V Les Romains ont perdu, par leur faute et par leur volonté, l'alliance de l'Aitolie. Mais on admet généralement qu'à l'époque où se termine leur guerre contre Philippe, ils conservent en Grèce un groupe considérable d'alliés ou de clients, dont ils ont assumé la protection[1]. Ce sont, affirme-t-on, les Péloponnésiens ennemis de la Macédoine — Éléens, Messéniens et Lacédémoniens — auxquels sont venus, en dernier lieu, s'adjoindre les Athéniens ; en sorte que, tout compte fait, cette guerre leur a servi à contracter, parmi les Hellènes, quelques amitiés qui, par la suite, leur seront grandement précieuses[2]. Un historien va plus loin[3] : il ne doute pas qu'en s'attachant les peuples dont on vient de lire les noms, Rome n'ait voulu se constituer, en face de la Macédoine, la gardienne intéressée du particularisme hellénique, jouant ainsi, à la fin du IIIe siècle, le même rôle, à peu près, qu'avait joué la Perse au IVe. Si tel est le cas, il faut convenir que les Patres ont en Grèce une politique des mieux définies. Mais, avant d'accepter ces affirmations un peu audacieuses, il est un point de fait qu'il convient d'éclaircir, un problème critique qu'il importe de résoudre : est-il exact qu'après la guerre de Macédoine, les Romains aient continué de grouper autour d'eux et de couvrir de leur patronage les quatre nations grecques énumérées plus haut ? On s'autorise, pour l'assurer, d'un renseignement qui se trouve dans T. Live. Ayant rapporté, d'après Polybe pour l'essentiel, dans quelles circonstances et à quelles conditions la paix fut conclue en 203, à Phoiniké, entre. le proconsul P. Sempronius et Philippe[4], T. Live écrit ce qui suit[5] : in eas condiciones cum pax conveniret, ah rege fœderi adscripti Prusia, Bithyniæ rex, Achæi, Bœoti, Thessali, Acarnanes, Epirotæ, ab Romanis Menses, Attalus rex, Pleuratus, Nabis, Lacedæmoniorum tyrannus, Elei, Messenii, Athenienses. — Voilà qui est parfaitement clair. De même que Philippe, à Phoiniké, traite au nom de Prousias et des Symmachoi[6], de même l'État romain traite au nom des Iliens, d'Attale, de Pleuratos — et aussi des Lacédémoniens, représentés par Nabis, des Éléens, des Messéniens et des Athéniens. Ces quatre derniers peuples sont, par ses soins, compris dans la paix : il les prend donc sous sa sauvegarde, s'en déclare le protecteur, leur garantit leurs possessions ; Philippe, désormais, les devra respecter au même titre que Rome elle-même. — Mais ce renseignement mérite-t-il confiance ? C'est l'opinion commune ; ce n'est pas celle de certains critiques[7]. L'un d'eux[8] déclare, sans hésiter, que, dans la phrase ci-dessus transcrite, les mots Nabis, Lacedæmoniorurn tyrannus, Elei, Messenii, Athenienses forment une addition d'origine annalistique, qu'il faut écarter comme apocryphe. Et il est sûr que, pour plus d'une raison, le doute est ici permis. Il l'est, d'abord et d'une façon générale, parce que c'est chose comme que, dans la reproduction des traités, T. Live n'a point eu scrupule de contaminer parfois le texte de Polybe par d'indiscrets emprunts fait à l'Annalistique[9]. Il l'est, d'autre part et plus précisément, parce que, sans conteste possible, dans le chap. 12 de son l. 29, où sont relatés des événements peu flatteurs pour l'orgueil romain, T. Live n'a pas suivi Polybe avec fidélité : bien que tiré de Polybe pour tout le principal, ce chapitre porte en maint passage la trace manifeste de remaniements[10] dus, soit à T. Live lui-même, soit à T. Live influencé par quelque Annaliste ; — puis, parce que le résumé, bref à l'excès, donné par T. Live du traité de Phoiniké inspire de justes défiances et parait indiquer qu'il a pris là, avec Polybe, de fortes libertés : il s'y trouve, semble-t-il, des lacunes volontaires[11] ; — enfin, parce que, dans la phrase en discussion, il y a tout lieu de croire, d'après ce qu'on a vu ailleurs, que la mention des Ilienses n'a rien d'authentique[12]. Ainsi, les suspicions exprimées par la critique méritent au moins la plus sérieuse attention ; elles sont à première vue légitimes ; il s'agit de vérifier si elles sont fondées en fait. Notre vérification portera d'abord sur ce qui est dit des Lacédémoniens, des Éléens et des Messéniens ; ensuite, sur ce qui concerne les Athéniens. Pour nier l'adscriptio des Lacédémoniens, des Éléens et des Messéniens au traité de Phoiniké, on a surtout fait observer que ces trois peuples n'étaient point originairement les alliés de Rome, mais ceux de l'Aitolie : en conséquence, a-t-on dit, les Romains n'avaient point qualité pour les comprendre dans la paix[13]. Il n'y a point lieu, semble-t-il, de s'arrêter à cette objection. Il parait, en effet, hors de doute que, du jour où ils s'étaient associés aux Aitoliens contre Philippe, les Lacédémoniens, les Éléens et les Messéniens étaient devenus, en vertu du traité de Lævinus, les alliés des Romains, et se trouvaient avoir part, aussi bien que les Aitoliens eux-mêmes, à l'amicitia romaine[14]. La seule question est de savoir combien de temps dura leur amitié avec Rome, et l'on voit