LE CHEVALIER D'ÉON

 

CHAPITRE QUATRIÈME.

 

 

Arrivée à Londres du comte de Guerchy. — Le chevalier d'Éon est disgracié et se venge. — Il accuse l'ambassadeur d'avoir voulu l'assassiner ; l'affaire Vergy. — Mission de Carrelet de la Rozière. — Le duc de Choiseul cherche à faire revenir d'Éon et le roi à obtenir la restitution de ses papiers. — L'extradition de d'Éon est refusée par le cabinet anglais. — Lettre de d'Éon à sa mère.

 

Dans sa lettre au duc de Praslin, d'Éon rappelait le point d'où il était parti, et n'y trouvait que des raisons de s'enorgueillir de son succès.

C'était bien se juger soi-même, quoique sans grande modestie ; mais c'était en même temps fort mal connaître son époque. Ayant obtenu fort jeune encore un grade et des distinctions qui auraient dû paraître à un homme de sa naissance le couronnement inespéré de toute une carrière, il ne sut ni se trouver satisfait, ni même s'armer de patience. Il ne put surtout se résigner à rétrograder. Après avoir été, dans une grande négociation, le secrétaire d'un ambassadeur éclairé et magnifique, dont il s'était ingénié ensuite, comme ministre plénipotentiaire, à conserver la tradition et les allures, il se retrouvait obligé de secrétariser de nouveau, sous les ordres d'un chef novice dans la diplomatie, court de vues et de moyens, et décidé à retirer de son ambassade les avantages d'une riche prébende.

Sans argent, exaspéré par les récriminations que lui avaient values les dépenses de son intérim, d'Éon attendait rageusement son ambassadeur.

Le comte de Guerchy arriva le 17 octobre. Il me reçut avec une politesse cafarde, raconte d'Éon, et me demanda d'un ton patelin si je me repentais de lui avoir écrit la lettre du 25 septembre. Je lui répondis tranquillement : Non, monsieur ; ma lettre n'était qu'une réplique un peu vive peut-être, mais juste, à votre attaque du 4 du même mois, et si vous m'écriviez encore pareille épître, je serais forcé de vous faire pareille réponse. — Allons, allons, je vois que vous êtes un peu mauvaise tête, mon cher monsieur d'Éon. Et il tira de sa poche mon ordre de rappel à griffe, patte ou grillage, qu'il me mit entre les mains d'un air contrit, en m'exprimant ses regrets et en m'assurant encore de son amitié et de son dévouement. Je ne lui répondis que par un regard... Et le saluant froidement je me retirai emportant avec moi ce document officiel de ma disgrâce[1].

Si d'Éon parvint aussi bien qu'il le rapporte à masquer son dépit et à conserver un sang-froid dont il était peu coutumier, la lecture de la lettre du duc de Praslin dut lui suggérer de cruelles réflexions : Non seulement il se trouvait rappelé sans délai à Paris, mais l'accès de la Cour lui était interdit. C'était la disgrâce dans toute sa rigueur, l'exil, l'arrêt pour longtemps, sinon la fin de sa carrière. Trop irrité pour se laisser abattre, et espérant encore que Louis XV interviendrait en faveur de son agent secret, il résolut d'attendre les événements et d'ajourner, autant qu'il le pourrait, son départ[2]. Son imagination, qui n'était jamais à court d'expédients, lui fournit tout un plan de résistance dans la lutte scandaleuse qu'il ne craignit pas d'entreprendre contre les ordres de son ambassadeur, du ministre et du roi. Dès le lendemain, et tout en remettant à M. de Guerchy les papiers de l'ambassade, d'Éon lui annonça qu'il n'était nullement pressé d'obtenir ses audiences de congé. Ayant été accrédité par des lettres portant la signature autographe du roi, il ne pouvait, prétendait-il, être révoqué que par un acte dans les mêmes formes. Considérant donc comme non avenues les lettres de rappel qu'il avait reçues et qui n'étaient signées que de la griffe, il se disait résolu à attendre des ordres ultérieurs de sa Cour[3].

M. de Guerchy lui représenta en termes violents tout ce que sa conduite avait d'insolite et à quelles conséquences elle l'exposait, puis s'échauffant peu à peu il lui dit, si l'on en croit d'Éon, qu'il saurait bien avoir raison de son obstination et que d'ailleurs sa perte était résolue.

Au surplus, pour mettre fin à une situation équivoque et priver d'Éon de tout, moyen de résistance, Guerchy alla jusqu'à demander à la Cour de Londres d'avancer les audiences de congé de son encombrant collaborateur. D'Éon laissa faire la démarche, mais se trouva fort opportunément empêché de se rendre au palais le jour fixé[4]. Toutes ces tracasseries exaspérèrent d'Éon et achevèrent de lui faire perdre la tête. Il suffit du reste d'un incident pour rendre publique la dispute et donner à cette intrigue de chancellerie un retentissement inouï.

