I. — TIBÈRE ; RÉVOLTE DE CITÉS GAULOISES[1]. Avec le départ de Germanicus prennent fin les temps héroïques de la Gaule romaine, ceux des princes populaires, des belles fondations, des grandes conquêtes. Il a fallu insister sur les portraits de ces princes : car l’histoire de la Gaule a dépendu de leur tempérament. Cette histoire, nous ne pouvons pas la séparer des événements de la cour romaine et des intentions des empereurs. C’est la mutiler et la dénaturer que la réduire au tableau d’une civilisation qui se développe et d’institutions qui fonctionnent. Sans doute, les révolutions du palais et du prétoire n’avaient sur la province qu’un contrecoup lointain[2] : un changement d’empereur n’entravait pas la vie normale des terres et des hommes, et n’empêchait pas les lois et les croyance d’évoluer vers un avenir inconnu. Mais, suivant le caractère des princes, l’évolution était plus lente ou plus rapide, les terres et les hommes souffraient ou jouissaient davantage. Songeons que le pouvoir de ces souverains est universel et absolu, que la Gaule les adore comme dieux, que tous ces peuples de l’Antiquité, Romains, Grecs et Occidentaux, ont poussé jusqu’aux dernières limites le culte et l’autorité du chef[3] : il est impossible qu’ils ne se soient pas ressentis de son humeur et inspirés de son attitude. Peu de temps après la mort de Germanicus (19)[4], quelques-unes des plus grandes nations de la Gaule se soulevèrent (21) ce qui était un fait inouï depuis le départ de Jules César. Je doute que les causes de ce soulèvement ne soient pas la politique et la personne de Tibère. Germanicus disparu, c’est la ruine de la dynastie chère aux Gaulois, le pays privé de l’éclat d’une cour et de la présence d’un souverain ; ce sont les provinces gouvernées par des sous-ordres, proconsuls, légats, intendants, tous esclaves despotiques d’une volonté lointaine et mystérieuse[5] ; c’est l’avènement véritable du successeur d’Auguste, ennemi du bruit, méticuleux, économe, hargneux, dédaigneux du provincial, entiché des rites de la tradition romaine[6]. Sous un tel chef, la Gaule se sentit condamnée à ce qui lui répugnait le plus, l’obéissance muette de chaque jour[7]. Une cause plus précise détermina la révolte. Les Éduens et les Trévires, entre autres, se plaignaient de tributs qui leur étaient imposés[8]. Auguste leur avait laissé l’immunité fiscale, que comportait du reste leur titre de cités libres ou alliées[9]. Pour un motif qui nous échappe, peut-être à l’époque des guerres contre Arminius, on leur demanda de prendre leur part des charges publiques, et l’on augmenta en même temps les redevances des autres cités[10]. Ce ne devait être, je pense, que pour un temps. Mais Tibère agit comme si la mesure était définitive, et la continuité du tribut fit sentir à ces glorieux peuples leur irrémédiable déchéance[11]. Alors, les Gaulois se jetèrent follement dans l’aventure d’une guerre. Ils partirent au hasard, toujours pareils à leurs ancêtres, sans s’être concertés, sans chercher les moyens, sans envisager les conséquences. Trois quarts de siècle d’une vie disciplinée ne leur avaient rien appris de ce qui fait la sagesse politique. La cause de la liberté gardait encore des partisans dans toutes les cités[12] ; mais chacun s’insurgea à son jour et à sa guise. Les premiers qui se levèrent, furent les gens de la Touraine et de l’Anjou. Mais personne ne répondit d’abord à leur signal, pas même les chefs éduens et trévires, qu’on savait pourtant prêts à la révolte. Et quand les généraux de Rome demandèrent à ceux-ci de les accompagner contre les insurgés, ils ne s’y refusèrent pas, et ils suivirent les cohortes latines à cette guerre impie[13]. Ce fut le légat de la Celtique qui s’en chargea[14]. Contre les Andécaves de l’Anjou, il n’eut besoin d’envoyer que la cohorte de Lyon[15]. Contre les Turons de la Touraine, il conduisit des troupes qui lui vinrent de la Germanie Inférieure, composées de légionnaires romains et d’auxiliaires gaulois[16]. Les chefs éduens et trévires étaient parmi elles : ils se battirent fort bien pour Rome, soldats d’un empire qu’ils s’apprêtaient à trahir, vainqueurs de frères qu’ils désiraient secourir[17]. En fait d’attitudes de traîtres, les Gaulois n’avaient plus rien à reprocher aux Germains d’Arminius. Un ou deux combats[18] suffirent pour en finir avec les révoltés du val de Loire. Pour les mettre à raison, il ne fallut pas plus de cinq mille hommes[19] : ce ne devaient être que des bandes de paysans ou de prolétaires, pourvues d’armes de fortune. Quand la répression de cette affaire fut terminée, on avertit Tibère qu’il y en aurait d’autres. On pensait qu’il ferait arrêter les chefs éduens et trévires. Il ne le voulut pas[20], aimant mieux savoir jusqu’où ils iraient, se doutant bien, par ce qu’il venait d’apprendre, qu’ils n’iraient pas très loin. Et le malicieux empereur eut raison[21]. Les deux principaux de ces chefs étaient l’Éduen Sacrovir et le Trévire Florus, tous deux de très noble souche, officiers de vieille date dans l’armée de Germanie, et citoyens romains[22]. Mais l’un et l’autre se bornèrent, tels que leur ancêtre Dumnorix, à beaucoup de paroles et à une belle mort. Ils s’étaient décidés à agir après les échauffourées de la Loire. — Florus, sur le Rhin, essaya de soulever les cavaliers trévires de l’armée[23]. Très peu acceptèrent, qui le suivirent hors du camp. Mais avec eux, avec les clients et débiteurs qui entouraient toujours un noble gaulois, il put former une assez grosse bande[24]. Il projetait de l’installer dans les Ardennes, et, de là, battre la campagne[25]. Un rapide mouvement des cohortes romaines lui ferma le chemin de la forêt[26]. Puis, un de ses compatriotes, celui-ci fidèle à Rome, Indus[27], se chargea de lui courir sus, et il réussit à disperser sa troupe. Florus se cacha, et, sur le point d’être pris, se tua bravement[28]. Sacrovir débuta de façon plus honorable. Il avait quitté l’armée à la tête de quelques troupes régulières, ce qui lui permit d’occuper Autun[29]. Cette fois, c’est l’apparence de la grande guerre. Voici la révolte établie dans une capitale, la plus grande et la plus riche des villes celtiques. Autun lui offre son propre renom, le prestige de la nation éduenne, la, force de ses remparts récents, un ramas de gens prêts à toutes les entreprises[30]. Sacrovir est maintenant à la hauteur de son rôle : il a fait fabriquer des armes en secret[31], qu’il distribue à la jeunesse du pays ; il enrôle les gladiateurs, qui abondaient dans toutes les cités de la Gaule[32] ; il appelle les paysans, toujours prêts aux méfaits de guerre[33]. Enfin, comme Autun était une ville d’études, et qu’il s’y trouvait un bon nombre de fils de famille, appartenant à la meilleure noblesse, il mit la main sur eux et s’en fit des otages[34]. Alors, la Gaule s’émut. Il fallait, pour l’ébranler, de ces coups d’audace brutale. Le succès s’annonçait. Elle se sentit désireuse d’y concourir. De tous côtés, des hommes s’offrirent à Sacrovir. Et les Séquanes de la Franche-Comté, voisins des Éduens, se rassemblèrent en armes pour les aider[35]. Sacrovir put réunir quarante mille hommes. Un cinquième fut armé à la légionnaire. Les gladiateurs avaient leurs cuirasses bardées de fer, qui les rendaient invulnérables. Pour les autres, on se contenta de couteaux ou de pieux de chasse[36]. Si peu qu’elle valût, ce n’en était pas moins la première armée gauloise qu’on eût vue depuis la conquête. Et elle parlait de liberté. Le légat de la Germanie Supérieure[37] arrivait par la route de Besançon. Il avait dévasté le pays des Séquanes, chassant sur son passage les bandes de paysans, se hâtant à la rencontre de l’armée indigène[38]. Elle apparut dans la plaine, à douze milles en avant d’Autun[39]. Les soldats légionnaires disaient que c’était un fantôme, qu’il suffirait de la toucher pour qu’elle s’évanouit[40]. Il en fut ainsi. Au premier rang étaient, en face, les gladiateurs, sur les flancs, les troupes régulières ; par derrière se massait une foule à demi désarmée. Sacrovir ne manqua pas de parader à l’ancienne manière de son peuple, monté sur un beau cheval, courant le long du front de la bataille, déclamant sur l’indépendance et l’antique gloire des Celtes[41]. Mais la froideur de ses troupes coupa court à sa harangue ; elles avaient peur : les légions approchaient[42]. L’affaire fut un simple massacre. Les Gaulois ne surent même pas comment il fallait se battre. Il n’y eut qu’un seul ennui pour le légat, la peine à tuer les gladiateurs, protégés par leurs cuirasses : on alla chercher des haches, des fourches et des crocs, on abattit et on renversa les hommes comme des arbres. Ce ne fut bientôt dans la plaine qu’un amoncellement de corps et de débris[43]. Sacrovir gagna Autun, le traversa, se réfugia dans sa villa avec une troupe de compagnons. Là, sa résolution vite prise, il se tua, et ses amis avec lui. Ils avaient d’abord mis le feu à la maison, et les ruines leur servirent de bûcher[44]. En quelques semaines tout était fini[45], grâce à deux choses : l’une, qui datait des plus anciens temps de la Gaule, l’incohérence des résolutions chez les révoltés, l’impuissance des cités à s’entendre ; l’autre, qui résultait de l’organisation romaine, l’installation de fortes garnisons à Lyon et sur le Rhin, au centre et aux frontières, toujours prêtes à se rabattre sur l’intérieur[46]. A Rome, on trembla un instant, comme si la Gaule entière s’était soulevée[47]. Mais Tibère rassura en quelques mots le peuple et le sénat[48]. Puis tout retomba dans le silence, à Rome et dans les Gaules. Les écrivains qui nous ont raconté