Services secrets rendus par d'Éon au roi de France et à Mme du Barry : affaire de Morande ; négociations de Beaumarchais. — Les Loisirs du chevalier d'Éon. — Le roi se désintéresse du secret, qui est surpris par les ministres : Favier et Dumouriez en prison ; le comte de Broglie en exil. — Mort de Louis XV. — Louis XVI liquide le bureau secret ; le comte de Broglie fait valoir les services du chevalier et lui obtient une pension. — Nouvelles prétentions de d'Éon. Louis XV, et sa correspondance le prouve, ignora le secret, du sexe véritable de son ancien agent secret ou plus probablement se désintéressa du problème. Quant à d'Éon, il n'en était qu'à la genèse de son projet de transformation. Il commençait seulement à comprendre que sa carrière était finie, qu'il ne pouvait espérer d'asile en France qu'à Tonnerre et plus vraisemblablement à la Bastille. Il n'avait plus grand'chose à perdre avec sa qualité d'homme et envisageait sérieusement les avantages qu'il tirerait d'un sexe que le public lui attribuait avec tant d'obstination. Le bruit, la popularité, la célébrité et de nouvelles ressources pécuniaires étaient l'enjeu d'une partie hasardée, mais où le gain valait largement le risque aux yeux de d'Éon qui se décida à en courir la chance dès que l'occasion opportune se présenterait. Cependant il n'avait point encore jugé bon de révéler directement sa métamorphose au comte de Broglie. Celui-ci feignit de l'ignorer et continua comme par le passé à mettre à contribution ses services ; un cas pressant et particulièrement délicat nécessitant alors son concours. On venait en effet de répandre dans l'entourage de Mme du Barry le bruit qu'un ouvrage fort irrévérencieux pour elle, et où la personne royale elle-même n'était pas épargnée, allait être publié à Londres pour être colporté de là sur le continent[1]. L'auteur de ce pamphlet était un certain Théveneau de Morande qui, ayant eu maille à partir avec les tribunaux du roi, était allé chercher en Angleterre le refuge que tous les gens de son espèce y trouvaient alors. Déclassé intelligent, intrigant de la pire espèce, il tenait à Londres commerce ouvert de scandale et d'injures. Dans une petite feuille de chantage qu'il rédigeait lui-même, il distillait la calomnie la plus perfide à l'égard des ministres et des gens de Cour, n'omettait aucune des anecdotes scabreuses qui circulaient à Versailles et y joignait même des notices sur quantité de filles d'Opéra, ce qui — conclut Bachaumont[2] — formait une rapsodie très informe et fort méchante. Cette brochure, dans le goût du Colporteur de
Paris, s'intitulait le Gazetier cuirassé. Elle était ornée à la première
page d'une estampe qui représentait le gazetier vêtu
en hussard, un petit bonnet pointu sur la tête, le visage animé d'un rire sardonique
et dirigeant de droite et de gauche les canons, les bombes et toute
l'artillerie dont il est environné[3]. Ce gagne-pain
malhonnête ne suffisait pas cependant à Morande qui, non content de rançonner
directement les personnages qu'il voulait diffamer, publiait de plus
volumineux ouvrages d'aussi mauvais aloi[4]. Fort bien et promptement renseigné par des correspondants besogneux qu'il entretenait en France, il informait ses relations de Londres des dernières nouvelles de Versailles : Mme du Barry, écrivait-il dans l'un de ses bulletins, a donné des bals à la haute noblesse pendant le carnaval et des gardes du corps ont été placés dans toutes les avenues, tout de même que si t'eût été chez Mme la Dauphine ; les jeunes princes ni les princesses n'y ont paru. M. le duc de Chartres et le comte de La Marche y parurent un moment avec le roi. Mimi ouvrait le bal avec M. le prince de Chimay, Mme du B... a eu un grand crève-cœur d'y voir si peu de monde. On me pend à Paris, on me brûle, on m'élève des autels ; enfin on est aussi pressé d'acheter mon livre que je le suis de le vendre[5]. En effet, M. des Cars s'occupait activement d'étouffer dans l'œuf ce scandale et il avait déterminé le comte de Broglie à écrire à d'Éon pour le charger de négocier avec le diffamateur. La réponse de d'Éon ne se fit pas attendre : Monsieur, Vous ne pouviez guère vous adresser ici à personne plus en état de seconder et même terminer au gré de vos désirs l'affaire dont vous me parlez, parce que M. Morande est de mon pays, qu'il se fait gloire d'avoir été lié avec une partie de nia famille en Bourgogne ; et dès son arrivée à Londres, il y a trois ans, son premier soin fut de m'écrire qu'il était mon compatriote, qu'il désirait me voir et se lier avec moi. Je refusai pendant deux ans sa connaissance, et pour cause ; depuis, il a si souvent frappé