ROME, LA GRÈCE ET LES MONARCHIES HELLÉNISTIQUES AU IIIe SIÈCLE AVANT J.-C. (273-205)

 

CHAPITRE DEUXIÈME. — LA PRÉTENDUE POLITIQUE ORIENTALE DES ROMAINS AU IIIe SIÈCLE.

 

 

 

§ II. — LE PRÉTENDU TRAITÉ AVEC SÉLEUCUS.

La Vie de l'empereur Claudius, par Suétone, renferme ce passage : Iliensibus, quasi Romanæ gentis auctoribus, tributa in perpetuum remisit (Claudius), recitata vetere epistula Græca senatus populique Romani Seleuco regi amicitiam et societatem ita demum pollicentis, si consanguineos suas Ilienses ab omni onere immunes præstitisset[1].

Le renseignement que donne ici Suétone autorise les inductions suivantes[2] : le roi Seleucus a demandé aux Romains de lui accorder leur amitié ; le Sénat y a consenti, mais sous une condition : c'est que le roi dispenserait de tout tribut les habitants d'Ilion, parents du Peuple romain[3]. Il va de soi que la condition a été acceptée ; si le Sénat s'était heurté au refus de Séleukos, on aurait dissimulé cet échec en faisant l'oubli sur l'affaire. Le Peuple romain et le roi d'Asie se sont donc unis par un fœdus amicitiæ[4] : voilà ce que rapportait une tradition romaine, qu'illustrait la vetus epistula Græca retrouvée et lue par l'empereur Claude. Sur la valeur documentaire de cet écrit, on ne saurait porter de jugement a priori ; il valait naturellement ce que valait la tradition qu'il se trouvait confirmer : on le doit regarder comme authentique si cette tradition peut passer pour véridique, comme apocryphe dans le cas contraire.

Le texte de Suétone ne renferme aucune indication de temps. Mais ce roi Seleucus, auquel aurait répondu le Sénat, ne peut être, s'il a quelque réalité, que Séleukos II Kallinikos ou, à l'extrême rigueur, son fils aîné, Séleukos III Soter ou Kéraunos. La plupart des critiques se sont prononcés pour Séleukos II[5] ; ils sont d'avis que la démarche qu'il fit à Rome, et le traité qui en fut la suite, se doivent placer peu après le rétablissement définitif de a paix entre les royaumes de Syrie et d'Égypte, c'est-à-dire, selon la chronologie communément adoptée, peu après 237[6].

Là-dessus, Droysen s'écrie : Ce sont des combinaisons gigantesques qui percent à travers les débris misérables de la tradition[7]. Et un autre historien[8] ne doute pas qu'en traitant avec Séleukos, les Patres n'aient prétendu s'ingérer dans les affaires de l'Asie mineure ; il les voit se servant de la légende d'Énée comme d'un instrument capable de servir leurs desseins sur l'Orient ; il reconnaît ici l'une de ces négociations à visées plus ou moins éloignées, mais sûrement fort ambitieuses, dont ils ont l'habitude... Ne soyons pas si prompts ; n'admirons pas trop vite les combinaisons gigantesques de la politique romaine, et ne nous hâtons pas d'attribuer au Sénat des ambitions asiatiques.

1

Car, d'abord, un point est bien clair. D'après la tradition même que nous avons résumée, ce premier rapprochement qui se serait opéré entre le Peuple romain et la monarchie syrienne, c'est le roi de Syrie qui en aurait pris l'initiative[9]. Le Sénat se serait borné à répondre aux avances de Séleukos, en sorte qu'il semble téméraire de parler ici de ses desseins et de ses visées ambitieuses. Mais, apparemment, ce qu'il importe surtout de savoir, c'est si la tradition que fait connaître Suétone est digne de créance[10]. Il la faut donc contrôler au moyen des faits historiquement connus.

La première question que nous devions examiner est celle-ci : Est-il possible qu'il ait existé entre Séleukos II ou Séleukos III et le Peuple romain un fœdus amicitiæ ?

Lorsque le Peuple romain conclut un traité, soit d'amitié, soit d'alliance, avec un souverain étranger, ce traité, à la différence des autres fœdera, n'est pas perpétuel ; il devient caduc a la mort du souverain avec lequel il a été conclu[11]. C'est pourquoi il est de règle constante qu'il soit confirmé .par chaque successeur de ce souverain. Quand un changement de règne survient dans une dynastie amie de Rome, le prince appelé à l'empire ne manque pas, peu après son avènement, de renouveler l'amitié ou l'alliancerenovare amicitiam, societatem — qui unissait au Peuple romain le roi ou les rois dont il est l'héritier[12]. Si donc le traité auquel fait allusion Suétone a été conclu avec Séleukos II, il a dû être renouvelé par Séleukos III[13], puis par Antiochos III ; s'il a été conclu avec Séleukos III, il a été renouvelé par Antiochos III. Dans un cas comme dans l'autre, Antiochos a dû, dès les premiers temps de son règne, devenir l'ami public du Peuple romain, comme l'avaient été, avant lui, ou son frère seul, ou son frère et son père. Mais, cependant, que voyons-nous ? En 193, près de trente ans après son avènement, Antiochos III députe au Sénat ses ambassadeurs, Ménippos, Hégésianax et Lysias[14]. Sur l'objet de leur mission, les indications de Polybe, reproduites par Tite-Live, Diodore et Appien, nous renseignent avec une pleine clarté : ils viennent, au nom de leur maitre, solliciter du Sénat un traité d'amitié[15]. C'est donc que jusque là — jusqu'en 193 — il n'existait pas de traité de cette sorte entre Antiochos et les Romains ; c'est donc qu'Antiochos n'avait pas renouvelé le fœdus amicitiæ qu'auraient, avant lui, conclu avec Rome Séleukos II ou Séleukos III. S'il ne l'avait pas renouvelé, c'est qu'il n'avait point à le faire ; et, dès lors, il faut admettre que cette amitié publique du Peuple romain et des Séleucides, qui remonterait à Séleukos II ou à son fils aîné, n'a rien d'historique.

