LES NOYADES DE NANTES

HISTOIRE DE LA PERSÉCUTION DES PRÊTRES NOYÉS

 

LISTES DES PRÊTRES.

 

 

PREMIÈRE LISTE. — PRÊTRES EMPRISONNÉS SUR LE NAVIRE LA GLOIRE ET NOYÉS

 

1. BAZILE (Augustin-Gabriel), né à Vertou, cinquante-sept ans, bénédictin de l'abbaye de Redon, demeurait chez son frère, île Feydeau, 9, lors des appels de 1792 ; envoyé le 24 août au Château, et de là au Séminaire, il y déclara, le 8 septembre, qu'il irait en Espagne si sa santé le lui permettait ; fut, par raison de maladie, dispensé de la déportation ; entra aux Carmélites vers le milieu de septembre 1792.

2. BERNARD (Nicolas), né à Fontenay-le-Comte, soixante-cinq ans, cordelier d'Ancenis ; emprisonné au Château le 5 juin, transféré à la maison de Saint-Clément le 6 juin, au Château de nouveau le 14 août, déclara, le 8 septembre, qu'à raison de son âge il resterait en France ; entra aux Carmélites lors de la translation du 10 septembre 1792.

3. BODET (René), né à Missillac, soixante-sept ans, prêtre habitué de Guérande, titulaire du bénéfice des Martins, ancien curé de Saint-Brevin ; fut amené de Guérande à Nantes le 24 août 1792, par ordre du président du Département ; enfermé au Château, il déclara qu'à raison de son âge et de ses infirmités, il resterait en France ; transféré aux Carmélites.

4. BONNET (Joseph-Thomas), né à Montaigu, quarante-deux ans, vicaire de Saint-Martin-des-Noyers, canton des Essarts, conduit au séminaire le 5 juin, et, le 17 juillet 1792, transféré au Château, y déclara, le 8 septembre, qu'il voulait aller en Espagne. Il ne partit pas néanmoins, car on retrouve ses nom et prénoms sur la liste des prêtres enfermés aux Carmélites. Deux autres prêtres du même nom : l'un, Jean-Esprit, de Fréjus, partit pour l'Angleterre le 22 septembre 1792 ; l'autre, Pierre, ancien vicaire de Mauves, figure sur la liste d'appel du 26 mars 1792.

5. BOUCHARD (Jean), cinquante-trois ans, qualifié, dans la liste d'appel du 26 mars, d'aumônier dans la paroisse du Port-Saint-Père, entra aux Carmélites le 12 septembre 1792.

0. BOUTHERON (François), né le 28 mars 1725 à la Châtaigneraie, chartreux-prêtre de la communauté de Nantes, profès du 17 janvier 1751, enfermé à Saint-Clément le 7 juin 1792, puis au Château, puis aux Carmélites, exprima le désir de rester en France.

7. BRIANCEAU (Joseph), né à Nantes, paroisse Sainte-Croix, soixante-huit ans, prêtre de chœur de la même paroisse, arrêté par un commissaire de police le 22 août, et amené à la Permanence ; enfermé au Château le même jour, déclara qu'il resterait en France ; transféré avec les autres prêtres aux Carmélites et noyé avec eux, il s'échappa, fut recueilli par le capitaine Lafioury, et noyé de nouveau quelques jours après.

8. BRIAND (Henri), né à Cambon, soixante-deux ans, desservant de la chapelle Saint-Michel de Cambon, entra le 6 juin 1792 à Saint-Clément et alla dans les autres prisons ; porté sur un procès-verbal comme ayant été, à cause de son état de maladie, dispensé de la déportation. Cette mention me semble erronée et devait s'appliquer à son homonyme, M. Barthélemy Briand, dont le nom suit et qui avait déclaré vouloir aller en Espagne, tandis que M. Henri Briand avait déclaré vouloir rester en France.

9. BRIAND (Barthélemy), né à Nantes, paroisse Saint-Similien, cinquante-trois ans, infirme, diacre d'office à la cathédrale, déclara qu'il voulait aller en Espagne ; mêmes prisons que le précédent. Dans une pétition de sa nièce, Louise -Jeanne Briand, relative à la levée de séquestre des biens de son oncle, pétition en date du 15 pluviôse an V, et demandant l'application de la loi du 22 fructidor an III (V., sur cette législation fort compliquée, Duvergier, t. VIII, p. 269), il est dit que M. Barthélemy Briand fut noyé à Nantes. (Registre de l'Administration centrale, remplaçant les anciens Directoires de département, abolis par la constitution de l'an III, 23 prairial an V.)

10. BROSSAUD (Yves), né 'à Cambon, soixante-deux ans, recteur de Saint-Jean- de-Corcoué, enfermé à Saint-Clément et dans les autres prisons, avait déclaré vouloir rester en France.

11. BRIZARD (Pierre), né à Boussay, près Clisson, vingt-cinq ans, religieux de la Grande-Chartreuse de Grenoble, qu'il quitta le ter novembre 1792 ; sur le refus qui lui fut fait à Grenoble d'un passeport pour l'étranger, il se décida à se retirer dans sa famille, et il fut arrêté à Gorges le 19 novembre 1792 ; envoyé aux Carmélites par ordre du Département, le 20 novembre, il demanda, par lettre du 24 décembre 1792, l'autorisation, qui lui fut refusée, de se déporter en Espagne.

12. CAM (René-Armand), né à Nantes le 3 novembre 1724, paroisse de Saint-Saturnin, soixante-sept ans ; après avoir été seize ans curé de la Boissière (diocèse de Poitiers), il résidait à Nantes depuis sept ans. Le 5 juin 1792, dit-il dans une requête, au moment où il allait signer au Département sa feuille de présence à Nantes, il fut arrêté sur la place du Port-Communeau et conduit au Séminaire. Transféré le lendemain à Saint-Clément, puis au Château, il déclara vouloir rester en France et fut envoyé aux Carmélites. Un arrêté du district de Nantes du 3 ventôse an III, rendu sur une requête de ses héritiers, que le représentant Ruelle avait renvoyée à cette administration, contient ces lignes : Vu l'information en date du 16 nivôse an III, prise par le juge de paix du 6e arrondissement de la ville de Nantes, constatant que ledit Cam a été noyé. (Dossiers des émigrés, Archives départementales.)

13. CHAMPEAUX (Paul), cinquante-cinq ans, né à Cholet ; bénédictin de Saint-Aubin d'Angers, entra aux Carmélites le 20 septembre 1792 ; un procès-verbal constate sa présence aux Petits-Capucins le 30 septembre 1793.

14. CREVÉ (Olivier), né à Nantes, paroisse de Sainte-Croix, soixante-six ans, recteur de la Chapelle-sur-Erdre, quitta sa cure le 29 mai 1791, vint à Nantes pour se conformer à l'arrêté du Département du 6 juin 1791, qui enjoignait aux prêtres dépossédés de leurs paroisses de se retirer à Nantes ; résidait chez sa sœur, rue Sainte-Croix, lors de l'appel du 26 mars 1792 ; fut enfermé au séminaire, à Saint-Clément, au Château ; déclara vouloir rester en France ; envoyé aux Carmélites.