à ma porte que je l'ai laissé entrer chez moi de temps en temps pour ne point me mettre à dos un jeune homme dont l'esprit est des plus violents et des plus impétueux... Il a épousé la fille de son hôtesse, qui faisait et défaisait son lit avec lui — il en a deux enfants et vit bien avec elle —. C'est un homme qui met à composition plusieurs personnes riches de Paris par la crainte de sa plume. Il a composé le libelle le plus sanglant qui se puisse lire contre le comte de Lauraguais, avec lequel il s'est pris de querelle. A ce sujet le roi d'Angleterre — si souvent attaqué lui-même dans les journaux — demandait au comte de Lauraguais comment il se trouvait de la liberté anglaise : Je n'ai pas à m'en plaindre, Sire, elle me traite en roi ! Je ne suis pas instruit que de Morande travaille à l'histoire scandaleuse de la famille du Barry ; mais j'en ai de violents soupçons. Si l'ouvrage est réellement entrepris, personne n'est plus en état que moi de négocier sa remise avec le sieur de Morande ; il aime beaucoup sa femme et je me charge de faire de celle-ci tout ce que je voudrai. Je pourrais même lui faire enlever le manuscrit, mais cela pourrait faire tapage entre eux ; je serais compromis et il en résulterait un autre tapage plus terrible. Je pense que si on lui offrait 800 guinées il serait fort content. Je sais qu'il a besoin d'argent à présent ; je ferai tous mes efforts pour négocier à une moindre somme : Mais à vous dire vrai, monsieur, je serais charmé que l'argent lui fût remis par une autre main que la mienne, afin que d'un côté ou d'un autre on n'imagine pas que j'aie gagné une seule guinée sur un pareil marché[6]. Si d'Éon méprisait cet intrigant autant qu'il le dit, il l'avait cependant toujours ménagé et le connaissait beaucoup plus intimement qu'il ne désirait le paraître. Morande n'avait cessé de lui offrir les services de sa plume, soit pour le seconder dans des travaux qu'il préparait, soit même pour faire avec toute la chaleur bourguignonne la biographie de l'énigmatique chevalier[7]. D'Éon ne s'était point montré insensible à des flatteries sans cesse renouvelées et à d'aussi respectueuses protestations de dévouement ; il avait même largement ouvert à leur auteur la porte de son logis et délié en sa faveur les cordons de sa bourse. Le maître chanteur, reçu à sa table et demeuré son débiteur insolvable, lui avait dès le principe révélé ses projets de scandale ; d'Éon l'avait souvent exhorté à les abandonner et, s'il n'y était pas parvenu, il se trouvait à même d'engager facilement des négociations pécuniaires dans ce but. Aussi les ordres du comte de Broglie furent-ils promptement exécutés : Morande se montra de bonne composition avec son compatriote et compagnon d'exil, comme il se plaisait à l'appeler. En quelques jours le marché fut conclu et d'Éon obtint une promesse écrite et signée de la main du sieur Morande par laquelle celui-ci s'engageait à ne confier à âme qui vive cette négociation. Il promettait en outre non seulement de ne point imprimer son ouvrage contre la maison du marquis et de Mme la comtesse du Barry ; mais au contraire à en faire entièrement le sacrifice et à en remettre fidèlement au chevalier d'Éon toutes les minutes et copies suivant les conditions convenues[8]. Cette négociation avait été menée par d'Éon avec une grande rapidité et une réelle adresse ; les conditions en étaient relativement modérées ; tout laissait croire qu'on n'aurait pas à attendre longtemps la ratification du roi et de la famille intéressée. Il en fut cependant tout autrement, soit parce que Mme du Barry ne désirait pas employer les services du comte de Broglie, qu'elle détestait particulièrement et qui avait été sollicité sans son assentiment ; soit plutôt peut-être parce qu'elle pensait que sa réputation n'était guère à la merci de ces scandaleuses révélations. Moins soucieuse de l'opinion que ses propres courtisans, elle semblait tranquille sur un objet qui devait tant l'intéresser, et quand on lui soumit les conditions obtenues par d'Éon, elle répondit assez évasivement qu'il faudrait s'en occuper. La matière ne fut jamais traitée plus à fond[9]. Le roi partageait l'indifférence de la favorite en ce qui le regardait personnellement, et jugeait avec un pareil bon sens que le mieux était de ne point s'inquiéter de médisances qui menaçaient de se multiplier en proportion du cas qu'en feraient les intéressés. Aussi écrivait-il au comte de Broglie : Ce n'est pas la première fois qu'on a dit du mal de moi dans ce genre ; ils sont lès maîtres, je ne me cache pas. L'on ne peut sûrement que répéter ce que l'on a dit sur la famille du