Louise
de La Vallière, née à Tours le 6 août 1644, eut pour père Laurent de La Baume
Le Blanc, et pour mère dame Françoise Le Provost de la Coutelaye. Laurent
était chevalier, capitaine-lieutenant de la mestre de camp de la cavalerie
légère, grade correspondant à celui de chef d'escadron d'un corps d'élite. A
son nom de famille il ajoutait celui de La Vallière, qu'il prenait d'une
petite seigneurie située sur la paroisse de Reugny, à cinq ou six lieues au
couchant d'Amboise. La naissance de Louise dans la capitale de la Touraine
s'explique par ce fait que les La Baume Le Blanc y possédaient un hôtel, dit
de la Crouzille, dont la façade était ornée d'une grande et large coquille,
semblable à celle que les artistes grecs placèrent sous les pieds de Vénus
sortant de l'onde[1]. Les sculpteurs de la
Renaissance aimaient ce motif d'ornement, et c'est à leur art délicat que les
ancêtres de Louise de La Vallière avaient confié l'embellissement de leur
demeure. Par un curieux effet d'opposition, l'hôtel était mitoyen avec le
couvent des Carmélites. Le
baptême de l'enfant eut lieu le 7 août, en l'église voisine de
Saint-Saturnin. Le parrain était Pierre Le Blanc, écuyer, seigneur de la
Roche, conseiller du roi au présidial de Tours ; la marraine, Louise de La
Baume Le Blanc, veuve de messire Michel d'Evrard, capitaine de chevau-légers[2]. Tous les deux appartenaient à
la famille paternelle de la petite fille qu'ils nommèrent Françoise-Louise. Le
second prénom fut adopté par l'usage. Louise
naissait dans une famille où abondaient les exemples d'honneur et de
dévouement. Les Le Blanc sortaient de vieille souche. La terre de la Baume,
berceau de la famille, est située sur le territoire de la paroisse du
Veurdre, canton de Lurey, arrondissement de Moulins. C'est un petit village, blotti sur la rive gauche de
l'Allier, au centre d'un bouquet de verdure, près de l'embouchure de la
pittoresque rivière, la Bieudre. Les Romains habitèrent le pays, et on y construisit au moyen
âge un château fort destiné sans doute à surveiller la navigation de la
rivière. Le nom des propriétaires de la Baume était Le Blanc, et communément
on les appelait les Blancs de la Baume. Un
d'entre eux, Perrin Le Blanc, eut l'honneur de servir sous les ordres de
Jeanne d'Arc[3]. C'est de lui que sont sortis
les La Baume Le Blanc qui s'établirent d'abord près de Paris, à
Choisy-sur-Seine[4], puis définitivement en
Touraine, la terre et la seigneurie de La Baume en Bourbonnais étant sorties
de leur famille vers 1570. Ce fut
Laurent, deuxième du nom, seigneur de Choisy, qui acheta, le 5 septembre
1542, le fief de La Vallière, bien petit domaine de 130 arpents, qu'il
arrondit un peu en y ajoutant les terres de la Roche et du Puy. Cet arrière-fief
du Puy coûta 8,500 livres tournois, équivalant à cinquante ou soixante mille
francs d'aujourd'hui. Laurent mourut très âgé, à Tours, mais il voulut être
enterré dans sa chère église de Reugny. Son
fils, Jean Le Blanc, fit clore à fossés et à
pont-levis la
maison de La Vallière (13 mai 1579). Il était alors maître d'hôtel de Catherine de
Médicis, et sa femme, Charlotte Adam, fut nommée dame d'honneur de la même
reine. Maire de Tours, en 1588, honoré de la confiance de Henri III et de
Henri IV, il fit fortune et mourut vers 1615. Son
petit-neveu, Jean, sieur de la Gasserie, écuver ordinaire de la petite écurie
du roi, gendarme de la Compagnie de Monseigneur le Dauphin, épousa Françoise
de' Beauvau, fille de Jacques de Beauvau du Rivau, chevalier de l'Ordre du
roi, gentilhomme ordinaire de sa maison et de dame Françoise le Picart. Cette
dernière était alors remariée à Jacques de l'Hôpital, comte de Choisy,
capitaine de cinquante hommes d'armes d'ordonnance du roi Henri IV. De cette
nouvelle union naquit la célèbre Madame de Choisy, qui jouera son rôle dans
notre histoire et introduira Louise de La Vallière à la Cour. Jean
mérita bien de sa descendance en lui assurant la possession du nom de La
Baume Le Blanc, qu'on lui maintint, bien que la terre de la Baum e fut passée
en d'autres mains ; il obtint encore que les armoiries de ses ancêtres
fussent gardées à la clef de vouste de leur
ancienne chapelle dans l'église du Veurdre, afin de conserver toujours la
connaissance de l'origine et extraction de la famille dudit Le Blanc[5]. Depuis
longtemps déjà, plusieurs membres de cette famille avaient repris les
traditions militaires laissées par Perrin. Gaillard Le Blanc, après s'être
distingué sur les champs de bataille de Marignan et de Pavie, avait trouvé la
mort à la bataille de Sainte-Brigide[6]. Le grand-oncle de notre
Louise, Laurent Le Blanc, mourut, dit-on, au siège d'Ostende, le 10 mars
1602. De ses oncles, trois avaient perdu ou devaient perdre la vie au service
du pays. L'un, Charles, était mort au siège de Spire ; le second, Louis, au
siège de Damvillers ; le troisième, François, fut tué devant Lérida, en 1647[7]. Le père
de Louise se montra digne de ces glorieuses traditions. Au passage de Brai,
dans la campagne de 1634, il avait, en soutenant seul l'effort des ennemis,
couvert et assuré la retraite de l'armée. Le 20 mai 1635, à la journée
d'Avein, il rompit le bataillon du général espagnol Lamboi. L'année qui
précéda la naissance de sa fille, Laurent se fit remarquer à Rocroi. Déjà
père d'un petit garçon de deux ans, il vint, à la fin de cette heureuse
campagne, goûter quelque repos en Touraine, et c'est au mois d'août de
l'année suivante (1644)
que Louise vint au monde. Les
héros font rarement fortune. A cette même époque, le domaine de la Vallière,
loin de s'agrandir, s'amoindrissait. Qui eût alors raisonné de l'avenir de
l'enfant, l'aurait vue, à seize ou dix-huit ans de là, entrant en religion ou
se mariant à quelque officier de chevau-légers, d'autant plus que Laurent,
renonçant à la vie active des camps et pourvu de la lieutenance du
gouvernement d'Amboise, ne menait plus qu'une existence toute provinciale. Il
se qualifiait chevalier, seigneur de la Vallière[8]. Il obtint même de faire ériger
ce modeste domaine en marquisat. Mais la procédure ne fut pas régularisée de
son vivant[9]. Quoi qu'il en soit, sa fille
grandit, partie dans ce château d'Amboise, dont l'architecture variée et
toujours imposante préparait l'esprit à l'idée des splendeurs royales, partie
dans le manoir de la Vallière, petit manoir, mais bien plaisant et très
propice aux beaux songes. L'habitation
des La Baume Le Blanc est située sur une colline entre le vallon, la vallière, d'où elle a pris son nom, et la vallée, relativement large, de
la Brenne. Là, on avait jadis élevé un château féodal, avec fossés, enceinte,
donjon. De cet appareil guerrier restaient encore quelques murs et une porte
crénelée, flanquée de deux tours. A l'intérieur, toutefois, on avait fait
bâtir, par un architecte se reposant des grands travaux de Chambord ou de
Blois, un charmant pavillon, orné avec l'art le plus exquis. Des fenêtres du
manoir, on jouit d'une vue délicieuse. Au pied de la colline aux pentes
modérées, s'étendent de vertes prairies ; là, entre de hauts peupliers, court
la petite rivière dont l'eau faisait tourner la roue du moulin banal ; un peu
plus loin, au flanc de l'autre coteau, le village de Reugny, l'église et son
clocher aigu ; à gauche, le manoir de la Côte, autre demeure des La Baume Le
Blanc ; des bouquets de vignes, des bois taillis, des futaies de chênes
enferment le doux paysage. Partout, la nature apparaît souriante, captivante
et comme désireuse de retenir les êtres fortunés qu'elle a vus naître. Les La
Vallière, on le sent, aimèrent ce petit territoire ; ils aimèrent leur maison
et s'appliquèrent à en décorer l'intérieur. Deux cheminées subsistent, dont
les manteaux sont recouverts de peintures très agréables à voir. La jeune
Louise eut là, sous les yeux, de curieux tableaux. L'un, au rez-de-chaussée,
représente cette même vallée de Reugny, son église, la rivière serpentante. A
droite, le château. Au centre, des paysans dansent en rond ; d'autres se
promènent. C'est la fête de la paroisse ; c'est le bonheur aux champs. Les
côtés de la cheminée sont rehaussés de quatre personnages allégoriques, trois
femmes et un homme. L'homme en costume de la fin du seizième siècle, avec
cette légende : Cineres mediteris et urnam. La femme, peinte à l'opposé, a
près d'elle un Amour, et au-dessous cette inscription : Sit tibi surda Venus[10]. Au
premier étage, autre sujet. C'est, dans une scène en plein air, la petite cour
d'un gentilhomme de province. A gauche, le seigneur ; près de lui, sa femme
et une autre personne. A droite, groupe de suivantes, de paysannes, de
chambrières. Au milieu d'elles, une jeune fille, tenant un chien et, dit la
description, dans une attitude de coquetterie. Elle paraît visée par la
flèche d'un Amour qui, à gauche, sous un arbre, lance son trait comme au
travers d'une cible. M. l'abbé Bossebeuf incline à croire que le sujet est de
tout point historique. Le seigneur serait Jean Le Blanc, et la dame,
Charlotte Adam. La jeune coquette serait alors Marie Adam, sœur de Charlotte,
que Laurent Le Blanc, deuxième du nom, devait épouser quelques années plus
tard. On va jusqu'à attribuer les peintures à François Clouet[11]. Enfin, assez
récemment, on a retrouvé à la Vallière et mis en place une inscription
latine, faite également pour un manteau de cheminée, et non moins digne
d'attention que ces peintures : Ad
principem ut ad ignem amor indissolubilis.