Un Français, le sieur Treyssac de Vergy, était arrivé dans le courant du mois de septembre. Avocat au parlement de Bordeaux, il se disait homme de lettres, faisait parade de ses belles relations et se vantait même d'être venu en Angleterre avec la promesse d'y figurer comme ministre plénipotentiaire en remplacement du chevalier d'Éon. S'étant présenté à l'ambassade, il y avait été assez sèchement éconduit par d'Éon lui-même, qui lui avait laissé entendre qu'il ne serait plus reçu sans apporter avec lui les lettres d'introduction annoncées. Le sieur de Vergy avait protesté, affirmant qu'il se trouvait de longue date en relations suivies avec le comte de Guerchy ; néanmoins il avait promis de fournir les références qu'on exigeait de lui. D'Éon !l'avait plus, revu ce singulier visiteur, mais il avait reçu de Paris sur sou compte les plus mauvais renseignements : on le représentait comme un véritable aventurier, perdu de dettes et de réputation, qui faisait des dupes sous un nom d'emprunt. Aussi, au cours d'une réception donnée par M. de Guerchy à l'occasion de son arrivée, d'Éon fut-il bien étonné de la présence de Vergy, que l'ambassadeur ne connaissait pas ou feignait de ne pas connaître. Il lui témoigna sa surprise de le trouver à l'ambassade sans qu'il y eût été prié, et sur un échange de paroles assez vives l'insulta, le défia à pied ou à cheval, et ne se calma que sur l'intervention de M. de Guerchy.

Le lendemain, d'Éon se trouvait à dîner chez lord Halifax, en compagnie de lord Sandwich et du comte de Guerchy. Il était trop surexcité par les événements de la veille pour pouvoir garder son sang-froid, même devant les ministres anglais, et la présence de l'ambassadeur ne fit que l'exaspérer davantage. Il trouva l'occasion bonne pour déclarer qu'il ne quitterait pas l'Angleterre avant d'être rappelé régulièrement, et que d'ailleurs il ne pourrait, dans tous les cas, songer à partir sans avoir terminé une affaire d'honneur. Il s'agissait de la querelle de la veille, qu'il raconta complaisamment à ses hôtes, leur annonçant qu'il attendait pour le lendemain la visite de Vergy, qu'il accepterait le cartel et tuerait son adversaire. Aux ministres anglais, qui lui objectaient le scandale et les devoirs de sa situation officielle, il répondit que s'il était ministre plénipotentiaire, il était surtout dragon. — Bien, lui rétorqua lord Halifax ; mais fussiez-vous même le duc de Bedford, je me verrais obligé de vous faire escorter par des gardes. — Je n'ai point l'honneur d'être le duc de Bedford ; je suis M. d'Éon et n'ai besoin d'aucune escorte.

Il était dans un tel état d'exaltation que Guerchy s'unit à lord Halifax, et tout fut mis en œuvre pour le calmer. D'Éon n'écouta ni prières ni menaces et, prétextant un engagement au cercle, tenta de s'esquiver. Sur l'ordre du ministre, on lui barra le passage[5] et d'Éon, au comble de la fureur, s'écria qu'il était inconcevable qu'un ministre plénipotentiaire fût, devant son ambassadeur, retenu prisonnier dans l'hôtel du secrétaire d'État. La scène devenait tragicomique. Lord Halifax et Guerchy sentirent qu'il importait d'y mettre fin, sous peine de soulever un scandale beaucoup plus retentissant que celui qu'ils avaient voulu prévenir. Ils se remirent à raisonner d'Éon, qui se calma peu à peu et finit par consentir à signer un papier aux termes duquel il donnait sa parole d'honneur aux comtes de Sandwich et Halifax de ne point se battre avec M. de Vergy et de ne point lui faire aucune insulte, sans avoir préalablement communiqué ses intentions aux susdits comtes.

D'Éon prit lui-même une copie de son engagement et la fit signer par lord Halifax, lord Sandwich et le comte de Guerchy.

Cet étrange scandale, occasionné par la maladresse de l'ambassadeur au moins autant que par l'exaltation fort peu diplomatique de son bouillant ministre plénipotentiaire, eut son épilogue le lendemain. D'Éon en a fait lui-même un récit trop pittoresque pour n'être point cité :

La chose s'est passée sans coup férir ; ma circonstance était bien plus critique que la sienne ; j'avais promis de ne point agir contre lui et je ne pouvais prévoir que le brave Vergy était homme à se laisser intimider de mes moindres démarches ; en effet je fermai la porte de ma chambre pour le retenir jusqu'à ce que les gens de M l'ambassadeur que j'avais envoyé chercher fussent arrivés, et aussitôt le sieur de Vergy s'écria en courant dans ma chambre : Ah ! monsieur, ne me touchez pas, ne me touchez pas !Comment, lui répondis-je en souriant, tu viens chez moi en habit de combat et tu crains que je te touche ! Quelques expressions dragonnes mêlées à ce discours l'engagèrent à vouloir prendre la fenêtre pour la porte ; j'aperçus sa pâleur et son mouvement et lui dis : Si tu sautes je te pousse ; mais prends garde : tu trouveras en bas un fossé et des piques. Cette observation, qui n'est point philosophique, suffit pour l'arrêter.