Barry. C'est à eux de savoir faire ce qu'ils veulent et je les seconderai[10]. Ce billet ne nous apprend rien de nouveau sur le caractère de Louis XV, mais il n'est pas un des témoignages les moins frappants de l'inconscience naturelle et du manque absolu de moralité d'un monarque par ailleurs plein de finesse et de bon sens. Quelques jours s'étaient à peine écoulés que le comte de Broglie recevait du roi une lettre lui enjoignant de faire cesser définitivement les négociations entamées par d'Éon. M. du Barry avait cru devoir enfin veiller lui-même à l'honneur de sa maison ! Il avait envoyé à Londres un émissaire choisi parmi les aigrefins de son entourage et lui avait fait adjoindre quelques agents de la connétablie. Cet aventurier, d'aussi mauvaise marque que Morande, était en revanche moins rusé ; il avait surtout vu dans sa mission l'occasion d'un voyage agréable et bien rémunéré. Aussitôt arrivé à Londres il s'abouche avec Morande, l'étourdit de ses puissantes relations, de sa charge prétendue dans la maison du comte d'Artois et du premier coup lui fait Miroiter les plus brillantes promesses. Morande éleva ses prix en proportion, rompit de suite avec d'Éon et afficha dans Londres l'ambassadeur ainsi dépêché auprès de lui. Mais au bout de quelques semaines le sieur de Lormoy, ayant dissipé à mener joyeuse vie les crédits qui lui avaient été accordés et n'ayant pu vaincre les nouvelles exigences de Morande, quitta Londres à l'improviste, sans y avoir fait autre chose que quelques milliers de livres de dettes que d'Éon fut chargé de régler. Morande, déçu et fort irrité, allait se décider à publier son ouvrage, lorsque la famille du Barry lui envoya un nouveau négociateur désigné cette fois par M. de Sartine lui-même. C'était le pamphlétaire Caron de Beaumarchais, qui n'était pas encore l'auteur applaudi du Mariage de Figaro, mais seulement le bruyant et processif antagoniste du président Goëzman. D'Éon nous a laissé de l'origine -de cette mission une autre version qui, dénuée de toute vraisemblance comme de tout bon goût, paraît ne lui avoir été inspirée que par la haine acerbe qu'il nourrit jusqu'à la fin de- sa vie contre Beaumarchais. Le sieur Caron de Beaumarchais,
dit-il, blâmé au Parlement de Paris, sur le point
d'être appréhendé au corps pour l'exécution de l'arrêt, se réfugie dans la
garde-robe du roi, asile digne d'un tel personnage. M. de Laborde, valet de
chambre du roi, confie au sieur de Beaumarchais, dans les ténèbres de la
garde-robe, que le cœur du roi est attristé par un vilain libelle que compose
à Londres le vilain Morande sur les amours de la charmante Dubarry. Aussitôt le cœur romanesque et gigantesque du sieur Caron s'enfle et se remplit des idées les plus chimériques ; son ambition s'élève aussi haut que les flots de la mer qu'il doit traverser... Il communique à La Borde son projet d'aller à Londres secrètement corrompre par orle corrompu Morande ; le projet est communiqué par La Borde à Louis XV, qui daigne l'approuver. En conséquence le sieur Caron de Beaumarchais arrive à Londres incognito escorté du comte de Lauraguais in publico[11]. Le jour même de l'arrivée de ces deux seigneurs à Londres,
Morande se rend : chez d'Éon, si l'on en croit celui-ci, et lui annonce les
propositions avantageuses qui viennent de lui être faites. Il ne veut pas les
accepter sans prévenir le chevalier qui a entamé les premiers pourparlers et
lui exprime le désir que les deux gentilshommes ont
de conférer avec le chevalier d'Éon. Ils l'attendent dans leur carrosse au coin de la rue. D'Éon, plein
de dignité, refuse de voir des inconnus qui ne possèdent à son adresse aucune
lettre de personnes en place et qui peuvent être des
émissaires de la police. Puis il congédie Morande en lui faisant bien
remarquer que, la matière des amours des rois étant
chose fort délicate pour tout le monde, il s'expose aux dangers d'un métier
de voleur de grand chemin ; que d'ailleurs il peut faire contribuer la
voiture la plus dorée qu'il trouvera sur son chemin, la sienne à lui d'Éon ne