15. CHRÉTIEN (Martin-Joseph), né à Puceul, soixante-dix-huit ans, vicaire de Nozay, ailleurs inscrit comme vicaire de Puceul, demeurait chez M. de la Barre, Port-Communeau, lors de l'appel du 26 mars 1792 ; enfermé à Saint-Clément et au Château ; déclara vouloir rester ; envoyé aux Carmélites.

16. COAT (Yves), soixante-quatre ans, recteur de Saint-Donatien à Nantes, détenu à Saint-Clément lors de l'ouverture de cette maison, puis dans les autres prisons.

17. COSSIN (Jean-René), ancien chanoine doyen de la Rochelle, résidait à Nantes depuis cinq mois, lorsque le 12 avril 1793, sur la dénonciation qu'il confessait et disait la messe dans des maisons particulières, il fut arrêté dans une chambre garnie, vis-à-vis la Bourse ; conduit au Département, il refusa de faire connaître où il avait exercé son ministère et fut envoyé aux Carmélites. Conformément à la loi du 14 février 1792, un arrêté du Département du 12 avril 1793 accorda une récompense de cent francs au citoyen qui l'avait arrêté.

18. COSTARD (Pierre), né à Saint-Jean de Saint -Méen, district de Saint-Malo, soixante-quatorze ans, prêtre habitué du Loroux, titulaire des chapellenies de Beauchêne et des Tronchons, enfermé à Saint-Clément.

19. COUVRANT (François), né à Sainte-Reine, district de Guérande, en 1717 ; vicaire à Pont-Château, puis curé de Besné en 1764 ; quitta sa cure le 4 avril 1791, vint à Nantes en mars 1792, où il demeura chez les dames Bruneau, place Viarme ; entré à Saint-Clément le 7 juin. D'après une tradition recueillie par M. Gustave Bord, son corps serait allé échouer à Lavau.

20. CURATTEAU (René), cinquante-quatre ans, sacriste de Saint-Denis à Nantes, était encore au Séminaire le 10 septembre 1792, où il avait déclaré son intention d'aller en Espagne si sa santé le permettait ; dispensé de la déportation pour cause de maladie, il fut envoyé aux Carmélites l'un des jours qui suivirent.

21. DAVIAU (Pierre-Louis), de Joué, près Vihiers (Maine-et-Loire), quarante-cinq ans ; entra aux Carmélites le 20 septembre 1792.

22. DENIAU (Pierre), soixante-treize ans ; prêtre titulaire de la chapellenie de la Contrie, paroisse de Quilly, entra aux Carmélites le 11 octobre 1792. Le vicaire de Chauv6, nommé Deniau (Julien-Michel), se soumit à la loi de la déportation et partit le 10 septembre 1792.

23. DOUAUD (Gabriel-Urbain), né à Tiffauges, soixante ans, ancien secrétaire de Mgr de la Musanchère, chanoine de la cathédrale de Nantes, séjourna dans toutes les prisons depuis celle de Saint-Clément. Il a été continuellement question de lui dans le cours du travail qui précède. Son frère, Louis Georges, curé de Savenay, partit pour l'Espagne le 10 septembre 1792.

24. Dunois (Louis), né à Nantes, paroisse de Saint-Saturnin, soixante-deux ans, curé de Saint-Vincent à Nantes ; enfermé à Saint-Clément le 6 juin 1792, puis dans les autres prisons. _

25. DUGAST (Augustin), né à la Trinité de Clisson, soixante-dix-huit ans, ancien recteur de Gorges, demeurait à Nantes, lors de l'appel du 26 mars 1792, chez M. Boux, rue de Briord ; emprisonné aux mêmes lieux que le précédent.

26. DUTEIL (Henri), ancien vicaire à la paroisse Saint-Laurent de Nantes, entra aux Carmélites le 5 mai 1793.

27. FLEURIAU (Jean-Baptiste), né à Nantes, paroisse de Sainte-Croix, soixante-dix-neuf ans, curé de Saint-Jean en Saint-Pierre à Nantes, l'un des prêtres entrés à Saint-Clément le 6 juin. Une requête adressée par ses héritiers à l'administration centrale, un certificat signé Kirouard et Dorvo, et enfin un arrêté de l'Administration centrale du 13 floréal an VII, portent que cet ex-curé a été noyé avec les autres prêtres reclus en 1793. (Émigrés, réclamations, Archives départementales.)

28. FOULON (François), trente et un ans, vicaire de la paroisse de Mernel, canton de Maure, évêché de Saint-Malo. Emprisonné au Bouffay le 9 avril 1793, il en sortit le 11 juin, pour aller aux Carmélites, où l'envoyait un jugement, ou plutôt une décision du tribunal révolutionnaire de Phelippes, en date du 5 juin.

29. FORGET (François), né à Clisson, paroisse de la Madeleine, soixante-huit ans, récollet, ou autrement dit cordelier de la réforme, du couvent de Fougères ; entra au Château le 21 août 1792 ; fut ensuite transféré aux Carmélites.

30. GAUDIN (Pierre), prêtre de Saint-Similien à Nantes, entra aux Carmélites le 10 mai 1793, sur un ordre du même jour de l'administration centrale du Directoire de département (procès-verbal, f° 34), où il est dit que Gaudin, prêtre réfractaire, est resté dans sa demeure au mépris de la loi du 26 août.

31. GENNEVOYS (Julien), curé de la Chevrolière ; arrêté une première fois en juillet 1791, il fut emprisonné au Séminaire et au Château, où ses compagnons de captivité l'élurent leur supérieur ; mis en liberté au mois d'août suivant. Il se cacha probablement en 1792 ; fut amené au Département et interrogé le 2 juin 1793 (V. procès-verbal de la séance du 4 juin) ; ordre fut donné de le mettre aux Saintes -Claires, où il n'alla pas ; il entra aux Carmélites le 3 juin 1793. Une lettre adressée de Saint-Nazaire, le 27 pluviôse an II, au district de Guérande, informe cette administration que le nommé Julien Gennevoys, prêtre réfractaire, décédé à la suite du baptême patriotique, avait un contrat de constitut de huit mille livres sujet à confiscation.

32. GERGAUD (Gilles), né à Plessé le 21 juin 1723, chapelain de Celan, en Plessé, avait été l'objet de poursuites de la part du district de Blain (20 décembre 1791), et, dans un procès-verbal de perquisition à Plessé, il est qualifié d'ancien curé de Saint-Sébastien ; entré au Château le 24 août 1792, déclara qu'il voulait rester en France et entra aux Carmélites avec les autres prêtres le 10 septembre.

33. GIRAUD (Charles), né à Pontchâteau en février 1723, prêtre habitué de Saint -Philbert ; titulaire des bénéfices du Deffaix en Pontchâteau et de la Bastière en Saint- Philbert, avait quarante-deux ans de services dans le diocèse ; fut enfermé au Séminaire, où il déclara, le 8 septembre 1792, qu'il voulait rester en France ; envoyé aux Carmélites.

