Les
commencements du voyage furent très gais. On devait, comme il a été dit,
passer par Blois, et, en passant, voir les jeunes princesses d'Orléans. On ne
parlait que de l'ex-petite reine Marguerite. En approchant de la ville.,
Louis disait à sa grande cousine, Mademoiselle de Montpensier : Je n'ai pas voulu mettre un autre habit ni décordonner mes
cheveux ; car, si je m'étois paré, j'aurois donné trop de regret à votre
père, à votre belle-mère et à votre sœur de ne pas m'avoir. Je me suis fait
tout le plus vilain que j'ai pu pour les dégoûter de moi[1]. Sur ce propos d'une fatuité
enfantine, on arrivait au château de Chambord, Tout justement les princesses
n'y parurent pas. Soit dépit, soit discrétion, on les avait envoyées à Blois.
C'est là seulement que Louis put les voir le lendemain. Elles le reçurent au
bas du grand escalier d'honneur. Tout le monde connaît les trois statues de
jeunes filles, d'une grâce accomplie, qui ornent cette entrée merveilleuse. Merveille
alors incomprise. Le goût compassé du temps se montrait presque hostile à ces
chefs-d'œuvre de la Renaissance. Les yeux du roi restèrent également
insensibles, quoi qu'on en ait dit, à cette autre beauté, moins parfaite sans
doute que les créations de Jean Goujon, mais vivante et séduisante, à Louise
de La Vallière, cachée derrière, Mesdemoiselles d'Orléans. La jeune et
modeste Louise n’eut-elle que des regards curieux pour ce prince, dont on
avait tant parlé autour d'elle ? C'est bien beau, un beau prince. En
somme, cette rencontre ne laissa pas de souvenirs agréables. Les officiers de
Gaston, très satisfaits d'eux-mêmes, ne furent pas trouvés à la mode. Ils
servirent un repas à l'ancienne façon. Les
dames étoient habillées comme les mets du repas, point à la mode. Anne d'Autriche, si délicate,
et le jeune roi, dont la tête était ailleurs, avaient hâte de s'en aller ;
Gaston, de son côté, fatigué, malade, souhaitait le départ de ses hôtes.
Ceux-ci, à peine montés en carrosse, critiquèrent tous les détails de la
réception, et la propre fille de Monsieur, Mademoiselle de Montpensier,
sacrifiant son père à sa haine pour sa belle-mère, fit chorus avec la
compagnie et tint à consigner dans ses Mémoires le souvenir de ces moqueries[2]. Bon
gré, mal gré, Mazarin avait dû permettre à Louis et à Marie de se rencontrer
à Saint-Jean-d'Angély (13 avril 1659). Louis retomba aussitôt sous la domination de
cette amoureuse obstinée. De nouveaux serments furent échangés. Marie proposa
même de souscrire un engagement odieux. L'un et l'autre, puisqu'on les y
contraignait, se marieraient, mais en se promettant de mal vivre avec celui
ou celle qu'ils épouseraient. Il semble que le jeune prince ait hésité à
prononcer cet abominable serment. A ce coup, Mazarin s'emporta. Il expédia au
roi une lettre (28 avril 1659), où son caractère se retrouve, lettre longue
et diffuse, où dominait enfin l'expression forte d'une opposition inflexible
à des projets désormais irréalisables[3]. Comme à
Paris deux mois auparavant, Louis résista[4], puis céda. Au fond, il
subissait cette passion plus apparente que réelle. Dès qu'il n'était plus
sous le feu pénétrant des regards de la Mancini, ceux de sa mère reprenaient
leur toute-puissance, et en même temps ceux du monde entier, qu'il sentait
attachés sur ses actions[5]. Séparé de cette fille
audacieuse, Anne d'Autriche trouva son fils plus soumis que jamais, et,
résultat au moins aussi inattendu, il ne restait au cardinal qu'à féliciter
sa nièce de son retour à la raison[6]. Cette résignation apparente
cachait-elle quelque arrière-pensée ? Le caractère dissimulé de l'Italienne
autorise à le croire ; mais évidemment son pouvoir de fascination s'était
évanoui. Le 21
septembre, Louis signa à Bordeaux la lettre que le maréchal de Grammont
devait porter à l'infante, à l'appui d'une demande en mariage : Je vous supplie très humblement d'y donner votre
consentement, et ne considérer pas la chose comme nécessaire seulement à nos
Etats, mais, me regardant un peu comme une personne qui souhaite beaucoup
votre amitié et votre estime, me faire la grâce que votre cœur y réponde.