On me dira peut-être : la première induction est légitime, la seconde ne l'est pas. A tout prendre, il se peut qu'Antiochos ait volontairement omis de renouveler l'amicitia contractée avec les Romains par ses prédécesseurs. Je réponds qu'une telle hypothèse doit être écartée : non seulement parce qu'on ne saurait expliquer la conduite, offensante pour Rome, qu'elle attribuerait à Antiochos, mais parce que la suite des événements et l'histoire même de ses rapports avec les Romains montrent que cette conduite, le roi ne l'a pas tenue. Vers la fin de l'an 200, une ambassade, chargée en apparence de le réconcilier avec Ptolémée Épiphanes, vient lui apporter les compliments du Sénat[16] ; en 198, Antiochos répond par une contre-ambassade qui reçoit à Rome de grandes marques d'honneur[17] : il se noue ainsi dans les premières années du IIe siècle, entre le roi d'Asie et le Peuple romain, des relations d'amicale courtoisie, qualifiées par abus d'amicitia[18] — terme qu'il faut prendre ici, comme il arrive souvent, non dans son sens officiel et juridique, mais dans son acception courante et privée. Or, la chose serait à peine croyable, si Antiochos avait d'abord fait aux Romains l'injure de ne point maintenir le fœdus qui liait à eux les derniers rois. Quelque intérêt politique qui les y poussât, on n'imagine pas que les Patres eussent pris l'initiative de traiter en ami le souverain qui se serait refusé à demeurer publiquement, comme ses devanciers, l'amicus populi Romani. Ils lui auraient bien plutôt tenu rigueur ; ils ne l'eussent point voulu connaître. Cette amicitia de fait, qui s'établit en l'an 200 entre Rome et Antiochos, se trouve ainsi être la preuve qu'Antiochos n'a pas répudié l'amicitia de droit, qu'on suppose avoir été conclue par Séleukos II ou Séleukos III. Il ne l'a pas répudiée, mais pourtant ne l'a pas renouvelée : qu'est-ce à dire, sinon qu'elle n'a jamais existé ?

Il y a lieu de faire une autre observation. Nous sommes exactement renseignés, par Polybe et par les auteurs qui l'ont résumé, sur les négociations qu'entretinrent Antiochos et le Sénat avant d'en venir à la rupture également redoutée de part et d'autre. Or, jamais, au cours de ces négociations, allusion n'est faite à un accord public qui serait autrefois intervenu entre le Peuple romain et l'État séleucide. Jamais les délégués du Sénat, qui tiennent soit au roi lui-même, soit à ses représentants, un langage si sévère[19], ne s'avisent d'opposer à sa politique, qu'ils jugent hostile à la chose romaine[20], celle de ses prédécesseurs, qui se seraient fait honneur d'être solennellement, en vertu d'un traité, les amis du Peuple romain ; jamais ils ne songent à lui reprocher de n'avoir point renouvelé ce traité. Et voici qui est plus remarquable encore : ce traité, Ménippos, Hégésianax et Lysias, venus à Rome en 193, semblent n'en avoir pas connaissance. Effectivement, s'il a existé entre les Romains et les prédécesseurs d'Antiochos un fœdus amicitiæ, le traité d'amitié, que Ménippos et ses compagnons prient le Sénat d'accorder au roi, ne fera que le remettre en vigueur ; il ne sera que le renouvellement tardif de ce premier fœdus. Ce que solliciteront les ambassadeurs syriens, ce sera simplement l'άνανέωσις τής προϋπαρχούσης φιλίας, pour parler comme les Grecs, la renovatio amicitiæ, quæ cum patre (ou fratre) fuit, comme eussent dit les Romains. Mais il n'en va point ainsi ; leur demande n'a pas ce caractère. Ils ne se réfèrent point à un précédent traité ; ils sont muets sur l'amitié publique qu'auraient formée avec les Romains les princes qui ont régné avant Antiochos. Tite-Live et Diodore, à la suite de Polybe[21], font connaître le langage qu'ils tiennent au Sénat ; voici ce qu'on lit dans Diodore (XXVIII, 15. 2) montre clairement qu'il ne s'agit point là de renouveler un traité ancien. Chez Tite-Live, le même Ménippos, chef de l'ambassade, énumère les diverses sortes de traités que peuvent être amenés à conclure les peuples ou les souverains, et s'attache à montrer que son maître, n'ayant jamais été en guerre avec Rome, ne saurait contracter avec elle que sur un pied de parfaite égalité (34. 57. 7)[22]. Exposé superflu, discussion oiseuse, si les deux derniers rois d'Asie ont été les amis du Peuple romain ; en ce cas, la question serait tranchée d'avance ; il suffirait de rappeler l'accord qu'ils ont souscrit et de déclarer qu'Antiochos est prêt à le souscrire à son tour. Il est sûr que les envoyés syriens ignorent le traité qu'aurait conclu Séleukos II ou Séleukos III : peut-il y avoir, contre sa réalité, un meilleur argument que cette ignorance ?