34. GUÉGUEN DE KERMORVAN (René), né à Locronan (Finistère), quatre-vingts ans, capucin du couvent d'Hennebont, venu au Croisic, transféré du Séminaire à Saint-Clément le 6 juin 1792, puis dans les autres prisons. (V. Statistique des Franciscains dans la Loire-Inférieure à l'époque de la révolution, par le R. P. Flavien de Blois, capucin, in-8°, Nantes, 1879, p. 17.)

35. GUÉRIN (Pierre), né à Frossay, soixante-neuf ans, prêtre demeurant ordinairement à Frossay, mais exerçant quelquefois son ministère au Migron ; fut transféré du Séminaire à Saint-Clément le 6 juin 1792, puis retourna au Séminaire, où il se trouvait le 8 septembre 1792 ; il déclara qu'il voulait rester en France ; transféré aux Carmélites. On trouve dans les dossiers des réclamations relatives aux biens des émigrés, une pièce ainsi conçue : Devant Joseph-Aimé Debourgeon, juge de paix, ont comparu les citoyens Godin aîné, demeurant à l'Hermitage, J.-J. Hardouin et Charles Charteau, du même lieu — Charteau était concierge de la maison des Petits-Capucins lors de la détention des prêtres — ; lesquels ont juré et affirmé avoir connaissance que ledit Pierre Guérin était, le 10 octobre 1793, avec plusieurs autres prêtres au couvent des Petits-Capucins, et Charteau avoir la même connaissance, ajoute qu'ils furent transférés dudit lieu à bord d'une galiote où ils furent détenus, et de là submergés dans la Loire. (Nantes, 16 prairial an III.)

36. GUILLET DE LA BROSSE (Paul-René), curé de Drains (Maine-et-Loire), paroisse supprimée à l'époque de la révolution, d'avril 1782 à juillet 1789 (Dictionnaire de l'Anjou, de M. Célestin Port, au mot Drains) ; ne se trouve que sur la liste de Godin et Hardouin, où il est indiqué comme élargi le 8 juillet et rentré le 5 octobre. Il avait été arrêté sur ordre des représentants du peuple, le 29 septembre, et écroué aux Saintes-Claires ; sa sortie n'est pas indiquée sur le registre d'écrou. De déclarations faites devant le juge de paix du sixième arrondissement de Nantes le 8 floréal an VII, et d'un arrêté de l'Administration centrale du 27 du même mois, il résulte que M. Guillet (Paul-René) a été enfermé aux Petits-Capucins et sur une galiote qui fut submergée, et qu'il est décédé en 1793, noyé dans la Loire. M. Denis-Martin, prêtre du Loroux, qui resta dans le pays, survécut à la révolution, et déclara, le 21 prairial an X, qu'il désirait profiter de l'amnistie du 6 floréal an X. (Émigrés, réclam.)

37. HALLEREAU (Jean), né le 13 juillet 1738 à la Chapelle-Heulin, chartreux de Nantes, profès du 24 juin 1764 ; entra à Saint-Clément le 10 juin 1792 ; déclara au Château qu'il était infirme et qu'il se proposait d'aller en Espagne, sauf avis du médecin ; transféré aux Carmélites.

38. HERVÉ DE LA BAUCHE (Roland), soixante-sept ans, curé de la Trinité de Machecoul ; quitta sa cure le 30 juin 1791, fut emprisonné au Séminaire presque aussitôt ; fut relâché -lors de l'amnistie en septembre 1791 (V. District de Machecoul, Nantes, 1869, p. 177 et suiv.) ; était à Nantes lors des appels, et demeurait vis-à-vis du Château ; entra à Saint-Clément et alla dans les autres prisons. Son frère, dont le prénom était Marin, était curé de Gouffé ; il fut emprisonné au Séminaire en août 1792 et partit pour l'Espagne.

38. HUET (Nicolas), soixante-neuf ans, chanoine de la cathédrale du Mans, l'un des vingt-neuf prêtres de la Sarthe et de Mayenne-et-Loire qui, amenés à Nantes pour être déportés, excipèrent de leur âge pour demeurer en France, et furent envoyés, le 20 septembre 1792, aux Carmélites, pour y résider jusqu'à ce que leurs départements les eussent fait revenir. Le 13 novembre 1792, un bateau fut affrété pour emmener à Saumur vingt-trois prêtres de la Sarthe ; M. Nicolas Huet se trouva malade et ne partit pas.

40. JUGUET (Barthélemy), né à Nantes, paroisse de Saint-Denis, soixante-trois ans, recteur de la Marne ; une délibération du district de Machecoul, du 11 mars 1792, ordonna le transfert à Nantes de M. Juguet, qui fut, sans interruption, détenu dans les diverses prisons depuis le 5 juin.

41. JUPPIN (Michel), pénitencier et chanoine de la cathédrale du Mans ; enfermé pour la première fois au Château, le 6 mars 1793, où il avait été amené d'Ancenis par la gendarmerie, fut envoyé aux Carmélites le 29 mars 1793 ; ordres du président- du tribunal, Phelippes, et du Conseil de département du 28 mars.

42. LACOMBE (Thomas), né à Nantes, paroisse de Saint-Denis, soixante-huit ans, recteur de Corsept ; transféré du Séminaire à Saint-Clément, il fut sans interruption détenu ; échappé à la noyade comme M. Brianceau, il fut noyé de nouveau peu après. Il avait été élu procureur de la commune de Corsept, et prononça, en cette qualité, un discours d'un patriotisme modéré, mais très net dans le sens des réformes, à la fête de la fédération du 14 juillet 1790. (Journ. de la Corresp., juillet 1790, t. V, p. 492.)

43. LAMARRE (Lucien), soixante et onze ans, infirme ; ancien aumônier du couvent de Sainte-Élisabeth, à Nantes, qualifié aussi de prêtre de Saint-Similien, paroisse qu'il habitait, rue Porte-Neuve ; entra le 3 août 1792 à Saint-Clément et fut transféré dans les autres prisons.

44. DE LAMARRE (Siméon-François), né à Rennes, paroisse Saint-Germain, soixante-neuf ans, curé de Bouvron, titulaire des bénéfices du Bois-Jeannot, en Saint-Herblain, et de la Chapelle-Saint-Georges ; transféré du Séminaire à Saint-Clément le 6 juin 1792, et dans les autres prisons. — Un prêtre, nommé Pierre Delamarre, vicaire de Rezé, s'embarqua pour Ostende, moyennant un passeport qui lui fut donné à Nantes le 11 septembre 1792.

45. LANDEAU (Jacques), soixante-deux ans, recteur de Moisdon ; on le trouve pour la première fois, le 10 septembre 1792, au Séminaire ; il entra aux Carmélites le lendemain.