ces évènements, ne nous disent pas comment l’empereur châtia les révoltés[49]. Jusqu’à la fin de son règne, le nom même des Gaulois n’est plus prononcé dans l’histoire. Tibère les avait formés à sa manière : après cette colère d’un jour, ils se laissèrent absorber par l’obscur labeur de la vie romaine[50]. II. — LES FOLIES DE CALIGULA[51]. La jeunesse et la folie de Caligula[52], qui vint ensuite, les réveillèrent (37). C’était le dernier des fils de Germanicus ; on le disait né chez les Trévires[53], son nom rappelait la chaussure des soldats, caliga, au milieu desquels il s’amusait dans son enfance[54]. Avec lui, la grande famille de Drusus réparait. Et pour tout cela, il est populaire en Gaule, chez les indigènes et dans les camps[55]. Il le sait et il en profite. La Gaule l’attire : il ne manque pas d’y venir (39-40), accompagné d’un cortège inouï de rois, de soldats, de femmes, de gladiateurs et d’histrions[56] ; et, une fois à Lyon, il commet mille sottises, mais donne des fêtes superbes[57]. Les Gaulois accourent en foule pour voir le maître. Il y a même parmi eux un homme de bon sens et de courage, un cordonnier, qui le traite de grand fou. Caligula laisse dire : il est en ce moment habillé en Jupiter, et il ne veut point faire tomber si bas sa foudre[58]. Cet insensé reprit en Occident les projets de Drusus et les rêves de César. Cherchez au fond de toutes ses inventions bizarres : et vous trouverez comme germe la pensée d’un de ces grands ancêtres. Il bâtit un nouveau pont sur le Rhin, franchit le fleuve, montra aux paysans de l’autre rive le spectacle d’une armée formidable[59], fit le simulacre d’une marche, et ensuite, s’en revint avec quelques hommes habillés en Barbares[60], prit alors le titre de Germanique, et déclara la Germanie captive[61] : folie mise à part, cela ressemblait aux campagnes de César au delà du Rhin. Après ce coup, Caligula s’en prit à la Bretagne[62], alla, sur la grève de Boulogne, planter ses machines et ramasser quelques coquillages, éleva un beau trophée, et se proclama vainqueur[63] : César avait versé plus de sang et vu plus de pays que lui, mais, tout compte fait, n’avait pas conquis davantage dans l’île voisine. Je me demande si Caligula, sur la Manche et sur le Rhin, n’a pas voulu copier ou parodier le héros fondateur de l’Empire, dont il portait également les trois noms. Sur la Manche même, il a fait œuvre plus utile et plus durable que le proconsul. Le trophée qu’il éleva à Boulogne, insinuaient ses ennemis, fut un monument d’orgueil stupide. Quelle calomnie ! Il servit à toute autre chose qu’à perpétuer le souvenir d’une sottise. On en fit, et je crois dès l’origine, une tour à signaux et à feux, destinée à renseigner et à guider les navires[64]. Le phare de Caligula assurait la protection bienfaisante de Rome contre les tempêtes et les brumes de l’Océan du Nord. Les extravagances de Lyon comportaient également leur profit. Au cours des fêtes qu’il y donna, l’empereur présida, devant l’autel du Confluent, des concours d’éloquence grecque et latine[65]. Voilà donc la capitale politique et religieuse des Gaules qui va devenir aussi pour elles un foyer de beau langage : elle aura ses rhéteurs, ses libraires, et l’ambition des Gaulois qui savent le latin, sera de concourir et de vaincre à Lyon[66]. A Boulogne comme à Lyon, Caligula consolide la domination romaine ; et, si fou qu’il paraisse, il n’en laisse pas moins de bons ouvrages, conformes aux traditions de Drusus son aïeul[67]. III. — CLAUDE ; CONQUÊTE DE LA BRETAGNE. Claude[68], qui remplaça Caligula (41), n’était ni un fou ni un imbécile, mais un prince instruit, appliqué, ami du bien public, quoique un peu maniaque et d’allures grotesques[69]. Son œuvre ressemble à celle de Caïus, la sagesse en plus. Et, comme Claude était le frère de Germanicus et le fils de Drusus, c’est la politique de la grande famille qui continue à s’imposer au monde romain. Sur le Rhin et sur la mer du Nord, après quarante ans de résignation, l’Empire se reprit à conquérir. Du côté de la Germanie, la conquête fut presque sournoise. La frontière ne semble pas changée, mais les Romains débordent sur tous les points. Ils installent de nouvelles garnisons en Frise[70], donnent un roi aux Chérusques du Weser[71], prennent possession des mines du Nassau[72], organisent une campagne contre les Chauques du Hanovre[73]. Il y a sur le Rhin, dans la Germanie Inférieure, un très bon légat, Corbulon, qui maintient la discipline, construit des canaux, rappelle le respect de Rome à tous les Barbares[74]. Si on l’eût laissé faire, il serait parti à la reconquête de la Westphalie[75]. Mais Claude préférait la Bretagne[76]. On a vu que, depuis César, le peuple romain n’avait jamais cessé de convoiter l’île. Si Claude s’est décidé à la prendre, on peut croire qu’il a eu de bonnes raisons. Il en devinait la conquête plus facile, moins longue, plus limitée que celle de la Germanie. Au delà du Rhin, on eut dit que la terre s’élargit devant le soldat, et on ne savait où fixer la frontière. En Bretagne, le pays s’amincissait à mesure qu’on pénétrait plus avant, on trouvait chaque jour devant soi moins d’ennemis et moins de mystères, et l’on savait qu’il faudrait à la fin s’arrêter au bord de l’Océan. Puis, cette belle contrée, avec ses pâturages, ses blés, ses mines et ses pêcheries[77], semblait une proie beaucoup plus riche que la Germanie. Depuis trois siècles que les Gaulois avaient conquis l’Angleterre, le Midi s’était complètement transformé, et la vallée de la Tamise valait alors amplement celle de la Somme. Les États combattus par César ne firent que progresser après son départ ; et, partant de là, de proche en proche, la culture celtique gagnait le reste de l’île[78] et l’Irlande elle-même[79]. Il n’était pas besoin de la présence des légions pour que les peuples apprissent les métiers et Ies arts de la paix. Des rois frappaient de bonnes monnaies d’or, à la manière des Celtes d’autrefois[80]. Les industries du métal, du bijou, de la céramique devenaient fort prospères ; elles se formaient d’elles-mêmes à toutes les élégances de l’art décoratif, et les ciseleurs de la Bretagne gauloise surent imaginer des motifs d’ornement, d’une souplesse et d’une variété infinies, qu’auraient pu envier leurs confrères d’Alexandrie[81]. Plus que les chefs germains de ce temps, les dynastes de l’île se sentaient attirés par les êtres et les œuvres du monde civilisé. De temps à autre, ils envoyaient des ambassades au César de Rome[82]. Ils savaient le latin, et c’est en cette langue qu’étaient gravées les légendes de leurs monnaies[83]. Les fils de Comm l’Atrébate, l’ancien adversaire de César, avaient oublié les injures de Rome et se tenaient en bons termes avec les héritiers du proconsul[84]. Des deux côtés de la Manche, c’était un trafic continu de marchandises, verroteries, objets de parure, lainages et chiens[85]. Comme la Gaule avant César, la Bretagne allait, pour ainsi dire, à la rencontre de ses conquérants. Claude songeait peut-être autant à la possession de la mer qu’à celle de la terre. Il était de ces hommes de cabinet qui, chose étrange ! se passionnent subitement pour les affaires de la mer. Des empereurs, c’est celui qui travaillera le plus pour les ports de l’Empire[86]. Il a du souhaiter, comme son père Drusus, que la mer du Nord devînt une Méditerranée latine : l’occupation de la Bretagne se rattache à la même idée que celle de la Frise et que les projets sur le Hanovre maritime. Une fois maître du détroit, installé à Londres et à Hull, ainsi qu’il l’était déjà dans tous les Pays-Bas, l’Empire faisait siennes les routes de l’Océan et leurs miraculeuses pêcheries : et l’on sait que les hommes de ce temps, gros mangeurs ou fins gourmets, cherchaient à la fois des quantités énormes et toutes les variétés de poissons et fruits de mer[87]. Quelques raisons politiques se sont mêlées à ces éternels motifs d’intérêt. Je crois que la principale était d’ordre militaire. Les expéditions de Bretagne furent confiées surtout à l’armée du Rhin : elle fournit quelques-unes de ses légions[88] et un nombre correspondant d’auxiliaires, ceux-ci pris en majorité dans les troupes de Gaulois et de Germains, et clans celles qui étaient les plus fortes et les moins traitables[89]. On les éloignait enfin de leur pays d’origine, on écartait de la Gaule le danger d’un nouveau complot militaire de Trévires ou d’Éduens, et on offrait à ces chefs turbulents les occasions de guerre et de butin après lesquelles ils soupiraient depuis quarante ans. D’autres troupes vinrent d’ailleurs remplacer sur le Rhin celles qui étaient parties[90], et ces va-et-vient de soldats empêchaient de voir grandir à la frontière un esprit de corps nuisible à la paix intérieure. On a dit que Claude avait combattu la Bretagne parce qu’elle était gauloise, la dernière terre de ce nom qui existait dans le monde[91]. Cela n’est point impossible. La révolte récente de Florus et de Sacrovir pouvait faire douter à l’empereur que la Gaule des druides fût vraiment morte, et cette Gaule, de temps immémorial, c’était à la Bretagne qu’elle demandait le renouveau périodique de sa foi[92]. Ce même Claude, qui allait combattre les guerriers et les prêtres de l’île[93], proscrivit rigoureusement chez les Belges et chez les Celtes les derniers vestiges des rites nationaux[94]. Que Rome devînt souveraine partout où résonnait la langue celtique, et elle effacerait enfin de la terre tout ce qui avait porté le nom des vainqueurs de l’Allia[95]. Le fils de Drusus connaissait bien l’histoire du monde[96], il avait des projets sur son avenir : il a pu croire, en enlevant aux Gaulois leur refuge de la Bretagne, qu’il accomplissait la loi du destin de Rome. Claude présida lui-même à la première expédition (43). Ses généraux l’avaient habilement préparée, pour qu’elle fût rapide et triomphale, ainsi qu’il convenait à la marche d’un empereur. Il s’embarqua sur le Tibre même, ne descendit qu’à Marseille[97], traversa toute la Gaule[98], et partit de Boulogne pour sa conquête[99]. C’est la vieille route des marchands grecs, chercheurs d’étain, que suit le maître de l’univers avec son cortège de Romains : et sur cette route, maintenant large, aplanie, ouverte et brillante, le César n’aperçoit que des remparts de colonies romaines ou des peuples empressés à l’adorer comme dieu. L’histoire de ce chemin était le résumé de celle de l’Occident. Grâce à des alliances habilement ménagées, Claude ne rencontra aucun des ennuis de César. Lorsqu’il débarqua (à Douvres ?), son armée était déjà campée sur la Tamise[100]. Il la rejoignit, guerroya seize jours dans l’intérieur, gagnant sans cesse du terrain. Au moment de son retour en Gaule[101], les légions se trouvaient à Colchester (Camulodunum), à cinquante milles de Londres, près de la mer du Nord, face à l’embouchure du Rhin[102]. La campagne avait été trop rapide pour entraîner la vraie conquête : elle ressemblait à la marche de César vers le Rhin et à celle de Tibère vers l’Elbe. Mais on évita les mécomptes en procédant ensuite peu à peu, soumettant les peuplades une à une, ne laissant derrière soi rien d’incertain. A la fin du règne, on atteignit le bassin d’York[103], et ce qui restait alors le plus à craindre, ce n’étaient pas les colères des indigènes, mais les maladresses des Romains. Le pays reçut un légat pour gouverneur[104], l’armée de la conquête demeura pour l’occuper[105]. On lui donna une capitale sur le modèle de Lyon, Colchester, où fut fondée une colonie[106], où fut bâti un grand temple provincial en l’honneur de la Victoire et de Claude Auguste[107], les deux divinités créatrices de la Bretagne romaine[108]. Le malheur fut que Colchester, presque perdu au nord de l’Essex, assez loin de l’estuaire de la Tamise, en dehors des routes vitales de l’Angleterre, ne pouvait prétendre à un glorieux avenir. C’était Londres qu’il eût fallu donner pour capitale à la Grande-Bretagne, Londres, où, dès l’arrivée des Romains, les marchands s’établirent en foule comme au lieu de foire prédestiné[109]. Les empereurs commirent la faute, qui avait été évitée à Lyon, de ne pas suivre l’exemple des marchands, et de ne pas installer à l’endroit de leurs rendez-vous les soldats et les dieux du nouvel empire[110] Le manque de cohésion, que l’on constatera souvent dans la Bretagne romaine, viendra peut-être de ce que les droits naturels de Londres y ont été méconnus. IV. — CLAUDE FAVORISE LA GAULE. Pendant que s’effaçaient, sur les terres de l’Occident, les derniers vestiges du nom gaulois, Lyon grandissait, à devenir la métropole de ces mêmes terres durant leurs destinées latines. L’empereur Claude y était né, dans le temps où son père Drusus fondait l’autel du Confluent[111]. Il y passa lors du voyage de Bretagne ; et ce furent sans doute de nouvelles fêtes, sans les folies de celles de Caligula. La jeune cité faisait briller au loin sa gloire et sa richesse[112]. Ces années de Claude furent, dans la Gaule entière, pleines d’une vie joyeuse, intense et féconde. On eût dit que l’or y coulait sur les longues routes neuves[113]. Tout ce qui était travail, négoce, foires, voyages et bâtisses, intéressait le bon empereur, et aussi, j’imagine, les intendants qui gouvernaient en son nom. Le réseau des chemins d’Agrippa fut continué jusqu’en Armorique et en Normandie, et les voies romaines vinrent finir sur les rivages de la Manche, face à la Bretagne conquise[114]. De nouveaux marchés s’ouvrirent[115]. C’est le moment où les cités gauloises de l’Ouest et du Centre achèvent leurs grands édifices publics, temples, théâtres, amphithéâtres, et surtout thermes et aqueducs, prenant modèle sur Lyon et les colonies du Midi[116]. Cette fois, toute la Gaule voit s’étendre sur elle la parure monumentale de la vie romaine[117]. Bien des usages indigènes disparurent alors, d’eux-mêmes ou du fait des lois. Passé le règne de. Claude, il n’y a plus trace des anciens titres nationaux qu’avaient conservés jusque-là quelques chefs de cités : au lieu de vergobrets, ils ne s’appelleront plus que préteurs ou duumvirs, ce qui les rendra, du moins en apparence, semblables aux magistrats municipaux des colonies romaines[118]. Auguste n’avait interdit qu’aux citoyens les rites druidiques : Claude les proscrivit absolument[119], et même les plus inoffensifs, même l’usage de l’œuf de serpent comme talisman porte-bonheur[120]. Cela donne à penser qu’il eut le projet très arrêté de plier le monde suivant la forme romaine. S’il tracassait ainsi les vaincus, ce n’était pas pour les amoindrir, mais, tout au contraire, pour les élever en dignité. Après les règnes d’Auguste et de Tibère, si avares du titre de citoyen, les portes de la cité se rouvrirent brusquement à tous les peuples. Il n’y avait plus un seul chef, celte ou belge, qui ne fût bourgeois de Rome[121]. Claude ne voulut même pas que ce droit de bourgeoisie restât simplement honorifique : il demanda que ceux des Gaulois qui le possédaient fussent d’emblée les égaux des habitants de l’Italie, pussent même entrer à la curie et même devenir consuls[122]. Quand ce projet vint devant le sénat (48), il suscita de terribles colères chez les Romains fidèles à la tradition[123]. Claude prit alors la parole, et, dans un discours qui nous a été conservé[124], long, diffus, étrange et incohérent, mais plein de malice, et noblement inspiré par l’intérêt de l’humanité entière, l’empereur historien montra que la loi divine de Rome, depuis son origine, était de faire de tous les peuples une seule patrie[125]. Comme il était l’empereur, on lui donna raison[126]. Les mécontents se vengèrent par des épigrammes. Il va habiller en Romains, disait-on, tous les Grecs, tous les Gaulois, tous les Bretons, tous les hommes : laissera-t-il seulement un étranger comme graine ?[127] Et l’on voulut le faire passer pour un sot[128]. Mais la sottise restait du côté des railleurs. Cette espérance d’un genre humain qui serait Rome, ce réveil de l’esprit de conquête, cette fièvre de bâtir et de trafiquer, ces visions grandioses de travail et d’avenir, tout cela était chez l’empereur Claude un héritage laissé par son père Drusus et formé par César[129]. V. — NÉRON[130] ; PROGRÈS DE L’ESPRIT PROVINCIAL Après Claude, qui fut le dernier prince de la dynastie de Drusus, l’empire passa à Néron (54)[131]. Celui-ci était le descendant direct de ce Domitius qui avait conquis la Gaule Narbonnaise, et de cet autre Domitius qui avait défendu Marseille contre César ; il appartenait à cette famille qui avait poursuivi de sa rancune et de sa jalousie le vainqueur des Gaules’. Et, comme les grandes maisons de Rome demeuraient fidèles à leurs haines et à leurs traditions, l’Empire et la Gaule peuvent s’attendre à une politique nouvelle. C’est d’abord la cité romaine qui se ferme de nouveau aux provinciaux[132]. Le plus acharné des railleurs à l’endroit des projets de Claude, avait été Sénèque, le précepteur de Néron et maintenant son conseiller[133]. C’est ensuite l’Empire qui se replie sur ses frontières. On n’abandonne pas la Bretagne, quoique Néron songe à le faire[134] ; mais on s’y arrête, et le pays est si maladroitement gouverné qu’une révolte formidable faillit le débarrasser des Romains[135]. Sur le Rhin, plus d’entreprises contre les Chauques de la mer, plus de courses au delà du Taunus : les légions immobiles regardaient les Barbares qui s’entre-déchiraient[136]. Des deux parties de l’Empire, Néron ne s’intéresse qu’à l’Orient hellénique : le fils des Domitius rêve de Delphes et non pas de Lyon. Le principal document de son règne est son édit pour rendre la liberté aux Grecs[137] : le principal document de celui de Claude avait été son discours pour ouvrir le sénat aux Gaulois. Rapprochez ces deux textes, comparez leur but et leur esprit, et vous verrez l’opposition entre les deux princes. Pas un écrit, pas une inscription ne témoigne que Néron ait montré quelque sympathie à la Gaule[138]. Pour ce maniaque d’hellénisme, il est probable que Celtes et Germains n’étaient qu’un ramassis de Barbares, dont il n’avait cure d’attirer l’attention. Le seul évènement qu’on signale en Gaule est un désastre (63). Un siècle après sa fondation, Lyon fut détruit par un incendie : il suffit d’une nuit pour le réduire en cendres ; rien, dit-on, ne resta de la cité ; et Sénèque, toujours prêt à déclamer, disserta sans répit sur la fin de la Rome des Gaules[139]. En fait, les habitudes romaines étaient trop solidement établies au delà des Alpes pour que Lyon n’y fût pas indispensable. A peine abattue, la ville se releva[140], et, quelques mois après les phrases solennelles de Sénèque, elle reparaissait neuve et superbe, digne d’un séjour d’empereur. Quoi que pussent penser Sénèque et Néron, cet Occident de l’Empire comptait autant dans le monde que les philosophes et les histrions de la Grèce. Les faveurs accordées aux Gaulois par Caligula et Claude amenaient peu à peu leurs conséquences ; l’usage de la langue romaine s’était partout répandu[141]. Plus riches, instruits des lettres latines, devenus citoyens, ils s’éveillaient à une vie nouvelle, ils se sentaient des droits et des devoirs qu’avaient ignorés leurs ancêtres des temps d’Auguste et de Tibère[142]. La Gaule possédait