Malgré
l'inquiète surveillance du roi, qui ne voulait toujours point qu'on se réglât
sur son exemple, Madame, la comtesse de Soissons, Guiche, Vardes, quelques
comparses étaient entrés, vers la fin de 1664, dans un imbroglio galant et si
compliqué que l'art consommé d'une contemporaine[1] suffit à peine pour en dévider
l'écheveau. L'intrigue finit par un de ces « furieux démêlés de femmes », où
l'on dit tout[2]. Bien que Louise de La Vallière
n'y eût point de part, elle faillit y laisser la vie. Un
personnage tout nouvellement entré en scène, favori de Monsieur, ennemi de
Madame (c'est le plus vilain de tous les rôles), le chevalier de Lorraine,
courtisait sans grand succès une fille d'honneur d'Henriette. Vardes osa dire
que le chevalier eût mieux fait de s'adresser à la maîtresse. Ce propos,
rapporté par le père du comte de Guiche à Madame, par Madame au roi, fit
mettre l'impertinent à la Bastille. Il s'y rendit avec quelque ostentation,
et « tout le monde l'alla voir[3] ». L'ex-confidente
de La Vallière, Mlle de Montalais, exilée de couvent en couvent, n'en
regrettait que plus le monde. Elle fondait son espoir d'y rentrer sur la
possession de correspondances échangées entre Guiche et Madame, puis
détournées par elle. Apprenant ce qui se passait, elle proposa à Vardes de le
tirer d'affaire s'il voulait se servir de trois de ces lettres. A son
honneur, le prisonnier refusa. Mais la
comtesse de Soissons, née Mancini, moins accessible à ces répugnances
françaises, se saisit de cette arme et renouvela ses dénonciations. Dans son
emportement, elle parla de la lettre d'Espagne, fabriquée de sa main et
traduite seulement par Guiche. Elle ajoutait que Madame, restée Anglaise au
fond du cœur, trahissait la France ; que notamment elle s'était efforcée
d'empêcher son frère Charles II de rendre Dunkerque. La riposte fut prompte.
Un jour de ballet, « à la tribune », Henriette fit expulser la comtesse. Le roi
représenta à sa belle-sœur qu'elle devait ménager sa rivale[4]. Tout alors déborda.
L'Anglo-Française, la princesse de race, triompha sans peine de l'Italienne,
de la comtesse parvenue. Madame eût peut-être sacrifié son ressentiment au
salut du comte de Guiche ; il lui parut intolérable de laisser la Mazarine
s'avantager de sa dénonciation et monter « sur le trône ». Légère et non
pervertie, Henriette avait pour principe « que, dans toutes les matières
embrouillées, la vérité seule tire les gens d'affaire ». Quand on la croyait
perdue dans un labyrinthe, soudain elle sortait du dédale en criant la
vérité. De plus, Louis XIV, roi de-France, ménageait beaucoup la sœur du roi
d'Angleterre, très puissante sur l'esprit de son frère. S'il feignit alors
d'écouter ces accusations de trahison, ce n'était que pour prendre plus
d'avantage sur la jeune femme et l'obliger à le mieux servir[5]. Aussi sa vengeance calculée
tomba sur tous, excepté sur Madame. Elle tomba sur Vardes jeté en prison, sur
Guiche exilé en Hollande, sur Mme de Soissons chassée de la cour. Toutefois,
la Mancini ne voulut pas quitter la place sans s'être vengée à son tour de
l'inoffensive La Vallière. A cette
époque, on propageait la réputation d'une femme nommée Catherine Monvoisin et
plus familièrement la Voisin. C'était une créature âgée d'environ vingt-neuf
ans, assez vulgaire d'aspect, et dont la figure toute ronde prenait, grâce à
deux petits yeux assez vifs, une expression finaude[6]. Elle était mariée à un homme
qui, successivement joaillier et mercier sur le pont Marie, avait « perdu ses
boutiques ». Suivant elle, ces malheurs commerciaux l'avaient obligée à «
cultiver la science que Dieu lui avoit donnée », la chiromancie et la
physionomie. Dès l'âge de neuf ans, elle disait la bonne aventure sur les
ponts[7]. A ces dons, soi-disant
célestes, elle ajoutait le secours d'industries très infernales. La Bruyère
parle d'une Canidie « qui a de si beaux secrets, qui promet aux jeunes femmes
de secondes noces, qui en dit le temps et les circonstances[8] ». La Voisin était une
Canidie, sinon la Canidie elle-même. A demi sage-femme, elle aidait les
petits enfants à venir au monde et au besoin à en sortir. En 1664,
persécutée, disait-elle, par les missionnaires[9], — on croit entendre quelque
mégère de la Commune —, cette honnête personne s'était réfugiée dans un
quartier assez mal famé, nommé la Villeneuve-sur-Gravois ou
Villeneuve-Beauregard, et depuis peu formé autour de Notre-Dame de Bonne
Nouvelle, sur les déblais d'anciennes fortifications. Au milieu de terrains vagues
la Voisin possédait un petit jardin, qui lui servait de cimetière. A la mode
du temps, elle y avait fait élever une grotte rustique" au fond de cette
grotte, un four, où tantôt elle carbonisait des ossements, tantôt distillait
des crapauds. C'est à
la porte de cette abominable demeure que se présentèrent alors trois dames de
qualité. L'une d'elles, tirant à part la magicienne, l'emmena dans le funèbre
jardin, puis dans le cabinet sinistre, et là lui tendit sa main. A la vue de
sa ligne solaire, et sans doute à la faveur de connaissances plus positives
et préalables, la Voisin dit à la visiteuse « qu'elle avait dû être aimée
d'un grand prince ». C'est ce que la dame savait aussi bien et mieux qu'elle.
