§ II. — LE PRÉTENDU TRAITÉ AVEC SÉLEUCUS. Le renseignement que donne ici Suétone autorise les inductions suivantes[2] : le roi Seleucus a demandé aux Romains de lui accorder leur amitié ; le Sénat y a consenti, mais sous une condition : c'est que le roi dispenserait de tout tribut les habitants d'Ilion, parents du Peuple romain[3]. Il va de soi que la condition a été acceptée ; si le Sénat s'était heurté au refus de Séleukos, on aurait dissimulé cet échec en faisant l'oubli sur l'affaire. Le Peuple romain et le roi d'Asie se sont donc unis par un fœdus amicitiæ[4] : voilà ce que rapportait une tradition romaine, qu'illustrait la vetus epistula Græca retrouvée et lue par l'empereur Claude. Sur la valeur documentaire de cet écrit, on ne saurait porter de jugement a priori ; il valait naturellement ce que valait la tradition qu'il se trouvait confirmer : on le doit regarder comme authentique si cette tradition peut passer pour véridique, comme apocryphe dans le cas contraire. Le texte de Suétone ne renferme aucune indication de temps. Mais ce roi Seleucus, auquel aurait répondu le Sénat, ne peut être, s'il a quelque réalité, que Séleukos II Kallinikos ou, à l'extrême rigueur, son fils aîné, Séleukos III Soter ou Kéraunos. La plupart des critiques se sont prononcés pour Séleukos II[5] ; ils sont d'avis que la démarche qu'il fit à Rome, et le traité qui en fut la suite, se doivent placer peu après le rétablissement définitif de a paix entre les royaumes de Syrie et d'Égypte, c'est-à-dire, selon la chronologie communément adoptée, peu après 237[6]. Là-dessus, Droysen s'écrie : Ce sont des combinaisons gigantesques qui percent à travers les débris misérables de la tradition[7]. Et un autre historien[8] ne doute pas qu'en traitant avec Séleukos, les Patres n'aient prétendu s'ingérer dans les affaires de l'Asie mineure ; il les voit se servant de la légende d'Énée comme d'un instrument capable de servir leurs desseins sur l'Orient ; il reconnaît ici l'une de ces négociations à visées plus ou moins éloignées, mais sûrement fort ambitieuses, dont ils ont l'habitude... Ne soyons pas si prompts ; n'admirons pas trop vite les combinaisons gigantesques de la politique romaine, et ne nous hâtons pas d'attribuer au Sénat des ambitions asiatiques. 1Car, d'abord, un point est bien clair. D'après la tradition même que nous avons résumée, ce premier rapprochement qui se serait opéré entre le Peuple romain et la monarchie syrienne, c'est le roi de Syrie qui en aurait pris l'initiative[9]. Le Sénat se serait borné à répondre aux avances de Séleukos, en sorte qu'il semble téméraire de parler ici de ses desseins et de ses visées ambitieuses. Mais, apparemment, ce qu'il importe surtout de savoir, c'est si la tradition que fait connaître Suétone est digne de créance[10]. Il la faut donc contrôler au moyen des faits historiquement connus. La première question que nous devions examiner est celle-ci : Est-il possible qu'il ait existé entre Séleukos II ou Séleukos III et le Peuple romain un fœdus amicitiæ ? Lorsque le Peuple romain conclut un traité, soit d'amitié, soit d'alliance, avec un souverain étranger, ce traité, à la différence des autres fœdera, n'est pas perpétuel ; il devient caduc a la mort du souverain avec lequel il a été conclu[11]. C'est pourquoi il est de règle constante qu'il soit confirmé .par chaque successeur de ce souverain. Quand un changement de règne survient dans une dynastie amie de Rome, le prince appelé à l'empire ne manque pas, peu après son avènement, de renouveler l'amitié ou l'alliance — renovare amicitiam, societatem — qui unissait au