portant que 800 livres sterling. Peu de jours après, le chevalier apprit que ces deux seigneurs étaient le seigneur inconnu Caron de Beaumarchais et le seigneur très illustre et très connu Louis-François de Brancas, comte de Lauraguais[12]. Ils avaient conclu avec Charles Théveneau de Morande un traité, à peine discuté et fort généreux, qui assurait à cet aventurier une rente annuelle de 4.000 livres sur sa propre tête et de 2.000 livres sur celle de sa femme, après sa mort. Morande bénéficiait en outre d'une somme de 32.000 livres, qui lui fut remise de la main à la main en échange des manuscrits. D'Éon en additionnant les articles de ce marché et en y ajoutant les frais et émoluments des ambassadeurs extraordinaires assure que ce libelle coûta à la Cour la respectable somme de 154.000 livres[13]. Aussi s'indigna-t-il véhémentement d'une aussi déplorable prodigalité. Il était d'ailleurs d'autant plus porté à la critique que lui-même s'était vu exclure d'une négociation qu'il avait presque menée à son terme avec plus d'adresse et plus de mesure et dont il avait escompté le succès pour rentrer en faveur auprès du roi. Beaumarchais, qui devait un peu plus tard retrouver son contradicteur en un piquant tête-à-tête, se hâta de revenir à Paris pour y tirer parti de son avantage, tandis que d'Éon se consolait de son mécompte en publiant un ouvrage qui était le fruit de ses longues années d'inaction et qu'il intitula philosophiquement : Les Loisirs du chevalier d'Éon. C'étaient de studieux et patients loisirs. Dans sa retraite ombragée de Petty-France, dont le jardin avoisinait le parc, il se livrait aux plus graves méditations, à en juger par les matières traitées dans ces treize volumes in-octavo. Guerre, administration, politique générale, questions extérieures y sont tour à tour compendieusement étudiées ; les finances mêmes ne sont pas négligées et suggèrent à l'auteur des remarques si judicieuses, des projets de réforme si avisés que le roi de Prusse prit soin, paraît-il, de les signaler à ses bureaux ; c'est du moins ce que rapportait une feuille de Londres[14]. Fort goûté à Berlin, l'ouvrage dut surtout son succès à Londres à la hardiesse de sa dédicace, ce qui, en revanche, lui ferma les librairies de Paris et en particulier l'éventaire du sieur Antoine Boudet, rue Saint-Jacques. Les suppliques les plus éloquentes, les apostilles les plus autorisées ne purent désarmer M. de Sartine contre un livre publié sous les auspices du duc de Choiseul, dont l'éclatante disgrâce venait de faire tant de bruit et de soulever tant d'indignation. D'Éon s'était placé de lui-même sous ce patronage et l'avait fait en ces termes : En vous dédiant ce travail, Monsieur le duc, ce n'était pas un protecteur que je désirais, ma liberté et mon innocence me protègent assez : c'était un grand homme que je cherchais ; je l'ai trouvé dans la retraite de Chanteloup[15]. Si l'histoire n'a point discerné en Choiseul le grand homme que d'Éon s'était plu à voir, il faut reconnaître combien fut ingrate et malaisée la tâche d'un ministre dont la politique à l'extérieur fut presque constamment faussée par l'action secrète du souverain et dont l'initiative, souvent heureuse à l'intérieur, fut à peu près paralysée par les caprices hostiles de la favorite. Victime du ressentiment de Mme du Barry, que son esprit acerbe n'avait point épargnée, Choiseul supporta avec calme et fierté un exil où la Cour et les princes eux-mêmes vinrent le visiter. Cette belle attitude séduisit d'Éon, et d'autant mieux que sa vanité se plut à considérer dans cet exil un sort assez voisin du sien et à voir dans le ministre tombé une autre victime des mêmes intrigues et des mêmes favoris. C'est un pareil orgueil, ou pour mieux dire une telle fanfaronnade, qui l'avait déjà poussé à envoyer au duc, au moment de sa disgrâce, une lettre évidemment composée pour se mettre lui-même en noble posture : Monsieur le Duc, Vous m'avez longtemps honoré de votre bienveillance et de votre protection manifeste. Celle-ci ne s'est retirée de moi que par condescendance pour M. le duc de Praslin, mon ennemi et votre parent, votre collègue. Je me suis toujours réjoui de votre bienveillance et ne me suis jamais plaint de votre abandon. À l'heure où les courtisans de votre fortune vont vous renier, Monsieur le Duc, et s'éloigner de votre disgrâce, je m'en rapproche et viens mettre à vos pieds l'hommage de mon dévouement et de ma reconnaissance, qui ne finiront qu'avec ma vie Daignez les accepter et me croire votre très humble et très dévoué serviteur. Le Chevalier D'ÉON[16]. Louis XV, qui avait une fois de plus sacrifié son ministre à sa favorite, ne songeait même plus à se dédommager comme jadis en intrigues cachées de ces honteuses abdications. Le secret, auquel il n'avait cessé de travailler chaque jour pendant quinze ans, ne l'intéressait plus. La correspondance publiée par Boutaric en fait foi, et c'est à peine si pour les années 1773 et 1774 elle contient encore quelques billets du roi. Cette indifférence du souverain mettait sans cesse le secret, jadis si jalousement gardé, en péril d'être découvert. D'ailleurs les ministres n'avaient pas tardé à en soupçonner l'existence. Le duc d'Aiguillon, qui avait