Vous trouverez toujours en moi une grande inclinaison à vous honorer et
respecter et à vous faire paroître par toutes mes actions que je souhaite
très fort que vous ne vous repentiez pas du choix qu'il vous aura plu de
faire[7]. Le jeune roi, d'amant au
désespoir, était devenu fiancé plein d'espérance. Le sentiment naturel qui
l'avait à Lyon entraîné vers la princesse Marguerite, reparut plus énergique
encore à Saint-Jean-de-Luz. On peut dire qu'ayant désiré sa femme avant de la
connaître, il eut à cœur de lui plaire dès qu'il la connut, et qu'il se
conduisit en prince non seulement galant, mais passionné. La
jeune princesse, qui, pour sa gloire plus que pour son bonheur, allait unir
son sort à celui de Louis XIV, loin de subir cette alliance comme une
nécessité de la politique, l'avait toujours souhaitée. Fille d'une Française
reine d'Espagne, nièce d'une Espagnole reine de France, très fière de sa
haute origine, désireuse de ne pas déchoir, elle avait grandi avec l'idée que
le petit-fils de Henri IV était seul digne de s'unir à elle. Quand le bruit
se répandit à Madrid que Louis le Dieudonné allait épouser la princesse de
Savoie, l'infante avait senti son cœur se serrer, puis se dilater, quand son
père se fut écrié : Cela ne peut être, et
cela ne sera pas ! A
l'heure où les diplomates lui imposaient encore silence, elle avait su, avec
délicatesse, faire comprendre que ses vœux devançaient leurs résolutions. Mariée,
elle passa la frontière avec joie et se présenta à Louis avec tout le
prestige d'une grande princesse, avec la grâce et l'abandon d'une jeune
épousée éprise de son mari[8]. Le soir de ces noces royales
fut pour les mariés un beau soir de noces amoureuses. On annonça que le roi
était déshabillé. Aussitôt Marie-Thérèse s'assit
à la ruelle de son lit, sur deux carreaux, pour en faire autant, sans se
mettre à sa toilette, sans faire nulle façon ; et comme on lui eut dit que le
roi l'attendoit : Presto, presto, quel rey mespera : Vite, vite, le roi
m'attend. Sous cette obéissance si ponctuelle, on pouvoit déjà soupçonner
une tendre passion. Tous deux se couchèrent, avec la bénédiction de la reine,
leur mère commune. (9 juin 1660.) Le lendemain, Louis étoit de la plus grande gaieté, on rioit ; on sautoit ; il
alloit chez lui entretenir la reine ; c'étoit la plus belle amitié du monde[9]. Marie-Thérèse se montrait
aussi tout heureuse. Le roi semblait subir l'ascendant de cette nature
aimante. Quand sa jeune femme lui demanda, pour première et unique promesse,
de ne jamais se séparer d'elle si ce n'est par absolue nécessité, il en fit
volontiers le serment[10]. Tous ceux qui virent ces
fiançailles et ce beau mariage, et les fêtes qui les suivirent, en
emportèrent l'impression d'un bonheur parfait. Pendant
la longue négociation qui avait précédé l'alliance, de grands événements
s'étaient produits à la petite cour de Blois. A l'âge heureux des jeunes
hôtes de ce château, les chagrins ne durent guère. On y forma vite de
nouveaux rêves d'union, avec le prince d'Angleterre, avec le prince de
Savoie. On y reçut (27 novembre 1659) le jeune Charles de Lorraine, garçon aimable et
bien tourné, entrant à peine dans sa seizième année, mais très éveillé[11]. En vain son gouverneur
s'ingéniait-il à le séparer de ses cousines, Madame d'Orléans, ravie de voir
son neveu près de ses filles, s'en allait à ses prières et laissait ce petit
monde sans surveillance, si bien que le jeune homme s'éprit, non d'une princesse,
mais de Mlle de Raré. Sur ce, on le renvoya. Gaston
ne devait voir marier aucune de ses filles. Vers la fin de l'année 1659, il
se sentit de plus en plus languissant. Le mal, aidé des médecins, c'est un
médecin qui le dit[12], l'emporta en peu de jours. Sa
mort arriva le 2 février 1660, et alors survint un incident, trop commun au
trépas des princes. On se livra au pillage jusque dans la propre chambre du
défunt. Le frère de Louis XIII, l’oncle de Louis XIV, abandonné de tous, fut
enseveli dans un drap emprunté. Deux hommes seulement restèrent auprès (lu
corps. L'un s'appelait le Père de Monchy ; l'autre était l'abbé de Rancé,
aumônier du prince décédé. C'est en veillant sur le cadavre laissé presque nu
par d'indignes serviteurs, c'est au spectacle de ce néant des grandeurs
humaines que le futur réformateur de la Trappe se sentit mourir à lui-même et
devint un homme nouveau, devint cet homme que nous retrouverons plus tard
portant ses pieux conseils à Louise de La Vallière, transformée elle-même en
sœur Louise de la Miséricorde[13]. Par une
contradiction assez ordinaire dans les affaires du monde, cette mort, qui
inspira à M. de Rancé des idées de conversion et de retraite, fut l'occasion
qui entraîna Louise dans les voies mondaines où elle se perdit. La
veuve de Gaston, Marguerite de Lorraine, devenue Madame douairière, ne resta
point longtemps à Blois. Au lieu de faire sa
quarantaine dans une chambre noire, comme les veuves du temps, elle partit vers le milieu de
février, laissant ses filles à quelques journées en arrière. Elle avait hâte
de gagner Paris et de s'installer au palais du Luxembourg, qu'on appelait
alors le palais d'Orléans. Pour conserver un droit à cette habitation
princière, il fallait maintenir au moins l'apparence d'un train de maison. M.