Peuple romain le roi ou les rois dont il est l'héritier[12]. Si donc le traité auquel fait allusion Suétone a été conclu avec Séleukos II, il a dû être renouvelé par Séleukos III[13], puis par Antiochos III ; s'il a été conclu avec Séleukos III, il a été renouvelé par Antiochos III. Dans un cas comme dans l'autre, Antiochos a dû, dès les premiers temps de son règne, devenir l'ami public du Peuple romain, comme l'avaient été, avant lui, ou son frère seul, ou son frère et son père. Mais, cependant, que voyons-nous ? En 193, près de trente ans après son avènement, Antiochos III députe au Sénat ses ambassadeurs, Ménippos, Hégésianax et Lysias[14]. Sur l'objet de leur mission, les indications de Polybe, reproduites par Tite-Live, Diodore et Appien, nous renseignent avec une pleine clarté : ils viennent, au nom de leur maitre, solliciter du Sénat un traité d'amitié[15]. C'est donc que jusque là — jusqu'en 193 — il n'existait pas de traité de cette sorte entre Antiochos et les Romains ; c'est donc qu'Antiochos n'avait pas renouvelé le fœdus amicitiæ qu'auraient, avant lui, conclu avec Rome Séleukos II ou Séleukos III. S'il ne l'avait pas renouvelé, c'est qu'il n'avait point à le faire ; et, dès lors, il faut admettre que cette amitié publique du Peuple romain et des Séleucides, qui remonterait à Séleukos II ou à son fils aîné, n'a rien d'historique. On me dira peut-être : la première induction est légitime, la seconde ne l'est pas. A tout prendre, il se peut qu'Antiochos ait volontairement omis de renouveler l'amicitia contractée avec les Romains par ses prédécesseurs. Je réponds qu'une telle hypothèse doit être écartée : non seulement parce qu'on ne saurait expliquer la conduite, offensante pour Rome, qu'elle attribuerait à Antiochos, mais parce que la suite des événements et l'histoire même de ses rapports avec les Romains montrent que cette conduite, le roi ne l'a pas tenue. Vers la fin de l'an 200, une ambassade, chargée en apparence de le réconcilier avec Ptolémée Épiphanes, vient lui apporter les compliments du Sénat[16] ; en 198, Antiochos répond par une contre-ambassade qui reçoit à Rome de grandes marques d'honneur[17] : il se noue ainsi dans les premières années du IIe siècle, entre le roi d'Asie et le Peuple romain, des relations d'amicale courtoisie, qualifiées par abus d'amicitia[18] — terme qu'il faut prendre ici, comme il arrive souvent, non dans son sens officiel et juridique, mais dans son acception courante et privée. Or, la chose serait à peine croyable, si Antiochos avait d'abord fait aux Romains l'injure de ne point maintenir le fœdus qui liait à eux les derniers rois. Quelque intérêt politique qui les y poussât, on n'imagine pas que les Patres eussent pris l'initiative de traiter en ami le souverain qui se serait refusé à demeurer publiquement, comme ses devanciers, l'amicus populi Romani. Ils lui auraient bien plutôt tenu rigueur ; ils ne l'eussent point voulu connaître. Cette amicitia de fait, qui s'établit en l'an 200 entre Rome et Antiochos, se trouve ainsi être la preuve qu'Antiochos n'a pas répudié l'amicitia de droit, qu'on suppose avoir été conclue par Séleukos II ou Séleukos III. Il ne l'a pas répudiée, mais pourtant ne l'a pas renouvelée : qu'est-ce à dire, sinon qu'elle n'a jamais existé ? Il y a lieu de faire une autre observation. Nous sommes exactement renseignés, par Polybe et par les auteurs qui l'ont résumé, sur les négociations qu'entretinrent Antiochos et le Sénat avant d'en venir à la rupture également redoutée de part et d'autre. Or, jamais, au cours de ces négociations, allusion n'est faite à un accord public