2

La tradition dont nous contrôlons la véracité offre par un autre côté prise à la critique. Il en résulterait que, dès le IIIe siècle, dès l'année 237 environ (pour prendre la date généralement admise), les Romains auraient étendu leur protection sur la ville d'Ilion, et cela avec l'agrément du roi d'Asie, souverain des Iliens. C'est, à la réflexion, ce qu'il est bien difficile de croire.

Un document auquel il faut ici prêter attention est le célèbre décret de la ville de Lampsaque en l'honneur de l'ambassadeur Hégésias[23]. — En 196, serrés de près par Antiochos III qui les veut obliger à reconnaître sa suzeraineté, les Larnpsakéniens ont décidé de se placer sous la sauvegarde des Romains et de se faire garantir par eux leur indépendance[24]. Ils ont donc envoyé à Rome une ambassade, dont Hégésias est le chef, à l'effet d'obtenir du Sénat que Lampsaque soit comprise dans la paix qui, à ce moment même, va être accordée à Philippe, roi de Macédoine[25] ; ils se flattent, si cette requête est agréée, qu'Antiochos n'osera plus attenter aux libertés de leur ville.

Jusque-là les Lampsakéniens n'ont point formé de relations avec les Romains ; mais, en tant qu'habitants de la Troade, ils sont censés avoir même origine et se peuvent déclarer leurs συγγενεΐς ou, comme disent les Latins, leurs consanguinei[26]. Ils ont de la sorte un titre considérable à leur protection. Naturellement, ce titre, Hégésias et ses collègues s'en doivent prévaloir en toute occasion[27], et c'est ce qu'ils font dès le début de leur voyage, lorsqu'ils prennent contact avec des magistrats romains[28]. Mais un fait bien digne de remarque, c'est qu'en même temps ils en allèguent un second, et qui semble avoir à leurs yeux une valeur au moins égale : ils rappellent avec insistance que le peuple de Lampsaque est frère des Massaliotes, lesquels se placent au premier rang des amis et alliés de Rome[29] : d'où l'on doit conclure que les Lampsakéniens ne sont nullement certains que leur parenté avec le Peuple romain, pour précieuse qu'elle soit, suffise à leur assurer la bienveillance du Sénat. Effectivement, nous voyons qu'ils ont estimé l'intervention des Massaliotes indispensable au bon succès de leur démarche. Par leur ordre, leurs ambassadeurs, avant de se rendre à Rome, commencent par naviguer jusqu'à Massalia, font ainsi sur des mers inconnues une longue et périlleuse traversée[30], prient, à Massalia, le Conseil des Six-Cents de leur prêter son concours, demandent et obtiennent que quelques-uns de ses membres les accompagnent à Rome[31]. Ces députés massaliotes leur font escorte dans la curie, y prennent la parole les premiers, plaident devant le Sénat la cause de Lampsaque[32], et c'est seulement patronnés par eux qu'Hégésias et ses collègues osent aborder les Patres. Or, il faut convenir que tout ceci est bien étrange, si, depuis près d'un demi-siècle, les Romains ont reconnu publiquement, par la faveur témoignée aux habitants d'Ilion, voisins et frères de ceux de Lampsaque, la parenté qui les unit eux-mêmes aux populations de la Troade. Comment, en ce cas, les Lampsakéniens n'ont-ils pas plus de confiance dans la vertu de leur titre de συγγενεΐς du Peuple romain ? comment ressentent-ils le besoin de le renforcer par un autre ? pourquoi jugent-ils ne pouvoir se passer de la recommandation des Massaliotes[33]. — Et voici qui n'est pas moins singulier : eux qui attachent un si grand prix à cette recommandation et mettent tant de zèle à se la procurer, ont négligé de se munir de celle des Biens, lesquels, en l'occurrence, sembleraient pourtant devoir être leurs auxiliaires naturels. Ils ne les ont pas sollicités, comme les Massaliotes, de participer à leur ambassade et de leur servir à Rome de répondants et de patrons ; à quoi l'on peut ajouter que leurs représentants, dans les requêtes qu'ils adressent soit aux magistrats romains, soit au Sénat, gardent sur la ville d'Ilion un surprenant silence, et ne songent point à s'autoriser, comme d'un précédent opportun, de la protection que, depuis si longtemps. lui auraient accordée les Romains. — Ces observations sont instructives. De l'examen du décret voté en l'honneur d'Hégésias, tout lecteur attentif doit, ce me semble, tirer la conclusion qu'en 196, bien que a croyance aux origines troyennes de Rome fût déjà partout répandue et qu'à Rome même elle trouvât grand crédit[34], le Peuple romain, quoi qu'on lise chez Suétone, ne s'était point encore constitué le protecteur de ses consanguinei d'Ilion[35].