de Saint-Remi, qui n'était plus à la mode, fut cependant confirmé dans sa
charge de maître d'hôtel de la douairière et la rejoignit à Paris. A ce
titre, on le logea, ainsi que sa famille, dans le palais conquis par le
premier occupant. Louise de La Vallière et sa sœur par alliance continuèrent
donc de tenir compagnie aux trois princesses d'Orléans[14]. Les idées romanesques, nées de
l'oisiveté provinciale, ne firent que croître et embellir dans le milieu plus
excitant de Paris. Cependant,
comme la maison était encore en deuil, les premiers temps du séjour restèrent
relativement recueillis. Le plus grand événement de cette période fut le
départ pour Saint-Jean-de-Luz des deux princesses les plus jeunes. On
épargnait à leur aînée le chagrin de comparaître en vassale à ce mariage, où
elle avait prétendu figurer en reine[15]. Quelles pensées durent
s'échanger alors entre Marguerite et son amie Louise ? Que l'on songe surtout
à l'effet produit sur cette dernière par l'entrée à Paris du couple royal,
entrée vraiment magnifique (25 août 1660). Tous les balcons, toutes les fenêtres, étaient
garnis de spectateurs. Là se trouvaient les reines, les princesses d'Orléans,
avec elles sans doute Louise de La Vallière. Une jeune femme encore inconnue,
Mme Scarron, née Françoise d'Aubigné, dévorait des yeux ce spectacle. Malgré
sa condition médiocre, des protecteurs de haut parage l'avaient placée en
belle vue. Au retour de la cérémonie, se retrouvant auprès de son mari
infirme et cul-de-jatte, elle écrivit ses impressions à une amie, et dès la
première ligne : Je ne crois pas. dit-elle, qu'il se puisse rien voir de si beau, et la reine dut se
coucher hier au soir assez contente du mari qu'elle a choisi[16]. Mme
Scarron ne se trompait pas. Marie-Thérèse avait choisi son mari, et, si jeune
que fût la nouvelle reine, on pouvait être sûr qu'elle ne reviendrait jamais
sur son choix. Dans cet esprit naturellement droit, une éducation rigide
avait gravé les principes d'une fidélité inviolable. On lui demandait un jour
si jamais elle n'avait jeté les yeux sur quelque jeune homme de la cour
d'Espagne. Comment cela aurait-il pu être ? répondit-elle. Il n'y avait pas de roi. Pouvait-on
accorder la même confiance à un mari de vingt-deux ans, qui avait moins
choisi sa femme que pris une femme ? Anne d'Autriche s'était un peu rassurée
quand, au lendemain des noces, son fils la remercia de lui avoir ôté du cœur Mlle Mancini[17]. Louis était alors sincère,
mais jeune. Marie-Thérèse ne savait pas le français. Louis parlait peu ou
point l'espagnol. La jeune reine, à qui l'on avait à Madrid recommandé une
très grande réserve, ne recherchait d'autre société que celle de sa tante, et
toutes deux visitaient pieusement les couvents et les églises de Paris.
Pendant ce temps-là, Marie Mancini logeait au Louvre avec toute la Mazarinerie. On craignit un instant qu'elle n'eût l'audace de
réclamer l'exécution de quelque promesse téméraire. Le bruit courut que la recommandation de la Marie valait plus près du roi que
celle de la reine[18]. Peu de mois après, cela
passait si avant que la jeune épousée sentit cette première morsure de la
jalousie, que rien ne guérit plus. Elle pleura, se plaignit, et ses plaintes
devinrent publiques. Par fortune, la Mazarine finit par se montrer sous son
vrai jour, dénuée de grâce et de raison[19]. Elle se
mit à faire beau jeu à ce prince Charles de Lorraine, que nous avons vu à
Blois jetant le trouble parmi les princesses. Marie acceptait, provoquait des
rendez-vous, tantôt dans le jardin des Tuileries, tantôt dans les églises. Puis,
quand elle se fut compromise aux yeux de tous et perdue dans l'esprit du roi,
il arriva que ce fut l'oncle du prince Charles qui demanda pour son propre
compte la main de la Mancini ; et encore une lettre interceptée prouva que le
vieux duc se jouait de cette ambitieuse[20]. Exaspérée, Marie accepta la
proposition que lui faisait Mazarin, l'homme de l'à-propos, d'épouser le
connétable Colonne, bien qu'elle eût témoigné d'abord une grande répugnance
pour cette union. De son côté, l'Italien la prit sans vouloir la connaître,
se tenant suffisamment satisfait de la dot de cent mille écus et de la belle
maison de Rome, que le cardinal lui donnait. M.