Au prince, comme au feu de l'autel, amour indissoluble ! Quel singulier hasard plaça
cette pensée sous les yeux et comme un appel à la curiosité de cette petite
fille qui aima un prince et n'aima que lui, jusqu'à l'heure où, repentante de
cette unique faiblesse, elle s'engagea envers Dieu par d'indissolubles vœux ! Louise
était encore tout enfant lorsque, au mois de mars 1651, des bruits de guerre
retentirent sur les paisibles bords de la Loire. Le roi Louis XIV, sa mère
Anne d'Autriche, son ministre Mazarin, chassés de Paris par la Fronde,
commençaient un retour offensif et s'avançaient sur Amboise et sur Blois.
Louis avait alors quatorze ans et demi. Bien qu'on l'eût déclaré majeur le 7
septembre de l'année précédente, ce n'était en réalité qu'un garçon
physiquement bien doué, très habile aux exercices du corps, par contre, très
ignorant et d'une éducation négligée[12]. Naturellement, il n'avait
aucune part à la direction des affaires, mais il sentait déjà la gêne et la
pénurie que lui imposaient ces révoltes, et il en garda un ineffaçable
souvenir. Le chef
apparent de la Fronde était son oncle Gaston, duc d'Orléans, prince aussi
ambitieux qu'irrésolu, père d'une fille plus ambitieuse encore et très
déterminée. Mademoiselle d'Orléans voulait être reine de France, et, malgré
ses vingt-cinq ans, épouser ce roi de dix ans plus jeune qu'elle. Désespérant
d'arriver à ses fins par les voies pacifiques, elle résolut de s'imposer les
armes à la main. Trouvant les hommes de son parti trop peu ardents à son gré,
voulant couper à la cour et à Mazarin le chemin de Paris, elle se mit en
campagne et essaya de se faire livrer Amboise, excellente position sur la
rive gauche de la Loire. Mais M. de Sourdis, gouverneur de l'Orléanais,
n'écouta ses propositions que d'une oreille paresseuse, et Laurent de La
Vallière, lieutenant de Sourdis, fit si bonne garde qu'il conserva la place
au prince légitime, à ce prince qui, plus tard. mais plus tard le brave
soldat était mort[13]. Laurent
mourut, en effet, au cours de l'été de 1651[14]. Sa veuve, Françoise Le
Provost, fille de Jean, seigneur de la Coutelaye, écuyer de la grande écurie
du Roi et d'Elisabeth Martin de Mauroi[15], avait épousé en premières
noces le conseiller au Parlement Besnard, seigneur de Rezay[16]. Elle était alors assez
accommodée de biens, et selon son contrat (20 novembre 1640) elle avait apporté à Laurent de
La Vallière un capital de 60.562 livres, à peu près 15.000 francs de rentes
de nos jours, plus un certain mobilier. Très au
courant de la situation du ménage, elle n'eut pas besoin de longues
réflexions pour voir que son second mari laissait plus d'honneur que
d'argent. Sa première idée fut donc de réclamer ses apports dotaux. A ses 60.000
livres s'ajoutaient 6.000 livres de douaire, ses meubles, 2.000 livres pour
son deuil et celui de sa maison, son carrosse, son habitation à La Vallière.
Elle devait, il est vrai, renoncer à la tutelle de ses enfants ; mais n'agissait-elle
pas dans leur intérêt. Au fond, elle se trouvait jeune encore, et songeait à
se remarier une troisième fois. Le 23
septembre 1651, elle comparut devant Georges Catinat, conseiller du Roi en
son Conseil, lieutenant général en Touraine et remontra que, pour la
conservation de ses droits et conventions matrimoniales, elle désirait
renoncer à sa communauté de biens avec feu Laurent et à la garde noble ou
tutelle de ses enfants[17]. Un conseil de famille fut
immédiatement réuni, composé de Pierre de La Baume le Blanc, écuyer, sieur de
La Roche, ci-devant conseiller du Roi, président au siège de Tours, parrain
de Louise ; de Julien Chalopin, écuyer, sieur de la Boidrie, conseiller du
Roi, contrôleur général des Finances, en la généralité de Tours,
grands-oncles des deux mineurs Jean-François et Louise-Françoise de La Baume
le Blanc. On leur adjoignit André Couldreau, sieur de Planchevin, trésorier
de France au bureau des Finances, de la généralité de Tours, et François
Joubert, sieur de La Borde, voisins, faute de parents demeurant en la ville. L'assemblée
nomma immédiatement Pierre de La Baume le Blanc curateur aux fins de
l'inventaire et aux actions que la mère intenterait contre ses enfants. Jour
fut pris devant Gatien Pommier, notaire royal à Reugny, assisté de Pierre
Chevallier maître fripier à Tours, et le lundi 25 du même mois on procéda à
l'inventaire des meubles de la succession de Laurent. Un
résumé de ce curieux document montrera ce qu'était alors Reugny, un petit
château, ou plutôt une gentilhommière, où, autour de quelques objets jadis
somptueux, étaient entassés tous ceux qu'avaient usés trois ou quatre
générations ; on y trouvera la description des chambres du défunt et de sa
femme, de leur fils François et de leur fille Louise. C'est, prise sur le
fait, la vie de la petite noblesse de ce temps-là. Au
rez-de-chaussée, dans une première salle assez nue, on remarque un tric-trac
avec ses dames prisé 12 livres, une tenture de tapisserie, 30 livres. La
pièce voisine, qualifiée de grande salle, contient une table en bois de noyer
se tirant par les deux bouts, soixante sous ; un lit avec un ciel garni, coté
150 livres ; deux rideaux de camelot rouge, pendus aux fenêtres ; six
chaises, six sièges pliants, deux fauteuils, le tout en bois de noyer avec
housses en gros de Naples rouge cramoisi, 120 livres. Comme ornement, un
tapis de Turquie, à fond jaune, mesurant trois aunes et demie, 30 livres ; un
autre d'une aune et demie, 6 livres ; enfin une tenture de tapisserie
contenant huit pièces de vingt-quatre aunes environ, 800 livres ; un miroir
enchâssé de bois noir, garni de plaques d'argent, complétait la décoration. Dans
une chambre, de l'autre côté de la grande salle, se trouvaient deux fauteuils
et six sièges pliants garnis de damas jaune (35 livres), un cabinet d'Allemagne en
ébène ayant deux fenêtres fermant à clef, 50 livres. Un grand miroir enchâssé
en ébène, avec ses cordons, 90 livres ; deux coussinets garnis de velours
cramoisi, deux autres garnis de velours vert, 18 livres les quatre. Deux
autres à vingt-cinq sous pièce, enfin, un tableau de la Représentation de
saint Josef, 8 livres. Voilà
les appartements d'apparat. Une
allée ou couloir, ornée de six tableaux sur toile, encadrés en bois noir et
représentant diverses chasses, séparait le logis seigneurial des salles du
commun où, à côté de quelques armes, on voyait neuf tableaux en détrempe
représentant plusieurs figures et estimés quarante sous. Au
premier étage, la chambre haute, regardant du côté de Neuilly[18], était meublée avec un certain
luxe. Un tapis en tapisserie, 15 livres ; un lit de bois de noyer, avec ses
accessoires, une couette, un matelas de bourre, deux couvertures ; sur ce
lit, un ciel d'écarlate composé de trois pentes, de trois rideaux, le tout
relevé de broderies d'or, une courte-pointe en taffetas piqué, ensemble 150
livres. Un
deuxième lit, toujours avec un ciel à trois pentes, trois rideaux avec
cantonnières et dossier, le tout en gros de Naples, or rouge cramoisi, relevé
en broderies de taffetas blanc, 85 livres. Tout autour, six sièges pliants
avec leurs housses de velours rouge, 30 livres ; un miroir enchâssé de bois
noir, 8 livres. Le long des murs, une tenture de tapisserie à feuillages, de
huit pièces, mesurant vingt-quatre à vingt-cinq aunes, 600 livres. C'était,
selon toute apparence, la chambre des seigneurs de La Vallière. Au
galetas, dans une pièce pratiquée sous les combles, on inventorie une table
en bois, trente sous ; une autre table, cinquante sous ; un lit, qui tout
complet revient à 33 livres. Le long des murs, trois coffres, l'un contenant
les hardes de l'homme de chambre de feu Laurent ; le second
celles de Jean Péniceau, précepteur de son fils Jean-François ; le troisième
celles de Jean-François lui-même. Telle était dans toute sa simplicité la
chambre du futur marquis de La Vallière. Au même
étage, au bout du galetas, seconde chambre. Tout autour, une tenture de
Bergame, de seize aunes environ ; un grand lit en bois de chêne à l'antique,
quarante sous ; traversin, oreillers, matelas de bourre commune, couverture
de laine rouge, barrée de noir, un tour de lit, trois rideaux, deux
cantonnières et dossier, 15 livres. L'ensemble du lit valait 25 livres cinq
sous. Dans la
même pièce, trois petits lits prisés quarante sous l'un, avec leurs
