§ III. — LES ROMAINS ET Pour les Romains cette guerre est un bienfait des dieux.
Elle n'eût point existé, qu'il l'eût fallu faire naître ; puisqu'elle existe,
il la faut faire durer : il est clair, en effet, que, tant qu'elle durera, il
sera interdit à Philippe de joindre ses espérances
à celles d'Hannibal[1]. C'est pourquoi,
semble-t-il, le gouvernement romain devrait se résoudre enfin à s'immiscer dans les affaires de Grèce, entrer en
rapports avec les Aitoliens, renouer et resserrer les relations éphémères
formées avec leur Ligue en 228, s'unir à eux, et, de façon ou d'autre, les
encourager, les aider et soutenir leur effort. Une intervention des Romains
en Grèce, coïncidant avec la nouvelle guerre aitolique, est chose si
naturellement indiquée que, dès le premier jour, Philippe parait l'avoir prévue
et crainte, et non point indirecte et plus ou moins tardive, mais immédiate
et brutale. C'est à coup sûr un fait digne d'attention, qu'au commencement de
l'été de 219, ayant assemblé une puissante armée — près de 20.000 hommes[2] —, lui, qu'on
verra tout à l'heure si entreprenant, et si ardent et si prompt dans ses entreprises,
lui qui, menant la guerre d'une allure effrénée, la fera comme la course[3], il séjourne longuement,
immobile et presque inactif, au sud de l'Épire. Si, au lieu de foncer sur Toutefois, que A la vérité, il est une remarque qu'on fera sans doute ici
c'est que les Aitoliens ne tentent aucune démarche pour obtenir l'aide des
Romains ; si nulle ambassade romaine ne débarque en Aitolie, nulle ambassade
aitolienne ne se présente dans la curie. La remarque est exacte, mais il faut
prendre garde d'en tirer de fausses conclusions. L'erreur serait grande de croire
que, par patriotisme hellénique, les Confédérés répugnent à l'idée d'attirer
en Grèce le barbare, et qu'averti de ces dispositions,
la crainte d'un refus humiliant a pu dissuader le Sénat de leur offrir son
assistance. Les hommes qui, à cette heure, gouvernent l'Aitolie, Skopas et
Dorimachos de Trichopion, sont les mêmes qu'on verra par la suite, en des
circonstances bien moins graves, alors qu'aucun péril ne menacera leur pays,
s'allier, par haine de Leur inaction, dira-t-on peut-être, a pour cause leur
impuissance. Rome ne peut rien en faveur de l'Aitolie ; pour agir en Grèce, les
moyens lui manquent. N'oublions pas que voici venir les sombres jours de la
guerre d'Hannibal. Le péril punique s'est démasqué tout d'un coup ; Sagonte,
qu'il eût fallu secourir, est tombée à l'automne de 219, et si Hannibal a
pris son temps avant de se mettre en marche[30], il a marché
d'un train bien plus rapide qu'on ne l'eût imaginé. En 218, il a franchi les
Pyrénées, devancé sur le Rhône le consul P. Cornelius, franchi le fleuve,
franchi les Alpes ; et la même année va voir les premiers durs revers des
armes romaines, le Ticinus et Objection spécieuse au premier regard, mais qui ne résiste
pas à l'étude exacte des faits. Pour entretenir la guerre en Grèce, point n'est
besoin que Rome fasse un grand effort militaire ; point n'est besoin qu'elle
envoie les légions par delà le détroit, ni se mette en dépense de soldats. Ce
serait assez qu'elle prêtât aux Aitoliens le concours de quelques navires. On
le verra de reste en 212 : les Confédérés reprendront alors les armes contre
Philippe, recommenceront la lutte interrompue, dès qu'ils sauront pouvoir
compter sur le modeste appui de vingt-cinq quinquérèmes[31]. Car, ce qu'elle
fera en 212, dans la plus rude période de la guerre d'Hannibal, il est hors
de doute que Il suffirait, pour en être assuré, de se rappeler de
quelles immenses ressources maritimes elle dispose, et combien, par la
puissance de ses flottes, elle l'emporte sur Carthage[32]. Voyons
cependant les choses de plus près. En 218, Rome a mis à la mer 220 vaisseaux[33]. Soixante, sous
les Scipions, sont destinés aux Espagnes ; et la plupart de ceux-là servent,
en effet, à transporter, d'abord de Pise à Massalia, puis de Massalia à Emporion,
les troupes du consul P. Cornelius[34] ; ils ne
reparaîtront plus dans les eaux d'Italie. Mais les 160 autres, qui doivent
pousser jusqu'en Libye, insulter les rivages puniques et peut-être assiéger
Carthage, ne vont pas plus loin que Auquel cas, en Grèce, la guerre eût peut-être changé de
face. Ce qui rend, en effet, les succès de Philippe si rapides, ce qui lui permet
de frapper ces coups imprévus, soudains, simultanés, qui étonnent,
déconcertent, découragent ses ennemis, c'est qu'il a la maîtrise de la mer[42]. C'est parce qu'il
est maitre de la mer que, venu de Corinthe à Képhallénia et à Leukas[43], il peut envahir
l'Aitolie par l'Ouest, débarquer en secret à Limnaia[44], pousser de là
par des chemins de chèvre jusqu'à Thermos[45], puis, s'étant
brusquement rembarqué, ayant ravagé |
[1] Cf. Polybe, III, 2. 3.