Je lui présentai alors un papier en lui disant : Mon ami, voici un billet qu'il faut signer par duplicata, après que tu en auras pris lecture. Il le parcourut avec tant de précipitation qu'en me le remettant, il me demanda trois semaines pour avoir des lettres de Paris. Mon ami, lui dis-je, si tu n'avais pas l'esprit un peu troublé tu verrais que je te donne un mois. Je le pris par le bras et le fis entrer dans ma chambre à coucher, où est placé mon bureau. Aussitôt qu'il y fut il s'écria : Ah ! monsieur, ne me tuez point. Je ne savais qu'augurer de cette exclamation, lorsque tout à coup je vis les yeux du sieur de Vergy fixés sur mon sabre turc et mes pistolets d'ordonnance que j'ai rapportés intacts de la guerre d'Allemagne. Je compris alors d'où venait l'excès de sa frayeur. Pour le tranquilliser, je pris aussitôt un des pistolets que je mis à terre, et posant le pied dessus de peur qu'il ne mordît le dit de Vergy, je lui dis : Tu vois bien que je ne veux point te faire de mal, ni même t'approcher ; signe de bonne grâce. Alors il se résigna galamment à signer le billet en duplicata, et il paraît nécessaire de dire qu'il le fit, le chapeau sous le bras et un genou en terre. Il ne jugea pas à propos d'en prendre copie, quoique je le lui aie proposé ; il était trop pressé de gagner la porte de ma salle[6].

Vergy courut directement chez le juge de paix ; il lui raconta dans les termes les plus dramatiques ce qui venait de se passer, et obtint contre d'Éon une lettre d'assignation[7]. D'Éon, qui jouissait encore de son immunité diplomatique, ne jugea pas convenable d'y répondre. Il était d'ailleurs bien trop occupé de ses démêlés avec son ambassadeur, qui s'aggravaient de jour en jour et finirent par changer en manie de la persécution cette sorte de folie des grandeurs qui s'était emparée de lui. Il accusa M. de Guerchy d'avoir tenté de le faire empoisonner. Il raconta que le 28 octobre, alors qu'il dînait pour la dernière fois à l'ambassade, l'écuyer Chazal aurait mêlé à un vin de Tonnerre, dont on le savait très friand, une dose d'opium telle qu'il faillit tomber en léthargie et fut pendant plusieurs jours obligé de garder la chambre. L'ambassadeur étant venu le lendemain avec deux de ses secrétaires s'informer de sa santé, d'Éon s'imagina que M. de Guerchy avait voulu se rendre compte des dispositions de son appartement et tenter de découvrir où pouvaient être cachés les papiers secrets ; à l'annonce de cette visite il s'était même empressé de monter chez son cousin d'Éon de Mouloize et d'appeler son secrétaire afin, dit-il, d'éviter un coup de main. Il ne cessait de raconter à ses amis toutes ces persécutions et assurait qu'il était sans cesse espionné. Son domestique, ayant dû faire remettre une nouvelle serrure à la porte de son logement, avait naturellement appelé le serrurier voisin, qui se trouva être celui de l'ambassade. D'Éon se crut alors à la merci du comte de Guerchy ; il vit sa personne en danger et ses papiers sur le point d'être saisis. Aussi, affolé, n'y tenant plus, il congédia son domestique et réunit ses fidèles compagnons en un conciliabule où l'on décida de déménager sur-le-champ. D'Éon, dont la manie d'écrire ne s'apaisa en aucune circonstance, nous a conservé une sorte de procès-verbal de cette séance, qui peint bien son état d'esprit :

Le conseil des trois, y est-il écrit, après avoir fait bien des réflexions sur le délogement, a résolu que demain matin les meubles et les effets seraient transportés sur une charrette, parce qu'en un ou deux voyages le tout sera délogé... Toutes ces batteries sont prêtes à démasquer en cas de besoin et la garnison est bien résolue, s'il était question de capitulation, de sortir de la place, tambour battant, mèche allumée et avec tous les honneurs de la guerreet operibus eorum cognoscetis eos[8].

D'Éon n'eut pas à faire usage des procédés de guerre dont il menaçait son ambassadeur. Il élut domicile chez Carrelet de la Rozière, son parent et son associé dans la mission secrète qui lui avait été confiée. Il y apporta armes et bagages ; puis, toujours en proie à la même obsession, transforma sa nouvelle habitation, située au cœur même de Londres, en une véritable forteresse, militairement occupée et commandée.