Aussi, interrompant brusquement cette diseuse de bonnes aventures passées : «
Cela ne reviendra-t-il point ? — Non, cela ne peut revenir. — Oh ! il faudra
bien que cela revienne ! » Et, cessant alors de parler à la chiromancienne,
la dame, la comtesse de Soissons, se voyant reconnue, et qui d'ailleurs ne se
cachait guère, s'adressa sans détour à la coquine, à l'empoisonneuse. Qui
éloignait le roi ? La Vallière. Il lui fallait les moyens de se défaire de La
Vallière. « Ce sera bien difficile, » répondit la Voisin. Alors la comtesse :
« Je les trouverai bien, ces moyens, et si je ne puis me venger d'elle, je
porterai ma vengeance plus loin et ne ménagerai rien. » Puis, reprenant le
chemin de la porte : « Je me déferai, dit-elle, de l'un ou de l'autre et de
l'un et de l'autre[10]. » A ce moment, une des
personnes de sa suite s'adressant à la Voisin : « Eh bien, notre comtesse,
ses amitiés reviendront-elles ? viendra-t-elle à bout de ses desseins ? »
Cette curieuse personne n'était autre que Mlle du Fouilloux, qui, elle aussi,
faisait profession d'amitié pour La Vallière[11] et trahissait son amie. « Je
les trouverai bien, ces moyens, » avait dit Olympe Mancini. Or, peu après la
visite à l'antre de la Voisin, le petit hôtel Brion fut l'objet d'une attaque
de vive force. Une nuit, Louise de La Vallière commençait à s'endormir ; tout
à coup les aboiements de sa petite chienne la réveillent. Elle entend un
éclat à ses fenêtres et dans une pièce voisine comme un bruit de pas. Vite,
elle se sauve près de ses filles de chambre. L'alerte est donnée, et l'on
trouve, délaissés par les agresseurs, des crochets et des échelles de corde[12]. On ne se méprit pas sur le but
de la tentative ; mais on ne put, malgré la promesse d'une forte somme, en
découvrir les auteurs[13]. Certains détails, rapportés
dans les mémoires du temps, prouvent qu'on ne se borna pas à ce coup de main.
Louis, non seulement jugea prudent de faire garder le palais Brion[14], mais de plus il donna à La Vallière
« un maître d'hôtel pour goûter tout ce qu'elle mangeroit ». Déjà apparaît
cette crainte du poison, crainte trop fondée et qui pendant si longtemps
épouvanta la cour et la ville. Guiche
ne partit en exil qu'au mois de mai. Il revenait tout justement d'une longue
et pénible campagne en Pologne, où il avait éprouvé mille maux. Aussi fat que
Vardes, mais moins pervers, le comte rédigea une sorte de confession où, sans
demander grâce, sans se disculper, il défendait Madame. Aimant cette
princesse follement, mais sincèrement, il ne voulut pas partir sans la revoir
et parvint à lui faire ses adieux comme on la portait en chaise dans le Louvre.
Pour arriver jusque-là, il avait dû revêtir un habit à la livrée de cette La
Vallière, objet d'abord de sa recherche, puis de ses mépris, enfin de ses
attaques anonymes, si indignes d'un gentilhomme Il la portait encore, cette
livrée gris-de-lin, lorsque, voulant prendre le dernier congé, il tomba évanoui
aux yeux de Madame effrayée, au risque d'être reconnu ou de demeurer sans
secours (mars
1665)[15]. Où pouvait-on porter un
domestique de La Vallière si ce n'est chez La Vallière ? C'est
au lendemain de ce a grand éclat », vers le commencement du printemps de
l'année 1665, que, par une coïncidence très fâcheuse pour l'auteur, très
favorable pour le succès du livre, parut dans le public Y Histoire amoureuse
des Gaules, œuvre d'un seigneur désœuvré, qui aurait pu être un très bon
général — il l'a dit du moins tant qu'il a vécu —, homme d'esprit, un peu
précieux parfois, toujours mordant. Elle n'aurait probablement pas vu le jour
si le manuscrit n'en eût été colporté au moment même où se ravivait la
blessure faite à l'amour-propre du roi par les inventeurs de la lettre
espagnole. Louis, en d'autres temps, eût toléré une satire qui, en somme,
n'atteignait ni lui ni les siens[16]. A cette heure, il se fâcha, et
Bussy fut gratifié, comme on disait alors, d'un pourpoint de pierre, en bon
français, mis à la Bastille (16 avril 1665)[17]. Il n'en sortit que pour être
interné dans son château de Chaseu. Ce châtiment excessif attira l'attention,
piqua la curiosité du public, et les libraires, ne doutant plus du succès de
l'ouvrage, le firent imprimer à milliers d'exemplaires[18]. A l'Histoire
amoureuse on donna une suite, où, laissant les aventures des
particuliers, on entretint les lecteurs des amours des Dieux et des Dames, en
termes plus simples, des Amours du Palais-Royal. Tel était le titre d'un
petit ouvrage, composé certainement vers 1665, imprimé plus tard en 1666. La
première édition ayant été achetée en bloc pour le compte de Madame, pas un
exemplaire n'est parvenu jusqu'à nous. Détail plus surprenant, on ne voit pas
que ni l'auteur ni l'éditeur aient tenté de reproduire ce libelle, dont la
vente était cependant assurée. C'est l'imprudence ou la mauvaise foi des
