LES ORIGINES DES CULTES RÉVOLUTIONNAIRES

CONCLUSION

 

 

 

Il me sera peut-être permis de dégager de cette étude, si incomplète qu'elle soit, quelques conclusions.

1° Les cultes révolutionnaires ne furent pas des constructions factices, des expédients d'un jour que ceux-là même qui les imaginaient prenaient à peine au sérieux. Ils furent en réalité l'expression sensible d'une religion véritable, issue de la philosophie du XVIIIe siècle, et éclose spontanément dans les premières années de la Révolution.

2° La religion nouvelle, après avoir d'abord grandi confusément, commença à prendre conscience d'elle-même et à se séparer de l'ancienne après l'échec de la Constitution civile du clergé. C'est l'échec de la Constitution civile qui donna aux révolutionnaires l'idée de rompre avec le catholicisme en le remplaçant, et de lui substituer le culte civique dont les éléments existaient épars. Il faut chercher l'origine du culte de la Raison dans les nombreux projets de fêtes civiques, de propagande patriotique formulés en grand nombre dès la Législative. !

3° L'idée de la séparation de l'Eglise et de l'Etat est une idée courante dans les milieux patriotiques dès 1791, mais ce n'est pas une idée vraiment laïque. A de rares exceptions près, les révolutionnaires restent des hommes d'ancien régime, épris avant tout d'unité. La conception d'un Etat neutre, indifférent aux religions, leur est étrangère. L'Etat idéal qu'ils imaginent d'après Rousseau, c'est l'État antique, l'État souverain dans tous les sens du mot, l'Etat gardien de la vertu et instrument du bonheur. Pour l'État nouveau qu'ils instituent, ils exigent le même respect, la même vénération qui environnaient l'ancien, et ils transposent le catholicisme dans leurs cultes civiques.

 

FIN DE L’OUVRAGE