accessoires, 12 livres ; une table de bois de chêne sur deux tréteaux (dix
sous) ; six chaises de bois garnies de paille, vingt sous ; une paire de
landiers de fer, un petit chenet, une paire de tenailles complétaient
l'ameublement. Comme
dans la pièce précédente, trois bahuts étaient posés le long des murs ; le
premier, fermant à clef, contenait quelques chemises de -Hollande, à l'usage
de la veuve. Le second et le troisième renfermaient quelques chemises, du
linge et des hardes. C'était la garde-robe de Louise de La Vallière. Ce
galetas, avec son lit principal à l'antique, était quelque chambre d'ancêtre,
convertie en dortoir d'enfants, où la jeune Louise, alors âgée de sept ans,
couchait avec quelque vieille nourrice et passait sans le savoir ses plus
heureux jours. Si la
garde-robe de l'enfant était modeste, celle de son père ne paraît guère plus
riche : huit chemises de Hollande, cotées 5 livres pièce ; un baudrier en
broderies d'or et d'argent, 25 livres ; une casaque d'écarlate garnie de
boutons et de galons d'or et d'argent, 20 livres. Dans le cabinet de ce brave
soldat, on signale quelques armes, deux épées prisées vingt et quarante sous
; quatre vieux pistolets, cinquante sous ; un mousquet monté façon
d'Allemagne, 12 livres ; un fusil de trois pieds, 8 livres ; une paire de
pistolets montés en argent, des hallebardes et des armes qui avaient pu
servir sous François Ier ; un corps de cuirasse avec ses bracelets et un
casque, 6 livres. Toute cette défroque du lieutenant de Roi ne valait pas 120
livres. Par contre, la bibliothèque, quarante-quatre volumes infolio, cent
quatre-vingt-dix-huit in-4° et in-8°, était estimée 150 livres. Bien
qu'on n'ait pas fait état des habits à l'usage de Françoise Le Provost ou de
ses enfants, on a cru devoir inventorier une robe de velours, doublée de
panne verte, garnie de boutons à queue d'or et d'argent, 200 livres ; un
bonnet de satin blanc garni de dentelles d'or et d'argent, 3 livres. Peu
d'objets d'art : une tapisserie à personnages, la seule ayant quelque valeur
et qu'on prisait 500 livres, se trouvait à Tours. Une
plaque d'argent, servant de bénitier, à laquelle est enchâssée une
Notre-Dame, 20 livres. Un petit tableau, en façon de reliquaire, enrichi de
cuivre doré, représentant une Annonciation, 20 livres. Un autre petit
tableau, enchâssé en ébène, représentant un arbrisseau et une Notre-Dame,
cent sous. Le gros
article du mobilier consistait en deux cent trente marcs et quatre onces de
vaisselle d'argent, valant, à raison de 26 livres le marc, 6.023 livres. Enfin,
l'inventaire présente un carrosse garni de
drap gris, avec ses rideaux et harnois, 150 livres ; un autre petit carrosse tel
quel garni de serge, avec son harnois, 60 livres ; quatre vieilx chevaux de
carrosse, à poils rouges, appréciés ensemble 100 livres. Un cheval sous poil
noir, sans doute celui que montait Laurent de La Vallière, 150 livres ;
quatre autres chevaux, cotés les quatre 85 livres. Un âne, monture champêtre
et joie des enfants, valait 10 livres. On avait laissé à Tours le carrosse des grands
jours, garni de velours rouge et estimé 200 livres. Quelques détails feraient
croire que depuis un certain temps les La Vallière n'habitaient plus l'hôtel
de la Crouzille et qu'ils le sous-louaient en partie. Enfin, en comprenant
les bestiaux dans les étables, le vin dans les caves, etc., on arriva à un
total de 18,335 livres 7 sous. Venant
à l'état sommaire des dettes, on en trouve de toute nature, dettes criardes,
dettes à de vieux domestiques laissant depuis des années leurs gages aux
mains de leur maître. L'ensemble à première vue ne dépassait pas 12.575
livres, mais bientôt il s'y ajouta un autre paquet de pareille somme, au
total 25.000 livres. Françoise
Le Provost intervint alors et proposa de prendre le mobilier pour le prix de
l'estimation, augmenté de vingt deniers de plus-value par livre. Les parents
y consentirent, considérant qu'il était de l'honneur de la famille que le
château de La Vallière ne fût pas dégarni. La dame paiera en outre les dettes
de son mari, 25.000 francs environ, sauf recours contre l'abbé de La
Vallière, oncle des mineurs, en ce qu'il en peut être tenu. En tous cas, ces
mineurs serviront à leur mère l'intérêt, de ses créances sur eux, au taux de
5 pour 100. En
fait, les deux enfants restaient nus comme des petits saint Jean. La veuve
exposa au conseil que François devait bientôt être envoyé aux écoles et qu'il
faudrait lui donner un précepteur et un laquais ; que le service de Louise
dans un an ou deux exigerait une fille de
suite. A Paris, on
disait depuis longtemps une suivante. Naturellement ces dépenses entreraient
en compte et porteraient aussi intérêt. Cette clause conduisit le conseil à
des idées de stricte économie ; la maison du garçon fut établie sur le pied
réduit de 1.500 livres par an, et celle de Louise au tiers de cette somme. Ainsi
la servitude de la dette pesa dès leur plus tendre jeunesse sur le fils et la
fille de Laurent de La Vallière. On
avait donné à ce dernier un représentant dans la lieutenance du gouvernement
d'Amboise. Grâce à la bonne attitude des défenseurs de cette place, la troupe
assez confuse qui, en 1652, prenait le titre d'armée royale put, sans être
trop inquiétée, remonter la Loire et s'avancer jusqu'à Orléans, dont les
portes toutefois lui restèrent fermées[19]. La Grande Mademoiselle, qui en
tenait les clefs, trouva bon d'expliquer au premier valet de chambre de Louis
XIV, en route pour rejoindre son maître, les raisons de sa conduite ; un sûr
moyen de faire la paix serait de lui donner pour mari ce petit roi. Très
honoré de la confidence, le naïf serviteur s'empressa de suggérer l'expédient
à la reine-mère, et s'attira cette réponse expressive, que le roi n'était pas
fait pour le nez de Mademoiselle, si long qu'il fût[20]. La
suite de l'histoire montrera les conséquences de cette dernière tentative de
Fronde tant pour la princesse d'Orléans, fille déjà mûrissante, que pour
l'innocente Louise de La Vallière, fillette de huit ans, qui, du haut de
quelque château, vit peut-être passer Louis XIV, enfant couronné. Jamais la
cour ne pardonna à Mademoiselle de Montpensier son équipée belliqueuse de
1652 ; jamais Mademoiselle n'oublia qu'on lui avait fermé les portes
d'Amboise. En vain, l'année suivante, la princesse, repassant pacifiquement
par cette ville, fut-elle reçue avec magnificence et au bruit du canon[21], sa rancune persista toute sa
vie. Cette
même année, vers la fin du mois d'août, les routes étaient à peine libres
qu'on vit arriver au pied du vieux château de Louis XII un convoi d'apparence
bien étrange. Dans une chaise à porteurs, un petit homme malingre, difforme,
perclus de corps, vif d'esprit, gémissant et plaisantant à la fois ; puis,
dans une façon de coche, une jeune personne, belle et paraissant résignée.
C'était M. Scarron, auteur burlesque, et Mlle d'Aubigné, sa femme,
qu'il avait prise par amitié six mois auparavant. Le nouveau
ménage faisait route pour l'Amérique. En attendant l'embarquement, il
s'arrêta dans un petit domaine, situé à demi-lieue de la ville sur la
paroisse de Négron, et qui s'appelait, coïncidence bizarre, le manoir de la
Vallière. C'est là, entre le riant coteau de Nazelle et la majestueuse
colline d'Amboise, c'est dans cette île de la Loire, si belle sous les
verdures rougissantes de l'automne, que Scarron, fuyant la capitale - par
horreur de sa belle-mère et des misères de sa propre existence, se sentit
quelque peu revivre et aussitôt ressaisir par l'amour - du pays. Calmé,
rasséréné, il revint à Paris et y ramena cette jeune femme, les malins
disaient cette amie, qui devait s'appeler un jour Mme de Maintenon[22]. Le 28
août 1654, Françoise Le Provost se qualifiait de haute et puissante dame dans
un acte de baptême à Amboise ; mais au mois d'octobre suivant, Gaston, le
père de Mademoiselle, établissait un sieur Olivier son lieutenant au château
de cette ville ; en d'autres termes cette place était enlevée aux La Vallière[23]. Ce fut un avertissement pour
cette femme glorieuse et intéressée. Veuve très consolable, elle oublia le
châtelain de La Vallière pour Jacques de Courtarvel, marquis de Saint-Remi,
premier maître d'hôtel de Gaston d'Orléans (6 mars 1655). Cette
union, d'ailleurs, ne se présentait pas sans une certaine convenance.