intermédiaires chargés de sa suppression qui permit de réimprimer, sous le
titre des Amours de Madame, d'Histoire du comte de Guiche, du Palais
Royal, des petits pamphlets, où, malgré de grossières altérations, on
retrouve la physionomie de l'original. Louise de La Vallière, mise en scène
comme Madame, y est traitée plus favorablement que la princesse. On y trouve,
en somme, l'opinion moyenne des contemporains sur la favorite. Pour la
reine-mère comme pour la reine, Louise était « une fille », et même
Marie-Thérèse, qui ne savait pas encore « assez bien le français », se servit
parfois d'un mot plus dur[19]. Toutefois, en dehors de ces
personnes à bon droit sévères, en dehors du petit cercle des envieuses telles
que la Mancini, la Fouilloux, la Montalais, on était à la cour désarmé par la
modestie et le caractère inoffensif de Louise. Dans l'histoire des Amours du
Palais-Royal, La Vallière est jugée par ses contemporains comme elle le sera
par la postérité. On la montre douce, aimable, désintéressée. Elle a aimé le
roi pour lui-même ; elle n'aimera jamais autre homme sur la terre. Le
chroniqueur va plus loin. Il sait que Louis est le point de mire de bien des
séductions ; mais, à son idée, « La Vallière sera toujours la grande passion
du roi[20] ». Il oubliait, ce continuateur
de Bussy, que toujours n'est pas la devise de l'amour. En somme, cette
publication dut déplaire à Madame, à Monsieur, à la comtesse de Soissons.
Pour Louise de La Vallière, elle constituait presque un panégyrique. Le Journal
du voyage du cavalier Bernin renferme une anecdote assez curieuse.
Bellefonds montra les dessins du cavalier à Louise de La Vallière (12 juillet
1665) et dit à
l'auteur « qu'elle les avoit trouvés admirables et qu'il faut s'entendre à
ces sortes de choses pour en bien juger. — Elle a beaucoup d'esprit, réplique
Bernin, et c'en est (sic) une bonne marque d'être dans la place où elle est.
Chantelou, l'auteur du Journal, qui se trouvait là, conclut par ces
quelques mots : « Surtout de s'y être conservée quatre années durant[21]. » Au même
moment, un bourgeois de Reims, travaillant pour son usage personnel, sans
dessein de publicité, ce qui donne plus de prix à ses réflexions, écrivait ce
qu'il savait de la « dame Vallière », dont le nom s'était peu à peu répandu
en province. C'était vers le temps où le comte de Soissons, gouverneur de
Champagne, habitait dans son gouvernement. Cette résidence, si contraire aux
usages, avait attiré l'attention d'Oudart Coquault, Rémois, et le curieux
apprit que « madame la femme de M. le gouverneur, vipère du feu seigneur
cardinal de Mazarin, ainsi par la France le peuple la nomme », avait voulu «
babiller et même fait escrire à la reine quelque lettre supposée touchant une
amourette du roi, que l'on dit avec une dame nommée la Vallière ». — «
Cette dame Vallière est accorte, complaisante, et belle et gaillarde. La
reine est d'un naturel assez pesant, de peu d'entretien : joint que l'on dit
qu'elle ne parle pas tout à fait bien français. C'est ce qui donne cause à
ces petites jalousies et distractions que le roy prend. » Non moins tolérant
que bien renseigné, Coquault ajoute : « Mais ce n'est pas à faire au peuple à
parler de leur roi en mal, touchant telles [choses] frivoles[22]. » Coquault était un sujet bien
pensant. En
vérité, le futur grand roi avait fortement besoin d'indulgence. Après avoir
puni comme il convenait les témérités galantes de Guiche et de Vardes, et
traité en libelliste le lieutenant général Bussy-Rabutin, Louis, en règle
avec ses devoirs de souverain, s'accordait toutes sortes de distractions. Mme
de Monaco était récemment revenue à la cour. Le prince, son mari, désirait,
paraît-il, rectifier la frontière de son Etat. De méchantes langues disaient
en arrière que certaines dames, jalouses de La Vallière, n'auraient pas été
fâchées de voir la princesse tenter une diversion sur le cœur du roi. Louis,
très décidé à ne rien accorder au mari, ne crut pas pouvoir tenir rigueur à
sa femme. C'est alors qu'un singulier personnage fit son entrée dans le
monde. Mme de
Monaco, née de Grammont, avait un cousin nommé Puyguilhem ou Lauzun. C'était
un cadet de Gascogne, petit de taille, mais n'en perdant pas un pouce, roide
sur ses jambes, plus roide dans son langage, pensant beaucoup de bien de lui,
en disant plus qu'il n'en pensait, très flatteur avec les puissants, très
habile à inventer de nouvelles flatteries et à les présenter avec une
certaine arrogance. Péguilin s'était, suivant l'usage, énamouré de sa
cousine, et, quand elle se maria, il l'avait suivie déguisé en postillon[23]. Il s'aperçut de ce que le
Monaco ne voyait pas et commanda à la dame de cesser ses coquetteries à
l'adresse du roi ; sinon il se servirait de telles de ses lettres qui la
perdraient. La princesse prit les devants et dénonça son dénonciateur.