aisément dans quels termes elle se pose. Si les Lacédémoniens, les Éléens et les Messéniens sont, en 205, adscripti fœderi par les Romains, c'est sûrement que, l'année précédente, ils n'ont ni déposé les armes, ni traité avec la Macédoine en même temps que les Aitoliens : sinon, les Romains eussent rompu avec eux comme ils firent avec les derniers[15]. L'adscriptio de Sparte, de l'Élide et de la Messénie à la paix de Phoiniké implique que ces trois États, demeurés fidèles à Rome, ont continué d'être les ennemis de Philippe et des Achéens jusqu'en 205. Y a-t-il apparence qu'ils aient tenu cette conduite ? Nullement. Examinons en premier lieu ce qui concerne les Lacédémoniens. La bataille de Mantinée, perdue en juin 207, avait été pour eux un coup écrasant dont ils eurent peine à se relever[16]. Ils ne pouvaient, dans le temps qui la suivit, compter sur l'appui de Rome, qui se désintéressait entièrement des affaires de Grèce. Les choses étant ainsi, comment croire que, la paix une fois rétablie entre Philippe et l'Aitolie, ils aient tenté de poursuivre la lutte contre les Achéens victorieux, auxquels, débarrassé des Aitoliens, Philippe eût pu prêter main-forte ? — De fait, il parait bien que, peu après la bataille de Mantinée, la paix régna dans le Péloponnèse. On observera que Plutarque ne mentionne aucune action de guerre accomplie par Philopœmen durant sa seconde stratégie, laquelle commence en octobre 206[17] ; on doit noter surtout ce que rapporte Polybe de débuts de Nabis, successeur de Machanidas[18] : (XIII. 6. 1) Νάβις, ἔτος ἤδη τρίτον ἔχων τὴν ἀρχήν (ann. 205/204), ὁλοσχερὲς μὲν οὐδὲν ἐπεβάλλετο πράττειν οὐδὲ τολμᾶν διὰ τὸ πρόσφατον εἶναι τὴν ὑπὸ τῶν Ἀχαιῶν ἧτταν τοῦ Μαχανίδου. Ce langage ne se comprendrait point, si Nabis avait tenu tête aux Achéens pendant les deux années qui firent suite à la bataille de Mantinée ; il donne, au contraire, à penser que les Spartiates, accablés de leur défaite, saisirent volontiers la première occasion de traiter, et, partant, l'empressèrent d'adhérer à la paix conclue par l'Aitolie avec Philippe. Or, il va sans dire que, lorsque Sparte se retira de la lutte, l'Élide et la Messénie, incomparablement plus faibles, s'en durent retirer aussi. — Au resté, un passage, trop négligé, de Polybe semble propre à trancher le débat en ce sens. Au moment de raconter l'attentat commis en 201 par Nabis contre Messène, l'historien s'exprime ainsi (XVI. 12. 3) πῶς δὲ καὶ τίνα τρόπον κατὰ τοὺς προειρημένους καιροὺς (ann. 205/204) σύμμαχος ὑπάρχων Αἰτωλοῖς, Ἠλείοις, Μεσσηνίοις, καὶ πᾶσι τούτοις ὀφείλων καὶ κατὰ τοὺς ὅρκους καὶ κατὰ τὰς συνθήκας βοηθεῖν, εἴ τις ἐπ᾽ αὐτοὺς ἴοι, παρ᾽ οὐδὲν ποιησάμενος τὰς προειρημένας πίστεις ἐπεβάλετο παρασπονδῆσαι τὴν τῶν Μεσσηνίων πόλιν, νῦν ἐροῦμεν (ann. 201). On voit clairement ce qui résulte de ces lignes : l'alliance de l'Aitolie, de l'Élide, de la Messénie et de Sparte a persisté après la guerre de Macédoine ; en 201, les quatre nations sont encore liées par des engagements stricts. C'est donc que les Éléens, les Messéniens et les Spartiates ne se sont pas séparés des Aitoliens, lorsque ceux-ci, en 206, se sont réconciliés avec Philippe, mais qu'ils ont, comme eux, traité avec le roi, et, comme eux, fait défection à Rome. Dès lors, ils n'ont pu être compris par les Romains dans la paix de Phoiniké : ils ne l'ont pas plus été que les Aitoliens eux-mêmes. — Joignons une dernière remarque. Si, après 205, les Spartiates, les Messéniens, les Éléens étaient restés les alliés et les clients des Romains, n'est-il pas évident qu'au début de la seconde guerre de Macédoine, ceux-ci auraient eu hâte de se rapprocher d'eux, afin de s'assurer, en cas de besoin, leur concours militaire[19] ? Mais il n'en va point ainsi. Les légats du Sénat se rendent, au printemps de 200, en Épire, en Athamanie, en Aitolie, en Achaïe, à Athènes[20] ; ils ne visitent ni l'Élide, ni la Messénie, ni Sparte. Il est particulièrement notable que, durant plus de deux ans, les généraux envoyés de Rome en Grèce ignorent entièrement les Spartiates : est seulement à la fin de l'hiver de 198/197 que T. Quinctius engage des pourparlers avec Nabis, et seulement sur l'invitation de celui-ci[21] ; et l'amicitia qu'il contracte alors avec le tyran n'a pas pour effet de renouveler, de remettre en vigueur une amicitia qui existerait déjà entre les Romains et Nabis, comme c'eût été le cas s'il avait été compris dans la paix de Phoiniké il s'agit manifestement d'une amicitia que n'avait précédée aucune autre[22]. La question me semble décidée. Dans le texte de T. Live, les mots Nabis, Lacedæmoniorum tyrannus, Elei, Messenii sont bien, comme l'ont reconnu des critiques avisés, une addition dont les Annalistes portent la responsabilité[23]. Et, de fait, on comprend sans peine qu'il leur ait déplu de montrer, face de Philippe entouré de ses nombreux alliés, les Romains isolés, et n'ayant plus en Grèce ni alliés ni clients sur qui étendre leur patronage : il était séant que les Lacédémoniens, les Éléens et les Messéniens vinssent prendre place