I Les
patriotes et la réforme du catholicisme. — En 1789, personne ou presque personne parmi les
révolutionnaires, même les plus avancés, ne songeait à attaquer de front le
catholicisme et à lui opposer une religion nouvelle. Personne ou presque
personne parmi eux ne désirait séparer l'Eglise de l'Etat, tous étaient
étrangers à l'idée d'un Etat entièrement laïque. Ce
n'est pas à dire cependant que beaucoup d'entre eux ne fussent pas des
anticléricaux convaincus et décidés, qu'ils ne prissent pas à leur compte les
critiques du Contrat social contre le christianisme, religion incivile. Mais
pour des nécessités de tactique, parce qu'ils sentaient que la grande
majorité du peuple était encore très croyante, ils remisaient leur
anticléricalisme au fond de leur cœur et affectaient à l'occasion un grand
respect du christianisme. Ce n'était pas de leur part pure affectation et
pure tactique ! Ils pensaient avec Rousseau, avec Voltaire, avec la, grande
majorité des philosophes que le peuple ayant besoin d'une religion, il eût
été imprudent de lui enlever celle qu'il avait, avant qu'il fût mûr pour
cette « religion civile » qu'ils considéraient comme la religion de la
société future. Et, en attendant, ils feignaient d'accepter le christianisme,
afin de le réformer, de l'épurer, de le mettre en harmonie avec la nouvelle
institution politique, en un mot, afin de lui enlever peu à peu son caractère
antisocial. Dans
ses Mémoires de l'Académie de Nîmes, parus en 89, Rabaut Saint-Etienne
donnait de cette tactique une définition fort exacte, toute inspirée de
Jean-Jacques : « Ce n'est point, dit-il, à détruire le ressort moral de la
religion qu'il faut travailler. Il faut songer seulement à l'ôter des mains
où il est si mal placé, et l'associer au ressort moral de la politique, en le
mettant dans les mains de l'administrateur unique des intérêts sociaux ».
Autrement dit, il faut mettre la religion sous la surveillance et le contrôle
de l'Etat. Il faut constituer le catholicisme en religion nationale. Mais ce
n'est là qu'un premier pas : « Diminuez, continué Rabaut, insensiblement
les processions, les confréries, les cérémonies des places et des rues...
Abolissez les annates, restreignez les assemblées du clergé, faites-les
présider par un homme du Roi. Le temps viendra, après avoir subordonné le
clergé au gouvernement, de rendre la Religion civile, de la faire concourir
avec les lois, et de joindre ces deux ressorte dans
la même main. La puissance civile sera pour lors dans son plus grand état de
force[1] ». La
Constitution civile.
— Les philosophes de la Constituante adoptèrent ce programme et le mirent en
pratique. La Constitution civile du clergé lut destinée dans leur pensée à
épurer lé catholicisme et à le mettre en harmonie avec le nouveau régime.
C'était une couvre définitive dans la pensée des gallicans, chrétiens
sincères, qui la votèrent, ce n'était qu'un prélude, qu'un travail d'approche
pour les philosophes, qui joignirent leurs suffrages aux leurs. Déjà,
en refusant de proclamer le catholicisme religion d'État, les philosophes de
la Constituante avaient réservé l'avenir. Le 10 février 1791, ils firent bon
accueil à la pétition des quakers qui demandaient : 1° d'être dispensés du
service militaire, incompatible avec leur religion ; 2° De
pouvoir enregistrer leurs naissances, mariages et sépultures d'après leurs
propres maximes et que leurs registres tissent foi en justice ; 3°
D'être dispensés de toute formule de serment[2]. Ils
firent meilleur accueil encore au rapport ou Durand de Maillane demandait la
laïcisation du mariage[3]. Après Varennes enfin, ils
conservèrent leur traitement ecclésiastique aux chanoinesses qui se
marieraient, ce' qui était une atteinte indirecte au célibat ecclésiastique[4]. II Les
curés réformistes et la question du mariage des prêtres. — Mais les philosophes de
l'Assemblée furent bien vile dépassés par les philosophes du dehors. La
Constitution civile ne réussissait pas à contenter la partie la plus avancée
du clergé jureur, ces curés réformistes, qui seront bientôt les curés rouges des
cultes révolutionnaires. Elle leur laissait des déceptions. Un prêtre
d'Amiens, Lefetz, en relations avec Robespierre,
lui écrivait, le n juillet 1790, pour lui rappeler sa promesse de parler en faveur
du mariage des prêtres, réforme d'une nécessité absolue[5]. En
novembre 1790, les Jacobins accorderont les honneurs d'une lecture publique à
l'adresse qu'un curé, « âgé de 5o ans », envoyait à l'Assemblée nationale
pour lui demander de rendre aux prêtres la liberté de se marier, qui avait
été d'un usage constant aux premiers siècles de l'Eglise[6]. Déjà La
Réveillière avait fait insérer dans le cahier de sa commune l'abolition du
célibat des prêtres[7]. De
nombreux pamphlets, dont beaucoup furent l'œuvre d'ecclésiastiques, posèrent
la question devant l'opinion publique et réussirent, semble-t-il, a l'émouvoir[8]. Bientôt cette propagande se
traduisit par des actes, et il y eut des prêtres qui n'attendirent pas 93
pour prendre femme[9]. Sur
d'autres points encore, les prêtres réformistes demandaient à compléter, à
améliorer la Constitution civile. Carré, curé de Sainte-Pallaye (Yonne), demandait à l'Assemblée
nationale de substituer à la liturgie latine une liturgie française et son
adresse ne passait pas inaperçue[10]. Un
curé, dont le nom n'a pas été conservé, donnait l'exemple dès 1790 de
renoncer au costume ecclésiastique et se présentait « en habit bourgeois et
en queue » au Club des Jacobins, où il était vivement applaudi. Le même curé
avait fondé dans sa paroisse un club patriotique. Il faisait à ses ouailles
un double catéchisme, « dans l'un, il expliquait les devoirs d'une religion
sainte qui prêche la soumission et l'humilité ; dans l'autre, il interprétait
les décrets et inspirait à ses paroissiens, ses frères, ses amis et ses
enfants, le respect qui est dû aux volontés d'une nation unie de cœur et
d'esprit et à son roi adoré[11] ». La
Feuille Villageoise.