46. LAPASSEIG (Charles-Étienne), bénédictin de Saint-Gildas-des-Bois ; demeurait avec un. autre bénédictin du même couvent, Lecerf, cité ci-après ; tous les deux furent enfermés à Saint-Clément et dans les autres prisons. M. l'abbé Grégoire, dans son Histoire de Sucé, p. 140, a donné quelques détails sur leur séjour dans cette paroisse. — Il existe, aux archives départementales, une requête d'un nommé Livenais, ayant pour objet de demander distraction, à son profit, d'une somme de cent quatre-vingt-dix livres six sous, à lui due pour frais d'inventaire et de vente, rue du Chapeau-Rouge, 4, des effets des nommés Julien Lecerf et de Lapasseig, bénédictins, péris dans la submersion des prêtres, sur la rivière de Nantes à Paimbœuf. (Requête du 25 nivôse an II ; inventaires visés des 29 brumaire et 2 frimaire ; vente des 7, 8 et 9 frimaire an II.)

47. LECERF (Julien), né à Villechien, district de Mortain, Manche, soixante-quatre ans, bénédictin ; voir le précédent.

48. LECOQ (René), soixante-six ans, recteur du Gavre, entra aux Carmélites le 1er octobre 1792 sur sa demande. (Reg. Départ., 1er octobre 1792.)

49. LEGÉ (Jean-Pierre), natif de Saint-Similien de Nantes, ci-devant vicaire de la Rouxière, trente et un ans et demi, en octobre 1792, vint à Nantes pour s'embarquer pour l'Espagne sur le navire la Geneviève, le 9 octobre 1792, reçut un passeport ; on lui fit des difficultés pour son embarquement ; il manqua le départ de la Geneviève ; voulut partir quelques jours après sur le Saint-André, mais en fut empêché par une maladie grave ; reçut l'hospitalité chez une dame Fournier, à Nantes ; arrêté le 15 décembre 1792 et conduit aux Carmélites et dans les autres prisons. (Dossier Émigrés, réclamations, lettres et requêtes de lui ; Archives départementales, procès-verbal d'arrestation ; Archives municipales.)

50. LEGRAND (Guillaume), soixante et un ans. Divers certificats de résidence établissent qu'il a résidé à Guenrouet du 1er janvier 1791 au 5 avril 1792, où il vint à Nantes ; inscrit sur les registres de présence du 7 avril au 5 juin 1792 ; résida à Peillac (Morbihan), du 10 juin au 27 juillet, à Guenrouet de nouveau, du 1er août au 8 octobre ; entra le 10 octobre aux Carmélites. Dans une requête du 25 février 1793, où il proteste contre la saisie de ses meubles, il se dit simple bénéficier de la paroisse de Guenrouet.

51. LEGRAND (René-Joseph-François), né le 26 août 1725 à Redon, paroisse Notre-Dame, capucin du couvent de la Fosse (Grands-Capucins) ; entra au Château le 23 août 1792 ; transféré aux Carmélites le 10' septembre de la même année. (V. Statistique du R. P. Flavien, p. 15.)

52. LEMERCIER (Augustin), né à la Roche-Bernard, quatre-vingts ans, ancien recteur de la Chapelle-Basse-Mer, simple prêtre à Guérande, amené de Savenay à Nantes, le 26 août 1792, par la gendarmerie ; envoyé au Séminaire, où il déclara qu'il resterait en France ; transféré aux Carmélites.

53. LEMONNIER (René-Aubin), de Saint-Michel-du-Bois, près Segré (Maine-et-Loire), cinquante-deux ans, venu avec les prêtres d'Angers ; entra aux Carmélites le 20 septembre 1792.

54. LENORMAND (Louis-Alexandre), né à Nantes, paroisse de Saint-Denis, soixante-deux ans ; ancien recteur de la paroisse de Toussaint à Rennes, puis doyen et grand chantre de Dol, habitait Nantes et répondit aux appels de 1792 ; envoyé au Séminaire le 25 août de la même année, il demanda à aller en Espagne, s'embarqua sur le Télémaque, le 14 septembre,  et, s'étant trouvé malade quand le navire était encore en Loire, il fut autorisé, par le Conseil de la commune, à revenir à Nantes, où il fut enfermé avec les autres prêtres.

55. LE PALUDIER (Jacques), né à Guérande, ancien curé de Saint-Lyphard, avait été membre élu du bureau de paix de Guérande, le 30 janvier 1791 ; résidant à Trescalan. Une requête de ses héritiers du 13 frimaire an III, dit qu'arraché par ordre arbitraire, il a été plongé dans la Loire avec ses confrères, et a péri misérablement dans les horreurs des noyades. (Émigrés, réclamations.)

56. LEROUX (Étienne) ne figure sur aucune autre liste de prêtres détenus ; il était à Nantes lors des appels de 1792, où il demeurait rue de Rennes. Il est question de lui à diverses reprises dans les délibérations de la Municipalité ; il était malade. (Registre du Département, série Q, 18 septembre 1792.) Un arrêté de l'administration centrale du Directoire ordonha de l'envoyer aux Carmélites (10 mai 1793).

57. LEROY (Marin), né à Vire (Calvados), trente-trois ans, estropié, marchant avec des béquilles, desservant de la chapelle de la Chevallerais (érigée depuis en succursale de la paroisse de Puceul), fut enfermé à Saint-Clément dès le 6 juin 1792, puis au Château ; déclara qu'il voulait rester en France ; fut ensuite envoyé aux Carmélites. Un autre prêtre, nommé René Leroy, fut aussi détenu aux Carmélites, d'où il fut autorisé à sortir, le 22 septembre 1792, comme malade d'esprit ; il fut recueilli par ses neveux.

58. LESAYEULX (Augustin), soixante-neuf ans, chanoine de Clisson ; enfermé au Château le 30 août 1792, déclara qu'il voulait rester en France, puis entra aux Carmélites.

59. LOCQUET (Guillaume), né à Vigneux, cinquante-huit ans, chanoine de Clisson, enfermé d'abord au Séminaire, transféré à Saint-Clément, puis au Château, puis aux Carmélites, avait déclaré qu'il irait en Espagne ; j'ignore la cause qui l'empêcha de partir ; probablement ses infirmités, puisque, n'étant pas sexagénaire, il devait être nécessairement déporté.

60. LOYAND (Joseph), né à Laval, soixante-quatorze ans, curé de Varades, enfermé à Saint-Clément le 16 juin 1792, fut traduit devant le tribunal d'Ancenis, écroué dans la prison de cette ville le 4 juillet ; il demanda comme une grâce de n'être pas conduit à Ancenis par les gendarmes, donnant sa parole d'honneur qu'il se rendrait fidèlement ; fut replacé à Saint -Clément, puis au Château ; déclara qu'il resterait en France, et fut envoyé aux Carmélites. M. Loyand, remplacé dans sa cure en 1791, était revenu à Varades et y avait fait un baptême. J6 suppose que ce fut pour ce délit qu'il fut poursuivi. (Reg. du Direct. de dép., 9 novembre 1791.)