à leur côté, pour faire un utile contrepoids aux Achéens, aux Béotiens, aux Thessaliens, aux Akarnaniens et aux Épirotes, au nom desquels traitait le roi de Macédoine. L'adscriptio, par les Romains, des Athéniens, au traité de Phoiniké paraît dès l'abord plus surprenante que celle des Lacédémoniens, des Éléens et des Messéniens ; car ces trois peuples avaient été, de 212 à 206, les alliés, ou, à tout le moins, les auxiliaires de Rome contre Philippe, ce qui, assurément, n'était pas le cas des Athéniens. Nous savons, en effet, qu'au temps de la guerre de Macédoine, nulle relation de droit public n'unissait Athènes à Rome, le prétendu fœdus amicitiæ de 228 n'ayant aucune réalité ; en sorte que ce n'est point en qualité de socii ou d'amici populi Romani que les Athéniens eussent pu être adscripti fœderi. Et nous savons aussi que, pendant cette inique guerre, leur conduite envers les Romains fut tout autre chose qu'amicale : on se rappelle qu'à l'exemple des Alexandrins et des Rhodiens, auxquels ils s'étaient joints, ils multiplièrent leurs efforts, afin de décider les Aitoliens, alliés de la République, à se détacher d'elle et à se rapatrier avec Philippe. C'était là, il faut l'avouer, un titre singulier à la faveur que leur aurait faite Sempronius en les comprenant dans le traité de 205. Il va de soi qu'il n'est qu'une façon à rendre raison de leur adscriptio à ce traité. Il faut nécessairement supposer que, très peu de temps avant qu'il t conclu, dans l'intervalle, long d'une année à peine, qui le sépare de celui que Philippe avait accordé à l'Aitolie, Athéniens et Romains, jusque là si divisés d'intérêts, se sont étroitement rapprochés. Il faut supposer qu'en 206/205, les Athéniens, par un complet et soudain renversement de leur politique, ont recherché la protection romaine et l'ont aussitôt obtenue, ou que le Sénat la leur a spontanément offerte. Naturellement, on a, faute de mieux, risqué cette hypothèse[24]. Qui ne voit, cependant, ce qu'elle a d'artificiel et d'invraisemblable ? Elle implique que les Athéniens se sont trouvés tout d'un coup avoir besoin de l'appui des Romains : mais pourquoi ? quel péril les menace ? c'est ce qu'on ne découvre point. Certains critiques ont voulu qu'ils eussent des motifs de plainte contre Philippe[25] et se dussent garder de ses entreprises : c'est une conjecture que rien n'autorise. D'autre part, on a peine à croire qu'en 206/205, au lendemain de la défection de l'Aitolie, qu'il était légitime d'imputer dans quelque mesure à leurs manœuvres, les Romains fussent animés envers eux de dispositions bienveillantes : ils leur devaient plutôt savoir mauvais gré de leur médiation indiscrète qui avait eu le tort de trop bien réussir[26]. Que le Sénat, d'ailleurs si indifférent de 207 à 205 aux affaires de Grèce, ait offert de lui-même ses bons offices aux Athéniens[27], on ne le saurait admettre, et l'on peut même douter, s'ils avaient imploré son aide, qu'il la leur eût facilement accordée. On a dit, il est vrai, que Rome trouvait son compte à soutenir les intérêts de la métropole morale du monde grec[28] ; mais ce qu'il faudrait d'abord établir, c'est que les gouvernants romains étaient, dès ce temps-là, sensibles à l'antique prestige d'Athènes, et prenaient quelque souci de cette primauté morale que lui reconnaissaient encore les Hellènes. Ainsi, ce rapprochement d'Athènes et de Rome, subit, imprévu, en contradiction avec toute l'histoire antérieure, qui, seul, expliquerait l'adscriptio des Athéniens à la paix de 205, parait lui-même inexplicable. — J'ajouterai deux observations. Si le traité de Phoiniké avait reconnu aux Athéniens la qualité d'amis et de protégés du Peuple romain, est-il croyable que Philippe, si visiblement désireux d'éviter tout conflit avec les Romains[29] pendant ses expéditions orientales, eût, en 201/200, autorisé, encouragé, aidé les Akarnaniens à ravager l'Attique[30] ? N'est-il pas beaucoup plus probable qu'il eût appréhendé de fournir au Sénat, par cette paradoxale imprudence, un grief trop légitime ? Six conduite brutale envers les Athéniens dans cette circonstance implique que ceux-ci n'avaient, à l'époque, aucun droit de compter sur l'assistance de Rome[31]. — Et c'est pareillement ce qui ressort de la conduite du Sénat. Décidés à faire la guerre à Philippe, mais n'ayant lien à lui reprocher, on sait que les Patres en sont réduits à lui chercher la plus misérable des querelles ils exigent qu'il s'humilie devant Attale et lui accorde satisfaction[32] alors qu'au vu et au su de tous, Attale a été son agresseur[33]. Mais cependant, comme je viens de dire, ils auraient eu contre Philippe un grief des plus fondés, si le traité de 205 avait placé les Athéniens sous leur sauvegarde, et que le roi, au mépris de ce traité, eût favorisé l'entreprise des Akarnaniens contre Athènes. Du coup, leur position en face de l'adversaire fût devenue des plus fortes. C'est pourquoi, selon toute apparence, ils se seraient empressés d'en prendre avantage, de soutenir la cause des Athéniens, et de sommer impérieusement