le Connétable, qui ne croyait pas — c'est à Hortense Mancini qu'on prête ce propos — qu'il pût y avoir de l'innocence dans les amours des rois,
fut si ravi de trouver le contraire dans la personne de ma sœur, qu'il compta
pour rien de n'avoir pas été le premier maître de son cœur[21]. Il fut le second[22], mais non le dernier. Ce fier
objet d'une passion royale, la Maximiliane du Dictionnaire des précieuses[23], femme fantasque d'un mari
quelque peu rude, finit sa vie en manière d'héroïne de roman comique,
méprisée, plus que méprisée, oubliée. On
voudrait savoir gré à Mazarin de cette sorte d'exil imposé à une nièce que,
d'ailleurs, il n'aimait pas ; au même moment, cet homme égoïste se montrait
très dur pour la jeune reine, discutait ses menues dépenses, réglait l'ordre
de sa maison sans la consulter. Sentant les approches de la mort inexorable,
oublieux de sa gloire, ne songeant qu'à l'imminente dispersion de sa fortune,
il voulait opposer à cette destruction ses parents et ses alliés ; il leur
prodiguait places, établissements, dignités. C'est ainsi qu'il força la
princesse Palatine à se démettre de la surintendance de la maison de la
reine, pour livrer ce poste de confiance à sa nièce Olympe, aussi
antipathique à la reine-mère qu'odieuse à Marie-Thérèse. Le cardinal finit sa
vie par une mauvaise action. En effet, Louis avait repris quelque habitude à l'hôtel
de Soissons[24]. Le jeune homme allait où l'on
parlait cette langue de la flatterie féminine, qui plaît toujours. Désormais,
Olympe n'aurait plus à attendre le roi ; elle rentrait au Louvre et s'y
installait à demeure, génie malfaisant et dissolvant[25]. Deux
jours après ce dernier méfait, Mazarin agonisait au château de Vincennes.
Dans une chambre voisine, on avait dressé trois lits où étaient couchés Anne
d'Autriche, son fils Louis XIV et la nourrice du roi[26]. Marie-Thérèse était restée à
Paris. Au matin du 9 mars, le roi appela sa
nourrice, et tout doucement, sortant de son lit, lui demanda du regard si le
cardinal était mort : ce qu'il fit de peur d'éveiller la reine, ou de la
troubler par cette funeste vue de la mort, qui de soi-même est toujours
affreuse. Ayant su que oui, il s'habilla et convoqua les ministres, le
chancelier Le Tellier, le surintendant Foucquet, M. de Brienne. Il leur
commanda de ne rien expédier à l'avenir sans lui en parler, leur déclarant
qu'il ne voulait pas que ceux qui lui demanderaient des grâces s'adressassent
à d'autres qu'à lui[27]. Sa mère, s'étant ce jour-là
laissée aller à commander encore, s'aperçut aussitôt que son fils était
devenu son roi. Voici
l'heure critique. Ce même hiver, pendant que des germes de discorde étaient
jetés au Louvre, dans le ménage royal, on s'agitait au Luxembourg.
Mademoiselle de Montpensier y était revenue et, pour faire pièce à sa
belle-mère, se donnait la tâche de divertir ses sœurs qu'on laissait mourir
d'ennui. Jeunes, elles aimaient la danse. Moins jeune et plus riche,
Mademoiselle avait, attitrée à son service, une bande de violons. A
l'impromptu, on organisait un bal, dans une chambre éloignée de celle de
Madame[28]. Tout naturellement, Louise de
La Vallière assistait à ces petites parties. Quelquefois même, elle
accompagnait au Louvre Marguerite d'Orléans ; mais cette dernière, grande
liseuse de romans, s'ennuya bientôt à ces visites, et l'on en revint aux
petits jeux chez Mademoiselle. On jouait à colin-maillard et à
cligne-musette. Point de cartes ; ce n'étoit
point la mode. On rioit cent fois davantage. Il y avoit des violons, mais
ordinairement on les faisoit taire pour danser aux chansons[29]. Sous
ces plaisirs innocents fermentaient de nombreuses passions, les unes
tardives, les autres précoces. La Grande Mademoiselle, impérieuse, indécise,
désireuse de se marier[30], trouvant tous les partis trop
au-dessus ou trop au-dessous d'elle, songeait alors à ce jeune Charles de
Lorraine qu'on se disputait. C'était un garçon assez mal vêtu[31], mais de belle mine, un peu
gauche, mais fort bien fait et de visage plus qu'avenant, séduisant. Quoi
qu'elle en dît, les regards de cette fille de trente ans cherchaient
volontiers les yeux aux longs cils et les regards félins de ce bel
adolescent. C'est à lui en réalité qu'elle donnait le bal et le souper. Par
malheur, sa jeune sœur Marguerite était là, belle
comme le jour.