qui serait autrefois intervenu entre le Peuple romain et l'État séleucide. Jamais les délégués du Sénat, qui tiennent soit au roi lui-même, soit à ses représentants, un langage si sévère[19], ne s'avisent d'opposer à sa politique, qu'ils jugent hostile à la chose romaine[20], celle de ses prédécesseurs, qui se seraient fait honneur d'être solennellement, en vertu d'un traité, les amis du Peuple romain ; jamais ils ne songent à lui reprocher de n'avoir point renouvelé ce traité. Et voici qui est plus remarquable encore : ce traité, Ménippos, Hégésianax et Lysias, venus à Rome en 193, semblent n'en avoir pas connaissance. Effectivement, s'il a existé entre les Romains et les prédécesseurs d'Antiochos un fœdus amicitiæ, le traité d'amitié, que Ménippos et ses compagnons prient le Sénat d'accorder au roi, ne fera que le remettre en vigueur ; il ne sera que le renouvellement tardif de ce premier fœdus. Ce que solliciteront les ambassadeurs syriens, ce sera simplement l'άνανέωσις τής προϋπαρχούσης φιλίας, pour parler comme les Grecs, la renovatio amicitiæ, quæ cum patre (ou fratre) fuit, comme eussent dit les Romains. Mais il n'en va point ainsi ; leur demande n'a pas ce caractère. Ils ne se réfèrent point à un précédent traité ; ils sont muets sur l'amitié publique qu'auraient formée avec les Romains les princes qui ont régné avant Antiochos. Tite-Live et Diodore, à la suite de Polybe[21], font connaître le langage qu'ils tiennent au Sénat ; voici ce qu'on lit dans Diodore (XXVIII, 15. 2) montre clairement qu'il ne s'agit point là de renouveler un traité ancien. Chez Tite-Live, le même Ménippos, chef de l'ambassade, énumère les diverses sortes de traités que peuvent être amenés à conclure les peuples ou les souverains, et s'attache à montrer que son maître, n'ayant jamais été en guerre avec Rome, ne saurait contracter avec elle que sur un pied de parfaite égalité (34. 57. 7)[22]. Exposé superflu, discussion oiseuse, si les deux derniers rois d'Asie ont été les amis du Peuple romain ; en ce cas, la question serait tranchée d'avance ; il suffirait de rappeler l'accord qu'ils ont souscrit et de déclarer qu'Antiochos est prêt à le souscrire à son tour. Il est sûr que les envoyés syriens ignorent le traité qu'aurait conclu Séleukos II ou Séleukos III : peut-il y avoir, contre sa réalité, un meilleur argument que cette ignorance ? 2La tradition dont nous contrôlons la véracité offre par un autre côté prise à la critique. Il en résulterait que, dès le IIIe siècle, dès l'année 237 environ (pour prendre la date généralement admise), les Romains auraient étendu leur protection sur la ville d'Ilion, et cela avec l'agrément du roi d'Asie, souverain des Iliens. C'est, à la réflexion, ce qu'il est bien difficile de croire. Un document auquel il faut ici prêter attention est le célèbre décret de la ville de Lampsaque en l'honneur de l'ambassadeur Hégésias[23]. — En 196, serrés de près par Antiochos III qui les veut obliger à reconnaître sa suzeraineté, les Larnpsakéniens ont décidé de se placer sous la sauvegarde des Romains et de se faire garantir par eux leur indépendance[24]. Ils ont donc envoyé à Rome une ambassade, dont Hégésias est le chef, à l'effet d'obtenir du Sénat que Lampsaque soit comprise dans la paix qui, à ce moment même, va être accordée à Philippe, roi de Macédoine[25] ; ils se flattent, si cette requête est agréée, qu'Antiochos n'osera plus attenter aux libertés de leur ville. Jusque-là les Lampsakéniens n'ont point formé de relations
avec les Romains ; mais, en tant qu'habitants de Aussi bien, en admettant, qu'il l'eût voulu devenir dans