M. de Guerchy n'en était plus à s'étonner des allures de d'Éon, et cependant cet exode clandestin et subit le laissa tout interdit, et d'autant plus inquiet qu'il commençait à désespérer d'obtenir les comptes que d'Éon lui devait, mais différait toujours de lui rendre,. Il lui écrivait dès le 9 novembre en son style d'ambassadeur, dont le duc de Praslin n'avait pas eu tort de se méfier :

J'ai appris hier, monsieur, que vous étiez sorti de la maison que j'avais louée pour vous et pour le surplus de ceux qui ne pouvaient pas loger dans celle de milord Rolland que j'occupe. J'ignore quelle peut être la cause de cette détermination de votre part si précipitée, et sans m'en avoir informé. Ce jour que je fus savoir de vos nouvelles sur ce que j'avais appris que vous étiez malade, j'oubliai de vous parler du compte que vous êtes dans le cas de me rendre pour toutes les différentes sommes que vous avez touchées et prises sur mon compte ; il y a déjà quelque temps que vous me dites que vous le remettriez sous deux jours ; je vous prie instamment de me l'apporter ou de me le faire remettre incessamment[9].

 

D'Éon n'envoya pas les comptes qui lui étaient réclamés, mais il se rendit au lever du roi, et lorsque Sa Majesté se fut retirée, il s'approcha de l'ambassadeur : Je n'ai pas répondu, monsieur, lui dit-il, à la lettre que vous m'avez écrite ce matin, parce que je me suis levé tard. Si j'ai des comptes à rendre, je les rendrai à ma Cour lorsqu'elle me les demandera. Le ministre plénipotentiaire de France a vécu aux dépens du roi tout comme l'ambassadeur y vit. D'ailleurs je suis charmé que vous me fournissiez l'occasion de vous déclarer que je n'ai jamais été votre intendant, ni ne le serai jamais ; je ne suis ni fait, ni né pour cela. Et sans laisser à M. de Guerchy le temps de lui répondre, il lui fit une profonde révérence, et se hâta de regagner sa forteresse. Ayant réuni son conseil, il employa toute son éloquence à persuader à M. de la Rozière que, d'après la tournure que prenaient les événements, les documents secrets allaient se trouver en danger. Ils étaient assez volumineux pour être gênants et difficiles à cacher, en cas d'alerte subite. D'Éon fit si bien que M. de la Rozière s'offrit lui-même à en faire passer une partie en France. C'était une mission périlleuse que son rôle assez effacé et l'attitude réservée qu'il avait adoptée lui rendaient plus facile qu'à tout autre. D'Éon lui remit une grande partie des documents qu'il possédait ; mais il eut bien soin de conserver par devers lui les pièces les plus importantes, les plus compromettantes, celles qui pouvaient devenir pour lui une arme ou tout au moins une garantie dont il saurait tirer parti. Parmi ces pièces se trouvaient naturellement les minutes relatives à la mission qui le retenait en Angleterre pour y étudier le projet de débarquement militaire.

Chargé du mystérieux colis, M. de la Rozière partit quelques jours plus tard pour Paris, emportant, en outre, sous un pli à l'adresse de M. Tercier, des lettres qui devaient être remises au roi et à M. de Broglie. D'Éon y racontait tous les complots qu'il avait cru découvrir ; les tentatives d'empoisonnement, d'enlèvement, d'espionnage dont il avait été l'objet ; se vantant même d'avoir humilié et mystifié son ambassadeur et d'avoir combattu en dragon pour le roi, pour son secret et pour le comte de Broglie[10].

Ces lettres, d'une exagération si manifeste, produisirent à Paris un effet contraire à celui que d'Éon en attendait. Le roi sentit qu'aux mains d'un tel écervelé sa correspondance pouvait, d'un instant à l'autre, être saisie par son ambassadeur et revenir à ses ministres. Tout le plan de sa politique secrète, qu'il avait dissimulé si jalousement, pouvait ainsi se trouver découvert. Sans consulter le comte de Broglie ou même M. Tercier, Louis XV se hâta de prendre ses précautions.

Il envoya un courrier à son ambassadeur à Londres pour lui annoncer qu'il venait de contresigner une lettre de M. de Praslin requérant l'extradition de d'Éon ; Guerchy devait, dans le cas où il se saisirait de la personne du chevalier, conserver par devers lui tous les papiers qu'il pourrait trouver avec le sieur d'Éon, sans les communiquer à personne. Ces documents devaient être tenus secrets pour tout le monde sans aucune exception et demeurer soigneusement cachetés entre les mains de l'ambassadeur, qui à son prochain voyage les remettrait directement au roi. Le sieur Monin, secrétaire du comte de Guerchy et ami de M. d'Éon, avait reçu pour mission de savoir où ces papiers pouvaient être déposés[11].