Philippe de leur faire réparation. Or, quoi qu'aient pensé nombre d'historiens modernes, trompés par la tradition annalistique qu'ils où négligé de rapprocher de Polybe[34], le Sénat ne fait rien de semblable. Dans les deux communications, résumées par Polybe, qu'il adresse à Philippe, il est muet sur les Athéniens. Ni dans la rerum repetitio transmise, a Athènes, par ses légats à l'officier macédonien Nicanor, ni dans l'indictio belli signifiée au roi lui-même, à Abydos, par M. Aemilius, leur nom n'est prononcé[35]. Le Sénat ne songe pas à les distinguer de l'ensemble des Hellènes, dont il se déclare alors le commun défenseur ; il ne leur fait pas l'honneur d'une mention spéciale. Il omet de protester contre cette flagrante violation de la paix récente, qu'aurait commise Philippe en prêtant main-forte aux Akarnaniens. Bref, ce casus belli, dont le Macédonien l'aurait si opportunément nanti, il le néglige, n'en fait nul usage. Voilà qui est étrange et ne se conçoit guère, si, par leur adscriptio au traité de Phoiniké, les Athéniens ont un titre assuré à la protection du Peuple romain. En résumé, si cette adscriptio est véritable, il faut renoncer à rien entendre à la façon dont se comportent Philippe, d'une part, et, de l'autre, le Sénat : manifestement, ce que fait le premier, il devrait se garder de le faire, et le second ne fait pas ce qu'il serait naturel qu'il fit. La conclusion me parait suivre d'elle-même. Dans le texte de T. Live que nous examinons, la mention des Athéniens n'est pas plus authentique que celle des Lacédémoniens, des Éléens et des Messéniens : elle remonte à quelque Annaliste, de qui T. Live l'a empruntée. Elle s'explique, ainsi que le prétendu fœdus amicitiæ de 228, par le désir, cher aux historiographes romains, de représenter les Athéniens comme ayant été de bonne heure, dès les premiers rapports de Rome avec la Grèce, ce qu'ils devinrent par la suite — la nation amie par excellence du Peuple romain, unie à lui par les liens les plus étroits et spécialement gratifiée de ses bienfaits. Ce même désir les a entraînés à de plus grandes hardiesses, qu'il vaut la peine de signaler ici. Ils ne se sont pas bornés à faire des Athéniens les protégés, ou même les alliés des Romains[36], dès le temps qui précéda la seconde guerre de Rome contre Philippe ; ils leur ont attribué un rôle capital dans les origines de cette guerre. On lit dans T. Live et dans Appien[37] qu'à la fin de 201 ou au début de l'année suivante, les Athéniens, victimes des violences de Philippe, implorèrent et obtinrent aussitôt contre lui l'assistance du gouvernement romain. Selon la tradition annalistique dont s'inspirent ces auteurs, l'appel des Athéniens au Sénat aurait ainsi été la cause ou, tout au moins, l'une des causes de la seconde guerre de Macédoine[38] ; et la plupart des historiens modernes, prompts à leur emboîter le pas, tiennent la chose pour avérée[39]. Ce qu'ils n'ont pas vu et ce qu'ils eussent dû voir, c'est que la réalité de cet appel, inconciliable déjà avec le silence que garde le Sénat sur les Athéniens dans son ultimatum a Philippe, l'est aussi avec le récit qu'a laissé Polybe de l'arrivée et du séjour des légats sénatoriaux Athènes au printemps de l'année 200[40]. L'accueil, médiocrement chaleureux, que reçoivent du peuple athénien ces légats, l'attitude réservée qu'ils gardent, le silence où ils s'enferment le jour où l'έκκλησία vote la guerre contre Philippe[41], seraient déjà de justes sujets de surprise, si leur venue à Athènes répondait à une demande de secours adressée par les Athéniens au Sénat et tout de suite agréée par celui-ci. Ce qui est plus significatif encore et doit, passer pour décisif, c'est que, ce même jour, les Athéniens, qui chargent Attale d'honneurs inouïs et confèrent aux Rhodiens les plus rares privilèges, s'abstiennent de décerner aucune marque d'honneur au Peuple romain[42]. On conclura de là, avec quelque sécurité, qu'ils ne considèrent pas les Romains comme les vengeurs dont ils attendent leur salut, et ne viennent donc point, ainsi que l'affirment T. Live et Appien, de les appeler à l'aide. Or, c'est sûrement ce qu'ils eussent fait, s'ils s'étaient crus autorisés à le faire. Et, dès lors, on peut tenir pour certain qu'ils n'avaient point depuis 205 droit à la protection romaine, autrement dit, qu'ils n'avaient point été compris par les Romains dans la paix de Phoiniké. Les Annalistes auxquels ont fait emprunt, non seulement T. Live, mais aussi Appien, offrent un système bien lié : les Romains se sont déclarés, en 205, les protecteurs des Athéniens ; attaqués ou même assiégés par Philippe[43], ceux-ci s'empressent donc de réclamer du Sénat un secours qu'il ne leur saurait refuser et, qu'il leur octroie volontiers. Le malheur est que le second fait est controuvé d'où il résulte que le premier l'est aussi. |
[1] Voir, par exemple, G. Colin, Rome et la Grèce, 44 : ... Rome, de son côté, tout en ayant perdu les Étoliens, groupait encore autour d'elle... Nabis..., les Éléens, les Messéniens et les Athéniens...
