PREMIÈRE PARTIE — HISTOIRE DE LA GRÈCE DEPUIS FLAMININUS JUSQU’À AUGUSTE - (194 av. J.-C. — 14 apr. J.-C.)
La grande victoire remportée par Octavien près du golfe d’Ambracie eut du moins, pour la Grèce infortunée, l’avantage de mettre fin à la guerre, et bientôt on songea sérieusement à guérir les terribles blessures que tant d’événements désastreux avaient faites au pays depuis une cinquantaine d’années. Cependant l’aspect que présentait alors la Grèce d’Europe était déplorable. Strabon, le grand géographe de cette époque, en revenant d’Orient en Italie, dans l’été de l’an 29 av. J.-C. (Octavien quittait l’Egypte vers la même époque), visita aussi quelques parties de la Grèce et notamment l’île de Gyaros et la Nouvelle-Corinthe[1] ; dans sa grande et célèbre Géographie, il nous fait un tableau effrayant tant de ce qu’il a vu lui-même en Grèce à cette époque, que de ce qu’il apprit alors et plus tard sur la situation de ce pays. D’après sa description, confirmée en partie du moins par d’autres écrivains, en partie complétée par eux, cette contrée autrefois si florissante était à peu près ruinée, à l’exception de quelques villes. Dans la Grèce proprement dite, l’Épire, depuis les temps néfastes de Paul-Émile, n’avait pas cessé de dépérir ; la dépopulation du pays et la ruine de là plupart des villes et des villages anciens, surtout à l’intérieur, vers le centre et le sud, y compris Ambracie, avaient fait des progrès effrayants ; dans les cantons habités autrefois par les Epirotes grecs ou à moitié grecs, on voyait plus de ruines que de lieux habités, et l’antique oracle de Dodone était désert comme tout le reste[2]. Les hauts pays entre la Macédoine, la Thessalie et l’Épire étaient incultes[3], et le peuple des Dolopes avait à peu près cessé d’exister[4]. L’Acarnanie et l’Étolie, autrefois si puissantes et si peuplées, n’étaient plus que l’ombre d’elles-mêmes ; de vastes étendues de ces contrées servaient de pâturages aux chevaux[5]. Dans la Thessalie, si cruellement éprouvée, Larisse, la capitale, conservait à peu près seule son ancienne importance ; dans le pays des Magnètes, Démétrias du moins avait maintenu son rang[6]. Parmi les cantons entre l’Œta, l’Étolie et le bassin de la Béotie, la Phocide seule, outre la ville ozolienne d’Amphissa et Oponte en Locride, pouvait passer pour avoir conservé des restes respectables de son ancienne vigueur[7]. La Béotie, par contre, était complètement ruinée ; Thèbes, sa vieille capitale, dont les portes et les monuments existaient seuls encore, était presque déserte ; il est probable que, dès cette époque, la Cadmée seule était encore habitée ; Thespies et Tanagra étaient les seules villes qui eussent encore conservé quelque importance dans ce canton[8]. L’Attique (nous ne reviendrons pas sur le triste état du Pirée) fit voir longtemps, par la ruine et l’abandon de ses bourgs et de ses villages, combien elle avait souffert. Nous avons vu déjà combien Mégare était tombée[9]. Dans le Péloponnèse, ou du moins en Messénie, en Laconie et dans la partie nord-est de la péninsule, les populations avaient conservé une partie de leur vigueur et de leur prospérité[10] ; l’Arcadie et l’ouest du pays achéen avaient perdu le plus. Dans ce canton, Tégée seule (et, selon toute apparence, aussi Mantinée) avait encore une population d’une certaine importance ; Mégalopolis, au contraire, autrefois si belle, était tellement déserte que le contraste cuire sa grande étendue et le petit nombre de ses habitants était devenu proverbial ; plus tard même, sous les Antonins, la capitale jadis si vantée de la Nouvelle-Arcadie était presque entièrement ruinée[11] ; d’autres villes célèbres de ce caillou, comme Orchomène, Héræa, Clitor, Phénéos, Stymphale, Mænale, Méthydrion, Caphyæ et Cynætha étaient abandonnées ou en ruines ; il y avait d’autant plus de place pour les pâturages où l’on élevait des chevaux (et des ânes)[12]. En Argolide, où Argos notamment (v. plus bas) avait conservé une certaine aisance, la situation était moins triste ; mais dans le vieux canton «les Achéens proprement dits, les districts orientaux seuls, entre Ægion et Sicyone, étaient restés assez florissants, tandis que les districts de l’ouest, et notamment ceux de Patræ et de Dyme, étaient en pleine décadence. Tandis que les îles qui portent le nom d’Ioniennes étaient assez prospères[13], la plupart de celles de la mer Egée devenaient de plus en plus désertes et incultes, ce qui, comme nous le verrons plus tard, en faisait des retraites commodes pour les Romains de grande famille bannis en si grand nombre dans les premiers temps de l’Empire[14]. L’existence primitive que menaient les habitants de certains districts boisés et montagneux de l’Eubée[15], et dont nous parle Dion Chrysostome, sera décrite plus tard. Mais nous ferons observer dès à présent que l’île de Gyaros, entre autres, était, d’après Strabon, si pauvre et si peu remplie, qu’en 29 av. J.-C., les habitants n’arrivaient pas tous ensemble à payer un tribut annuel de cent cinquante drachmes (environ autant de francs)[16] ; cette population appauvrie n’avait même pas pu, à un moment donné, se défendre des souris[17]. D’autres îles, comme Icaria, près de Samos, n’étaient plus que des pâturages[18] ; sur la côte d’Asie, la ville de Myonte fut abandonnée par ses habitants à cause des moustiques qui en rendaient le séjour insupportable[19]. Les renseignements fournis par d’autres écrivains anciens s’accordent avec ce lugubre tableau de la situation de la Grèce au commencement de l’époque impériale[20]. Toutefois, nous pouvons admettre, d’autre part, que les renseignements fournis par Strabon — qui, en somme, n’a fait que passer en Grèce[21] et a dû, en grande partie, s’en rapporter aux indications de ses contemporains ; qui, par conséquent, n’a pu esquisser qu’à grands traits les tableaux qu’il nous fait de la misère du pays sans s’astreindre aux nuances — vont souvent trop loin et que, pour ne point insister sur quelques erreurs de détail[22], il ne faut sans doute pas prendre à la lettre ce qu’il nous dit de la destruction complète ou de la disparition d’un grand nombre de villes. Dans bien des cas, il s’agit, sans doute, d’une dépopulation momentanée ou d’antiques et célèbres cités tombées au rang de simples villages[23]. La description détaillée faite par Pausanias de la situation de la Grèce pendant les vingt ou trente dernières années du n" siècle après J.-C, que nous examinerons plus tard en détail, nous montre bien clairement que la ténacité avec laquelle les Hellènes repeuplaient sans cesse des villes saccagées ou détruites, avec laquelle ils s’attachaient aux vieilles traditions locales et aux droits acquis, n’était nullement éteinte même à cette époque de profonde décadence morale et matérielle et malgré une tendance très marquée vers l’émigration en Italie ; que, par conséquent, le tableau très chargé de Strabon n’est exact que d’une manière transitoire et que, au contraire, à partir de cette époque, la Grèce commence à se relever peu à peu, bien que très lentement, de son profond abaissement. Dans le deuxième volume de cet ouvrage, nous nous proposerons, entre autres choses, de suivre les traces de ce relèvement progressif de la Grèce sous la domination des Césars. Ici, nous avons, en somme, à faire avant tout le tableau du nouvel état de choses qui commença pour l’antique pays des Hellènes, par suite des événements décisifs qui eurent lieu sur les rivages du golfe d’Ambracie et sur la côte de l’Egypte. La dernière guerre entre Antoine et Octavien, nous l’avons dit plus haut, avait achevé la ruine de la Grèce ; si bien que même le froid Octavien en fut profondément ému. Peu après la grande victoire remportée à Actium, il parcourut la Grèce, ouvrit aux Hellènes allâmes et appauvris les magasins remplis par lui et par Antoine[24], prit partout les mesures que la situation rendait nécessaires, se fit initier à Athènes aux mystères d’Eleusis[25], et passa ensuite l’hiver dans l’île de Samos[26]. Le voyage rapide, motivé par le soulèvement d’une partie de ses vétérans, qu’il fil de Samos en Italie dans l’hiver de l’an 31 à 30 av. J.-C. et pendant lequel il fut deux fois surpris par la tempête — entre le Péloponnèse et l’Étolie et sur la côte parsemée d’écueils du nord de l’Épire[27] — de même que le voyage que fit Octavien quelques semaines plus tard de Brindes en Syrie par Corinthe et Rhodes[28], pour porter le dernier coup à Antoine ; enfin le retour du nouveau monarque et son passage en Grèce dans l’été de l’an 29[29], tout cela ne nous offre pas beaucoup d’intérêt. El cependant les temps qui suivirent la bataille d’Actium eurent pour la Grèce une importance capitale, parce que — c’était un effet immédiat de la lutte pour l’empire — on vit naître alors des institutions nouvelles qui, pendant des siècles, exercèrent une influence décisive sur le sort des Hellènes. On sait que, par suite des luttes intestines qui déchirèrent l’Italie depuis l’an 43, de grandes perturbations eurent lieu dans l’état de la propriété foncière ; Octavien se vit forcé de distribuer des terres, tant à de nombreux Italiotes qui avaient perdu leurs biens depuis 43 et 42 qu’à des milliers de ses vétérans victorieux, à ceux-ci pour les récompenser de leurs longs services. C’est ainsi que, depuis sa victoire sur Antoine, le jeune César reprit, sur une vaste échelle, l’œuvre de son père adoptif ; c’est alors que commença l’établissement en masse de colons d’origine romaine et surtout de vétérans sur le sol de la péninsule gréco-macédonienne, qui fut d’un si grand secours aux tendances égalitaires de l’empire dans ses contrées. La première et la plus célèbre de ces colonies nouvelles fut la ville de Nicopolis (appelée aussi Actia Nicopolis) qui, en 30 av. J.-C.[30], fut fondée, en commémoration de la victoire d’Actium, sur l’ancien emplacement du camp d’Octavien. Le lieu élevé où s’était trouvée la tente d’Octavien fut pavé de pierres de taille ; on l’orna d’un certain nombre de rostres provenant des vaisseaux d’Antoine, d’un temple d’Apollon, et enfin des statues en bronze d’Eutychos et de Nicon — d’un conducteur d’âne et de sa bêle, qu’Octavien avait rencontrés le malin de la grande bataille, cette rencontre ayant été considérée comme un présage de victoire — qui devaient à leurs noms de bon augure l’honneur dé servir de symboles à la ville nouvelle. (Zonaras, bien des siècles après, vit ces statues dans un théâtre de Constantinople). Le port de Comaros et l’autre, plus rapproché, devinrent les ports de Nicopolis. Le temple d’Apollon, sur le promontoire d’Actium, fut considérablement agrandi ; un certain nombre de vaisseaux de guerre qu’on avait pris à Antoine furent consacrés à la divinité, comme trophées de la victoire, dans les chantiers établis sur le rivage au pied du promontoire. Enfin Octavien institua, en l’honneur d’Apollon Actien et pour perpétuer le souvenir de sa grande victoire, de nouveaux jeux artistiques, nautiques et gymnastiques, avec courses de chars ; ces jeux, appelés Actia, devaient être célébrés tous les cinq ans, probablement le jour anniversaire de la grande bataille, et s’ajouter comme cinquième fête aux quatre grandes solennités nationales de la Grèce[31]. Cependant Octavien ne se contenta pas d’établir à Actium des colons romains[32] ; pour hâter le développement de la nouvelle ville, on obligea les habitants des villes et des campagnes voisines de s’établir en masse à Nicopolis ; Ambracie en Épire, Argos Amphilochicon, les villes acarnaniennes de Leucas, d’Anactorion et de Thyréion, Calydon et le reste de l’Étolie durent céder une grande partie des habitants qui leur restaient pour peupler la nouvelle colonie, où l’élément grec domina ainsi dès le début[33]. Cette mesure arbitraire, à laquelle une grande partie des Étoliens ne parvint à échapper qu’en émigrant à Amphissa en Locride[34], fut si rigoureusement exécutée que les statues des dieux et les objets d’art des villes ainsi dépeuplées furent emmenés à Nicopolis. Le nouveau maître de l’empire agissait d’ailleurs avec tant d’arbitraire, qu’il donna à d’autres villes (v. plus bas) plus d’une de ces œuvres d’art, comme s’il les avait enlevées à l’ennemi[35]. Dans tous les cas, cette espèce de synœcisme n’était pas sans danger. La fâcheuse expérience qu’on avait faite bien des années auparavant, lors de la fondation de Mégalopolis en Arcadie, se répéta ici, et cela sur une plus vaste échelle ; la concentration dans une grande ville d’une population disséminée au loin exerça incontestablement une influence fâcheuse sur la culture et la population des cantons voisins, et aura sans doute contribué pour beaucoup a donner aux cantons occidentaux de la Grèce centrale cet air de solitude dont Strabon nous fait un si lugubre tableau. Et cependant, la fondation d’une grande ville, dans un endroit très favorable au trafic, surtout avec l’Occident, n’en était pas moins une idée heureuse. Les habitants de la Grèce occidentale, tombés peu à peu dans la misère, furent ainsi arrachés à l’existence obscure qu’ils menaient dans leurs villages et leurs villes à moitié ruinées, et réunis comme en un faisceau avec les éléments de vie qu’ils possédaient encore ; ils purent ainsi faire preuve une fois de plus de leur aptitude à fonder de nouvelles colonies. Nicopolis, dotée d’un territoire très étendu, qui comprenait notamment des parties assez considérables de l’Acarnanie, favorisée par Auguste au point de vue politique (v. plus bas), capitale de l’Acarnanie et de l’Épire méridionale, se développa rapidement, comme nous le raconte Strabon, qui vécut à celle époque[36], et s’efforça d’éclipser les vieilles cités de la Grèce par la splendeur de ses édifices nouveaux, parmi lesquels on remarquait surtout deux théâtres — dont l’un, plus petit, était situé à l’ouest de l’acropole, et dont l’autre, plus grand, construit en grosses briques rouges, était au nord de la citadelle et adossé à la colline qui avait porté la tente d’Octavien — et un aqueduc qui d’une distance de six lieues amenait de l’eau potable à la ville[37]. Le stade où l’on célébrait les jeux actiaques se trouvait, avec un gymnase, au pied de la colline mentionnée plus haut, dans un bois faisant partie du faubourg[38]. Octavien agit d’une façon tout à fait analogue dans le Péloponnèse. L’Achaïe occidentale, qui