Louis XV avait cru ainsi parer à tout événement ; il comptait, par cette demi-confidence, s'assurer la discrétion de Guerchy et empêcher l'ambassadeur de faire part de ses découvertes au duc de Praslin. Tercier et le comte de Broglie furent épouvantés de la mesure précipitée qu'avait prise le roi et que lui-même leur apprit le lendemain[12]. Ils savaient Guerchy assez maladroit pour tout révéler par inadvertance, si toutefois son attachement à la maison de Choiseul ne lui inspirait pas une indiscrétion qui livrerait au ministre le secret de la politique particulière du roi. Si de pareilles révélations devaient être mortifiantes pour le roi, elles étaient redoutables pour les agents secrets aux dépens desquels se traduirait sûrement le dépit des ministres. Aussi le comte de Broglie, très alarmé, exposa-t-il de suite au roi ses inquiétudes au sujet des ordres envoyés à Guerchy, et M. Tercier lui fit part de réflexions non moins pessimistes. Louis XV, tout à la satisfaction d'avoir échappé à une aussi chaude alerte, prit à tâche de rassurer ses conseillers : Si Guerchy, leur écrivait-il, manquait au secret, ce serait à moi qu'il manquerait, et il serait perdu ; s'il est honnête homme, il ne le fera pas ; si c'est un fripon, il faudrait le faire pendre. Je vois bien que vous et le comte de Broglie êtes inquiets. Rassurez-vous ; moi je suis plus froid[13].

Guerchy, il faut lui rendre cette justice, ne semble pas avoir trompé la confiance du Roi. Soit qu'il s'aperçût du danger qu'il courrait en risquant des confidences, soit qu'il préférât voir dans la lettre du roi une marque de confiance dont il voulût se montrer digne, il ne s'ouvrit de cette affaire qu'à Mme de Guerchy, qui garda scrupuleusement le secret. L'ambassadeur était du reste assez satisfait de trouver contre d'Éon des armes nouvelles, car il ne savait plus comment agir. N'ayant pu réussir par la menace,' il avait eu recours à la flatterie et avait suggéré au duc de Choiseul d'écrire à d'Éon une lettre de promesses. Le ministre s'y était prêté et avait usé des termes les plus affectueux :

Qui est-ce qui vous arrête donc là-bas, mon cher d'Éon ! abandonnez, je vous le conseille, la carrière politique et vos tracasseries ministérielles avec M. de Guerchy pour venir lue rejoindre ici, où je compte vous employer utilement dans le militaire ; je vous promets que vous n'éprouverez aucuns désagréments quand je vous emploierai. Comme l'arrangement militaire va être consommé bientôt, j'ai prié M. de Praslin de vous faire revenir ; rien désormais ne doit vous arrêter et vous me ferez grand plaisir de revenir me joindre sans perte de temps à Versailles ; je vous y attends, mon cher d'Éon, avec tout l'intérêt que vous nie connaissez pour vous et les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur[14].

 

En dépit des termes engageants de cette lettre, d'Éon ne fut point tenté d'abandonner la lutte stérile et sans issue qu'il avait entreprise contre son ambassadeur, pour retourner chercher sur de vrais champs de bataille des succès plus dignes de son brillant passé. Sans illusions sur l'accueil qu'il aurait trouvé en France, il se borna à décliner avec respect et reconnaissance les offres du duc de Choiseul.

Il était résolu à ne pas abandonner Londres, où la loi protégeait si efficacement le domicile de tout citoyen. Pareille sauvegarde était bien de nature à étonner un Français du dix-huitième siècle, et M. de Guerchy lui-même n'avait pu encore s'y accoutumer. Il était si peu fait aux coutumes anglaises qu'il ne sut pas épargner à son gouvernement un désagréable mécompte. A peine en possession des nouveaux ordres du roi, il se hâta de soumettre aux ministres anglais la demande d'extradition que lui avait transmise le duc de Praslin. Malgré tout le désir qu'ils avaient de tirer d'embarras le malheureux ambassadeur, les ministres anglais ne crurent pas devoir prendre, de leur propre autorité, une décision si contraire aux lois et à l'esprit de la nation ; ils portèrent l'affaire devant le conseil du roi. Guerchy fit de nouvelles démarches, plus pressantes encore, auprès des secrétaires d'État ; mais ce fut en vain, et le roi d'Angleterre exprima seulement à l'ambassadeur le regret qu'il éprouvait de ne pas accueillir la demande de son cousin, le roi de France, les lois de son royaume ne lui en laissant pas le pouvoir.

L'échec était d'autant plus mortifiant pour Guerchy qu'il avait entraîné son gouvernement dans cette fausse manœuvre, et il ne put trouver qu'une mince compensation dans le congé en forme que le chambellan du roi d'Angleterre fit remettre à d'Éon

Monsieur,

Le Roi votre maître a fait savoir au Roi mon maître que vous n'êtes plus son Ministre à la Cour de Londres et en même temps a exigé du Roi qu'il donnât des ordres pour que vous ne paraissiez plus à la Cour, et je suis très mortifié de vous dire que j'ai reçu ce matin des ordres du Roi mon maître de vous communiquer ses intentions là-dessus.

J'ai l'honneur d'êtres...

GOWER,

Chambellan du Roi d'Angleterre[15].