les circonstances indiquées par Suétone, y aurait-il réussi ? Une dernière
question se pose ici, une question de vraisemblance historique, à laquelle
les modernes ont trop négligé d'avoir égard. Ils n'ont pas songé à se
demander s'il était historiquement possible que, pour complaire aux Romains,
Séleukos II eût consenti à décharger les
Iliens de tout tribut, c'est-à-dire, pour
parler net, à reconnaître en fait leur indépendance. Peut-être eussent-ils dû
se souvenir, à ce propos, de faits plus récents qui nous sont bien connus. Au
commencement du IIe siècle, vainqueurs de Carthage, vainqueurs de De cette enquête critique il résulte donc, a mon avis, que la tradition dont l'écho se retrouve chez Suétone doit être tenue pour une fable. C'est une fiction imaginée dans un double dessein et, si je puis dire, à double fin. Elle a pour objet d'établir, d'une part, que les Romains, toujours fidèles au souvenir de leurs ancêtres troyens, ont, sitôt qu'ils l'ont pu, entouré de soins pieux la ville d'Ilion, leur métropole ; et, d'autre part, que, dès les temps les plus anciens, les plus grands rois de la terre se sont fait honneur de rechercher et d'obtenir leur amitié publique. Et ce qui suit de là, c'est qu'il était bien vain de s'évertuer à identifier le Seleucus que cette fiction met en scène. Pour le faussaire érudit, auteur de la vetus epistula Græca, ce Seleucus était impersonnel et son règne flottait dans le lointain des âges : c'était simplement le roi d'Asie[44]. Il en est ici de ce nom comme de celui de Ptolémée qui, dans nombre de textes annalistiques, désigne, sans attribution déterminée et sans indication d'époque, le monarque qui règne sur l'Égypte. 3Le premier souverain séleucide qu'aient connu les Romains
fut Antiochos III : telle est l'impression très nette qui se dégage de la
tradition de Polybe[45]. Ils ne le
connurent, du reste, que tardivement, dans les circonstances que j'ai
rappelées plus haut, c'est-à-dire seulement vers la fin de l'an 200, au
moment où ils recommençaient la guerre de Macédoine. C'est alors que
l'allèrent trouver les trois légats qui venaient de parcourir |
[1] Suet., Claud., 25. 3. — Dans l'Histoire des Séleucides de A. Bouché-Leclercq, il n'est fait mention ni du texte de Suétone, ni des questions que ce texte soulève.
[2] Cf. P. Haubold, De rebus Iliens. (diss. Leipzig, 1888), 24. Le résumé qu'il donne de l'affaire me parait fort exact : ... cum — Seleucus a Romanis peteret, ut secum fœdus inirent, epistola Græce scripta a senatu populoque Romano ad regem missa est ea sententia, ut amicitiam et societatem tum demum pollicerentur Romani, si concessisset, ut Ilienses, qui usent consanguinei sui, plane immunes essent.
[3] On se demande comment, des mots si — Ilienses ab omni onere immunes præstitissent (Seleucus) —, Diels (Sibyll. Blätter, 101) a pu tirer la conclusion suivante ; ... die Römer (traten) als Beschützer der stammverwandten Ilier gegen des Seleukos Kallinikos Annexionsgeluste auf. Cette surprenante interprétation est reproduite par H. Graillot (Le culte de Cybèle, 41) : ...Le Sénat écrit à Séleucos de Syrie pour lui promettre amitié, s'il renonce à son projet d'annexer leur ville (des Iliens).
[4]
Que, selon la tradition romaine, il y ait eu conclusion d'un fœdus, c'est ce qu'indique le mot societatem adjoint à amicitiam,
et ce qu'admettent avec raison Haubold, De rebus Iliens, 24 :
Ferrenbach, Die amici p. R. republ. Zeit, 21 ; E. Norden, Neue Jahrb.
für das kl. Altert., 1901, 256 ; G. Colin, Rome et
[5]
Notamment : Niebuhr, R. G., I5, 107 et note 542 ; Droysen, III, 373 (trad. fr.) ; Mommsen, R.