[2] Au printemps de 219, Philippe a sous ses ordres 15.800 Macédoniens (10.000 phalangites, 5.000 peltastes, 800 cavaliers), qu'il a levés pendant l'hiver (Polybe, IV, 37. 7 ; cf. 9. 1). Il y joint, lors de son arrivée en Épire, 300 frondeurs envoyés d'Achaïe, 500 Polyrhéniens et tout le contingent épirote (61. 2). L'importance de ce dernier contingent n'est point indiqué par Polybe ; mais, à Sellasia, les Épirotes avaient mis en ligne 1.000 hommes et 50 chevaux (II, 65. 4) ; il est évident que les troupes qu'ils fournirent à Philippe étaient au moins aussi nombreuses. L'effectif des forces commandées par le roi s'élevait donc certainement à plus de 17.000 hommes. Il avait, en outre, à sa disposition et pouvait, d'un moment à l'autre, appeler le contingent akarnanien ; après la prise d'Ambrakos, lorsqu'il envahit l'Aitolie occidentale, Philippe reçoit d'Akarnanie 2.000 fantassins et 200 cavaliers (Polybe, IV, 63. 7). Polybe insiste sur la force numérique de l'armée royale, qu'il appelle δύναμις βαροΐα (61. 3). — Il ne serait pas impossible que Philippe eût d'abord projeté de l'employer en Illyrie, où il aurait prêté main-forte à Démétrios ; peut-être fut-il prévenu par le débarquement des Romains : voir, à ce sujet, les conjectures de M. Nicolaus, Zwei Beitr. zur Grisch. König Philipps V, 52-53.
[3] Cf. Liv., (P.) 31. 24. 2 : cursu prope Chalcidem contendit Philippus (aut. 200).
[4] Voir les reproches que lui adresse Polybe (IV, 61. 3-4 ; 61. 63. 1).
[5] Polybe, IV, 61. 4-5 ; 61. 8 ; 63. 1-3.
[6] Polybe, IV, 61. 5-6. Encore faut-il remarquer que la prise d'Ambrakos n'a d'utilité qu'en ce qu'elle peut rendre aisée celle d'Ambrakia (61. 6-7) ; or, une fois Ambrakos réduite, Philippe n'entreprend rien contre Ambrakia ; ce qu'il accorde aux Épirotes n'est donc qu'un semblant de satisfaction.
[7] La garnison aitolienne d'Ambrakos ne compte que 500 hommes (Polybe, IV, 63. 3), ce qui n'est guère en face des grandes forces de Philippe. On peut noter que les Aitoliens ne tentent aucun effort pour débloquer la place.
[8] Polybe, IV, 64. 1-3 (entrevue de Philippe et des députés achéens près de Stratos ; le roi ne leur donne que de bonnes paroles) ; cf. 67. 6 (les Achéens désespèrent de voir Philippe venir dans le Péloponnèse).
[9]
Polybe, IV, 63. 7 — 65. 11. — Opérations de Philippe dans l'ancienne Akarnanie
orientale ; prise de Phoitiai (63. 7-8) ; — invasion de
[10] A vrai dire, les apparentes lenteurs de Philippe au début de la campagne s'expliquent aussi, sans doute, par sa volonté persistante d'éluder la guerre avec les Aitoliens. Il évite de parti pris de s'engager à fond contre eux et se flatte qu'il suffira d'une démonstration militaire — le siège d'Ambrakos n'est pas autre chose — pour les amener à résipiscence (sur ce point, il semble bien que la vérité ait été vue par Niese, II, 447, 3). Mais, si Philippe éprouve tant de répugnance à combattre énergiquement les Aitoliens, c'est que la question d'Illyrie est son souci dominant et qu'il entend garder, de ce côté, sa liberté d'action.
