ROME, LA GRÈCE ET LES MONARCHIES HELLÉNISTIQUES AU IIIe SIÈCLE AVANT J.-C. (273-205)

 

CHAPITRE CINQUIÈME. — LES COMMENCEMENTS DE LA PREMIÈRE GUERRE DE MACÉDOINE (216-212). PHILIPPE V SEUL CONTRE ROME. - PHILIPPE V ALLIÉ D'HANNIBAL. L'ALLIANCE DE ROME ET DE L'AITOLIE.

 

 

III

Dans ces circonstances nouvelles, ce qu'on peut reprocher au roi est justement le contraire de ce qu'on lui reproche d'ordinaire. On l'accuse d'inertie, on le blâme d'être inactif, et son tort est d'agir trop hardiment : s'il pèche, c'est par excès d'audace.

A l'automne de 215, au printemps de 214, l'escadre romaine de Calabre est à son poste, dans les parages de Brundisium, attentive aux bruits qui lui viennent de Grèce, prête à mettre sous voiles en cas d'alerte. Si donc Philippe se risque en mer avant que les Puniques le soient venus aider et renforcer, s'il fait de nouveau route vers la côte illyrienne, essaie une seconde fois d'y descendre, le danger sera le même pour lui qu'en 216 : — plus grand encore, car de l'Iapygie la distance est bien moindre que de la Sicile aux eaux d'Épire et d'Illyrie. En conséquence, s'il est, non point même hésitant et timide, ainsi qu'on se plaît il le représenter, mais simplement prudent, il devra, tant qu'il sera réduit à ses seuls moyens, s'abstenir de toute entreprise maritime. Et c'est, le sage parti où il s'arrête d'abord : jusque vers le mois d'août 214[1], il se résigne à laisser au sec ses vaisseaux et ses lemboi. Sans doute, il attend l'arrivée, qu'il espère prochaine, d'une flotte de Carthage ; et peut-être espère-t-il aussi qu'une diversion se produira, en Sicile ou dans la Basse-Italie, qui détournera Lævinus de la mer orientale, le distraira et le paralysera. Il se peut qu'Hannibal s'empare de Tarente : auquel cas l'escadre de Calabre se trouvera retenue aux rivages italiens, occupée tout ensemble et de bloquer la grande cité et de protéger les places des alentours, Hérakleia et Métaponte. Ce qui est plus probable encore, c'est qu'au premier jour la guerre éclatera en Sicile : Hiéronymos, qui vient de rompre injurieusement avec Rome et de s'allier aux Puniques, va sûrement, de concert avec eux, guidé par les deux officiers que lui a dépêchés Hannibal, tenter un grand effort pour chasser de l'île les Romains[2]. De là peuvent suivre d'importantes, conséquences. Il est possible que la flotte de Lilybée, malgré ses cent vaisseaux, ne se juge point assez forte pour couvrir les côtes de la Sicile, en repousser les Puniques, défendre la Province, attaquer Syracuse, et qu'elle appelle à l'aide l'escadre de Calabre ; il est possible, à tout le moins, que Lævinus, inquiet de ce qui se passe en Sicile, quitte ses mouillages pour observer les événements de plus près, se rapproche du Canal, et, s'étant écarté de la Mer Ionienne, cesse de la surveiller avec exactitude. Ce sont là des éventualités propres à faire patienter le roi de Macédoine. Mais cet impétueux de vingt-trois ans ne saurait se contraindre à une longue patience. Dans les premiers temps de son règne, il était sans cesse en marche ou en bataille ; son oisiveté présente lui pèse et l'humilie. Il lui est dur de rester sur l'échec qu'il a subi naguère au vu de tous les Grecs, témoins de sa retraite effarée : il lui est odieux que les villes helléniques d'Illyrie continuent d'obéir aux Romains. Il veut, à tout prix, au plus tôt, leur arracher ces têtes de pont d'où ils menacent son royaume, d'où lui-même menacera l'Italie[3]. L'été s'avance ; les diversions souhaitées ne se sont pas produites ; Hannibal n'a rien pu contre Tarente[4], et les Syracusains, après le