 

Ce billet poli, mais catégorique, marque la fin de la carrière régulière du chevalier d'Éon. Il consacre, au nom du roi d'Angleterre, la révocation que sa folie des grandeurs avait value au ministre plénipotentiaire du roi de France. Désavoué officiellement par le souverain qui l'avait envoyé et par celui qui l'avait reçu, d'Éon n'avait plus de situation. Tout autre que lui s'en fût trouvé abattu et aurait demandé grâce. Il se montra plus insolent et plus intraitable que jamais. Ne pouvant se croire abandonné de ses protecteurs et comptant, en dépit de tout, sur le secret appui du roi, d'Éon s'estimait encore de taille à tenir tête à Guerchy. C'est, en effet, celui-ci qui dut se déclarer vaincu et faire au roi lui-même le récit de sa défaite :

J'attendais toujours pour répondre à la lettre dont il a plu à Votre Majesté de m'honorer, datée de Fontainebleau 4 novembre, que j'eusse pn exécuter vos ordres ; mais quelques moyens différents que j'aie employés pour y parvenir, cela m'a été absolument impraticable. Votre Majesté aura vu par ma dépêche les obstacles qui s'opposent à ce que je me rende maître des papiers de d'Éon, qui refuse constamment de me les remettre malgré l'ordre qu'il en a reçu de M. de Praslin de la part de Votre Majesté.

C'est là un des points de sa folie, qui cependant n'existe pas sur les autres généralement. Elle aura été également informée que la Cour de Londres m'a refusé main-forte à ce sujet, en me répondant que c'était contre les lois du pays. Le roi d'Angleterre et ses ministres ont cependant la plus grande envie d'être débarrassés de ce personnage-là. Il n'a pas dépendu de moi non plus de m'en saisir par moi-même ainsi que de sa personne, par force ou par adresse, parce qu'il ne loge pas dans ma maison et qu'il n'y est pas venu depuis qu'il pousse les choses au point où il les à poussées jusqu'à ce moment...

Je suis bien peiné, Sire, de n'avoir pu en cette occasion donner à Votre Majesté, comme je l'aurais désiré, des preuves du zèle ardent que j'aurai toute ma vie[16]...

 

D'Éon avait échappé une fois de plus aux manœuvres de Guerchy. Il s'était moqué des démarches officielles de l'ambassadeur, comme de ses secrètes intrigues. Il avait amusé Monin, le secrétaire de M. de Guerchy, par de fausses confidences et lui avait laissé croire qu'il n'avait pas avec lui en Angleterre les documents importants qu'il possédait. Quant aux exempts que l'on avait envoyés de Paris pour l'enlever, il les avait tenus en respect, ne sortant qu'en nombreuse compagnie et restant la plupart du temps retranché dans son logement. Sa chambre, son salon, son cabinet et l'escalier étaient minés ; une lampe brûlait toute la nuit... La garnison était composée de plusieurs dragons de son ancien régiment qu'il avait fait venir et de quelques déserteurs recueillis à Londres qui occupaient le rez-de-chaussée[17]. Ces précautions, qui sembleraient inventées à plaisir si elles n'avaient été le fait d'un aventurier préoccupé avant tout de frapper l'opinion publique, étaient bien superflues. La loi du home rule protégeait mieux d'Éon que les quatre paires de pistolets, les deux fusils et les huit sabres de son arsenal, et lord Halifax, qu'il avait fait interroger sur le sort qui lui était réservé, avait répondu : Qu'il se tienne tranquille ; dites-lui que sa conduite est exécrable, mais que sa personne est inviolable[18].

Sûr dès lors de n'être plus inquiété, d'Éon se refusa obstinément à venir à composition, et M. de Guerchy, n'ayant plus aucun moyen de contraindre un homme qui mettait en poche les lettres de rappel de son ministre et refusait de rendre les papiers ministériels, se décida à dresser acte de ce refus. Il se rendit lui-même chez d'Éon vers la fin de décembre, et la rédaction de ce procès-verbal donna lieu à une scène où l'exaltation du pauvre chevalier ne connut plus de bornes. Arpentant la pièce, il gesticulait en protestant qu'il se ferait plutôt tuer que de rendre les documents du roi et qu'il faudrait les venir prendre au bout de son fusil[19]. D'Éon signa cet acte, qui devait donner à Versailles la preuve formelle de son extravagance. Louis XV d'ailleurs ne s'intéressait plus à d'Éon ; il redoutait ses incartades et regrettait amèrement le choix d'un tel agent. Il ne songea plus qu'à le tenir éloigné sans paraître l'abandonner entièrement, et si d'Éon obtint dans la suite de nouvelles grâces, il les dut bien plus à la crainte qu'il inspirait qu'à l'estime que ses anciens services lui avait méritée. Le roi écrivit en effet à Tercier le 30 décembre : M. d'Éon n'est pas fol, je le pense bien ; mais orgueilleux et fort extraordinaire. Je crois qu'il faut laisser écouler assez de temps, le soutenir de quelque argent et qu'il reste là où il est en sûreté et surtout qu'il ne se fasse pas de nouvelles affaires[20].