— Les curés réformistes eurent bientôt, à la fin de 1790, un grand journal
pour écouler leur prose, la Feuille Villageoise[12], qui leur fut grande ouverte. Fondée
par Rabaut-Saint-Étienne, Cerutti et Grouvelle, la Feuille Villageoise
fut par excellence l'organe des novateurs religieux. Très prudente à ses
débuts, elle ne se proposait en apparence que de défendre la Constitution
civile et de répandre dans les campagnes l'instruction patriotique. Elle
s'adressait à la fois au curé patriote et au maître d'école[13]. Mais peu à peu, sous prétexte
de réfuter les réfractaires, elle inséra des attaques plus ou moins voilées
contre la religion elle-même. Dès son n° 20 (jeudi 10 février 1791), elle publiait une Recette
contre une ancienne maladie que les historiens appellent Fanatisme,
remplie de critiques très vives, encore qu'indirectes, contre*les dogmes
catholiques. Les numéros suivants redoublaient de hardiesse, faisaient par
exemple l'éloge de la religion naturelle, et, selon les théories que Dupuis
développera bientôt dans son Origine de tous les cultes, retrouvaient dans le
christianisme les symboles naturalistes : « Ni les moines, ni les papes,
ni les siècles, ni les nouveautés de toute espèce n'ont jamais pu déplacer
les quatre grandes fêtes du Soleil ou de la Religion agricole [la religion
primitive]. La Saint-Jean perpétua la fête du solstice d'été, la Vierge
perpétua la fête de l'équinoxe d'automne, Noël perpétua celle du solstice
d'hiver, le jour de Pâques, enfin, perpétua celle de l'équinoxe printanier et
la résurrection du Christ se combina saintement avec la résurrection des
campagnes, que le printemps fait naître et refleurir. L'Egypte célébrait,
commémorait au même jour la résurrection symbolique d'Osiris. La Phénicie
célébrait, commémorait au même jour la renaissance d'Adonis, la Phrygie celle
d'Athys, la Grèce celle de Psyché, la Sicile celle
de Proserpine, la Perse, enfin, celle d'Orosmade[14] ». P.
Manuel, qui ne tardera pas à devenir le premier chef des déchristianisateurs,
s'indignait dans le même journal qu'on eut fait dire des messes pour le repos
de l'âme de Mirabeau ! « Des MESSES[15] pour Mirabeau ! Est-ce que des
pains pour les pauvres ne valent pas mieux ? » Et Manuel citait
avec force éloges la patriotique conduite d'une petite municipalité du
Loiret, Mormant, dont le maire, P. Bardin, qui était en même temps curé,
avait remplacé les messes par des distributions de pain aux pauvres, « les
bénédictions des pauvres étant les prières les plus agréables aux yeux de
l'Eternel[16] ». Sans
doute, dans un avis placé en tête du second volume de leur journal, Grouvelle
et Cerutti semblaient désavouer les attaques contre le catholicisme qu'ils
avaient accueillies dans leurs colonnes. Mais leur désaveu était lui-même une
critique de la Religion, dont ils se disaient respectueux : « On
nous a reproché d'avoir nous-mêmes montré un peu d'intolérance contre le
nanisme, on nous a reproché de n'avoir pas toujours épargné l'arbre immortel
de la foi. Mais que l'on considère de près cet arbre inviolable et l'on verra
que le fanatisme s'est tellement entrelacé dans toutes ses branches qu'on ne
peut frapper sur l'une sans paraître frapper sur l'autre ». La Feuille
Villageoise poursuivit sa propagande anticléricale. Les curés réformistes
continuèrent à y écrire à côté des philosophes : Géruzez,
curé de Sacy, près de Reims, à côté de Gilbert Romme et de Lanthenas ; Mahias, curé d'Achères (Seine-et-Marne), à côté de Ginguené et de
Jacques Boileau ; François-Nicolas Parent, curé de Boissise-la-Bertrand,
Siauve, curé d'Ampuis, qui finiront tous deux dans la Théophilanthropie, à
côté de François de Neufchâteau et de Mme de Sillery. Les uns et les autres
mirent leurs articles au même diapason. Dès la
première année, le journal comptait 15.000 souscripteurs, très gros chiffre
pour l'époque. Je ne mets pas en doute que sans la campagne habile et
prolongée de la Feuille Villageoise, l'œuvre de déchristianisation de
Chaumette et de Fouché eût été impossible. III Campagne
anticléricale.
