PREMIÈRE PARTIE — HISTOIRE DE LA GRÈCE DEPUIS FLAMININUS JUSQU’À AUGUSTE - (194 av. J.-C. — 14 apr. J.-C.)
Les cinquante années qui s’écoulèrent depuis la fin de la première guerre contre Mithridate jusqu’aux victoires du Romain Octavien sur son dernier adversaire et à l’établissement solide de la monarchie universelle des Césars, sont les plus sombres de toutes celles que les Grecs d’Europe aient passées sous la domination romaine, excepté bien entendu la terrible époque de Gallien et celle qui commence par la domination du ministre Rufin dans l’empire d’Orient et les expéditions dévastatrices d’Alaric. C’est l’époque où la ruine de la Grèce, si violemment entreprise par Sulla et les généraux du Pont, fait des progrès effrayants et irrésistibles, grâce à l’influence combinée des circonstances les plus diverses. Les blessures terribles que la guerre contre Mithridate avait faites à la prospérité publique des Grecs d’Europe et des Grecs d’Asie étaient de toute façon très difficiles à guérir. Il aurait fallu avant tout que, d’une part, une paix durable permit aux populations cruellement éprouvées des contrées en question d’utiliser avec zèle et intelligence les ressources qui leur restaient, et de s’en créer de nouvelles. D’autre part, la situation des pays helléniques de l’empire romain exigeait que le gouvernement de ce puissant État, après avoir si cruellement châtié les Hellènes et leur avoir fait sentir sa main vengeresse, leur donnât des soins tout particuliers, s’occupât de leurs intérêts, et remplit largement à leur égard les devoirs du maître qu’il avait affirmés avec une si impitoyable énergie. Malheureusement, à l’exception de quelques rares moments plus heureux, l’histoire des Hellènes, pendant les cinquante années qui suivirent, présente un aspect tout différent. La situation économique de la plupart des Grecs d’Asie — qui, grâce à l’heureuse situation géographique et commerciale de leur pays, à l’abri de toute atteinte, pouvaient espérer, bien plus que les Grecs d’Europe, qui voyaient de plus en plus diminuer leur part au commerce du monde, reconquérir leur ancienne prospérité — avait cruellement souffert déjà pendant la guerre récemment terminée ; les amendes énormes dont fut frappée la malheureuse province d’Asie[1] en 84 av. J.-C, jointes aux impôts ordinaires qu’on exigeait de nouveau, eurent, pendant les années suivantes, un effet véritablement désastreux : le tableau de la situation économique et sociale de ce pays, environ quatorze ans après que Sulla eut quitté l’Asie, est vraiment horrible[2]. Or les Hellènes placés sous la domination romaine ne purent même pas, pendant les quarante-cinq ans qui suivirent la fin de la première guerre contre Mithridate, jouir d’une tranquillité extérieure comme ils l’avaient fait pendant la période qui s’était écoulée de la prise de Corinthe et de la défaite d’Aristonicos au soulèvement de Mithridate contre Rome. Les Grecs d’Asie, pendant une longue série d’années, sont constamment inquiétés par les guerres désastreuses que fait renaître sans cesse la haine irréconciliable entre Rome et Mithridate, et les suites fâcheuses qu’eurent ces luttes en bien des endroits se firent sentir au plus haut degré dans la Grèce d’Europe. Plus tard, ce sont les acteurs des gigantesques guerres civiles de Rome qui viennent livrer leurs batailles décisives sur le sol même de la Grèce d’Europe, non sans faire sentir cruellement les contrecoups de ces mouvements formidables aux pays helléniques de l’Asie-Mineure. Enfin, il était tout à fait conforme au caractère de cette époque — où, d’abord, l’oligarchie romaine relevée par Sulla eut à soutenir de longues luttes pour son existence, tantôt les armes à la main en Italie et dans les provinces, tantôt au Forum et à la Curie de la ville aux sept collines ; où, ensuite, les grandes questions relatives à la constitution politique de l’ancien monde et à ses futurs maîtres allaient être tranchées — que non seulement les devoirs du gouvernement fussent complètement négligés, mais que les intérêts particuliers des provinces grecques souffrissent cruellement et que ces pays fussent systématiquement épuisés et presque complètement ruinés. Après le départ de Sulla pour l’Italie, la guerre qu’il avait faite à Mithridate trouva son épilogue dans le siège de la ville de Mytilène, qui, gravement compromise, continuait à résister même après la conclusion de la paix entre Sulla et Mithridate ; elle était probablement d’accord avec les démocrates, adversaires de Sulla en Italie. Le général Lucius Lucullus, qui, après que Sulla eut quitté l’Asie, resta encore quelque temps dans ces contrées, livra à ces Grecs arrogants des combats opiniâtres et heureux, mais ne réussit pas à prendre la ville[3]. Ce ne fut que le propréteur d’Asie, M. Minucius Thermus (depuis 81 av. J.-C), qui put, avec le concours de la flotte de Bithynie, prendre d’assaut, en 79 av. J.-C, la ville de Mytilène, après l’avoir longtemps assiégée ; elle souffrit terriblement à cette occasion, et, pour la punir de sa résistance opiniâtre, on lui enleva pour longtemps son indépendance[4]. Le reste des Grecs ressentit d’une façon différente les effets des guerres de Sulla en Orient et en Italie. En effet, Sulla, vers la fin de la guerre qu’il faisait aux partisans de Marius en Italie, avait, parce qu’il manquait d’argent, frappé les cités clientes et sujettes (sans excepter celles qui étaient confédérées et exemptes d’impôts) d’une imposition générale et extraordinaire, qui, étant donnée la situation, devait surtout tomber sur les membres orientaux de l’empire[5]. Lorsque, en 81 av. J.-C., il célébra avec splendeur son triomphe sur Mithridate, il y lit porter les images de nombreuses villes grecques et asiatiques[6], et donna en même temps au public le spectacle de combats d’athlètes sur une vaste échelle ; il avait fait venir à Rome, dans ce but, un si grand nombre d’artistes grecs de ce genre, que bientôt après il n’y eut pas de jeux à Olympie, en dehors des courses, faute de concurrents[7]. Un autre épilogue de la première guerre contre Mithridate — la courte guerre que le légat de Sylla en Asie, Lucius Murena, fit à Mithridate en 83 et en 82 avant J.