deviné le rôle du comte de Broglie, guettait l'occasion de surprendre l'intrigue et en même temps de se venger d'un rival occulte dont l'arrogance l'avait exaspéré. L'équipée, demeurée assez mystérieuse, de deux agents du secret, Favier et Dumouriez, qui semblent avoir voulu nouer alors une négociation avec la Prusse, au détriment de l'Autriche, lui fournit le moyen longtemps cherché de mettre le comte de Broglie en mauvaise posture. Il fit répandre à Versailles le bruit que tout un complot venait d'être découvert et donna l'ordre de mettre à la Bastille Favier, dont on s'était assuré à Paris, et Dumouriez, qui venait d'être arrêté à la Haye, sur le chemin de l'Allemagne. N'ayant rien pu découvrir d'assez compromettant chez ces deux agents subalternes, le duc d'Aiguillon s'enhardit jusqu'à insinuer au roi de faire saisir les papiers du comte de Broglie. Louis XV répondit avec une indifférence affectée qu'il n'en voyait pas l'opportunité ; qu'à la vérité le comte lui soumettait de temps à autre des mémoires sur les affaires extérieures, mais que c'étaient là des travaux historiques, sans aucune tendance politique. D'Aiguillon dut se contenter de la réponse et sut faire bonne figure à mauvais jeu. Favier et Dumouriez comparurent seuls devant trois commissaires enquêteurs au nombre desquels le roi, pour plus de sûreté, avait fait mettre M. de Sartine, dûment averti comme précédemment ; ils s'en tirèrent l'un et l'autre avec quelques mois d'emprisonnement qu'ils subirent, Favier à la citadelle de Doullens et Dumouriez au château de Caen. Quant au comte de Broglie que le roi plutôt par égoïsme que par justice avait soustrait aux commissaires, il n'évita la prison que pour l'exil. Son caractère hautain n'avait pu supporter en effet la méfiance où les courtisans le tenaient depuis la découverte de cette intrigue. Devinant que le duc d'Aiguillon se faisait l'artisan de sa disgrâce, il lui avait écrit une lettre si impertinente que, communiquée au roi, elle valut à son auteur d'être aussitôt exilé à Ruffec. Louis XV n'avait pas été fâché de trouver ce prétexte pour éloigner de lui un serviteur dévoué, mais dont le zèle parfois indiscret l'importunait de plus en phis. Aussi se montra-t-il insensible aux lettres de soumission et d'excuses que le comte lui envoya de Ruffec, aux supplications de la comtesse, aux démarches mêmes du maréchal. Toutefois il ne voulut ou peut-être n'osa point retirer entièrement sa confiance au ministre du secret, qui, exilé et disgracié officiellement, continua à correspondre secrètement du fond de sa province avec les agents personnels du roi. La tâche du comte de Broglie ne devait plus être de longue durée. Elle avait perdu d'ailleurs tout intérêt et toute utilité et n'était mystère pour personne. Les agents de l'Autriche avaient mis au courant du secret le cabinet de Vienne, qui en informait régulièrement les autres Cours d'Allemagne ; en France même les ministres étaient désormais au fait de l'intrigue et la Cour en avait eu vent par les confidences du cardinal de Rohan, à qui un espion qu'il avait dans le cabinet noir l'avait révélée. Lorsque Louis XV mourut, son secret était connu de tous et la politique pour laquelle il avait stérilement dépensé tant d'ingéniosité, gâché tant de dévouement, finissait en un scandale dont sa mort seule put étouffer l'éclat. La France ne perdait plus un souverain en ce vieillard usé, devenu le jouet d'une femme indigne, et les agents du secret eux-mêmes n'avaient pas à regretter un protecteur dans le monarque ingrat qui n'avait jamais fait appel à leur dévouement que pour les sacrifier ensuite à son repos. Aussi ne furent-ils pas éloignés de partager l'allégresse générale. En matière d'oraison funèbre, d'Éon écrivait au comte de Broglie, quelques mois à peine après la mort du roi : Je me contenterai de vous dire qu'il est temps, après la cruelle perte que nous avons faite de notre avocat général à Versailles, qui au milieu de sa propre Cour avait moins de pouvoir qu'un avocat du roi au Châtelet, qui, par une faiblesse incroyable, a laissé ses serviteurs infidèles triompher sur ses fidèles serviteurs secrets et a toujours fait plus de bien à ses ennemis déclarés qu'à ses véritables amis ; il est temps, dis-je, que vous instruisiez le nouveau roi qui aime la vérité et qu'on m'a dit avoir autant de fermeté d'esprit que son illustre aïeul en avait peu, il est temps et pour vous et pour moi que vous instruisiez ce jeune monarque que depuis plus (le vingt ans vous étiez le ministre secret de Louis XV et moi le sous-ministre sous ses ordres et les vôtres. D'Éon, qui appréciait sans modestie ses