C'était d'ailleurs une entrée en matière assez habile[24]. Lauzun, interpellé par le roi,
répondit avec une hauteur insolente, fut jeté à la Bastille et s'y comporta
comme le plus plat des laquais[25]. « Il ne faut jamais résister
au roi, répétait-il sans cesse ; il faut lui obéir, il faut le suivre, comme
un barbet suit son maître. » Un homme si repentant ne pouvait mourir en
prison. Bientôt il en sortit, et ce Gascon figurera désormais comme un des
principaux personnages de l'histoire de Mme de La Vallière. Sa cellule était
à peine vide qu'on y transférait Bussy-Rabutin, qui fut aussi remplacé par un
tout autre prisonnier comme caractère et comme dignité, par M. de Sacy,
coupable de jansénisme[26] (26 mai 1666). En moins de dix-huit mois, ce
logement vit se succéder des hôtes bien différents : Foucquet, Lauzun,
Bussy-Rabutin, Sacy. Évidemment il n'était pas sage de résister au roi ni en
finances, ni en galanteries, ni même en doctrines religieuses. Jusqu'à
quel point fut poussée l'intrigue signalée entre Louis et Mme de Monaco, il
ne nous convient pas de le rechercher. Il suffit de noter ce nouveau symptôme
d'inconstance, à peine remarqué au milieu des fêtes qui semblaient être alors
(octobre
1665) l'unique
préoccupation du jeune prince. Cependant,
certains appartements des palais royaux étaient envahis par la tristesse. Un
mal imprévu, implacable, dévorant, attaquait la mère du roi encore en pleine
force. Avant d'être malade, elle avait souhaité que Dieu lui envoyât des
souffrances, « comme moyen de mériter ». Seulement, visitant un jour un
hôpital et arrivant près d'une femme qu'un cancer rongeait, saisie par une
invincible répugnance, elle s'était éloignée vivement en s'écriant : «
Seigneur, Seigneur, tout autre fléau que celui-là ! » C'était précisément ce
fléau qui la frappait[27]. La
veille de la saint Jean, dans la ruelle du lit de la reine-mère, se
trouvaient Marie-Thérèse et Mme de Motteville. Anue d'Autriche se sentait un
peu mieux et commençait à se lever. Les deux reines s'entretenaient des
peines que leur causait la conduite du roi. Tout à coup la jeune femme, se
tournant vers sa belle-mère et la regardant tendrement, avec des yeux pleins
de larmes : « Mes peines ne seront rien, pourvu que Dieu me conserve ma mère.
» Puis s'adressant à Mme de Motte ville : « Si la pierdo, que hare ? Si
je la perds, que ferai-je ?[28] » Anne d'Autriche s'efforça de
consoler sa bru ; mais qui pouvait la consoler elle-même ? Le jour
de sainte Anne (26 juillet),
la fièvre augmenta beaucoup et la malade souffrit de grandes douleurs. Le roi
était à Versailles, lieu préféré de ses plaisirs, celui où il voulait montrer
sa magnificence et faire voir ce que peut un grand prince, quand il n'épargne
rien pour se satisfaire. Il y menait souvent La Vallière, et même Madame
était quelquefois de la partie. Anne d'Autriche s'attrista particulièrement
de cette absence de Louis, le jour de sa fête. Elle se rappela le temps où il
la soignait comme une fille n'eût pas fait mieux, la veillant et couchant au
pied de son lit sur un matelas. Quand, le lendemain, il vint lui faire
visite, elle ne put retenir ses reproches, insistant sur les murmures qu'il
soulèverait parmi le peuple, s'il paraissait si occupé de se divertir dans un
temps où elle était menacée d'une mort si prompte. Louis reconnut qu'elle
avait raison ; il voyait bien que ses plaisirs l'emportaient trop loin., il
suivrait son conseil[29]. Par le fait, obligé de
retourner ce même jour à Versailles, pour y recevoir Henriette de France,
reine douairière d'Angleterre, il n'y tarda guère et revint presque aussitôt.