était tombée si bas, lui parut particulièrement propre à la fondation d’une ville nouvelle ; il choisit pour cela l’antique Patræ, depuis longtemps presque déserte, avec son territoire très fertile et sa bonne rade[39]. Patræ, souvent visitée par des voyageurs romains depuis un quart de siècle, qui avait vu des banquiers romains y établir leurs comptoirs et avait servi de demeure à des réfugiés politiques venus d’Italie[40], fut traitée comme l’avait été l’emplacement du camp d’Octavien à Actium. D’abord on y établit les vétérans de la Xe et la XIII légion[41] ; puis l’imperator fit revenir à Patræ les populations des petites villes voisines d’Anthésa, de Mésatis, de Boline, d’Argyre et d’Arba[42]. Il obligea enfin un grand nombre des habitants des villes à moitié ruinées des environs, comme Dyme[43], Olénos, Pharæ, Tritæa, Rhypès, à venir s’établir dans la ville nouvelle[44], qui, lorsqu’elle fut achevée, s’étendait imposante depuis la hauteur d’Aroé (l’acropole) jusqu’au port, sur le versant occidental de la colline où se trouvaient le marché et les constructions voisines[45]. Comme Nicopolis, Patræ fut dotée d’un bel aqueduc qui amenait à la ville l’eau d’une source située sur le penchant occidental de l’acropole. Dotée par l’empereur d’un territoire considérable, qui comprenait, outre toute l’Achaïe occidentale (du cap Araxos jusqu’aux frontières du district d’Ægion), une vaste étendue de terre sur la côte étolienne située en face, avec un grand lac poissonneux près de Calydon et la majeure partie de la Locride ozolienne (à l’exception du territoire d’Amphissa), qui, à celle époque, commençait de nouveau au cap Antirrhion[46] ; mise en état, grâce à la faveur impériale, de terminer son port et d’autres édifices importants[47], la nouvelle ville — qui, grâce à sa position très favorable au trafic avec l’Italie et à la médiocrité des ports étoliens et acarnaniens du voisinage, était le port naturel et l’entrepôt non seulement de la région nord-ouest du Péloponnèse, mais aussi du sud-ouest de la Grèce — put devenir rapidement florissante. L’industrie de Patræ prit aussi un essor rapide. Dans les grandes fabriques de la ville, de nombreuses et laborieuses femmes et jeunes filles (mais de mœurs trop légères) faisaient avec le byssos (peut-être une espèce de coton), qu’on cultivait dans l’Élide voisine, des filets pour les cheveux et des tissus d’une grande finesse[48]. Comme Nicopolis, la nouvelle métropole de l’Épire et de l’Acarnanie, la Colonia Augusta Aroe Patrensis, la nouvelle capitale de toute l’Achaïe occidentale, reçut non seulement des présents d’un grand prix[49], mais fut aussi dotée de l’autonomie et de plusieurs des droits que les Romains avaient l’habitude d’accorder aux colonies de cette espèce[50]. Les Romains de Patræ furent inscrits dans la tribu Quirina. Tandis qu’Octavien essayait ainsi de rendre la vie aux côtes occidentales de la Grèce, en mêlant des éléments nouveaux venus d’Italie aux populations grecques concentrées en masse sur certains points, la colonie de Corinthe, dans laquelle les Romains étaient beaucoup plus nombreux que les Grecs, fut définitivement constituée parce prince[51]. Il est possible qu’à cette époque on ait rendu à la nouvelle Corinthe la direction des jeux Isthmiques, que les Romains, lors de la destruction de l’ancienne ville, avaient confiée aux habitants de Sicyone[52]. La nouvelle ville, dont Pausanias nous esquisse plus tard la topographie[53], prospéra également ; elle devint en même temps la résidence du nouveau gouverneur de la province reconstituée. Quant aux autres colonies romaines de la péninsule hellénique, comme Bouthroton en Épire, Dyrrhachion, Philippes, Cassandria, Pella, Dion et Boullis dans la province de Macédoine, non moins déserte que l’Achaïe[54], nous ne les citons qu’en passant, comme ayant eu moins d influence sur le développement ultérieur de la Grèce[55]. Cependant les dix ou douze années qui suivirent la bataille d’Actium eurent, à un point de vue tout différent, une grande importance pour les Hellènes. Ce fut alors en effet que, d’un côté, les rapports politiques entre Rome et les Hellènes d’Europe furent enfin clairement définis et établis d’une façon durable ; de l’autre, Octavien — appelé Auguste depuis 27 av. J.-C. — en se basant sur les décrets que, bientôt après sa grande victoire, il avait publiés en divers lieux, prit une série de mesures qui réglèrent définitivement la situation d’un certain nombre déciles grecques ; cela eut lieu notamment entre les années 22 et 19 av. J.-C, pendant lesquelles l’empereur parcourut une grande partie des provinces orientales de l’empire et donna sa forme définitive au gouvernement provincial. Ces dispositions avaient évidemment pour base un système déterminé. Malheureusement nous ne connaissons la teneur et la date que d’un petit nombre d’entre elles. Il est probable que l’attitude des divers Etats de la Grèce pendant la lutte entre Antoine et Octavien n’eut d’influence sur les mesures que prit le vainqueur qu’immédiatement après la bataille d’Actium, et que, plus tard, elle ne fut guère prise en considération[56]. L’autonomie octroyée aux cités Crétoises de Cydonia et de Lampa (Lappa) dès 31 av. J.-C.[57], et le châtiment de la cité de Cnossos, ennemie d’Octavien[58], avec le territoire (ou les revenus) de laquelle il dédommagea les colons de Capoue (établis autrefois, en 39, par César sur le domaine capouan, et lésés dans leurs intérêts par les faveurs récemment accordées aux vétérans), ne louchèrent pas de plus près les autres Grecs d’Europe. Les Spartiates, par contre — qui, en 40, avaient gagné les bonnes grâces du souverain eu recevant chez eux Livie laquelle, depuis, épousa Auguste[59] —, obtinrent, en récompense de leur participation à la lutte contre Antoine, l’honneur de la préséance aux nouveaux Jeux actiaques[60]. On crut que c’était pour punir les Messéniens de leurs sympathies pour Antoine qu’Auguste, qui se trouvait alors (probablement en 21 av. J.-C.) à Sparte dont il charmait les habitants en prenant part à leurs syssities[61], sépara de la Messénie, pour les donner à Sparte[62], les districts de Pheræ d’Abia et de Thuria, situés au sud-est entre le Taygète et le Pamisos inférieur. Les rapports redevenus, paraît-il, indécis depuis quelque temps, entre Sparte et les Éleuthérolaconiens, rapports qui, du reste, avaient perdu, selon toute apparence, leur ancienne raideur, furent réglés définitivement de la manière suivante : Sparte obtint en Laconie[63] le port de Cardamyle, situé sur la frontière des districts messéniens nouvellement acquis, et en outre l’île de Cythère, qui devint ou resta la propriété d’Euryclès. D’après une décision du prince, les autres villes considérables de la Laconie, alors encore au nombre de vingt-quatre, devaient former à l’avenir la confédération indépendante des Éleuthérolaconiens[64]. En Arcadie, où les habitants de Mantinée, peut-être avec le secours de l’empereur, avaient bâti un temple à Aphrodite Symmachia en souvenir de leur participation à la bataille d’Actium sous les aigles d’Octavien, ce dernier punit les Tégéates en faisant enlever de leur temple d’Athéné Aléa une vieille statue de cette déesse, qu’il lit transporter à Rome, ainsi que les dents du sanglier mythique de Calydon, dont on conservait les restes en cet endroit[65]. Les Athéniens perdirent, en 21 av. J.-C, la ville d’Érétrie et l’île d’Égine[66], qu’Antoine leur avait donnée en 41 av. J.-C, de sorte que le territoire d’Athènes ne comprenait plus, outre l’Attique avec Salamine, que les districts d’Haliarte, d’Oropos[67], et, outre Délos et quelques-unes des Cyclades et des Sporades, les anciennes possessions d’Imbros, de Lemnos et de Scyros[68]. En outre, Auguste, qui appréciait l’honneur d’être citoyen d’Athènes, interdit aux Athéniens la coutume peu honorable de vendre au premier venu leur droit de cité[69]. Enfin, nous ne savons pas si l’on procéda alors à la fixation de la frontière méridionale de la Thessalie[70], dont nous avons parlé plus haut, vers l’Œta et les Thermopyles ; car le privilège de l’autonomie, qui fut octroyé à l’île de Samos, en 19 av. J.-C., par le prince qui récemment y avait encore passé l’hiver[71], concerne plutôt la province d’Asie. Ce qui eut pour tous les Grecs d’Europe une importance capitale, ce fut la fixation de leur situation politique à l’égard de Home. On sait qu’Auguste, lors du remaniement complet de l’administration de l’empire, en 27 av. J.-C, partagea avec le Sénat le gouvernement des provinces. Depuis cette époque, les divers pays de la péninsule gréco-macédonienne situés au sud du haut plateau dardanien nous apparaissent comme provinces sénatoriales. De la Macédoine, le proconsul M. Licinius Crassus avait, depuis 30 et 29 av. J.-C, avec autant d’énergie et de cruauté que de succès, fait la guerre aux Daces, qui, comme alliés de M. Antoine, avaient menacé en 31 la Macédoine, et aux autres peuplades du Nord, notamment aux Bastarnes et aux Mœsiens, ainsi qu’à une partie des Thraces ; il avait par là assuré enfin la sécurité des frontières macédoniennes[72]. La Macédoine, qui, dans son ensemble, comprenait toujours encore l’ancien territoire bien connu situé entre le fleuve Mestos, à l’est[73], le haut pays dardanien, les monts Scardos et le fleuve Drilon au nord, la mer Adriatique à l’ouest, et les frontières grecques au sud[74], devint alors une paisible province sénatoriale[75]. Les Grecs d’Europe furent séparés de la Macédoine. A côté des Grecs de la province composée de Cyrène et de l’île de Crète, de ceux de l’île de Cypre, de la Bithynie, de l’Asie avec ses îles, et à côté de l’île de Rhodes, restée libre, les Hellènes au sud de l’Olympe furent incorporés à la province d’Achaïe. La province sénatoriale d’Achaïe[76] comprenait, à cette époque, le Péloponnèse, la terre ferme de la Grèce centrale, et en outre la Thessalie et l’Épire ; il faut y ajouter, à l’ouest, les îles Ioniennes et, à l’est, l’Eubée, avec la plupart des petites îles de la mer Egée qu’on a coutume de considérer comme faisant partie de l’Europe. Nous aurons plus d’une fois par la suite occasion de parler de la modification de ces frontières sous l’Empire ; il s’agira surtout de la séparation d’avec l’Achaïe[77] de la Thessalie et de l’Épire (avec laquelle on réunit l’Acarnanie et les îles Ioniennes). Nous ne savons que peu de chose sur l’organisation de la province d’Achaïe. La capitale de la province était la Nouvelle-Corinthe, où résidait le proconsul romain[78]. Selon toute apparence, Auguste retira alors à la plupart des cités grecques leur liberté ou souveraineté nominale[79]. La province d’Achaïe était maintenant administrée par un proconsul romain, qui était en même temps gouverneur militaire et chef de l’administration civile, qui chargeait son questeur des affaires financières et prononçait, soit personnellement, soit par son légal, dans les affaires civiles et criminelles[80]. Cependant, une partie au moins des communes de la nouvelle province conserva son ancienne autonomie. Outre Athènes, libre et alliée, nous voyons pendant longtemps figurer comme villes libres dans cette province : Sparte, les villes des Éleuthérolaconiens, la ville sacrée de Delphes, Abae en Phocide, Élatée, également en Phocide (et jouissant du privilège de l’immunité) ; les villes béotiennes de Thespies et de Tanagra, Pharsale en Thessalie, ainsi que les îles d’Égine, Zacynthe et Céphallénie et la ville de Corcyre, — la ville locrienne d’Amphissa jouissait du droit d’immunité[81], — à côté desquelles figurent les nouvelles colonies de Nicopolis et de Patræ (comblées de faveurs et également villes libres) et la ville de Corinthe, qui toutes jouissaient de plusieurs des précieux privilèges (Corinthe en avait aussi les institutions) qui distinguaient les colonies romaines dans les provinces[82]. Les autres conditions de l’existence n’en furent point modifiées. En Achaïe aussi, il est vrai, le gouverneur romain se trouvait maintenant à la tête de la justice ; dans les cités grecques, qui jusque-là avaient eu leurs lois particulières, les édits du gouverneur, et peu à peu aussi le droit romain, prenaient une notable importance ; les Grecs, en ce qui concernait l’application de leurs lois particulières et le maintien de leurs institutions, étaient maintenant soumis aux ordres et à la surveillance de leur gouverneur[83] : mais, en somme, on épargna les vieilles institutions juridiques des Hellènes, qui avaient une si haute culture intellectuelle, et les cités conservèrent au moins leurs constitutions municipales, leurs autorités librement élues, leurs assemblées populaires restreintes avec l’administration de leur police (exposée souvent, il est vrai, aux empiétements du gouverneur), de leurs finances, et en général, le droit assez étendu de faire leurs propres affaires[84]. Antérieurement déjà nous avons montré que les anciennes confédérations, avec leurs fonctionnaires, continuèrent à exister tranquillement, et nous aurons encore à le faire voir plus d’une fois ; en ce qui concerne la Thessalie, des monnaies du temps d’Auguste nous prouvent l’existence de stratèges, et le κοινόν thessalien subsiste bien longtemps encore[85]. En outre, Auguste parait avoir institué, pour la Grèce aussi, à côté des confédérations qui existaient depuis longtemps et de leurs assemblées[86], une de ces diètes générales accompagnées de cérémonies religieuses qui jouèrent sous l’Empire un si grand rôle dans d’autres provinces, surtout en Asie, en Crète et en Macédoine. Cette assemblée générale, ce κοινόν, cette représentation de tous les cantons, au moins jusqu’aux Thermopyles et aux frontières d’Étolie, à côté de l’influence religieuse qu’elle exerçait et qu’elle finit par mettre surtout au service du culte des empereurs, n’avait qu’une compétence très limitée ; cependant, outre la tache qui lui incombait de faire parvenir des félicitations à l’empereur et de rédiger des adresses élogieuses de toute espèce, elle avait du moins le droit tant de voter les remerciements de la province au gouverneur sortant, que de présenter directement au souverain ses prières, ses plaintes et ses griefs. Le κοινόν des Panhellènes (ou des Achéens), qui, en fait, n’encourageait que la manie des titres devenue de plus en plus générale parmi les Hellènes à mesure que s’éteignait la vie politique, avait son siège à Argos[87]. En outre, Auguste réforma complètement l’antique ligue des Amphictyons, qui avait depuis longtemps perdu toute influence[88], et donna ainsi au peuple vieillissant des Hellènes un nouveau hochet pour qu’il pût s’abandonner de plus en plus, sous le sceptre tout-puissant de César, à la douce somnolence d’une vie insouciante, rêveuse et végétative, occupé de cérémonies, de fêtes et de distinctions honorifiques, et dépensant ses forces d’une façon aussi inoffensive que futile. Cette nouvelle organisation, qui, après les désordres amenés à plusieurs reprises par la guerre d’Étolie[89] et les dévastations des vingt ou trente dernières années, avait bien son prix, était, en somme, bien plus pratique et répondait bien mieux à la situation que celle qui avait existé depuis des siècles. On commença par changer complètement la proportion des voix telle qu’elle avait existé jusqu’alors, et l’on chercha à établir une certaine relation entre le nombre de votes qu’on devait accorder aux différents États et villes amphictyoniques et leur importance. On fixa donc à trente le nombre total des voix amphictyoniques. La Macédoine en eut six ; les petites tribus des Maliens, des Ænianes, des Magnètes, des Achéens phthiotiques (ainsi que la peuplade des Dolopes, qui avait à peu près disparu pendant la détresse des trente dernières années), perdirent le droit de voter séparément ; ils ne formèrent plus avec les Thessaliens qu’une curie à laquelle — ainsi qu’à Nicopolis, qui jouissait à un si haut degré de la faveur d’Auguste — on accorda six voix. Les Phocidiens, qui, depuis 279 av. J.