-C, connue sous le nom de la deuxième guerre contre Mithridate — ayant eu exclusivement pour théâtre les contrées traversées par l’Halys, ne paraît pas avoir exercé une influence sensible sur les villes grecques de l’Occident. Mais un grand nombre de Grecs, surtout en Asie, eurent d’autant plus à souffrir des événements ultérieurs. On sait qu’en 73 avant J.-C, le royaume de Bithynie aussi, c’est-à-dire cette partie de la côte de la Propontide et de la mer Noire qui s’étend du fleuve Rhyndacos jusqu’aux environs d’Héraclée, passa sous la domination romaine, avec ses antiques cités grecques et hellénistiques, par suite du testament du dernier roi de ce pays, Nicomède III[8]. Il s’ensuivit que le roi Mithridate, l’irréconciliable ennemi des Romains, qui voyait la grande puissance de l’Occident se rapprocher de plus des frontières de son royaume, déclara de nouveau la guerre aux Romains (dans l’hiver de l’an 75 à 74 avant J.-C), et provoqua ainsi ce duel formidable (74 a 63 avant J.-C.) qui finit par l’établissement durable de la domination romaine sur tout l’Orient, depuis la Méditerranée jusqu’à l’Euphrate. Les Grecs d’Europe aussi ressentirent de diverses façons les effets de cette guerre. Cette fois encore, Mithridate avait pris à sa solde un grand nombre de Barbares voisins de la Macédoine ; l’influence de la politique du Pont sur la situation des Romains en Macédoine (voir plus bas) redevenait très sensible, précisément à cette époque. Cette fois encore, la Grèce fournit au roi plus d’un homme de valeur pour son armée et sa flotte ; il prit notamment à son service les ingénieurs militaires Callimachos et le Thessalien Niconidas[9], tandis que d’autre part les Hellènes eurent beaucoup à souffrir du passage des troupes romaines et de leurs réquisitions. Sur mer enfin, dans les lies et sur les côtes de la Grèce, la nouvelle guerre eut pour effet de multiplier les exploits des corsaires du Pont et d’augmenter la piraterie, alliée de Mithridate et mal réprimée par les Romains, qui depuis la dernière guerre avait pris des proportions colossales. Mais la nouvelle guerre exerça une influence désastreuse et immédiate, surtout pendant les premières années, sur les Grecs d’Asie. Le soulèvement d’une partie des sujets bithyniens et asiatiques des Romains, suivi encore du massacre de nombreuses familles italiotes, lors de l’entrée de l’armée du Pont en Bithynie et en Asie, en 74 avant J.-C.[10] ; les cruelles souffrances que Byzance, la fidèle alliée de Rome (en 73) et quelques autres villes voisines plus petites, en Asie et en Europe, eurent à endurer au commencement de la guerre[11], notamment la ville de Chalcédoine, où le consul M. Aurelius Cotta fut assiégé par Mithridate en 74 av. J.-C.[12] ; le siège et la brillante défense de la ville de Cyzique, fidèle amie des Romains, et de son vaillant stratège Pisistrate, attaqués par les forces pontiques en 74/73 avant J.-C.[13] ; les heureuses batailles navales de L. Lucullus dans les parages nord-est de la mer Egée, en 73 et en 72 ; la surprise par Mithridate de la ville libre Héraclée du Pont, alliée et amie de Rome depuis la guerre contre Antiochus le Grand, et plus tard confédérée avec des droits égaux (en 73)[14] ; puis le siège et la prise finale, par Lucius Murena et L. Lucullus (en 70)[15], de la ville d’Amisos, défendue par Callimachos et enlevée au milieu de scènes d’horreur[16] ; les combats formidables (auxquels prit part la flotte rhodienne) qui eurent lieu pour la possession d’Héraclée, qui, au milieu de scènes atroces[17], finit par tomber entre les mains des Romains en 70, ainsi que Sinope[18] : ce sont là des épisodes très intéressants et en partie effrayants de l’histoire des Grecs d’Asie. Ce fut, dans tous les cas, un grand bonheur pour les Hellènes que les généraux romains qui avaient la haute direction de cette guerre contre Mithridate, d’abord L. Licinius Lucullus, ensuite (depuis 66 avant J.-C.) Gnæus Pompeius, aient eu quelque sympathie pour les Grecs et les cités helléniques ; que les circonstances ne les aient pas contraints à augmenter par des actes d’une vengeance impitoyable les misères inévitables de la guerre. Lucullus, dont nous avons déjà mentionné l’influence bienfaisante sur la situation financière en Asie, a non seulement confirmé l’indépendance et augmenté considérablement le territoire de la fidèle ville de Cyzique — dont les habitants avaient conservé en grande partie les mœurs respectables de l’ancien temps, ainsi que leur excellente constitution politique, dont Strabon encore fait l’éloge à côté des institutions publiques de Rhodes et de Massalia[19] — mais encore, bien qu’il n’ait pu empêcher l’affreuse dévastation d’Amisos par les soldais romains exaspérés comme par ses propres défenseurs[20], bien que, lors de la prise de Sinope, il dût se contenter également de préserver du moins d’une ruine complète cette ville, qui eut énormément à souffrir de ses propres défenseurs (le pirate Séleucos, le lieutenant du roi de Pont Bacchide, et les généraux Léonippos et Cléocharès) et des troupes italiotes qui finirent par pénétrer dans ses murs[21], il a fait tous ses efforts pour relever ces malheureuses cités helléniques. Les deux villes furent traitées avec beaucoup d’égards ; on fit tout pour les relever ; elles furent déclarées autonomes ; Amisos devint même fédérée et reçut un territoire considérable[22]. Quant à Héraclée, bien que ses habitants eussent pris une part très active aux combats qu’on avait livrés aux Romains qui assiégeaient la ville, on lui rendit enfin, après les dures épreuves que lui avait imposées le brutal général Cotta, son territoire et ses ports ; peu à peu, grâce à ses efforts, sa situation redevint tolérable[23] Pompée, l’heureux rival et le successeur de Lucullus sur le théâtre de la guerre en Asie (66-62 avant J.