G., I7, 548
; Haubold, 24 ; Ferrenbach, 21 ; E. R. Bevan, House of Seleucus, II,
34-35: A. Bruckner, dans W. Dörpfeld, Troja und Ilion, II, 584 ; Beloch,
III, 1, 686 ; G. Colin, 36, etc. — Norden (Neue Jahrb., 1901, 256, 3)
hésite entre les deux Séleukos ; De Sanctis (III, 1, 277 et note 22), tout en
penchant à croire qu'il s'agit plutôt de Séleukos II, se refuse à exclure
Séleukos III. Il y a pourtant contre celui-ci une objection, signalée par
Droysen (III, 373, 2), qui parait bien gênante : c'est, à savoir, qu'il semble
n'avoir jamais eu autorité sur la ville d'Ilion (cf. Polybe, V. 78. 6). De
Sanctis (ibid.) a fait effort pour passer outre à cette difficulté ; il
écrit : ... I Romani potrebbero anche aver offerto la
loro amicizia a quei patti a Seleuco III quando si accinse a ricuperare l'Asia
Minore ; perchè essi non presuppongono forse il possesso effettivo di Ilio, che
Seleuco non ebbe mai. Mais il n'est guère possible d'accepter cette
interprétation du texte de Suétone ; si Seleucus
ne tient pas les Iliens dans sa dépendance, la demande du Sénat parait
inexplicable. C'est aussi pour Séleukos II que se prononce F. Stähelin, P.-W. Seleukos 4 (article dont je dois la connaissance
anticipée, avant sa publication dans
[6]
La date de 237 environ est celle qu'adopte G.
Cardinali (Riv. di Filol., 1903, 440, 3 ; Regno di Pergamo, 90,
2), comme aussi, semble-t-il, Beloch (III, 1, 686). De Sanctis (III, 2, 678)
place vers 235 les négociations entre le Sénat
et Séleukos. J'avoue, n'admettant point ce que dit Eutrope de l'assistance
offerte par les Romains à Évergètes contre son ennemi, ne pas voir le lien
nécessaire qui rattacherait le fait mentionné dans Suétone à la conclusion de
la paix entre l'Égypte et
[7] Droysen, III, 373 (trad. fr.).
[8]
G. Colin, Rome et
[9] Cela résulte avec évidence des mots amicitiam et societatem ita demum pollicentis (senatus populique Romani). Je ne conçois pas que Mommsen (R. G., I7, 548), Beloch (III, 1, 686), De Sanctis (III, 1, 277) attribuent ou semblent attribuer la première démarche aux Romains.
[10] Niese (II, 153, 4), Täubler (Imp. Romanum, I, 203) et H. Willrich (Klio, 1903, 404) la rejettent entièrement ; mais telle n'est point l'opinion commune.
[11]
Sur la question, voir, en général : Mommsen, Staaterecht, III, 594-595 ;
O. Bohn, Qua condicione iuris reges socii p. R. juerint (diss.
[12] Quelques exemples, particulièrement bien connus, sont les suivants : Renouvellement par Perseus du traité conclu par Philippe : Polybe, XXV. 3. 1 ; Diodore, XXIX. 30 ; Tite-Live (P.) 40. 58. 9 ; (Ann.) 42. 25. 4 ; 25. 10 ; (P.) 40. 4 ; cf. (P.) 41. 24. 6. — Renouvellement par Antiochos IV du traité conclu par son père Antiochos III (et certainement renouvelé déjà par son frère Séleukos IV) : Tite-Live (Ann. ?) 42. 6. 8 ; 6. 10. — Renouvellement par Ariarathès V du traité conclu par son père : Polybe, XXXI. 3.1. — Lors de la mort de Hiéron, roi de Syracuse, le traité qu'il avait conclu avec Rome devrait être renouvelé par Hiéronymos, son successeur : Polybe, VII. 3. 1, complété au moyen de Tite-Live (P.) 26. 6. 4.