Saint-Remi[24] était resté veuf avec une
petite fille de l'âge de Louise. Il voulait qu'une femme prît soin de
l'enfant. De son côté, Mme de La Vallière devait chercher l'aide d'un homme
pour élever son garçon, Jean-François, âgé de douze ans. Saint-Remi parait
s'être bien acquitté de ce devoir ; il fit porter à mille écus la pension
accordée aux enfants de Laurent[25]. Les deux familles, groupées en
une, rejoignirent la cour que Monsieur, oncle du roi, tenait à Blois, où il
s'était retiré après le dernier échec de la Fronde. Louis
XII, François Ier, Gaston lui-même avaient successivement et dans des goûts
divers élevé de somptueuses constructions sur l'emplacement du donjon et de
la cour d'honneur de l'ancien château des comtes de Blois. En avant de la
façade, dite de Louis XII, se trouvait la première enceinte, la basse-cour.
De vastes communs, une église bâtie au onzième siècle, les logements des
chanoines desservant cette église, des habitations pour les officiers du
comte, la maison de Georges d'Amboise, l'hôtel du duc d'Épernon et cet autre
logis où Richelieu avait fait arrêter le prince de Vendôme en juin 1626,
formaient une enceinte de maisons très pittoresques, pleines de souvenirs et
inhabitables[26]. C'est
là que le Courtarvel et les La Lavallière vinrent habiter en avril 1655, dans
une maison que leur cédait, pour 200 livres par an, messire Bourdonneau,
chapelain de Saint-Eustache en l'église Saint-Sauveur. Quatre ans plus tard,
en 1659, le maître d'hôtel de Gaston, trop à l'étroit, louait dans la même
basse-cour une portion de logement consistant en une salle ayant vue sur
ladite cour, une chambre haute avec garde-robe, un grenier sur ladite
chambre, pour 120 livres par an[27]. Les
Courtarvel en étaient aux expédients. On les
voit vendre conjointement et solidairement avec Jehan Lambert, juge et
magistrat au bailliage et siège de Blois. 66 livres 18 sous 4 deniers de
rente constituée sur leur terre et seigneurie du Rameau et de Bois Reimbourg,
paroisse de Laugé. Un bourgeois, Pierre Chevalier, acheta cette rente pour sa
petite-fille Anne, au prix de 1,200 livres tournois qu'il versa comptant. Or, au
même instant, devant le même notaire, Courtarvel et sa femme promirent à
Lambert de le garantir de toute conséquence d'un acte où il n'avait paru qu'à
leur prière et pour leur faire plaisir. En d'autres termes, c'était un acte
de complaisance que le juge et magistrat du présidial de Blois venait de
signer au profit d'amis besogneux, qui n'auraient pas trouvé d'argent sur
leur signature, ni sur la seigneurie du Rameau. On ne
menait pourtant pas grand train à la cour de Blois. Monsieur, devenu dévot[28], demeurait en exil, moins par
nécessité que par goût. Avec lui habitait Marguerite de Lorraine, qu'il avait
épousée en secondes noces. Cette princesse, femme vertueuse, épouse froide,
belle-mère susceptible d'une belle-fille insupportable[29], était mère en propre de trois
filles charmantes, dont elle s'occupait très peu. Elle ne songeait qu'à prier
Dieu, et coupait ses prières par de fréquents
repas pour remédier à ses vapeurs, ce qui les augmentait. — Elle ne voyait ses filles qu'un demi-quart d'heure le soir
et autant le matin, et ne leur disait rien, sinon : Tenez-vous droites ;
levez la tête. Ces
jeunes personnes rôdaient dans leurs
chambres, avec quantité de petites filles, et personne ni de qualité, ni
d'autorité à rien leur dire[30]. C'est
la belle-fille de Madame, c'est Mademoiselle de Montpensier, la Grande
Mademoiselle, qui parle ainsi. Elle a même plus tard renchéri sur le ton
dédaigneux de sa première rédaction. Il y
avait là, dit-elle,
cinq ou six filles, de toutes sortes de
genres. Des six,
nous en connaissons déjà deux : Louise de La Vallière et Mlle de Saint-Remi.
Une autre, Mlle de Montalais, se rendra plus tard célèbre par son esprit
d'intrigue. Une quatrième, Mlle de Raré, était fille de la gouvernante des
princesses. Ces princesses elles-mêmes avaient reçu une éducation assez
négligée. Dans ce petit monde, trop peu surveillé, on parlait beaucoup et de
tout : Les enfants de cet âge songent parfois
à autre chose qu'à jouer aux poupées. Quand Mademoiselle venait passer quelques jours à
Blois, elle donnait à ses sœurs le divertissement de la comédie, ce qui
achevait de troubler ces jeunes cervelles déjà trop impressionnables. L'échec
de leur aînée n'avait pas découragé ces petites ambitieuses. Elles espéraient
bien que l'une d'elles monterait sur le trône de France. Alors Mademoiselle
ne riait plus ; car, dit-elle dans sa jalousie naïve, on n'est pas bien aise de voir sa cadette au-dessus de soi. Mais, elle partie, on ne s'en
abandonnait que plus à ce beau rêve, et l'on appelait Marguerite d'Orléans la
petite reine[31]. Louise
de La Vallière subit l'influence de ce milieu romanesque. Elle atteignait
alors ses quatorze ans. C'est à cette aube de sa vie que se placent deux
anecdotes, bien différentes l'une de l'autre, toutes les deux très
vraisemblables. La
jeune fille avait, pour son bonheur ou pour son malheur, reçu en naissant le
don de plaire. S'il venait à la cour des personnes graves, il y grandissait
aussi d'aimables garçons, fils des officiers du duc d'Orléans. A côté des
Saint-Remi vivaient les Bragelongne, intendants, capitaines des gens d'armes
de Gaston. Un jeune homme de cette famille vit Louise et, l'ayant vue, se
sentit charmé. Il le dit et l'écrivit. Des déclarations et des réponses une
petite correspondance se forma que la vigilance des parents surprit et que
leur autorité supprima[32]. Comme
le sang en avril, la passion au printemps de l'existence a de ces
fermentations, qui, nées sans cause, disparaissent sans laisser de souvenir.
Ce n'est pas encore l'amour qui parle, mais le seul désir d'aimer. La
seconde anecdote, à côté de cette manifestation inconsciente d'un cœur
tendre, atteste la réserve ordinaire de la jeune fille et sa modestie
naturelle. Il est aujourd'hui bien difficile de rendre ces nuances délicates.
Mieux vaut laisser la parole à un ancien biographe de Louise, qui avait vu
des mémoires particuliers. De jeunes personnes, de la société et de l'âge de Mlle
de La Vallière, ayant montré dans une occasion beaucoup de légèreté, ce
prince (Gaston
d'Orléans), qui en
fit connaître son mécontentement, dit publiquement : Pour Mlle de La Vallière, je suis assuré qu'elle n'y a pas
de part ; elle est trop sage pour cela. Le fait
n'est rien ; c'est ce qu'on va lire qu'il faut noter. Elle (La Vallière) a
depuis avoué elle-même que ce témoignage éclatant, rendu à la régularité de
sa conduite par une bouche si respectable, fut pour elle une blessure
mortelle ; elle en conçut des sentiments si flatteurs de complaisance en
elle-même qu'elle n'a jamais douté que cette secrète présomption n'eût été,
par une juste mais terrible punition de Dieu, la cause funeste de ses
malheurs et de ses chutes[33]. C'est ainsi qu'à cette heure
de premières révélations, Louise nous apparaît comme on la peindra bientôt,
sensible, sage et fière, trop fière même de sa jeune sagesse. Pendant
que toutes ces petites filles du château de Blois caressaient leurs chimères
et disposaient de la main de Louis XIV, ce dernier, garçon de dix-neuf ans,
entrait dans les sentiers communs à toute l'humaine jeunesse. Il avait reçu
du ciel le don précieux de la vitalité. Grand et bien portant, sobre,
continent[34], sain de tout son corps, moins
régulier dans ses traits que son frère Philippe, mais d'aspect plus mâle, en
somme beau et séduisant, on l'avait vu, pendant son adolescence, prompt à se
livrer à ses passions, plus prompt encore à les sacrifier à la raison ou à sa
gloire. Si l'on en croit des récits de la cour, il aurait subi, comme tant
d'autres, le ridicule d'une première mésaventure, et ce jeune guerrier aurait
été pris par une invalide de la galanterie[35]. Même admises comme vraies, ces
anecdotes ne signifient rien. Tout prouve, au contraire, que
Louis fut sévèrement élevé par une mère, sinon très prévoyante, du moins très
dévouée et absolument incapable de lâches condescendances. La
veuve de Louis XIII, Anne d'Autriche, avait un peu par bonté, beaucoup par
faiblesse, reçu au Palais-Royal les nièces de Mazarin, et ces fillettes
vécurent avec son fils de la vie familière de chaque jour. Le temps vint où
Louis, comme tous les adolescents, s'éprit de ces Italiennes. Tout
naturellement encore, il commença par l'aînée. Olvmpe Mancini, fille de
beauté médiocre, mais déjà de forme opulente, très vive d'esprit et très
enhardissante, avait alors environ seize ans, comme le roi. Elle était donc relativement
plus âgée, et c'est ce qui plaisait à cet enfant[36]. On le vit bien un certain jour
de l'année 1655. Anne d'Autriche donnait un bal intime, en vue de divertir la
princesse Henriette d'Angleterre, à peine âgée de onze ans. Mais Louis,
lorsque commença le branle, alla prendre une cousine d'Olympe, Mme de
Mercœur, autre nièce de Mazarin. La reine, surprise de cette faute, courut à
son fils, lui arracha sa danseuse et lui dit tout bas d'aller inviter la
princesse. Le soir, elle le gronda, et le garçon de répéter alors qu'il
n'aimait pas les petites filles[37]. Cette aventure enfantine ne
laissera pas de produire de sérieuses conséquences. Louis
regardait Olympe Mancini avec ces yeux qui, entre tant de femmes
inconsciemment aperçues, semblent pour la première fois découvrir une femme.