-C, étaient redevenus membres de la ligue, disposaient de deux voix, ainsi que la ville de Delphes et les Béotiens. On accorda une voix à la Doride, contrée de peu d’étendue, aux Locriens Ozoliens, aux Locriens orientaux, aux Eubéens et à la ville d’Athènes. Le Péloponnèse fut traité avec une sévérité extraordinaire : les Doriens du Péloponnèse, parmi lesquels on est surpris de ne pas voir paraître les Spartiates dans cette circonstance, furent réunis en une curie qui (bien que comprenant les villes d’Argos, de Sicyone, de Corinthe et de Mégare) n’eut qu’une voix. Parmi tous ces cantons et ces villes, Nicopolis, Delphes et Athènes avaient ce qu’on appelait des voix individuelles, c’est-à-dire que leurs représentants paraissaient dans toutes les assemblées amphictyoniques ; les autres voix étaient des voix curiates, c’est-à-dire que les différentes villes de chaque canton ou curie envoyaient à tour de rôle, dans un ordre déterminé et à époques fixes, un ou plusieurs représentants à ces assemblées[90] qui, avec leurs anciens et leurs nouveaux fonctionnaires[91], recommencèrent à jouer un rôle très important dans la vie paisible du peuple grec sous la domination impériale et contribuèrent puissamment à l’exagération des titres honorifiques prodigués, dans la suite, aux empereurs dans les inscriptions qu’on leur dédiait. C’est là, autant qu’il nous est permis d’en juger, la dernière des institutions nouvelles qui, sur le sol de la Grèce, doivent leur origine à l’empereur Auguste. Il fallait bien, d’ailleurs, laisser aux Hellènes eux-mêmes le soin de se relever lentement sous le nouveau régime impérial. Et, il faut bien l’avouer, le nouveau gouvernement fut pour les Grecs d’Achaïe un bienfait à deux points de vue. D’une part, en effet, le gouvernement des Césars empêcha la nouvelle administration sénatoriale, bien qu’elle pesât assez lourdement sur le pays épuisé, de retomber dans cet arbitraire cruel et dans cette rapacité fiscale sous lesquelles les Hellènes avaient à plusieurs reprises si cruellement souffert depuis l’époque de Sulla. D’autre part, la guerre cessa pour longtemps de déchaîner ses tempêtes. Les luttes qu’on soutenait naguère contre les tribus barbares, au nord de la Macédoine, faisaient retentir maintenant les bords lointains de la Theiss et du Danube, de la Save et de la Drave ; à l’intérieur régnait le calme le plus profond. Éprouvées d’une manière passagère après un long intervalle de tranquillité par un voyage que fit en Grèce Néron, aussi avide d’objets d’art que de jouissances artistiques, puis effleurées peut-être par les guerres civiles qui suivirent la mort de Néron et plus tard celle de Pertinax, les contrées de l’Achaïe ne revirent les horreurs de la guerre que dans les temps néfastes de l’empereur Gallien et du chef de guerre germain Naulobat. Les Hellènes purent donc reprendre tranquillement possession d’eux-mêmes. C’est alors seulement qu’on vit combien la Grèce était épuisée et le peuple grec usé ; on put voir combien peu importait à la société d’alors l’antique pays des Hellènes. Tandis que la province d’Asie — qui avait si cruellement souffert et où, après la dernière guerre civile, avait eu lieu une banqueroute publique générale, de telle sorte qu’Auguste dut dispenser un grand nombre de débiteurs et de contribuables de payer leurs dettes[92] — grâce à sa position géographique et commerciale, à son trafic considérable, à la fertilité inépuisable de ses plaines et de ses vallées et à l’abondance des autres sources de prospérité non encore taries de ce pays toujours encore habité par une population nombreuse et laborieuse, se relevait, dans l’espace de vingt ou trente ans, au point de passer, pendant les deux premiers siècles de l’Empire, pour une des provinces les plus riches et les plus florissantes de tout l’Orient[93], la plus grande partie de l’Achaïe ne se relevait qu’avec une extrême lenteur, comme nous le verrons en retraçant le tableau de l’époque de Plutarque et de Dion Chrysostome. Les antiques cités et les vieux cantons ne purent regagner que lentement l’activité commerciale et industrielle qu’ils avaient perdue ; le commerce qu’ils faisaient consistait en grande partie en produits du sol, qui, pour la plupart, servaient à satisfaire la gourmandise et le luxe des riches Romains. La Thessalie, l’Étolie, l’Acarnanie, Argos et Épidaure fournissaient d’excellents chevaux[94]. L’huile de l’Attique conservait toujours son ancienne réputation ; le miel de l’Hymette et des Sporades[95] était recherché par les gourmets italiens, et, depuis le temps de Lucullus, tout le monde, à Rome, appréciait les vins de Lesbos, de Samos, de Chios et d’autres lieux[96] ; nous en dirons autant des poissons de mer rhodiens, des huîtres de Chios, des grues de Mélos, des paons de Samos[97]. Les carrières de marbre de l’Hymette et du Pentélique[98], du Ténare et du Taygète[99], les magnifiques carrières de porphyre vert[100] de Croceæ sur l’Eurotas inférieur (dans le voisinage de la moderne Levetzova), les carrières de marbre des îles de Paros, Scyros et Carystos, ainsi que de Thasos, dont le précieux marbre blanc était très à la mode pendant l’époque impériale, contribuèrent puissamment à orner la capitale du monde romain[101]. Mais, en somme, pendant bien des années encore, il fallut aller à Nicopolis, à Pairs et à Corinthe pour trouver en Achaïe une vie et une prospérité nouvelles. Parmi les villes anciennes, il n’y avait, en définitive, que Sparte et Argos, qui était maintenant le centre d’un petit synédrion local et le siège de l’assemblée des Panhellènes mentionnée plus haut, ainsi que Tégée[102] et Athènes, dont l’aspect ne fût pas complètement affligeant. A coté de ces villes nouvelles, l’antique Athènes commençait aussi à se relever. Sans doute, il n’était guère possible qu’après les cruelles souffrances et le complet épuisement des dernières générations, et tout particulièrement après les guerres qui se firent les prétendants à l’empire, le commerce et l’industrie des Athéniens reprît un rapide essor. Athènes, à cet égard aussi, partageait le sort de la plupart des autres villes et contrées de l’Achaïe, mais Athènes n’en était et n’en restait pas moins de toutes les villes de la Grèce d’Europe celle qui — même abstraction faite de ses écoles philosophiques — grâce à son glorieux passé, à la place importante qu’elle tenait dans l’histoire de la plus noble civilisation de l’antiquité, grâce à ses splendides monuments de toute espèce, devait continuer d’attirer les regards de tout l’Orient hellénistique comme elle l’avait fait jusqu’alors., et provoquer dans ces premiers temps de l’Empire les vives sympathies des empereurs, d’un grand nombre de membres de la famille impériale, des hommes d’État les plus éminents, et, en général, de tout ce qu’il y avait de plus distingué à Rome, comme, au siècle précédent déjà, elle avait joui de celles des Romains les plus cultivés. Athènes était de plus en plus visitée, de préférence à toute autre ville, par les Romains considérables que des intérêts de diverse nature, personnels, scientifiques ou esthétiques, amenaient dans les pays helléniques. Il y a plus : la faveur des empereurs et d’un grand nombre de Romains haut placés resta acquise aux Athéniens à un degré éminent depuis cette époque jusqu’au temps d’Alaric ; l’histoire ultérieure de la Grèce nous en fournira plus d’un exemple. Comme on ne pouvait, ni par décrets, ni par présents, rendre aux Athéniens leur prospérité d’autrefois et leur ancienne énergie, on voulut au moins leur fournir les moyens d’orner leur ville par de nouvelles et splendides constructions qui, en général, avaient également pour but de perpétuer la mémoire du philhellène auquel on devait ces embellissements nouveaux. On se remit donc alors à suivre les traces des Attales et d’autres princes hellénistiques : on considérait à juste litre la Grèce d’alors comme un immense musée d’objets d’art. Dans tous les cas, ce désir des Athéniens d’orner leur ville de somptueux édifices s’accordait parfaitement avec l’ostentation, la futilité et le vain formalisme des Grecs de ce temps-là ; toutes ces splendeurs, en somme, abstraction faite du gain momentané que les industries du bâtiment, les artistes et autres gens de métier retiraient d’un travail bien rémunéré, ne procuraient d’autre avantage aux habitants d’Athènes que d’augmenter encore la force d’attraction que cette ville exerçait sur tout le monde civilisé de cette époque. C’est ainsi qu’au siècle d’Auguste[103] la munificence de Jules César et d’Auguste servirent à élever au nord-est de l’agora, en l’honneur d’Athéné Archégétis, un édifice dont la façade rappelait celle d’un temple dorien et qui servait de vestibule à une place entourée de murs ; on y vendait diverses denrées (principalement de l’huile) ; elle était ornée des statues de divers membres de la famille impériale[104]. Ce fut également en l’honneur d’Athéné Archégétis et de la famille impériale qu’on construisit un aqueduc reposant sur des arcades, depuis la célèbre source de Clepsydra (récemment recouverte d’une maçonnerie), qui jaillissait de la partie nord-ouest du rocher de l’acropole, jusqu’à la tour d’Andronicos ; la partie septentrionale de l’aqueduc existe encore[105]. L’illustre ami d’Auguste, le vainqueur d’Actium, M. Vipsanius Agrippa[106], construisit pour les Athéniens un nouveau théâtre dans le Céramique, destiné sans doute à des exercices littéraires (recitationes), qui porta le nom d’Agrippéion[107]. Les Athéniens, de leur coté, qui étaient passés maîtres dans l’art de flatter les potentats romains, — nous l’avons constaté plus d’une fois déjà — élevèrent à leur bienfaiteur, à l’entrée du chemin qui menait à l’acropole, au-dessous de l’aile septentrionale des Propylées, une statue dont le lourd piédestal subsiste encore de nos jours[108]. C’est aussi probablement du temps d’Auguste qu’eut lieu une restauration des escaliers conduisant aux Propylées[109]. Celte flatterie odieuse et plus que servile — par suite de la décadence profonde de l’ancienne religion, elle devenait de plus en plus fréquente — qui faisait rendre de leur vivant aux empereurs et aux membres de leur famille des honneurs divins par les Athéniens et d’autres Grecs[110], décida les Athéniens à bâtir, en l’honneur du premier empereur de la famille des Jules, de son vivant et peu avant la naissance du Christ, dans l’acropole, sur la plate-forme à l’est du Parthénon, une rotonde dédiée à la déesse Rome et à Auguste[111]. Auguste, en effet, n’avait autorisé la construction de temples en son honneur qu’à la condition de réunir ce culte nouveau à celui de Dea Roma. C’est ainsi qu’on avait élevé à Éphèse et à Nicée, en l’honneur de Jules César, son père adoptif divinisé, des temples dédiés à Divus Julius et à Dea Roma ; le prince, tant qu’il vécut, ne permit de lui élever des temples que s’ils étaient consacrés en même temps à la Dea Roma, comme il s’en trouvait non seulement à Sparte et à Athènes, où l’on voyait sur l’agora des temples de César et d’Auguste, mais encore à Pergame et à Nicomédie[112] — et plus tard à Mylasa, à Nysa, à Kyme, à Cyzique, à Assos et en d’autres lieux[113]. Par contre, on ne parait pas s’être occupé sérieusement de réaliser le plan des rois vassaux de l’empire, mentionné par Suétone, qui consistait à terminer à leurs frais et à dédier au Génie d’Auguste le temple gigantesque de Zeus Olympien à Athènes, édifice qui, depuis l’époque de Pisistrate et malgré les efforts d’Antiochus IV de Syrie était encore inachevé[114]. Mais, d’autre part, plusieurs Grecs et Romains opulents et aussi quelques princes asiatiques — citons surtout le célèbre philhellène Hérode le Grand — suivirent l’exemple de la famille impériale et contribuèrent par de riches présents à l’embellissement de la ville d’Athènes[115]. Hérode cependant ne se contenta pas de combler de présents Athènes seulement ; d’autres villes grecques, comme Élis, Nicopolis, Sparte, Samos, Cos, Rhodes et Chios, eurent à se louer de sa générosité[116]. Les nouvelles constructions n’étaient pas indignes de leurs splendides aînées. Il fallait être, il est vrai, un observateur bien superficiel pour ne pas voir que Nicopolis, Patræ et Corinthe seules étaient réellement vivantes et que la splendeur des monuments d’Athènes n’était comparable, après tout, qu’au brillant sarcophage d’une grande race éteinte, au cénotaphe d’une grandeur à jamais perdue. Mais le touriste de passage pouvait s’y tromper, et plus d’autant facilement que l’éternelle beauté qui, sous l’azur profond du ciel de l’Attique, caractérisait alors comme des siècles plus tard les monuments soigneusement entretenus du passé — lesquels respiraient, comme dit Plutarque, comme un parfum d’éternelle jeunesse et semblaient être doués d’une âme qui ne devait point vieillir[117] — ne cachait que trop aux regards la misère et la pauvreté de la génération contemporaine[118]. Les Athéniens, nous le répétons, étaient très heureux de voir leur ville constamment dotée de nouveaux ornements. C’est précisément à cette époque que leur Université commença, pour une série d’années, à être moins florissante et moins fréquentée. Car, pour ne parler qu’en passant de l’antique et célèbre Alexandrie, de Tarse et de Rhodes, ainsi que de l’école de rhétorique de Mitylène, qui prenait alors un rapide essor, non seulement Rome était devenue elle-même un centre où l’on étudiait les sciences, la rhétorique et la philosophie, mais sur d’autres points encore, tant à l’ouest qu’à l’est de l’empire, à Tyr, à Antioche, à Smyrne, à Éphèse, à Byzance, à Naples, à Marseille se fondaient des écoles destinées à faire une concurrence sérieuse à celles d’Athènes, lesquelles ne devaient arriver à l’apogée de leur gloire qu’au IIe siècle de notre ère[119]. Les Athéniens devaient donc s’estimer d’autant plus heureux que le charme incomparable de leur ville lui fût non seulement conservé, mais augmenté et rehaussé. Nous verrons qu’Athènes exerça ce charme pendant des siècles encore, et que même le fier Alaric n’y fut pas insensible. On peut même dire que l’abandon où se trouvait cette contrée, qui alors déjà avait perdu la riche parure de ses forêts florissantes et de ses vertes prairies[120], que ses montagnes nues, mais de formes plastiques, qui empruntaient aux teintes ardentes du soleil leur plus bel ornement, ne rendaient pas l’Attique moins attrayante. Ce pays, par sa beauté toute particulière, captivait des âmes sensibles, comme Ovide, — qui, il est vrai, a déjà presque les sentiments d’un moderne[121] — comme plus tard le rhéteur enthousiaste Aristide de Smyrne. Partout, dit ce dernier, on se sentait envahi par la grâce, comme par un souffle caressant. L’aménité des campagnes et des champs, le reflet brillant des montagnes et la beauté de leurs lignes avaient d’autant plus de charme que l’air était plus pur, et la lumière plus pleine et plus intense. Une promenade le long de ces côtes était comme un beau rêve ; il semblait que l’âme eût besoin de se purifier et de s’élancer avant de contempler Athènes[122]. Tels sont, en somme, les événements qui eurent lieu en Grèce et la situation de cette contrée après l’établissement définitif de la monarchie des Césars. Tout en nous hâtant d’arriver au terme de cette période, faisons ressortir encore quelques phénomènes du règne d’Auguste. Nous rencontrons d’abord à Crané, dans l’île de Céphallénie, l’ami de l’empereur, Gaius Proculéius, dans la situation seigneuriale qu’avait eue avant lui Gaius Aulonius. Puis, c’est le Spartiate Euryclès, dont nous avons parlé plusieurs fois déjà et qui joue, pendant les vingt ou trente années suivantes, un rôle tout particulier. Riche et possesseur de I’île de Cythère[123], il s’efforça de perpétuer sa mémoire en Grèce par les moyens qu’avaient employés avant lui des Romains opulents, en faisant élever de somptueuses constructions ; c’est ainsi qu’il orna la Nouvelle-Corinthe de bains splendides, remarquables surtout par le précieux porphyre vert de Crocéæ en Laconie qu’on y avait employé à profusion[124] ; de plus, il dota Sparte d’un beau Gymnase[125]. En outre, cet homme vicieux, remuant et intrigant, qui joignait à une astuce consommée, à une faconde incroyable, à des manières engageantes, à la souplesse d’un habile diplomate, le don de cacher son égoïsme et ses vices sous le masque de la franchise et de l’honnêteté, vécut assez longtemps à la cour de divers princes asiatiques, vassaux de l’empire ; notamment à celle d’Archélaos de Cappadoce et à celle du terrible Hérode surnommé le Grand, roi de Judée, le célèbre philhellène de cette époque, où sa rapacité couronnée de succès et ses infâmes intrigues lui valurent une fâcheuse renommée[126]. Car c’est lui qu’on soupçonne d’avoir, par des rapports malveillants, une ruse odieuse et de dangereuses équivoques, augmenté considérablement les malentendus qui existaient entre le roi Hérode, complètement épris de lui, et ses fils Alexandre et Aristobule, et d’avoir ainsi puissamment contribué à la perte des deux jeunes princes[127]. A Sparte, cet homme hautain et de mœurs dissolues, qui se fiait, dans son arrogance, à la faveur de l’empereur et se croyait tout permis, se rendit si odieux à ses compatriotes par son ambition et le parti qu’il tirait de sa situation presque royale, qu’on le détestait comme un véritable tyran. Une première plainte adressée à l’empereur contre le puissant favori resta sans effet[128]. Cependant Euryclès parait avoir également occasionné des troubles dans le reste de l’Achaïe par ses violences et sa cupidité ; dans ces circonstances, une deuxième plainte adressée a l’empereur (probablement vers la fin du règne d’Auguste) eut un résultat meilleur ; l’orgueilleux personnage dut terminer sa vie dans l’exil[129]. Nous ne savons pas si l’odieux assassinat du Thessalien Pétræos, autrefois partisan de César, sous le règne d’Auguste, eut des motifs analogues[130]. Disons encore quelques mots du séjour du grand Agrippa à Lesbos, pendant les années 23 et 22 av. J.-C.[131], comme gouverneur général des provinces grecques et asiatiques, séjour qui, comme l’on sait, ne fut pas étranger à la situation difficile d’Auguste avant la mort du jeune Marcellus ; enfin, de la retraite, moitié volontaire, moitié forcée, de Tibère dans l’île de Rhodes, retraite qui finit par ressembler à un exil, de 6 av. J.-C. à 2 après J.-C.[132], et fut suivie par celle de tant d’autres Romains de distinction qui vinrent habiter les lies devenues désertes de la mer Egée. Il ne nous reste plus qu’à faire mention du prétendu soulèvement des Athéniens pendant les dernières années d’Auguste, incident dont parlent seuls quelques historiens bien postérieurs et dont nous ne connaissons ni les causes ni les péripéties. Nous n’essaierons pas d’expliquer comment cet événement à moitié apocryphe, ce soulèvement bien vile étouffé — qui, du reste, abstraction faite du châtiment des principaux coupables, ne paraît pas avoir eu de suites fâcheuses pour la ville d’Athènes — a fait dire aux chroniqueurs ignorants des siècles suivants que c’est à la suite de ce mouvement évidemment fort insignifiant que le temple de Janus fut ouvert, à une époque où les légions romaines campaient avec anxiété sur le Rhin pour le protéger contre les Germains vainqueurs de Varus[133] ! Cet événement termine pour longtemps la série des faits politiques proprement dits de l’histoire grecque des derniers siècles. La carrière que doivent parcourir les Grecs d’Europe pendant une série de siècles est ouverte. La Grèce, devenue province romaine, au sens strictement politique du mot, n’a plus d’histoire propre. Le nombre des événements politiques dont nous aurons à parler jusqu’à Justinien est peu considérable ; moins considérable encore est le nombre des événements auxquels les Hellènes ont pris une part assez grande pour modifier leur destinée. L’histoire de la Grèce sous les empereurs se confond donc en grande partie avec l’histoire de la civilisation. La Grèce, au point de vue militaire, ne préoccupait plus que rarement les Romains ; politiquement, elle n’intéressait plus que le Trésor public et les fonctionnaires de l’administration romaine ; mais elle conservait toujours son importance pour les banquiers et les négociants romains, pour les marchands d’objets d’art et tous ceux qui spéculaient sur le luxe de la capitale. Toutefois elle avait conservé sa valeur aux yeux des jeunes gens les plus cultivés de l’Italie et du monde hellénistique, que l’amour des voyages et le désir de terminer leurs études à Athènes conduisaient en Grèce ; de plus en plus la Grèce apparaît à ces générations de l’époque impériale comme un immense musée d’antiquités vénérables, y compris tes descendants des anciens Hellènes avec leurs coutumes et les restes de leurs antiques constructions. Les Grecs eux-mêmes, ceux-là du moins qui ne s’étaient pas mis directement au service des Romains, les Hellènes restés en Grèce, cèdent de plus en plus à l’influence étrangère qui tend à faire d’eux des Romains. Ceux des habitants qui ne s’occupent pas uniquement de leurs intérêts matériels s’abandonnent de plus en plus au charme d’une vie calme et sans soucis. Ils s’attachent aux anciennes et aux nouvelles formes de la vie politique et religieuse avec un sérieux qui ne voile qu’imparfaitement le vide de l’existence ; la fréquentation des assemblées religieuses et politiques, la célébration des anciennes et des nouvelles fêtes, la discussion de questions d’intérêt local et le soin avec lequel ils cultivent l’amitié des gouverneurs et des membres de la dynastie régnante remplissent leur existence ; l’étude savante du passé, l’étude des sciences comme on l’entendait alors, avec tous les intérêts personnels qui s’y rattachaient, complète le tableau de l’hellénisme pendant la période suivante. Aux années tourmentées des guerres civiles succède pour la Grèce une vie idyllique de plusieurs siècles, qui n’exclut pas cependant des scènes de brigandage aussi grotesques que romanesques. Bien des années plus tard, l’invasion des Goths commença cette série de migrations de peuples barbares qui amenèrent pour la Grèce aussi une période désastreuse de nouvelles dévastations et de mélanges avec des peuplades venues du Nord ; il fallut attendre bien plus longtemps encore avant que la nouvelle religion cosmopolite remportât une victoire complète sur les derniers défenseurs de cette dernière forteresse des dieux de l’Olympe et sur leur philosophie, avant que la croix byzantine resplendit triomphante au faite des temples antiques ! |
[1] Cf. STRABON, VIII, 6, 21 init., p. 581 (379), X, 5, 3, p. 743 (485) v. GROSSKURD sur STRABON, tom. I, p. XII sqq. XXIV sqq. et FORBIGER, Geogr. d. Alterth., vol. I, p. 304.
[2] STRABON, VII, 7, 3, p. 490 (322). 7, 6, p. 501 (325). 7, 9, p. 504 (327).
[3] STRABON, VII, 7, 9, p. 504 (327).
[4] D’après PAUSANIAS, X, 8, 2. D’après STRABON, IX, 5, 11 sqq., p. 663 (434), ils subsistaient encore ; selon lui, ce sont les Athamanes (ibid., et IX, 4, 17, p. 657 (429), qui disparurent comme nation ; ils s’étaient sans doute fondus avec les Thessaliens. BURSIAN, Geogr., I, p. 40.
[5] STRABON, X, 2, 3. 23, p. 091 (450). 707 (460).
[6] STRABON, IX, 5, 3, p. 658 (430). 5, 15, p. 666 (436).
[7] Cf. STRABON, IX, 3, 1 sqq., p. 637 sqq. (416 sqq.).
[8] STRABON, IX, 2, 5, p. 617 (403). 2, 25, p. 629 (410). PAUSANIAS, IX, 7, 4. Haliarte était depuis longtemps déserte ; Coronée s’était quelque peu relevée (STRABON, IX, 2, 29-30, p. 630 sqq. [p. 411]).
[9] Disons en passant qu’à cette époque la petite île de Minoa tenait à la terre ferme ; son rocher servait d’acropole au port de Nisæa ; STRABON, IX, 1, 4, p. 600 (391). PAUSANIAS, I, 44, 5. Cf. BURSIAN, Geogr., I, p. 379 sqq. et sur l’Attique, v. STRABON, IX, 1, 15, p. 606 (396) ; 1, 21, p. 611 (398).
[10] Cf. toutefois STRABON, VIII, 4, 11, p. 557 (302).
[11] STRABON, VIII, 8, 1 et 2, p. 595 (388), et PAUSANIAS, VIII, 33, 1.
[12] STRABON, VIII, 8, 2. Les passages cités plus haut, et ci-après prouvent que Mantinée n’était pas alors, comme l’affirme Strabon, à l’endroit cité, complètement en ruines. (Sur les ânes et les porcs d’Arcadie, v. aussi VARRON, De re Rust., II, 1 à 4).
[13] Cf. STRABON, X, 2, 13, 18, p. 698 sqq. (455). 702 (457).
[14] Cf. en général les épigrammes d’Antipater de Thessalonique, 35-37 (ANTHOL., éd. Jacobs, II, p. 104 sqq. ANTHOL. PALAT., IX, 421) et d’Apollonidas (ANTHOL. PALAT., IX, 408). Parmi ces refuges figurent des îles comme Sciathos, Sériphos, Amorgos, Gyaros, Donoussa, Sicinos, Cythnos et d’autres. SÉNÈQUE, Consol. ad Helviam, c. 6. JUVENAL, Sat., I, 73. TACITE, Ann., II, 85. III, 68. 69. IV, 13. 21. 30. PLUTARQUE, De exil., 7. 8. ROSS, Archaol. Aufs., vol. II, p. 485. Reisen auf den griech. Inseln, I, p. 5, 5. 115. 24. II, p. 170. O. MÜLLER, Aeginet., p. 193. Délos (cf. p. 360 et 377) était, comme l’on sait, presque entièrement diserte. D’autres îles se sont relevées, comme notamment Amorgos (vol. II). Nisyros était florissante du temps de Strabon (X, 5, 10, p. 748) (488), surtout grâce à son commerce de meules, Ténos était très fréquentée à cause de son temple de Poséidon et du charmant parc qui se trouvait auprès (il égalait presque le célèbre parc du temple d’Apollon des Branchides à Milet). STRABON, X, 5, 11, p. 7-47 (487). XIV, 1, 5. p. 941 (634).
[15] Chalcis et Érétrie étaient, sous Auguste, dans une situation tolérable ; STRABON, X, 1, 8, II, p. (446), 685 et 688 (448).
[16] STRABON, X, 5, 3, p. 744 (485).
[17] Cf. ANTIGON., Mirab., c. 21 et PLINE, N. H., VIII, 29 (43), 104.
[18] STRABON, XIV, 1, 19, p. 947 (639). X, 5, 13, p. 747 (488).
[19] PAUSANIAS, VII, 2, 7 ; cf. STRABON, XIV, 1, 10, p. 943 (636).
[20] Cf., outre les passages déjà indiqués de Pausanias, notamment SÉNÈQUE, Epist. 91.
[21] Cf. ROSS, Arch. Aufs., vol. II, p. 442 sqq. CURTIUS, Pelop., V. I, p. 119 sqq.
[22] Nous avons déjà fait ressortir (ci-dessus) l’erreur relative à Mantinée.
[23] Voir les idées particulières de Strabon à cet égard, IX, 5, 12, p. 664 (434). Cf. les développements dans lesquels entrent CURTIUS, Peloponnesos, vol. I, p. 81-84 et KUHN, Städt. Verfass., vol. II, p. 65 sqq., 76 sqq.
[24] PLUTARQUE, Anton., c. 68.
[25] DION CASS., LI, 4 init. 54. 9. (Cf. PLUTARQUE, Ant., c. 68.) SUÉTONE, Octave, c. 93. Ce fut alors que le fumeux Cassius de Parme fut exécuté comme meurtrier de César, VALÈRE MAX., I, 7. 7. DRUMANN, vol. III, p. 732. Vol. II, p. 163.
[26] SUÉTONE, Octave, c. 17.
[27] SUÉTONE, Octave, c. 17.
[28] A cause des tempêtes d’hiver, on transporta l’escadre d’Octavien de l’autre côté de l’isthme, par la route de terre, depuis longtemps connue sous le nom de Diolkos. DION CASS., LI, 5. ZONARAS, X, 30. On exécuta alors par ordre d’Octave, dans l’île de Cos, un des meurtriers de César, P. Turullius, qui, pendant la guerre civile qui se termina par la bataille de Philippes, avait fait couper, pour construire des vaisseaux, le bois consacré à Asclépios, à Cos. DION CASS., LI, 8. VALÈRE MAX., I., 1, 19.