Aussi bien, en admettant, qu'il l'eût voulu devenir dans les circonstances indiquées par Suétone, y aurait-il réussi ? Une dernière question se pose ici, une question de vraisemblance historique, à laquelle les modernes ont trop négligé d'avoir égard. Ils n'ont pas songé à se demander s'il était historiquement possible que, pour complaire aux Romains, Séleukos II eût consenti à décharger les Iliens de tout tribut, c'est-à-dire, pour parler net, à reconnaître en fait leur indépendance. Peut-être eussent-ils dû se souvenir, à ce propos, de faits plus récents qui nous sont bien connus. Au commencement du IIe siècle, vainqueurs de Carthage, vainqueurs de la Macédoine, maîtres de l'Occident et de la Grèce, armés d'une puissance sans égale, les Romains, prenant sous leur protection trois cités autonomes d'Asie, Lampsaque, Smyrne, Alexandrie-Troas, qui se sont jadis affranchies de l'autorité des Séleucides, enjoignent à Antiochos III de respecter la liberté et les immunités dont elles jouissent depuis longtemps[36], et finissent par lui déclarer, sur un ton de colère, qu'il doit, en cas de refus, renoncer à jamais obtenir l'amitié de la République[37]. Mais le roi refuse de se laisser intimider, et se révolte contre une exigence qu'il juge impertinente et outrageuse. Il rappelle aux Romains qu'étrangers jusque là aux choses de l'Asie, ils n'ont pas plus à s'en mêler que lui-même de celles de l'Italie[38] ; qu'ils n'ont point qualité pour épouser les intérêts des villes du pays, ni pour intervenir entre ces villes et lui[39] ; qu'il ne leur appartient pas de lui dicter des lois[40], et que, si précieuse que lui soit leur amitié, il ne saurait l'acheter par cet amoindrissement de son autorité qu'ils lui veulent imposer[41]. Il s'obstine à traiter en vassales les trois cités dont le Sénat s'est indûment arrogé le patronage, et la perspective même d'une guerre avec Rome ne peut le déterminer à rien abandonner de ce qu'il estime être son droit intangible. Telle est la royale attitude que garde Antiochos, à partir de 196, en face de Rome victorieuse et toute-puissante... Et l'on voudrait qu'une quarantaine d'années plus tôt, alors qu'assurément il n'avait rien à craindre des Romains qui ne s'étaient jamais aventurés à l'orient de l'Italie, alors qu'il ne pouvait lui importer beaucoup d'avoir part à leur amitié, Séleukos II, pour acquérir cette amitié presque superflue, eût d'emblée, à la première invitation du Sénat, renoncé à ses droits souverains sur une ville qui, semble-t-il, avait toujours dépendu de sa maison[42], sans réfléchir qu'un tel acte de faiblesse créerait un précédent redoutable et risquerait d'avoir dans son empire de dangereux contrecoups[43] ! C'est là trop exiger de notre crédulité. Antiochos n'est plus fondé à dire que les Romains n'ont rien à voir aux. choses de l'Asie, si Séleukos y a si docilement toléré leur ingérence en faveur des Iliens. Mais surtout, le contraste est trop fort entre la conduite du fils et celle qu'on attribue au père. Ou Antiochos est trop intransigeant, ou Séleukos est trop pliant ; or, la roideur d'Antiochos est de l'histoire, et c'est pourquoi la souplesse de Séleukos ne saurait être que de la légende.

De cette enquête critique il résulte donc, a mon avis, que la tradition dont l'écho se retrouve chez Suétone doit être tenue pour une fable. C'est une fiction imaginée dans un double dessein et, si je puis dire, à double fin. Elle a pour objet d'établir, d'une part, que les Romains, toujours fidèles au souvenir de leurs ancêtres troyens, ont, sitôt qu'ils l'ont pu, entouré de soins pieux la ville d'Ilion, leur métropole ; et, d'autre part, que, dès les temps les plus anciens, les plus grands rois de la terre se sont fait honneur de rechercher et d'obtenir leur amitié publique. Et ce qui suit de là, c'est qu'il était bien vain de s'évertuer à identifier le Seleucus que cette fiction met en scène. Pour le faussaire érudit, auteur de la vetus epistula Græca, ce Seleucus était impersonnel et son règne flottait dans le lointain des âges : c'était simplement le roi d'Asie[44]. Il en est ici de ce nom comme de celui de Ptolémée qui, dans nombre de textes annalistiques, désigne, sans attribution déterminée et sans indication d'époque, le monarque qui règne sur l'Égypte.