[2] T. Frank, Roman Imperialism,
144 :
[3] De Sanctis, III, 2, 436, 439.
[4] Liv. 29. 12. — Je n'aï point à entrer ici dans l'étude détaillée de la question critique. On a pensé que le chap. 12 du l. 29 provenait, dans toutes ses parties, non de Polybe, mais d'un Annaliste (Cœlius ?), intermédiaire entre Polybe et T. Live : Th. Zielinski, Die leizten Jahre des zweit. punischen Krieges, 121 ; Kahrstedt, 331 (qui se montre d'ailleurs fort hésitant) ; cf. Täubler, Imp. Romanum, I, 214 suiv., 375. Je ne doute point, quant a moi, que T. Live n'ait consulté directement Polybe et ne lui ait, emprunté l'ensemble de son chap. 12 (de même, Nissen, Krit. Unters., 84 ; Matzat, Röm. Zeitrechn., 160, 12 ; De Sanctis, III, 2, 646) ; seulement, ce qui est vrai de l'ensemble ne l'est pas de tous les détails. T. Live a, çà et là, retouché Polybe en s'inspirant d'une tradition annalistique. C'est ce qu'accorde De Sanctis lui-même, tout favorable qu'il est à T. Live : III, 2, 443 ; 437, note 94 s. f.
[5] Liv. 29. 12. 14.
[6] L'omission des Phocidiens dans le texte de T. Live (comme aussi celle des Eubéens et des Locriens orientaux) peut être purement accidentelle. H. Pomtow (Jahrb. für kl. Philol., 1897, 801-802 ; cf. Swoboda, Staatsaltert., 321, 343, 4) en a conclu qu'en 206 (il dit, à tort, en 205) la Phocide avait été abandonnée par Philippe aux Aitoliens, et pense trouver la confirmation de ce fait dans les textes delphiques. Je ne sais cependant s'il est très sûrement établi ; il ne s'agirait, en tout cas, que d'une partie de la Phocide ; car, lors de la seconde guerre de Macédoine, nombre de localités phocidiennes dépendent de Philippe (cf. Swoboda, 343, 5), et rien ne permet de supposer que le roi s'en soit emparé entre 205 et 200. — Quant à l'omission des Aitoliens parmi les États placés sous la sauvegarde de Rome, elle s'explique naturellement par le fait qu'ils ont conclu avec Philippe une paix séparée ; les Romains affectent désormais de les ignorer. C'est ce qu'a, par une étrange erreur, méconnu V. Costanzi, dans son mémoire intitulé : Le relazioni degli Etoli coi Romani dopo la pace di Fenice (Studi stor. per l'antich. classica, 1908, 422-423).
Sur la condition politique de la Phocide après la paix de 206, voir W. Theiler, Die polit. Lage in den beiden makedon. Kriegen, diss. Halle, 1914 (ouvrage dont je dois communication à l'obligeance de mon ami P. Roussel). W. Theiler, se fondant principalement sur les travaux de A. Nikitsky, me parait avoir établi, contre Pomtow (et Swoboda), qu'en 206 l'ensemble de la Phocide ne devint point territoire aitolien. Philippe garda autorité sur la plus grande partie du pays ; les Aitoliens n'en retinrent que les cantons occidentaux.
[7] Cf. Niese, II, 502, 4 ; Täubler, I, 214 suiv.
[8] Täubler, I, 214-218. — Täubler ne laisse même rien subsister de l'énumération qui commence avec les mots ab Romanis : (214) Die Zusatzbestimmung ist für die römische Seite unglaubwürdig etc. Niese (II, 502, 4) est beaucoup plus réservé ; il ne supprime, chez T. Live, que le nom des Athéniens et celui des Iliens : Livius fügt an erster Stelle Ilion und am Schluss die Athener hinzu. Beides ist dringend verdächtig. — De Sanctis (III, 2, 436 et note 94 ; 438 et note 98) maintient contre Niese et Täubler l'authenticité du texte entier de T. Live, sauf toutefois la désignation nominative de Nabis (III, 2, 437, note 94 s. f.). — Ferguson (Hellen. Athena, 256, 2) exprime des doutes sur l'adscriptio des Athéniens.
[9] Pour le traité de 196 entre Rome et Philippe, cf. Nissen, Krit. Unters. 145 ; Täubler, I, 228 suiv. — Pour le traité de 201 entre Rome et Carthage, voir l'analyse critique de De Sanctis, III, 2, 620 (§ 6), 621 (§ 8), 622 (§ 10) ; les additions annalistiques faites par T. Live au texte de Polybe sont, d'ailleurs, de médiocre importance, sauf toutefois ce qui concerne le fœdus de Carthage et de Masinissa : Liv. 30. 37. 4.
[10] Voir notamment 29. 12. 2-4. J'ai précédemment indiqué combien est tendancieux le récit que fait T. Live de la mission de P. Sempronius en Grèce ; cf. De Sanctis, III, 2, 443.