Il laissa pour cette fois toutes les dames, ses amies, « qui n'étoient propres
qu'à la joie[30] » et qui ne s'inquiétaient
guère des maux qu'endurait à Saint-Germain la mère du jeune prince, leur
idole. Plus d'une fois par la suite, le souvenir de cette dissipation et de
cette insouciance entretenue, sinon provoquée dans l'âme d'un fils, troubla la
conscience réveillée de Louise de La Vallière[31]. Anne
d'Autriche finit l'année 1665 au milieu de cruelles douleurs, supportées avec
une admirable résignation. Elle commença au milieu de souffrances non moins
atroces l'année 1666, qui devait être courte pour elle. On ne croyait pas
toutefois à une fin si prochaine. Cette maladie, au contraire, paraissait
devoir durer longtemps. Aussi l'impression faite sur l'esprit du roi par les
reproches de sa mère s'était promptement dissipée, et les fêtes avaient'
repris leur cours[32]. Au commencement d'octobre, on
dansa un ballet-impromptu, paroles de Dangeau, musique de Frementeau. Le
programme était curieux. Gouverneur de la province, le roi ; sa femme, Madame
; son frère, le marquis de Villeroy ; sa sœur, Mlle de La Vallière[33]. Jamais Louis ne s'était montré
plus passionné pour sa maîtresse, qui de cette passion concevait un nouveau
gage. Le 5 janvier 1666, Monsieur et Madame traitèrent le roi. « De longtemps
il ne s'étoit vu un pareil régal. » Concert dans la grande galerie du
Palais-Royal. Comédie dans la petite. Souper. Bal[34]. Le 6, «
il fallut mettre quelque intervalle aux divertissements. » Le 9, eut lieu une
cérémonie tout particulièrement blessante pour la reine-mère et pour la jeune
reine, qui pleurait au pied du lit de la mourante. Grâce à une dot
considérable et à de grands avantages, Louis mariait au comte du Roure Mlle
d'Artigny, cette fille perdue, dont l'unique mérite était d'avoir servi de
confidente à La Vallière, d'espion au roi. De pauvre et accablée sous la
mauvaise fortune, l'intrigante devenait riche et enviée. C'est au
Palais-Royal, dans l'appartement de Madame, que furent célébrées ses
fiançailles par Daniel de Cosnac, évêque de Valence. Le roi y assista, ainsi
qu'à la comédie, au bal et au ballet qui suivirent. Le 10, la fête recommença
chez le duc de Créqui, à la suite du mariage. Il faut
entendre Robinet, le continuateur de Loret, le courriériste à la mode : Enfin,
par un aimable Bal On
finit la Réjouissance ; Mais
après, pour une autre Dance, On
coucha dans un Lit pompeux Ce
beau Couple, selon ses vœux. Car
peu luy plaisoit la remise ; Et
le Roy donna la Chemise, Avecque
Monsieur, à l'Espoux, Par
un honneur certes bien doux, Comme
pareillement Madame, Avec
une autre aimable Dame, A
l'Épouse aussi la donna ; Et
puis on les abandonna Tant
à l'Amour qu'à ses Complices[35]. L'auteur
donne en marge l'autre nom de la dame : la marquise de Montespan. Or ce
même soir où la cour se livrait à la joie de cette noce honteuse, Marie-Thérèse,
restée seule près d'Anne d'Autriche, murmurait contre ces divertissements.
Ils lui déplaisaient encore plus que les autres, parce qu'elle y voyait
l'influence de Louise et sa faveur, qui débordait jusque sur une d'Artigny.
La mourante n'en jugeait pas autrement. Toutefois, avec sa douceur ordinaire,
elle répondait à sa belle-fille qu'il fallait pardonner à la jeunesse ces
emportements, et, pour changer de conversation : « Nous aurons notre tour,
dit-elle gaiement, et nous danserons au printemps. » Moins de dix jours plus
tard, cette bonne et noble femme agonisait et livrait à la mort les restes
d'un corps qui, depuis longtemps, n'était plus qu'un cadavre. Dans le peuple,
la douleur fut vive et sincère. Cette reine, objet de tant d'attaques
passionnées, de tant d'insultes, confondue jadis avec le cardinal Mazarin
dans une même exécration, avait su, par son charme naturel, par son
dévouement à son fils, par sa conduite toute française, dissiper les
préventions et reconquérir l'amour populaire. Ses intimes seuls lui gardaient
rancune[36]. On ne saurait dire que les
siens demeurèrent indifférents à sa perte ; au fond, ils l'aimaient. Monsieur
pleura beaucoup ; mais sa douleur n'était jamais de longue durée[37]. Henriette s'attrista
médiocrement, en belle-fille, et, surprise plus grande, la reine parut trop
ressembler à Madame[38]. Marie-Thérèse si tendre et si
sensible, si dévouée à sa tante et belle-mère pendant le cours de cette
longue maladie, ne put se défendre de prêter l'oreille à « une malicieuse
adulatrice ». Louis avait voulu que la reine-mère précédât en tout sa
belle-fille, et l'adulatrice montrait à la jeune souveraine qu'à l'avenir «
elle seule seroit considérée[39] ». Le roi lui-même, malgré sa
douleur, laissa voir une certaine satisfaction d'être affranchi de tout
contrôle[40]. La
passion ne déteste rien plus que la contrainte, qui ménage sa durée, ne
souhaite rien plus que la liberté, dont elle meurt. Louis, même quand il
offensait sa mère en introduisant chez elle sa maîtresse, s'imaginait encore
qu'il usait de réserve. Au lendemain du décès d'Anne d'Autriche, « il avoit,
disait-il, cette consolation de penser qu'il ne lui avoit jamais désobéi en
rien de conséquence ». A partir de ce jour, « il ne se contraignit plus, et
cela parut fort[41] », non pas dans les affaires de
l'État, dont la reine ne s'occupait plus depuis longtemps, mais à la cour, «
qui commença de changer de face ». L'illustre défunte était encore au Louvre
dans son cercueil que déjà cette cour, réfugiée à Saint-Germain, présentait
un spectacle surprenant. Le mercredi 27 janvier, le Parlement, la Chambre des