-C), auquel, comme l’on sait, échut la mission d’établir un ordre de choses définitif dans les pays d’Orient soumis aux Romains, s’occupa lui aussi avec zèle de la prospérité des cités de l’Asie-Mineure et de la Syrie selon les traditions helléniques et hellénistiques[24]. C’est à cette époque aussi (en 62) que la malheureuse Mytilène redevint indépendante, et cela grâce à l’influence qu’un de ses habitants, l’historien Théophane, exerçait sur Pompée[25] : en reconnaissance de ce service, les habitants de cette ville célébrèrent la mémoire de Théophane en lui accordant des honneurs divins[26]. Les Grecs d’Asie ne s’en ressentirent pas moins longtemps encore des suites des terribles guerres des Romains contre Mithridate. La pauvreté et les dettes, le meurtre et le brigandage se renouvelant sans cesse, des scènes tumultueuses dans les villes, la spoliation des temples, étaient à l’ordre du jour. Si quelques villes se relevèrent plus vile, si quelques familles du pays parvinrent à une grande fortune, ces contrées, considérées dans leur ensemble, ne virent des jours meilleurs qu’au commencement de la domination des Césars. C’est un phénomène aussi effrayant que caractéristique que, vers 61 avant J.-C., longtemps avant les formidables luttes intestines qui précédèrent l’établissement du pouvoir impérial et achevèrent la ruine de ces malheureux pays, de grandes villes comme Samos et Halicarnasse étaient à moitié en ruines et presque complètement abandonnées par leurs habitants[27]. Ce qui ajouta à l’effroyable misère des Hellènes pendant toute la période comprise entre la fin de la première guerre contre Mithridate et l’année 67 av. J.-C, ce fut un phénomène désastreux étroitement lié à la lutte que le roi de l’ont soutenait contre Rome et dont l’histoire nous ramène en même temps à celle des Grecs d’Europe : c’est la piraterie de ces temps-là. Nous avons déjà eu l’occasion de faire remarquer que Mithridate avait employé, comme auxiliaires contre les Romains, les pirates qui depuis longtemps infestaient la partie orientale de la Méditerranée. En face de la description classique qu’un historien moderne nous a faite de cet état de choses[28], nous n’essaierons pas de retracer en détail l’image de la piraterie ; il suffira d’insister plus particulièrement sur les faits principaux, sur ceux qui ont exercé le plus d’influence sur l’histoire de la Grèce. A l’origine, le noyau des forces des pirates de la Méditerranée orientale était formé par les sauvages habitants des côtes incultes et irrégulières qui s’étendent au pied des pentes méridionales du Taurus en Asie-Mineure, et avant tout par ceux de la Cilicie occidentale (au rude climat) et des contrées voisines, à côté desquels les Crétois aussi jouaient un des rôles principaux dans ce métier aussi honteux que lucratif. Ces pirates, depuis le commencement de la première guerre contre Mithridate, étaient devenus une véritable puissance politique indépendante ; la piraterie avait même dès lors, sous l’influence combinée de diverses circonstances, pris un développement inouï et un caractère tout nouveau. Après la paix que Mithridate, leur puissant patron et allié, avait conclue d’abord en 84, puis en 81 av. J.-C, avec la Rome de Sulla, les pirates, avides de combats et de butin, continuèrent à opérer pour leur propre compte, et tandis que, à n’en pas douter, de nombreux débris de l’armée de l’ont, d’audacieux pirates pontiques et des mercenaires congédiés, se joignirent à eux, les villes hellénistiques et helléniques de la province d’Asie leur envoyaient constamment des renforts considérables. Des centaines de Grecs, soit qu’ils fussent assez gravement compromis pour n’avoir rien à attendre de la clémence des Romains ou qu’ils ne voulussent pas se soumettre aux autorités rétablies par Sulla et ses généraux, mais avant tout des troupes nombreuses de malheureux citoyens ruinés par la guerre, par les énormes contributions de guerre dont Sulla les avait accablés et par les terribles exactions des usuriers romains ; parfois aussi des hommes qui se trouvaient dans une position meilleure et qui ne jouaient que le rôle de hardis aventuriers, allèrent rejoindre les pirates dans les années qui suivirent la première et la seconde guerre contre Mithridate[29] ; nous ne parlerons pas des démocrates romains et italiens de toute espèce qui cherchaient en pleine mer un asile contre les proscriptions sanglantes de Sulla en Italie. Dans ces circonstances, la piraterie avait pris peu à peu un caractère tout nouveau. L’élément grec y dominait ; elle s’étendait maintenant su toute la Méditerranée ; pendant les années qui suivirent la victoire complète de Sulla en Orient et en Italie, elle prend le caractère d’une véritable guerre que les partis vaincus et écrasés sur le continent font par mer d’abord à Rome et aux optimales régnants, mais en même temps à tous les riches de toutes les nations de l’empire romain. Celle république de pirates, qui finit par disposer d’une Hotte de mille vaisseaux et de nombreuses places fortes[30], avec ses amiraux et ses nombreux points d’appui sur la côte méridionale de l’Asie-Mineure riche en ports et parsemée d’écueils, sur celle de la Syrie, sur les îles de Cypre et (notamment) de Crète, était devenue une puissance bien organisée, toujours prèle à se battre. Mais cette puissance était devenue d’autant plus dangereuse pour Rome, pour le trafic maintenant de la Méditerranée tout entière et pour la prospérité des côtes et des îles de la Grèce, qu’il n’existait pas alors de marine organisée de façon à pouvoir se mesurer avec les pirates. Les Romains avaient depuis longtemps négligé la marine italienne ; le gouvernement, qui depuis 91 av. J.