services et les attributions qui lui avaient été confiées, énumérait ensuite ses griefs et ses réclamations, se comparait à La Chalotais et espérait une même réhabilitation ; il terminait ainsi : Quant à vous, Monsieur le comte, vous saurez mieux peindre que moi par quelle jalousie, quelle perfidie, quelle bassesse et quelle noire vengeance du duc d'Aiguillon vous vous trouvez encore en exil à Ruffec, sans avoir cessé d'être l'ami et le ministre secret du feu roi jusqu'à sa mort. Jamais la postérité ne pourrait croire de tels faits si vous et moi n'avions pas tontes les pièces nécessaires pour les constater et de plus incroyables encore ; si ce bon roi n'eût pas chassé les jésuites de son royaume et qu'il eût eu quelque Malagrida pour confesseur, cela ne surprendrait personne ; mais, grâce à Dieu, a j'espère que le nouveau roi nous tirera bientôt du cruel embarras où vous et moi sommes encore plongés. J'espère qu'il n'aura pas pour confesseur, ni pour ami, ni pour ministre aucun jésuite, soit en habit de prêtre, soit en habit de chancelier, soit en habit de duc et pair, soit en habit de courtisan, soit en habit de courtisane[17]. Le ministre secret de Louis XV n'avait pas attendu cette lettre pour essayer de rentrer en grâce auprès du nouveau roi. Il avait dû présenter sa justification par écrit, se trouvant toujours en exil à Ruffec et sentant peser sur lui des soupçons que l'obstination de Louis XV à tenir éloigné un collaborateur aussi compromettant avait fait naître. Il était desservi par tous ceux qui l'avaient jadis jalousé, et l'influence qu'exerçait sur son époux la reine Marie-Antoinette, la part qu'elle entendait prendre à la direction des affaires publiques n'amélioraient pas la cause de celui qui avait secrètement battu en brèche l'alliance autrichienne. Aussi dès le 13 mai 1774 avait-il fait parvenir à Louis
XVI une note où il l'instruisait des diverses négociations du secret, ainsi que
des endroits où le feu roi aurait pu cacher ses papiers et sa correspondance,
mais où perçait surtout son désir de se disculper et d'expliquer son rôle
personnel[18].
Quinze jours plus tard, il écrivait de nouveau au roi, et cette fois c'était
surtout la conduite de d'Éon qu'il s'efforçait d'expliquer et aussi de
justifier. En donnant ainsi au chevalier son témoignage, le comte de Broglie
servait sa propre cause et les termes mêmes qu'il emploie montrent qu'il
avait conscience de cette fatale solidarité : J'imagine,
écrivait-il, qu'il est possible que Votre Majesté en
ait mal entendu parler et qu'ainsi elle pourrait être étonnée de le trouver
compris dans le nombre des personnes honorées de la confiance du roi[19]. Il
reconnaissait que d'Éon avait été poussé par son extrême vivacité jusqu'à des
éclats peu décents, mais ne cachait pas que
le chevalier avait été provoqué le premier par la maladresse du comte de
Guerchy. Il concluait : Cet être singulier — puisque
le sieur d'Éon est une femme — est plus que bien d'autres encore un composé
de bonnes qualités et de défauts et il pousse l'un et l'autre à l'extrême[20]. Aussi le comte
de Broglie faisait-il valoir au roi qu'il serait opportun de continuer à Mlle
d'Éon le service de la pension accordée au chevalier par Louis XV. Pour
lui-même il demandait davantage et laissait entendre qu'il ne livrerait pas
les papiers secrets avant d'avoir pu se justifier pleinement devant une
commission spéciale. Louis XVI, qui avait un instant songé à continuer la
politique secrète de son prédécesseur, y renonça bientôt sous l'influence de
Marie-Antoinette, poussée elle-même par sa mère[21] ; il n'eut plus
alors de plus pressant souci que celui de liquider le bureau secret, et pour
en finir avec les réclamations du comte de Broglie il envoya celui-ci se
justifier devant trois commissaires, Du Muy, Vergennes et Sartine, qui
rendirent hommage sans réserve aux qualités de discrétion, de prévoyance et
de dextérité dont le ministre secret de Louis XV avait fait preuve au cours
des négociations les plus épineuses. Cet éclatant témoignage put satisfaire
la conscience du comte de Broglie, mais ne lui rendit pas la faveur de son
souverain. Louis XVI se refusa obstinément à accorder la pairie ou même la
moindre récompense au serviteur fidèle et malheureux de son aïeul. Il se
borna à fixer les pensions des agents subalternes que l'abandon de la