comptes, la Cour des aides s'y étaient rendus en députation « pour faire les
complimens auroy sur la mort de la reyne-mère ». A la messe qui suivit la
réception, les regards étonnés des magistrats aperçurent, auprès de
Marie-Thérèse ; Mlle de La Vallière. La reine, disait-on, a pris sa rivale
auprès d'elle « par complaisance pour le roy, en quoi elle est fort sage[42]. » Cette doctrine accommodante,
ce ne sont plus des femmes ni des courtisans qui la formulent ; c'est un
grave magistrat, Lefèvre d'Ormesson. Non pas qu'il fût, comme beaucoup de ses
confrères, indulgent aux belles pécheresses. Son récit serait plutôt quelque
peu brutal. « Malgré, dit-il, ses yeux fort beaux et son teint, cette
demoiselle ne me parut point belle. Elle est décharnée, les joues cousues, la
bouche et les dents laides, le bout du nez gros et le visage fort long. »
Assurément le président avait regardé la maîtresse de Louis XIV avec les
lunettes de la morale offensée. Toutefois, outre une cause tout accidentelle
de fatigue, dont il a été parlé plus haut, il faut reconnaître que la beauté
printanière de Louise perdait sa fraîcheur. A cette jeune fille plutôt
gracieuse que belle, moins spirituelle que tendre et aimante, le mystère
convenait et l'isolement. Le grand jour était trop dur pour ses traits
délicats. Déjà on se déclare surpris « en la trouvant si peu belle » ;
bientôt les beaux parleurs et les précieuses insinueront qu'elle a « peu
d'esprit[43] ». Paraisse dans la passion du
roi un petit signe d'attiédissement, et les attaques augmenteront dans la
proportion du déclin de cet amour tant jalousé. Le
frère de Louise ressentit le premier les effets de ce changement de
température. Il ne faut pas attacher trop d'importance à quelques obtentions
de biens confisqués, à quelques sollicitations d'épaves de justice[44]. Sans défendre ces agissements
il faut reconnaître qu'ils étaient dans les mœurs du temps Lamoignon avait
reçu les terres d'un supplicié politique[45]. Jean-François n'était
peut-être qu'un intermédiaire, le roi ne pouvant aisément attribuer ces
sortes de libéralités à Louise de La Vallière. Mais le jeune marquis est
moins excusable, lorsque, moins de deux ans après son mariage, il s'affichait
dans une querelle avec le chevalier de Lorraine au sujet d'une nièce de M. de
Fiennes, dont ces deux messieurs se disaient amoureux[46]. Le roi fit dire au marquis «
qu'il lui ferait plaisir de n'avoir pas d'autres affaires de cette nature-là
pour cette fille. » Monsieur, qui avait accommodé les choses, se montra
cependant assez raide envers le frère de la favorite, qui s'était, sans être
invité, joint à une partie organisée à Saint-Cloud. Monsieur était enclin à
ces boutades ; mais il ne serait pas surprenant que Jean-François se fût
laissé aller à quelques familiarités. Vers le
temps où nous sommes arrivés, il crut devoir adresser au roi des compliments
de condoléance sur la mort d'Anne d'Autriche. Se laissa-t-il entraîner à
quelque abandon quasi fraternel ? Louis était-il déjà moins bien disposé ?
toujours est-il que le marquis reçut une réponse fort sèche : « Monsieur
le marquis de La Vallière, ce que j'ai souffert en perdant la reine, ma mère,
surpasse tous les efforts de votre imagination, et, pour vous répondre en un
mot, sachez que la seule main qui m'a porté un si rude coup est capable de
l'adoucir[47]. » Il n'y
a pas à s'y méprendre, dès les premiers mois de l'année 1666, le charme est
rompu. Cet éternel amour, dont les écrivains en prose et en vers célèbrent
encore les merveilles, a cessé d'être réciproque. Était-ce la vue des traits
amaigris de Louise qui provoquait l'inconstance de Louis ? S'il remarqua leur
altération, c'est que déjà il n'aimait plus. Elle n'était pas survenue tout d'un coup, cette maigreur. L'année précédente, le roi avait trouvé sa maîtresse plongée dans une profonde rêverie. En ayant demandé la cause : « Ne croyez pas, lui dit-elle, que mon miroir ne m'apprenne bien que ma personne désormais n'est pas trop agréable. J'ai perdu presque tout ce qui peut plaire et je crains que, vos yeux n'étant plus satisfaits, vous ne cherchiez dans les beautés de votre cour de quoi les contenter. Cependant, ne vous trompez pas, vous ne trouverez jamais ailleurs ce que vous trouvez en moi. » Le roi la regarde avec bienveillance. Il sait que Louise l'aime en toute bonne foi et comme il veut être aimé. Ce qu'il estime en elle, plus que la fraîcheur de son teint, plus que le brillant de ses yeux, c'est son esprit, son cœur, ces qualités si belles qu'elle ne perdra qu'avec la vie. Et Louise de s'écrier : « Que vous avez de bonté, mon cher prince, de rassurer un cœur qui ne craint trop que parce qu'il aime trop ! Oui, continua-t-elle en l'embrassant, vous avez raison de croire que votre grandeur ne m'éblouit point, que je n'ai point regardé votre couronne en vous aimant. » La conversation se poursuivit sur le ton le plus tendre, et cependant elle ne finit pas sans qu'un sentiment mélancolique n'envahît encore l'âme inquiète de la favorite. Si la tendresse du roi vient à diminuer, elle sait bien ce qu'elle fera ; elle prendra le parti de la retraite[48]. Moins d'un an après cet entretien, la tendresse du roi diminuait, sans que tout d'abord Louise s'en aperçût ; puis, abandonnée, trahie, certaine de son malheur, quand elle voulut se retirer, elle apprit, par un supplice de cinq années, qu'on ne rentre pas dans l'ordre quand on veut et aussi facilement qu'on en sort. |
[1]
Histoire de Madame Henriette, p. 132 et suiv.