[11] Il n'est pas douteux, par exemple, que Philippe n'ait gardé en 205 une partie considérable des conquêtes qu'il avait faites depuis 217, et notamment en 213, sur Skerdilaïdas ; cf. De Sanctis, III, 2, 435-436. T. Live n'en dit pas mot.
[12] Cf. ci-dessus, chapitre II, § II-3, où je pense avoir montré qu'en 196, lors de la venue à Rome des ambassadeurs de Lampsaque, l'État romain n'avait point encore pris officiellement la ville d'Ilion sous sa protection ; cf. Niese, II, 502, 4 ; Täubler, I, 215-216.
[13] Voir Täubler, 1, 214-215 (sur les Éléens et les Messéniens) ; 217-218 (sur Nabis et les Lacédémoniens) ; en sens contraire, De Sanctis, III, 2, 436, note 94.
[14] Cf. Liv. (P.) 26. 24. 8 : igitur conscriptæ condiciones quibus in amicitiam societatemque populi Romani venirent (Aetoli), (9) additumque ut, si placeret vellentque, eodem jure amicitiæ Elei Lacedæmoniique (ajouter les Messéniens omis par inadvertance) et Attalus et Pleuratus et Scerdilædus essent. C'est avec raison que De Sanctis (ibid.) regarde ce texte comme décisif. Notez qu'en 195, T. Quinctius, dans sa discussion avec Nabis, reconnaît que les Romains ont jadis (c'est-à-dire lors de la première guerre de Macédoine) contracté une amicitia avec les Lacédémoniens, représentés par le roi Pélops, et les Messéniens : Liv. (P.) 34. 32. 1 ; 32. 16. Nabis veut dire la même chose, lorsqu'il parle, d'ailleurs inexactement, d'un vetustissimum fœdus qui aurait uni les Lacédémoniens aux Romains : 31. 5 ; dans ce prétendu fœdus, il ne faut voir que le traité conclu entre Rome et l'Aitolie en 212.
[15] Selon Niese (II, 501-502), les Lacédémoniens, les Éléens et les Messéniens auraient été compris successivement — d'abord par les Aitoliens dans la paix qu'ils firent avec Philippe —, puis par les Romains dans celle de Phoiniké ; ce sont là deux assertions inconciliables et qui s'excluent.
[16] Cf. Polybe, XIII. 6. 1 (ce texte est cité plus loin).
[17] Cf. Plutarque, Philopœm., 11-12. Dans le récit de Plutarque, la première action de guerre accomplie par Philopœmen après la bataille de Mantinée est la délivrance de Messène, en 201 (Philopœm., 12. 4). — Pour la date de la seconde stratégie de Philopœmen, Niccolini, Confed. achea, 286, 310.
[18] Cf. Plutarque, Philopœm., 12. 4 ; Niese, II, 563 et note 4.
[19] Cf. De Sanctis, III, 2, 433 : ... Una breve sospensione d'armi (à Phoiniké) giovava anche perchè gli avversart di Filippo e degli Achei, gli Etoli e Sparta, riprendessero le forze e si trovassero poi in tempo pronti a rispondere a un nuovo appello romano. Ceci implique que, lors de leur nouvelle guerre contre Philippe, les Romains auraient, sans tarder, dressé un appel aux Spartiates ; mais l'histoire ne montre rien de semblable.
[20] Polybe, XVI. 27. 4 ; 25. 2 sqq.
[21] Liv. (P.) 32. 39. 1 sqq.
[22] Cela ressort des mots (Liv. (P.) 32. 39. 10) : inde ubi de condicionibus amicitiæ cœptum agi est... A la vérité, en 195, Nabis prétend que l'amicitia conclue en 197 était une amititia renovata (34. 31. 5) ; mais, à l'appui de son dire, il ne peut alléguer que le vetustissimum fœdus de 212, qui lui aurait conféré sicut ceteris Lacedæmoniis la qualité d'ami de Rome ; il ne fait nulle allusion au traité de Phoiniké, ce qui prouve qu'il n'en pouvait rien tirer en faveur de sa thèse. — Il résulte, d'ailleurs, de Liv. (P.) 34. 2.1, que le nom de Nabis ne figurait point dans ce traité. De Sanctis, qui tient pour authentique l'adscriptio fœderi des Lacédémoniens, en doit lui-même convenir (III, 2, 437, note 94, s. f.) : nel trattato del 205 non si parlava di Nabide, si di Sparta o di Pelope. — Peut-être y a-t-il lieu de noter ici que, dans T. Live, un passage de la réponse de T. Quinctius à Nabis est propre à induire en erreur. Le proconsul s'exprime ainsi : (34. 32. 15) quibus igitur rebus amicitia violatur ? nempe his maxime duabus, si socios meos pro hostibus habeas, si cum hostibus te coniungas. (16) utrumque a te factum est ; nam et Messenen, uno atque eodem jure fœderis quo et Lacedæmonem in amicitiam nostram acceptam (il s'agit du fœdus de 212), socius ipse sociam nobis urbem ui atque armis cepisti (en 201) (17) et cum Philippo, hoste nostro, non societatem solum sed — adfinitatem etiam per Philoclen — pepigisti (en 198)... Ces lignes donneraient à croire qu'après leur première guerre contre Philippe, les Romains se considéraient comme encore unis, en vertu du traité de 212, à Nabis (et aux Messéniens) par une amitié publique, amitié que Nabis aurait violée à deux reprises, d'abord en 201, puis en 198. Mais ceci serait en contradiction directe avec tout ce que nous voyons d'autre part. Il ne me semble pas douteux que, dans le texte ci-dessus transcrit, T. Live ait mal reproduit ce qu'il avait lu dans Polybe. Le sens des paroles de T. Quinctius devait, chez Polybe, être conditionnel : A supposer — comme tu le prétends à tort (cf. 34. 32. 1) — qu'en vertu du traité de 212, tu fusses resté jusqu'en ces derniers temps l'ami du Peuple romain, tu aurais toi-même mis fin à cette amitié par ton double manque de foi : d'abord, en t'emparant de la ville de Messène, qui eût été, au même titre que toi, l'amie de Rome, etc. — Il n'y a aucune conclusion à tirer, relativement aux Éléens et aux Messéniens, de la phrase de Polybe (XVIII. 42. 7 ; hiv. 197/196) où ces peuples sont dits σύμμαχοι τότε 'Ρωμαίων ύπάρχοντες. Ces mots n'impliquent pas qu'ils soient restés les σύμμαχοι des Romains après la première guerre de Macédoine et l'aient encore été dès le commencement de la seconde. Ils le sont redevenus, en tant qu'alliés des Aitoliens, lorsque les Aitoliens eux-mêmes ont fait retour à l'alliance romaine.