— La Feuille Villageoise fui \e journal philosophique par excellence, mais
d'autres grands journaux politiques, la Chronique de Paris, de
Condorcet et Rabaut[17], les Révolutions de Paris,
de Prudhomme[18], menèrent avec elle le bon
combat et insérèrent dès 1790 des attaques plus ou moins directes contre la
Constitution civile et contre le christianisme. Il était manifeste que les
philosophes s'enhardissaient, et que le respect légèrement hypocrite, dont ils
avaient fait preuve jusque-là à l'égard de la religion, commençait à leur
peser de plus en plus. Anacharsis
Cloots et la séparation de l'Eglise et de l'État. — Dès mars 1790, Anacharsis
Cloots renonçait à ménager le catholicisme : « Si une religion est
nécessaire au peuple, écrit-il dans la Chronique de Paris[19], ce ne peut être que la
religion naturelle », et il croit l'heure arrivée d'établir cette
religion naturelle que Rousseau et Rabaut-Saint-Etienne n'avaient fait
qu'entrevoir dans un lointain incertain. Non seulement il préconise le
mariage des prêtres, le divorce, la diminution du nombre des évoques, puis
leur suppression, mais il lui échappe de souhaiter qu'il n'y ait pas d'autres
prêtres que les pères de famille. Son anticléricalisme s'affirme dans les
pamphlets, dans la presse et jusqu'à la tribune des Jacobins. Dans sa crainte
d'une religion dominante, il s'élève bientôt à l'idée de la laïcité de
l'Etat. Il propose aux Jacobins « d'imiter les Américains-Unis, qui ont le
bon sens de reconnaître qu'un corps politique, que le Souverain n'a point de
religion, quoique les membres du Souverain peuvent en avoir une
individuellement. La religion est une relation entre Dieu et ma conscience,
mais non pas entre Dieu et des consciences prises collectivement...[20] ». Le principe, une fois posé,
il en tire toutes ses conséquences, il veut interdire toutes les
manifestations extérieures des différents cultes, « concentrer
l'exercice des cultes dans l'enceinte des oratoires[21] ». Très vite, la religion ne
lui parait plus indispensable à la vie de la société, il passe à l'athéisme
et il se met à attaquer ouvertement les bases de toutes les religions. Le 20
avril 1J91, il porte à Fauchet le défi de discuter publiquement les preuves
et les fondements du christianisme[22] et, à celle occasion, il
demande formellement que la Constitution civile soit rapportée et que l'Etat
cesse de salarier les prêtres, qu'il appelle « des diseurs de bonne ou
mauvaise aventure ». Naigeon. — Anacharsis Cloots, à qui C.
Desmoulins ouvrait son journal, ne restait pas isolé dans cette campagne pour
la laïcité de l'Etat. L'athée Naigeon développait des considérations
analogues aux siennes dans une Adresse à l'Assemblée Nationale sur la
liberté des opinions, sur celle de la presse, etc., ou examen philosophique
de ces questions : 1° Doit-on parler de Dieu et en général de la
Religion dans une Déclaration des Droits de l'homme ? 2°
La liberté des opinions, quel qu'en soit l'objet, celle du Culte et la
liberté de la Presse peuvent-elles être légitimement circonscrites et gênées
de quelque manière que ce soit par le législateur ?[23] Naigeon
y demandait, avant Cloots, la séparation complète de l'Etat et des Eglises.
Il voulait bannir le nom de Dieu du droit naturel, du gouvernement civil, du
droit des gens, de la morale. Il se prononçait énergiquement pour la
suppression du salaire des prêtres. Sa
brochure lit impression puisque les catholiques essayèrent d'y répondre. L'un
d'eux couvrit Naigeon d'injures et déclara qu'il n'était que l'organe de tout
un parti puissant à l'Assemblée[24]. Sylvain
Maréchal et le Culte domestique. — Sans aller aussi loin que Cloots et que Naigeon,
l'athée Sylvain Maréchal souhaitai ! à son tour la suppression de la caste
sacerdotale[25]. Mais alors que Cloots et Naigeon
semblaient l'aire la guerre à l'idée religieuse elle-même, Maréchal, estimant
que le peuple n'était pas encore mur pour le rationalisme, demandait le
maintien d'un culte, mais d'un culte domestique, qui n'aurait que des
avantages. Moitié plaisant, moitié sérieux, il décrivait ce culte sans
prêtres qu'il voulait instituer. Les plus anciens de chaque hameau feront
désormais l'office des prêtres. « Une barbe vénérable leur tiendra lieu
d'ornements sacerdotaux ». Le prêtre-chef de famille mariera, enterrera, « attestera
la naissance des enfants ». Pour tout culte, « assis sur le seuil de sa porte
pendant la belle saison ou devant un foyer chaud et commode en hiver », il
prononcera des homélies courtes et touchantes. Il offrira « les prémices de
la terre au Dieu de la Nature », il fera chanter des cantiques alternés aux
jeunes filles et aux jeunes hommes. Deux fois par an, il donnera la communion
à ses enfants ; à l'issue de la moisson, en leur distribuant un gâteau de
fine Heur de froment ; à l'issue des vendanges, en faisant faire, le tour de
la table à un grand ciboire rempli de vin nouveau. A l'époque de l'ancienne
fête des Rogations, le 1er avril, il fera avec ses enfants le tour de son
domaine en invoquant « le dieu de la fécondité ». Tous les ans, au
commencement de l'hiver, vers le temps de l'ancienne fête de la Toussaint, il
commémorera le souvenir des ancêtres décédés qui ont fait le plus d'honneur à
la famille. A Noël, il célébrera la naissance des enfants. Le jour de l'ancien
Vendredi-Saint, il adressera des consolations aux membres de la famille qui
auront souffert « soit par une maladie, soit par des peines d'esprit ou de
cœur ». Quand les enfants maies auront vingt ans, les filles quinze, le
prêtre-chef de famille leur conférera la confirmation devant les parents
assemblés. « Le jeune homme s'offrira tête nue... Le pontife lui couvrira la
tête du bonnet de la Liberté, en lui disant : « je le salue au nom de tes
parents et de tes semblables. La nature l'a fait homme comme nous, nous t'en
confirmons les droits, confirme-nous en les devoirs
». Ces
imaginations ne faisaient pas sourire autant que nous pourrions le croire et,
aussi efficacement que la logique de Cloots et de Naigeon, elles minaient peu
à peu la Constitution civile. Le
Magistrat-Prêtre.