[11]
G. Colin (Rome et
[12] Polybe, IV, 30. 8. — La précaution était, en fait, superflue. La guerre de Koilé-Syrie, qui avait éclaté à l'improviste en 221, ne permettait point à l'Égypte surprise d'intervenir en Grèce contre Philippe. Plus tard, elle se rapproche de lui pour l'opposer à Antiochos III.
[13]
Que la guerre-des-Alliés ait eu lieu contre la volonté et malgré les efforts de
Philippe, c'est ce qui ressort avec évidence de la lecture de Polybe et ce
qu'on a trop peu remarqué (voir toutefois quelques indications dans Niese, II,
417, 423, 447 et note 3 ; Beloch, III, 1, 746, 747 ; De Sanctis, III, 2, 393).
— 1° Après leur défaite de Kaphyai, dans l'été de 220, les Achéens demandent à
Philippe et aux États de
[14] Polybe, IV, 36. 7 (sentiments confiants des Aitoliens au début de la guerre) ; cf. 2. 4-5 ; V, 29. 2.
[15] Polybe, IV, 34-35 (révolution à Sparte ; triomphe du parti de Kléomènes ; rétablissement de la royauté ; alliance avec l'Aitolie).
[16] Polybe, V, 29. 2.
[17] Polybe, IV, 3. 3 ; 5. 3 ; 22. 5 ; cf. V. 18. 6 ; Plutarque, Arat., 46.
[18] Cf. Polybe, IV, 63. 1.
[19]
Prise de Phoitiai, d'Oiniadai, d'Élaos ; ravages dans
[20] Polybe, IV, 62. 1-3 (Skopas et les Aitoliens en Piérie ; sac de Dion) ; 60. 3 ; cf. 37. 6 (Lykurgue prend l'Athénaion aux Mégalopolitains) ; 59 — 60. 1 (incursion d'Euripidas et des Éléens sur les territoires de Pharai, Tritaia et Dymai ; défaite de l'hypostratège achéen Mikkos ; prise du fort de Teichos, enlevé aux Dymaiens) ; 60. 3 (prise de Gortyne, enlevée aux Telphousiens).
[21] Polybe, IV, 67. 1-3.
[22] Cf. Beloch, III, 1, 753, dont l'appréciation parait, toutefois, un peu exagérée.
[23] Cf. Polybe, IV, 22. 5 ; 69. 9 ; 82. 1.
[24] Cf. Polybe, IV, 67. 6.
[25]
Polybe, IV, 67. 6-7 (entrée de Philippe en campagne vers l'époque du solstice
d'hiver) ; 70. 1 (passage de l'Olygyrtos par des neiges ; cf. 72. 5) ; 69. 6-8
(affaire de Stymphale) ; 71 (prise de Psophis) ; 73 — 75 (invasion de l'Élide)
; 79— 80. 15 (conquête de
[26] Cf. Polybe, V, 18. 10 (à propos de l'expédition de Philippe en Laconie, en 218).
[27] Cf. Polybe, V, 18. 7.
[28] Cf. Polybe, IV, 77. 1 ; V, 29. 2 ; 102. 1.
[29]
On sait qu'en luttant contre
[30] Polybe, III. 34. 1. Cf. J. Fuchs, Der zweite pun. Krieg (Wiener-Neustadt, 1891), 51-55 ; De Sanctis, III, 2, 8-9. — Sur la marche rapide d'Hannibal et l'impression qu'elle produit à Rome : Polybe, III, 61. 6-9 ; cf. 41. 6-8.
[31] Traité de 212 entre Rome et les Aitoliens : Liv. (P.) 26. 24. 10 : bellum ut extemplo Aetoli cum Philippo terra gererent ; navibus ne minus XXV quinqueremibus adiuvaret Romanus ; cf. 28. 5. 1. — Le nombre de 25 quinquérèmes dut être fixé par les Aitoliens eux-mêmes, qui estimaient donc que c'était là une aide suffisante. A la vérité, ils espéraient aussi, en 212, le secours d'Attale (26. 24. 9 ; cf. Polybe, IX, 30. 7) — sur lequel ils n'eussent pu compter au temps de la guerre des Alliés — ; mais ils ne l'avaient point encore obtenu lorsqu'ils rompirent avec Philippe, et ne le reçurent qu'après trois ans de guerre ; Attale ne vint en Grèce que vers la fin de 209.