[29] DION CASS., LI, 21. ZONARAS, X, 31. OROSE, VI, 19.
[30] ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 376. BURSIAN, Geogr., I, p. 32 sqq. et 113. 114. Sur l’année de la fondation, qui fut décrétée sans doute bientôt après la victoire, v. la chronique de Cassiodore, publiée par MOMMSEN, à l’an 724 U. C, p. 626. (Cf. EUSÈBE, Chron., édit. Aucher, vol. II, p. 257, ad Ol. CLXXXVIII. HIERONYME, ap. RONCALL., I, p. 410 ad Ol. CLXXXVII) ; v. aussi DION CASS., LI, 1. JOSEPH., Ant., XVI, 5, 3. TACITE, Ann., II, 53. V, 10. POMPON. MELA, II, 3, 10. TABUL. PEUTINGER. et HESYCH. MILES., Hist. Roman, fragm., lib. V, 2, init. (dans C. MÜLLER, F. H. Gr., t. IV, p. 145) SYNCELLE, Chron., p. 308 (éd. Bonn., vol. I, 583).
[31] STRABON, VII, 1, 5 et 6, p. 500 sqq. (324 sqq.) DION CASS., L, 12. 51, 1. SUÉTONE, Octave, c. 18 et 96. ZONARAS, X, 30, init. PLUTARQUE, Anton., c. 62, 65. ANTHOL. (éd. Jacobs), vol. II, p. 203, ECKHEL, D. N., II, p. 165 sqq. D’après Strabon, loc. cit., les vaisseaux consacrés au pied du promontoire d’Actium avaient, à l’époque où il écrivait, été détruits par le feu : les jeux Actiaques (BÖCKH, C. I. Gr., 1, n° 1008. 1720) étaient au fond le développement d’une fête qui existait déjà dans cette contrée (sur le sol acarnanien, près du temple d’Actium). Ils furent célébrés pour la première fois en 720 U. C, 28 av. J.-C, et le furent aussi à Rome. PAULY, R. E., vol. I, p. 2002. BECKER-MARQUARDT, H. A., vol. IV, p. 482. PRELLER, Röm. Mythol., 2e édit., p. 274. V. aussi MOMMSEN, Monum. Ancyr., p. 26. Les jeux Actiaques à Nicopolis (sur la plus ancienne des deux fêtes, v. encore STEPHAN. BYZ., s. v. Άκτια) furent placés par Auguste presque sur le même rang que les jeux Olympiques ; on comptait par actiades, comme par olympiades ; les vainqueurs aux jeux Actiaques s’appelaient actioniques et jouissaient d’honneurs semblables à ceux qu’on décernait aux olympioniques. Cf. BÖCKH, C. I. Gr., vol. III, n° 5804, p. 730 (et n° 4472).
[32] La séparation primitive de l’élément romain de l’élément grec est indiquée par PLINE, N. H., IV, 1 (2), 5. ZUMPT, C. E., vol. I, p. 376. 473 ; cf. BURSIAN, loc. cit.
[33] Cf. PAUSANIAS, V, 23, 2. VII, 18, 6. 21, I. X, 38, 2. ANTIPATER, Anth. Palat., IX, 553. DION CASS., LI, 1. STRABON, loc. cit., p. 501 (325). X, 2, 4, p. 691 (450).
[34] PAUSANIAS, X, 38, 2. Nous lisons avec intérêt le nom d’un artiste étolien, le peintre M. Ludius Helotas, qui vivait en Italie au temps d’Auguste et orna de différents paysages un temple à Ardée. PLINE, N. H., XXXV, 10 (37), 115 ; cependant SILLIG prouve que cette leçon est inadmissible.
[35] PAUSANIAS, VII, 18. 6, 21, 1.
[36] STRABON, VII, 7, 6, p. 501 (325). Cf. X, 2,2, p. 691 (450).
[37] BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 33 sqq.
[38] STRABON, VII, 7, 6, p. 501 (325).
[39] Cf. en général FINLAY, p. 52. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 315. CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 438 sqq., 446 et ce que dit Pline d’une manière générale. PLINE, N. H., IV, 4 (5), 11. Quant à l’époque de cette fondation, Eusèbe, Chron. (éd. Aucher, vol. II), p. 259, indique la 3e année de la CXCIe Ol., 740 de la fondation de Rome et 14 av. J.-C. (cf. ECKHEL, D. N., II, p. 256). Cf. Strabon, VIII, 7, 5, p. 594 (387). Bon nombre d’œuvres d’art enlevées aux villes étoliennes lors de la fondation de Nicopolis furent données en présent à la nouvelle Pâtre (PAUSANIAS, VII, 18,6. Cf. SYNCELLE, p. 314 BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, n° 1810).
[40] Cf. CICÉRON, Ad Fam., VII. 28. XIII, 17, 50. XVI, 1, 5, 6. Ad Att., V, 9. VII, 2.
[41] Strabon, loc. cit., et X, 2, 21 fin., p. 706 (460), parle de l’établissement de vétérans romains ; la désignation des légions donnée dans le texte est basée sur TH. MOMMSEN, Res gest. D. Augsuli ex monumento Ancyrano, etc., p. 82 (cf. C. I. Lat., III, p. 95) ; on admettait naguère que la XXIIe légion avait été établie à Patræ, v. ZUMPT, op. cit., p. 375. FINLAY, p. 52. CURTIUS, Pelop., I, p. 438. MERLEKER, Achaïca, p. 461. ECKHEL, D. N., II, p. 257.
[42] PAUSANIAS, VII, 18, 5.
[43] Les modernes ne s’accordent pas sur Dyme ; tandis que HERMANN, Gr. Staatsalt., § 189, 18, appuie surtout sur le passage de Pausanias, VII, 17, 3 et s’en sert pour expliquer les autres passages ; ZUMPT, op. cit., p. 375 sqq., en se fondant sur Pline, N. H., IV, 5 (6), 13 et sur Strabon, XIV, 3, 3, p. 981 (665), admet que des colons romains furent alors conduits à Dyme. CURTIUS aussi, Peloponn., vol. I, p. 425-450, opine pour l’établissement d’une colonie romaine à Dyme, placée sous la protection de la puissante Patræ. Le territoire d’Olénos, devenue déserte, se trouvait, du temps de Strabon (VIII, 7, 5, p. 594 [388]), réuni avec celui de Dyme.
[44] PAUSANIAS, VII, 18, 5 22, 1 et 4. Rhypès fut alors complètement détruite (18, 5), cf. CURTIUS, I, p. 459 ; les autres villes devinrent des bourgs de périèques dépendant de Patræ. Il paraît qu’à cette époque des œuvres d’art furent transportées de Pharæ (22, 3) et de Tritæa (22, 6) à Rome.
[45] CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 440 sqq.
[46] STRABON, X, 2, 21 fin., p. 706 (460). PAUSANIAS, X. 38, 4 et 5. BURSIAN, Geogr., I, p. 145.
[47] CURTIUS, op. cit., p. 438. 442.
[48] Strabon déjà parle de la population considérable de la Nouvelle Patræ, VIII, 7, 5, p. 594 (387). Sur le byssos de l’Elide, v. PAUSANIAS, V, 5,2. VI, 26,4. VII, 21,7. PLINE, N. H., XIX, 1(4), 21. CURTIUS, Pelop., vol. 11, p. 11,95 ; sur les fabriques de Patræ. PAUSANIAS, VII, 21, 7 et CURTIUS, vol. I, p. 438 sqq., 453.
[49] C’est ainsi que Patræ reçut du butin étolien, entre autres choses, une statue de Dionysos Calydonien (PAUSANIAS, VII, 21, 1), et notamment celle d’Artémis Laphria de Calydon, qui fut placée dans le temple de cette déesse sur l’acropole de Patræ (PAUSANIAS, VII, 18,6) ; le culte d’Artémis Laphria était depuis longtemps florissant à Patræ. CURTIUS, p. 411. PRELLER, Griech. Myth., vol, I, p. 235.
[50] PAUSANIAS, VII, 18, 5. Cf. notamment Th. MOMMSEN, dans le C. I. Lat., vol. III (1873), p. 95 sqq.
[51] C’est ce qu’on peut conclure de passages (ci-dessus, p 439, 4) comme PAUSANIAS, II, 3, 1. V. 1, 1. 24, 3. APPIEN, Pun., c. 136. Cf. TH., MOMMSEN, Res gest. D. Augusti ex monum. Ancyr., p. 82. BECKER-MARQUARDT, op. cit., p. 336. La Nouvelle-Corinthe est désignée d’une façon générale comme colonie romaine par PLINE, N. H., IV, 4 (5), 11 ; POMPON. MELA, II, 3, 7. Sur des monnaies corinthiennes à l’effigie de César et d’Auguste, v. DRUMANN, vol. III, p. 673, note 5. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 375, pense qu’on a attiré également des colons grecs à la Nouvelle-Corinthe.
[52] PAUSANIAS, II, 2, 2 ; cf. STRABON, VIII, 6, 20, p. 580 (378).
[53] D’après PAUSANIAS, II, 1-6 (cf. STRABON, VIII, 6, 21 et 22, p. 581 sqq. (379 sqq.) E. CURTIUS, avec son talent ordinaire, fait, dans son Peloponnesos, vol. II, p. 523-539 (et p. 591 sqq.), le tableau de la ville de Corinthe. Le faubourg de Cranéion était aussi dans la nouvelle Corinthe le faubourg oriental. On chercha à conserver de vénérables monuments de l’antiquité qui avaient échappé à la destruction complète à l’époque de Mummius ; plusieurs anciens cultes locaux continuèrent à exister dans la ville romaine. Mais l’Acrocorinthe, comme l’Ithome, resta inhabitée, même après la reconstruction de la ville basse.
[54] La colonisation de Bouthroton, préparée par César en 45 (cf. CICÉRON, Ad Attic., XVI, 2 et 4, 16 sqq. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 318, 376. MOMMSEN. R. G., vol. III. p. 538), ne fut réalisée que sous Auguste ; voir ensuite STRABON, VII, 7, 5, p. 499 (324). PLINE, N. H., IV, 1 (1), 4. BURSIAN, Geogr., 1, p. 18. Sur les colons de Dyrrhachion, v. DION CASS., LI, 4. PLINE, III, 23 (26), 145 ; de Philippes. STRABON, VII, fr. Palat. Vatic, 41, p. 511 (331). DION CASS., ibid. PLINE, IV, 11 (18), 42 : de Cassandria, PLINE, IV, 10 (17), 36 ; de Pella, PLINE, IV, 10 (17), 34 ; de Dion, PLINE, IV, 10 (17), 35 ; de Boullis, PLINE, ibid., et v. en général ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 376-378. MOMMSEN, Monum. Ancyr., p. 82. BECKER-MARQUARDT, R. A., III, 1, p. 118. 129. 336 sqq.
[55] Mégare n’est appelée colonia que par Pline, N. H., IV, 7 (11), 23.
[56] DION CASS., LI, 2. PAUSANIAS, IV, 31, 2.
[57] Ce fut la récompense de leur appui contre Antoine ; je ne sais si c’est au moyen d’un soulèvement dans leur île ou en envoyant des renforts à Actium qu’elles s’étaient rendues utiles. La ville de Lampa, qui avait beaucoup souffert (à cette occasion ou seulement lorsqu’elle fut prise par Metellus, c’est ce que Dion Cassius ne dit pas), reçut d’Octavien des sommes considérables pour se relever. DION CASS., LI, 2.
[58] VELLEIUS, II, 81. DION CASS., XLIX, 14. STRABON, X, 4, 9, p. 731 (477). Le territoire de Cnossos était (d’après BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, n°2597, p. 434) encore vers la fin du IVe siècle (en 383) après J.-C., entre les mains des habitants de Capoue. Cf. BECKER-MARQUARDT, III, 1, p. 224. 336.
[59] DION CASSIUS, LIV, 7.
[60] STRABON, VII, 7, 6, p. 501 (325). En souvenir de son séjour à Apollonie et reconnaissant de l’attachement dont les habitants de cette ville avaient alors fait preuve pour sa personne, Auguste non seulement confirma leurs libertés, mais leur accorda aussi l’immunité et d’autres faveurs. NICOL. DAMASC. (ap. MÜLLER, Fr. H. Gr., III, p. 430, n° 101), De vita Cæs., XVII, 3.
[61] DION CASS., LIV, 7.
[62] PAUSANIAS, IV (1, 1), 30, 2. 31,2 ; cf. CURTIUS, Pelop., v. II, p. 128. 161-163. 286 sqq., qui croit que ce fut à cette occasion que les Thuriens durent abandonner leur antique ville située sur la hauteur pour s’établir dans la plaine (PAUSANIAS, ibid.). Nous ferons voir (vol. II) que cette nouvelle délimitation des frontières entre Sparte et la Messénie ne survécut pas à l’époque d’Auguste.
[63] Voyez sur Cardamyle, PAUSANIAS, III, 26, 5. Cf. CURTIUS, Pelop., II, p. 214. 285. 287. Sur Cythère, v. DION CASS., LIV, 7. CURTIUS, p. 302.
[64] Dix-huit de ces villes subsistaient encore à l’époque de Pausanias et des Antonius comme communes éleuthérolaconiennes ; d’après PAUSANIAS, III, 21, 6, c’étaient Gythéion, Teuthrone, Las, Pyrrhichos, Kainépolis, Œtylos, Leuctra, Thalamæ, Alagonia, Gèrénia. Asopos, Acriæ, Bœæ, Zarar, Epidauros Limera, Prasiæ, Géronthræ, Marios : cf. aussi CURTUS, Pelop., vol. I, p. 83. II, 214. Sur l’hypothèse d’O. MÜLLER (Die Dorier, vol. II, p. 22 sqq.) concernant six autres villes qui auraient appartenu aux Éleuthérolaconiens, v. CURTIUS, op. cit., vol. II, p. 332 ; cf. en général G. WEBER, De Gytheo, p. 32 sqq., et HERMANN, Griech. Staatsalt., § 50, 22 sqq., et sur leur confédération et leur constitution. WEBER et HERMANN, loc. cit., et cf. aussi PAUSANIAS, III, 26, 6.
[65] PAUSANIAS, VIII, 9, 3. 16, 1 et fin. CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 255. — Sur d’autres points, le goût du prince pour les beaux-arts lui faisait accorder des faveurs ; c’est ainsi qu’Auguste (d’après STRABON, XIV, 2, 19, p. 972 [657]) diminua, dit-on, de 100 talents le tribut de l’île de Cos, parce que les habitants lui cédèrent un tableau représentant Aphrodite Anadyomène, la mère mythique de la gens Julia, pour le consacrer à Rome à la mémoire de César.