Trop jeune elle-même pour être touchée par ce naïf amour, l'Italienne,
calculatrice précoce, que ces flatteuses
espérances ne contentoient pas tout à fait, préféra à l'amourette royale un solide
mariage avec le prince Eugène de Savoie, plus connu sous le nom de comte de
Soissons (février
1657). Le jeune
roi, comme il arrive souvent à cette heure des feux follets, la vit marier sans douleur ni chagrin[38]. On le fit voyager quelques
mois, de mars à novembre ; on lui montra le siège de Montmédy. Bref, quand le
nouveau Mars vint reprendre à Paris ses quartiers d'hiver[39], il arriva tout juste pour être
parrain du premier-né de la comtesse. Bientôt
les regards du jeune homme se fixèrent plus ardents sur un autre objet. Mlle
de La Motte-Argencourt, jeune fille entrée depuis peu au service de la
reine-mère, ne brillait pas par une éclatante beauté. Toutefois, ses cheveux
blonds encadraient un visage aux traits expressifs, et, sous des sourcils
noirs, ses yeux bleus présentaient un mélange de douceur et de vivacité.
Toute sa personne était aimable, et elle avoit
une manière de parler qui plaisoit. C'était évidemment une bonne fille, trop bonne peut-être. Le
roi en fut épris, se montra pressant, et, pour la première fois, s'exprima comme un homme amoureux, qui n'étoit plus sage[40]. Il avait alors dix-neuf ans,
et l'on veillait sur ses amours. Profitant de la résistance de Mlle de La
Motte, qui, à peu près livrée par sa mère, se défendait par une sorte
d'honnêteté native, la reine Anne reprit vite possession de l'esprit de son
fils. Ramené par de douces remontrances, Louis gémit, soupira, se confessa
dans l'oratoire de la reine, afin que
personne ne le sût[41] ; il fit ensuite, en plein
hiver[42], un petit voyage au froid
château de Vincennes et revint résolu de ne plus parler à cette fille. Mais quoi ! deux jours après il se trouva qu'elle-même vint le
prendre pour danser. On vit le jeune homme pâlir et rougir, et, tant que dura
la danse, sa main trembla dans la main de sa compagne. On ne sait trop ce qui
serait arrivé si un étrange auxiliaire ne fût venu au secours de la vertu
ébranlée du roi. Mazarin,
on ne veut pas dire le cardinal, après avoir insinué d'abord à son pupille qu'il falloit s'amuser, changea tout à coup d'idée. Deux espions[43], et qui pis est la propre mère
de Mlle de La Motte[44], le tenaient au courant des
intrigues enfantines de cette favorite éventuelle : Il prit le roi à part ;
il insinua que sa belle ingénue s'était divertie de sa passion avec ses
amies, peut-être avec ses amants. L'entretien dura trois heures. On devine l'effet
de ces dénonciations vraies ou fausses sur l'esprit d'un jeune garçon de
dix-neuf ans. Le lendemain, le rusé ministre plaisantait de l'aventure, et,
s'adressant à Mademoiselle de Montpensier : On
fait tant de contes dans le monde que, si on y ajoutait foi, on serait très
malheureux. Ne dit-on pas que le roi est amoureux de Mlle de La Motte ; que
la reine et moi nous sommes au désespoir ? Je vous assure que, si nous
l'étions, nous serions bientôt consolés, car cet amour-là est, je crois, déjà
passé[45]. (15 janvier 1658.) Mlle de La Motte avait-elle
commis quelque inconséquence ! Peut-être[46]. En réalité, une force plus
grande que celle de ces mesquines dénonciations agissait sur l'esprit du roi.
Il devinait que la demoiselle n'éprouvait aucun sentiment pour lui, et les
jeunes princes, comme tous les jeunes gens, n'aiment pas longtemps s'ils ne
se sentent aimés. C'était encore la passion d'un jouvenceau pour une grande
fille, qui, elle, aime un homme. L'histoire, écrite à la légère[47], nous a représenté l'infortunée
La Motte jetée dans un couvent de Chaillot et expiant, la première, dans
l'ombre du cloître, la faute involontaire d'avoir un instant plu au
souverain. Cette retraite forcée ne s'opéra que trois ans plus tard, et le
roi n'y fut pour rien[48]. Voilà
tout au net le deuxième épisode de la jeunesse amoureuse de Louis XIV. A
dix-neuf ans, même quand on est prince, ces désillusions subites ne vont pas
sans quelque honte. L'adolescent dédaigné se réfugia dans le souvenir de sa
première passion pour Olympe Mancini, devenue Mme de Soissons, et il y resta comme demi-enchanté[49]. Six mois s'étaient passés dans
cette contemplation platonique quand Louis fut autorisé à suivre l'armée qui
assiégea Dunkerque et remporta la victoire des Dunes. C'est alors qu'il prit
goût au métier de soldat et de triomphateur. S'il n'éprouva pas dans cette
campagne le danger direct de la guerre, il en ressentit au moins les
fatigues. Sans cesse à cheval au plus chaud des jours d'été, parcourant des
sables brûlants ou des marécages échauffés, restant imprudemment au serein, puis
rentrant dans le fort empesté de Mardick, de plus, abusant de limonades et de
confitures[50], le petit-fils de Henri IV fut
saisi d'une fièvre pernicieuse (29 juin). Pendant deux jours, il cacha son mal ;
enfin, il dut se laisser ramener à Calais. Tout son corps enfla comme s'il
eût subi les morsures d'un serpent. Agitation continuelle, inquiétudes,
rêveries[51]. Sentant ses forces diminuer,
le jeune prince fit appeler le cardinal Mazarin et le pria, comme le plus
sincère de ses conseillers, de lui déclarer la vérité : La reine ma mère, lui dit le moribond, a trop de tendresse pour moi pour m'avouer que je suis en
danger de mourir ; je ne doute même pas que, par la pitié qu'on a d'elle, on
ne l'entretienne dans l'espérance de ma guérison ; je n'attends que de vous
cet office de charité, afin de pouvoir mettre ordre à ma conscience et à mon
État. Mazarin lui
avoua que son salut dépendait de Dieu et de la nature, qu'il fallait se
recommander à l'un et faire ce qu'on pourrait pour aider l'autre. Alors Louis
se confessa, communia et attendit[52]. A cette
heure suprême, quand, auprès de lui, les yeux inquiets des courtisans se
tournaient vers le roi à venir, ce roi mourant entrevit une grande fille tout
en larmes, et qui se tuoit de pleurer[53]. C'était la seconde nièce du
Cardinal. Très
maigre, brune de peau, présentant un visage aux traits non réguliers, mais
accentués, des cheveux noirs, luisants, abondants, un front spacieux, des
yeux noirs comme les cheveux et d'une vivacité extraordinaire, telle était
Marie Mancini, alors âgée de dix-sept ans. Les femmes la trouvaient toute laide[54]. Louis, jusqu'alors, n'avait
donné que peu d'attention à cette Italienne de farouche apparence. Il n'en
fut que plus saisi quand ce visage, d'ordinaire si dur, s'attendrit devant sa
douleur. Bonne ce jour-là, Marie lui parut belle. Cependant la fièvre était
toujours intense. A bout de science, les médecins recoururent à un remède in
extremis, à l'antimoine, préparé au vin
émétique. Quand on
lui présenta ce breuvage dans une coupe d'argent, le malade demanda si le
cardinal était d'avis qu'il le prît, et, sur une réponse affirmative : Qu'on me le donne donc ![55] Peu après, effet du remède ou
toute-puissance de la jeunesse, Louis se releva guéri, amoureux, ayant hâte
de revenir à Paris où se trouvait déjà la belle pleureuse. Une des
Mancini a laissé, peint au naturel, le tableau de la transformation que subit
alors l'esprit du roi. Il ne me parle plus du
tout, écrivait-elle
à son oncle Mazarin, depuis un jour que je
demeurai à danser le soir. Je ne sçais ce qu'il avoit, si ce n'est qu'ils
boudoient, ma sœur et luy ensemble ; et je voulus prendre la liberté de luy
en dire quelque chose. Je commençai par lui demander si ma sœur ne boudoit
pas. Il me dit que oui, mais que c'étoit son ordinaire ; je luy dis que pour
elle il n'importe pas ; mais que pour luy, comme il étoit de la plus méchante
humeur du monde, que cela n'étoit pas bien, et que même le monde en faisoit
cent contes, disant qu'ils sembloient deux petits enfants qui boudassent à
tout moment. Et comme de fait, le monde dit déjà qu'il en est amoureux. Et,
comme ce ne peut pas être par la grande beauté qu'elle ait, ni par le grand
esprit, ils disent qu'il faut que ce soit parce qu'il la croit de meilleur
naturel que les autres. Vous savez que le monde est méchant ; mais, en vérilr,
cela est toujours fâcheux. Tout le soir, après que je luy eus dit cela, il ne
me parla plus et m'a traitée depuis comme une personne qu'il n'auroit jamais
vue ni connue[56]. C'est
vraisemblablement à Olympe Mancini, comtesse de Soissons, qu'il faut
attribuer cette lettre pleine d'une jalousie à peine contenue. Sa sœur Marie
se souciait peu de ces critiques, connaissant déjà sa puissance[57]. Elle avait d'ailleurs de
l'esprit comme un ange, on disait même comme un démon[58]. La cour
se rendit à Fontainebleau. Là, promenades sur l'eau avec les violons,
promenades en calèche à Franchart, visites à l'ermite. Le soir, danses
jusqu'à minuit, jusqu'à une heure du matin[59]. Marie Mancini était la reine