meurtre d'Hiéronymos et le rétablissement de la démocratie, paraissent faire retour à l'alliance de Rome[5]. Lævinus se tient toujours en faction sur les côtes de Calabre, et nul vaisseau punique n'est signalé dans les eaux grecques. — II n'importe : las d'avoir tant tardé, Philippe se décide à agir seul, à prendre la mer presque sous les yeux .de l'ennemi qui se tient aux aguets. Intrépidement, follement, alors que les brises fraîches, qui chaque soir se lèvent d'Italie[6], peuvent en quelques heures jeter sur lui toute l'escadre romaine, alors qu'il court vingt fois la chance de se trouver pris entre l'éperon des quinquérèmes et la muraille rocheuse de l'Épire, il recommence avec 120 lemboi l'expédition de 216[7] : c'est ainsi que le roi de Macédoine manque d'initiative. Et, d'abord, il joue de bonheur, refait sans encombre la même longue navigation que deux ans plus tôt, franchit les passes dangereuses de Kerkyra, atteint une nouvelle fois la baie d'Aulon. La petite place d'Orikos est brusquée et conquise ; puis le roi gagne les bouches de l'Aoos, fait remonter le fleuve à sa flottille, assied son camp au sud d'Apollonia, prend ses dispositions d'attaque[8]. Mais là s'arrête sa fortune, et ce qu'il devait prévoir arrive. Comme en 216, des clameurs d'alarme et des cris d'appel ont traversé la mer ; comme en 216, des ambassades éplorées sont venues d'Illyrie supplier les Romains[9], Aussitôt, Lævinus passe le détroit, reprend Orikos faiblement gardée, bloque l'entrée de l'Aoos, isole l'ennemi de la mer, et débarque en secret quelques troupes, qu'il jette dans Apollonia[10]. Ces troupes sont assez heureuses pour surprendre de nuit le camp royal. Selon la tradition qu'a reproduite T. Live[11], elles y auraient fait un grand carnage, un grand butin, et contraint de fuir jusqu'à leurs lemboi, dans une déroute affolée, les Macédoniens éperdus, le roi lui-même à demi-nu... Ce sont là verbiage et vanteries d'Annaliste ; cette grande victoire romaine, dont T. Live trace un récit épique, peut n'avoir été qu'une fort bousculade d'avant-postes suivie d'une courte panique. Il n'en demeure pas moins qu'avec elle la campagne est terminée, et mal terminée, pour Philippe : la présence de Lævinus au voisinage d'Apollonia marque la fin de son entreprise. Assaillir la place ou l'assiéger, ayant à dos les Romains empressés à la secourir, il n'y saurait songer. Et d'autant moins qu'il ignore l'importance des forces ennemies ; peut-être sont-elles considérables : il lui souvient des débarquements de 229 et de 219 ; il se peut que des quinquérèmes embossées à la côte jaillisse toute une armée. En ce cas, s'immobiliser avec ses cinq ou six mille hommes[12] autour d'Apollonia, dans l'espace étroit que limitent les deux fleuves, l'Aoos et l'Apsos, serait risquer un désastre : les Romains, débordant la ville et la tournant, pourraient le prendre à revers et le couper de son royaume, aidés des Illyriens amis, Parthiniens au Nord, Atintanes au Sud, qui, sans doute, se levant en masse à leur appel, vont courir sus aux Macédoniens. Dans cette inquiétude, un seul parti reste à Philippe : évacuer la plaine illyrienne, faire retraite par terre, regagner ses frontières ; et c'est à quoi il se résout, après avoir incendié sa flottille, qui l'encombre et n'a plu d'usage[13]. Il brûle ces braves petits navires qui, à deux reprises, malgré la distance et l'ennemi, l'ont mené si lestement où il leur commandait d'aller ; et ses troupes, non point désarmées ni dépouillées, comme les montre T. Live[14], mais, sans doute, tristes, humiliées, mécontentes, s'écoulent vers la Macédoine.