dès lors de bons orateurs, capables de se faire écouter à Rome même[143]. Ces hommes n’étaient plus disposés à subir comme des vaincus le dédain d’un empereur et le despotisme de légats. Nous ne savons ce qui se passait au conseil de Lyon ou à celui de Narbonne : mais nous devinons que les délégués des cités ne craignaient pas d’y parler des affaires de l’État, d’apprécier ou de blâmer hautement leurs gouverneurs[144]. Ce qui indignait certains sénateurs de Rome, amis de Sénèque. Où sont les temps d’autrefois, s’écriait l’un d’eux (62), lorsque les provinciaux tremblaient à l’approche d’un envoyé du peuple romain ? Ce sont maintenant les proconsuls du sénat et les légats du prince qui s’effarent de peur devant les critiques des assemblées provinciales[145]. Les hommes politiques qui gouvernaient Rome, s’apercevaient avec étonnement que des puissances nouvelles, les provinces, entraient dans la vie publique de l’Empire en demandant qu’on leur fit place[146]. Les gouverneurs, sentant grandir cette force, cherchaient d’abord à se rendre populaires parmi leurs subordonnés[147], et, fiers de l’appui des provinciaux, ils faisaient bon marché des intérêts de l’État[148]. Ce qui aggrava les choses, c’est que, par faiblesse ou par incurie, les empereurs nommèrent comme légats des hommes originaires du pays. La politique de Claude avait fait entrer les chefs indigènes dans le sénat de Rome. Une fois sénateurs, ils purent devenir préteurs, légats, proconsuls, briguer les plus hauts commandements ; et les Gaulois ne tardèrent pas à voir arriver en qualité de gouverneurs des hommes dont les ancêtres avaient été leurs rois[149]. Que de changements depuis les temps de Fontéius ! En six générations, les rôles s’étaient intervertis : au lieu de se courber devant un tyran imposé par Rome, la province s’accordait avec un chef de son goût ou de sa race. Ce n’était pas le moment, pour un empereur, de faire l’histrion philhellène[150]. Néron put amuser un instant la plèbe de Rome et les oisifs de l’Orient. L’Occident le jugea indigne de l’empire ; et, la première des provinces, la Gaule se révolta pour exiger un nouvel empereur. VI. — L’INSURRECTION DE VINDEX[151]. En 68, pendant que Néron paradait dans la ville grecque de Naples[152], le légat de la Gaule Lyonnaise, Vindex[153], d’accord avec les principaux chefs du pays[154], proclama comme empereur Galba, qui gouvernait la province voisine d’Espagne Tarragonaise[155]. Les cités de la Celtique acceptèrent le maître qui leur était offert : elles le connaissaient de longue date, Galba ayant été par deux fois gouverneur au delà des Alpes, en Aquitaine et en Germanie[156]. Sa carrière, ses amitiés de l’heure présente, faisaient du nouveau prince le représentant des provinces, et tout d’abord de celles de l’Occident. Cette révolte de la Gaule ne ressemblait guère à celle qui avait suivi le départ de Germanicus. Celle-là s’était limitée à deux ou trois peuplades, mais elle avait voulu le retour à la liberté. L’insurrection contre Néron fut à peu près générale chez les Celtes[157] ; mais il n’était pas question de secouer le joug de Rome : on voulait, au contraire, en changeant d’empereur, rendre Rome plus digne d’exercer l’empire[158]. Pourtant, dans cette prise d’armes, à ces pensées romaines se mêlaient encore des sentiments nationaux. Vindex n’est pas seulement un légat du prince : c’est aussi un Gaulois, d’une antique lignée royale[159]. En fait de troupes, il n’a point de légionnaires : ses soldats sont des hommes du pays, Arvernes, Éduens, Séquanes, armés à la hâte[160], et aussi mal que ceux d’Autun lors des journées de Sacrovir. La ville romaine de Lyon a refusé de le suivre, quoiqu’il soit son gouverneur : en revanche, il reçoit l’appui de la ville voisine de Vienne, où vit le souvenir des Allobroges[161]. Au dire des gens de Rome et des officiers de Germanie, ces images d’un empereur improvisé ne font que dissimuler un nouveau réveil de la Gaule d’autrefois[162] ; et je crois bien qu’ils ont raison. Elle se réveillait d’ailleurs avec ses éternels défauts, la jalousie et l’irréflexion[163]. Une partie des cités refusa son concours au légat, moins par fidélité à Néron que par haine des peuples qui soutenaient Vindex. Entre Vienne et Lyon, c’était échange de rancunes et de menaces[164]. Les nations du Nord-Est, Trévires et Lingons entre autres[165], se gardèrent bien de s’entendre avec celles de la Loire. L’affaire se présentait assez mal pour Vindex et ses Gaulois : il eût fallu attendre, s’organiser, négocier. Mais ils se hâtèrent, enseignes déployées, de marcher à l’aventure contre les légions de Germanie[166]. Il se produisit alors la manœuvre prévue depuis Auguste pour réprimer toute révolte des Gaules. L’armée du haut Rhin, commandée par le légat Verginius Rufus, fit volte-face vers le sud et, à Besançon, se trouva en présence de Vindex[167]. Entre ces vieux légionnaires et ces soldats de rencontre, la bataille fut très courte[168]. Vindex se tua, ses hommes furent massacrés[169], l’armée du Rhin regagna ses cantonnements[170], et la Gaule se résigna au silence (avril-mai 68)[171]. Peu après, l’Empire connut d’autres hontes, pires que celles du règne. La question de la révolte va se poser de nouveau pour les provinces de Gaule, non plus seulement contre l’empereur du jour, mais contre le peuple romain. |
[1] Fabia, Lyon sous Tibère, dans la Revue d’Histoire de Lyon, VII, 1903, p. 5-20.
[2] Sævi proximis ingruunt ; Tacite, Histoires, IV, 74.
[3] Ch. I, § 3, ch. VI, § 1 et 2.
[4] Tacite établit un lien entre cette révolte et la mort de Germanicus (discordare militem audito Germanici exitio, III, 40). — Sur cette révolte, Tacite est notre seule source, d’ailleurs fort indirecte ; son auteur paraît être Auridius Bassus, rédacteur d’Histoires de son temps (cf. Fabia, Les Sources de Tacite, 1893, p. 394). Un mot insignifiant chez Velleius (II, 129, 3).
[5] Sævitia ac superbia præsidentium, disaient les Gaulois ; Tacite, Ann., III, 40.
[6] Suétone, Tibère, 33-4, 46-9 ; Tacite, Ann., II, 86 ; IV, 16 ; VI, 12 ; VI, 50. Ne provincias quidem liberatitate ulla sublevavit ; Suétone, 48, 2.
[7] Voyez le tableau que font les révoltés de la vie de l’Empire (Tacite, III, 40).
[8] De continuatione tributorum, Tacite, III, 40 ; cf. Suétone, Tibère, 49, 2 : Plurimis etiam civitatibus et privatis veteres immunitates et jus metallorum ac vectigalium adempta.
[9] Les Trévires ont aussi reçu ce titre de cité libre (Treveri antea liberi, Pline, IV, 106), peut-être de Drusus.
[10] Cf. Tacite, Ann., II, 5 : Fessas Gallias ministrandis equis. A la suite du cens de 14-16 ?
[11] Tacite, Ann., III, 40. — Pour faire face à ces surcharges et peut-être, plutôt, à leurs dépenses propres, les cités avaient dû emprunter à des taux usuraires, sans doute à des banquiers italiens (gravitate fænoris... magnitudinem æris alieni, Tacite, III, 40). — Tibère a dû proscrire les sacrifices humains ou, si l’on préfère, les exécutions rituelles, mesure qui se rattache sans doute à son hostilité générale, d’une part contre les privilèges des cités, et d’autre part contre les clergés exotiques (Josèphe, A. J., XVIII, 3, 4 ; Tertullien, Apol., 9, 1 ; Tacite, Ann., II, 85). Peut-être y a-t-il quelque rapport entre cette suppression et la révolte. — Cf. Arno Lang, Beitf. z. G. d. K. Tiberius, 1911, p. 71-73.
[12] Haud ferme ulla civitas intacta, Tacite, III, 41.
[13] Tacite, Ann., III, 41.
[14] Acilius Aviola, III, 41 : l’affaire le regardait, les cités étant dans sa province.
[15] Excita cohorte quæ Lugduni præsidium agitabat ; III, 41. Il semble que les Andécaves aient été réprimés d’abord, avant que les Turons n’aient pu intervenir. Mais, comme Tours est sur la route de Lyon à Angers, et que la cohorte n’eut à combattre qu’à Angers, il est possible que les gens de la Touraine se soient révoltés après son passage.
[16] III, 41 : Tacite dit una cohors (III, 46), six cents hommes, et sans doute un fort détachement d’auxiliaires.
[17] Ils s’arrangèrent, d’ailleurs, de manière à ce que l’ennemi les reconnût et ne les frappât point ; III, 41.
[18] Un en tout cas contre les Turons, III, 41.
[19] Un millier d’hommes venus de Lyon ; six cents légionnaires et, au maximum, deux ou trois mille auxiliaires venus de la province de Germanie Inférieure.
[20] Ann., III, 41.
[21] Tacite interprète sa conduite d’autre façon (III, 41) : Il entretint la révolte par son indécision. Ailleurs, il adresse ce même reproche au légat Siliu (IV, 19).
[22] Julius Florus, Julius Sacrovir.
[23] Ala Treverorum ; cf. R.-Enc. Wissowa, l. c. 1267.
[24] Vulgus obæratorum aut clientium arma cepit ; Tacite, Ann., III, 42. Les choses n’avaient donc guère changé depuis la conquête.
[25] Tacite, Ann., III, 42.
[26] Ann., III, 42. Je suppose Florus parti de Coblentz pour les Ardennes, mais, au croisement de la chaussée de Colonne à Trèves (vers Jünkerath ?), arrêté à la fois par des soldats de Cologne venus du nord, et par des soldats de Mayence venus du sud (utroque ab exercitu... adversis itineribus).
[27] Julius Indus cum delecta manu : c’était une ala (III, 46), et sans doute l’ala Gallorum Indiana Pia Fidelis, dont les noms et titres doivent rappeler ce fait (R.-Enc., l. c. 1243-4).
[28] Tout cela doit se passer dans l’Eifel (incertis latebris), entre Cologne, Trèves et Coblentz.
[29] III, 43 : Armatis cohortibus. Sans doute les cohortes auxiliaires à la tête desquelles il a combattu contre les Turons : il s’agit, je pense, de ces cohortes Gallorum si souvent mentionnées clans les inscriptions (R.-Enc., IV, c. 288-292).
[30] D’après ce qui suit dans les trois notes suivantes.