-C. avait vu succéder une révolution à une autre, eut à s’occuper pendant des années, même après la victoire de Sulla sur ses adversaires, de graves désordres et de guerres, en Italie et en Espagne ; d’autre part, partout où s’étendait la domination de Rome en Orient, — la seule Rhodes peut-être exceptée — l’ancienne puissance maritime des villes et des Etals helléniques et hellénistiques avait disparu. Dans ces circonstances, ce furent surtout les côtes grecques qui souffrirent terriblement en Europe et en Asie. Les eaux de la Grèce, avec leurs ports innombrables, leurs îles, leurs retraites cachées de toute espèce, ont été de tout temps, depuis le commencement de l’histoire jusqu’à la fin de la guerre de l’indépendance des Grecs modernes contre les Ottomans, un des sièges favoris de la piraterie, chaque fois qu’un État possédant une forte marine — comme dans l’antiquité Athènes, par exemple, aux temps de sa prospérité, et plus tard Rhodes, avant que la guerre contre Persée eût ébranlé sa puissance — n’y exerçait pas une surveillance assidue et systématique. Il est naturel qu’à cette époque la nature particulière de cette mer favorisât à un haut degré les entreprises des pirates. Nous apprenons, en effet, que pendant l’année 84 av. J.-C, la même où Sulla avait conclu la paix en Asie avec Mithridate, les pirates ne se contentaient plus de la prise des vaisseaux porteurs de lettres ou de marchandises, mais attaquaient ouvertement et avec succès des ports et des villes fortifiées (plus tard même, à l’occasion, des places assez éloignées des côtes). Les villes de Iassos, Samos avec son temple d’Héra, Clazomènes, Samothrace, furent alors surprises et pillées ; alors, comme plus tard, on enlevait des personnes riches pour en extorquer des rançons ; du célèbre temple de Samothrace, on avait enlevé des trésors dont on estimait la valeur à 100 talents (6 millions de francs)[31]. La misère que produisirent ces brigandages pour de longues années sur les deux côtés de la mer Egée, les horreurs indicibles qui, alors comme toujours, ont sans doute accompagné cette guerre de corsaires, c’est-à-dire d’audacieux brigands et de fugitifs désespérés, échappent en grande partie à notre connaissance ; les renseignements épars des écrivains anciens ne nous instruisent que de quelques faits qui sont restés particulièrement vivants dans le souvenir des contemporains. En Asie, Cnide et Colophon[32], avec l’oracle sacré d’Apollon à Claros, ainsi que le célèbre sanctuaire apollinien des Branchides à Didyme, près de Milet, s’ajoutèrent bientôt à la liste des villes pillées auparavant. Dans la péninsule grecque d’Europe, avec ses côtes et ses baies étendues et sans défense, et, au loin, dans les lies, rien n’était plus en sûreté devant les pirates[33] ; mais les temples des dieux étaient plus que tout le reste le point de mire de leur rapacité. Si on n’avait pas épargné en Asie les sanctuaires les plus vénérés, on pilla sans pitié en Europe, l’un après l’autre, le temple de Déméter Chthonienne près d’Hermione, celui d’Asclépios près d’Epidaure, ceux de Poséidon sur l’Isthme, dans l’île de Calaurie et sur le Ténare, celui d’Apollon sur le promontoire d’Actium et dans l’île de Leucas et le célèbre temple d’Héra sur la hauteur d’Eubœa après d’Argos[34]. Le gouvernement romain, que les pirates molestaient même en Italie et dont ils entravaient de la façon la plus gênante le commerce maritime, avait, il est vrai, tenté à plusieurs reprises de mettre fin à une situation aussi déplorable. Toutefois bien des années se passèrent encore avant qu’on trouvât des moyens efficaces pour extirper complètement le mal. Il est vrai que, de 78 à 76 av. J.-C, l’énergique général Publius Servilius Vatia (Isauricus) combattit, de la station de Cilicie qui existait depuis 102 av. J.-C, les pirates avec zèle et un brillant succès, et qu’il remplit notamment les contrées montagneuses du Taurus de la terreur du nom romain. Mais l’impression produite par ces exploits s’effaça d’autant plus vite que les Romains, bien qu’ils eussent reconnu qu’il importait de poursuivre cette voie en opérant sur une grande échelle et systématiquement, s’attirèrent bientôt après un échec humiliant. En effet, en 74 av. J.-C., le Sénat, au début de la troisième guerre contre Mithridate, avait pris la résolution de charger Marcus Antonius de la guerre contre les pirates, en lui accordant les pouvoirs les plus étendus. Le plan était bon, mais Antonius n’était pas l’homme qu’il fallait pour mener à bonne fin une pareille entreprise. Nous ne parlerons pas de sa négligence habituelle, de son manque de conscience, ni des lourdes charges qu’il imposa aux provinces pour se créer les ressources nécessaires, le Sénat ne l’en ayant qu’insuffisamment pourvu ; ce qui fut bien plus grave, c’est qu’il échoua complètement dans son entreprise contre l’île de Crète. Les Crétois étaient encore[35], comme ils l’avaient été jusque-là, les alliés de Mithridate et des pirates : cela les exposait naturellement, plus que beaucoup d’autres, aux attaques des armées romaines. Sans s’effrayer de l’altitude menaçante d’Antonius, ils avaient, maintenant encore, énergiquement appuyé les pi rates contre les Romains ; et lorsque les ambassadeurs du propréteur leur demandèrent raison de leur conduite, ils repoussèrent cet avertissement avec arrogance[36]. Alors l’amiral romain, appuyé par les vaisseaux de guerre de Byzance[37] et d’autres villes maritimes, se disposa à attaquer l’île de Crète avec toutes ses forces. Mais Antonius s’était fait illusion sur la valeur de ses ennemis. Ces sauvages insulaires, qui s’étaient si souvent fait entre eux une guerre acharnée, unirent leurs forces contre les Romains qu’ils détestaient ; leurs chefs, Lasthénès et Panarès de Cydonia, étaient des généraux habiles et expérimentés. Et lorsque l’amiral romain, qui, léger et rempli d’un orgueil insensé, se croyait déjà vainqueur, s’approcha de l’île, sa flotte fut complètement battue ; il perdit lapins grande partie de ses vaisseaux, et les chaînes que les Romains avaient apportées sur leurs vaisseaux et qu’ils avaient destinées à leurs ennemis prisonniers servirent aux Crétois à lier aux mais et aux agrès les prisonniers romains, parmi lesquels se trouvait le questeur d’Antonius lui-même, pour les exposer aux regards de la foule pendant leur entrée triomphale dans le port de Cydonia[38]. Quant à Antonius, qui parait avoir fini par conclure avec les Crétois un traité honteux pour le pavillon romain[39], il succomba à son déshonneur, sans avoir revu l’Italie, en 71 ay. J.