[2]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 551, 552, 613.
[3]
GUY-PATIN, Lettres,
t. III, p. 23, 10 décembre 1664. — Dépêche de lord Hollis, 13 décembre 1664 ; Archives
de la Bastille, t. I, p. 280. — Histoire de Madame Henriette, p.
159. — D'ORMESSON,
Journal, t. II, p. 330.
[4]
D'ORMESSON, Journal,
t. II, p. 331. V. Mademoiselle DE MONTPENSIER,
Mémoires, Appendice, t. III, p. 615.
[5]
Voici une dépêche intéressante de l'ambassadeur Sagredo au doge : « On raconte
tout bas que le roi est mécontent de Madame, non pour les histoires de
galanterie, chose dans laquelle on sait que l'âme de cette royale princesse ne
saurait faillir, mais à cause des idées qu'on lui avait suggérées de conserver
Dunkerque à son frère ; et le roi a fort à cœur tout ce qui pourrait empêcher
l'acquisition de cette ville.
« Votre Sérénité comprend donc qu'on en sait peut-être
plus qu'on ne voudrait, et qu'un embarras commencé par des intrigues de femmes
peut s'étendre considérablement et aboulir à de graves intérêts d'État. »
Paris, 3 avril 1664.
[6]
V. son portrait gravé par Antoine Coypel. Ce portrait a été gravé deux fois. La
première, haute de 400 millimètres, large de 280, existe en premier état sans
la signature, et en deuxième état avec la signature A. C. à gauche ; et à
droite, Exc. G. P. R. La deuxième est haute de 216 millimètres sur 141 de
large.
[7]
Procès des Poisons, Archives de la Bastille, t. V, p. 258.
[8]
Les Caractères et les Mœurs, chap. les Femmes,
t. I, p. 192, éd. Servois, dans la collection des Grands Écrivains.
[9]
Archives de la Bastille, t. V, p. 258.
[10]
Archives de la Bastille, t. VI, p. 5, 103, 160. La Voisin n'a jamais
varié sur ce point, et cela fut reconnu si vrai que Mine de Soissons, ajournée
et trompetée, s'exila.
[11]
Mlle du Fouilloux, devenue dame d'Alluye, s'enfuit avec Mme de Soissons, en
1680. On peut juger par-là de la gravité des charges relevées contre ces dames.
Nous n'avons pu préciser la date de cette visite à
quelques mois près. La Voisin était encore sur le pont Marie en 1664. D'autre
part, Mlle du Fouilloux n'était pas mariée, et ne se maria qu'en janvier 1667.
Mme de Soissons fut exilée de mars 1665 jusqu'en 1666. Cela limite le temps
possible de sa visite à La Voisin entre octobre 1664 et février 1665. Enfin,
comme Olympe accoucha le 1er janvier 1665 de son cinquième enfant, il y a lieu
de croire que l'action dont il s'agit eut lieu avant février 1665. — Il ne faut
pas s'arrêter à une note des Mémoires de Sourches, t. I, p. 39, qui
semble contraire à notre sentiment. La déposition de La Voisin est formelle. V.
Archives de la Bastille, t. VI, p. 161.
[12]
Le Palais-Royal : Histoire amoureuse, t. II, p. 66. Voilà assurément une
autorité suspecte, et je n'aurais pas osé l'invoquer, si je n'avais trouvé dans
une dépêche de Sagredo au doge de Venise le passage suivant : « On s'entretient
tout bas de l'audace des gens inconnus qui ont essayé, mais inutilement,
d'escalader le palais du roi (lisez Palais-Royal) et de s'introduire
témérairement jusque dans les appartements de la favorite, ainsi que je l'ai
entendu dire. » 20 mars 1665. Archives de la Bastille, t. I, p. 284. Cf.
lettre du duc d'Enghien, De La Vallière à Montespan, p. 18.
[13]
Dix mille louis, si l'on en croit la Vie de la duchesse de La Vallière,
p. 207. Cologne, 1695. L'auteur de ce médiocre ouvrage avait peut-être vu un
texte du Palais-Royal plus complet que celui que nous connaissons.
[14]
C'est en ce sens qu'il faut entendre le passage du Palais Royal, l. c.
: « Il lui donna des gardes. »
[15]
Histoire de Madame Henriette, p. 164. C'est à cette histoire, confirmée
par la lettre de Guiche et par d'Ormesson, que l'on doit ajouter foi. Mme de La
Fayette écrivait sous les yeux de Madame Henriette. A proprement parler, c'est
là que finit la première partie de son ouvrage. Le secret de la fausse lettre
espagnole avait été très bien gardé, et peu de personnes, même en 1665, eurent
une exacte connaissance de l'aventure. Guy-Patin, d'ordinaire si bien informé,
la raconte comme arrivée tout récemment : ce qui montre, en passant, avec
quelle réserve il faut puiser aux meilleures sources, dans le genre d'histoire
qui nous occupe. V. GUY-PATIN, lettre du 20
mars 1666, t. III, p. 52.
[16]
BUSSY-RABUTIN, Mémoires,
t. II, p. 316. — GUY-PATIN, Lettres,
t. III p. 66. — Archives de la Bastille, t. VII, p. 198. — WALCKENAER, Mémoires
sur madame de Sévigné, t. III, p. 449.