[31] Arma occulte fabricata (III, 43) : ce qui suppose dès lors, dans Autun, une nombreuse population d’ouvriers (cf., pour beaucoup plus tard, C. I. L., XIII, 2828).
[32] Cf. t. V. Tacite (III, 43) insiste à ce propos sur les gladiateurs gaulois, entièrement cuirassés de fer (cf. 45-6), ferratos, cruppellarios, quibus more gentico continuum ferri tegimen ; cf. Dict. des Ant. de Saglio, II, p. 1587-8.
[33] Supposé d’après venantibus, etc., de III, 43.
[34] Nobilissimam Galliarum subolem, etc., III, 43.
[35] III, 43 et 45-6.
[36] Ann., III, 43 et 46.
[37] C. Silius Aulus Cæcina Largus, qui était déjà légat en 14 (Tacite, Ann., I, 31). Il y avait eu conflit entre lui et le légat de la Germanie Inférieure, C. Visellius Varro, pour savoir qui dirigerait la guerre : la possibilité d’un tel conflit indiquerait que l’État n’avait rien prévu pour un pareil cas, ce qui est assez étonnant. Varron céda, à ce que dit Tacite, se sentant trop vieux (III, 43). Il avait dû alléguer, pour diriger la guerre, son ancienneté ; Silius, son voisinage des pays révoltés.
[38] III, 45 : Vastat Sequanorum pagos ; 46 : Paucæ turmæ (escadrons d’avant-garde) profligavere Sequanos. Jusqu’ici il est dans sa province.
[39] III, 45 : Patentibus locis. Je n’aperçois ces lieux découverts, à douze milles d’Autun, que dans le bassin d’Épinac. Silius a dû venir par Beaune, qui est le plus court (propero agmine), et non par Chalon. — Si on le fait venir par Chalon, les loca patentia ne peuvent être que sur la Dheune, en ce cas à 12 milles de Chalon (Spruner-Menke, Atlas, 3e éd., n° 19) : mais je doute qu’il ne s’agisse pas de la distance d’Autun.
[40] Ann., III, 45.
[41] Veteres Gallorum glorias, III, 45.
[42] III, 46.
[43] Tacite, Ann., III, 46.
[44] Tacite, Ann., III, 46. De même, Sabinus se fit passer pour mort en faisant brûler sa villa (Plutarque, Amat., 25, p. 770 f). C’était un usage celtique.
[45] Tacite, III, 47 : Velleius, II, 129, 3. — Je ne peux croire qu’il y ait un rapport, comme on le dit d’ordinaire, entre cette guerre et l’arc d’Orange. Le nom de Sacrovir, sur un bouclier de cet arc, est celui de l’ouvrier de ce bouclier (le bouclier pris sur l’ennemi, trophée qui a servi de modèle au sculpteur), et non pas le nom du propriétaire du bouclier représenté (sous-entendu avot = fecit). Puis, beaucoup de détails archéologiques ne correspondent pas aux incidents de la bataille. Enfin, Tibère, préoccupé de réduire à rien cette affaire (III, 47), aurait-il permis une manifestation triomphale de ce genre ?
[46] Tacite, Ann., IV, 5.
[47] III, 44.
[48] III, 47.
[49] Si les Éduens perdirent le titre de fédérés, je doute qu’on ne le leur ait pas rendu bientôt (cf. Tacite, Ann., XI, 25) : Pline le leur donne (IV, 107), ce qui n’est d’ailleurs pas une preuve qu’ils l’eussent de son temps. Les Trévires ont perdu le titre de cité libre, mais peut-être après 69. Les confiscations dont parle Suétone (Tibère, 49, 2 : Gallorum principes confiscatos) se rapportent sans doute à ces évènements ; peut-être aussi quelques-unes des mesures contre les cités ; suppression du droit de monnayage ? Et il y eut, de la part de Silius, bien des actes d’extorsion (Ann., IV, 19). On redouta encore quelque temps un soulèvement nouveau (Tacite, Ann., IV, 28 : en 24).
[50] Comme évènement de frontière, le principal est, après le départ de Germanicus, la révolte des Frisons en 28 (Ann., IV, 72-4), qui ne furent qu’imparfaitement réduits (Tacite, Ann., XI, 19). — On a dû alors installer à Neuss une des deux légions de Cologne, la XXe. — Comme faits intérieurs : l’importance que reprend alors, semble-t-il, Marseille (Ann., IV, 43 et 44) ; les nautæ Parisiaci offrent un torques à Tibère, sans doute à Rome, et un monument, élevé à Paris, rappelle et figure la cérémonie (C. I. L., XIII, 3026 ; Revue des Ét. anc., 1907, p. 263-1) ; autel élevé à Tibère par les laniones de Périgueux (C. I. L., XIII, 911). Je suppose que Tibère a accordé quelque privilège aux corpora de la Gaule.
[51] Fabia, Gaius à Lyon, dans la Revue d’Histoire de Lyon, IV, 1905, p. 274-289.
[52] Gaius (Julius) Cæsar Augustus Germanicus.
[53] Mais la chose n’était point certaine (Suétone, Caligula, 8).
[54] Suétone, Caligula, 9 ; Tacite, Ann., I, 41.
[55] Tacite, I, 41 ; Suétone, 8, 1 ; 9 ; C. I. L., XII, 1848-9 ; XIII, 1189, 1194.
[56] Dion, LIX, 21, 2. Il est en effet fort possible qu’il se soit fait accompagner de ses amis les rois M. Julius Agrippa Ier de Galilée et Antiochus IV Épiphane de Comagène (Dion, 24, 1), et aussi de Ptolémée de Mauritanie (LII, 25, 1). — C’est vers ce temps-là, en 39, que Caligula exile Hérode Antipas en Gaule, sans doute à Lyon (Josèphe, Ant. J., XVIII, 7, 2), peut-être à Lugdunum ou Saint-Bertrand-de-Comminges (De b. J., II, 9, 6, dit en Espagne). Tout cela devait développer les colonies juives en Gaule.
[57] Suétone, Caligula, 17, 1 ; 20 ; 39 ; Dion, LII, 22, 1. Il inaugura à Lyon son troisième consulat (en 40). — C’est à Lyon qu’il procéda à l’encan des meubles et esclaves de sa famille ; et, pour opérer ce transport, le charroi fut alors tel entre Rome et Lyon, que le pain, dit-on, manqua à Rome et que les affaires y furent suspendues, faute de véhicules et de bêtes de moulin (Caligula, 39 ; Dion, LIX, 21, 5-6). — Il y eut en Gaule des dons forcés de la part des villes et des particuliers, des exécutions arbitraires, suivies de confiscations : si du moins on peut croire le récit de Dion (21, 2 ; 22, 34), qu’il se fit apporter les registres du cens des Gaules et condamna à mort les plus riches jusqu’à concurrence de 150 millions de drachmes [deniers ?], environ 130 millions de francs ; parmi eux, un Julius Sacerdos.
[58] Dion, LIX, 26, 8-9, qui ajoute qu’il rendait des oracles, χρηατίζοντα.
[59] Entre 250.000 et 200.000 ; Dion, LIX, 22, 1. En comptant, s’il y a quelque vérité dans ce chiffre, toutes les têtes des non combattants. La nécessité d’un nouveau pont à Mayence (n. suivante) me parait s’être alors imposée, sans doute au lieu et place de l’ancien pont de bateaux.
[60] En 39 ; le rassemblement dut avoir lieu en Germanie Supérieure, à Mayence, et là, le passage du Rhin ; Suétone, Caligula, 43, 44, 45, 47, 51 ; Dion, LIX, 21, 3 ; 22, 2-3 ; Tacite, Hist., IV, 15 ; Germ., 37 ; Agricola, 13 ; Suétone, Galba, 6. Il semble bien qu’il était encore en oct.-nov. 39 sur les bords du Rhin (Suétone, Claude, 9, 1 ; C. I. L., VI, 2029).
[61] Dion, 22, 2-3 ; 25, 5 a. — de ne crois pas cependant que celte démonstration ait été aussi ridicule et inutile que l’ont présentée les historiens, tous, d’ailleurs, systématiquement hostiles à Caligula. Au cours du séjour de l’empereur au delà des Alpes, il y eut des incursions de Barbares en Gaule (nov. 39 ?), ce qui prouve la nécessité de les effrayer (Suétone, Caligula, 51 ; Galba, 6 ; Dion, LIX, 21, 2). En outre, certains détails rapportés par Suétone (Galba, 6) montrent Caligula assez soucieux de la discipline militaire : c’est lui qui nomma Galba légat de la Germanie Supérieure (oct.-nov.), en remplacement de Cneius Cornelius Lentulus Gætulicus, gouverneur depuis dix ans, mis à mort alors comme conspirateur (Dion, 22, 5). — Dans un sens semblable, également favorable à Caligula, Riese, Der Feldzug des Caligula, Neue Heid. Jahrb., V, 1895, p. 152-162.
[62] Peut-être dès 39 ; plutôt au printemps de 40, après un retour à Lyon. Peut-être revint-il de l’Océan sur le Rhin (Dion, LIX, 21, 3).
[63] Suétone, Caligula, 44 et 46 ; Dion, 21, 3 ; 25 ; Tacite, Agricola, 13. Il eut aussi l’idée bizarre d’expédier à Rome, par terre magna ex parle, les trirèmes sur lesquelles il s’était embarqué (Caligula, 47) : ce qui dut offrir un beau spectacle. Jamais les routes de la Gaule ne furent plus encombrées de choses étranges. — Encore ne fut-il pas sans faire quelque besogne sérieuse : il reçut l’hommage d’Adminius, fils proscrit du roi breton Cynobellinus (Suétone, Caligula, 44, 2 ; Orose, VII, 5, 5). Cunobelin était alors le principal roi de la Bretagne, à Camulodunum (Dion, LX, 21, 4) chez les Trinobantes.
[64] In indicium victoria altissimam lurrem excitavit, ex qua ut Pharo noctibus ad regendos navium cursus ignes emicarent ; Suétone, Caligula, 46. — Est-ce la fameuse Tour d’Ordre, dont il ne reste que des images et des descriptions, l’édifice, énorme tour à douze étages, ayant achevé de se détruire le 29 juillet 1644 ? Je n’en suis plus convaincu, la construction ne me paraissant absolument pas attribuable au premier siècle. Sur ce monument, Egger, Rev. arch., 1863, II, p. 410 et s. ; Le Sueur, Antiquitez de Boulongne-sur-mer [1596], p. 3-4, et les notes, p. 69-71 (publié par Deseille, Le Pays Boulonnais, 1879).