de toutes ces fêtes. Audacieuse par nature, sage par calcul, les yeux sans
cesse fixés sur la fortune de sa sœur aînée, ambitionnant mieux, enfin, fière
de sa domination sur ce jeune souverain qui pouvait lui donner une couronne,
elle persuada si bien à Louis qu'elle l'aimait que ce naïf adolescent se
sentit entièrement captivé[60]. Semblables
aux familles, qui d'ordinaire tiennent peu de compte de ces erreurs
juvéniles, les cours de l'Europe, sans plus s'occuper de ces amourettes,
regardaient de quel côté le roi de France devrait un jour se tourner pour
choisir une femme. Toutes les princesses étaient attentives à l'événement de cette élection. Trois, à des degrés divers,
semblaient particulièrement désignées : La
princesse Henriette d'Angleterre, fille de Charles Ier, petite-fille de Henri
IV, aimée de la reine-mère, détestée de Mazarin, qui avait inspiré sa
répugnance au jeune roi ; L'infante d'Espagne, ardemment désirée d'Anne
d'Autriche, sa tante, peu agréable au cardinal ; Enfin,
la princesse de Savoie, à laquelle on s'arrêta d'abord, parce qu'elle était
alliée à la famille du ministre. L'examen
des combinaisons politiques du cardinal exigerait trop de temps. Il ne s'agit
d'ailleurs en ce moment que d'étudier les conditions morales au milieu
desquelles grandit le futur séducteur de Louise de La Vallière. Notable
symptôme d'innocence, au moins relative ! Au premier mot de mariage, le
jeune homme tressaillit de joie et, sans retard, partit pour Lyon, lieu de
l'entrevue projetée. Des complications politiques l'arrêtent à Dijon. Comme
s'il avait oublié l'objet de son voyage, on le voit recommencer ses
divertissements de la veille. Il dansait tous les soirs et faisait apporter
une grande collation, qui valait un souper. Au bout d'un moment, chacun
suivait son penchant. On commençoit toujours
par jouer. Les marquis d'Alluye et de Richelieu jouoient ; Hortense demeuroit
à tenir le jeu avec Marianne, le grand maître et les autres. Le roi alloit
causer avec Mlle Mancini[61], et semblait entièrement revenu
à sa passion. Revirement subit. Les difficultés politiques s'arrangent. On
repart pour l'entrevue matrimoniale ; de Marie Mancini, plus question. Le roi,
un roi d'environ vingt ans, avoit toujours
dit qu'il vouloit une femme qui fût belle[62]. La princesse Marguerite ne
répondait guère à cet idéal du jeune homme ; mais le cardinal, expert en
toutes choses, avait compté sur le désir
qu'il avoit de se marier,
et ne doutait pas que, ne lui laissant voir
que celle-là, il ne la prît[63]. En effet, impatient de
connaître sa future, Louis monte à cheval, court au-devant d'elle, la salue
non sans émotion, la regarde fixement, puis, retournant au galop vers le
carrosse de sa mère : Elle est fort agréable, s'écrie-t-il, et ressemble fort à ses portraits ; un peu basanée, mais
cela n'empêche pas qu'elle ne soit bien faite. Toute la cour constatait que la princesse avait
la bouche grande et forte, les joues pendantes et à la Bourbon, le nez pas
beau, le teint inégal ; mais Louis la voyait avec ces yeux d'adolescent qui
trouvent toute femme belle. Monté dans la même voiture" que la jeune
fille, il l'entretenait avec gaieté. Elle répondait avec aisance, et, du
premier abord, ils paraissaient très bien
ensemble[64]. Le lendemain, sous prétexte de
visiter le duc de Savoie, Louis surprit la princesse Marguerite à sa
toilette, se peignant, les cheveux abattus sur les épaules. Elle lui parut
encore plus agréable dans ce négligé, et il n'en eut que plus de plaisir à
converser avec elle[65]. Tout
allait à merveille, quand, secrètement, arrive à Lyon M. de Pimentel, envoyé
de la cour d'Espagne, décidée enfin à accorder ou, si l'on veut, à offrir au
roi de France la main de l'infante. Pimentel, qui avait déjà écrit au premier
ministre, connaissoit un des domestiques du
cardinal Mazarin, nommé Colbert. Il s'aboucha avec lui. Colbert prévint en hâte son maître, qui
prévint la reine-mère, qui commanda au roi de ne plus songer à la princesse
de Savoie. Mais le jeune garçon, mourant
d'envie de se marier, résista, déclara qu'il vouloit la princesse et qu'enfin
il étoit le maître.
Surprise plus grande encore, le cardinal affectait de ne pas plus tenir à
l'infante qu'à toute autre. Alors, Anne d'Autriche, de pleurer, de prier et
de faire prier dans toutes les églises pour obtenir que le mariage de Savoie
fût effacé de ce livre céleste où, deux jours auparavant, on déclarait qu'il
était écrit de toute éternité. A ce
moment intervint Marie Mancini. Cette Sicilienne, jalouse jusqu'à la
hardiesse[66], ne se tenait pas de colère en
voyant Louis si enthousiasmé des beaux cheveux de la princesse : N'êtes-vous pas honteux, lui dit-elle rudement, que l'on vous veuille
donner une si laide femme ?[67] Et soudain, Louis, pour satisfaire cette fille passionnée, parut plus froid pour la
princesse Marguerite[68]. Ce jour-là, la reine-mère, qui
cependant n'aimait pas Mlle Mancini, vit avec plaisir les effets de son
influence. On remontra au jeune homme que tout n'allait qu'à la substitution
d'une fiancée à une autre, et que, de toute manière, il aurait bientôt une
femme[69]. La duchesse de Savoie remmena
donc sa fille, avec un écrit que le roi lui donna, signé de sa main, où il
promettait d'épouser la princesse Marguerite s'il ne pouvait avoir l'infante.
Louis, au surplus, paraissait se soucier aussi peu de l'Espagnole que de la Sauvegarde.
Il ne songeait plus qu'aie promener avec Marie Mancini, dans la journée
d'abord, et puis, le soir, au clair de la lune, tantôt suivant son carrosse,
tantôt montant sur le siège et servant de cocher, enfin entrant dans la
voiture. Marie ayant éprouvé une légère indisposition, Louis était sans cesse
aux nouvelles[70]. Toute à la joie d'avoir rompu
le projet du mariage savoyard, la reine-mère fermait les yeux. On
revint à Paris. Là, se souvenant de la facilité avec laquelle le roi eut accepté
la première femme à lui présentée, plus assurée encore de sa toute-puissance,
Marie Mancini, passionnée, audacieuse, tenace, résolut de se faire reine de
France. Que pensait son oncle Mazarin ? En apparence, il condamnait cette
captation du jeune prince. Ç’a été depuis un
grand problème entre les politiques de savoir si le cardinal agissoit de
bonne foi, et s'il ne s'opposoit pas au torrent seulement pour augmenter sa
violence. J’ai vu,
dit M. de Choisy, le vieux maréchal de Villeroy
et feu M. le Premier agiter fortement la question. Ils apportoient une infinité
de raisons pour ou contre, et d'ordinaire ils concluaient en faveur de la
sincérité du cardinal ; non qu'ils ne le crussent assez ambitieux pour avoir
souhaité de voir sa nièce reine de France, mais ils le connaissoient fort
timide et incapable d'aller tête baissée contre la reine-mère, qui seroit
devenue son ennemie sans retour ; et cela sur la parole fort périlleuse d'un
homme de vingt-cinq ans, qui aimoit pour la première fois ; au lieu qu’en
refusant l'élévation d’une nièce qu'il n'avoit pas sujet d'aimer fort
tendrement — il sçavoit qu'elle étoit assez folle pour se moquer de lui
depuis le matin jusqu'au soir —, au lieu, dis-je, qu'en faisant le héros par
le mépris d'une couronne, il le devenoit en effet, et faisoit la paix,
assuroit son pouvoir et persuadoit le roi d'une manière bien sensible de son attachement
inviolable à la gloire de sa personne et au bien de son État[71]. En fait, Mazarin s'avança jusqu'à parler à la reine, sur un ton ambigu, de l'hypothèse d'un mariage ; elle en conçut tant d'inquiétude qu'elle fit à tout événement préparer une protestation[72]. A la fin, le cardinal se décida et se prononça formellement contre ce projet romanesque. Le jeune homme pria, supplia, offrit formellement d'épouser Marie. Ce froid politique, acteur incomparable, refusa en termes émus, qu'on eût pu croire partis du cœur. La nièce, qui ne s'y trompa point, accabla le roi de ces reproches ironiques, qui lui avaient si bien réussi à Lyon : Vous êtes le maître et vous pleurez[73]. Louis pleura et, tendre et raisonnable tout ensemble, la laissa partir (22 juin 1659). A peine étaient-ils séparés que, par l'intermédiaire du jeune Vivonne, fils de M. de Mortemart, une correspondance s'échangeait entre les deux jeunes gens. Le roi s'enfermait et perdait plus de temps à écrire à Marie qu'il ne faisait jadis à lui parler[74]. Anne d'Autriche, avertie, supprima ce commerce[75]. De plus, on décida qu'il était convenable de se rapprocher de la frontière d'Espagne et de l'infante. La cour se mit donc en route et se dirigea sur Blois, où vivait, bien inconnue, Louise de La Vallière. |
[1]
Notre savant confrère, M. Ch. de Grandmaison, a démontré que cet hôtel, assez
considérable, avait une entrée dans la Grande-Rue (rue du Commerce). V. Tours
archéologique, p. 228.