[32] Sur la supériorité navale des Romains et l'importance de leurs armements maritimes, cf., en général, Mommsen, R. G., I7, 575 ; De Sanctis, III, 2, 14-15 (en 218), 220-221 (après 16), 258, note 115 (en 214), 324 (de 215 à 210) ; Fuchs, Der zweite pun. Krieg, 26 ; 33-34 ; Gsell, Hist. ant. de l'Afrique du Nord, II, 458 ; III, 144.
[33]
Polybe, III, 41. 2 ; Liv., 21. 17. 3 ; 17. 5-8. De Sanctis écrit avec quelque
raison (III, 2, 5, note 7) : Per Polibio la squadra
di Sempronio è tutta di quiriqueremi : di che sarà lecito dubitare.
Il est bon de se souvenir qu'en 218 la seule escadre punique dont nous
constations avec certitude la présence à la mer, celle qu'Hannibal a laissée à
son frère Hasdrubal, ne compte au total que 57 bâtiments (50 pentères ; 2
tétrères ; 5 trières) ; encore n'en a-t-on armé: que 37 (32 pentères et les 5
trières) Polybe, III, 33. 14 ; Liv., 21. 2. 4. Ce que rapporte T. Live (21. 49.
2-50. 6 ; 51. 3-6) d'attaques dirigées contre
[34] Départ du consul P. Cornelius Scipion et de son frère Gnaeus pour l'Ibérie avec 60 vaisseaux : Polybe, III. 41. 2 ; Liv, 21. 17. 8. — Navigation de Pise à Massalia ; arrêt et débarquement à Massalia : Polybe, III, 41. 4-6. — Après qu'Hannibal a passé le Rhône, Scipion envoie son frère Gnaeus en Espagne avec la flotte et l'armée : 4 6. 5 (tandis que lui-même s'en revient à Pise ai cc un petit nombre d'hommes : 56. ). — Débarquement de Gn. Scipion à Emporion : 76. 1. — Quelques-uns des 60 aisseaux mis à la disposition de P. Scipion furent nécessairement ramenés par lui de Massalia à Pise, mais le nombre en dut être très restreint (cf. 56. 5) ; il est évident que Gn. Scipion se rendit à Emporion avec tout le gros de la flotte, comme l'indiqueraient au besoin, dans le texte de Polybe visé plus haut (76. 1), les mots παντί τώ στόλω. Si, à la bataille de l'Èbre (print. 217), il ne met en ligne que 35 bâtiments (95. 5), c'est que, faute d'épibates en nombre suffisant, il a dû laisser les autres à Tarraco ; voir, à ce sujet, la bonne explication de Kahrstedt (424, 1). Je ne saurais admettre celle que propose De Sanctis (III, 2, 242, note 61). Il est tout à fait impossible que Gn. Scipion n'ait amené en Espagne qu'une trentaine de vaisseaux.
[35]
Le consul Ti. Sempronius (Longus) part pour
[36] C'est vers le milieu de septembre (218), selon un calcul plausible (De Sanctis, III, 2, 28 ; 85), que Ti. Sempronius aurait reçu l'ordre de regagner l'Italie et de se porter au secours de son collègue. En tout cas, l'idée de la descente en Afrique dut nécessairement 4tre abandonnée par le Sénat, dès qu'il sut qu'Hannibal avait forcé le passage du Rhône t se dirigeait vers les Alpes, c'est-à-dire dès la seconde quinzaine d'août : cf. De Sanctis, II, 2, 85. Le gouvernement romain avait donc, dès ce moment-là, la libre disposition de la flotte de Sicile.
[37] La flotte parait être revenue à Ostie. Polybe, III, 61. 10 rapproché de 96. 10 (été 217).