3

Le premier souverain séleucide qu'aient connu les Romains fut Antiochos III : telle est l'impression très nette qui se dégage de la tradition de Polybe[45]. Ils ne le connurent, du reste, que tardivement, dans les circonstances que j'ai rappelées plus haut, c'est-à-dire seulement vers la fin de l'an 200, au moment où ils recommençaient la guerre de Macédoine. C'est alors que l'allèrent trouver les trois légats qui venaient de parcourir la Grèce et de l'agiter contre Philippe, de signifier coup sur coup au Macédonien la rerum repetitio et l'indictio belli du Sénat[46], et de négocier avec Attale et les Rhodiens une action commune en vue des hostilités prochaines[47]. Cette ambassade, qui se rendit dans le même temps en Égypte, est la plus ancienne que le gouvernement romain ait adressée a la cour de Syrie. Elle avait pour mission ostensible de rétablir la paix entre Antiochos et Ptolémée V[48] ; on sait que sa mission véritable était bien différente[49]. Il s'agissait, en réalité, d'observer le roi d'Asie, d'en sonder les intentions, de voir s'il avait le ferme dessein d'assister Philippe, son allié, contre les Romains, et, pour détourner cc suprême danger, de le flatter et de le caresser, de le convaincre des dispositions amicales du Sénat, de lui laisser entendre qu'à Rome on tolérait de bonne grâce ses entreprises contre l'Égypte et qu'on n'aurait garde d'y faire obstacle. Quatre ans plus tard, au lendemain de Kynosképhalai, les Patres avaient retrouvé leur assurance en face du Grand-roi[50]. Jugeant ses progrès inquiétants, ils les voulaient borner. En 196, T. Quinctius, puis L. Cornelius, spécialement dépêché auprès de lui à Lysimacheia, lui suscitèrent, pour l'écarter de l'Europe et l'entraver dans la Petite-Asie, de soudaines difficultés[51]. Ce fut là le second contact de l'État romain avec la monarchie syrienne. Le troisième eut lieu en 193, à Rome et à Éphèse[52] : les Patres mirent à la conclusion du traité d'amitié demandé par Antiochos des conditions telles qu'il ne s'y put soumettre. — Ainsi naquit et se poursuivit, dans les premières années du IIe siècle, la querelle qui, par l'imprudence d'Antiochos — la seule qu'il ait commise —, ne devait prendre fin qu'à Magnésie. Au siècle précédent, jamais les Romains et les Séleucides n'avaient eu d'intérêts communs ni contraires ; jamais ils ne s'étaient trouvés en situation d'avoir rien à débattre ensemble, et jamais, sans doute, ils n'avaient soupçonné que la politique les pût, quelque jour, rapprocher ou diviser.

 

 

 



[1] Suet., Claud., 25. 3. — Dans l'Histoire des Séleucides de A. Bouché-Leclercq, il n'est fait mention ni du texte de Suétone, ni des questions que ce texte soulève.

[2] Cf. P. Haubold, De rebus Iliens. (diss. Leipzig, 1888), 24. Le résumé qu'il donne de l'affaire me parait fort exact : ... cumSeleucus a Romanis peteret, ut secum fœdus inirent, epistola Græce scripta a senatu populoque Romano ad regem missa est ea sententia, ut amicitiam et societatem tum demum pollicerentur Romani, si concessisset, ut Ilienses, qui usent consanguinei sui, plane immunes essent.

[3] On se demande comment, des mots siIlienses ab omni onere immunes præstitissent (Seleucus) —, Diels (Sibyll. Blätter, 101) a pu tirer la conclusion suivante ; ... die Römer (traten) als Beschützer der stammverwandten Ilier gegen des Seleukos Kallinikos Annexionsgeluste auf. Cette surprenante interprétation est reproduite par H. Graillot (Le culte de Cybèle, 41) : ...Le Sénat écrit à Séleucos de Syrie pour lui promettre amitié, s'il renonce à son projet d'annexer leur ville (des Iliens).

[4] Que, selon la tradition romaine, il y ait eu conclusion d'un fœdus, c'est ce qu'indique le mot societatem adjoint à amicitiam, et ce qu'admettent avec raison Haubold, De rebus Iliens, 24 : Ferrenbach, Die amici p. R. republ. Zeit, 21 ; E. Norden, Neue Jahrb. für das kl. Altert., 1901, 256 ; G. Colin, Rome et la Grèce, 36, 1 ; Täubler, Imp. Romanum, I, 203, etc. Il va, d'ailleurs, sans dire qu'il ne peut s'agir que d'un traité d'amitié, societas ne faisant ici, comme en nombre de cas semblables, que renforcer amicitia. G. Colin parle à tort d'une alliance.

[5] Notamment : Niebuhr, R. G., I5, 107 et note 542 ; Droysen, III, 373 (trad. fr.) ; Mommsen, R. G., I7, 548 ; Haubold, 24 ; Ferrenbach, 21 ; E. R. Bevan, House of Seleucus, II, 34-35: A. Bruckner, dans W. Dörpfeld, Troja und Ilion, II, 584 ; Beloch, III, 1, 686 ; G. Colin, 36, etc. — Norden (Neue Jahrb., 1901, 256, 3) hésite entre les deux Séleukos ; De Sanctis (III, 1, 277 et note 22), tout en penchant à croire qu'il s'agit plutôt de Séleukos II, se refuse à exclure Séleukos III. Il y a pourtant contre celui-ci une objection, signalée par Droysen (III, 373, 2), qui parait bien gênante : c'est, à savoir, qu'il semble n'avoir jamais eu autorité sur la ville d'Ilion (cf. Polybe, V. 78. 6). De Sanctis (ibid.) a fait effort pour passer outre à cette difficulté ; il écrit : ... I Romani potrebbero anche aver offerto la loro amicizia a quei patti a Seleuco III quando si accinse a ricuperare l'Asia Minore ; perchè essi non presuppongono forse il possesso effettivo di Ilio, che Seleuco non ebbe mai. Mais il n'est guère possible d'accepter cette interprétation du texte de Suétone ; si Seleucus ne tient pas les Iliens dans sa dépendance, la demande du Sénat parait inexplicable. C'est aussi pour Séleukos II que se prononce F. Stähelin, P.-W. Seleukos 4 (article dont je dois la connaissance anticipée, avant sa publication dans la Real-Enzyklopädie, à l'obligeance de l'auteur).