61. LUCAS (Alexis-Julien), de Redon, trente et un ans, amené au Bouffay par la gendarmerie le 22. mai 1793 ; un arrêté de ce jour du Département accorda une prime de cent francs à celui qui l'avait arrêté. M. Lucas, pour se cacher et gagner sa vie, s'était fait ouvrier imprimeur, et il avait passé un contrat d'apprentissage avec le directeur de l'une des imprimeries de Nantes. Il fut reconnu et signalé comme prêtre réfractaire. Traduit devant le tribunal révolutionnaire le 8 juin 1793, le jugement porte que, n'étant point instigateur de révoltes, et sujet seulement à la déportation, il sera transféré aux Carmélites, où il entra le 11 juin 1793. (Dossiers du trib. révolut., Archives du greffe.)

62. MAILLARD (Joseph), soixante-douze ans, ancien vicaire de Saint-Julien de Vouvantes ; arrêté le 21 décembre 1792, sur une dénonciation, place des Jacobins, dans la maison de Mlle Delmestre qui le cachait ; conduit le même jour aux Carmélites. (Proc.-verb. d'arrestation, Cons. gén. de la comm., 21 décembre 1792.)

63. MARTIN (Michel), soixante-huit ans, ancien curé de Bouaye ; entra aux Carmélites le 13 décembre 1792.

64. MATISSE (René), né à Nantes, paroisse de Saint-Vincent, soixante-deux ans, chanoine de la collégiale de Nantes. Le procès-verbal de la Permanence porte qu'il fut amené à la clameur publique lorsqu'il se sauvait par-dessus un mur le 27 août 1792 ; conduit au Château et dans les autres prisons. M. Matisse se trouvait sur la Thérèse, le 30 juillet 1793 ; ce jour, le Conseil de la commune délibéra sur un certificat de maladie qui lui avait été donné et dont les commissaires Godin et Hardouin contestaient la sincérité.

65. MAUSSION (Joseph), né à Redon, soixante-treize ans, recteur d'Oudon ; conduit au Séminaire le 31 juillet 1792, déclara vouloir rester en France, et fut transféré du Séminaire aux Carmélites.

66. MEYRACQ (Joseph-Raymond DE), entra aux Carmélites le 27 avril 1793 ; inscrit sur l'une des listes de cette prison avec le titre de vicaire de la Bernardière, paroisse qui ne fait plus partie du diocèse.

67. MONGIS (Pierre), né à Boussay, soixante et onze ans, chanoine de Clisson, amené au Château le 30 août 1792, puis transféré aux Carmélites. La liste de Godin et Hardouin porte Mauguy (François), écrit aussi Mauguis. Mauguy était le nom d'un prêtre de la Sarthe qui entra aux Carmélites le 22 septembre 1792 et en sortit le 14 novembre pour retourner dans son département. Il me paraît évident que l'on a mis un nom pour l'autre, ce qui s'explique aisément, les deux noms, à peu près semblables, s'étant trouvés à la fois sur la liste des Carmélites dont on s'est servi pour composer la liste de la Thérèse.

68. MOYON (Jean), né à Pontchâteau, soixante-quatre ans, ancien recteur d'Auverné, demeurant à Pontchâteau, entra au Château le 6 septembre 1792, déclara qu'il resterait en France, fut envoyé aux Carmélites.

69. MULON (François), soixante et un ans, prêtre bénéficier demeurant à Machecoul ; entra aux Carmélites le 14 septembre. Il était venu à Nantes le 12 avril 1792. (Certificat du Cons. de la comm., du 7 mars 1793.)

70. MULONNIÉRE (Pascal), né à Nantes, soixante-quatre ans, recteur de Touvois. M. Luzeau de la Mulonnière, de Sucé, avec lequel je l'avais confondu, fut massacré aux Carmes dans les journées de septembre. (Paroisse de Sucé, abbé Grégoire ; Granier de Cassagnac, Massacres de septembre, t. II, p. 305.)

71. NOUËL DE KERBODEC (Joseph), né à Nantes, paroisse de Saint-Laurent, soixante-sept ans, chanoine de Clisson ; enfermé à Saint-Clément, au Château, déclara vouloir rester ; envoyé aux Carmélites.

72. POUESSEL (Hermel), né à Rennes, paroisse de Toussaint, Je 6 août 1722, récollet de Nantes, profès du 24 décembre 1740, ancien lecteur de théologie, ancien provincial et visiteur général, demanda vainement au district, le 3 avril 1792, à être dispensé de venir aux appels journaliers, comme étant atteint d'hydropisie ; enfermé au Séminaire, où il déclara, le 8 septembre, qu'il resterait en France ; envoyé aux Carmélites. (V. Statistique du R. P. Flavien, p. 11.)

73. POULAIN DE LA GUERCHE (Germain-François-Guillaume), soixante-six ans, grand chantre et grand vicaire d'Angers ; venu à Nantes en juin 1792, avec l'intention de s'embarquer pour l'Angleterre, fut arrêté et conduit à Saint-Clément le 24 juillet 1792, adressa une requête au Directoire de Nantes, à l'effet d'être ramené dans son département ; le président du Département de Maine-et-Loire, consulté par celui de la Loire-Inférieure, répondit qu'il n'y avait aucune plainte à faire de la conduite de M. de la Guerche, et qu'il pouvait payer sa pension partout où il serait ; il fut, de Saint-Clément, transféré dans les autres lieux de détention des prêtres.

74. REBION (Pierre), cinquante-deux ans, prêtre, habitant le Loroux, arrêté en même temps que l'abbé Peigné, chez Mme de la Gournerie ; envoyé aux Carmélites le 19 février 1793.

75. REMEUR (Louis), soixante-cinq ans, religieux mineur conventuel, prêtre, trois fois gardien, ancien définiteur, confesseur des Dames de Sainte-Élisabeth à Nantes, enfermé au Château le 23 août 1792 et dans les autres prisons. (V. Statistique du R. P. Flavien, p. 10.)

76. RICHARD (Hilaire), né à Saint-Hilaire-du-Bois (actuellement du diocèse de Luçon), soixante et onze ans, ancien recteur de Quilly ; se trouvait au Séminaire le 8 septembre 1792, où il déclara qu'il voulait rester en France ; fut transféré aux Carmélites.

77. RICHARD (Jean), soixante-trois ans, vicaire de Varades, avait été nommé électeur dans sa commune ; un passeport lui fut accordé par sa municipalité, pour se rendre à Nantes, conformément aux arrêtés ; malgré un certificat de médecin attestant son état de maladie, il dut venir à Nantes, et il entra aux Carmélites le 27 octobre 1792. — Autres prêtres du même nom : Richard (Pierre), de Boussay, déporté à Saint-Sébastien le 2 novembre 1792 ; Richard (Joseph), bernardin, déporté en Espagne ; Richard (Toussaint-Georges), capucin ; Richard (Nicolas), arrêté à Pontchâteau, jugé et exécuté à Guérande le 3 ou le 4 pluviôse an II.