Épuisé par toutes ces persécutions auxquelles son orgueil l'avait exposé, blâmé hautement à Paris et à Versailles, d'Éon voyait ses amis eux-mêmes l'abandonner. La petite ville bourguignonne, d'où l'on n'avait cessé de le suivre à travers le monde et de lui prédire les plus brillantes destinées, lui envoyait maintenant l'écho de sa réprobation. Ses parents doutaient de son bon sens et sa vieille mère songeait à venir elle-même à Londres pour implorer sa soumission aux ordres du roi. Mais d'Éon, sans rien perdre de sa triomphante assurance, lui écrivait à la fin de cette dramatique année :

J'ai reçu, ma chère mère, toutes les lettres lamentables et pitoyables que vous avez pris la peine de m'écrire ; pourquoi pleurez-vous, femme de peu de foi ? comme il est dit dans l'Écriture. Qu'y a t-il de commun entre vos affaires tonnerroises et mes affaires politiques à Londres ? Plantez donc vos choux tranquillement, faites arracher les herbes de votre jardin, mangez les fruits de votre potager, buvez le lait de vos vaches et le vin de vos vignes et laissez-moi tranquille avec vos sots discours de Paris et de Versailles et vos pleurs qui me désolent sans me consoler. Mais je n'ai pas besoin de consolation, puisque je ne suis nullement triste et que mon cœur joue du violon et même de la basse de viole, ainsi que je vous l'ai déjà écrit, attendu que je fais mon devoir et que mes adversaires, qui se disent de grands seigneurs, des vicomtes de Marmion, ne font pas le leur ; qu'ils veulent tout faire, tout conduire par caprice, par intérêt particulier et nullement en vue de la justice générale et du plus grand bien pour le roi et la patrie. Qu'ils fassent donc comme ils voudront, je ferai comme je l'entendrai, et je l'entendrai bien. Je ne crains ni de loin ni de près les foudres de ces petits Jupiters : voilà tout ce que je puis vous dire ; restez tranquille comme je le suis, et si vous venez à Londres me voir, j'en serai charmé parce que je vous garderai avec les dépêches de la cour et les comptes du comte de Guerchy, vicomte de Marmion, qu'il n'aura qu'à bonne enseigne, étendards déployés, mèche allumée, balle en bouche et tambours battants. Il n'aura pas même les enveloppes des lettres, je vous le jure sur mes grands dieux, à moins qu'il ne m'apporte un ordre du roi, mon maître et le sien, en bonne forme, ce qu'il n'a pu faire jusqu'à présent.

... Je finis en vous disant que si vous voulez faire pour le mieux, vous resterez tranquille dans votre charmante solitude à la porte de Tonnerre et vous ne retournerez à Paris que d'autant que la Cour vous payera vos courses mieux qu'à moi, et songez que soit que les hommes ou les femmes vous louent ou vous blâment, vous n'en êtes ni meilleure ni plus mauvaise. La gloire des bons est dans leur conscience et non dans la bouche des hommes.

Embrassez pour moi tous les parents et amis et surtout la comtesse de Caudale et toute sa maison que j'aimerai plus que Tonnerre tout ensemble si l'esprit de cabale qui règne de tout temps dans cette petite ville se fait sentir à mon égard. Un beau jour, j'irai baptiser leur vin pétulant. Mais c'est en vain qu'on prêcherait cette morale à ses habitants. Ils ressembleront toujours aux pierres à fusil qui se trouvent dans leurs vignes, qui plus on les bat, plus elles font feu. Je vous embrasse bien tendrement ; attendez l'avenir, vous devez savoir que je ne suis pas embarrassé de mon existence ; laissez passer la petite tempête : le vent impétueux qu'il fait n'est qu'une pétarade, et si vous continuez à pleurer, je serai obligé de vous envoyer des mouchoirs de la Compagnie des Indes anglaises. Je me porte si bien que je compte enterrer tous mes ennemis morts ou vifs. Adieu[21].

 

 

 



[1] Cité par GAILLARDET, p. 129. — Voici le texte de la lettre du duc de Praslin :

Versailles, le 4 octobre 1763.

L'arrivée de l'ambassadeur du Roi, Monsieur, faisant cesser la commission que Sa Majesté vous avait donnée, avec la qualité de son ministre plénipotentiaire, je vous envoie votre lettre de rappel que vous remettrez à Sa Majesté Britannique selon l'usage, et le plus promptement qu'il vous sera possible. Vous trouverez ci-joint la copie de cette lettre. Vous partirez de Londres aussitôt après votre audience et vous vous rendrez tout de suite à Paris d'où vous me donnerez avis de votre arrivée, et où vous attendrez les ordres que je vous adresserai, sans venir à la Cour.

Je suis très sincèrement, Monsieur, etc.

(Lettres, mémoires et négociations..., p. 101.)