[13] Il se pourrait, à la vérité, qu'en raison de la brièveté et des agitations de son règne, e loisir eût manqué à Séleukos III pour procéder au renouvellement du traité conclu par son père ; l'obligation de le renouveler n'en aurait pas moins incombé à Antiochos III.
[14] Sur cette ambassade : Tite-Live (P.) 34. 57. 4 — 59 ; Diodore, XXVIII. 15 ; Appien, Syr., 6 ; cf. Niese, II, 675-676. — Dès le printemps de 195, Antiochos se propose de conclure un traité avec Rome : Tite-Live (P.) 34. 25. 2 ; cf. 33. 41. 5.
[15] Voir notamment : Tite-Live (P.) 34. 57. 6-11 ; 58. 1-3 ; 59. 2 ; Diodore, XXVIII. 15. 2 ; Appien, Syr., 6. — Il est certain qu'il ne s'agit, dans toute cette négociation, que de la conclusion d'un fœdus amicitiæ. — Le texte annalistique (Tite-Live 32. 8. 13 ; cf. 8. 16), où Antiochos porte le titre de fœdus et amicus populi Romani, ne mérite pas considération ; cf. Niese, II, 607, 4 ; J. Kromayer, Neue Jahrb., 1907, 6J2, 2 ; Holleaux, Klio, 1908, 279 suiv.
[16]
Pour l'histoire de cette ambassade, voir le mémoire que j'ai publié dans
[17] Sur cette ambassade, la première qu'Antiochos ait adressée au Sénat, cf. Rev. Ét. anc., 1913, 1-4. Rectifier toutefois ce qui est dit à la note 4 de la p. 4. L'ambassade envoyée par les Alexandrins à Rome, dont fait mention Appien (Syr., 2 s. f.), ne peut être de l'année 98. Comme l'a vu E. Bandelin (De rebus inter Aegyptios et Romanos intercedent, 18), elle est sûrement plus ancienne, et fort antérieure à celle d'Antiochos. En dépit du langage inexact d'Appien, c'est, selon toute apparence, celle qui alla trouver les Romains tout au début du règne d'Épiphanes, et, par conséquent, celle de Ptolémée de Mégalopolis (Polybe, XV. 25. 14) venue à Rome en 202.
[18] Cf. Tite-Live (P.) 33. 20. 8.
[19] Voir notamment : Polybe, XVIII. 50. 5-9 (conférences de Lysimacheia, aut. 196 ; discourt tenu par L. Cornelius à Antiochos) ; Tite-Live (P.) 34. 58. 1-3 ; 58. 8-13 (conférences de Rome, fin de l'hiv. 194/193 ou print. 193 ; réponse de T. Quinctius aux ambassadeurs syriens) ; 35. 16. 7-13 (conférences d'Éphèse, été 193 ; réponse de P. Sulpicius à Minnion, représentant d'Antiochos).
[20] Voir, en particulier, Polybe, XVIII, 50. 8-9.
[21] Pour la question critique, cf. Nissen, Krit. Unters., 163. Il y a concordance très satisfaisante entre Diodore et T. Live ; mais il est probable que le premier a résumé avec trop de concision le texte de Polybe, tandis que le second l'a certainement amplifié à l'excès.
[22] Ici, l'on ne peut douter que T. Live paraphrase librement Polybe, mais c'est bien Polybe qu'est emprunté le thème qu'il développe ; cf. Diodore, XXVIII, 15. 2.
[23] Dittenberger, Sylloge2, 276. J'ai étudié récemment l'une des questions soulevées par ce document — ce qui concerne les rapports de Lampsaque avec les Galates Tolostoages, Rev. Ét. anc., 1916, 1 suiv. — Comme l'a indiqué Ad. Wilhelm (Gött. gel. Ans., 1900, 95), il ne manque dans le décret qu'une seule ligne, la 42e. J'ai tenu compte de cette remarque dans ma numérotation des lignes.