[17]
Selon Voltaire, Louis XIV « vengea son injure personnelle en paraissant céder
au cri public ». Le roi avait été blessé par un des couplets de la chanson des Alléluia.
(Siècle de Louis XIV, chap. XXVI.) Ces allégations sont entièrement
controuvées.
[18]
On pense bien que les imprimeurs ne donnèrent pas aux surveillants de la
librairie les moyens de les gêner dans leur commerce. C'est ce qui explique les
nombreuses divergences de renseignements ou plutôt de conjectures sur la date
exacte de la première édition du libelle de Bussy. Il nous suffit de constater
qu'au commencement de l'année 1665 le roi ne le connaissait encore que par une
copie manuscrite. (Mémoires de Bussy, t. II, p. 215.) Bussy ne parle de
texte imprimé qu'en 1666.
[19]
Histoire du Palais Royal : l'Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p.
111.
[20]
Histoire du Palais Royal : l'Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p.
78.
[21]
J. LALANNE, Journal
du voyage du cavalier Bernin, p. 50. Paris, 1888. J'ai fait de mon mieux
pour rendre ce dialogue intelligible ; mais le texte est si peu clair que je
veux le donner tel quel. « Il (Bellefonds) a dit au Cavalier qu'elle les avoit
trouvés admirables. Il a dit qu'il faut s'entendre à ces sortes de choses pour
en bien juger. Il (Bernin) a reparti qu'elle avait beaucoup d'esprit ; que c'en
était une bonne marque d'être en la place où elle était. J'ai dit : « De s'y
être conservée quatre années durant. »
[22]
Remensiana, p. 289. Reims, 1845.
[23]
Histoire de Madame Henriette, p. 74.
[24]
D'ORMESSON, Journal,
t. II, p. 373. Nous ne pouvons citer les anecdotes qui se trouvent dans les Mémoires
de Choisy, et dans les Mémoires de Saint-Simon. L'une et l'autre paraissent
être des échos de mémoires parlés de Lauzun Saint-Simon. a assurément commis
des erreurs de dates. La dépêche de l'ambassadeur vénitien au doge (18 juillet
1665) a plus de valeur. Archives de la Bastille, t. II, p. 451.
[25]
Vies intéressantes des religieuses de Port-Royal, etc., t. IV, p. 208,
éd. 1752.
[26]
Vies des religieuses de Port-Royal, t. IV, p. 159. — Relation de la
prison de monsieur de Sacy, par FONTAINE. V. aussi Mémoires de Fontaine, t. II, p. 365.
[27]
Oraison funèbre d'Anne d'Autriche par l'évêque de Mende, citée par FLOQUET, Études sur
Bossuet, t. II, p. 267.
[28]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 385.
[29]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV. — D'ORMESSON,
Journal, t. II, p. 355. — Emile PICOT, les Continuateurs de Loret, t.
I, p. 131, 138.
[30]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 390.
[31]
L'Illustre Pénitente ou l'Amante convertie, p. 23, éd. 1684.
[32]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 415.
[33]
Emile PICOT, les
Continuateurs de Loret, t. I, p. 303. Lettre de Robinet.
[34]
Gazette de France, 1666, p. 48.
[35]
Emile PICOT, les
Continuateurs de Loret, Lettres en vers, t. I, p. 615, 619.
[36]
Voyez Lettres de la comtesse de Maure, p. 174, 193 : Madame la
comtesse de Maure, par Ed. DE BARTHÉLÉMY.
Paris, 1863.
[37]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 434. Voyez ce que Mme de La Fayette dit de Monsieur lorsqu'il perdit
sa fille : « Monsieur en fu affligé autant qu'il est capable de l'être. Dans le
premier moment, ce furent des transports, et, quatre ou cinq jours après, tout
fut calme. » Mémoires de la cour de France, p. 143.
[38]
« Celle qui avoit tenu dans son cœur la place d'une véritable fille ressembla
un peu trop à la belle-fille. » Mme DE MOTTEVILLE,
Mémoires, p. 439.
[39]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 439. — Journal de Dangeau, annoté par SAINT-SIMON, t. II, p. 298.
[40]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 447. — Mademoiselle DE MONTPENSIER,
Mémoires, t. IV, p. 30.
[41]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 30.
[42]
D'ORMESSON, Journal,
t. II, p. 442. — Dans les Comptes des bâtiments du Roi, publiés par GUIFFREY, dans la
collection des Documents inédits sur l'histoire de France, on trouve, t.
I, p. 153, la mention suivante : « A Gontier, travaux de peinture au logis
de Mlle de La Vallière, 800 livres ». V. note spéciale à la fin du volume.
[43]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 32. — LA
FARE, Mémoires,
p. 61.
[44]
SAINT-SIMON, éd. Boislile, t.
XV, p. 87, note 6.
[45]
LEMOINE, De
La Vallière à Montespan, p. 60 et suivantes.
[46]
LEMOINE, De
La Vallière à Montespan, p. 64. Lettre du prince de Condé à la reine de
Pologne, en date du 23 janvier 1665.
[47]
Œuvres de Louis XIV, t. V, p. 361. La lettre est du 11 février 1666.
Voyez D'ORMESSON,
Journal, t. II, p. 412, où le roi déclare qu'il ne veut pas recevoir de
compliments de condoléances des particuliers, mais seulement des Corps.
[48]
Le Palais-Royal : Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p. 87. Certains
passages de cet ouvrage ont été écrits avant l'année 1666, et vraisemblablement
en 1665.