[65] Suétone, Caligula, 20 : Edidit... ludos in Gallia Luguduni miscellos ; sed hic certamen quoque Græcæ Latinæque facundiæ ; et on rapportait que les vaincus devaient récompenser les vainqueurs, faire leur éloge, ou, s’ils étaient trop mauvais, effacer leurs propres écrits avec une éponge ou avec leur langue, à moins d’are frappés de verges ou trempés dans le Rhône. Il y avait sans doute là quelque coutume indigène, et peut-être ces concours rappelaient-ils ou remplaçaient-ils des joutes poétiques ou oratoires de l’ancienne Gaule.
[66] Juvénal, I, 44 ; Pline, Lettres, IX, 11, 2.
[67] Inscriptions commémorant peut-être le passage de Caligula : autel du pagus Matavonicus sur la voie Aurélienne (Cabasse, C. I. L., XII, 342) ; autel des ratiarii Voludnienses sur l’Isère (Saint-Jean-de-La-Porte, près de Montmélian, XII, 2331, de ce temps peut-être, bien qu’il y ait simplement COS). Et cela prouve peut-être qu’il a pu venir par la voie Aurélienne, revenir par la route du Petit Saint-Bernard, ou inversement. C’est sans doute au cours de ce voyage, lors de la traversée des Alpes, qu’il songea in jugo Alpium urbem condere (Suétone, Caligula, 21), c’est-à-dire au col du passage.
[68] Tiberius Claudius Nero Germanicus, et, comme empereur, Tiberius Claudius Cæsar Augustus Germanicus. — Fabia, Claude et Lyon, dans la Revue d’Histoire de Lyon, VII, 1908, p. 5-20.
[69] Suétone, Claude, 14 et s., 25 et s.
[70] En 47. Tacite, Ann., XI, 19.
[71] En 47. Tacite, Ann., XI, 16-17.
[72] En 47. Curtius Rufus, légat de la Germanie Supérieure, occupe le pays des Mattiaci (Wiesbaden), entre le Taunus, le Rhin et le Mein ; Tacite, XI, 20 ; cf. Pline, XXXI, 20. — Dans la même région, en 41, campagne de Galba contre les Chattes (Dion, LX, 8, 7). — En 50, campagne de P. Pomponius Secundus contre les Chattes, à gauche par la Lahn ?, à droite par Friedberg ? ; Tacite, Ann., XII, 27-8. Cf. Dahm, Bonner Jahrbücher, CI, 1897, p. 128-135 ; contra, Wolff, Annalen de Wiesbaden, XXXII, 1901, p. 10-11. — On a même supposé qu’il y eut pénétration dans le pays de Bade ; cf. VI. Bericht, paru en 1913, p. 123-5.
[73] En 47. Tacite, Ann., XI, 19 ; Dion, LX, 30, 4. — En 41, campagne de Publius Gabinius Secundus en Germanie Inférieure, contre les Marses ou les Chauques (Dion, LX, 8, 7 ; Suétone, Claude, 24, 3).
[74] Cn. Domitius Corbulo, en 47. Tacite, Ann., XI, 18-20 ; Dion, LX, 30, 4-6. On peut du reste remarquer que les préoccupations de Corbulon (n. suivante) sont surtout du côté de la mer du Nord : elles se rattachent évidemment à l’œuvre de Claude en Bretagne.
[75] En 47, Claude lui donna l’ordre referri præsidia cis Rhenum (Ann., XI, 19 ; Dion, LX, 30, 4). Je crois que cela signifie le camp d’hiver et les garnisons chez les Chauques, et, en outre, peut-être le camp avancé d’Aliso ou Haltern, quoique j’hésite à attribuer à Claude l’abandon définitif de l’œuvre de son père Drusus. La Frise demeura, je suppose, occupée ; voyez l’inscription de Leeuwarden, qui me paraît postérieure à Claude : C. I. L., XIII, 8830, et Boeles, Net Friesch Museum, 1909, pl. 8. Le castellum Flevum devait cure près de là, sur le Zuiderzée (Ann., IV, 72 ; Ptolémée, II, 11, 12). — Cf. L. Schmidt, G. der deutschen Stämme, II, 1911, p. 78.
[76] Derniers ouvrages sur la Bretagne romaine : Rhys, Early Britain, Celtic Britain, 3e éd., 1904 [4e, 1908, n. v.] ; Rice Holmes, Ancient Britain, 1907 ; Sagot, La Bretagne romaine, 1911 ; Oman, England before the Norman Conquest, 1910 (résumé) ; Ward, Romano-British Buildings, et The Roman Era in Britain, tous deux en 1911 ; Haverfield, The Romanization of Roman Britain, 1912 ; Windisch, Das keltische Brittannien, 1912, dans les Abhandl. der ph.-h. Kl. der K. Sæchsischen Ges. der Wiss. (très sommaire).
[77] Strabon, IV, 5, 2 ; Solin, XXII, 10.
[78] Présence de noms celtiques en Écosse (Leviodunum, Kinross ? Anonyme de Ravenne, p. 436), dans le Pays de Galles (Maridunum, Caermarthen, Ptolémée, II, 3, 12) : avec cette réserve, que les progrès de l’élément celtique ont dû se continuer sous la domination romaine.
[79] Tacite, Agricola, 24. Cf. aussi les renseignements épars chez Zimmer, Ueber direkte Handelsverbindungen Westgalliens und Irland, dans les Sitzungsberichte de l’Académie de Berlin, ph.-h. Cl., 1909, XIV, XV, XX, XXI ; 1910, LI ; etc.
[80] Evans, The Coins of the ancient Britons, 1861 ; Supplement, 1890. Voyez The numismatic Chronicle and Journal of the Royal Nurnismatic Society, 1912 et avant.
[81] British Museum, A Guide to the Antiquities of the Early Iron Age, 1905, p. 89 et s. ; Romilly Allen, Celtic Art, 1904. Voyez les annonces de découvertes dans The archæological Journal, 1912 et avant ; et les relevés de la grande collection The Victoria History of the Counties of England (depuis 1900).
[82] Avec cette remarque, que les Latins ont présenté ces ambassades comme des fuites de rois, reges supplices.
[83] Note suivante.
[84] Comm avait fondé l’État des Atrebates de Bretagne, correspondant en partie au comte de Berks, autour de Calleva, Silchester (Ptolémée, II, 3, 12), dans une admirable situation, au centre de la grande route méridionale ou de l’isthme de Reading : il est vraisemblable que cet Etat étendit assez loin sa souveraineté, remplaçant dans le principat celui de Cassivellaun. Les rapports de Comm et de ses trois fils avec Rome résultent des, légendes de leurs monnaies, toujours en langue latine, Tincus ou Tincommius, Eppillus, Verica, Commii filius (on trouve même rex en latin pour Verica), et de l’appel fait à Claude par un Βέρικος, qui semble de cette famille (Dion, LX, 19, 1).
[85] Strabon, IV, 5, 3 et 2.
[86] Cf. les textes, R.-Enc. de Wissowa, III, c. 2830-2.
[87] Cf. C. I. L., XIII, 8830.
[88] La XXe à la Germanie Inférieure (Tacite, Ann., XIV, 34), la IIe (Tacite, Hist., III, 44) et la XIVe à la Germanie Supérieure, celle-ci peut-être la plus célèbre de l’Empire (cf. Tacite, Hist., II, 11 ; Ann., XIV, 34).
[89] Notamment les cohortes des Bataves (Tacite, Hist., I, 59).
[90] Réorganisation de l’armée sous Claude, surtout vers 43-44. En Germanie Supérieure : la XXIe à Windisch [remplace la XIIIe], la IV, (Macedonica) et la XXIIe (Primigenia) à Mayence [au lieu de la XVIe et de la XIVe] ; point de légion spéciale à Strasbourg à la place de la Ile. En Germanie Inférieure : suppression du camp de Cologne, la XVIe à Neuss [venue de Mayence au lieu de la XXe], la Ire à Bonn [venue peut-être alors de Cologne], la Ve et la XVe (Primigenia) à Vetera [celle-ci au lieu de la XXIe]. — Il semble qu’il y eut alors reconstruction des camps, surtout à Vetera, et cela, peut-être par suite de l’abandon d’Aliso. — Cf. Lehner, Bonner Jahrb., CXIX, p. 230 et s. ; Dragendorff, V. Bericht der Rœm-Germ. Komm., p. 84-88.
[91] Amédée Thierry, Hist. des Gaulois, II, p. 421 et s.
[92] Cf. Pline, XXX, 13.
[93] Tacite (Ann., XIV, 30) mentionne, à la date de 61, les druides de l’île de Mona, Anglesey. Il doit, d’ailleurs, s’agir de simples prêtres, sans aucune analogie avec les druides de l’espèce de Diviciac : d’autant plus qu’il est fort possible que les Gaulois n’aient jamais mis le pied à Anglesey.
[94] Pline, XXIX, 54 ; Suétone, Claude, 25, 5.
[95] Rome n’oublia jamais ces choses et se plaisait à en parler ; cf. Tacite, Ann., XI, 23 ; Suétone, Caligula, 51, 3.
[96] Suétone, Claude, 42, 2.
[97] Il faillit faire naufrage aux îles d’Hyères à cause du Mistral (juxta Stœchadas, Suétone, 17, 2 ; Dion, LX, 21, 3).
[98] Soit sur route, soit sur fleuve, dit Dion (21, 3), c’est-à-dire par le Rhône et la Saône.
[99] A Massilia Gessoriacum ; Suétone, 17, 2 ; Dion, 21, 3. Automne 43 ?
[100] Dion, 21, 3.
[101] Suétone, 17, 2 ; Dion, 21, 4. — Il est possible que, de Marseille, il ait fait tout le tour de l’Italie, domo verius quam nave, pour rentrer par mer dans le Pô (Pline, III, 119). Un arc à trophées fut élevé par le sénat à Boulogne pour commémorer son embarquement (Dion, LX, 22, 1) ; à son triomphe se rapporte peut-être l’autel de Marsal (C. I. L., XIII, 4565).