— Au culte domestique proposé par Maréchal, un anonyme qui pourrait bien
être, à de certains indices, Boissy d'Anglas, préférait un théisme d'État.
Dans une curieuse brochure, parue certainement en 1790 et dont le titre dit
bien le contenu, le Magistrat-Prêtre[26], il proposait, selon ses
expressions, « le rétablissement de l'ordre par la réunion du Pontificat et
de la Souveraineté nationale, du Sacerdoce à la Magistrature et le sacrifice
des intérêts des prêtres au besoin de conserver la Religion... » Autrement
dit, estimant que la Constitution civile laissait encore à l'Eglise trop de
force dans l'Etat, l'auteur anonyme voulait instituer une nouvelle religion
d'Etat, qui ne serait pas le christianisme, mais le théisme. Le
christianisme est antisocial, c'est une religion d'esclaves, c'est le plus
ferme appui des empires despotiques. L'Assemblée nationale a eu tort de
salarier les ministres du christianisme romain, elle a salarié ainsi
l'intolérance, l'amour de la domination, « les automates de la
Providence ». Il faut donc détruire le christianisme, mais il faut le
remplacer. Il n'est pas vrai qu'une société d'athées puisse subsister, Bayle
n'a pu le soutenir que par un sophisme. Les athées de bonne foi n'existent
pas. D'ailleurs, quand même il serait vrai que la religion ne serait qu'« une superstition épurée », « on ne peut nier que la
superstition elle-même tient à la nature de l'esprit humain ». Il faut donc
prendre les hommes comme ils sont. Puisqu'ils sont naturellement
superstitieux et qu'il leur faut une religion, que cette religion favorise du
moins la liberté, loin de lui nuire, et qu'elle soit dans la dépendance
directe de la Nation. Les prêtres seront désormais des magistrats amovibles
et temporaires nommés par le peuple et ils enseigneront le pur théisme. Il
appartiendra à l'Assemblée nationale législative, qui va se réunir,
d'apporter a la
Constitution civile du clergé les réformes nécessaires, et pour cela il faut
que cette assemblée soit « reconnue souveraine quant à la partie spirituelle
du culte religieux ». Ces réformes faites, l'unité sera rétablie entre la
Religion et la Législation, entre l'Eglise et l'Etat, entre le Ciel et la
Terre, celle unité féconde qui avait l'ait le bonheur des cités antiques ! Pamphlets
anticléricaux.
— Cette prédication ne restait pas sans écho. Ce qui le prouve, c'est' le
nombre toujours croissant des pamphlets anticléricaux[27] et le succès qu'obtiennent
certains d'entre eux. La première édition de l’Esprit des Religions de
Bonneville s'enlève « avec une rapidité dont on a peu d'exemples dans un
temps de Révolution[28] ». Le pamphlet de Ginguené De
l'Autorité de Rabelais dans la Révolution présente, et dans la Constitution
civile du clergé[29] n'avait pas été moins bien
accueilli. On
retrouvait la verve licencieuse des fabliaux contre les prêtres et les moines
dans de nombreux écrits de circonstance qui, sous prétexte d'applaudir à la
Constitution civile, à la confiscation des biens d'église, à la fermeture des
couvents, s'en prenaient en réalité à l'Eglise et à la Religion elles-mêmes.
Le titre en est parfois si indécent qu'il est difficile à reproduire[30]. L'un de
ces écrits satiriques, sous le titre d1Enterrement du despotisme ou
Funérailles des aristocrates[31], décrivait par avance en 1790,
un de ces cortèges grotesques, une de ces mascarades antireligieuses, comme
il s'en déroulera dans les rues trois ans plus tard : « Des hommes vêtus de
noir en crêpe porteront de distance en distance au bout des piques, des peaux
de tigres, des plumes, des plumets, des surplis, des aumusses, des robes
rouges, etc., et tout ce qui a rapport aux anciennes dignités du clergé et de
la noblesse, et surtout l'ancien archevêque de Paris, donnant la bénédiction
avec sa patte... » Le
mouvement anticlérical inquiète les Jacobins. — Le mouvement anticlérical
fut bientôt assez fort pour préoccuper les politiques prudents. Le 9 janvier
1791, les Jacobins adressaient une circulaire[32] à leurs sociétés affiliées pour
les mettre en garde contre les pièges des prêtres réfractaires. La circulaire
prenait vivement la défense de la Constitution civile. Elle désavouait
implicitement les attaques dont elle avait été l'objet de la part des
philosophes trop pressés. Elle protestait contre le bruit, répandu « avec
affectation », d'après lequel l'Assemblée se proposerait de détruire «
le culte de nos pères ». « Quelle absurde calomnie ! » C'était transformer
les philosophes avec une habileté perfide en alliés et en complices des
réfractaires. Le 13
juin 1791, pour témoigner mieux encore de leur respect du catholicisme, les
Jacobins accordaient les honneurs de leur séance « aux jeunes communiants de
l'église métropolitaine ». La scène avait été préparée' d'avance, car l'un
des communiants prononçait un discours : « A peine sortis des mains de la
Religion, nous venons au milieu de vous donner les preuves du patriotisme
dont nous sommes enflammés.., » et Prieur qui
présidait le club répondit : « Vous venez d'être adoptés par la religion. La
patrie vous adopte à son tour[33] ». IV La
Religion de la Patrie considérée comme un complément de la Constitution
civile. — Mais
si les Jacobins faisaient encore profession de respecter la Religion, ils
niellaient déjà à côté d'elle la Patrie, qui était aussi une Religion. Très
vite l'idée leur vint, plus ou moins consciemment, de compléter en quelque
sorte la Constitution civile par tout un ensemble de fêles nationales, de
cérémonies civiques, qui seraient plus spécialement l'école du patriotisme.