-C, après avoir reçu de ses compatriotes le sobriquet de Creticus. Le Sénat fut obligé de reconnaître que l’incapacité de ce général n’avait fait qu’accroître l’audace des pirates. Antonius, dont les premières entreprises, qui devaient marcher de front avec les opérations des consuls Cotta et L. Lucullus contre Mithridate, commencèrent au moment où on livrait les premières grandes batailles de la troisième guerre contre Mithridate, n’avait pas pu empêcher les pirates d’appuyer avec autant de zèle que de ténacité, dans la mer Noire et dans la mer Egée, le roi de Pont et ses généraux. Il y a plus : si le vaillant L. Lucullus, qui dans celle guerre exerçait le commandement suprême, réussit enfin, sans parler d’autres succès qu’il remporta, à détruire, en 73 av. J.-C., à l’entrée de l’Hellespont, avec sa flotte équipée dans les ports de l’Asie, une partie des pirates réunis avec une escadre de Pont sous l’amiral Isidoros[40] — c’était, sans doute, le même qui avait autrefois commandé les audacieux corsaires dans la Mer d’or des pirates, c’est-à-dire sur la grande roule commerciale entre Cyrène, l’île de Crète et la Laconie[41] —, il eut la douleur de voir peu de temps après le chef de pirates Athénodoros surprendre, presque sous les yeux de ses amiraux, en 69 av. J.-C. (Ol. CLXXVII, 4), la malheureuse île de Délos, détruire ses sanctuaires et ses temples et réduire en esclavage tous ses habitants[42]. Pendant ce temps, les pirates avaient molesté avec une audace croissante l’Italie et la Sicile[43] et provoqué enfin, en paralysant sans interruption le trafic maritime en Italie et surtout à Rome, la cherté du blé et une affreuse disette. Alors enfin, les Romains, brûlant du désir de venger l’outrage fait en Crète aux armes romaines et de mettre fin à une misère devenue intolérable, prirent des mesures énergiques ; et les circonstances où l’on se trouvait firent qu’on songea d’abord à effacer la honte subie en Crète, le sanglant outrage que l’honneur militaire de Rome avait subi par la faute d’Antonius, pour ne se tourner qu’à la fin et avec toutes les forces dont on disposait contre le monstre hideux de la piraterie. A Rome, on le conçoit sans peine, on était fort irrité contre les Crétois ; ces derniers sentaient très bien eux-mêmes que le traité qu’ils avaient conclu avec Antonius les protégerait tout aussi peu contre la vengeance des Romains[44], que Jugurtha l’avait été autrefois par son traité avec le misérable Aulus Postumius en 109 av. J.-C. Ils songèrent donc à prévenir à temps l’orage qui les menaçait et envoyèrent (en 70 av. J.-C) à Rome une ambassade composée de trente des hommes les plus considérables de l’île, qui devaient obtenir une réconciliation et rétablir les anciens rapports de bonne amitié avec les Romains. Les ambassadeurs commencèrent par aller voir dans leurs demeures les sénateurs et surtout les hommes d’État les plus influents et employèrent divers moyens pour se les rendre favorables. Lorsque ensuite ils furent conduits devant le Sénat réuni, ils excitèrent dans cette assemblée une grande colère en lui rappelant la défaite d’Antonius et les Romains qu’ils avaient fait prisonniers (ils en firent mention surtout parce qu’ils les avaient épargnés et qu’ils espéraient qu’on leur en saurait gré) ; mais ils surent d’ailleurs si bien s’y prendre, qu’il s’en fallut de peu que le Sénat ne prît une résolution conforme à leurs désirs. Cette honte fut épargnée à Rome, grâce à l’intervention du tribun Lentulus Spinther ; l’avis des hommes d’honneur l’emporta, et on refusa d’accorder aux ambassadeurs ce qu’ils demandaient. Voici ce que le Sénat finit par exiger des Crétois : ils devaient livrer non seulement tous les prisonniers et tous les transfuges romains, mais aussi tous leurs vaisseaux et toutes leurs barques de quelque importance, payer une amende de quatre mille talents d’argent (23.576.000 francs), livrer les généraux Lasthénès et Panarès aux Romains pour que ceux-ci pussent les punir selon leur bon plaisir, et envoyer enfin à Rome, comme otages, 300 de leurs concitoyens les plus haut placés. Le Sénat lui-même ne s’attendait nullement à voir les Crétois, que Rome jusque-là n’avait pas réussi à vaincre, accepter sans hésiter des conditions aussi dures ; mais, parce qu’on ne connaissait que trop l’avidité et la corruption de la plupart des optimates de cette époque et qu’on craignait, non sans raison, que les agents crétois ne réussissent, en corrompant par de fortes sommes des hommes d’État influents, à retarder la guerre projetée, à en diminuer les effets ou même à l’empêcher tout à fait, on prit en même temps des mesures — et c’est là un détail assez caractéristique — pour empêcher les Crétois de contracter en ce moment-là un emprunt à Rome. Il existait dans l’île un parti, compilé, à ce qu’il paraît, d’un grand nombre de ceux qui avaient de la fortune, qui, tout bien pesé, redoutait fort une guerre sérieuse avec Rome et était assez disposé, en acceptant les dures conditions des Romains, à sauver au moins son existence et une ombre de l’indépendance d’autrefois ; on ne l’écouta pas. En effet, Lasthénès et ses amis surent gagner les masses énergiques du bas peuple, et l’on prit la résolution de ne pas Se soumettre aux exigences des Romains, mais de défendre à outrance l’antique indépendance de l’île, ou de succomber au besoin avec honneur les armes à la main[45]. Dans ces circonstances, le Sénat résolut d’envoyer en Crète avec des forces imposantes un des consuls de l’année 69 av. J.-C., et de commencer la campagne contre la dernière tribu de Grecs indépendants en Europe avec une impitoyable énergie. Le vaillant et habile consul Quintus Cæcilius Metellus prit donc d’abord, selon toute apparence, à la fin de l’année de son consulat, (probablement) comme proconsul, en 68 av. J.