[66] DION CASS., LIV, 7 (Cf. O. MÜLLER, Aeginet., p. 193. BÖCKH, C. I. Gr., II, p. 177). Nous ne savons si les indications données par PLUTARQUE, Apophth. Rom. apophth. August., 13, se rapportent à ce temps-là ; cf. AHRENS. p. 12, n° 2.
[67] PAUSANIAS, I, 34, 1. STRABON, IX, 1, 22, p. 612 (399). BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 220.
[68] Cf. AHRENS, p. 60 sqq., et BEUTLER, p. 40 sqq. ; sur Délos, v. vol. II. BÖCKH, C. I.. Gr., vol. II, n° 2371, prouve que Céos notamment resta aux Athéniens ; sur Sciathos, v. n° 2153.
[69] DION CASS., LIV, 7 et ci-après, vol. II. Cependant, le commerce du droit de cité parait avoir repris bientôt de plus belle (ELLISSEN, p. 27 sqq.).
[70] DION CASS., LIV. 9 et cf. ci-dessus, p. 314, 2. SYNCELLE, p. 313 P. c.
[71] Sur les Athamanes, voyez ci-dessus ; les Perrhèbes du temps de Strabon avaient cessé, ou à peu près, de former une peuplade à part. STRABON, IX, 5, 22, p. 675 (442).
[72] DION CASS., LI, 22-27. (Cf. PLUTARQUE, Ant., c. 63.) ZONARAS, X, 32 init, FLORUS, II, 26 TITE-LIVE, Epit., CXXXIV sqq. RÖSLER, Das vorrömische Dacien, p. 8-15. La guerre continua, il est vrai, pendant de longues années encore dans la Dalmatie, la Pannonie et toute la vallée du bas Danube ; il faut en dire autant du haut pays de Thrace ; les combats qui y eurent lieu menacèrent plus d’une fois la Macédoine voisine (en 23 av. J.-C, v. DION CASS., LIV, 3 ; en 16 av. J.-C. DION CASS., LIV, 20 ; en 11 av. J -C, v. DION CASS., LIV, 34. TITE-LIVE, Epit., CXXXVIII. VELLEIUS, II, 68. FLORUS, 11,27 ; en 6 ap. J.-C., DION CASS., LV, 20, 30. VELLEIUS, II, 110) ; ce n’est que pendant les dernières années du règne d’Auguste que la Macédoine jouit d’une complète sécurité.
[73] Les combats livrés dans le bassin du Danube donnent lieu ensuite à la formation d’une série de provinces nouvelles qui, jusqu’à la conquête de la Dacie transdanubienne, sont comme le rempart de l’Italie et de la Macédoine. L’Illyrie dalmatique, qu’Octavien pensait avoir pacifiée complètement depuis l’an 34 av. J.-C, devint en 27 av. J.-C. province sénatoriale ; mais dès l’an 11 av. J.-C, Auguste dut s’en charger de nouveau ; ici la guerre ne prit fin qu’en 9 après J.-C. BECKER-MARQUARDT, R. A., III, p. 113 sqq. 235 et Zur Statistik, p. 12. KUHN, II, p. 223. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 252. MOMMSEN, Mon. Ancyr., p. 87. La Pannonie, où les Romains ne prirent pied qu’en 35 av. J.-C., ne fut probablement organisée définitivement en province qu’en 8 ou 10 ap. J.-C. — La Mœsie, soumise par Licinius Crassus, dont il est fait mention plus haut (p. 408), ne fut réduite en province, d’après APPIEN, Illyr., c. 30, que par Tibère. D’après ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 254, la province de Mœsie aurait existé (DION CASS., LV, 29) dès l’an 6 ap. J.-C. et aurait été formée probablement en 16 av. J.-C. BECKER-MARQUARDT, R. A., III, 1, p. 105 sqq., attribue aussi, sans indiquer une année précise, la formation de cette province à Auguste. La Thrace enfin, déjà complètement dépendante des Romains sous Tibère, fut enfin réduite en province, en grande partie, par Claude, en 46 av. J.-C. Cf. BECKER-MARQUARDT, p. 102-106. 119. 234 sqq. RÖSLER, op. cit., p. 19-24. MOMMSEN, Monum. Ancyr., p. 70. ZUMPT, p. 267. KUHN, p. 223 sqq.
[74] D’après les indications de PTOLÉMÉE, III, 12, cf. 9 et 11 (sur les modifications de la frontière méridionale, du dite de l’Achaïe, v. vol. II). Toutefois, avant la formation de la province indépendante de Thrace, le gouvernement de Macédoine s’étendait, du moins d’après STRABON, VII, fragm. Palat. Vatican., 10, p. 507 fin (329), 33 et 48, p. 511 (331), vers l’est jusqu’au cours inférieur de l’Hèbre.
[75] En Macédoine, le consul de l’an 30 (cf. ci-dessus, p. 408), M. Licinius Crassus (qui triompha en 27 av. J.-C), fut d’abord proconsul, ou légat, avec un pouvoir très étendu ; cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 45. Vol. II, p. 252. Plus tard, nous voyons comme proconsul, en 23 av. J.-C, M. (Antonius) Primus. DION CASS., LIV, 3. ZUMPT, vol. II, p. 253. Nous ne continuerons la série des gouverneurs de la Macédoine que dans le second volume, en traitant de l’empereur Tibère. Sur l’ère actiaque employée par plusieurs villes de Macédoine, comme Thessalonique, Bérœa, Édesse, cf. BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, n° 1970, 1971, p. 930-994.
[76] L’Achaïe (cf. DION CASS., LIII, 12-15. STRABON, XVII, 3, 25, p. 1197 sqq. [840]. TACITE, Annal., IV, 43), était administrée par un gouverneur sénatorial nommé tous les ans, c’est-à-dire, par un proconsul aidé d’un légat et d’un questeur, DION CASS., LV, 27 ; cf. LIII, 14 (ou plutôt par un ancien préteur qui, lorsque le sort le désignait pour être gouverneur de l’Achaïe, portait, selon la pratique établie depuis ce temps dans les provinces sénatoriales, le titre de proconsul). Ce proconsul (contrairement à la pratique mentionnée par DION CASS., LIII, 13) est appelé dans BÖCKH, C. I. Gr., III, n° 4033, lig. 19 et n° 4034, lig. 11 : άνθύπατος Άχαίας πρός πίντε ράβδους (avec cinq faisceaux on licteurs). Cf. vol. I, n° 1732. MOMMSEN, Inscr. Neapol., n° 4550, cf. n" 4033 et ACT. APOST., 18, 12 (sur les gouverneurs d’un rang différent, v. ci-après, vol. II). On trouvera plus loin, vol. II, la liste des gouverneurs de l’Achaïe dont les noms nous ont été conservés. — Cf. ZUMPT, op. cit., p. 256 sqq. KUHN, II, p. 29. 71. BECKER-MARQUARDT, R. A., III, 1, p. 128. HERMANN, Gr. Staatsalt., § 190, 1 et 4.
[77] Les renseignements que nous donne le contemporain le plus rapproché, Strabon, XVII, 3, 25, p. 1198 (840), sur les limites primitives de l’Achaïe, sont, en ce qui concerne les frontières entre l’Épire et la Macédoine, peu clairs. Cependant il est évident (TACITE, Ann., II, 53 et DION CASS., LIII, 12), que, comme la Thessalie (STRABON, ibid. [*]), l’Épire était une partie de la nouvelle province d’Achaïe. Voyez dans PTOLÉMÉE, III, 14, l’énumération des îles de la mer Egée qui semblent avoir appartenu à cette province. L’emploi du nom d’Achéens dans un sens plus restreint pour désigner les Péloponnésiens ne cessa pas alors ; v. KEIL, Inscr. Bœot., n° 31, lig. 1, 22 et PLINE, N. H., notamment lib. IV, qui toutefois n’est pas très clair, ou tout au moins pas très exact, et qui donne successivement le nom d’Achaïe au vieux canton (1, 1), au Péloponnèse (5 [6], 12. 6 [10], 22) et à la province (5 [6], 12. 6 [10], 22. 9 [16], 32. 11 [18], 51. 12 [19], 53 et 54), puis (5 [6], 12) restreint à tort cette province au Péloponnèse ; cf. aussi POMPON. MELA, II, 3, 4, qui désigne par Achaïe la côte septentrionale du Péloponnèse, et enfin CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 76 sqq. III, 419. WIETERSHEIM, dans ses recherches sur la statistique des provinces romaines de ce temps-là, donne (dans sa Geschichte der Völkerwanderung, vol. I, p. 220 sqq.) à la Macédoine et à l’Achaïe réunies 3.232 milles carrés et trois millions d’habitants ; à la province des îles, constituée plus tard (vol. II), et à l’île de Crète, 714 milles carrés et 700.000 habitants.
[*] Je considère le μέχρι Θετταλίας de Strabon, ibid., contrairement à BECKER-MARQUARDT, R. A., III, I, p. 117) avec GROSSKURD (vol. III, p. 451) comme l’équivalent de y compris ; HŒCK, Rœm. Gesch., vol. I, 1ere partie, p. 376, considère également la Thessalie comme faisant pallie de l’Achaïe à cette époque et pendant celle qui suivit. Voyez aussi CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 70, 111 ; KUHN, vol. II, p. 75 sqq. Cf. STRABON, VII, Fr. Palat. Vatican., 12, 14, 15, p. 508 (329). Du reste, la Thessalie, qui de tout temps s’était administrée elle-même, n’avait sans doute pas des rapports bien intimes avec l’Achaïe et parait notamment n’avoir pas pris part à l’assemblée provinciale ou κοινόν d’Achaïe (ci-après). Sur l’Epire, cf. BECKER-MARQUARDT, III, 1, p. 117-118.
[78] COD. THEODOS., IX, I, 2. ACT. APOST., 18, I et 12. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, p. 571, n° 1086 et 1186.
[79] La formation et l’organisation complète d’une province indépendante d’Achaïe suppose tout cela, à vrai dire : en outre, diverses circonstances nous prouvent qu’il en fut ainsi. Et d’abord, il est très intéressant de voir l’empereur, comme nous l’avons constaté plus haut, lors de la fondation de Nicopolis et de la colonie de Patræ, disposer de la façon la plus arbitraire des biens des Hellènes (qui, au surplus, étaient ses adversaires vaincus dans la guerre et dont les villes, comme Patrie elle-même [p. 153], avaient été prises par la force des armes) et appliquer avec une rigueur impitoyable le principe du nouveau parti démocratique, d’après lequel toute terre dans les provinces que le gouvernement n’avait pas cédée par un acte spécial à une commune ou à un particulier, était propriété de l’État, et d’après lequel le propriétaire actuel n’était que toléré et pouvait en tout temps être privé de son héritage ; théorie qui fut ensuite élevée au rang de principe fondamental du droit impérial (MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 535 sqq.). On voit disparaître alors les liberi populi dont il est fait si souvent mention jusqu’aux derniers temps de la République. Nous voyons en outre dans Pausanias, VIII, 18, 5, que, de tous les Achéens (le mot pris dans son sens le plus restreint désigne ici sans doute les habitants du canton d’Achaïe). Auguste laissa aux habitants de Patræ seule la liberté. Ce qui le prouve (outre le passage de DION CASS., LI, 2 init.), c’est que la liberté fut rendue plus tard à plusieurs villes péloponnésiennes situées dans des contrées qui avaient soutenu Antoine avec une énergie toute particulière, comme, par exemple, à la ville de Mothone en Messénie (PAUSANIAS, IV, 35, 2), et à Pallantion en Arcadie (PAUSANIAS, VIII, 43, 1). Il est très peu probable que Vespasien ait le premier supprimé l’autonomie des diverses cités, en retirant aux Grecs d’Achaïe la liberté que Néron venait de leur octroyer et en rétablissant l’administration provinciale ; le peu de renseignements que nous avons sur cette mesure de Vespasien ne nous permet pas de nous prononcer.
[80] Cf. WALTER, Geschichte der römischen Rechts, vol. I, p. 170. 347 sqq. VOIGT, Jus naturale, II, p. 521, opposé à BECKER-MARQUARDT, III, 1, p. 252, et v. HÖCK, R. G., I, 2, p. 192 sqq. MOMMSEN, R. G., vol. II, p. 367. III, 539. Sur les détails de la justice romaine dans les provinces, v. encore BETHMANN-HOLLWEG, Der römische Civilprocess, vol. II (Bonn, 1865), p. 33 sqq. Sur l’Achaïe, où les Hellènes avaient peut-être le droit de faire juger d’après les coutumes locales, par des jurés pris dans leur sein et sous la présidence du gouverneur ou de son légat, les différends ordinaires ou procès qu’ils avaient entre eux et dans lesquels l’accusé était un Grec, v. PHILOSTRATE, Vit. Apoll. Tyan., V, 30. Le légat passe toujours, dans la hiérarchie, avant le questeur. Sous l’Empire, tous les questeurs provinciaux portent le titre de quæstor proprætore (Cf. MOMMSEN, in Hermès, II [1867], p. 115).
[81] Pour Sparte, v. STRABON, VIII, 5, 5, p. 562 (365). PHILOSTRAT., Vit. Apoll. Tyane, IV, 33. PLINE, N. H., IV, 5 (8). 16 ; sur les Éleuthérolaconiens, v. PLINE, loc. cit. ; sur Delphes, PLINE, N. H., IV, 3 (4), 7 ; sur Abæ, PAUSANIAS, X, 35, 2 ; sur Elatée, PAUSANIAS, X, 34, 2 ; sur Thespies, PLINE, IV, 7 (12), 25 ; sur Tanagra, PLINE, ibid., 26 ; sur Pharsale, PLINE, IV, 8 (15), 29 ; sur Égine, PLINE, N. H., IV, 12 (19), 57 ; cf. AHRENS, p. 61 ; sur Corcyre, PLINE, ibid., 52 ; sur Céphallénie et Zacynthe, PLINE, ibid., 51 ; sur Amphissa, v. PLINE, N. H., IV, 3 (4), 8. Pline, ibid., 7, appelle aussi les autres Locriens Ozoles immunes ; ils n’étaient sans doute exempts que des tributs payables à l’empire et dépendaient pour le reste de la ville de Patræ, PAUSANIAS, X, 38, 4 et 5). Sur Argos (cf. JULIEN, éd. Spanh. Epist. 35, p. 407), voyez les remarques de BECKER-MARQUARDT, III, 1, p. 256. Nous aurons, du reste, à montrer que l’autonomie des villes libres fut constamment restreinte ; cf. HÖCK, R. G., I, 2, p. 248 sqq. MOMMSEN, R. G., II, p. 367. KUHN, vol. II, p. 28 sqq. et surtout VOIGT, Jus naturale, vol. II, p. 762-829. D’après VOIGT, p. 770 sqq., la situation politique de ces villes se modifia aussi en principe depuis le commencement de l’Empire, en ce sens que les liberæ civitates de l’Empire n’étaient plus considérées et traitées comme souveraines pour la forme, mais seulement comme « immédiatement dépendantes » du gouvernement central.