Mademoiselle paraissait sa grand' mère[32]. Charles se sentit entraîné
vers Marguerite d'Orléans. Mais elle était pauvre ; son aînée était riche. Ce
fut la riche que le prince de Lorraine demanda, ou plutôt qu'on demanda pour
lui (22
février 1661). La
romanesque Marguerite ressentit alors une vive douleur. Très dépitée, tout en
faisant sa raisonnable, elle pria sa mère de la marier vite au duc de
Toscane, avant qu'elle connût les charmes de
la cour[33]. Sans perdre de temps,
l'ambassadeur du Médicis se présente. Marguerite le reçoit avec des cris de
désespoir. Le trait suivant permettra de juger de la vie extraordinaire que
menaient ces jeunes filles du Luxembourg. Aussi mobile qu'emportée, l'amie de
Louise de La Vallière supplie un soir sa sœur aînée de l'emmener aux
Grandes-Carmélites, où elle veut se confesser. Jour pris pour le lendemain,
voilà qu'un roman nouveau tombe sous ses yeux. Elle passe la nuit à le lire
et, quoi d'étonnant ? s'endort ensuite dans l'église du couvent[34]. Cependant elle entre en
retraite dans une cellule, dans cette cellule peut-être où Louise de La
Vallière devait s'enfermer un jour. Tout à coup, on entendit cette jeune
affolée se répandre en lamentations ; elle ne voulait pas du prince de
Toscane ; le roi était un tyran de la forcer. Sur menace d'être enfermée pour
tout de bon au couvent de Charonne, elle se calma, revint au palais, et ce
fut une autre excentricité. Tous les jours, quelque temps qu'il fît, la
princesse allait à la chasse et s'enfonçait dans les bois, suivie de son
cousin Charles, qui laissait son oncle faire pour lui la cour à la Grande
Mademoiselle. Peu et mal accompagnée, Marguerite revenait de nuit, coiffe
déchirée, habits en lambeaux. On s'étonnait
de ces promenades[35], surtout l'ambassadeur de
Toscane. Cela ne l'empêcha pas de faire sa demande, et, le 18 avril 1661, bon
gré, mal gré, Marguerite fut mariée au prince italien. Louise
de La Vallière eut fatalement ce mauvais exemple sous les yeux. Elle en vit
un autre, pire encore. Ces Lorrains étaient, comme on disait alors, de
complexion fort amoureuse. L'oncle du prince Charles, duc sans duché, restait
à Paris, cherchant à tirer quelque parti de sa nue-propriété et surtout à
s'amuser le plus possible. Sa galanterie se ressentait de sa décadence. Une
jeune personne appelée Marianne Pajot, fille de l'apothicaire de Mademoiselle
et nièce d'une femme de chambre de Madame, habitait alors chez sa tante, au
Luxembourg. Le vieux duc s'en éprit, s'invita chez la tante, promena la
nièce. Sa passion sénile avait recruté une alliée inattendue. Marguerite
d'Orléans (elle n'était pas encore mariée), apprenant que le duc de Lorraine
voulait faire épouser Charles à sa sœur aînée, courut se jeter à ses genoux,
le supplia de n'en rien faire, de le lui donner à elle : Ma sœur est fière et glorieuse. Elle ne souffrira jamais
que vous épousiez Marianne. Pour moi, je vivrais avec vous comme la dernière
servante de Lorraine, si vous l'aviez fait épouser à votre neveu ; j'aimerai,
je considérerai Marianne[36]. M. de Lorraine lui répondit : Vous êtes une folle ! et il continua de remplir le Luxembourg du bruit
de ses propres folies pour la petite Pajot. Louise
de La Vallière avait alors seize ans et demi. Nous sommes à la fin de mars
1661. Un peu plus d'un an s'est écoulé depuis que la jeune fille est arrivée
à Paris. Par les menus détails qui précèdent, on a pu deviner l'emploi de son
temps pendant cet état intermédiaire de sa vie : examen curieux de la grande
ville, admiration des pompes de l'entrée du roi et de la reine, regards jetés
à la dérobée dans l'intérieur même du Louvre, petites fêtes[37] chez Mademoiselle, où venaient
des messieurs de la cour. Si Marguerite d'Orléans lisait les romans nouveaux
pendant la nuit, sa compagne, sans doute, les prenait pendant le jour.
C'était l'heure où la curiosité s'éveille, heure périlleuse, que suit de si
près celle de la tentation et de l'épreuve. Comme
on l'a vu, Mazarin était mort le 9 mars, oublié plus vite qu'inhumé. Il
semblait qu'on respirât plus à l'aise. Le mois d'avril 1661 fut fécond en
événements. Sa première journée vit le mariage de Monsieur, frère du roi,
avec la princesse Henriette, fille du roi d'Angleterre. Philippe reçut en
partie l'apanage de feu Gaston dont la veuve n'était plus que Madame douairière.
Le vide achevait de se faire autour de cette princesse. On pouvait croire que
Saint-Remi et les La Vallière allaient s'en retourner en Touraine ou dans le
Blaisois. Tout au contraire, le même hasard qui, du fond de sa province,
avait amené Louise jusqu'aux abords du Louvre, la lança plus que jamais dans
la voie aventureuse de la cour. Une des
célèbres précieuses du temps, Mme de Choisy, femme de l'ex-chancelier de
Gaston d'Orléans, habitait un des logements si enviés du Luxembourg.