Dès lors, la Constitution civile n'était plus dans leur esprit qu'une
concession nécessaire faite au passé, les fêtes nationales prépareraient les
voies à la religion de l'avenir. Cette
idée d'organiser peu à peu un culte civique, complément et correctif de
l'autre, ne fut pas suggérée aux hommes politiques par des vues théoriques,
par des considérations abstraites. Les symboles révolutionnaires, les fêtes
civiques n'attendaient pas, pour naître, l'intervention des hommes
politiques. Bien au contraire, ce fut le spectacle du culte révolutionnaire
déjà tout formé dans les fédérations, qui provoqua chez eux le désir de le
perfectionner, de le systématiser, d'en faire, en un mot, un instrument
politique[34]. Au
lendemain même de la Fédération, un curé patriote, partisan de l'abolition du
célibat ecclésiastique et aussi avancé en politique que les curés de la Feuille
Villageoise[35], concevait le projet
d'organiser des fûtes patriotiques pour faire aimer la Constitution. « Le
meilleur traité de morale d'un peuple libre, écrivait-il[36], serait peut-être le recueil
des fêtes de la Liberté. C'est par des jeux et des spectacles qu'on peut
inspirer aux hommes l'amour des mœurs et le courage de la vertu. Le langage
sévère des lois, s'il 3C fait entendre au cœur humain, n'en persuade pas aisément
l'observation, parce qu'elles n'imposent que des sacrifices, et que
l'enthousiasme, l'émulation de la gloire peuvent seuls commander des
sacrifices... » L'idée
faisait son chemin. Après la fuite à Varennes, Gilbert Romme, racontant dans
la Feuille Villageoise la fête civique qu'il avait organisée pour
commémorer l'abolition de la dime, demandait à son tour que les fêtes
patriotiques fussent généralisées. A côté de la religion chrétienne, il
parlait de dresser la religion de la Loi. « La Loi est la religion de l'État,
qui doit avoir aussi ses ministres, ses apôtres, ses autels et ses écoles[37]. » Dans la même lettre/ G.
Romme demandait aussi la révision de la Constitution et faisait entendre un
langage républicain. Il n'est pas douteux que le 20 Juin 1791 fit beaucoup
pour le progrès des idées avancées en religion comme en politique. Mirabeau
et les fêtes nationales. — Les Constituants eux-mêmes se laissaient peu à peu entraîner
dans le mouvement. En juillet 1791, sous le titre de Travail sur
l'éducation publique trouvé dans les papiers de Mirabeau l’aîné 3[38], Cabanis éditait quatre
discours inédits de Mirabeau, dont l'un traitait « des fêtes publiques,
civiles et militaires ». Ici, la pensée encore vague de Romme et du curé
patriote s'est précisée, s'est élargie, s'est transformée en une vue
politique systématique. Les
fêtes nationales, dit Mirabeau en substance, redeviendront ce qu'elles ont
été autrefois en Grèce et à Rome, une école de patriotisme et de morale.
Elles ramèneront peu à peu l'unité entre la « magistrature et le sacerdoce »
; elles feront disparaître les divisions, les défiances, les préjugés des
citoyens. Leur objet « doit être seulement le culte de la Liberté, le culte
de la Loi ». Aussi, n'y mêlera-t-on jamais « aucun appareil religieux ». « La
sévère majesté de la religion chrétienne ne lui permet pas de se mêler aux
spectacles profanes, aux chants, aux danses, aux jeux de nos fêles nationales
et de partager leurs bruyants transports. » Par
cette raison spécieuse, dont il dut sourire intérieurement, Mirabeau
sauvegardait l'indépendance de la religion nouvelle et se réservait sans
doute de l'opposer, puis de la substituer à l'ancienne dans un avenir plus ou
moins éloigné. Ainsi l'unité « du sacerdoce et de la magistrature » sera
rétablie comme dans l'antiquité. Il y
aura chaque année quatre fêles civiles qui se célébreront aux solstices et
aux équinoxes, jusque dans les plus petites communes : 1° la fête de la
Constitution, en mémoire du jour où les communes de France se constituèrent
en Assemblée nationale ; 2° la fête de la Réunion ou de l’Abolition des
ordres ; 3° la fête de la Déclaration des Droits ; 4° la fête de l’Armement
ou de la Prise d'Armes, « en souvenir de l'accord admirable et du courage
héroïque avec lequel les gardes nationales se formèrent tout-à-coup pour
protéger le berceau de la Liberté ». Les
quatre fêtes civiles seront suivies de quatre fêtes militaires : 1° la fête
de la Révolution ; 2° la fête de la Coalition, « en mémoire de
la conduite des troupes de ligne pendant l'été de 1789, où la voix de la
Liberté les réunit autour de la Patrie » ; 3° la fête de la Régénération
; 4° la fête du Serment militaire, dont « le but est de faire
sentir à l'armée ses rapports particuliers avec la chose publique, de lui
retracer ses devoirs en caractères sensibles ». Il y
aura enfin tous les ans, au 14 juillet, une grande fêle nationale, la fête
de la Fédération ou du Serment. Ce jour-là, tous les districts du royaume
enverront à Paris un délégué pris indifféremment parmi les officiers, les
bas-officiers ou les simples soldats. Mirabeau
esquissait d'avance le programme de ces fêtes nationales. Dans les fêtes
civiles, on prononcerait « l'éloge funèbre des hommes qui auront rendu des
services à la Patrie ou qui l'auront honorée par leurs talents[39] » : on y distribuerait « toutes
les récompenses publiques, les prix des Académies, ceux mêmes des collèges[40] » ; on y représenterait des
pièces de théâtre[41] : on y exposerait les nouveaux
chefs-d'œuvre de peinture, de sculpture, de mécanique, enfin de tous les arts
quelconques[42]. Ce
n'étaient pas là, remarquons-le encore une fois, rêves d'un esprit abstrait,
inventions d'une imagination fantaisiste, mais conceptions d'homme d'État qui
ne tarderont pas à passer dans les faits, qui sont déjà en voie d'exécution.