[82] Pline, N. H., IV, 1 (2), 5, appelle Nicopolis civitas libera : cf. ARRIEN, Diss. Epiclet., IV, 1, 14. BURSIAN, Geogr., I, p. 32. Pairie est appelée ville libre par PAUSANIAS, VII, 18, 5 ; je ne sais si elles ont été aussi immunes ; cf. BECKER-MARQUARDT, R. A., III, 1, p. 262. Sur le droit colonial, voir WALTER, Geschichte d. R. R., vol. I, p. 477 à 485, dont l’opinion est surtout partagée par HÖCK, R. G., vol. I, 2, p. 229-242 ; v. ensuite BECKER-MARQUARDT, p. 261 sqq., 350 sqq. Parmi les villes nouvelles fondées en Grèce par les Romains, c’est Corinthe qui est le type le plus pur de la colonie romaine. La magistrature coloniale (que nous voyons aussi fonctionner à Bouthroton, à Dyrrhachion, à Philippes ; cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 376 sqq. ) existait aussi à Corinthe ; cf. HÖCK, op. cit., p. 230. ECKHEL, D. N., vol. Il, p. 240 sqq. ZUMPT, op. cit., p. 146. 190. A Patræ, au contraire, où les Romains étaient beaucoup moins nombreux (nous ne parlerons pas de Nicopolis, où les colons romains, peu nombreux, paraissent s’être Tondus avec la masse de la population hellénique, v. ZUMPT. op. cit., p. 376, 473), nous ne voyons nulle trace de magistratures italiques ; cf. HÖCK, p. 230. ECKHEL, op. cit., p. 225 sqq., 255 sqq. Je ne vois pas non plus que l’une ou l’autre de ces colonies ail été dotée du jus Italicum que (ZUMPT, p. 478, 489, 494) Dyrrhachion, Cassandria, Philippes et Dion possédaient certainement plus tard.
[83] Cf. ci-dessus et WALTER, Geschichte d. röm. Rechts, vol. I, p. 346 sqq., 469 sqq. HÖCK, p. 219 sqq. MOMMSEN, R. G., III, p. 455 et KUHN, vol. II, p. 37 ; cf. PHILOSTRATE, Vit. Apoll. Tyane, VII, 42.
[84] WALTER, p. 347 sqq., 470 sqq. MOMMSEN, vol. II, p. 370. HÖCK, p. 167. Sur le système monétaire des cités grecques, voyez ci-dessus, p. 276 sqq., et HULTSCH, Metrol., p. 162. VOIGT, p. 768 sqq. MOMMSEN, R. G., III, p. 549. Röm. Münzwesen, p. 727 sqq., 731 sqq. et ECKHEL, op. cit., p. 166.
[85] Cf. ci-dessus, p. 422 sqq. Sur les stratèges thessaliens, v. ECKHEL, D. N., II, p. 135 et sur le κοινόν (ci-après, note 87), cf. KUHN, vol. II, p. 13. HERMANN, Griech. Staatsalt, § 178, 24 et plus loin, vol. II. La politique romaine ne se proposait pus de détruire la vie cantonale dans les provinces. Les Romains (et ceci s’applique aussi à la Grèce) ne voulaient ni, en prenant de pareilles mesures, provoquer inutilement le mécontentement, ni faire naître de nouvelles forces en fondant ensemble des éléments séparés jusqu’alors, qui eussent pu (en Grèce, sans doute, cela n’était plus a craindre) devenir pour eux un danger, ou du moins, par suite d’une recrudescence du sentiment national, rester indifférents ou s’opposer aux efforts qu’on faisait pour les romaniser peu à peu. Nous ferons voir dans le IIe volume qu’en Grèce, du moins au IIe siècle ap. J.-C., les anciennes rivalités entre les divers cantons s’étaient considérablement affaiblies.
[86] WALTER, op. cit., p. 472, note 61.
[87] Cette opinion repose surtout sur quelques inscriptions ; v. KEIL, Syll. Inscr. Bœot., p. 116 sqq., n° 31 (v. surtout lig. 1. 10. 15. 22 sqq. 50. 61. 98.100) et BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 1625, p. 788 sqq. Les peuples dont KEIL, ibid., lig. 1, 22 sqq., fait mention sont : les Achéens (ici probablement = Péloponnésiens), les Béotiens, les Locriens, les Eubéens, les Phocidiens. Le nom de κοινόν τών Πανελλήνων se trouve dans KEIL, ibid., lig. 10. 01. 100. BÖCKH, ibid., lig. 26 ; σύνοδος τών Έλλήνων, lig, 15. Achéens désignant tous les Panhellènes provinciaux ; KEIL, lig. 50. 98 et BÖCKH, n° 1318 et 1396. Achéens et Panhellènes : BÖCKH, ibid., 1625, lig. 20. KEIL, ibid., lig. 100 et BUCKH, ibid., 1625, lig. 21 sqq., montrent que ce κοινόν (appelé aussi κοινόν τής Άχαΐας, voyez l’inscription dans les Archäol. Aufsätze de Ross, vol. I, p. 123) avait son siège à Argos. Du passage de BÖCKH, n° 1718, KUHN conclut (Städt. Verf., vol. II, p. 74) qu’un άρχιερεύς et Έλλαβάρχης τών Άχαιών nommé à vie présidait ce κοινόν. Cf. n° 1114, 1318 et 1396, 1718, 4021, et KUHN, vol. I, p. 108. 110. III. — Ce κοινόν des Panhellènes ne doit pas être confondu avec la ligue des Panhellènes qui fut fondée plus tard par l’empereur Hadrien et s’étendit sur une grande partie de la Grèce d’Europe et de la Grèce d’Asie (vol. II) : c’est ce que prouve le fait que l’inscription citée par KEIL, loc. cit., appartient déjà au temps de l’empereur Caligula (KEIL, p. 120 sqq.) ; l’inscription dont parle BÖCKH, n° 1625, est, d’après les explications de KEIL, loc. cit. (cf. KUHN, vol. II, p. 67. BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 213), plus récente de quelques années seulement que l’inscription n° 31 de KEIL, op. cit. Je considère donc ce κοινόν comme étant analogue aux associations incomparablement plus importantes de ce genre en Asie. C’est là un sujet traité d’une manière générale dans BECKER-MARQUARDT, R. A., I, p. 267-275. D’après cet auteur, les villes faisant partie de la ligue (et peut-être, en Hellade, les assemblées partielles) envoyaient à ces assemblées des députés, σύνεδροι, lesquels avaient à élire, entre autres, l’archiereus ou sacerdos provinciæ (qui portait le nom de la province), choisi parmi les anciens fonctionnaires municipaux les plus considérés et les plus riches. Les fonctions d’archiereus n’étaient pas partout à vie ; elles pissaient de l’un à l’autre dans la plupart des provinces ; mais le titre restait, et les anciens prêtres de cette espèce formaient souvent une classe particulière. Sur l’Asie, v. MARQUARDT, ibid., et p. 140 sqq. KUHN, vol. I, p, 107 sqq. [P. MONCEAUX, De communi Asiæ provincæ-κοινόν Άσίας. Paris, 1885] ; sur l’île de Crète, avec son Crétarque, BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, n° 25S3, 2595 sqq.. 2744. MARQUARDT, p. 268 sqq., 270. KCHN, vol. I, p. 113, et sur la Macédoine, MARQUARDT p. 268, 269, et la Thessalie (MARQUARDT, p. 268) ; et aussi PRELLER, Röm. Mythol., p. 794 sqq. WALTER, p. 471. 472. CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 560.
[88] J’emprunte au compte rendu de W. VISCHER sur l’ouvrage de FREEMAN (N. Schweiser. Muséum, Jahrg. IV, 4e fascic, 1864), p. 297, une communication intéressante sur le conseil amphictyonique avant sa réforme par Auguste ; elle repose sur un document trouvé à Delphes par CARL WESCHER en 1862, sur le contenu duquel WESCHER a fait des communications verbales ou critiques et sur lequel il a écrit ensuite, dans la Revue Archéologique, nov. 1864, p. 407 sqq., 498 (que je n’ai malheureusement pas sous la main), une courte notice provisoire. A l’époque de ce document, sept peuplades avaient chacune deux voix, et dix une, par conséquent vingt-quatre. Les premières, qui avaient deux voix, étaient les habitants de Delphes, les Thessaliens, les Phocidiens, les Béotiens, les Achéens de la Phthiotide, les Magnètes et les Ænianes. Les autres étaient les Doriers du Parnasse et les Doriens du Péloponnèse, les Athéniens et les Eubéens, les Maliens, les Œtéens, les Dolopes, les Perrhèbes, les Locriens Hypocnémidiens et les Locriens occidentaux. Chez les Doriens, les Ioniens (Athéniens et Eubéens) et les Locriens, on reconnaît distinctement la séparation en deux de membres qui ne formaient autrefois qu’un seul corps ; le même fait parait s’être produit chez les Maliens et les Œtéens ; les Dolopes et les Perrhèbes, qui d’ordinaire Apurent parmi les douze peuplades primitives, sont peut-être tombés au rang de demi-États lors de l’admission de Delphes. Ce dédoublement des douze tribus primitives et le partage de quelques-unes est analogue au procédé employé en Suisse lorsqu’on modifia la constitution ; au lieu de vingt-deux voix, on en donna quarante-quatre aux représentants des cantons ou Conseil fédéral, c’est-à-dire deux à chacun des cantons entiers, une à chacun des six demi-cantons d’Unterwalden, de Baie et d’Appenzell.
[89] SCHÖMANN, Gr. Alterth., vol. II, p. 40. DROYSEN, Histoire de l’Hellénisme, trad. Bouché-Leclercq, III, pp. 428-429. 533. PAULY, R. E., vol. I. 2e édit., p. 896. 902. HERMANN, Gr. Staatsalt., § 14, 17.
[90] Voyez en particulier PAUSANIAS, X, 8, 2 et 3 (cf. PHILOSTRATE, Vit. Soph., II, 57. STRABON, IX, 3, 4 ; 7, 8, p. 641 [419]. 642 sqq. [419 sqq.]. Cf. SCHÖMANN, op. cit. PAULY, op. cit., p. 902 sqq. HERMANN, op. cit., § 14, 18. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, p. 560 ; no 1058, p. 578, v. n° 1121. 1124. 1058, p. 559, p. 610. FREEMAN, History of fédéral government, vol. I, p. 13fi-139. Les assemblées des Amphictyons à Delphes et aux Thermopyles sont mentionnées encore par PAUSANIAS, VII, 24, 3.
[91] Parmi les nouveaux fonctionnaires, nous trouvons, par exemple, un έπιμελητής τοΰ κοινοΰ τών Άμφικτυόνων. Cf. Rh. Mus., II, p. 111 et HERMANN, Gr. Staatsalt., § 14, 18, et notamment le Έλλαδάρχης τών Άμφικτυόνων. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, p. 580 ; ces dernières fondions étaient exercées dans certaines circonstances par la personne qui était en même temps Helladarque et άρχιερεύς du κοινόν des Panhellènes (ci-dessus, p. 474, 3) ; v. BÖCKH, ibid., p. 579, n° 1124, lig. 3 et 7, et p. 814. — Le πρόσχημα τής Άμφικτυονίας aurait été à vie d’après PLUTARQUE, An seni sit gerend. resp., c. 20 ; v. les objections de K. KEIL dans le Philologus, XXIII (1865), IIe fasc., p. 245 sqq.
[92] D’après BECKER-MARQUARDT, R. A., III, 1, p. 291, note 1992, qui s’appuie sur DION CHRYSOST., I, p. 601 sqq. R. (éd. Emper., vol. II, Or. XXXI, 66 sqq.) ; il s’agissait sans doute principalement de la remise d’une masse de contributions arriérées.
[93] Cf. FRIEDLÆNDER, Sittewgesch. Roms, II, p. 1, 3.
[94] Cf. ci-dessus, p. 451, 4. 455, 3. STRABON, VIII, 8, 1, p. 595 (388).
[95] STRABON, IX, 1. 23, p. 613 (399). X, 5, 19, p. 749 (489). PLINE, N. H., XI, 13 (13), 32.
[96] Cf. PLINE, N. H., XIV, 14 (16 et 17), 95 à 97.
[97] Cf. GELL, N. A., VI, 16, 5.
[98] STRABON, IX, 1, 23, p. 613 (395). PLINE, N. H., XVII, 1 (1), 6.
[99] STRABON, VIII, 5, 7, p. 564 (367).
[100] PAUSANIAS, III, 21. 4. II, 3, 5. PLINE, N. H., XXXVI, 7 (1), 55 ; cf. ROSS, Griech. Königsreisen, vol. II, p. 240sqq. CURTIUS, Pelop., vol. I, 34 ; vol. II, p. 206. 269 sqq., 308. 332 sqq.
[101] STRABON, IX, 5, 16, p. 667 (437). PLINE, N. H., XXXVI, 6 (5), 44. (7), 48. 8 (13), 62. (Les carrières de Carystos étaient impériales ; cf. BECKER-MARQUARDT, III, 2, p. 202, note 115. — Il ne faut pas oublier les coqs de combat qu’on faisait venir rie Tanagra, de Rhodes, de Mélos et de Chalcis ; VARRON, De re rustica, III, 9. PLINE, X, 21 (24), 48, et notamment les beaux vêtements fabriqués en grande quantité à Cos, à Amorgos et à Céos ; cf. PLINE, XI, 22 (26), 76. IV, 12 (20), 62. HERMANN, Gr. Privatalt., § 22, 17, 18.
[102] Parmi les villes anciennes de la péninsule, nous voyons, au temps de Strabon, Sparte occuper le premier rang, Argos le second ; v. STRABON, VIII, 6, 18, p. 578 (377). CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 226. 349. Sur le petit synédrion d’Argos pendant l’Empire (ci-dessus), v. PAUSANIAS, VI, 12, 3. VIII, 22, 1. 23,1 et CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 82 sqq. Vol. Il, p. 349. 560. D’après CURTIUS, p. 508, les Néméennes étaient pour ce synédrion des Argiens le centre du culte.
[103] Cf. en général l’article Athenae de C. BURSIAN dans PAULY, Realencycl., vol. I, 2e édit, p. 1979 sqq. : CURTIUS, Att. Stud., II, p. 50 sqq. — L’opinion de CURTIUS, op. cit., p. 52 sqq. — d’après laquelle la ville d’Athènes fut alors rebâtie d’après des plans nouveaux, de nouveaux quartiers construits au nord de l’acropole, l’agora agrandie du côté de l’est, un marché neuf établi, et un splendide Prytanée (p. 55) construit au nord de l’acropole (l’ancien aurait subsisté jusqu’à l’époque romaine prés de l’ancienne agora, dans la partie méridionale de la ville) — est énergiquement combattue par BURSIAN, op. cit., p. 1972 et 1979, ainsi que dans la dissertation De foro Athenientium disputatio, p. 13 sqq. (dans le Züricher Universitätsprogramm, été 1865). Cf. aussi WACHSMUTH, Die Stadt Athen, p. 669 sqq.