-C., le commandement de la province de Macédoine[46]. Soutenu par plusieurs légats capables, parmi lesquels Lucius Bassus commandait la flotte, ou du moins une partie de celle-ci[47], et Lucius Flaccus prit provisoirement position en Achaïe[48], Metellus ouvrit cette difficile campagne contre les Crétois dont malheureusement nous ne connaissons que peu de détails. Les Romains débarquèrent, avec trois légions[49], dans la partie nord-ouest de l’île, près de Cydonia[50], et rencontrèrent bientôt sur le territoire de cette ville l’armée ennemie, forte de 24.000 hommes, pour la plupart excellents archers[51], et commandée par Lasthénès et Panarès. Après un combat acharné, les forces crétoises furent mises en fuite[52] ; mais Metellus ne pouvait se rendre maître de l’île qu’en s’emparant de différentes places fortes qui s’y trouvaient : c’était long, et la ténacité, la bravoure, l’habileté des Crétois, endurcis à la fatigue, rendaient sa tache bien difficile. Après de longs efforts, il contraignit d’abord la forte Cydonia à se rendre ; Panarès capitula après qu’on lui eut garanti la vie sauve[53]. Cependant un autre chef Crétois, un certain Aristion, s’était réfugié à Hiérapytna dans le sud-est de l’île[54], et Lasthénès à Cnossos, de sorte que le consul ne put s’avancer que lentement vers l’est de l’île longue et étroite. Après une lutte opiniâtre, Cnossos aussi fut vaincue ; mais Lasthénès s’était encore échappé après avoir auparavant détruit volontairement sa maison et ses trésors[55]. On prit alors Lyctos avec beaucoup d’autres places fortes[56]. La résistance opiniâtre des Crétois avait tellement exaspéré les Romains, que la lutte finit par prendre le caractère d’une véritable guerre d’extermination. Metellus, qui voulait évidemment achever la conquête de l’île avant que Cn. Pompée, qui avait été sur ces entrefaites revêtu d’un pouvoir extraordinaire sur toutes les mers et sur toutes les côtes de l’empire (v. plus bas), trouvât l’occasion de le frustrer de sa gloire, mit à feu et à sang un canton après l’autre et commença à traiter les prisonniers avec tant de cruauté que beaucoup de Crétois aimèrent mieux se donner la mort que de se rendre aux bourreaux romains[57]. Alors — la guerre s’était déjà prolongée jusqu’à l’approche de l’été de l’année 67 av. J.-C. — l’intervention de ce deuxième potentat romain mit fin au drame sanglant d’une façon aussi odieuse qu’horrible. En effet, par suite de l’union des démocrates d’alors et de leurs agissements en faveur de Pompée, le peuple romain s’était décidé, comme l’on sait, au commencement de l’année 67 av. J.-C., à confier, afin d’anéantir la piraterie aussi rapidement et aussi complètement que possible, à ce même Pompée, son favori du moment, les ressources de l’immense empire dans une mesure inouïe jusqu’alors. Aussi Pompée avait-il répondu complètement à l’attente de ses partisans : il avait réussi, dans l’espace de trois mois, à nettoyer à fond et définitivement la mer Méditerranée des pirates qui l’infestaient. Or, Pompée avait fait preuve plusieurs fois, à l’égard des pirates vaincus et des villes qui leur appartenaient dans le sud de l’Asie-Mineure, d’une clémence habilement calculée qui contrastait avantageusement avec les procédés ordinaires des généraux romains à l’égard des corsaires. La nouvelle de cette attitude du puissant chef d’armée détermina le reste des Crétois qui luttaient encore contre Metellus à chercher auprès de Pompée un refuge contre la mort et la ruine. Il se trouvait alors en Pamphylie ; ils lui envoyèrent donc une ambassade pour lui offrir leur soumission[58]. La loi Gabinia, sur laquelle se tondait, comme l’on sait, la puissance actuelle de Pompée, avait donné à ce dernier un pouvoir illimité sur toutes les côtes de l’empire jusqu’à une distance de dix lieues dans l’intérieur des terres ; l’île de Crète était donc aussi, de droit, placée sous sou autorité suprême. Il est vrai que Metellus méritait, à cause de ses hauts faits, qu’on eût égard à sa position difficile ; mais Pompée n’était guère disposé, comme l’on sait, à faire le sacrifice de la gloire d’avoir aussi complètement terminé la guerre contre les Crétois. Il recul donc avec bienveillance l’offre de soumission des Crétois[59], et envoya ensuite, avec les ambassadeurs, son légat L. Octavius à Metellus pour lui faire savoir qu’il avait accepté les propositions des Crétois. Il donna en même temps à Metellus l’ordre de suspendre immédiatement les hostilités et de quitter l’île ; quant aux Crétois, ou leur fil savoir que dorénavant ce n’était plus à Metellus qu’ils devaient obéir, mais à Octavius, qui devait prendre provisoirement des mains de Metellus le commandement de l’île — le commandant en chef n’était pas encore en mesure de s’y rendre lui-même—et recevoir la soumission des cités Crétoises. Ce traitement brutal que subit Metellus eut pour les Crétois les suites les plus fâcheuses. Le proconsul, qui, comme optimale décidé, était alors en même temps l’adversaire politique de Pompée, n’était nullement disposé à laisser ce dernier récolter là où il avait travaillé lui-même au milieu des plus grandes fatigues, et, dans son ardente colère, il dépassa de beaucoup de son côté le manque d’égards dont s’était rendu coupable le général en chef. Non seulement il refusa tout simplement d’obéir aux ordres de Pompée, mais il continua à faire la guerre aux Crétois avec plus de fureur que jamais. Nous n’examinerons pas si quelques-unes des cités déjà soumises par Metellus firent de nouveau défection ; en tous cas, le proconsul s’efforça de soumettre le plus tôt possible les cantons qui résistaient encore, parce qu’il craignait de voir arriver Pompée d’un moment à l’autre. Ce fut en vain que les Crétois se réclamèrent du traité conclu avec Pompée ; les Romains firent la guerre avec une cruauté croissante, et les Crétois, de leur côté, se défendirent naturellement avec d’autant plus d’opiniâtreté. Nous apprenons même que ces derniers, en défendant un de leurs châteaux bâtis sur le roc, se laissèrent aller, dans leur fureur et leur désespoir, jusqu’à boire leur propre urine et celle de leurs bêtes de trait[60] ! Les remontrances d’Octavius, qui n’avait pas de troupes à sa disposition, furent inutiles ;un autre légat de Pompée, L. Cornélius Sisenna — celui des lieutenants du général en chef que celui-ci avait placés sur divers points de la Méditerranée, au printemps de l’an 67 av. J.