[102] Dion, 21, 4. C’était la capitale des Trinobantes.
[103] Guerre, entre autres, contre les Brigantes d’York, depuis 50 ? (Tacite, Ann., XII, 32, 40).
[104] Sagot, p. 38 et s.
[105] Le Roux, L’Armée romaine de Bretagne, 1911.
[106] Vers 50 : Tacite, Ann., XII, 32.
[107] Tacite, Ann., XIV, 31 et 32.
[108] Je croirais volontiers que, si on a choisi la Victoire, c’est pour adapter à une déesse romaine le culte indigène d’une Victoire nationale (Dion, LXII, 6, 2 ; 7, 3).
[109] En 61, Londinium copia negotiatorum et commeatuum maxime celebre ; Tacite, Ann., XIV, 33.
[110] Lors de l’insurrection de 61, un légat songeait an illam sedem bello deligeret (Tacite, Ann., XIV, 33). — Sur la situation de Londres, cf. t. I et t. III. Voyez aussi les premiers chapitres de Gomme, The Making of London, Oxford, 1912.
[111] Il lui donna son nom, colonia Copia Claudia Augusta Lugudunum ; C. I. L., XIII, I, p. 250. On peut lui attribuer (C. I. L., XIII, 10029, 3-14) un aqueduc, soit celui du mont Pilat (Musée de Lyon, II, p. 284), soit, plutôt, celui de la Brévenne (Germain de Montauzan, Aqueducs, p. 26-7).
[112] Sénèque, Lettres, 91 [XIV, 3]. En 64, elle offrit à l’État quatre millions de sesterces, sans doute pour aider à reconstruire Rome.
[113] Dion, LIX, 21, 2 ; Tacite, Ann., XI, 23 ; Tacite, Hist., I, 51 ; IV, 74 ; Josèphe, De b. J., II, 16, 4 ; Suétone, Néron, 40, 4. — Les Gaulois de la Chevelue donnèrent une couronne d’or de 9.000 livres à Claude pour son triomphe (Pline, XXXIII, 54). — Pour Lyon, n. précédente. — Pour Autun et les Éduens, Tacite, Ann., III, 46 : Pecunia dites et voluptatibus opulentos. — Pour Vienne, Tacite, Hist., I, 66 : Valens a 40.000 soldats (Hist., I, 61), il impose aux Viennois 300 sesterces par tête d’homme, soit 12 millions de sesterces (plus de 3 millions de francs), et sans doute beaucoup plus, si l’on songe à ce qu’on donne aux officiers et à ce que Valens prend pour lui. — Érection d’un colosse à Mercure chez les Arvernes, ce qui demande dix ans de travail et colite 40 millions de sesterces, CCCC (Pline, XXXIV, 45 ; les manuscrits ont CCCC ; Audollent, Bull. arch., 1907, p. 373). — Voyez la richesse de Crinas le médecin marseillais (Pline, XXIX, 9), et l’héritage que laissa à cette ville Volcacius Moschus en 25 (Tacite, Ann., IV, 43). — C. Julius Secundus, préteur à Bordeaux, lègue deux millions de sesterces à sa ville (C. I. L., XIII, 596-600).
[114] Milliaire de Kerscao (Kernilis) sur la route de Carhaix à Castel Ac’h (C. I. L., XIII, 9016), du Manoir près de Bayeux (8976).
[115] A Aime ou Axima en Tarentaise, Forum Claudii (C. I. L., XII, p. 16) ; à Martigny ou Octodurus dans le Valais, également Forum Claudii (id., p. 21 et 24) : les marchés devaient y être constitués en dehors et près des anciens oppida. A Clion, Claudiomagus, marché à la frontière des Turons et des Bituriges (Sulpice Sévère, Dial., I [II], 8, 7).
[116] A Bordeaux, thermes et aqueducs (cf. C. I. L., XIII, 589-591, 596-600) ; amphithéâtre de Saintes ? (1037-8) ; le colosse arverne (Pline, XXXIV, 45) ; à Feurs chez les Ségusiaves, théâtre de bois remplacé par un théâtre de pierre (VIII, 1642) ; constructions à Tours (3076-7) ; à Marseille (Pline, XXIX, 9) ; etc.
[117] Il se passe alors en Gaule ce qui se passera en Bretagne sous Domitien, où nous voyons le légat Agricola présider lui-même à cette transformation matérielle du pays (Tacite, Agricola, 21) : Hortari privatim, adjuvare publice, ut templa, fora, domos exstruerent, laudando promptos et castigando segnes. Et sans doute les légats de Gaule ont dû, en ce temps-là, instituer des primes à la construction.
[118] La date est conclue d’après l’âge probable des inscriptions.
[119] Druidarum religionem apud Gallos diræ immanitalis et tantum civibus sub Augusto interdictam penitus abolevit ; Suétone, Claude, 25, 5. Il est cependant probable que Tibère abolit au moins les sacrifices humains, même de la part des indigènes (Pline, XXX, 13), et les fit remplacer par des simulacres (delibant, Mela, III, 2, 18) : ce sont ces simulacres mêmes que Claude aura proscrits.
[120] On disait qu’il avait condamné à mort un chevalier romain du pays des Voconces pour avoir porté un œuf de serpent in lite in sinu (Pline, XXIX, 54). Ces mesures contre les druides doivent se rattacher à celles qu’il prit contre les astrologues en 52 (Tacite, Ann., XII, 52). — Sur les débats qu’a provoqués en France, en 1879-1880, cette question de la suppression des druides, entre autres : d’Arbois de Jubainville, Rev. arch., n. s., XXXVIII, déc. 1879 ; Duruy, id., XXXIX, 1880 ; Fustel de Coulanges, id., et Nouvelles Recherches (Comment le druidisme a disparu, 1879-80).
[121] Le fait, que la presque totalité des citoyens romains des Gaules (autres que la Narbonnaise), sont inscrits dans la tribu Quirina, tribu de Claude, semble indiquer de sa part une mesure générale pour assurer aux peuplades, sinon le jus Latii, du moins l’équivalent de ce droit en ce qui concerne l’accès à la cité romaine : cet équivalent, c’est l’octroi personnel du titre de citoyen aux principaux, primores, sénateurs ou magistrats (Tacite, Ann., XI, 23). La multiplicité des Claudii en Gaule ne peut venir que de cet empereur (cf. Tacite, Hist., I, 68 et 69 ; IV, 18 et 33 ; Dion, LX, 17, 7). — Plus spécialement, il dut donner le jus Latii aux Ceutrons de la Tarentaise et à Martigny ou Octodurus (Pline, III 135 ; cf. C. I. L., XII, p. 21).
[122] S’agit-il de tous les Gaulois faits citoyens ? Certainement non. D’abord Tacite dit primores (n. précédente), ensuite il dit fœdera pridem assecuti : il ne peut donc s’agir que des magistrats de cités alliées. Il y a eu quantité d’espèces que nous ignorons (voyez la remarque de Mommsen, St., III, p. 767, n. 2). Tacite, XI, 23.
[123] Ce projet fut provoqué par le fait du renouvellement de la curie, et par l’initiative de Gaulois candidats à cette curie (XI, 23). Il résulte bien de cela que le jus civitatis accordé aux provinciaux ne comportait pas la plénitude de l’assimilation.
[124] En partie : C. I. L., XIII, 1668. Tables de bronze trouvées à la côte Saint-Sébastien, jadis exposées sans doute dans une dépendance de l’autel, aujourd’hui au Musée de Lyon ; Allmer et Dissard, Musée, I, p. 58-62.
[125] C. I. L., XIII, 7668 ; Tacite a arrangé le discours (XI, 24).
[126] Tacite, XI, 25 : le droit ne fut accordé d’abord qu’aux Éduens, ce qui veut dire qu’on admit alors dans le sénat seulement un ou plusieurs membres de cette nation ; mais l’exemple de Vindex montre qu’il fut bientôt étendu à d’autres peuples.
[127] Constituerat enim omnes Græcos, Gallos, Hispanos, Britannos, togatos videre ; Sénèque, De morte Claudii, 3, 3 ; Dion, LX, 17, 5-6. — Un progrès, en ce qui concerne l’assimilation de la Narbonnaise à l’Italie, fut alors amené par l’édit de 49, qui autorisait les sénateurs originaires de la Narbonnaise à se rendre dans leur pays sans permission préalable (Tacite, Ann., XII, 23).
[128] Stultitiam, Suétone, Claude, 38, 3.
[129] Cela n’empêcha pas Claude de respecter certaines formes nationales d’administration (cf. Dion, LX, 8. 1-3). Par exemple, il donna (en 44) le titre de roi à Cottius II et lui accorda de nouvelles cités, prises sans doute dans les Alpes Maritimes ; Dion, LX, 24, 4. — Cologne, en 50, fut constituée en colonie romaine sous le nom d’Agrippine, qui y était née, et devint colonia Claudia Ara Agrippinensis ; Tacite, Ann., XII, 27 ; C. I. L., XIII, 11, p. 505. Elle perdit sous ce règne sa garnison. — Je crois que la colonie de Trèves date de Claude : Agrippine et Claude, tous deux de la famille de Drusus et de Germanicus, avaient mille motifs de témoigner leur gratitude à l’endroit de la cité.
[130] Schiller, Gesch. des rœm. Kaiserreichs unter der Regierung des Nero, 1872.
[131] Né L. Domitius Ahenobarbus, puis, une fois adopté par Claude, Nero Claudius Drusus Germanicus Cæsar, empereur sous les noms de Nero Claudius Cæsar Augustus Germanicus.
[132] Il donne cependant, en 63, le jus Latii aux Alpes Maritimes (Tacite, Ann., XV, 32), mais elles étaient alors la seule province alpestre à ne pas l’avoir tout entière, et je crois que héron se borna à donner ce droit à celles des cités de la province qui ne l’avaient pas encore. Vers ce temps, à la mort de Cottius II, les Alpes Cottiennes furent réduites en province (Suétone, Néron, 18 ; Eutrope, VII, 14), et il est probable qu’elles reçurent aussi alors le droit latin (Pline, III, 135).
[133] Tacite, Ann., XIII, 2 ; Dion, LX, 35.