[38] Noter que l'armée de Ti. Sempronius, contrairement à ce qu'indique T. Live (21. 51. 6), n'a point été embarquée sur la flotte ; c'est par terre que les légionnaires se rendent de Lilybée à Messine et de Rhégion à Ariminum (cf. De Sanctis, III, 2, 8,7.) : Polybe, 61. 10 ; 68. 13-14. A partir du moment où le consul a reçu son ordre de retour, la flotte ne sert plus à aucun usage. D'autre part, puisqu'elle fait voile jusqu'à Ostie, c'est qu'il est encore facile de naviguer et que la saison maritime n'est point close. — Selon T. Live (21. 51. 6), Ti. Sernpronius aurait laissé au légat S. Pomponius 25 vaisseaux destinés à protéger les parages de Vibo Valentia, et à M. Aemilius, préteur de Sicile, un nombre utilisant de bâtiments pour qu'il en commandât 50 au total ; ces indications sont des plus douteuses (toutefois, la critique de Kahrstedt, 401, et note 1, n'est pas fondée ; cf., en sens contraire, De Sanctis, III, 2, 5, note 7).
[39]
Dans l'été de 217, Gn. Servilius (Geminus) prend à Ostie le commandement de 120
vaisseaux (Polybe, III, 96. 10 ; cf. 88. 8), avec lesquels il donne chasse à
l'escadre punique de 70 voiles qui a menacé
[40] Remarquer qu'il ne serait point du tout impossible que ces 60 quinquérèmes, mentionnées par Polybe (III, 75. 4), qu'on arma au printemps de 217, fussent des bâtiments nouveaux, n'ayant pas fait partie de la flotte de Ti. Sempronius (cf., au contraire, Kahrstedt, 416) : auquel cas l'effectif des flottes romaines se serait élevé, cette année-là comme en 218, à 220 vaisseaux. Les 60 quinquérèmes nouvellement armées auraient remplacé celles, en nombre presque égal, que Gn. Scipion avait emmenées en Espagne, et la réserve aurait, en conséquence, compté, non point 40, mais 100 bâtiments.
[41] L'escadre de Calabre (pour ce nom, Liv., 24. 40. 2) est mentionnée pour la première fois dans Liv. (Ann.) 23. 32. 17 (cf. 38. 7 ; 33. 4) elle est formée de 25 bâtiments commandés par P. Valerius Flaccus, præfectus de M. Valerius Laevinus, et garde la côte entre Brundisium et Tarente.
[42] C'est au printemps de 218 que Philippe se décide à faire la guerre par mer : Polybe, V, 2. 1-4. Les raisons de cette décision sont clairement indiquées par Polybe : 9. 1. Cf. 109. 2.
[43] Traversée de Corinthe à Képhallénia : Polybe, V, 2. 11 3. 3 ; — opérations à Képhallénia : 3. 4 — 4. 13 — navigation de Képhallénia à Leukas, puis sur le golfe ambrakique : 5. 11-12 ; 5. 14.
[44] Débarquement à Limnaia : Polybe, V, 5. 14 ; cf. 6. 5.
[45] Expédition de Thermos ; étonnement des Aitoliens : Polybe, V, 7. 2 : cf. 8. 6.
[46] Polybe, V, 17. 8 (territoire d'Oiantheia).
[47] J'observe que la chronologie de cette campagne a été passablement brouillée par la plupart des historiens modernes. C'est à tort que H. Droysen (Heerwes. und Kriegführ. der Grechen, 83, 1) et Niese (II, 449) supposent que Philippe mit quatre jours à se rendre de Tégée à Sparte. S'il en avait été ainsi, le roi n'aurait pas pu se trouver sous les murs de Sparte sept jours après son départ de Leukas, comme l'affirme expressément Polybe (V, 18. 10) ; et, à ce propos, je dois faire remarquer que H. Droysen et Niese (ibid.) se méprennent gravement lorsqu'ils placent l'arrivée de Philippe au voisinage de Sparte, l'un, le septième jour après son débarquement au Léchaion, l'autre, le douzième après son embarquement à Leukas. Voici la suite véritable des faits : Embarquement de Philippe à Leukas ; navigation de Leukas au Léchaion ; arrivée au Léchaion : 1er-2e jours. — Arrêt d'un jour à Corinthe : 3e jour. — Marche de Corinthe à Argos : 4e jour. — Marche d'Argos à Tégée : 5e jour (arrivée à Tégée 2 jours après le départ de Corinthe : 18. 1). — Marche de Tégée au Ménélaïon : 6e-7e jours (arrivée au Ménélaïon 4 jours après le départ de Corinthe : 18. 3 ; et 7 jours après le départ de Leukas : 18. 10).
