avaient plus rien à ménager. Lis poussaient de
toutes leurs forces au coup d'État qui devait éclater dix jours après. Quand
La Réveillière, leur prétendu protecteur, fut renversé, ils se réjouirent de
sa chute et lui jetèrent même le coup de pied de l'âne. L'opinion publique
n'en persista pas moins à lier leur sort à celui du Directeur déchu. On les
taxa seulement d'ingratitude à son égard. Les
documents que je viens d'analyser et de publier montrent ce qu'il faut penser
de la protection accordée par le pouvoir aux théophilanthropes. Cette
protection ne fut efficace que pendant une très courte période. Elle ne les
délivra même pas alors des tracasseries des autorités subalternes. Dès le
lendemain des élections de germinal an VI, la protection s'était évanouie et
changée en défiance d'abord, puis en inimitié. L'institution du culte
décadaire fut dirigée contre la théophilanthropie au moins autant que contre
le catholicisme. Les théophilanthropes, chassés des églises par les pompes
officielles du décadi, se découragent et disparaissent. Ceux qui luttent
comme ceux du temple de la Victoire, qui prolongeront leurs cérémonies
jusqu'après la signature du Concordat, sont des hommes convaincus et tenaces
que rien ne rebute. Il est piquant de constater, si ce qu'ils disent est
exact, et il est bien difficile d'en contester l'exactitude, qu'ils sont
alors plus mal traités par les autorités que les catholiques. Les prêtres
catholiques occupent gratuitement les dépendances de certaines églises. Les
instituteurs et lecteurs théophilanthropes en sont expulsés. Les catholiques
prolongent leurs offices le décadi bien au-delà de l'heure légale. Les
théophilanthropes ne peuvent même pas se réunir le quintidi, depuis que le
décadi leur est devenu en fait impraticable. A Saint-Sulpice, ils trouvent ce
jour-là les portes fermées et cela pendant deux mois consécutifs. Les catholiques
de cette église jouissent tranquillement des sacristies. Les
théophilanthropes, eux, sont privés du seul local dont l'usage exclusif leur
était réservé. Ces comparaisons sont instructives. Il n'y a jamais eu en France de gouvernement plus hostile au catholicisme que le Directoire, et cependant le catholicisme, en certains cas, réussit à jouir, sous ce gouvernement impie, de plus de privilèges qu'une église déiste et républicaine. La chose ne surprendra que ceux qui ignorent qu'entre la pensée et les programmes des gouvernements, d'une part, et les réalités, d'autre part, il y a souvent un profond abîme. Les gouvernements commandant, les fonctionnaires exécutent parfois en sens contraire et les fonctionnaires ne désobéissent pas toujours en méprisant leurs instructions. |
[1]
Ces documents m'ont été signalés par M. René Farge, à qui j'adresse mes
remerciements, ainsi qu'à M. Lazard, le sympathique archiviste si dévoué aux
travailleurs.
[2]
Les noms de ces citoyens ne figurent pas au registre de délibérations où sont
pris les détails qui suivent.
[3]
Délibération du 26 brumaire.
[4]
A Saint-Terri, la cérémonie d'inauguration de l'office théophilanthropique
avait été présidée, le 10 vendémiaire an VI, par la municipalité en corps. (La
Théophilanthropie. Paris, Alcan, 1903, p. 238.)
[5]
Au début, la messe théophilanthropique avait lieu le dimanche comme la messe
catholique. Après le 18 fructidor, elle eut lieu à la fois le dimanche et le
décadi. Le 29 brumaire était un dimanche, le lendemain un décadi.
[6]
Dans tous les documents de l'époque, théophilanthrope est toujours orthographié
ainsi.
[7]
Sans doute Benoît Lamothe, qui fut chef du nouveau culte à Sens.
[8]
Leclerc, sans doute l'ami de La Réveillière, député de Maine-et-Loire aux
Cinq-Cents.
[9]
Ulrich, l'ancien aide-de-camp d'Hanriot.