[6] La date de 237 environ est celle qu'adopte G. Cardinali (Riv. di Filol., 1903, 440, 3 ; Regno di Pergamo, 90, 2), comme aussi, semble-t-il, Beloch (III, 1, 686). De Sanctis (III, 2, 678) place vers 235 les négociations entre le Sénat et Séleukos. J'avoue, n'admettant point ce que dit Eutrope de l'assistance offerte par les Romains à Évergètes contre son ennemi, ne pas voir le lien nécessaire qui rattacherait le fait mentionné dans Suétone à la conclusion de la paix entre l'Égypte et la Syrie, et la date de 237-235 me parait au moins contestable. Elle soulève, d'ailleurs, une difficulté grave. Après 237, c'était Antiochos Hiérax, et non Séleukos, qui était maitre d'Ilion comme de toute la Petite-Asie cf. Beloch, III, 1, 702-703, et, pour les monnaies d'Ilion à l'effigie d'Antiochos, H. von Fritze et Brückner dans Dörpfeld, Troja und Ilion, II, 503-504, 584. La même objection qui parait devoir faire écarter Séleukos III vaudrait dès lors aussi contre Séleukos II ; on a essayé de l'éluder (De Sanctis, III, 1, 277), on n'y a pas réussi.

[7] Droysen, III, 373 (trad. fr.).

[8] G. Colin, Rome et la Grèce, 156 ; 21. — Pareillement, H. Graillot (Le culte de Cybèle, 2) pense que le gouvernement romain, soucieux de s'immiscer aux questions d'Orient..., ne protégeait Ilion, médiocre oppidum, que pour se créer des droits en Anatolie. (Ceci en grande partie d'après Diels, Sibyll. Blätter, 101-102.)

[9] Cela résulte avec évidence des mots amicitiam et societatem ita demum pollicentis (senatus populique Romani). Je ne conçois pas que Mommsen (R. G., I7, 548), Beloch (III, 1, 686), De Sanctis (III, 1, 277) attribuent ou semblent attribuer la première démarche aux Romains.

[10] Niese (II, 153, 4), Täubler (Imp. Romanum, I, 203) et H. Willrich (Klio, 1903, 404) la rejettent entièrement ; mais telle n'est point l'opinion commune.

[11] Sur la question, voir, en général : Mommsen, Staaterecht, III, 594-595 ; O. Bohn, Qua condicione iuris reges socii p. R. juerint (diss. Berlin, 1876), 27 ; Ferrenbach, Die amici p. R. republ. Zeit, 75-76 ; Täubler, I, 125.

[12] Quelques exemples, particulièrement bien connus, sont les suivants : Renouvellement par Perseus du traité conclu par Philippe : Polybe, XXV. 3. 1 ; Diodore, XXIX. 30 ; Tite-Live (P.) 40. 58. 9 ; (Ann.) 42. 25. 4 ; 25. 10 ; (P.) 40. 4 ; cf. (P.) 41. 24. 6. — Renouvellement par Antiochos IV du traité conclu par son père Antiochos III (et certainement renouvelé déjà par son frère Séleukos IV) : Tite-Live (Ann. ?) 42. 6. 8 ; 6. 10. — Renouvellement par Ariarathès V du traité conclu par son père : Polybe, XXXI. 3.1. — Lors de la mort de Hiéron, roi de Syracuse, le traité qu'il avait conclu avec Rome devrait être renouvelé par Hiéronymos, son successeur : Polybe, VII. 3. 1, complété au moyen de Tite-Live (P.) 26. 6. 4.

[13] Il se pourrait, à la vérité, qu'en raison de la brièveté et des agitations de son règne, e loisir eût manqué à Séleukos III pour procéder au renouvellement du traité conclu par son père ; l'obligation de le renouveler n'en aurait pas moins incombé à Antiochos III.

[14] Sur cette ambassade : Tite-Live (P.) 34. 57. 4 — 59 ; Diodore, XXVIII. 15 ; Appien, Syr., 6 ; cf. Niese, II, 675-676. — Dès le printemps de 195, Antiochos se propose de conclure un traité avec Rome : Tite-Live (P.) 34. 25. 2 ; cf. 33. 41. 5.

[15] Voir notamment : Tite-Live (P.) 34. 57. 6-11 ; 58. 1-3 ; 59. 2 ; Diodore, XXVIII. 15. 2 ; Appien, Syr., 6. — Il est certain qu'il ne s'agit, dans toute cette négociation, que de la conclusion d'un fœdus amicitiæ. — Le texte annalistique (Tite-Live 32. 8. 13 ; cf. 8. 16), où Antiochos porte le titre de fœdus et amicus populi Romani, ne mérite pas considération ; cf. Niese, II, 607, 4 ; J. Kromayer, Neue Jahrb., 1907, 6J2, 2 ; Holleaux, Klio, 1908, 279 suiv.

[16] Pour l'histoire de cette ambassade, voir le mémoire que j'ai publié dans la Rev. Ét. anc., 1913, 4. Les légats du Sénat, G. Claudius Nero, P. Sempronius Tuditanus, M. Aemilius Lepidus (cf. Tite-Live (Ann.) 31. 2. 3 ; Polybe, XVI. 34), sont partis de Rome au printemps de 200, et se trouvent encore à Rhodes après la prise d'Abydos par Philippe (Polybe, XVI, 4. 1-3 ; 35. 2), soit vers la fin de septembre de la même année. C'est de Rhodes qu'ils e rendent en Égypte et en Syrie, sans qu'on puisse dire lequel des deux pays ils visitent d'abord.