[23] Je n'ai point à discuter ici l'adscriptio d'Attale au traité de Phoiniké. Je n'en dirai qu'un mot. Täubler (I, 215) la déclare impossible, et fait observer que le traité conclu par Attale avec les Aitoliens continua de rester en vigueur même après 206 (Liv. (P.) 31. 46. 3-4 ; ann. 201 et 200). Ce point est incontestable, et l'on en doit induire qu'il n'y eut pas, en 206, rupture entre le roi de Pergame et l'Aitolie ; mais il ne suit pas de là qu'Attale ait traité avec Philippe en même temps que les Aitoliens. Remarquons d'abord qu'il n'en eut peut-être pas la liberté : Prousias, devenu son adversaire et l'allié de Philippe depuis la fin de 208 (Liv. (P.) 28. 7. 10 ; cf. 8. 14), put poursuivre contre lui les hostilités jusqu'en 205 (et l'on notera, à ce propos, que rayer le nom d'Attale dans le texte de T. Live, je serait s'obliger à rayer aussi celui de Prousias, ce qui ne laisserait pas d'être osé). D'autre part, il ne faut point oublier que, depuis la fin de 208, Attale avait quitté l'Europe et cessé de se mêler à la guerre hellénique ; ce qui se passant en Grèce lui était dès lors devenu presque étranger ; le rétablissement de la paix entre l'Aitolie et Philippe ne le touchait que fort peu, et, par là, son cas était très différent de celui des Lacédémoniens, des Éléens et des Messéniens. Il ne se trouvait pas, comme eux, dans l'alternance, ou d'adhérer à cette paix, ou de briser avec les Aitoliens pour s'attacher en Grèce à la cause de Rome. En conséquence, après 206, il lui était loisible, tout en demeurant l'allié des Confédérés de suivre une autre politique la leur, et, dans le désir de complaire à Rome, de continuer prudemment la guerre jusqu'au jour où elle jugerait bon de la terminer. On peut croire que c'est à ce parti qu'il s'arrêta.
[24]
C'est ce qu'a fait le premier, je crois, Hertzberg, Gesch. Griechenl. unt. der Herrsch. der
Römer, I, 44 (trad.
fr.).
[25] Niese, II, 589 ; cf.
[26] De Sanctis écrit (III, 2, 439) : ... La freddezza tra Romani ed Etoli, agli Ateniesi, che avevano sernpre visto gli Etoli con la stessa avversione e sospetto che i Macedoni, toglieva l'ultimo intralcio per una buona intesa con Roma. — Ceci est bien paradoxal. Il m'est, je l'avoue, impossible de comprendre comment le refroidissement ou, pour mieux parler, la rupture, qui se produisit en 206 entre l'Aitolie et Rome, aurait hâté la bonne entente des Romains et des Athéniens, en supprimant entre eux toute cause de désaccord. Le contraire serait beaucoup plus vraisemblable, puisque cette rupture, préjudiciable aux Romains, pouvait passer pour l'ouvrage des Athéniens. J'ajoute que De Sanctis n'est point fondé à dire qu'à l'époque dont il s'agit, les Athéniens ressentissent pour les Aitoliens de l'aversion et de la défiance ; la crainte qu'ils avaient de la Macédoine (cf. Polybe, V. 106. 6) les devait naturellement porter à se rapprocher de l'Aitolie. Il ressort, en effet, de plusieurs textes qu'à la fin du IIIe siècle et au début du suivant, les relations sont fort amicales entre les deux peuples : Pausanias, I. 36. 5 (en 201 /200, recours des Athéniens aux Aitoliens contre Philippe [?]) ; Liv. (P.) 31. 29.2 : 30. 1 sqq. (aux Panaitolika de 199, les Athéniens s'efforcent de décider les Aitoliens à combattre Philippe ; la phrase : (30. 1) secundum Macedonas ipsis Romanis ita concedentibus inbentibusque Athenienses — introducti sunt indique qu'ils passent pour avoir grand crédit en Aitolie) ; Polybe, XXI. 1-2 ; 25, 10 : 29. 9 31. sqq. (pendant la guerre d'Aitolie, les Athéniens, à la requête des Aitoliens, interviennent en leur faveur auprès des généraux romains et du Sénat), etc.