Pour la seconde fois, Apollonia lui échappe ; pour la seconde fois, il a pu prendre pied dans l'Illyrie maritime. Ce nouvel insuccès est la répétition aggravée de celui qu'il a subi en 216 ; il est grave surtout par ses conséquences. En effet, avertis enfin par l'audace du roi[15], les Romains font, à l'automne de 214, ce qu'ils auraient pu et dû faire dès l'automne de 217 : ils s'établissent à demeure dans les ports illyriens. Lævinus ne songe point à repasser la mer ; il a transporté définitivement d'un rivage à l'autre sa station et ses croisières ; il hiverne à Orikos, prend racine à la côte et n'en bougera plus[16]. Désormais, en face de Philippe, entre lui et le détroit, il y aura l'amiral romain. C'est aux amiraux puniques que revient la tâche d'en débarrasser le roi. Pour lui, toute action navale lui est dorénavant et décidément interdite ; en attendant qu'on lui rouvre les routes de la mer, qui conduisent en Italie, ce n'est que sur terre, dans l'Illyrie continentale, qu'il lui est permis de faire échec aux Romains.

L'expédition de M. Lævinus, le combat sous Apollonia — le premier de l'histoire où se soient heurtés Macédoniens et Romains[17] — marquent l'ouverture des hostilités directes entre Rome et Philippe. Pour un observateur superficiel, c'est donc Rome qui, avec une belle énergie, prend l'initiative de la guerre inévitable[18]. Mais il y a là une illusion, et l'on ne doit point oublier combien tardive est cette énergie volontiers célébrée. Au vrai, sous une forme indirecte, la guerre a commencé depuis deux ans déjà : elle a commencé le jour où, pour la première fois, Philippe a mis le cap sur les plages illyriennes et tenté d'enlever Apollonia. C'est ce qu'il n'a point convenu au Sénat de comprendre. Indécis et lent, comme au temps d'Antigone et du Pharien, il a, toute une année, négligé de pourvoir à la défense de l'Illyrie romaine et à la sûreté du détroit ; jusqu'à l'instant où, par grand hasard, il a connu son alliance avec Hannibal, il n'a su arrêter aucune mesure pour rompre les desseins, publiquement hostiles, du Macédonien. Et l'on se demande ce qui fût advenu si le hasard ne l'avait pas servi : combien de temps encore eût-il laissé libre carrière à l'adversaire ?... Même en cette année 214, l'expédition victorieuse de Lævinus n'est qu'une riposte à la seconde agression de Philippe, une riposte de la dernière heure : peu s'en est fallu que le roi ne menât à bonne fin sa paradoxale équipée ; si Apollonia a été sauvée, c'est tout juste ; quelques jours plus tard, l'ennemi en aurait été maître. Pour parer à tout risque, le plus sage n'eût-il point été que, dès le premier moment, sitôt son escadre formée, Lævinus fit voile à l'Est et prit terre en Illyrie[19] ?

On admire volontiers l'esprit de méthode du Sénat : dans le fait, avec la Macédoine, remuante, audacieuse, animée à la revanche, il n'a, depuis treize ans, d'autre méthode que de laisser venir les événements. Il ne s'occupe ni de les gouverner ni même de les prévoir, ne porte sur eux que des yeux distraits, ne s'attache à les considérer que s'ils prennent un tour trop menaçant, n'agit que sous leur contrainte, et ne prétend rien de plus qu'en conjurer les suites immédiatement dangereuses. Mais, tandis qu'il s'en tient à cette méthode trop simple, qui s'accorde si mal avec l'opération prudente et hardie par laquelle, jadis, il a pris possession de la Basse-Illyrie, et qui témoigne seulement de l'inconsistance de sa politique, de sa paresse à suivre une même pensée et de son aversion pour les entreprises lointaines, il s'expose plus  d'une fois à de fâcheuses alertes. — Nous retrouvons ici les mêmes hommes qui ont dérobé la Sardaigne aux Puniques, se ont attiré par là leur haine immuable, puis leur ont permis de se forger à loisir des armes en Espagne ; les mêmes qui, ayant fait défense à Hannibal d'inquiéter Sagonte, ont oublié huit mois d'arracher à son étreinte la cité héroïque ; les mêmes qui ont déclaré la guerre à Carthage, et qui, six mois plus tard, ayant omis d'agir contre elle, découvrent tout d'un coup avec stupeur la présence de l'ennemi au pied des Alpes.