[24] Sur l'origine du conflit entre Antiochos III et les villes de Lampsaque, Smyrne et Alexandrie-Troas : Tite-Live (P.) 33. 38. 3-7 ; Appien, Syr., 2 ; cf. Polybe, XVIII, 52. 1-4 ; XXI. 3. 3 ; Diodore, XXIX, 7. Voir, en général, Niese, II, 643 ; Rev. Ét. anc., 1916, 1-2.
[25] Décret pour Hégésias, l. 32-33 ; 63-66. — Le fait est intéressant : il montre qu'un État non belligérant (c'était le cas de Lampsaque) pouvait être compris dans un traité de paix par la volonté de l'un des contractants. Ceux qui croient — à tort —, sur la foi de T. Live (29. 12. 14), que les Iliens furent adscrits par les Romains à la paix de 205, auraient pu tirer de là un argument favorable à leur opinion, au lieu d'en être réduits à soutenir, contrairement à toute vraisemblance, que les Iliens avaient pris part la guerre contre Philippe. — Je signale qu'à la l. 66 du décret, le roi de Macédoine devait nécessairement être nommé.
[26]
On a coutume de répéter (Haubold, De rebus Iliens, 64 ; Dittenberger, Sylloge
2, 76, not. 10 ;
G. Colin, 160, etc.), à la suite de H. G. Laing (Ath. Mitt., 1881, 102),
que les Lampsakéniens se qualifient de συγγενεΐς
des Romains parce qu'ils sont membres de la fédération ilienne et participent
au culte d'Athéna Ilias. Cela ne paraît point exact. L'admission de Lampsaque
au nombre des πόλεις
αί κοινωνοΰσαι
τοΰ ίεροΰ καί
τής πανηγύρεως
τής Άθηνάς τής
Ίλιάδος (Sylloge2, 169, 1. 57-58 ; cf.
Bruckner dans Dörpfeld, Troja und Ilion, II, 456-457, 577-579), n'a pu
créer une συγγενεια
entre elle et Ilion (ni, partant, entre elle et Rome), mais, au contraire, la
présuppose. C'est parce que les Lampsakéniens passent pour parents des Iliens qu'ils célèbrent avec eux le culte
d'Athéna Ilias ; et s'ils passent pour leurs parents, c'est qu'ils sont censés,
comme eux, descendre des anciens habitants de
[27] Décret pour Hégésias, l. 18-19 ; 21-22 ; 25 ; 31. — Le peuple de Lampsaque se dit aussi (l. 19 ; cf. l. 6) φίλος τοΰ 'Ρωμαίων δήμου : c'est un nouvel exemple de l'emploi abusif des mots φίλος (φιλία), amicus (amicitia). Ici, le mot φίλος n'implique évidemment aucune relation de droit public, les Lampsakéniens n'ayant point encore eu de rapports avec les Romains.
[28] Décret pour Hégésias, l. 16-41 : rencontre avec le propréteur L. Quinctius et le questeur de la flotte.
[29] Décret pour Hégésias, l. 26-27 ; l. 54, 61. — Ce qui est assez plaisant, c'est qu'en se proclamant frères des Massaliotes, c'est-à-dire colons de Phocée (cf. G. Busolt, Gr. Gesch., I, 467, 3), les Lampsakéniens rendent manifeste leur origine ionienne, et font connaître qu'ils n'ont rien de commun avec les anciens Troyens, ni, conséquemment, avec les Romains. Lorsqu'ils se disent à la fois άδελφοί des Massaliotes et συγγενεΐς des Romains, ils affirment deux choses contradictoires ; mais ils n'y regardent pas ou pensent avec raison que les Romains n'y regarderont pas de si près.
[30] Décret pour Hégésias, l. 43-44.
[31]
Décret pour Hégésias, 1. 43-46. — Il est singulier que, dans le résumé qu'il
donne de ce décret, G. Colin (Rome et
[32] Décret pour Hégésias, l. 49-56.
[33] Décret pour Hégésias, l. 62.