Comme le curé patriote de tout à l'heure, Mirabeau s'est, en effet, inspiré
de l'exemple de la Fédération et des nombreuses fêtes civiques qui suivirent[43]. Son
travail posthume n'en aura pas moins une grande importance pour la formation
des cultes révolutionnaires. Il a systématisé une idée encore vague et il lui
a donné l'autorité de son grand nom. Les nombreux projets de cultes civiques
qui vont suivre seront imités du sien et ne lui ajouteront presque rien
d'essentiel. Il est le premier, enfin, à avoir dit nettement qu'il fallait
séparer la religion révolutionnaire du catholicisme. Ses conseils ne seront
pas perdus. Talleyrand. — Déjà, dans le volumineux
rapport qu'il présenta au nom du Comité d'instruction publique dans les
derniers jours de la Constituante, Talleyrand s'inspira du projet de
Mirabeau, son ami[44]. Les fêtes nationales sont
considérées par lui comme une partie de l'instruction publique, comme l'école
des hommes faits. Il espère, avec Mirabeau, qu'elles entretiendront chez les
Français « l'amour de la Patrie, cette morale presque unique des anciens
peuples libres ». Avec Mirabeau encore, il estime que la religion serait
déplacée dans les fêtes nationales de « l'allégresse », et il l'en écarte,
mais il lui conserve une place dans les fêtes de « la douleur ». Peu importe
qu'il ne suive pas Mirabeau point par point, qu'il réduise à deux les fêtes
périodiques, celles du 14 juillet et du 4 août, qu'il ne sépare pas
absolument le catholicisme du « culte de la Liberté », son projet n'en
revient pas moins en pratique à opposer à la religion ancienne la religion
nouvelle. Conclusion. — La Constituante n'eut pas le
temps matériel de discuter le rapport de Talleyrand. Elle tint cependant,
avant de se séparer, à consacrer par un vote de principe l'institution des
fêtes nationales. Sur la proposition de Thouret, elle adopta à l’unanimité
cet article additionnel à la Constitution : « Il sera établi des fêtes
nationales pour conserver le souvenir de la Révolution française, entretenir
la fraternité entre les citoyens, les attacher à la Patrie et aux lois[45]. » Il n'est pas exagéré de croire qu'à l'insu peut-être de la majorité de ceux qui le votèrent, les cultes révolutionnaires étaient en germe dans cet article. |
[1]
Mémoires de l'Académie de Nîmes, 7e sér., t.
XVI, p. 231, cité par Lévy Schneider, Le Conventionnel Jeanbon-Saint-André,
1901, in-8°, p. 89.
[2]
L'édition respectueuse des amis de la Société chrétienne appelés quakers,
prononcée à l'Assemblée nationale, jeudi 10 février 1391, in-8° (Bib. nat., Lb³⁹ 4606). Le Président de l'Assemblée
répondit en distinguant les principes religieux des maximes sociales et en
assurant les pétitionnaires que leurs demandes seraient soumises à la
discussion.
[3]
Chargé d'examiner les réclamations du comédien Talma contre le curé de
Saint-Sulpice qui refusait de célébrer son mariage, pour lu' seule raison qu'il
était comédien, Durand de Maillane avait proposé a que tout mariage fut valable
aux yeux de la loi par la seule déclaration qu'en feront les parties, dans la
forme même que la loi leur prescrira ». (Voir son rapport à lu Bib. nat., Lc³⁹ 1512). L'Assemblée lit bon accueil au
projet, sans l'adopter formellement. Elle inscrivit toutefois dans la Constitution
cette phrase : « La loi ne considère le mariage que comme contrat civil ». Constit. de 1791, titre II, art.
7.
[4]
Décret du 10-12 septembre 1791.
[5]
Sa lettre a été publiée dans le recueil intitulé : Papiers trouvés chez
Robespierre, etc., 1828, 3 vol. in-8°, t. Ier, p. 117.
[6]
Aulard, Société des Jacobins, t. Ier, p. 382 et suiv. Séance du 26 nov.