[27] Cf. De Sanctis, III, 2, 439.
[28] De Sanctis, III, 2, 439.
[29] Cf. Polybe, XVI. 24. 2-3.
[30] Sur l'invasion de l'Attique, en l'année 201/200, par les Akarnaniens renforcés d'auxiliaires macédoniens : Liv. (P.) 31. 14. 6-10.
[31] Remarquer d'ailleurs la phrase d'Appien (Maced., 4. 1), sur laquelle Täubler (I, 216 et note 2) appelle justement attention. Cette phrase est en contradiction avec le système même d'Appien, qui fait les Athéniens les des Romains depuis 205.
[32] Dans l'ultimatum (rerum repetitio) remis à Nicanor, au printemps de 200, par les légats du Sénat, il n'est question que d'Attale (Polybe, XVI. 27. 2) ; c'est seulement à Abydos septembre 200), lors de la notification de l'indictio belli, que le Sénat réclame aussi satisfaction pour les Rhodiens (34. 3).
[33] Cf. la réponse de Philippe à M. Aemilius (Polybe, XVI. 34.. 5) ; ce qu'il dit des Rhodiens s'applique aussi à Attale. Je note, à ce propos, que l'invasion du royaume de Pergame par Philippe n'a été qu'une riposte à la bataille navale de Khios, où Attale avait pris l'initiative des hostilités ; en conséquence, le fragm. de Polybe XVI. 1, doit être déplacé (cf., sur ce point : Rev. Ét. anc., 1920, 138-143).
[34] Cf. l'étude que j'ai publiée dans la Rev. Ét. anc., 1920, 113 suiv.
[35] Cf. Polybe, XVI. 27. 2-3 ; 34. 3-4 ; Rev. Ét. anc., 1920, 113-114.
[36] Ils sont constamment appelés socii dans T. Live ; pour Appien (Maced., 4. 2 ; cf. 3. s. f.), ils ne sont que les φίλοι des Romains.
[37] Cf. Rev. Ét. anc., 1920, 82 suiv., où la question est traitée en détail. — Dans le récit annalistique de T. Live, il y a, comme on sait, deux appels successifs des Athéniens au Sénat, l'un en 201, l'autre en 200 (31. 1. 10 ; 5. 5-7) ; il n'y en a qu'un chez Appien (Maced., 4. 2).
[38] La cause, suivant Liv. (Ann.) 31.1. 10 ; 3.1 et 6. 1 (où les socii populi Romani sont les Athéniens) ; cf. 7. 6 ; 9. 3-4 ; 45. 22. 6 ; Florus, 1. 23. 7. 4-5 ; Pausanias, I. 36. 6 ; — l'une des causes, suivant Appien (Maced., 4. 2).
[39] Cf. Rev. Ét. anc., 1920, 78-79. — Voir notamment Mommsen, R. G., I7, 700-701, qu'on a reproduit à l'envi (cf. G. Colin, Rome et la Grèce, 66-68). Selon Mommsen et ceux qui le suivent pas à pas, les Athéniens auraient fourni au Sénat le prétexte plausible, le casus belli, dont il avait besoin, parait-il, pour déclarer la guerre à Philippe. Cette doctrine se fonde uniquement sur la tradition annalistique de T. Live ; elle est d'une fausseté manifeste, comme le montre la lecture de Polybe (XVI. 27. 2-3 ; 34. 3-4), Pour plus de détails, voir Rev. Ét. anc., 1920, 79 suiv. ; cf. Täubler, Imp. Romanum, I, 217.
[40] Polybe, XVI. 25-26 ; cf. mes observations dans la Rev. Ét. anc., 1920, 88 suiv. ; voir aussi les judicieuses remarques de Täubler (I, 216-217), qui, toutefois, n'en a pas tiré la conséquence nécessaire.
[41] Cf. Rev. Ét. anc., 1920, 88 suiv. Notez particulièrement Polybe, XVI. 24. 2-3 (les Athéniens ne députent pas aux légats, lors de leur arrivée au Pirée) ; 24. 6 (les mots φιλανθρωπία πρός τε Ῥωμαίους καὶ ἔτι μᾶλλον πρὸς τὸν Ἄτταλον sont caractéristiques) ; 25. 1 sqq. (il ne semble pas que les Athéniens aient invité les légats à venir à l'assemblée ; ce qui est sûr, en tout cas, c'est que ceux-ci n'y prennent pas la parole et ne font aucune communication au peuple d'Athènes) ; 25. 6 (la phrase καὶ διορκισμός, ὡς ἐὰν μὴ νῦν ἕλωνται συνεμβαίνειν... ne se comprend guère si les Athéniens viennent de prier les Romains de les secourir contre Philippe) ; 25. 7 (on ne parle pas des Romains).
[42] Polybe, XVI. 25. 8-9 (honneurs à Attale) ; 26. 9 (honneurs aux Rhodiens) ; l'interprétation de Liv. 31. 15. 7, est peu exacte, comme l'a bien vu E. Szanto, Griech. Bürgerrecht, 8-69. Cf. Rev. Ét. anc., 1920, 88-89.
[43] Sur le prétendu siège d'Athènes par Philippe, en 201/200, Appien, Maced. 4. 1-2 ; Liv. (Ann.) 31. 5. 6 ; 5. 8 ; 7. 6 ; 14. 3 ; 45. 22. 6. Dans 14. 4, T. Live, ayant consulté Polybe, s'avise tout-à-coup de la méprise où l'ont induit les Annalistes.