 

 

 



[1] La seconde expédition maritime de Philippe contre l'Illyrie est de la fin de l'été de 214. C'est ce qui ressort de Liv. (Ann.) 24. 40. 17, et mieux encore du fait que cette expédition est postérieure à la première tentative d'Hannibal contre Tarente, laquelle eut lieu lorsque l'été touchait à son terme : Liv. (Ann.) 24. 20. 15-16 ; cf. Kahrstedt, 460. La même indication se tire de la seconde lettre de Philippe aux Lariséens (IG, IX, 2, 17 — Dittenberger, Sylloge 2, 239), si vraiment, ainsi qu'on l'admet d'ordinaire, cette lettre, qui est de l'an 7 du règne, fut écrite en 214 et non en 213. Elle est datée du 13 Gorpiaios (juillet-août), et n'a précédé que de peu l'entrée en campagne du roi (1. 37-38).

[2] Rupture d'Hiéronymos avec les Romains : Polybe, VII. 5. 1-8 ; — ses armements : 5. 8 ; — il se met en campagne, précédé d'Hippokratès et d'Épikydès : Liv. (P.) 24. 7. 1-2. — Comme d'ordinaire, les Puniques sont en retard ; la flotte d'Himilko n'arrive en Sicile qu'à la fin de 214 ou même au printemps de 213 : 24. 27. 7 ; cf. 35. 3. — Sur les inquiétudes que cause aux Romains la guerre naissante : 24. 7. 8-9 ; 21. 1.

[3] Cf. Liv., 24. 40. 4.

[4] Première et vaine tentative d'Hannibal contre Tarente : Liv. (Ann.) 24. 20. 9-15 ; Lævinus contribue à sauver la ville : 20. 12-13 (détails suspects).

[5] Sur ce revirement, Holm, Gesch. Siciliens, III, 50 ; Niese, II, 522-523 ; Kahrstedt, 62. — Trêve de dix jours et négociations avec Ap. Claudius : Liv. (P.) 24. 27. 4 ; cf. 23, O. Il ; — les négociations se poursuivent à la fin de 214 ou au printemps de 213 avec M. Marcellus : 24. 27. 6 ; — conclusion de la paix et renouvellement de l'alliance avec Rome : 28. 1-9 ; cf. 29. 7 ; 29. 11-12.

[6] Cf. Instructions nautiques, n° 832 (1902), 26 ; L. Heuzey, Opérations militaires de Jules César, 7-8.

[7] Expédition de Philippe en 214 : Liv. (Ann.) 24. 40 ; cf. Dion-Zonaras, IX. 4. 4 ; Plutarque (P.) Arat. 51. — Pour la critique du récit de T. Live, voir notamment : Scott, Macedonien und Rom, 60-62 ; Hesselbarth, Histor-krit. Untersuch. zur dritten Dekade des Liv., 484 ; Karlstedt, 251-252 et 461, 1. ; De Sanctis, III, 2, 362 et 412. En dernière analyse, ce récit remonte à Polybe ; mais c'est à une source romaine (Cœlius, selon Kahrstedt) que l'a emprunté T. Live, et la tradition de Polybe y est plus ou moins gravement altérée. — Il parait certain qu'en 214 Philippe n'a que des lemboi et point de grands vaisseaux malgré le mot ναύς qui se trouve dans Plutarque) ; 120 lemboi pouvaient transporter environ 6.000 hommes. — Pour l'explication du terme lembi biremes employé par T. Live, voir Tarn, Journ. Hell. Stud., 1905, 208, n. 94.

[8] D'après Liv., 24. 40. 2-3, les premières opérations de Philippe se seraient succédé dans l'ordre que voici : le roi remonte l'Aoos, essaie de surprendre Apollonia, échoue dans son attaque, se retourne contre Orikos, emporte la ville pendant la nuit. Tout ceci est l'invraisemblance même. Je crois, avec Niese (II, 471) et De Sanctis (III, 2, 412), que Philippe, ayant pris-son mouillage dans la baie d'Anion, s'empara d'abord d'Orikos, toute proche, et ne se dirigea qu'ensuite vers Apollonia.

[9] Liv., 24. 40. 2 ; 40. 4. Les legati qui allèrent trouver Lævinus sur la côte de Calabre devaient venir, non seulement d'Orikos, mais aussi d'Apollonia. Ce qui est dit (40. 7) de la présence tardive des envoyés d'Apollonia à Orikos, après que cette ville a été reprise er les Romains, ne se comprend pas.