1790. « Pour éteindre à jamais le flambeau du fanatisme qui semble vouloir se
rallumer, le moyen le plus sûr est de rappeler les prêtres à l'état de nature
en leur permettant de s'engager dans les doux liens du mariage ; alors, ils
pourront avoir des mœurs ; alors, ils prêcheront la vertu d'exemple et de
parole ; alors, la considération que s'attireront les ministres rendra la
religion plus chère et plus respectable ; alors, livrés à des sentiments plus
humains, les prêtres auront des vues plus pacifiques ; alors, ils n'auront pas
des intérêts opposés à ceux de la société ; alors, ils seront hommes, ils
seront citoyens... »
[7]
Mémoires, t. Ier, p. 60.
[8]
On trouvera l'indication de quelques-uns dans Tourneux, Bibliographie,
t. III, p. 380 et suiv. Parmi les premiers en date je citerai : Le cri de la
nation à ses pairs ou Rendons les prêtres citoyens, par M. Hugou de Bassville, membre de
plusieurs académies et du Comité du district des Filles Saint-Thomas, Paris,
1789, in-8°, 80 p. (Bib. nat., Lb³⁹ 2194) ; Le
cahier des travaux et doléances de tous les gens de bien du baillage (sic)
d'Aval, in-8°, 8 p. (Bib. de la Ville de Paris,
32.283)- L'art. XIX de ce dernier pamphlet, entièrement rédigé en vers, est
ainsi conçu :
Que faire seul
au milieu des campagnes ?
L'esprit est
faible et le diable est méchant.
A nos curés
qu'on donne des compagnes,
Il est si doux
d'embrasser un enfant !
[9]
L'abbé Bernet de Bois-Lorette, aumônier de la Garde
Nationale parisienne, bataillon de Popincourt, se maria dès 1790 (Robinet, ouv. cité, t. II, p.
18) ; l'abbé de Cournand, professeur au Collège de France, se maria en
septembre 1791 (ibid., p. 23), les abbés d'Herberie et Aubert
l'imitèrent à la fin de 1791 (ibid., p. 23-24).
[10]
Culte public en langue française, adressé à l'Assemblée nationale par M.
Carré, curé de Sainte-Pallaye, département d'Auxerre (sic), 1er mars
1590, in-8°. (Bib. nat., Lb³⁹ 3053). Carré cite
à l'appui de son adresse les extraits suivants des cahiers des Etats-Généraux :
« Saint-Quentin en Vermandois, p. 6 : « Que l'uniformité soit dans le culte
extérieur de la Religion dominante, en établissant mêmes fêtes, mêmes
catéchismes et même bréviaire » — Mantes et Meulan, p. 250 : « Nous devons,
pour la satisfaction du Tiers-État, énoncer le désir qu'il aurait de voir la
liturgie commune. Nous parlons aujourd'hui avec plaisir de cette demande qui
nous prouve que les sentiments sont uniformes, puisqu'on désire que la manière
de prier le soit elle-même. Plût à Dieu que cette réclamation eût été faite il
y a trois cents ans... » — Paris, extra muros, p. 30. « Qu'il serait à désirer
que les offices et prières publiques se tissent en langue française ».
[11]
D'après le Patriote français du 29 décembre 1790, cité par Aulard, Société
des Jacobins, t. Ier, p. 441
[12]
Feuille Villageoise adressée chaque semaine à tous les villages de la
France, pour les instruire des lois, des événements, des découvertes qui
intéressent tout citoyen ; proposée par souscription aux propriétaires,
fermiers, pasteurs, habitants et amis des campagnes. Le 1er numéro date du
30 sept. 1790. Consulter sur ce journal la substantielle notice de M. Tourneux.
Bibliographie, t. II, n° 10.571.
[13]
Son 1er numéro est précédé d'une double gravure, dont l'une représente le curé
patriote, l'autre, le maître d'école lisant l'un et l'autre la Feuille
Villageoise aux paysans rassemblés devant l'église.
[14]
N° 31 du jeudi 28 avril 1794.
[15]
Souligné dans le texte.
[16]
Expression de Bardin lui-même dans l'arrêté qu'il lit prendre à son Conseil
municipal. L'arrête est public dans le n° 32 du 3 mai 179t.
[17]
Elle comptait aussi parmi ses collaborateurs Ch. de Villette, Pierre Manuel,
Anacharsis Cloots.
[18]
Après la mort de Loustalot, elles eurent pour rédacteurs Sylvain Maréchal,
Fabre d'Églantine, Santonax et Chaumette.
[19]
Chronique de Paris du 29 mars 1790, cité par H. Baulig ; Anacharsis
Cloots, historien et théoricien, dans La Révolution francise, t.
XLI, p. 319. J'emprunte au même article les renseignements qui suivent.
[20]
Motion d'un membre du club des Jacobins, par Anacharsis Cloots. Paris, 18 mars
1790, dans Aulard, Société des Jacobins, t. Ier, p. 33.
[21]
Lettre aux auteurs de la Chronique de Paris du 29 mars 1790 dans H.
Baulig, art. cité, p. 321.
[22]
Camille Desmoulins publia son défi dans les Révolutions de France et de
Brabant du 1er mai 1791.
[23]
Paris, 1740, in-8°, 140 p. La brochure est anonyme, mais l'exemplaire de la
Bib. Nat. (Lb³⁹ 3081) porte sur la couverture : par Naigeon.
[24]
Préservatif contre un écrit intitule Adresse à l'Assemblée Nationale....
in-8° (Bib. Nat., Lb³⁹ 3082).
[25]
Dans sa brochure intitulée : Décret de l'Assemblée nationale portant règlement
d'un culte sans prêtres, ou moyen de se passer de prêtres sans nuire au culte,
Paris, 1790, in-8° (Bibl. Nat, Lb³⁹ 8650).