78. ROLAND (Michel), prêtre ci-devant habitué de Lusanger (trêve de Derval), porte la décision du tribunal révolutionnaire qui l'envoya aux Carmélites le 5 juin 1793. Désigné dans un autre document comme prêtre malouin, deuxième vicaire à Lusanger ; il avait été privé de son traitement par le district de Châteaubriant, le 17 novembre 1791, le premier vicaire ayant prêté serment ; arrêté et enfermé au Bouffay en même temps que l'abbé Foulon, ci-dessus inscrit. Son homonyme, M. Roland (Félix-Philippe), incarcéré au Bouffay le 24 frimaire an II, jugé et exécuté à Nantes par la Commission militaire de Noirmoutiers, venue en cette ville le 24 fructidor an II.

79. SAINT-JOU (François), né à Ivoy-le-Pré, district d'Aubigny (Cher) ; une lettre adressée au Département de la Loire-Inférieure par le Directoire de ce district, en réponse aux renseignements demandés, lettre du 6 mars 1793, expose que M. Saint-Jou est prêtre du diocèse de Paris, licencié ou docteur de la maison de Navarre, qu'il a quitté Paris en 1790, et qu'il est venu à Bourges, où il n'a pas prêté le serment ; qu'il y a vécu dans l'intimité de vicaires généraux non assermentés. Il dut entrer aux Carmélites le 18 janvier 1793.

80. SALÉ (Jean), cinquante-deux ans, ancien régent à Ancenis, titulaire de plusieurs bénéfices dont le principal était situé dans la paroisse de Trans ; presque aveugle, résidant à Boussay en 1791 ; entra aux Carmélites le 22 septembre 1792.

81. STEVEN (Pierre), né à Arzal, district de Vannes, le 18 septembre 1725, capucin de la Fosse, profès du 12 novembre 1750, emprisonné à Saint-Clément et dans les autres prisons. (V. Statistique du R. P. Flavien, pp. 15 et 13.)

82. THOBYE (Barthélemy), né à la Chapelle-des-Marais, le 23 juillet 1725, recteur de Pouillé ; résida dans cette paroisse jusqu'au mois de mai 1792, où il vint à Nantes. Son nom se trouve sur le procès-verbal d'entrée au Château le 14 août, et il y fit sa déclaration. A partir du 8 septembre 1792, on ne retrouve plus son nom que sur la liste de Godin et Hardouin. Une requête fut présentée par ses héritiers au district d'Ancenis, à l'effet d'être envoyés en possession de ses biens, et le 16 fructidor an II, le district déclara en ces termes qu'il ne pouvait y faire droit : Considérant que Thobye préféra la réclusion à la déportation et fut transféré, le 19 juin 1793, à Nantes, où il est mort après le 17 septembre ; que le décret du 22 ventôse an II a frappé de la peine de la confiscation les biens des prêtres réfractaires qui ont été déportés, ou ont été reclus à cause de leur âge et de leurs infirmités, repousse la demande des pétitionnaires. (Reg. du district d'Ancenis.) Les héritiers de son frère Jacques Thobye, curé du Cellier, mort le 4 juin 1793, et, par conséquent, avant le 17 septembre 1793, furent, au contraire, admis à disposer de sa succession par arrêté du même district, du 22 frimaire an III. A l'appui de leur requête, relative à M. Barthélemy Thobye, les héritiers apportaient une déclaration faite le 8 fructidor an II, devant le juge de paix du canton de la Fosse, par laquelle le ci-devant concierge de la maison des ci-devant Capucins atteste que Barthélemy Thobye, prêtre réfractaire, était du nombre de ceux qui y étaient détenus, qu'il entra le 19 juin 1793, et sortit dans le courant d'octobre ; qu'il fut conduit au navire qui était mouillé devant ladite maison, et qu'il a péri avec ceux qui y étaient lorsque ledit navire coula bas. (Émigrés, réclamations.)

83. TIGER (Joseph), né à Trans, soixante-huit ans, recteur de Joué ; emprisonné à Saint-Clément, au Château, aux Carmélites, ce qui est rappelé dans les considérants d'un arrêté du 6 février 1793 (Dir. de départ.). Un autre arrêté de l'administration centrale du 8 thermidor an VI constate qu'il est prouvé qu'il était du nombre des prêtres enfermés aux Petits-Capucins, dont personne n'ignore la destinée.

 

 

DEUXIÈME LISTE. — PRÊTRES ENFERMÉS AUX CARMÉLITES

AUX PETITS CAPUCINS, SUR LA THÉRÈSE OU SUR LA GLOIRE QUI NE FURENT PAS NOYÉS

 

1. ADRON (Clément-Jean), natif de Louisfert, demeurant à la Chevallerais (commune de Louisfert) ; traduit devant le tribunal révolutionnaire de Nantes le 7 juin 1793, avait quitté l'habit ecclésiastique depuis deux ans, et bien qu'il n'eût pas fait partie des attroupements de Moisdon, il passait pour fanatiser les esprits ; le tribunal le renvoya devant le Département pour qu'il fût prononcé sur son élargissement. Cet abbé était enfermé à bord de la Thérèse, il paraissait suspect, — est-il dit dans l'arrêté du Conseil de département du 4 août 1793, — à raison de l'état ecclésiastique qu'il avait paru vouloir embrasser ; le tribunal a renvoyé au Département pour décider s'il devait, ou non, être élargi définitivement ; le Conseil, considérant qu'il n'existe contre Adron aucune charge, arrête qu'il sera mis en liberté. Élargi le 5 août 1793.

2. ALLOT DE MONTIGNÉ, curé de Princé, district de Vitré, trente-neuf ans ; prêtre reclus à Rennes, à Saint-M0aine ; fut autorisé à venir à Nantes pour s'embarquer, conformément à la loi sur la déportation ; fut enfermé aux Carmélites le 11 octobre 1792, puis sur la Thérèse ; entra aux Petits-Capucins, d'où il s'échappa avant la translation sur le navire la Gloire ; se cacha dans les communes de Granchamp et de Casson. Arrêté à Héric le 15 nivôse an IV, il fut de nouveau emprisonné et mis, au Bouffay d'abord, puis au Bon-Pasteur, d'où il s'évada le 18 prairial an IV (6 juin 1796), en compagnie de M. Gaulier, prêtre originaire de Masserac, âgé de trente et un ans, domicilié à Moisdon.

3. BERNARD (Jean) ne se trouve sur aucune liste autre que celle de Godin et Hardouin ; d'après son acte de décès, il mourut sur le navire la Gloire, le 17 brumaire an II (7 novembre 1793). L'acte de décès, inscrit sur le registre de la section Sanitat-Hermitage à la date du 21 brumaire an II, dit qu'il était âgé d'environ soixante-quatre ans, et qu'il était né à Vigneux. Un prêtre de Savenay, portant les mêmes nom et prénom, prit un passeport pour l'Espagne le 11 septembre 1792 ; je ne saurais dire s'il était le même qu'un autre prêtre également nommé Jean Bernard, qui fut arrêté à Châteaubriant et conduit à Nantes le 16 mai 1793.