Spirituelle plutôt qu'instruite, amie du monde, elle touchait à l'âge où la
galanterie cède le pas à l'esprit d'intrigue. A la mode du temps, cette dame
a voulu se peindre, et, à l'habitude des peintres, elle s'est quelque peu
flattée. L'assemblée et la grande compagnie n'embarrassent
pas, affirmait-elle
; au contraire, on dirait que je suis née
pour cela. La plus grande joie que je puisse avoir est de rendre office ; il
n'y a pas pour moi de plaisir si sensible. Toutes ces qualités font que je ne
suis pas toujours tranquille[38]. En bon français, notre
Normande, car elle était de Caen, avait la passion de se mêler des affaires
des autres. Entrée fort avant dans les secrets de la cour, elle entretenait
commerce épistolaire avec les reines de Pologne et de Suède, avec Madame
Royale de Savoie. Il n'y avoit point
d'orthographe dans ses lettres ; mais, quand on avoit attrapé celle qui lui
estoit naturelle, on y trouvoit des traits admirables, et une grande vivacité[39]. Très hardie, elle dit un jour
au jeune roi Louis XIV : Sire, voulez-vous
devenir honnête homme : aïez souvent des conversations avec moi. Il crut son conseil et lui
donna deux fois la semaine des audiences réglées, qu'il payait par une
pension. Bref, de son aveu, et aussi de celui des autres, Mme de Choisy était
une maîtresse femme. Or, il
advint que cette personne entreprenante jeta les yeux sur la petite. La Vallière, qui, dans les jardins du Luxembourg, jouait avec
son fils, et, comme elle désirait se rapprocher de la nouvelle Madame, astre
à son aurore, dont la maison était à former, elle lui présenta sa protégée et
réussit à la faire accepter en qualité de demoiselle d'honneur. Demoiselle
d'honneur ! Que d'idées s'éveillaient à ces mots ! Quel avenir splendide
s'entrouvrait ! Être un des fleurons de cette couronne d'innocence ou de
vertu que l'étiquette avait placée autour des reines et des princesses comme
des fleurs en bordure autour de la maîtresse fleur du jardin ! Quoi de plus
enviable ? Être à la reine, être à Madame ! Se trouver à la source de
toutes les grâces, sur le passage de tous les hommages ! Assurément,
quelques petites épines perçaient parfois sous ces roses. Madame n'était pas
parfaite ; on sentait le contre-coup de ses humeurs. Était-elle prise
d'insomnie, la demoiselle d'honneur, aussitôt éveillée, devait lire le roman
nouveau, jusqu'à ce que le sommeil s'ensuivît. Une autre fois, -on s'est fait
fête d'aller au bal. Les toilettes sont prêtes, le rendez-vous pris, Madame
se pique avec Monsieur, reste au logis, et de même, restent ces demoiselles. Enfin,
il faut compter avec la critique, avec la jalousie des femmes et le dépit des
galants. Les jeunes seigneurs traitaient assez souvent ces pauvres filles à
la cavalière. Anne d'Autriche s'efforçait bien de tenir sous une discipline
sévère cette mobile troupe. Marie-Thérèse avait confié le commandement de la
sienne à une personne de grand caractère, la maréchale de Navailles. Mais
comment gouvernerait sa maison la nouvelle Madame, première dame de France,
reine et dame de seize ans ? Qui le savait ? Toutes
ces considérations devaient s'effacer devant une autre, plus pratique,
d'application plus immédiate, et que ne pouvaient, dans leur modeste
situation de fortune, négliger les Saint-Remi. La
place de demoiselle d'honneur comportait de sérieux avantages. Une petite
pension de cent livres, c'est-à-dire cinq à six cents francs de nos jours,
permettait à peine d'entretenir la toilette ; mais la vie était assurée, et
l'on trouvait là plus de chance qu'ailleurs, pour une personne sans dot, de
rencontrer un mari. La princesse, le plus souvent, s'employait à cette bonne
œuvre, y aidait par un cadeau, par des faveurs[40]. Les parents de Louise devaient
d'autant plus saisir cette occasion qu'une fille leur était survenue, ce qui,
avec les deux autres nées de leurs précédents mariages, en faisait trois à
établir. Le 28
mars 1661, Jean-François de La Baume Le Blanc, chevalier, sieur de La
Vallière et damoiselle Louise-Françoise, frère et sœur émancipés d'âge,
exposèrent au juge Michel Guillois qu'ils ont
besoin de quelques sommes de deniers pour se mettre en équipage, sçavoir le
dit sieur de La Vallière, pour suivre Sa Majesté et la dite demoiselle de La
Baume, pour estre fille d'honneur chez Madame future. En ce
qui concerne Louise, l'allégation était strictement exacte. Il se mêlait, au
contraire, une grande emphase dans l'énonciation de son frère, qu'il allait
suivre Sa Majesté. C'était tout au plus à la façon d'un soldat qui suit son
capitaine. Mais laissons là cette gloriole de jeune homme[41]. Le frère et la sœur confessent
qu'on ne veut leur prêter aucun denier à
cause de leur minorité, sans avoir au préalable l'avis de leurs parens et
amis. C'est ce qui
les avait décidés à convoquer devant le juge Guillois, messire François de
Beauvau, chevalier, marquis du dit lieu de Beauvau, messire Henry de Boivin,
seigneur de Vaurouy, cousins germains. Le
conseil trouva bon que la dame Françoise Le
Provost emprunte telle somme de deniers qu'elle advisera et aura besoing pour
les affaires et utilité des dits sieurs et damoiselle, ses enfans, soit à
constitution de rente, obligation ou autrement, à l'intervention et caution
solidaire du sieur de Courtarvel. Michel Guillois en référa au conseil de justice qui homologua
la délibération du conseil de famille[42]. Nous
n'avons pas les pièces qui suivirent cette délibération ; mais visiblement
c'est par l'emprunt que Jean-François et Louise sa sœur trouvèrent leur voie,