[2]
Acte de baptême de Louise de La Vallière (La Valière) publié par P. CLÉMENT, à la suite des
Réflexions sur la miséricorde de Dieu, t. II, p. 188. Paris, Techener,
1860.
[3]
Lettres patentes portant érection du duché-pairie de La Vallière, février 1723,
citées par LE BRUN, Les Ancêtres
de La Vallière, p. 35, livre plein de documents nouveaux, fruit de longues
recherches. Nous devons signaler aussi un travail de M. Gabeau sur l'inventaire
dressé en 1742 des chartes du château de La Vallière. La Vallière, etc., Tours,
1903.
[4]
LE BEUF, Histoire du
diocèse de Paris, t. XII, p. 166.
[5]
M. Le Brun a publié une photographie de cette clef de voûte ainsi que plusieurs
vues de l'ancien château des La Baume Le Blanc, qui lui appartient aujourd'hui.
[6]
CARRÉS DE D'HOZIER, 97, f° 219 ; LE BRUN, p. 52.
[7]
Mémoires de Goulas, publiés par M. CONSTANS, pour la Société de l'Histoire de
France, t. I, p. 223.
[8]
Jean de La Baume Le Blanc, sieur de la Gasserie, prit le titre de la Vallière
après la mort de son frère aîné, Laurent. Il fut maître d'hôtel ordinaire du
roi et lieutenant au gouvernement d'Amboise. Il mourut le 27 mai 1647.
[9]
L'abbé CHEVALIER,
Inventaire analytique des archives municipales d'Amboise, p. 295. Cf. le
Palais-Royal, dans l'Histoire amoureuse des Gaules, édition BOITEAU, t. II, p. 33.
[10]
Nous empruntons ces renseignements à une communication faite par M. l'abbé
Bossebeuf au Bulletin de la Société archéologique de Touraine (22 mai
1901).
[11]
Mme de Lamotte, propriétaire du domaine de la Vallière, a bien voulu nous
donner de très utiles renseignements, et nous sommes heureux de lui adresser
ici tous nos remerciements. Entre les mots amor
et indissolubilis se trouve un
monogramme, celui des Le Blanc probablement.
[12]
LA PORTE, Mémoires,
p. 254. Genève, 1756.
[13]
1649. La ville d'Amboise devra prendre des mesures de défense. Toutes les
portes de la ville seront gardées. Ordre de Laurent de La Baulme Le Blanc,
lieutenant du roi. — 1651, 2 février. Assemblée des bourgeois d'Amboise sous la
présidence de Laurent Le Blanc, chevalier, seigneur de la Vallière. — 1652.
Lettres de Louis XIV données à Blois le 22 mars, prévenant les bourgeois
d'Amboise que les ennemis veulent se saisir des passages de la Loire. M. l'abbé
CHEVALIER, Inventaire
analytique des archives municipales d'Amboise, p. 108, 109, 110. Cf.
Mademoiselle DE
MONTPENSIER, Mémoires,
II, 275.
[14]
C'est à tort que dans les précédentes éditions nous avons rapporté la mort de
Laurent à l'année 1654. Un document authentique, un inventaire rédigé en
septembre 1651, établit que Laurent, à cotte date, était décédé, et comme on le
trouve encore à Amboise le 2 février 1651, c'est entre mars et septembre de
cette année qu'il faut placer son décès.
[15]
SAINT-ALLAIS, Nobiliaire
universel, t. XIII, p. 179, dit, par erreur, de
Maudroy.
[16]
Commune de Chemillé-sur-Indrais, canton de Montrésor, arrondissement de Loches.
[17]
Ce document précieux, provenant du greffe de Tours, nous a été généreusement
communiqué par notre savant confrère M. J. LEMOINE, auteur d'un livre aussi intéressant
que bien documenté, De La Vallière à Montespan, édité par Calmann-Lévy.
Nous tenons à lui exprimer notre vive reconnaissance.
[18]
Peut-être Neuillé-le-Lierre sur la Brenne au nord de La Vallière.
[19]
BAZIN, Histoire
de France sous Louis XIII, t. IV, p. 240. Paris, Chamerot, 1846.
[20]
LA PORTE, Mémoires,
p. 275. Genève, 1756.
[21]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. II, p. 275.
[22]
LORET, Muze
historique, t. I, p. 252, édition Livet, juin 1652.
Ledit personnage
Ayant contracté mariage
Avec une épouze, ou moitié,
Qu'il a prize par amitié.
Id., ibid., t. I, p. 295, octobre 1652. Luy dans une chaize, elle en coche. Scarron avait dû
partir dès décembre 1651 (LORET, ibid., t. I, p. 193) avec une ancienne amie, l'aimable sœur Céleste. M. Lavallée (Correspondance
générale de madame de Maintenon, t. I, p. 65) cite une lettre de M. de Méré
où ce voyage de Scarron est mentionné. Il lui donne la date 1656. Cette
supposition est inexacte. V. lettre de Scarron à Mme de Fiesque, dans les Dernières
Œuvres de monsieur Scarron, t. I, p. 1, Paris, 1709, lettre écrite vers
mars 1652. V. encore lettre à M. Sarrazin, ibid., p. 8. — V. l'abbé CHEVALIER, Guide en
Touraine, p. 143 ; Inventaire analytique des archives municipales
d'Amboise, p. 295, et le Poète Scarron à Négron, dans Soc. arch.
de Touraine, Bull., I, 35.
[23]
Après le mois d'octobre 1654, Gaston établit le sieur Olivier comme son
lieutenant au château d'Amboise. Le 28 août 1654, haute et puissante dame
Françoise le Provost, veuve de messire Laurent le Blanc, écuyer, sieur de la
Vallière, baron de la Papelardière, lieutenant du roi au gouvernement
d'Amboise, est citée comme marraine dans un acte de baptême (Archives
municipales d'Amboise, p. 295).
[24]
Saint-Remi était veuf de N. de Langan-Boisfévrier, de noble et ancienne famille
de Bretagne. SAINT-ALLAIS, Nobiliaire
universel, t. XIII, p. 179. V. LEMOINE et LICHTENBERGER,
De La Vallière à Montespan, p. 46.
[25]
Le P. ANSELME, Histoire
généalogique, t. V, p. 195.
[26]
Les Résidences royales de la Loire, par LOISELEUR, p. 72. Paris, 1863.
[27]
Minute de Lespine, notaire à Blois, 11 novembre 1659, copie communiquée par M.
Lemoine, archiviste paléographe.
[28]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 88.
[29]
V. une charmante pièce de vers tirée des mélanges manuscrits de M. de Paulmy et
citée par M. DE LA SAUSSAYE, dans son Histoire
du château de Blois. V. du même auteur, Notice sur le château de Blois,
p. 82.
[30]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 376.
[31]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 376.
[32]
Mme DE LA FAYETTE, Histoire de
Madame Henriette, p. 78, édit. de 1720 ou 1742. Les deux éditions ont la
même pagination. Voyez encore SAINT-ALLAIS,
Nobiliaire universel, t. VIII, p. 318. Le Bragelogne dont il s'agit
était un fils de Jacques de Bragelongne, Ilo du nom, intendant de la maison de
Gaston, duc d'Orléans.
[33]
Lettres de madame de La Vallière, Préface, p. 4. Liège (Paris), 1769.
[34]
GUY PATIN, Lettres,
t. I, p. 307. Le roy est un prince bien fait, grand et
fort, qui ne boit presque pas de vin, qui n'est point débauché, qui n'a nulle
partie gâtée ni intéressée. 20 juillet 1658. Un passage des Mémoires
de La Porte (édition de Genève, p. 290), valet de chambre du roi,
insuffisant comme preuve contre le Mazarin, révèle le fonds d'innocence de
l'esprit de Louis. Le Journal de la santé du roi, p. 28, est décisif à ce
sujet.
[35]
Correspondance complète de Madame, duchesse d'Orléans, t. I, p. 269,
286, édition de 1857. SAINT-SIMON, Mémoires,
t. I, p. 291. Paris, Hachette, 1879. Il n'y eut même pas amourette entre le roi
et Elisabeth de Tarneau. 1651. V. LORET, Muze historique, t. I, p. 107 ; Histoire
amoureuse des Gaules, t. II, p. 30. L'intrigue avec une jardinière aurait
eu plus de conséquences, au dire de Saint-Simon, mais le fait n'est ni prouvé
ni daté.
[36]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 52.
[37]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 54.
[38]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 82.
[39]
LORET, Muze
historique, t. II, p. 404.
[40]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 85.
[41]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 86.
[42]
La Muze historique, lettre du 21 janvier 1658, t. II, p. 437.
Nonobstant le temps glacial,
Louis, avec son train royal,
A presque passé la semeine
Dans le froid château de Vinceine,
Et monsieur l’Éminent aussy.
V. PONCET DE LA GRAVE, Mémoires intéressants pour servir à l'Histoire de
France, t. II, p. 86.
[43]
La Fare les nomme Roussrreau et Chamarante. Mémoires,
chap. IV, p. 53 de l'édition d'Amsterdam, 1749. La Fare a d'ailleurs confondu
La Motte-Argencourt avec La Motte-Houdancourt.