[17] Sur cette ambassade, la première qu'Antiochos ait adressée au Sénat, cf. Rev. Ét. anc., 1913, 1-4. Rectifier toutefois ce qui est dit à la note 4 de la p. 4. L'ambassade envoyée par les Alexandrins à Rome, dont fait mention Appien (Syr., 2 s. f.), ne peut être de l'année 98. Comme l'a vu E. Bandelin (De rebus inter Aegyptios et Romanos intercedent, 18), elle est sûrement plus ancienne, et fort antérieure à celle d'Antiochos. En dépit du langage inexact d'Appien, c'est, selon toute apparence, celle qui alla trouver les Romains tout au début du règne d'Épiphanes, et, par conséquent, celle de Ptolémée de Mégalopolis (Polybe, XV. 25. 14) venue à Rome en 202.

[18] Cf. Tite-Live (P.) 33. 20. 8.

[19] Voir notamment : Polybe, XVIII. 50. 5-9 (conférences de Lysimacheia, aut. 196 ; discourt tenu par L. Cornelius à Antiochos) ; Tite-Live (P.) 34. 58. 1-3 ; 58. 8-13 (conférences de Rome, fin de l'hiv. 194/193 ou print. 193 ; réponse de T. Quinctius aux ambassadeurs syriens) ; 35. 16. 7-13 (conférences d'Éphèse, été 193 ; réponse de P. Sulpicius à Minnion, représentant d'Antiochos).

[20] Voir, en particulier, Polybe, XVIII, 50. 8-9.

[21] Pour la question critique, cf. Nissen, Krit. Unters., 163. Il y a concordance très satisfaisante entre Diodore et T. Live ; mais il est probable que le premier a résumé avec trop de concision le texte de Polybe, tandis que le second l'a certainement amplifié à l'excès.

[22] Ici, l'on ne peut douter que T. Live paraphrase librement Polybe, mais c'est bien Polybe qu'est emprunté le thème qu'il développe ; cf. Diodore, XXVIII, 15. 2.

[23] Dittenberger, Sylloge2, 276. J'ai étudié récemment l'une des questions soulevées par ce document — ce qui concerne les rapports de Lampsaque avec les Galates Tolostoages, Rev. Ét. anc., 1916, 1 suiv. — Comme l'a indiqué Ad. Wilhelm (Gött. gel. Ans., 1900, 95), il ne manque dans le décret qu'une seule ligne, la 42e. J'ai tenu compte de cette remarque dans ma numérotation des lignes.

[24] Sur l'origine du conflit entre Antiochos III et les villes de Lampsaque, Smyrne et Alexandrie-Troas : Tite-Live (P.) 33. 38. 3-7 ; Appien, Syr., 2 ; cf. Polybe, XVIII, 52. 1-4 ; XXI. 3. 3 ; Diodore, XXIX, 7. Voir, en général, Niese, II, 643 ; Rev. Ét. anc., 1916, 1-2.

[25] Décret pour Hégésias, l. 32-33 ; 63-66. — Le fait est intéressant : il montre qu'un État non belligérant (c'était le cas de Lampsaque) pouvait être compris dans un traité de paix par la volonté de l'un des contractants. Ceux qui croient — à tort —, sur la foi de T. Live (29. 12. 14), que les Iliens furent adscrits par les Romains à la paix de 205, auraient pu tirer de là un argument favorable à leur opinion, au lieu d'en être réduits à soutenir, contrairement à toute vraisemblance, que les Iliens avaient pris part la guerre contre Philippe. — Je signale qu'à la l. 66 du décret, le roi de Macédoine devait nécessairement être nommé.

[26] On a coutume de répéter (Haubold, De rebus Iliens, 64 ; Dittenberger, Sylloge 2, 76, not. 10 ; G. Colin, 160, etc.), à la suite de H. G. Laing (Ath. Mitt., 1881, 102), que les Lampsakéniens se qualifient de συγγενεΐς des Romains parce qu'ils sont membres de la fédération ilienne et participent au culte d'Athéna Ilias. Cela ne paraît point exact. L'admission de Lampsaque au nombre des πόλεις αί κοινωνοΰσαι τοΰ ίεροΰ καί τής πανηγύρεως τής Άθηνάς τής Ίλιάδος (Sylloge2, 169, 1. 57-58 ; cf. Bruckner dans Dörpfeld, Troja und Ilion, II, 456-457, 577-579), n'a pu créer une συγγενεια entre elle et Ilion (ni, partant, entre elle et Rome), mais, au contraire, la présuppose. C'est parce que les Lampsakéniens passent pour parents des Iliens qu'ils célèbrent avec eux le culte d'Athéna Ilias ; et s'ils passent pour leurs parents, c'est qu'ils sont censés, comme eux, descendre des anciens habitants de la Troade. La même raison en fait naturellement les συγγενεΐς des Romains.

[27] Décret pour Hégésias, l. 18-19 ; 21-22 ; 25 ; 31. — Le peuple de Lampsaque se dit aussi (l. 19 ; cf. l. 6) φίλος τοΰ 'Ρωμαίων δήμου : c'est un nouvel exemple de l'emploi abusif des mots φίλος (φιλία), amicus (amicitia). Ici, le mot φίλος n'implique évidemment aucune relation de droit public, les Lampsakéniens n'ayant point encore eu de rapports avec les Romains.