[10] Selon T. Live, Lævinus expédie d'Orikos sur la côte voisine d'Apollonia le préfet des alliés, Q. Nævius Crista, avec 2.000 hommes (24. 40. 8 sqq.), mais reste lui-même à Orikos avec toute la flotte — y compris les vaisseaux qui ont transporté les 2.000 hommes ; il ne vient bloquer l'Aoos qu'après la surprise du camp macédonien (40. 16), Scott (61) a bien montré que le propréteur ne peut avoir tenu cette étrange conduite. La suite probable des opérations est celle que j'indique dans le texte ; cf. Niese, II, 471.

[11] Surprise du camp macédonien : Liv. 24. 40. 10-15. Les exagérations flagrantes, es traits forcés, les détails convenus, tout le clinquant de mauvais aloi cher à la rhétorique des Annalistes abondent à tel point dans cc morceau qu'ils lui enlèvent toute valeur. Le seul fait ? certain, confirmé par Plutarque (Arat. 51), est que les Romains infligèrent un échec à Philippe, et qu'à la suite de cet échec le roi dut faire le sacrifice de sa flottille. On remarquera d'ailleurs que, s'il eut le loisir de tirer ses lemboi au sec et de les incendier, c'est qu'il n'était ni poursuivi ni pressé vivement par l'ennemi.

[12] C'est, comme j'ai dit, l'effectif probable des troupes embarquées par Philippe.

[13] Liv., 24. 40. 17 ; Dion-Zonaras, IX. 4. 4 ; Plutarque, Arat., 51. Sur les motifs de la retraite de Philippe, cf. De Sanctis, III, 2, 412.

[14] Liv. 24. 40. 17 : magna ex parte inermi exercitu spoliatoque. — La retraite a lieu vraisemblablement le long de l'Aoos, par l'Atintania,

[15] ωμαοιδεδιτες τν το Φιλππου τλμαν..., écrit Polybe (V. 105. 8) qui n'a pas pour Philippe les mépris des modernes.

[16] Hivernage de Lævinus à Orikos (214/213) : Liv. 24. 40.17. Cf. Polybe, VIII. 1. 6 (print. 213) : κα μν τος κατ τν λλδα τποις φρμει κα τας πιβολας το Φιλππου στλος, φ ο τ μν πρτον Μρκος Οαλριοςππλει — ; Liv. (Ann.) 24. 44. 5 : M. Valerio Græcia Macedoniaque cum legione et classe, quam haberet (prorogatæ). — On peut supposer que Lævinus passa à Kerkyra l'hiver de 213 /212 ; il y hiverne en 212 /211 : Liv. (P.) 26. 24. 16 ; cf. 25. 3. 6 (print. 212) : Græcia M. Valerio (prorogata).— On remarquera qu'en 213/212 l'escadre de Lævinus ne fait rien pour sauver Tarente, pour venir en aide aux Romains de l'acropole, ni pour écarter de la ville la flotte tarentine. Cela serait inexplicable si cette escadre croisait ou mouillait encore sur les côtes de Calabre cf., au contraire, Liv. 24. 20. 12 : été 214). Hannibal donne aux Tarentins le conseil et sur enseigne le moyen de faire prendre la mer à leurs vaisseaux (Polybe, VIII. 34. 3 ; 34. 5-6 ; 34. 9-11) ; la flotte tarentine est aussitôt maîtresse du golfe ; elle intercepte les convois qu'expédient à la garnison de l'acropole les villes fidèles aux Romains (cf. notamment 34. 12) ; c'est la preuve qu'il ne se trouve pas de flotte romaine dans le voisinage.

[17] Si l'on fait abstraction du petit contingent macédonien amené par Pyrrhos en Italie.

[18] Cf. Liv. 24. 40. 1 : eadem æstate [214], et cum Philippo rege, quod iam ante suspectum fuerat, motum bellum est. — G. Colin (Rome et la Grèce, 49) professe l'opinion singulière que les Romains ont attaqué la Macédoine.

[19] Il était évident dès l'abord que le propréteur ne pourrait suffire à ses deux tâches : arder les ports de la Basse-Italie et protéger la côte illyrienne. Il fallait nécessairement dit sacrifiât l'une à l'autre ; il semble que la plus urgente fût la seconde.