-C, pendant la grande guerre contre les pirates, auquel avait été confiée l’occupation militaire des côtes de la Macédoine, de la Thessalie, de l’Eubée, de la Béotie, de l’Attique et du Péloponnèse et la surveillance des mers grecques voisines[61] — s’efforça en vain d’arrêter par ses remontrances les progrès de Metellus[62]. Lorsque ensuite celui-ci eut pris par trahison la ville d’Eleutherna et d’assaut la ville de Lappa (les deux villes étaient situées dans l’intérieur de la moitié occidentale de l’île, entre Cnossos et Cydonia), où se trouvait alors Octavius, qu’il eut massacré la garnison et congédié le légat en l’accablant d’insultes et de reproches[63], Octavius s’oublia au point de faire venir de Grèce les troupes de Sisenna, qui était mort sur ces entrefaites, et de soutenir avec leur secours les Crétois contre Metellus[64] ! Cependant Pompée (au commencement de l’année 66 avant J.-C.) avait réussi, grâce aux efforts de ses agents à Rome, à se faire donner, en remplacement de L. Lucullus, qu’on avait écarté, le commandement suprême dans la guerre contre Mithridate, qui semblait ne pas vouloir finir, et contre son allié le roi Tigrane d’Arménie. Dans ces circonstances, il renonça complètement à venger par la force le mépris de son autorité dont s’était rendu coupable Metellus, avec lequel il avait déjà échangé les lettres les plus violentes[65] ; il abandonna complètement l’île de Crète au proconsul[66]. Ceci semble expliquer l’éloignement des troupes de Sisenna, dont nos sources ne nous donnent pas d’autres motifs ; quant à Octavius, il sut se maintenir encore quelque temps dans Hiérapytna avec cet Aristion qui, antérieurement déjà, s’était mesuré avec succès avec Lucius Bassus, légat de Metellus. Lorsque le Romain et le Crétois se virent enfin contraints par Metellus d’évacuer Hiérapytna[67], la résistance des Crétois cessa bientôt. Lasthénès lui-même, qui s’était vaillamment battu jusqu’au bout, se rendit au proconsul à condition d’avoir la vie sauve[68] et l’île de Crète, que cette terrible guerre avait tellement dépeuplée qu’elle ne se releva jamais complètement[69], entra dès lors dans la catégorie des possessions immédiates de l’empire romain[70]. Metellus, qui, selon toute apparence, resta quelque temps encore occupé de l’organisation de la nouvelle province[71] et qui probablement ne revint à Rome qu’après son départ de la Macédoine en 61 avant J.-C.[72], ne put célébrer son triomphe qu’au mois de mai de l’année 62, par suite des difficultés que lui suscita le parti de Pompée ; il conserva le nom glorieux de vainqueur des Crétois, mais un tribun du peuple, son adversaire, probablement Metellus Nepos, sut l’empêcher de rehausser l’éclat de son triomphe par la présence des généraux crétois prisonniers Panarès et Lasthénès[73]. La conquête de l’île de Crète avait mis fin à l’indépendance de la dernière tribu grecque libre en Europe[74] : la réduction en province romaine de Cyrène, qui, antérieurement déjà, était tombée entre les mains des Romains, probablement en 74 (75) avant J.-C, et celle de l’île de Cypre en 88 avant J.-C.[75], termina à cette époque et pendant les années qui suivirent l’assujettissement de la race grecque des bords de la Méditerranée à la grande puissance italique. Lu fin de la guerre contre les pirates et de la lutte contre les Crétois agit d’une façon différente sur les Hellènes du continent européen. L’excellente marine rhodienne[76] avait rendu de bons services à Pompée dans la guerre qu’il fit aux pirates, mais nous ne savons guère ce qui se passait alors dans la Grèce d’Europe. Nous avons déjà dit que le légat de Metellus, L. Flaccus. avait gouverné pendant un certain temps l’Achaïe ; que plus tard le légat de Pompée, Sisenna, avait exercé le commandement sur les côtes orientales de la Grèce (voir plus haut) ; parmi les collègues de Sisenna, Plotius et M. Terentius Varron avaient vers la même époque commandé dans les parages méridionaux de la mer Ionienne, dans les mers situées au sud et à l’ouest du Péloponnèse, et jusqu’à Délos ; L. Lollius, sur les côtes orientales de la mer Egée jusqu’à l’Hellespont, et Gnæus Pison dans la Propontide[77]. Ce qui perpétua en Achaïe le souvenir de cette guerre, c’est que Pompée, qui établit sur divers points de l’empire les milliers de pirates qui s’étaient rendus à lui, assigna pour demeure à un grand nombre de ces pirates prisonniers, probablement Grecs d’origine pour la plupart, la ville achéenne de Dymé dans le Péloponnèse, alors presque entièrement déserte[78]. La cessation de la piraterie fut du reste un bienfait immense, précisément pour les Grecs d’Europe que les corsaires avaient tant fait souffrir ; ce ne fut qu’alors que la Grèce jouit de quelque repos et qu’elle put tenter de reconstituer sa prospérité si profondément ébranlée .depuis le commencement de la première guerre contre Mithridate. Depuis cette guerre, en effet, la plus grande partie de la Grèce présentait un fort triste aspect. Les scènes d’horreur de la guerre contre Mithridate avaient fait revivre la barbarie d’autrefois, notamment en Béotie. Plutarque nous en fournit une preuve caractéristique. Probablement pendant l’hiver de 75 à 74 avant J.