[10]
Un Aubry fait partie du comité central des théophilanthropes.
[11]
Peut-être le frère de Marat, Jean-Pierre.
[12]
C'est le peintre David, qui était aussi membre de la société cultuelle
théophilanthropique du temple de la Fidélité (Saint-Gervais ; cf. Catalogue
Charavay, 1862, n° 192, 1° et 5°).
[13]
Michel, ancien prêtre, membre du comité central des théophilanthropes.
[14]
Peut-être Gillet, député de Seine-et-Oise aux Cinq-Cents et fondateur du culte
à Versailles.
[15]
Clemançau, député de Maine-et-Loire aux Cinq-Cents, ami de La Réveillière.
[16]
Elle ne faisait que suivre l'exemple déjà donné par la municipalité du 9e
arrondissement dans une occasion semblable, en prairial an V. (Catalogue
Charavay, 1862, n° 101, 1°.)
[17]
Membre du comité central des théophilanthropes.
[18]
Ancien juré au tribunal révolutionnaire et membre du comité central des
théophilanthropes.
[19]
Joigneaux faisait partie de la société cultuelle théophilanthropique de
Saint-Merri. Il émargea aux fonds secrets du Directoire pour 72 francs. (Cf.
mes Contributions à l'histoire religieuse de la Révolution, Paris,
Alcan, 1907, p. 200.)
[20]
Julien (de la Drôme), l'ancien confident de Robespierre, qui propagera plus
tard la théophilanthropie en Cisalpine.
[21]
Les signataires figurent dans la liste du comité central des théophilanthropes
que j'ai donnée d'après Grégoire (la Théophilanthropie, p. 106), à l'exception
de Chevalier, Angiboust et Guinard. Angiboust fut subventionné par le
Directoire, en pluviôse an VII. (Contributions à l'histoire religieuse de la
Révolution, p. 200.)
[22]
Registre copie de lettres de l'administration municipale du 4' arrondissement
(25 brumaire an VI). — Reg. de correspondance du commissaire du Directoire du
4° arrondissement (13 brumaire an VI).
[23]
La Théophilanthropie, p. 211.
[24]
Registre de correspondance de la municipalité du 1er arrondissement (frimaire
an VI). Cf. aussi La Théophilanthropie, p. 223.
[25]
Registre copie de lettres de l'administration municipale du 4e arrondissement
(13 prairial, an VI). Catalogue Charavay, 1862, n° 189, 2.
[26]
Registre copie de lettres de l'administration municipale du 4e arrondissement
(13 prairial an VI).
[27]
J'ai raconté dans mon livre (p. 554-558) comment l'instituteur théophilanthrope
de Saint-Merri, Gobain, fut expulsé des dépendances de cette église par les
prêtres catholiques et comment, malgré l'appui de La Réveillière, il ne parvint
pas à se faire rendre justice, par suite de la mauvaise volonté du département.
[28]
Cf. La Théophilanthropie, p. 403. Ce Dupin est le père du ministre de la
monarchie de juillet.
[29]
Registre de la correspondance du commissaire du Directoire près la municipalité
du Pr arrondissement, fol. 184-187. Le passage concernant les théophilanthropes
est numéroté 9 dans le questionnaire.
[30]
J'ai analysé cet arrêté dans mon livre, p. 463.
[31]
La Théophilanthropie, p. 537.
[32]
Les mariages étaient célébrés au milieu de la fête décadaire dont ils étaient
un attrait.
[33]
Archives de la Seine, papiers du 1er arrondissement.
[34]
Registre de correspondance de la municipalité du 1er arrondissement, fol. 182.
[35]
Voir les preuves concluantes que je donne dans mon livre, p, 551-559.
[36]
C'est le chef du culte catholique (orthographié Mayeux dans le manuscrit).
[37]
Les prêtres théophilanthropes s'appelaient lecteurs.
[38]
Les signatures manquent. Archives de la Seine, IIe arr., n° 6440 de
l'inventaire.