l'un vers la caserne des chevau-légers du Dauphin, l'autre vers la cour
brillante de la future Madame. La
jeune La Vallière vit sans doute beaucoup moins loin. Sa famille ne la
retenait guère. Laisser derrière soi l'aspect austère de Madame douairière et
l'amabilité guindée de la Grande Mademoiselle, entrer aux Tuileries, non plus
en petite servante d'une princesse destinée à vivre hors de France, mais en
demoiselle de Madame, belle-sœur du roi, quel rêve ! Aller à la cour, quelle
merveille pour ces yeux de seize ans, qui voient tout en beau ! De ce
palais du Luxembourg, où le hasard l'avait amenée, la jeune fille pouvait en
quelque sorte contempler les deux versants de sa vie à venir. D'un côté, elle
apercevait par-dessus les maisons, encore rares et basses. Paris, la ville
des grandeurs et des plaisirs, le Louvre, les - Tuileries. De l'autre,
contraste frappant, on ne voyait que retraites religieuses et couvents
austères ; tout contre le jardin du palais et se confondant presque avec lui,
l'enclos des Chartreux ; plus loin, le Val-de-Grâce ; entre les deux, un
monastère de religieuses cloîtrées, soumises à une dure vie, dont le seul
récit donnait le frisson aux gens du monde, celui des Grandes Carmélites. Louise de La Vallière fut admise aux Tuileries en un temps de fêtes, dans ce premier mois d'hyménée, où tout est de miel, même pour les princes. Les personnages marquants de la cour affluèrent au palais. Monsieur, on ne voyait alors que ses qualités, se montrait aimable, spirituel, plein de douceur, familier à tous. De taille médiocre, mais bien fait, il était « très joli », tout ce qu'il fallait pour plaire pendant un mois à une jeune princesse. Cette princesse, petite-fille de Henri IV, fille de Charles Ier d'Angleterre, avait passé ses premières années, partie dans une sorte de de captivité, partie en exil. Anne d'Autriche, naturellement bonne, l'avait prise sous sa protection ; mais une vie protégée est toujours triste. Tout à coup, à ces premières heures si sombres succédait la plus éclatante fortune. La restauration de Charles II commençait à éclaircir l'horizon qui devint tout d'azur après le mariage d'Henriette. Confiante comme la jeunesse, Louise de La Vallière, invitée de droit à tous les divertissements, chargée de les embellir, y réussissant à souhait, se sentait tout heureuse de ces innocents succès. On la trouvait fort jolie, fort douce, fort naïve. C'était bien la petite fleur, à demi cachée sous l'herbe, que trahit son parfum et qui craint la trop grande ardeur de l'été, et pourtant, cette humble violette allait être transplantée en pleine cour de France et sous les regards de ce prince qu'on devait appeler bientôt le Roi Soleil. |
[1]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 375.
[2]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 376. Y. la contrepartie de ces Mémoires dans la Muze
historique de Loret, qui tenait ses renseignements d'un des officiers de
Gaston, Sanguin. Muze historique, t. III, p. 86.
[3]
Annuaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1834, 2e
partie, p. 176.
[4]
Mémoires de Choisy, t. I, p. 82, éd. 1727 ; p. 569. éd. Michaud.
[5]
Tallemant des Réaux, auteur peu suspect de pruderie, par le de Louis XIV jeune,
vers 1658, en termes qui prouvent sa confiance en sa bonne conduite. Voyez Historiettes,
t. V, p. 221.
[6]
Voyez lettres à Mme de Venel et à Marie (23 septembre 1659). Lettres du
cardinal Mazarin, t. II, p. 61, 62. — Amédée RENÉE, Les nièces de Mazarin, p. 32. V.
lettres aux mêmes du 9 décembre 1659 : Lettres, t. II, p. 381. Marie
priait son oncle de ne pas la marier au connétable Colonne, mais à un autre
prince, probablement au prince de Lorraine, qui avait demandé une des sœurs,
celle qu'on voudrait lui donner. V. enfin lettre de Colbert à Mazarin, 2 janvier
1660, Bulletin de la Société de l'Histoire de France, 1834, 1re partie,
p. 88.
[7]
Œuvres de Louis XIV, t. V, p. 6. C'est, dit-on, Turenne qui rédigea
cette lettre, que l'éditeur trouve guindée, nous ne savons pourquoi.
[8]
J'eus le temps d'observer les moindres mouvements des
rois et des reines, et je remarquai que la douleur d'avoir quitté un père était
vaincue par la douceur de suivre un époux. Biographie et mémoires
inédits, Extraits des manuscrits de M. de Vuorden, p. 129. Paris, 1870.
[9]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 217.
[10]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 479. Voyez Poème sur l'accomplissement de mariage de Leurs Majestez
(Œuvres de Benserade, t. I, p. 8). Ses vers ont une liberté d'allure
très remarquable. Leur sens s'accorde assez bien avec ce que rapportent Mme de
Motteville et Mademoiselle de Montpensier.
[11]
Voyez son premier portrait gravé par Nanteuil : Serenissimus
princeps Carolus a Lotharingia. Nanteuil ad vivum faciebat, 1660.
[12]
GUY PATIN, Lettres,
t. II, p. 3, éd. 1707.
[13]
La Vie de dom Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé, par l'abbé DE MARSOLLIER, p. 61.
Paris, 1703. Mademoiselle DE
MONTPENSIER,
Mémoires, t. III, p. 451. On a donné des motifs très mondains à la
conversion de l'abbé de Rancé. Ce sont fantaisies de libellistes.
[14]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 496.
[15]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 251.
[16]
Mme DE MAINTENON, Correspondance
générale, t. I, p. 72.
[17]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 218.
[18]
Extraits des manuscrits de Vuorden, p. 177, Paris, 1870-
[19]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 218.