[44]
Croyant, par cette soumission, pouvoir obtenir du
ministre que le roi demeurât son amant (de sa fille) et lit
sa fortune. Sa fille n'avait eu nulle part à cette odieuse combinaison.
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 86.
[45]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 196, 197.
[46]
Deux noms ont été mis en avant : Chamarante et Richelieu. Chamarante n'est
nommé que par La Fare, et non comme amant, mais en qualité d'espion. Quant à
Richelieu, Mademoiselle de Montpensier dit que s'il fit le galant, ce fut depuis que le roi ne l'étoit plus. On verra plus tard
la suite de l'aventure.
[47]
Les Mémoires de Mine de Motteville contiennent en cet endroit une erreur
qui pourrait bien n'être que le résultat d'une faute de copiste. Mémoires,
t. IV, p. 86.
[48]
Mme de Motteville, sur cet article, explique les choses, comme toujours, mieux
que personne ; mais sa narration finit par une faute chronologique qui a jeté
dans l'erreur presque tous ceux qui l'ont copiée sans contrôle. Mademoiselle de
Montpensier, qui écrivait en même temps et plutôt un peu avant, montre Mlle de
La Motte-Argencourt auprès de la reine-mère, en 1658, en 1660. V. Mémoires,
t. III, p. 275, 288. WALCKENAER
(Mémoires sur madame de Sévigné, t. III, chap. IX) a donné trop
d'importance à l'épisode de La Motte-Argencourt, et a commis l'erreur de date
que nous signalons plus haut. Amédée RENÉE (les Nièces de Mazarin, p. 249) a confondu les
époques. Son agréable récit manque de suite chronologique, et ce défaut de
précision prive cette histoire intime de sa plus grande valeur. Cet accident n'a pas de date, voilà qui est bientôt
dit. Quant aux auteurs qui ont confondu La Motte-Argencourt et La
Motte-Houdancourt, La Motte-Houdancourt, nièce du maréchal, et La
Motte-Houdancourt, fille du maréchal, il faut renoncer à les citer.
[49]
Mme DE MOTTEYJLLE, Mémoires,
t. III, p. 269.
[50]
Histoire du traité de paix conclu en l'an 1659. A Cologne, chez Pierre
de la Place, 1665, p. 7.
[51]
Journal de la santé du roi, p. 53.
[52]
Histoire du traité, etc., p. 8. Cette Histoire, évidemment composée par
un homme bien instruit des affaires, est attribuée au comte Galeazzo Gualdo
Priorato par un éditeur allemand. V. Il trattato della pace fra le due
corone... In-Bremen, 1663.
[53]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 270. — Mme DE
LA FAYETTE,
Histoire de Madame Henriette, p. 22.
[54]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 89. J'ai vu tout récemment à la salle Drouot un portrait de Marie
Mancini. Rien de plus séduisant que ce visage aimable ; on est en présence
d'une beauté souriante, épanouie. D'où provenait cette différence entre les
descriptions de 1658 et le portrait de 1661 environ ? Tout simplement de ce
qu'on donnait pour Marie sa sœur Hortense. V. un portrait de Marie, dessiné par
Croizier, d'après Lely.
A la suite des Mémoires de M. L. P. M. N. Colonne,
grand connétable du royaume de Naples, Cologne, 1676, se trouve une lettre
signée N. N., et qui n'est qu'un
portrait à la plume de Marie Mancini. Malgré les flatteries, on retrouve les
traits observés par Mme de Motteville. Les pamphlétaires du temps sont d'accord
sur l'aspect de la Mancini. Elle n'avoit nul air d'une
personne de condition. — L'air d'une
cabaretière, mais de l'esprit comme une ange. Les agréments de la
jeunesse de Louis XIV. — Le Palais-Royal. — Histoire amoureuse
des Gaules, t. II, p. 31, éd. Boiteau.
[55]
Histoire du traité de la paix, p. 9. — Journal de la santé du roi,
p. 63. Vallot ne parle pas d'un moine
célestin nommé Garneau, que Loret donne comme l'inventeur du vin émétique, La
Muze historique, juillet 1658, t. II (liv. IX, lettre XXVIII), p. 505.
[56]
Bulletin de la Société de l'Histoire de France, t. I, p. 104. — A. RENÉE, Les Nièces de
Mazarin, attribue cette lettre à Olympe Mancini, comtesse de Soissons.
[57]
Mémoires de la duchesse Mazarin, Œuvres de Saint-Réal, t. V, p. 6.
[58]
Le Palais-Royal, Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p. 31. — Dictionnaire
des Précieuses, t. II, p. 68, éd. de 1856.
[59]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 275.
[60]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 118.
[61]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 288.
[62]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 119.
[63]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 121.
[64]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 127.
[65]
Histoire du traité de la paix, p. 24. Mademoiselle de Montpensier
raconte la même visite, mais la place à un autre jour, et présente le roi comme
indifférent aux charmes de la princesse. Mademoiselle, très préoccupée de ne
pas laisser porter atteinte à ses droits et préséances, ne mérite pas autant de
confiance que l'Histoire du traité et que Mme de Motteville.
[66]
Mlle de Motteville dit : Elle était même assez hardie
pour être jalouse.
[67]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 306.
[68]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 134.
[69]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 134 ; Histoire du traité de la paix, p. 22.
[70]
Mademoiselle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. III, p. 328.
[71]
Mémoires de Choisy, t. I, p. 82, éd. 1727 ; p. 569. éd. Michaud.
[72]
Mémoires de Choisy, t. I, p. 82. — Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires, t. IV, p. 144 et 151. Les Mémoires
de Mme de Motteville présentent à ce sujet une succession d'impressions
assez différentes Elle ne doute pas que Mazarin n'ait tenté l'aventure et gardé
du ressentiment de la résistance de la reine ; puis, plus bas, elle semble
admettre qu'il se résigna, et que cette résignation est un des beaux endroits
de sa vie Pour savoir la vérité vraie, il faudra attendre le jugement dernier ;
mais Mazarin ne pourra pas nous en vouloir si nous inclinons à croire qu'il
songea un moment à se faire oncle du roi. C'était aussi le sentiment de sa
nièce Hortense. (V. Mémoires, dans les Œuvres de Saint-Réal, t.
V, p. 10.)
[73]
Elle ne put s'empêcher de lui dire, à ce qu'on prétend : Vous pleurez, et vous êtes le maître. Mlle DE MONTPENSIER, Mémoires,
t. IV, p. 155, Mme de Motteville écrivait cette partie de son ouvrage après
1666. Voyez ibid., p. 312. — Vous m'aimez,
sire, vous pleurez, vous vous désespérez, vous estes le roy, et cependant je
pars. Le Palais-Royal : Histoire amoureuse des Gaules, t. II, p.
33. Ce pamphlet fut composé vers 1665. Enfin, dans les Mémoires de Marie de
Mancini, on lit, p. 14 : — Sire, vous êtes roy, et
vous m'aimez, et pourtant vous souffrez que je parte. Sur quoy, m'ayant répondu
par un silence, je lui déchiray une manchette en le quittant, lui disant : —
Ha, je suis abandonnée. — Je partis pour l'Italie. Ce dernier détail, si
contraire à la vérité chronologique, est de nature à confirmer les doutes qui e
sont produits sur l'authenticité de ces Mémoires. Il semble qu'ils pêchent plus
par la forme que par le fond. Traduction mauvaise de quelque copie italienne,
dérobée ou tronquée, cette publication est en somme très curieuse. Racine, dans
Bérénice (1670), acte IV, scène V, fait dire par Bérénice à Titus :
Vous êtes empereur, seigneur, et vous pleurez.
[74]
Lettre de Mazarin au roi, i6 juillet 1659. V. A. RENÉE, Les nièces de Mazarin, p. 269.
En même temps qu'on imprimait la première édition de notre livre, M. CHANTELAUZE éditait Louis
XIV et Marie Mancini, Paris, Didier, très intéressant ouvrage, et M.
d'Heylli réimprimait les Véritables Mémoires de Marie Mancini, Paris,
Hilaire. Les Mémoires, publiés d'abord en italien, et les Véritables
Mémoires ont un fonds commun et probablement une commune origine.
[75]
Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires,
t. IV, p. 163. — La jeunesse de Louis XIV a été l'objet des recherches
approfondies du R. P. Chérot, de la Compagnie de Jésus, dans un certain nombre
d'articles insérés dans les Études. Ces savants travaux sont résumés
dans un livre écrit avec autant de charme que do science profonde, la
Première jeunesse de Louis XIV, Desclée, de Brower et Cie. Il faut lire
encore deux autres ouvrages du même auteur : Trois éducations princières au
dix-septième siècle, le Grand Condé, etc. Paris, Desclée, 1896. — Bourdaloue
inconnu. Paris. Retaux 1898. Je ne pourrais oublier ici sans ingratitude un
excellent article de ce consciencieux écrivain : Fouquet ami des livres.
Je prie le R. P. Chérot d'agréer l'expression de ma gratitude, de mon respect,
et de ma vive sympathie dans ces jours d'épreuve (1902). — Au moment où l'on
imprime cette quatrième édition, le Rév. Père est mort depuis plusieurs mois à
un âge où il pouvait rendre encore de grands services à l'étude et à l'Église.
Il était aussi bon prêtre qu'habile historien et il a consolé les derniers
jours de notre confrère M. Desprez, conservateur honoraire des manuscrits à la
Bibliothèque nationale, savant plein de modestie et de bonté.