[104] BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 312, 313, 355, 477. Cf. STUART, Alterth. von Athen, 1er livr., tab. 1 sqq. BÖTTICHER, Bericht über die Untersuchungen auf der Akropolis, VIIe section. BURSIAN, op. cit., p. 1979, et Geogr. von Griechenl., vol. I, p. 292 sqq. et CURTIUS, Att. Studien, II, p. 51. D’après BÖCKH, ibid., p. 469 ad n° 312, la construction fut terminée avant l’année 755 de Rome, 2 ap. J.-C, et cela, sous l’archontat de Nicias et la stratégie d’Euclès [que nous avons placés entre les années 12 et 1 av. ou 2 ap. J.-C.] ; Euclès avait veillé à l’exécution des travaux commencés par son père Hérode [ancêtre du célèbre Hérode Atticus]. Cf. BÖCKH, p. 468 ad n° 477. La dynastie accorda ses faveurs à d’autres villes de la Grèce ; sur la fameuse offrande de l’impératrice Livie au temple de Delphes, v. PLUTARQUE, περί τοΰ Εί έν Δελφοΐς, c. 3 ; cf. BURSIAN, Geogr., p. 175.
[105] Cf. BÖTTICHER, Philologie, XXII, p. 73. C. WACHSMUTH, Archäolog. Zeitung, XXI, p. 125, et Die Stadt Athen, p. 669 sqq. BURSIAN, dans PAULY, p. 1979, Geogr., p. 293. CURTIUS, p. 52.
[106] Cf. FRANDSEN, M. Vipsanius Agrippa, p. 174. CURTIUS, Att. Studien, II, p. 50. Archäol. Zeitung, 1854, pp. 202, 524, 8. Inscription d’Agrippa à Délos, dans LENORMANT, Inscr. græc. inédit. centur. 5-7, in Rhein. Muséum, XXII [1867], p. 293, n° 285.
[107] PHILOSTRATE, Vit. Soph., II, 5, 3. 8, 2. BURSIAN, ap. PAULY, p. 1979. Geogr., vol. I, p. 292.
[108] BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 309. v. BURSIAN, ap. PAULY, loc. cit. ROSS, Archäolog. Aufsätze, vol. I, p. 97. Vol. II, p. 270. Cf. OTTO-JAHN, Pausan. Descr. arc. Athen., éd. IIa, p. 64, n° 149 et 150.
[109] VISCHER, Erinnerungen aus Griechenland, p. 124-131. WACHSMUTH, Die Stadt Athen., p. 674 sqq.
[110] Cf. en général PRELLER, Röm. Mythol., 2e édit., p. 791 sqq. C’est ainsi qu’à Corinthe (PAUSANIAS, II, 3, 1), sur la pente de l’Acrocorinthe, au-dessus du plateau où se trouvait le marché de la ville basse (CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 532), un temple fut élevé a Octavie, sœur d’Auguste. — Sur le culte de César et le sanctuaire de la gens Julia à Corinthe, v. PRELLER, op. cit., p. 792, note 1. Sur le temple dédié à l’empereur à Asopos, en Laconie, v. PAUSANIAS, III, 22, 7. Sur l’enclos sacré dédié à tous les empereurs romains a Sicyone, v. PAUSANIAS, II, 8, 1. CURTIUS, p. 493. Statues d’empereurs romains dans le temple d’Artémis Soleira à Mégare, PAUSANIAS, I, 40, 2 ; près d’Argos, ci-dessus, p. 446, 4 et à Olympie, PAUSANIAS, V, 12, 5 sqq. 20, 5. VI, 19, 7. CURTIUS, Pelop., II, p. 66, 101 ; à Delphes. PAUSANIAS, X, 8, 4. Inscription et statue du jeune Gaius Cæsar à Chalcis, de l’an 753/4 U. C. ap. BÖCKH, C. I. Gr., II, n° 2148 (honoré à Athènes comme νέος Άρης [p. 311]) ; de Lucius Cæsar à Delphes, hommage des Amphictyons, BÖCKH, n° 1712. A ces honteuses aberrations du sentiment religieux correspondait, en Asie et en Achaïe, la décadence complète des vieux oracles sacrés ; celui de Dodone était complètement abandonné (STRABON, VII, 7, 9, p. 504 [327]. Le sanctuaire lui-même, avec son célèbre chêne, subsistait encore, il est vrai au temps de Pausanias, VIII, 23, 4 ; cf. VII, 21,1. 1,17, 5. G. WOLFF, De ultima oraculorum ætate, p. 13 ; l’oracle de Delphes, appauvri, ne retrouva que sous les empereurs une partie de son ancienne autorité, CICÉRON, De divin., I, 19. II, 57, 117. STRABON, IX. 3, 4, p.641 (419), 3, 8, p. 644 (420). BECKER-MARQUARDT, R. A., t. IV, p. 104.
[111] BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 478. BEULÉ, L’Acropole d’Athènes, II, 200 sqq. BURSIAN, Geogr., p. 314 et ap. PAULY, loc. cit., v. les indications de ROSS, Archäolog. Aufsätze, vol. I, p. 113 sqq., 272. Il y avait un culte analogue a Mégare ; cf. K. KEIL, Philologus, vol. XXIII, fasc. II, 1865, p. 231 ; chez les Maliens, ibid. ; sur Athènes, voyez p. 239. L’autel de Dea Roma à Astypalée (p. 337) était plus ancien ; cf. BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, n° 2483. Inscription (et statue) en l’honneur d’Auguste à Délos, après l’an 29 av. J.-C., BÖCKH. C. I. Gr., II, n° 2282. 2283. Addenda, n’ 2283 6 ; dans l’île d’Astypalée, de l’an 9 av. J.-C., n° 2493 ; Divus Augustes à Paros, n° 2325.
[112] Cf. SUÉTONE, Octave, c. 52, 59. DION CASS., LI, 20 (le prince avait pris ces décisions après son retour d’Égypte en 29 av. J.-C.). TACITE, Annal., IV, 37. 55. NIPPERDEY ad TACITE, I, 10. BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, n° 2957. 2368. 2369 ; cf. n° 2442 sqq. et Addenda, vol. II, p. 1081. K. KEIL, Philol., op. cit., p. 231 sqq. Sur les temples à Sparte, v. PAUSANIAS, III, 11, 4. CURTIUS, Peloponn., vol. II, p. 229 et en général BECKER-MARQUARDT, R. A., t. IV, p. 99. 423 sqq. KUHN, vol. I, p. 112. PRELLER, Röm. Mythol., 2e éd., p. 705 s. 773. 791 s. Sur le développement progressif de ce culte et les membres de la famille impériale des deux sexes mis au rang des dieux ou honorés comme tels de leur vivant.
[113] Cf. BÖCKH, C. I. Gr., n° 2696, 2943, 3524, 3569. TACITE, Ann., IV, 36. DION CASS., LVII, 24.
[114] SUÉTONE, Octave, c. 60, cf. BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 301. WACHSMUTH, Die Städt Athen, p. 673 sqq.
[115] Cf. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 309, 311, 359-370. JOSEPH, Bell. Jud., I, 21, 11. Ephem. Archäol., n° 3442.
[116] JOSEPH., Bell. Jud., I, 21, 11 et 12. Ant., XVI, 5, 3 et 2, 2.
[117] PLUTARQUE, Périclès, c. 13.
[118] FRIEDLÆNDER, Sittengeschichte Roms, II, p. 55.
[119] Cf. BLASS, Griech. Beredtsamkeit, p. 10. 151. 164. C. ZUMPT, Ueber den Bestand der philos. Schulen, p. 19. 83 sqq., 90.
[120] Cf. ROSS, Archäol. Aufs., II, p. 133 sqq. BURSIAN, Geogr., I, p. 6. OVIDE, Art. Am., III. 687.
[121] Cf. OVIDE, Métam., II, 795 sqq. Art. Amat., 687 sqq., et v. FRIEDLÆNDER, vol. II, p. 54 sqq.
[122] Cf. ARISTIDE, Orat., XIII, p. 187 sqq., p. 100 sqq., p. 97. (Les paroles du texte sont citées d’après FRIEDLÆNDER, p. 551).
[123] STRABON, VIII, 5, I, p. 538 (363). Cf. CURTIUS, vol. I, p. 79. II, p. 302. ECKHEL, D. N., II, p. 281. BURSIAN, Geogr., II, p. 374 sqq.
[124] PAUSANIAS, II, 3, 5. CURTIUS, Peloponn., vol. II, p. 267. 530 sqq.
[125] PAUSANIAS, III, 14, 6. CURTIUS, p. 234. Il fonda aussi à Sparte de nouveaux jeux artistiques et athlétiques, qu’on célébrait encore sous l’empereur Commode ; cf. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, p. 670 et n° 1239. 1240. 1378. 1423. 1427. 1425.
[126] JOSEPH., Bell. Jud., I, 26, 1. 4. 5. Ant. Jud., XVI, 10, 1. ZONARAS, V, 21 ; cf. EWALD, Gesch. des Volkes Israël, vol. IV. p. 278. 503. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, p. 670.
[127] JOSEPH., Bell. Jud., 1, 26. 1, 2-4. Ant., XVI, 10,1. ZONARAS, ibid. MANSO, Sparta, vol. III, 1, p. 445, place les crimes commis par Euryclès en Palestine dans l’année 748 de Rome, 6 av. J.-C. ; EWALD, op. cit., le fait paraître en Asie environ quatre ou cinq ans avant la mort d’Hérode (qui eut lieu en l’an 4 av. J.-C.)
[128] Cf. JOSEPH., Bell. Jud., I, 26, 4. PLUTARQUE, Apophthegm, Roman. Apophthegm. August., c. 14, un des accusateurs d’Euryclès était un descendant de Brasidas.
[129] D’après JOSEPH., Bell. Jud., I, 26, 4. Ant., XVI, 10,1, fin., cf. STRABON, VIII, 5, 5, p. 562 (366) ; BÖCKH, loc. cit. — On fait mention à plusieurs reprises de ses descendants ; son fils (STRABON, ibid.), Gaius Julius Laco, qui valait mieux que lui, était grand ami des Éleuthérolaconiens, qui, dans leurs inscriptions, l’appellent leur bienfaiteur ; v. entre autres BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 1389. 1390. Sous Hadrien vivait un autre Gaius Julius Laco, n° 1347. Ross considère Gaius Julius Spartiaticos, un des grands dignitaires du κοινόν des Panhellènes, comme un des membres de cette famille ; son nom figure dans une inscription, Archäolog. Aufs., vol. I, p. 123 sqq.
[130] Cf. PLUTARQUE, Præc. reip. gerend., c. 19 (Suétone, Tibère, c. 8, init., fait peut-être allusion à cet incident).
[131] DION CASS., LIII, 32. JOSEPH., Ant., XV, 10, 2. SUÉTONE, Tibère, c. 10. Octave, c. 66. TACITE, Annal., XIV, 53. V. dans BÖCKH, C. I. Gr., les relations d’Agrippa avec les Hellènes, vol. II, n° 2176 (avec Mitylène) ; vol. I, n° 1290 (avec Sparte), et vol. II, n° 1878 (avec Corcyre). — Lorsque Agrippa fit un nouveau séjour de trois ans en Orient, depuis l’été de l’an 737 de Rome — 17 av. J.-C. — jusqu’en 13 av. J.-C, sa femme Julie, fille d’Auguste, fut en danger de mort en traversant, la nuit, vers la fin de l’année 17 av. J.-C, le fleuve Scamandre, dont le niveau s’était rapidement élevé. Pour punir les habitants de leur prétendue négligence, Agrippa condamna Ilion, amie des Romains et ville libre, à une amende de 100.000 drachmes. Si Agrippa, irrité, consentit à remettre aux habitants d’Ilion cette formidable amende, ce ne fut que grâce à la bienveillante intervention du roi de Judée, Hérode, et à celle de son ministre, Nicolas de Damas (16 av. J.-C). NICOL. DAMASCEN., De vita sua, p. 6-8, éd. Orelli (C. MÜLLER, Fr. Hist. Græc, III, p. 350, 3). Cf. JOSEPH, Ant., XVI, 2, 2. FRANDSEN, Agrippa, cap. 15, p. 90-91. — Il parait aussi que l’île de Chios jouit de la faveur d’Hérode, qui, d’après JOSEPH., Ant., XVI, 2, 2, entre autres riches présents, διέλυσε δέ Χίοις τά πρός τούς Καίσαρος έπιτρόπους χρήματα, καί τών είσφορών διήλλαξε.
[132] VELLEIUS, II, 99. TACITE, Ann., I. 4. 53. SUÉTONE, Tibère, c. 11 sqq. DION CASS., LV, 9, 11.
[133] Les rares renseignements que nous possédons sur cette sédition diffèrent entre eux au point de vue chronologique. Dans EUSÈBE, Chronic. (éd. Aucher), vol. II, p. 263, on lit simplement que, depuis 13 ap. J.-C., Ol. CXCVIII, Athenienses ab arrogantia res novas moliendi cessarunt, auctoribus seditionis supplicio affectis. Cf. EUSÈBE, Chronic. S. Hieronymo interprete (ap. RONCALLI, Vet. latin. script. chronic, vol. I, p. 418.) ad Ol., CXCVII, (depuis 9 ap. J.-C.) : Athenienses res novas contra Romanos molientes opprimuntur, auctoribus seditionis occisis. Orose, VI, 22, init., dit qu’Auguste avait fermé le temple de Janus pour la troisième fois en 752 de Rome, 2 av. J.-C., qu’il resta fermé pendant environ douze ans et ne fut rouvert que plus tard, vers 11 ou 12 ap. J.-C, Dacorum commotione et Atheniensium seditione ! Dans PAUL. DIACRE, Misc. Hist., VII, 25, nous voyons Auguste fermer le temple de Janus également en 752 ; puis viennent douze années de paix, et ensuite les choses se passent comme dans Orose. Enfin, dans SYNCELLE, Chronograph., p. 318, nous lisons : Ann. mundi 5513. divin. incarn. ιγ’ ; 13 ap. J.-C. Άθηναΐοι στασιάζειν άρξάμενοι κολασθέντες έπαύσαντο. HERMANN, Griech. Staatsalterth., § 176, 13, appelle ce mouvement complètement apocryphe, et AHRENS, p. 12, suppose que le renseignement en question repose sur une erreur ancienne. Le silence complet des contemporains donne, dans tous les cas, à réfléchir ; ce qui est certain, c’est que l’incident fut si insignifiant que même le brutal légat Pison (18 ap. J.-C.) n’en fait pas mention dans la liste des délits qu’il reproche aux Athéniens (TACITE, Ann., II, 55).