4. CHÈRE (François), né à Nantes, paroisse de Saint-Clément, soixante-cinq ans, sacriste de la cathédrale de Nantes, était dans cette ville en mars 1792 ; fut enfermé à Saint-Clément et dans les autres prisons ; porté sur la liste de Godin et Hardouin comme élargi le 5 août 1793. M. Chère fut arrêté de nouveau et fut l'un des cent trente-deux Nantais envoyés à Paris le 7 frimaire an II. On sait que les cent trente-deux Nantais, dont la plupart étaient fort engagés dans la révolution, destinés à être sacrifiés en route, arrivèrent à Paris, où Fouquier-Tinville attendit, pour les juger, qu'on lui envoyât des pièces que le Comité révolutionnaire fut dans l'impuissance de fournir. Leur mise en jugement, après le 9 thermidor, fut l'occasion qui permit de révéler les détails des horreurs commises à Nantes.

5. DEBREST (Jean-Philippe), dit aussi frère Nicolas, né à Rebreuve, diocèse de Boulogne-sur-Mer, soixante-dix ans, religieux récollet de Nantes ; fut emprisonné une première fois au Château, en 1791, puis relâché ; demeurait chez les religieuses Saintes-Claires ; entra à Saint-Clément le 6 juin 1792, et alla dans les autres prisons. Le 25 août 1793, il tomba malade aux Petits-Capucins et demanda à être transféré àu Sanitat ; le Conseil de la commune répondit le même jour qu'il serait aussi bien soigné aux Petits-Capucins qu'au Sanitat. Il mourut le 29 août 1793. Godin et l'infirmier Soudan comparurent à son acte de décès, daté du 1er septembre 1793. (Section Sanitat-Hermitage.) (Voir Statistique du R. P. Flaviens p. 12.)

6. DEGENNES (Jean-Baptiste), bénédictin (?), paraît avoir été envoyé directement sur le navire la Thérèse, car il ne se trouve sur aucune autre liste que celles de Godin et Hardouin, où il est porté comme élargi le 8 juillet 1793.

7. HALLOUIN DE LA PÉNISSIÉRE (Pierre), né près de Clisson, soixante-six ans, doyen de la collégiale de Clisson. Il avait été dispensé pour cause de santé de venir aux appels. (Départ. Direct., 5 avril 1792.) On le trouve pour la première fois au Château, où il fit sa déclaration ; transféré aux Carmélites et sur la Thérèse, le Conseil de la commune l'autorisa, le 30 juillet 1793, à se faire soigner dans une maison de la ville ; arrêté le 1er octobre 1793 par ordre de Goudet, président du Comité de surveillance, et écroué aux Saintes-Claires ; aucune confusion n'est possible, ses qualités étant inscrites à la suite de son nom sur le registre d'écrou et sur son acte de décès, en date du 24 brumaire an II, qui porte qu'il mourut aux Saintes-Claires le 9 brumaire an II (30 octobre 1793). (État civil ; sections de la Concorde et de Saint-Léonard.)

8. JANVIER DE LA BANQUE (Charles), né à Moisdon, soixante-dix ans, prêtre libre, non inscrit sur la liste d'appel du 26 mars 1792, se trouvait au Séminaire lorsqu'on lui demanda Al voulait partir et répondit négativement. Transféré aux Carmélites, le 10 septembre, puis sur la Thérèse et aux Petits-Capucins, on le trouva sans doute trop malade pour l'envoyer avec les autres le 7 brumaire sur le navire la Gloire ; et, d'après son acte de décès, il mourut aux Petits-Capucins, le 12 brumaire an II (2 novembre 1793). Un acte de notoriété du 2 germinal an V, mentionné dans une délibération de l'Administration centrale du département du 3 thermidor an V, confirme la date de cette mort, en ajoutant que depuis le mois de juin 1792 M. Janvier do la Banque a constamment résidé à Nantes.

9. LAITIER (Claude-François), frère de la Doctrine chrétienne, refusa, le 9 juin 1791, le serment en même temps que les autres frères, au nombre de neuf, formant la communauté de la rue des Fossés-Mercœur ; ne figure que sur la liste de Godin et Hardouin, où il est dit qu'il fut élargi le 23 juillet 1793 ; il le fut par ordre du Conseil de département. (Séance du 21 juillet 1793.) (Le plus souvent on écrit Laithiez.)

L'interdiction d'enseigner avait été notifiée aux frères pour refus du serment imposé aux instituteurs dès l'année 1791.  (Comité des trois corps administratifs, 4 juillet 1791.) Mais cette interdiction ne paraît pas avoir été suivie d'effet, car deux arrêtés du Département, des 2 et 8 novembre 1792, eurent pour objet d'empêcher les frères de continuer leurs fonctions. Le 16 décembre 1792 seulement, le District décida qu'ils seraient remplacés par le citoyen Defargue ; le considérant de l'arrêté porte que tous les services rendus par les frères des Écoles chrétiennes sont détruits par leur opposition à la loi, qui leur ordonne le serment civique auquel ils se sont toujours refusés. (District à la date f° 183.) Les frères ne quittèrent donc leur maison qu'à ce moment. Quant à leur successeur, il suffit, pour le faire connaître, de renvoyer à la délibération du Conseil de la commune, du 1er frimaire an II, 21 novembre 1793, f° 89 (Carrier étant à Nantes), qui destitue le citoyen Defargue parce qu'il se comporte avec si peu de décence devant ses élèves, que ses mœurs inspirent plutôt le libertinage que des sentiments honnêtes.

10. LANDEAU (Julien), recteur de Saint-Lyphard ; entra aux Carmélites le 8 février 1793. Il échappa à la noyade et réussit à se soustraire au sort de ses compagnons qui s'étaient, comme lui, sauvés des flots. M. Julien Landeau à écrit le récit de son évasion de la noyade, et ce récit, qui doit être fort curieux, est aux mains de M. l'abbé Cahour. D'après la Statistique, du même auteur, M. Julien Landeau serait mort en 1796.

11. LARDIÈRE (Julien), né à Saint-Sulpice-le-Verdon, près Montaigu, paraissant âgé de vingt-six ans, selon son acte de décès du 20 août 1793, avait été précepteur chez un M. de la Roche-Saint-André ; arrêté à l'auberge de la Petite-Écurie, rue du Port-Maillard, le 13 mars 1793, fut conduit aux Château, aux Saintes-Claires, puis aux Carmélites le 21 avril 1793 ; il se noya par accident dans la Loire en voulant s'échapper du navire la Thérèse, dans la nuit du 6 au 7 août de la même année. Le fait est aussi constaté dans son acte de décès du 20 août 1793. (Section Sanitat-Hermitage ou Voltaire et Brutus.)

12. MACCARTHY (Jean). L'emprisonnement de ce prêtre sur la Thérèse est certain, puisque son nom est sur la liste de Godin et Hardouin. J'avais cru devoir le placer dans ma première édition sur la liste des prêtres noyés, mais j'ai trouvé depuis deux documents qui me semblent de nature à faire douter de sa mort dans la noyade du 27 brumaire.