[134] Suétone, Néron, 18.
[135] En 61. Tacite, Ann., XIV, 29-39.
[136] Continuo exercituum otio, XIII, 54. — Vers 58, vaine tentative des Frisons pour occuper les agri vacui de la rive droite (pays occupés jadis par les Chamaves et les Tubantes, puis par des Usipi [ici, les Usipètes ?] : Hamaland, Twenthe, Salland, c’est-à-dire en Gueldre et Over-Yssel). Puis, occupation de ces mêmes terres par les Ampsivarii venus de l’Ems ; ceux-ci, refoulés, errent en Westphalie, et finissent par être détruits par les Germains eux-mêmes. En 58 encore, la destruction partielle des Chattes. Tacite, Ann., XIII, 54-7. — Je ne crois pas que jamais la Germanie ait traversé une pareille période d’anarchie, et qu’elle eût été plus facile à conquérir.
[137] Holleaux, Discours prononcé par Néron, Lyon, 1889 ; Dittenberger, n° 376.
[138] Je fais exception pour Marseille, à laquelle Néron a pu s’attacher, et parce qu’elle était grecque, et parce qu’il descendait de L. Domitius. En tout cas, c’est vers ce temps-là qu’elle put reconstruire ses murailles (Pline, XXIX, 9), démolies sans doute par César. — autres faits : en 61, nouveau recensement des Gaules (Tacite, Ann., XIV, 46) ; en 61, voyage onéreux de l’affranchi impérial Polyclète (XIV, 39) : en 65, levées forcées en Narbonnaise pour compléter les légions du Danube (XVI, 13) ; en 53, incendie des tourbières dans le pays de Cologne (XIII, 57) ; en 61, contributions exigées des cités alliées et libres (Tacite, XV, 43 ; Dion, LXIII, 22, 2, Boissevain), ce à quoi s’applique peut-être ce que Zonaras (XI, 13) dit alors des Gaulois, βαρυνόμενοι ταΐς είσφοραΐς.
[139] Tacite, Ann., XVI, 13 ; Sénèque, Lettres, 91 [XIV, 3]. La très longue déclamation de Sénèque ne nous apprend presque rien sur Lyon. Sur la date, cf. Hirschfeld, C. I. L., XIII, I, p. 252 ; d’une manière générale, Fabia, L’Incendie de Lyon sous Néron, dans la Revue d’Hist. de Lyon, III, 1901, p. 5-23.
[140] Néron lui donna à cet effet quatre millions de sesterces (Tacite, Ann., XVI, 13), autant qu’elle avait offert elle-même à l’État, mais ce qui était, comme don de l’État, peu de chose.
[141] Claude fit évidemment tout pour cela (Dion, LX, 17, 4).
[142] Cf. Tacite, Agricola, 21 : Studiis Gallorum.
[143] Juvénal, VII, 148 ; I, 44 ; IV, 111. — De Nîmes, Cn. Domitius Afer (Jérôme, Chr., a. d’Abraham 2062), mort en 59 (Tacite, Ann., XIV, 19). — Peut-être de Saintonge, Julius Africanus, sous Néron (Quintilien, I, 1, 118 ; cf. Tacite, Ann., VI, 7). — Rufus, surnommé le Cicéron allobroge (Juvénal, VII, 213-4). — De Narbonne, Volienus Montanus, mort en 27 (Jérôme, année d’Abraham 2043), et un descendant de même nom (Martial, VIII, 72, 5). — Claudius Cossus l’Helvète, en 69 (Tacite, Hist., I, 69). — Julius Florus (Quint., X, 3, 13). — Son neveu Julius Secundus (id.), un des interlocuteurs du Dialogue des Orateurs. — Sous Vespasien, (S. Julius) Gabinianus celeberrimi nominis rhetor in Gallia docuit ; Jérôme, année d’Abraham 2092. — Le M. Aper du Dialogue des Orateurs, 10. Et il est très remarquable que Tacite, dans son Dialogue, ait pris un Gaulois comme représentant d’une certaine école d’orateurs romains. — Etc. — Pour les textes qui les concernent, voir Teuffel, tr. fr., II, p. 163-5, 252-3, Schanz, II, II, 2° éd., p. 280-1, la Prosopographia et la Real-Encyclopädie. Ici, t. V.
[144] On a supposé (Hirschfeld, Antiquaires, vol. du Centenaire, p. 216) que le conseil de Lyon avait adressé une requête au sujet du jus honorum. Julius Africanus (cité n. précédente) parle à Néron au nom des Gaules, rogant Galliæ tuæ (Quintilien, VIII, 5, 15).
[145] Novam provincialium superbiam..., prævalidi provincialium... ; Tacite, XV, 20-1.
[146] Studia Galliarum affectare, Tacite, XIII, 53 ; erectas Gallias, XIV, 57.
[147] Tacite, Ann., XIII, 53. IV, 20-1.
[148] Qualis quisque habeatur, alibi quam in civium judicio esse ; Tacite, IV, 20.
[149] Ipsi has aliasque provincius regitis, dit Cerialis aux Gaulois en 70 (Tacite, Hist., IV, 74).
[150] Ce qu’indique Philostrate, Vita Apollonii, 5, 10.
[151] Sievers, Studien, 1870, p. 142-8 ; Schiller, Nero, p. 261 et s. ; Mommsen, Der letzte Kampf der rœmischen Republik, 1878 (G. Schr., IV), qui insiste, je crois à tort, sur les velléités républicaines de Vindex.
[152] Suétone, Néron, 40, 4.
[153] C. Julius Vindex, Dion, LXIII, 22, 1. Qu’il ait gouverné la Lyonnaise (cf. Suétone, Néron, 40, 1 ; Tacite, Hist., I, 16), cela résulte de ce qu’il eut avec lui les Éduens, et de ce que le légat de l’Aquitaine est demeuré fidèle à Néron (Suétone, Galba, 9, 2).
[154] Les cités les plus ardentes à le suivre paraissent avoir été les Éduens et les Séquanes, jadis d’accord avec Sacrovir, et les Arvernes ; Tacite, Hist., I, 51 ; IV, 17. — Il y eut une assemblée de chefs réunie par Vindex ; Dion, LXIII, 22, 2 ; Josèphe, De b. J., IV, 8, 1 ; Jean d’Antioche, Didot, Fr. hist. Græc., IV, p. 575 (lequel parle de sénateurs [d’origine gauloise ?] fugitifs de Rome) ; Zonaras, XI, 13 ; Tacite, Hist., II, 94 (qui cite Asiaticus, Flavus, Rufinus). Lyon s’étant déclaré hostile au mouvement, l’assemblée a pu se tenir à Autun.
[155] Dion, LXIII, 23 ; Suétone, Galba, 9, 2 ; Plutarque, Galba, 4-5.
[156] Suétone, Galba, 6.
[157] Elle embrassa au moins la Celtique sauf Lyon (cum inermi provincia, Tacite, Hist., I, 16), les Arvernes en Aquitaine (IV, 17), les Séquanes en Germanie (I, 51), Vienne en Narbonnaise (I, 65). D’une manière générale, les Anciens ont dit Galliæ, Galli, Gallicum bellum (Plutarque, Galba, 4 et 5 ; Suétone, Néron, 40, 4 ; Galba, 9, 2 ; 16, 2 ; Tacite, Hist., I, 8 ; I, 51 ; I, 65 ; IV, 17).
[158] Voyez le discours que Dion prête à Vindex (LXIII, 22-3) ; de même, Philostrate, Vita Apollod., 5, 10.
[159] Dion, LXIII, 22, 1, Boissevain.
[160] Il eut, dit-on, cent mille hommes (Plutarque, Galba, 4).
[161] Tacite, Hist., I, 65 ; Tacite prononce encore ce nom, I, 66.
[162] Plutarque, Galba, 4 ; Josèphe, De b. J., pr., 2. — On peut attribuer à cette insurrection la fameuse monnaie (Cohen, VII, Suppl., Galba, n° 73 ; 2e éd., Galba, n° 361) portant, d’un côté GALLIA, la tête de la Gaule avec un torques et un carnyx, de l’autre FIDES, deux mains entrelacées tenant deux épis et un sanglier-enseigne. Mais, comme elle peut appartenir également à un empereur quelconque, et, à la rigueur, même à l’empire gaulois de Classicus, il me parait bien difficile de tirer n’importe quelle conclusion historique de cette pièce, si ce n’est la survivance des vieux emblèmes celtiques ; cf. K.-Fr. Hermann, Eine gallische Unabhüngigkeitsmünze, Gœttingue, 1851 ; Borghesi, VIII, p. 294-5.
[163] Gallias suismet viribus concidisse, disait-on justement plus tard (Tacite, Hist., IV, 17).
[164] Il semble bien que les gens de Vienne aient commencé par tracasser ou même assiéger ceux de Lyon ; Tacite, Hist., I, 65.
[165] Tacite, Hist., I, 8, 51, 53, 54 ; IV, 17.
[166] Besançon s’étant déclaré pour Vindex, Verginius vint l’assiéger, et Vindex arriva au secours de la ville (Dion, LXIII, 24).
[167] Il y eut, semble-t-il, des pourparlers et une entrevue entre les deux chefs avant la bataille (Dion, 24, 2).
[168] Les détails donnés par Dion sont trop vagues pour qu’on puisse en retrouver l’emplacement. D’accord avec l’opinion courante, je place la bataille près de Besançon, sur la route de Saint-Ferjeux à Battant. Il n’y a aucun motif, malgré le fait de découvertes archéologiques, pour la mettre de l’autre côté du Doubs, entre Fontains et la Loue (Delacroix, Alaise et Séquanie, 1860, Besançon, p. 180-1 ; Castan, Mém. de la Soc. d’Émul. du Doubs, IIIe s., VII, 1862 (1864), p. 477-490 ; Bull. monumental, XXIX, 1863, p. 545-559).
[169] On parla de 20.000 Gaulois tués ; Plutarque, Galba, 6 ; Dion, LXIII, 24, 3. Sur la discussion des détails, Schiller, p. 273-4.
[170] Cf. Tacite, Hist., I, 8.
[171] La fin de la guerre est certainement antérieure à la mort de Néron, qui est du 9 juin. On a supposé que Galba accepta l’empire le 6 avril.