[28] Décret pour Hégésias, l. 16-41 : rencontre avec le propréteur L. Quinctius et le questeur de la flotte.

[29] Décret pour Hégésias, l. 26-27 ; l. 54, 61. — Ce qui est assez plaisant, c'est qu'en se proclamant frères des Massaliotes, c'est-à-dire colons de Phocée (cf. G. Busolt, Gr. Gesch., I, 467, 3), les Lampsakéniens rendent manifeste leur origine ionienne, et font connaître qu'ils n'ont rien de commun avec les anciens Troyens, ni, conséquemment, avec les Romains. Lorsqu'ils se disent à la fois άδελφοί des Massaliotes et συγγενεΐς des Romains, ils affirment deux choses contradictoires ; mais ils n'y regardent pas ou pensent avec raison que les Romains n'y regarderont pas de si près.

[30] Décret pour Hégésias, l. 43-44.

[31] Décret pour Hégésias, 1. 43-46. — Il est singulier que, dans le résumé qu'il donne de ce décret, G. Colin (Rome et la Grèce, 159) passe entièrement sous silence le voyage des ambassadeurs lampsakéniens à Massalia et l'intervention des Massaliotes à Rome.

[32] Décret pour Hégésias, l. 49-56.

[33] Décret pour Hégésias, l. 62.

[34] Voir les faits recueillis par Diels (Sibyll. Blätter, 102-103), lequel a d'ailleurs grand tort de leur prêter une signification politique.

[35] De là une conséquence qu'il importe de signaler dès maintenant : c'est, à savoir, n'en dépit de ce qui se lit chez T. Live (29. 12. 14), les Iliens n'ont point été adscripti par les Romains au traité de 205 conclu avec Philippe de Macédoine.

[36] Cf. Tite-Live (P.) 35. 16. 1.0 (conférences d'Éphèse) : — alias (Asiæ civitates) per multos annos nullo ambigente libertatem usurpasse. Ces mots s'appliquent naturellement aux trois villes dont les Romains soutiennent la cause.

[37] Tite-Live (P.) 34. 58. 1-3 ; 59. 2 (conférences de Rome). — Le Sénat ne consent à se désintéresser du sort des villes d'Asie que si Antiochos renonce à ses possessions d'Europe.

[38] Polybe, XVIII, 51. 2 (conférences de Lysimacheia) ; cf. Tite-Live (P.) 34. 58. 6 (conférences de Rome).

[39] Cf. Polybe, XVIII. 52. 4 (conférences de Lysimacheia).

[40] Cf. Tite-Live (P.) 34. 57. 9-10 (conférences de Rome) ; 35. 17. 4.

[41] Cf. Diodore, XXVIII. 15. 4 ; Tite-Live (P.) 34. 58. 6-7 ; 59. 3.

[42] Cf. l'exposé de Bruckner dans Dörpfeld, Troja und Ilion, II, 583-584.

[43] Cf. Tite-Live (P.) 35. 17. 8-9.

[44] Notons que le nom d'Antiochus est employé de même façon dans le texte d'Europe, 3. 1. Les historiens qui croient à l'authenticité du renseignement donné par Eutrope ont obligés de substituer à ce nom celui de Seleucus (Séleukos II).

[45] Je rappelle que, dans les textes de Polybe ou remontant à Polybe, qui sont relatifs tut négociations du Sénat avec Antiochos III, il n'est jamais fait allusion à d'anciens apports des Romains avec la monarchie syrienne.

[46] Polybe, XVI. 25. 2 - 27. 5 ; 34. 1 sqq.

[47] Polybe, XVI. 25. 4 : conférences des légats avec Attale au Pirée (print. 200) ; 34. 2 ; 35. 2 : arrêt et séjour des légats à Rhodes (été-aut. 200).

[48] Polybe, XVI. 27. 5 ; 34. 2 ; Appien, Syr., 2, s. f. (où cette ambassade est confondue avec celle qui vint à Lysimacheia à l'aut. de 196) ; Justin, 30. 3. 3 ; 31. 1. 2. (Je rappelle que la tradition de Polybe est gravement altérée chez Appien et chez Justin qui, tous deux, la suite des Annalistes romains, transforment l'apparente médiation du Sénat en une injonction comminatoire adressée à Antiochos).

[49] Cf. Niese, II, 637-638 ; Rev. Ét. anc., 1913, 4.

[50] Cf. Tite-Live (P.) 33. 20. 8-9 ; 34. 3 : — nihil iam perplexe, ut antese aperte denuniatum eqs. (colloque de T. Quinctius avec les ambassadeurs d'Antiochos, à Corinthe, près les Isthmiques de 196) ; voir Rev. Ét. anc., 1913, 5 suiv.

[51] Polybe, XVIII. 47. 1-2 (entrevue de T. Quinctius et des ambassadeurs syriens à Corinthe) ; 50. 4-52 (conférences de L. Cornelius avec Antiochos à Lysimacheia ; aut. 196) ; Appien, Syr., 2 s. f.

[52] Tite-Live (P.) 34. 57. 4 - 59 ; Diodore, (P.) XXVIII, 15 (conférences de Rome avec les envoyés d'Antiochos) ; Tite-Live (P.) 35.16-17. 2 (conférences d'Éphèse entre les légats romains et Minnion, représentant d'Antiochos).