L'un est la mention évadé le 16 octobre, inscrite en face de son nom sur un des doubles de la liste de Godin et Hardouin, qui se trouvent aux archives municipales ; la mention, il est vrai, a été effacée en partie par un trait d'encre, mais Godin et Hardouin peuvent bien l'avoir effacée pour mettre à couvert leur responsabilité.

L'autre est un jugement du deuxième Conseil de guerre permanent de la douzième division militaire, condamnant à mort un nommé Maccarthy (Jean-Baptiste), ministre du culte catholique, né à Inichtimont (Irlande), pour avoir donné, au nom du roi, l'ordre de faire un rassemblement dans la lande de Blain. (Jugement du 17 brumaire an XI. Archives départementales.)

13. PEIGNÉ (Antoine-Mathurin), aumônier des Calvairiennes, déclara au Séminaire, le 8 septembre 1792, qu'il était né à Saint-Nicolas de Nantes, et était âgé de soixante-sept ans ; fut envoyé aux Carmélites. C'est avec ces mêmes prénoms qu'il fut autorisé, par le Conseil de la commune, le 23 juillet 1793, à sortir des Petits-Capucins pour cause de santé, élargissement mentionné sur la liste de Godin et Hardouin. Le 29 germinal an II, il fut écroué aux Saintes-Claires et ensuite envoyé au Sanitat. Un prêtre du même nom, portant également le prénom d'Antoine, ancien vicaire de Saint-André-Treize-Voies, originaire de la Chapelle-Basse - Mer, où il vivait, dit-il, depuis vingt mois, fut arrêté au Loroux, à la Guillonnière, chez Mme de la Gournerie, le 19 février 1793, et envoyé aux Carmélites ; c'est ce dernier qui fut envoyé au Sanitat, le 18 mai 1793, comme malade d'esprit.

14. PHILIPPON (Guillaume), chanoine de la cathédrale, était resté sans être inquiété jusqu'au jour où un commissaire bienveillant le dénonça au Département comme recevant chez lui un certain nombre de personnes qu'on voyait entrer et sortir. L'administration centrale ordonna de l'arrêter le 15 mai 1793 et de le conduire aux Carmélites. Il fut élargi le 9 juillet du navire la Thérèse.

15. SEZESTRE (Blaise), né à Vieillevigne, soixante-dix-huit ans ; prêtre bénéficier, demeurant à Vieillevigne d'après une liste, prêtre ci-devant vivant de messes, selon sa déclaration ; enfermé d'abord au Séminaire, puis à Saint-Clément et au Château, déclara qu'il voulait rester en France ; envoyé aux Carmélites. La liste qui mentionne l'évasion du prêtre Maccarthy porte, devant le nom de M. Sezestre : élargi le 13 août.

16. SORET (Étienne), né à Saint-Aignan, soixante-dix-neuf ans, aumônier de la maison de Saint-Aignan, selon sa déclaration faite au Séminaire où il se trouvait le 8 septembre 1792 ; il avait été emprisonné quelque temps au Château en, 1791 ; transféré du Séminaire aux Carmélites ; la liste de Godin et Hardouin porte : Élargi le 25 août, et décédé quelques jours après. D'après son acte de décès, qui lui donne quatre-vingt et un ans, il mourut chez son frère, quai Palamède, le 20 septembre 1793.

17. SOUDAN, infirmier, élargi du 27 juillet 1793, porte la liste ; le seul renseignement que j'aie rencontré sur ce compagnon de la captivité des prêtres est la mention de ses nom et prénom sur les actes de décès de M. Pierre Rousseau, le 12 janvier 1793, et du Père Debrest le 20 août ; il dit se nommer Soudan (Pierre), infirmier à la maison des Carmélites, dans le premier acte, et sans qualité dans le second. Sa comparution, dans un acte du 20 août, permet de supposer qu'après son élargissement il avait conservé des rapports avec les prêtres détenus.

 

 

TROISIÈME LISTE. — PRÊTRES NON INSCRITS SUR LA LISTE DE GODIN ET HARDOUIN

 

CHEVALIER (Julien), trente ans, natif de Bouguenais, dénoncé comme prêtre réfractaire dès le commencement de 1792 (Dép., 14 mars 1792) ; arrêté le 22 juillet 1793 au poste de la Sécherie, amené à la Permanence, où il déclara, dans son interrogatoire, qu'il était prêtre depuis 1788, qu'il avait été vicaire à Gétigné près Clisson ; qu'il avait été ensuite vicaire au Bignon, et qu'il était resté caché tantôt dans cette paroisse, tantôt dans celle de Château-Thébaud ; fut évidemment emprisonné, mais je ne saurais dire en quel lieu ; un ordre du tribunal révolutionnaire du 6 septembre 1793 l'envoya aux Petits-Capucins, dont il sortit le 19 pour y retourner le lendemain, après avoir été ce jour, 19 septembre, condamné à la déportation par un jugement du tribunal révolutionnaire, appliquant la loi du 26 août 1792. (Note signée de Godin et Hardouin, arch. municip., Reg. du trib. révolut. de Phelippes, Archives du greffe.)

LEMAUFF (Guillaume), ancien curé de Vue, fut, sur une dénonciation, recherché par les autorités du Croisic et trouvé caché à Batz dans le grenier d'une dame Sabatier, le 13 février 1793. Le 17 février, le district de Guérande décida que ce prêtre, n'ayant fait aucune déclaration, devait être déporté à la Guyane, conformément à la loi du 26 août 1792 ; il fut amené à Nantes et mis au Château le 19 février, puis au Bouffay le 29 mars, par ordre de Phelippes et du Département ; un ordre du tribunal révolutionnaire l'envoya aux Petits-Capucins, en même temps que l'abbé Chevalier ; il ne fut pas jugé ultérieurement. (Direct. de départ., 19 février 1793 ; Cons. de départ., 13 mars ; reg. d'écrou du Château ; reg. du trib. révolut.)

PERRAUD (Philippe), né le 4 septembre 1750 ; ordonné le 13 juin 1788 ; vicaire à Rougé, à la Chapelle-des-Marais ; à Escoublac, à Montoir ; fit en 1791 le serment restrictif qu'il rétracta ; arrêté au village de Painlys, fut expédié à Guérande et emprisonné ; amené au Département le 26 septembre 1793, il est qualifié, dans le procès-verbal, vicaire de Guérande. II s'évada de sa prison ; je suppose que ce fut de celle des Petits-Capucins, parce que c'est dans cette maison que l'on envoyait les prêtres, et la lettre de M. Douaud du 17 octobre 1793, où est mentionnée la présence de quatre-vingt-dix prêtres, atteste l'arrivée de quatre nouveaux détenus depuis le 6 septembre, lesquels seraient vraisemblablement : M. De la Brosse, rentré le 5 octobre, et MM. Chevalier, Lemauff et Perraud. M. Perraud mourut en 1811.

(Reg. du Dir. de départ., f° 133. Renseignements communiqués par M. Gustave Bord.)

 

FIN DE L'OUVRAGE