politique secrète privait désormais de tout emploi. Parmi ceux-ci d'Éon seul ne figurait pas encore. Les ministres, en effet, trouvant excessif le chiffre de la pension que Louis XV lui avait accordée, hésitaient à lui en assurer le payement au même taux. Le motif de cette libéralité subsistait toujours cependant, puisque d'Éon possédait encore de nombreux papiers politiques. Le comte de Vergennes avait pu s'en convaincre et il écrivait au roi le 22 août : M. de Muy et moi avons déjà vu toute la correspondance que M. le comte de Broglie a entretenue avec le sieur d'Éon depuis qu'il s'est fermé le retour dans sa patrie ; nous travaillons au rapport que nous devons avoir l'honneur de mettre sous les yeux de Votre Majesté et nous aurons celui de lui exposer les moyens de rappeler un homme qu'il ne serait pas sans inconvénient de laisser en Angleterre[22]. Ces moyens furent en réalité suggérés par le comte de Broglie, qui se fit l'avocat de d'Éon et se chargea de l'amener à composition. Ce fut lui qui obtint du roi que l'on continuât à servir intégralement au chevalier la pension accordée par Louis XV en 1766 et qu'on l'autorisât à rentrer en France. En échange, on devait demander à d'Éon de restituer les papiers secrets et de s'engager à ne plus harceler de ses provocations et poursuivre de ses écrits une famille qu'il avait déjà si injustement molestée. Telles furent les propositions que le comte de Vergennes adressa à d'Éon dans une lettre approuvée de la main du roi. Il fut décidé que le marquis de Prunevaux, capitaine au régiment de Bourgogne-Cavalerie, se rendrait tout exprès à Londres pour diriger cette négociation. ll devait remettre au chevalier un sauf-conduit en même temps qu'un billet où le comte de Broglie l'exhortait à se soumettre de bonne grâce et avec reconnaissance aux volontés du roi. En mon particulier, écrivait en terminant l'ex-ministre secret[23], je suis charmé d'avoir pu contribuer à vous procurer une retraite aisée et honorable dans votre patrie. Ce que le comte de Broglie regardait comme une retraite honorable ne parut à d'Éon qu'une récompense misérable qui ne le dédommageait en rien des pertes pécuniaires et des disgrâces qu'il avait encourues pour obéir au roi. Il n'avait cessé depuis la mort de Louis XV de se déclarer prêt à se soumettre à tout ce qui pourrait être agréable au nouveau roi, mais cette feinte humilité n'était que l'effet de la crainte ; il redoutait d'être oublié à Londres et s'efforçait par l'appât qu'offraient les papiers secrets d'engager Louis XVI dans une négociation qu'il se promettait bien de faire tourner à son avantage. Dès l'arrivée du négociateur, il abandonna promptement tous les beaux sentiments dont il avait fait montre pour discuter avec âpreté les conditions du marché. Il ne se doutait pas qu'une dernière occasion lui était ainsi offerte de se tirer définitivement de la triste condition où son orgueil insensé l'avait plongé. Un événement inattendu venait encore de réveiller en lui l'espérance de la réhabilitation Treyssac de Vergy, qui avait été mêlé à sa querelle avec M. de Guerchy, venait de mourir et, dans un testa ruent auquel d'Éon avait immédiatement donné la publicité des journaux, certifiait de nouveau la vérité de tous les complots, de tous les mauvais desseins de l'ambassadeur, dont il avouait avoir été lui-même l'agent inconscient. A Londres on avait cru à l'aveu in extremis de l'aventurier ; le chevalier Fielding proclamait l'innocence de d'Éon claire comme le soleil et M. Charles, précepteur des enfants d'Angleterre, envoyait au chevalier les félicitations du ministre, lord Bute : L'ancien ami de M. le chevalier (lord Bute), disait-il[24], à qui Charles a fait voir le papier ci-joint (la copie du testament), se félicite du bon train que paraissent prendre les choses. Adieu, respectable ami. D'Éon croyait en effet les choses en si bon train qu'il poussa les hauts cris lorsque M. de Prunevaux lui fit part de la décision et des offres du comte de Vergennes. Il s'emporta, trouvant inacceptables ces propositions qui ne tenaient aucun compte des réparations honorifiques et de l'argent dû par la Cour à l'ancien ministre plénipotentiaire. Il se montra si intraitable que M. de Prunevaux avertit de suite le ministre des dispositions du chevalier, bien différentes de celles qu'on lui supposait. M. de Vergennes, s'apercevant alors que les moments de repentir du sieur d'Éon étaient courts, chargea le comte de Broglie de tenter un dernier effort auprès de son ancien agent, qui reçut une nouvelle lettre pleine de judicieux conseils et de sages avertissements : À mon arrivée de Ruffec, écrivait le comte[25], j'apprends avec le plus grand étonnement que vous n'avez pas accepté les propositions qui vous ont été faites par M. le comte de Vergennes... Je vous avoue que je ne peux concevoir sur quel fondement vous appuyez une pareille résistance. Je désire donc que vous écoutiez la voix de la raison, du devoir et même de votre propre intérêt, et que vous répariez par une prompte obéissance des torts qu'une plus longue résistance I aggraverait d'une manière irréparable. D'Éon ne voulut rien entendre ; il allégua qu'un ministre