[2] Le roi abandonna en réalité d'Éon dès ce moment et ne songea qu'à rentrer en possession de ses papiers, ainsi que le prouvent deux billets adressés à Tercier, l'un du 11 octobre 1763 : D'Éon a écrit plusieurs lettres fort singulières ; c'est apparemment son caractère de ministre plénipotentiaire qui lui a tourné la tête. En conséquence, M. de Praslin m'a proposé de le faire venir ici pour juger ce qui en est. Prenez garde à tout ce qu'il a du secret, et s'il est fol, qu'il ne découvre quelque chose. — L'autre, du 12 octobre 1763 : Vous verrez par ma lettre d'hier que je savais le rappel du sieur d'Éon. A son arrivée à Paris vous le verrez et je vous autorise â prendre avec lui toutes les précautions pour que le secret soit gardé. (Archives nationales. — BOUTARIC, Correspondance secrète, t. I, p. 290.)

[3] D'Éon raconte dans ses Mémoires qu'il aurait reçu avant l'arrivée de M. de Guerchy une lettre autographe du roi ainsi conçue :

Vous m'avez servi aussi utilement sous les habits de femme que sous ceux que vous portez actuellement ; reprenez-les de suite et retirez-vous dans la Cité. Je vous préviens que le roi a signé aujourd'hui mais seulement de la griffe, et non de sa main, l'ordre de vous faire rentrer en France ; mais je vous ordonne de rester en Angleterre avec tous vos papiers, jusqu'à ce que je vous fasse parvenir mes instructions ultérieures ; vous n'êtes pas en sûreté dans votre hôtel et vous trouveriez ici de puissants ennemis.

LOUIS.

Le duc de Broglie (Le Secret du roi, t. II, p. 52) a très judicieusement discuté l'authenticité de ce document reproduit par Boutaric, à la suite de Gaillardet. D'Éon, qui a souvent glissé des interpolations dans les textes qu'il publiait, a certainement forgé de toutes pièces cette dépêche à un moment où il devait chercher à rendre vraisemblable sa métamorphose et à trouver des excuses à sa conduite passée. Mme Campan, dans ses Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette (p. 190), fait bien allusion à ce prétendu document ; mais elle rapporte seulement que d'Éon en avait révélé l'existence à son père, M. Genet, premier commis des Affaires étrangères.

[4] D'Éon reçut en effet, le 25 octobre, le billet suivant :

Milord Halifax fait bien ses compliments à M. le chevalier d'Éon et a l'honneur de lui faire savoir qu'à cause de quelques affaires qui sont survenues, il sera plus de la convenance du Roi de donner à M. d'Éon son audience demain mercredis que vendredi prochain.

A Saint-James, le 25 octobre 1763.

(Papiers inédits de d'Éon.)

[5] Les journaux qui parlèrent le surlendemain à mots couverts de cet incident racontent même qu'on envoya chercher un détachement de la garde :

(Extrait du Daily Advertiser, vendredi, 28 octobre 1763.)

Mercredi au soir, dans la maison d'un grand seigneur à Westminster, il s'est élevé une querelle entre deux personnes de distinction qui sont actuellement revêtues d'un caractère public. Comme il y avait à craindre que cette querelle n'eût des suites dangereuses, on envoya chercher un détachement des Gardes afin d'empêcher que ces personnes n'en vinssent à des extrémités. — (Papiers inédits de d'Éon.)

[6] Papiers inédits de d'Éon.

[7] Papiers inédits de d'Éon.

[8] Papiers inédits de d'Éon.

[9] Le comte de Guerchy à d'Éon, 9 novembre 1763. (Papiers inédits de d'Éon.)

[10] Note secrète et importante pour l'Avocat (le roi) et son substitut (le comte de Broglie), citée par GAILLARDET, p. 138 (qui l'a empruntée aux Mémoires de la chevalière d'Éon).

[11] Louis XV au comte de Guerchy, 4 novembre 1763. (BOUTARIC, Correspondance secrète, t. I, p. 302.)

[12] Louis XV à Tercier, 4 novembre 1763. (BOUTARIC, Correspondance secrète, t. I, p. 302.)

[13] Louis XV à Tercier, 11 novembre 1763. (BOUTARIC, Correspondance secrète, t. I, p. 304.)

[14] Le duc de Choiseul à d'Éon, 14. novembre 1763. (Lettres, mémoires et négociations..., p. 108.)

[15] L'original se trouve actuellement en la possession de M. Gower, qui a bien voulu nous en donner copie.

[16] Le comte de Guerchy à Louis XV, 6 décembre 1763. (Archives des Affaires étrangères, cité par BOUTARIC, Correspondance secrète, t. I, p. 307.)

[17] Manuscrits de la collection Christie, cités par M. TELFER : The strange Career of the chevalier d'Éon de Beaumont, p. 128.

[18] Cité par le duc DE BROGLIE, Le Secret du roi, t. II, p. 64.

[19] Correspondance officielle, archives des Affaires étrangères, citée par le duc DE BROGLIE, Le Secret du roi, II, p. 65.

[20] Le roi à Tercier, 30 décembre 1763. (BOUTARIC, Correspondance secrète, t. I, p. 310.)

[21] D'Éon à sa mère, 30 décembre 1763. (Papiers inédits de d'Éon.)