[34] Voir les faits recueillis par Diels (Sibyll. Blätter, 102-103), lequel a d'ailleurs grand tort de leur prêter une signification politique.
[35] De là une conséquence qu'il importe de signaler dès maintenant : c'est, à savoir, n'en dépit de ce qui se lit chez T. Live (29. 12. 14), les Iliens n'ont point été adscripti par les Romains au traité de 205 conclu avec Philippe de Macédoine.
[36] Cf. Tite-Live (P.) 35. 16. 1.0 (conférences d'Éphèse) : — alias (Asiæ civitates) per multos annos nullo ambigente libertatem usurpasse. Ces mots s'appliquent naturellement aux trois villes dont les Romains soutiennent la cause.
[37] Tite-Live (P.) 34. 58. 1-3 ; 59. 2 (conférences de Rome). — Le Sénat ne consent à se désintéresser du sort des villes d'Asie que si Antiochos renonce à ses possessions d'Europe.
[38] Polybe, XVIII, 51. 2 (conférences de Lysimacheia) ; cf. Tite-Live (P.) 34. 58. 6 (conférences de Rome).
[39] Cf. Polybe, XVIII. 52. 4 (conférences de Lysimacheia).
[40] Cf. Tite-Live (P.) 34. 57. 9-10 (conférences de Rome) ; 35. 17. 4.
[41] Cf. Diodore, XXVIII. 15. 4 ; Tite-Live (P.) 34. 58. 6-7 ; 59. 3.
[42] Cf. l'exposé de Bruckner dans Dörpfeld, Troja und Ilion, II, 583-584.
[43] Cf. Tite-Live (P.) 35. 17. 8-9.
[44] Notons que le nom d'Antiochus est employé de même façon dans le texte d'Europe, 3. 1. Les historiens qui croient à l'authenticité du renseignement donné par Eutrope ont obligés de substituer à ce nom celui de Seleucus (Séleukos II).
[45] Je rappelle que, dans les textes de Polybe ou remontant à Polybe, qui sont relatifs tut négociations du Sénat avec Antiochos III, il n'est jamais fait allusion à d'anciens apports des Romains avec la monarchie syrienne.
[46] Polybe, XVI. 25. 2 - 27. 5 ; 34. 1 sqq.
[47] Polybe, XVI. 25. 4 : conférences des légats avec Attale au Pirée (print. 200) ; 34. 2 ; 35. 2 : arrêt et séjour des légats à Rhodes (été-aut. 200).
[48] Polybe, XVI. 27. 5 ; 34. 2 ; Appien, Syr., 2, s. f. (où cette ambassade est confondue avec celle qui vint à Lysimacheia à l'aut. de 196) ; Justin, 30. 3. 3 ; 31. 1. 2. (Je rappelle que la tradition de Polybe est gravement altérée chez Appien et chez Justin qui, tous deux, la suite des Annalistes romains, transforment l'apparente médiation du Sénat en une injonction comminatoire adressée à Antiochos).
[49] Cf. Niese, II, 637-638 ; Rev. Ét. anc., 1913, 4.
[50] Cf. Tite-Live (P.) 33. 20. 8-9 ; 34. 3 : — nihil iam perplexe, ut ante — se aperte denuniatum eqs. (colloque de T. Quinctius avec les ambassadeurs d'Antiochos, à Corinthe, près les Isthmiques de 196) ; voir Rev. Ét. anc., 1913, 5 suiv.
[51] Polybe, XVIII. 47. 1-2 (entrevue de T. Quinctius et des ambassadeurs syriens à Corinthe) ; 50. 4-52 (conférences de L. Cornelius avec Antiochos à Lysimacheia ; aut. 196) ; Appien, Syr., 2 s. f.
[52] Tite-Live (P.) 34. 57. 4 - 59 ; Diodore, (P.) XXVIII, 15 (conférences de Rome avec les envoyés d'Antiochos) ; Tite-Live (P.) 35.16-17. 2 (conférences d'Éphèse entre les légats romains et Minnion, représentant d'Antiochos).