plénipotentiaire de France, chevalier de Saint-Louis, ne pouvait lever le pied comme tant de Français méprisables qui avaient
dupé de généreux Anglais. — Il avait promis,
ajoutait-il, de ne jamais quitter cette île avant
d'avoir préalablement il rempli ses engagements. M. de Prunevaux crut sa mission terminée et revint à Paris,
n'apportant qu'une lettre à la fois humble et menaçante où d'Éon se permettait de poser lui-même au roi et au
ministre les conditions de son propre retour. Il désirait d'abord qu'on le
réintégrât, ne fût-ce que pour un moment, dans ses emplois et titres
politiques, et qu'on lui payât toutes les indemnités dont une pièce annexe
donnait le détail. C'était, comme l'a justement remarqué M. de Loménie, le
plus impertinent compte d'apothicaire que
l'on pût imaginer. D'Éon y réclamait non seulement ses appointements de
capitaine pendant une période de quinze années, plus le remboursement de
folles dépenses qu'il avait faites pendant son fastueux intérim, mais encore
le remboursement des frais immenses que lui avait
occasionnés son séjour à Londres pendant douze ans, tant pour la nourriture
et pour l'entretien de feu son cousin de Mouloize et de lui-même, que pour
les dépenses extraordinaires que les circonstances avaient exigées. Il
lui était dû de ce chef la modique somme de 100.000 livres ! Mais, où ces
réclamations prenaient un tour bouffon, c'était lorsque d'Éon revendiquait
une somme de 6.000 livres pour avoir manqué de recevoir du prince Poniatowski
le cadeau d'un diamant de la même valeur : Plus, continuait notre chevalier, le comte de Guerchy a détourné le roi d'Angleterre de faire à M. d'Éon le présent de mille pièces qu'il accorde aux ministres plénipotentiaires qui résident à sa cour, cy... 24.000 livres. Plus pour nombre de papiers de famille perdus par Hugonnet lors de son arrestation, cy... 27.000 livres. Plus, n'ayant pas été en état depuis 1763 jusqu'en 1773 d'entretenir ses vigiles en Bourgogne, cy. 15.000 livres. En ajoutant à ces avances quelques autres non moins imaginaires qu'il serait trop long de relater, le total du compte évoluait entre deux cent et deux cent cinquante mille livres. |
[1] Il avait pour titre : Mémoires secrets d'une fille publique.
[2] BACHAUMONT, Mémoires secrets, t. V.
[3] BACHAUMONT, Mémoires secrets, à la date du 15 août 1771, t. V, p. 296.
[4] Mémoires confus sur des matières fort claires, in-8°, sans date ; Le Philosophe cynique, pour servir de suite aux anecdotes scandaleuses, in-8° ; La Gazette noire, par un homme qui n'est pas blanc, etc.
[5] Th. de Morande au chevalier d'Éon, 9 mars 1774. (Papiers inédits de d'Éon.)
[6] Le chevalier d'Éon au comte de Broglie, 13 et 18 juillet 1773. — Archives des Affaires étrangères, cité par GAILLARDET, p. 219.
[7] Correspondance de Morande et du chevalier d'Éon. (Papiers inédits de d'Éon.)
[8] Papiers inédits de d'Éon.
[9] Le comte de Broglie à Louis XV, 29 juillet 1773. BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, p. 358.
[10] Louis XV au comte de Broglie, 29 juillet 1773. BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, p. 360.
[11] Papiers inédits de d'Éon.
[12] Mémoire du chevalier d'Éon à Vergennes (archives des Affaires étrangères).
[13] Papiers inédits de d'Éon.
[14] Evening Post, 21-23 juillet 1774.
[15] D'Éon au duc de Choiseul, août 1774. (Papiers inédits de d'Éon.)
[16] Papiers inédits de d'Éon.
[17] D'Éon au comte de Broglie, 10 février 1775, papiers de comte de Broglie. — Cité par le duc DE BROGLIE, le Secret du roi, t. II, p. 472.
[18] BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, p. 387.
[19] BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, p. 392.
[20] BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, p. 392.
[21] Voir à ce sujet dans le livre du duc de Broglie comment Marie-Thérèse eut connaissance des lettres de justification adressées au roi par le comte de Broglie et s'employa à empêcher Louis XVI de suivre la politique de son aïeul. Le Secret du roi, t. II, pp. 437, 438 et suivantes.
[22] Le comte de Vergennes à Louis XVI, 22 août 1774. BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, p. 437.
[23] Le comte de Broglie à d'Éon, 10 septembre 1774. BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, p. 437.
[24] Papiers inédits de d'Éon.
[25] Le comte de Broglie à d'Éon, 14 janvier 1775. BOUTARIC, Correspondance secrète, t. II, page 442.