[48] Expédition de Laconie ; étonnement des Lacédémoniens : Polybe, V, 18. 4-11.
[49] Polybe, V, 19. 4-8.
[50] Polybe, V, 24. 6-7. — La seule rencontre sérieuse entre Macédoniens et Spartiates a lieu au Ménelaton (22. 8 — 23. 6), d'où Philippe déloge rapidement les troupes de Lykurgue.
[51]
Ceci résulte clairement de Liv. (P.)
28. 8. 14 (ann. 208).
[52] Polybe, V, 2. 4 ; 2. 7 ; 2. 11 ;
cf. 109. 4.
[53] Sur la décadence de la marine macédonienne à l'époque de Démétrios II et d'Antigone Doson, cf. Holleaux, B. C. H., 1907, 107 et note 3 ; E. Pozzi, Le battaglie di Cos e di Andros (Mem. dell' Accad. di Torino, 1911-1912), 385. — Au Léchaion, au printemps de 218, Philippe a des vaisseaux achéens joints aux siens : Polybe, V, 2. 4. Ces vaisseaux — probablement les kataphraktes, au nombre de cinq, qui ont échappé au désastre de Paxos (II 10. 5 ; cf. 9. 9) — doivent naturellement être distinguées des six qui sont mis à la mer en 217 (V, 91. 8) et qui opèrent sous le commandement du navarque achéen (94. 7-8 ; 95. 11-12). L'effectif total de la marine achéenne serait ainsi, en 217, de 11 bâtiments. Et, de fait, c'est bien celui que nous retrouvons une dizaine d'années plus tard : lors de la première guerre de Macédoine, Philippe reçoit des Achéens d'abord, en 209, 5 longæ naves (Liv. (P.) 27. 30. 15), puis, en 208, 6 autres bâtiments : 3 quadrirèmes et 3 birèmes (28. 8. 7). Sur l'état .de délabrement de la marine achéenne, cf. Liv. (P.) 35. 26. 5-6 ; Plutarque, Philop., 14. 5. — Transports venus de Messénie, d'Épire, d'Akarnanie, qui rejoignent Philippe à Képhallénia au printemps de 218 : Polybe, V. 3. 3 ; cf. ft. 4. En 229, les Akarnaniens avaient sept vaisseaux kataphraktes (II, 10. 1) ; je ne sais s'ils existent encore. — Lemboi (au nombre de 15 au lieu de 30 : cf. IV, 49. 7) amenés par Skerdilaïdas à Philippe : V, 3. 3 ; 4. 3. Skerdilaïdas ne demeure du reste l'allié du roi que pendant l'année 218 ; depuis la lin du printemps de 217, il est son ennemi.
[54] La flotte royale, que Polybe montre venant (de Démétrias ?) à Corinthe au printemps de 217 (V, 101. 2), comprend : 12 kataphraktes (cf. 101. 4), 8 aphraktes et 30 hémiolioi (ces 38 derniers vaisseaux, de petites dimensions, sont transportés par terre à travers l'Isthme (cf. 101. 4). Le total de 12 kataphraktes est, je crois, formé par 7 pentères macédoniennes (cf. Liv. (P.) 28. 8, 8 ; ann. 208) et les 5 longae naves des Achéens (Liv. (P.) 27. 30. 15 ; ann. 209 ; cf. la note précédente). Aux vaisseaux mentionnés par Polybe il faut joindre les quatre bâtiments placés sous les ordres de Taurion, qui doivent d'ordinaire stationner à Corinthe, mais qui, en 217, ont été envoyés à Leukas (Polybe, V, 95. 3 ; 101. 1).
[55] Pour les craintes qu'inspire à Philippe la marine romaine, cf. Polybe, V, 109. 2 ; 109. 5-6 (print. 216) ; 110. 4. — Il est à remarquer que, pendant la première guerre de Macédoine, Philippe n'essaie jamais avec ses seules forces de disputer la mer à M. Laevinus ni à P. Sulpicius. Il juge que, pour une pareille tâche, le concours des Puniques et de Prousias, auxquels il fait appel, lui est indispensable : Liv. (P.) 27. 30. 16 (ann. 209) (cf. 27. 15. 7 ; 28. 7. 17-18 ; 8. 8). Notons qu'à cette date (ann. 209), la flotte d'Attale ne s'est pas encore jointe à l'escadre romaine, et que celle-ci n'est forte que de 25 quinquérèmes : Liv., P., 28. 5. 1.