En tête, cette épigraphe signée Silvain M.....l
(Maréchal) :
« Un intègre
vieillard, instruit parles années,
De ses nombreux
enfants guidant les destinées,
Ne peut-il mieux
qu'un prêtre enseigner la vertu ?
D'un caractère
saint n'est-il pas revêtu ? »
[26]
Le Magistrat-prêtre, s. l. n. d., in-8°, 16 p. (Bibl. Nat., Ld⁴ 3755).
[27]
M. Tourneux en a signalé quelques-uns dans sa Bibliographie, t. III,
chap. II.
[28]
D'après le Moniteur du 31 août 1792. Ce numéro annonce l'apparition de
la seconde édition.
[29]
De l'autorité de Rabelais dans la Révolution et dans la Constitution civile
du Clergé, ou Institutions royales, politiques et ecclésiastiques, tirées de
Gargantua et de Pantagruel. En Utopie, de l'imprimerie de l'abbaye de Thélème.
Paris, Gattey, 1791, in-8° (Bibl. Nat., Lb³⁹
4493, par Ginguené, d'après Barbier).
[30]
Voir Tourneux, Bibliographie, t. III, n° 15519 à 15525.
[31]
Enterrement du despotisme ou funérailles des aristocrates, deuxième fête
nationale dédiée (sic) A nos patriotes bretons... A l'honneur et gloire de nos
beaux-frères du faubourg Saint-Antoine pour être célébré (sic) le 17 juillet
1790, sur les débris de la Bastille, de là, au Champ de Mars, et ensuite au
Réverbère régénérateur, place de Grève, où seront déposées les cendres de tous
les aristocrates avec un marbre noir, portant ces mots : Cigissent
(sic) à la fois tous les maux de la
France : Clergé, Judicature, Noblesse et Finance. 1790, in-8°. (Bib. de la Ville de Paris 12272).
[32]
Voir la circulaire dans Aulard, Société des Jacobins, t. II, p. 4.
[33]
Voir le compte-rendu de la séance dans Aulard, Société des Jacobins, t.
II, p. 501.
[34]
Cette remarque a été déjà faite par M. Victor Moulins dans un mémoire pour le
diplôme d'études présenté à Sorbonne. « Ce sont des événements réels, les
fêtes spontanées des Fédérations et non les théories de J.-J. Rousseau sur les
réjouissances publiques, qui ont décidé les révolutionnaires à organiser des
fêtes périodiques ». Université de Paris. Positions des mémoires présentés à
la Faculté des Lettres pour l’obtention du diplôme d'études supérieures.
{Histoire et Géographie), Paris, 1896, in-8°. Le mémoire est intitulé : L'Institution
des fêtes civiques et nationales pendant la Révolution jusqu'à l'établissement
du calendrier républicain, (mai 1789, octobre 1793), par Victor Moulins,
licencié ès-lettres.
[35]
Il critiquait l'article de la Constitution qui proclamait la personne du Roi
inviolable et sacrée et la couronne héréditaire.
[36]
Confédération nationale du 14 juillet 1790, ou description fidèle des
réjouissances publiques qui ont accompagné cette auguste cérémonie, Paris,
1790, in-8° (Bib. de la Ville de Paris, 12272). Cet
écrit périodique n'eut que trois numéros. La citation est empruntée au n° 2.
[37]
Feuille Villageoise, n° 43, jeudi 21i juillet 1791.
[38]
Paris. 1791, in-8° (Bib. nnt.,
R 23.024). Voir sur cette publication l'étude critique de H. Monin dans La
Révolution française du 14 septembre 1893. Que le travail soit de Mirabeau ou
de Cabanis, cela Importe peu pour notre thèse D'une façon ou de l'autre, son
influence fut la même. Il importe peu aussi que Mirabeau ait été sincère en
proposant d'établir des fêtes publiques d'où le catholicisme serait exclu, ou
qu'il où, au contraire, tendu un piège aux patriotes en les poussant aux
mesures extrêmes, comme a pu le soutenir avec vraisemblance le Dr Robinet, op.
cit., II p. 14 et suiv. Nous n'avons û considérer
que la portée de la publication.
[39]
C'est le thème des fêtes des martyrs de la Liberté. Voir plus haut.
[40]
C'est le thème des fêtes morales. Voir plus haut.
[41]
Les représentations théâtrales s'étaient déjà mêlées aux fêtes civiques. Voir
plus haut.
[42]
C'est l'idée de l'Exposition nationale prévue pour les 5 jours complémentaires
du calendrier républicain (rapport de Fabre d'Églantine), et réalisée par
François de Neufchâteau, à la fin de l'an VI.
[43]
« Rappelez-vous ce jour mémorable où, de toutes les parties de l'Empire,
accouraient dans une douce ivresse, les enfants de la Constitution, lui jurer
sous vos yeux une invincible fidélité. Rappelez-vous cette foule de scènes
touchantes et sublimes, dont la capitale fut alors le théâtre, et qui se
répétèrent comme par une sorte de sympathie ou d'inspiration, non seulement
dans nos campagnes les plus reculées, mais presque chez tes nations les plus
lointaines. Ce jour ne vous n-t-il pas montré l'homme sous des rapports
nouveaux ?... Je voudrais, messieurs, vous parler aussi de la fête funéraire
célébrée peu de temps après dans le même lieu (a)... ». Même discours sub finem.
a. Fête des gardes nationaux tués à Nancy, 20
septembre 1790.
[44]
Rapport sur l'Instruction publique, Paris, 1791, in-4°.
[45]
Constitution de 1791, titre Ier.