[20]
Mémoires de Beauvau, p. 185 et 186. Voyez Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 506.
[21]
Mme la duchesse DE MAZARIN, Mémoires.
— Œuvres de Saint-Réal, t. V, p. 16.
[22]
On possède deux lettres de Louis XIV au connétable : l'une du 12 avril 1661, où
il l'assure que son mariage lui a été très agréable ; l'autre du 6 août 1661,
où il répond : J'ai vu avec grand plaisir ce que vous
me dites des sentiments qu'elle (Marie) conserve à mon égard et de la part que
vous y prenez. Œuvres de Louis XIV, t. V, p. 12, 37.
[23]
Le Dictionnaire des Précieuses, t. I, p. 168 de l'édition de 1856,
donnée par M. Livet. L'auteur du dictionnaire, SAUMAISE, s'intitulait, en 1661, secrétaire de
Mme la connétable Colonna. Ibid., p. 1.
[24]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 216.
[25]
Mme DE LA FAYETTE, Histoire de
Madame, p. 18. Cf. SAINT-SIMON, Mémoires,
t. IV, p. 254.
[26]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 216.
[27]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 254. Cf. Lettres, Instructions, Mémoires de Colbert, t. VI, p.
409. — CHOISY, Mémoires,
t. I, p. 148, éd. 1727 ; p. 577, éd. Michaud.
[28]
Mademoiselle dit que ces fêtes ne commencèrent qu'après le bout de l'an de
Monsieur, mort le 2 février 1660.
[29]
Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV, par l'abbé DE CHOISY, t. I, p. 160.
Utrecht, 1727 ; p. 582, éd. Michaud.
[30]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 501. Des moments je me voulois bien marier
; d'autres, je ne m'en soudois pas ; mais j'étois bien aise que l'on en parlât.
[31]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 498.
[32]
CHOISY, Mémoires,
p. 671, Collection Michaud. Selon Choisy, Mademoiselle se serait aperçue de la
passion de Charles pour sa sœur et aurait rompu tontes ces fêtes. C'est une
petite erreur. Mademoiselle n'était pas très clairvoyante pour ce qui la
concernait- On surprend sa véritable pensée, malgré la réticence de ses
expressions, quand on met des dates à cette partie de ses Mémoires. Elle
donna ces fêtes après le 2 mars 1661 ; dès le 22 février, le duc de Lorraine
lui avait fait sa demande au nom de son neveu, et elle avait dit oui.
[33]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 491.
[34]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 507.
[35]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 5 ; Mémoires de Beauvau, p. 189.
[36]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 519. Voyez D'HAUSSONVILLE, Histoire
de la réunion de la Lorraine à la France, III, 164, éd. 1857.
[37]
Mademoiselle de Montpensier donne des renseignements jusqu'ici peu utilisés sur
cette phase intermédiaire de la vie de La Vallière. Les petits bals eurent lieu
après le bout de l'an de la mort de Gaston, soit en février. Vers le 18 mars
(veille de la saint Joseph), Mademoiselle d'Orléans était promise au duc de
Savoie. Elle dit que La Vallière avait alors quinze ans (t. III, p. 496). Nous
savons que la jeune fille avait eu seize ans le 6 août 1660.
[38]
La Galerie des portraits de Mademoiselle, édition E. de Barthélémy, p.
265. Nous n'hésitons pas à attribuer à Mme de Choisy le portrait d'une dame de
condition de la ville de Caen, fait par elle-même. Mme de Choisy, née Hurault
de l'Hôpital, avait épousé un conseiller au Parlement.
[39]
TALLEMANT DES REAUX, Historiettes,
t. VI, p. 27. Segrais, qui était du pays de cette dame, dit enfin dans ses Mémoires
qu'elle parloit et écrivoit divinement bien. Mémoires-Anecdotes,
p. 27, éd. 1755.
[40]
Ce passage était écrit quand j'ai pu avoir connaissance du petit ouvrage
intitulé : l'Amante convertie ou l'Illustre Pénitente, notice
anonyme sur la conversion de La Vallière. On y lit, p. 13, édition 1684 ; Les pères et les mères auxquels, par une providence dont le
secret nous est inconnu, Dieu donne souvent beaucoup de naissance et peu de
fortune, sont persuadés qu'ils ne peuvent ménager à leurs filles des conditions
plus avantageuses qu'en les mettant à la cour et les plaçant près des
princesses et des reines. Il est vray que ces places sont belles ; elles ont de
l'éclat, elles sont désirées parce qu'elles promettent des secours prompts et
favorables à une fortune médiocre, qui ne peut se soutenir d'ailleurs. Mais il
faut avouer que ce rang d'élévation et do gloire expose celle qui y arrive à de
grands dangers.
[41]
Il ne faut pas tenir trop rigueur à Jean-François. Combien de nos
contemporains, dans les lettres de faire part de leur mariage, se disent
attachés au ministère, au Crédit foncier, à la Banque, trouvant le mot employé
vulgaire et malsonnant, et croyant s'assimiler aux attachés d'ambassade. —
Colbert prenait le titre d'employé, et le loup de La Fontaine s'enfuyait quand
on lui parlait d'attaché !
[42]
Archives nationales, V. 3947. Pièce communiquée par mon confrère M. Lemoine.