-C., par conséquent au moment où la troisième guerre contre Mithridate allait éclater, une cohorte romaine avait pris ses quartiers d’hiver dans la ville de Chéronée. Le chef de ces guerriers s’enflamma d’une passion impure pour Damon Péripoltas, bel orphelin d’une famille très ancienne et renommée pour sa bravoure ; ne pouvant gagner l’amour du lier et honnête jeune homme, il Unit par lui faire comprendre qu’il était disposé à employer la force s’il devait éprouver une plus longue résistance. Profondément indigné, Damon, qui, lui aussi, était d’un caractère très violent, rassembla ses amis pour sauvegarder avec leur secours son honneur menacé et pour punir, en le tuant, l’officier romain de son odieuse conduite. Et en effet, le lendemain, à l’aube, ces jeunes gens, au nombre de seize, après s’être noirci la figure de suie et s’être convenablement enivrés, se jetèrent sur le Romain au moment où il dirigeait les sacrifices habituels sur le marché de la ville : le commandant et un grand nombre de ses compagnons furent taillés en pièces ; Damon et ses jeunes amis échappèrent à toute poursuite. On comprendra facilement que ce crime remplit de terreur les habitants de Chéronée ; pour donner immédiatement satisfaction aux troupes romaines irritées et prévenir les mesures violentes que les Romains eussent pu prendre à l’égard de la cité, le conseil n’hésita pas à condamner à mort par contumace les jeunes fugitifs. Damon connut bien vite cette décision, et sa fureur n’eut plus de bornes ; le soir même, il pénétra de nouveau dans sa ville natale avec ses amis et assassina les archontes réunis pour souper à l’hôtel de ville. Il alla plus loin encore : criminel et sans patrie, il constitua ses complices en bande de brigands, parcourut eu bandit les montagnes voisines, pilla les villages des environs, et devint, par ses rapines, le fléau de ses anciens concitoyens. Sur ces entrefaites, la garnison romaine avait quitté la ville avec le général Lucullus, qui, précisément à cette époque (au commencement de l’an 74), traversait le nord de la Grèce avec une légion pour se rendre en Asie-Mineure et y prendre le commandement de la guerre de nouveau déclarée à Mithridate, et qui, à la nouvelle des scènes sanglantes qui avaient lieu à Chéronée, était accouru pour se rendre compte de l’état des choses. La ville, pauvre et affaiblie comme elle l’était alors, surtout depuis la dernière guerre, n’avait ni troupes ni police pour réduire parla force ces jeunes malfaiteurs. Pour s’en défaire, on eut donc recours à une ruse vraiment grecque. On invita Damon, par un décret du peuple, à revenir avec honneur à Chéronée ; puis, comme il fut assez insensé pour se présenter, on le nomma même président des gymnases de la ville : mais quelques jours après, pendant qu’il était au bain, ses concitoyens le firent surprendre et assassiner. Ces scènes odieuses furent suivies d’un nouveau scandale. Soit qu’une vieille haine existât entre les villes d’Orchomène et de Chéronée, soit que les Orchoméniens, qui avaient si cruellement éprouvé la colère des Romains à l’époque de Sulla, voulussent profiter de l’occasion pour gagner les bonnes grâces de ces derniers ; toujours est-il que les Orchoméniens, s’inspirant de leur haine contre leurs voisins, engagèrent un avocat romain à intenter un procès criminel à la ville de Chéronée auprès du gouverneur de la Macédoine, à cause de l’assassinat du commandant romain et de ses compagnons par Damon. La bassesse des habitants d’Orchomène fut dévoilée ; ceux de Chéronée parurent facilement le coup qui devait les frapper. Heureusement pour eux, le général Lucius Lucullus avait fait, comme nous l’avons vu, pendant son séjour dans leurs murs, une enquête minutieuse sur les scènes sanglantes qui avaient eu lieu. Lorsque les représentants de la ville se réclamèrent auprès du gouverneur de la Macédoine (c’était probablement Gaius Scribonius Curio, voyez ci-après) du témoignage de Lucullus, le célèbre général se hâta d’intervenir en faveur de la cité menacée en exposant dans une lettre ce qui, à sa connaissance, s’était passé. On pria donc les Orchoméniens de se tenir tranquilles ; et Chéronée, pour honorer son sauveur Lucullus, lui fit élever une statue de marbre sur sa place publique[79]. Dans tous les cas, cette histoire — qui nous montre d’une façon vraiment grotesque l’arrogance des guerriers romains et la misérable condition politique des petits États béotiens du temps, mais aussi le sentiment de la valeur personnelle (laquelle, dans le cas dont il s’agit, conduisit aux crimes les plus horribles) et la sauvage énergie de ces Hellènes, qui, à l’occasion, se réveillait terrible —jette une triste lumière sur l’état de la population, du moins en Béotie ; mais dans le reste de la Grèce aussi, la prospérité matérielle du moins, selon toute apparence, allait en décroissant. C’est aux cantons ravagés par la guerre contre Mithridate que s’applique tout particulièrement ce qu’un grand connaisseur de la Grèce[80] dit de cette lugubre époque qui suivit la grande guerre : Bien des pertes étaient irréparables. Les fondements de la prospérité publique étaient ruinés, et il était dès lors impossible d’économiser sur la consommation annuelle des habitants ce qu’il eût fallu pour remplacer le capital accumulé pendant des siècles et anéanti par cette courte guerre. Dans certains cas, la fortune des villes ne suffisait pas pour tenir en état les édifices publics existant. Et plus loin, nous lisons que, dans l’état où se trouvait alors la Grèce, les ravages de l’ennemi diminuaient pour longtemps les ressources du pays ; car, dans une contrée comme la Grèce, il faut le travail de plusieurs années, les économies accumulées de générations entières pour mettre d’arides collines calcaires en état de fournir d’abondantes moissons, pour les couvrir d’oliviers et de figuiers, pour construire des citernes et des canaux d’irrigation. On comprend aisément que, d’un côté, dans ces circonstances, un grand nombre de cités grecques soient retombées dans cet état d’endettement profond qui, déjà avant la ruine de la Ligue achéenne, avait rongé la vie sociale eu Grèce ; et que, de l’autre, l’absence ou du moins le petit nombre des enfants, dans les familles riches surtout, dont Polybe déjà se plaignait amèrement, et l’habitude que prenaient ces dernières de réunir les terres en un petit nombre d’immenses propriétés cultivées par les esclaves, aient contribué à la ruine de la prospérité publique et diminué le nombre des hommes libres. On vit alors en Grèce, comme on l’avait vu ailleurs, qu’un peuple vieillissant, qu’une nation qui a perdu depuis longtemps sa vigueur physique et morale ne peut plus, à moins de se relever et de se rajeunir — et comment la Grèce d’alors l’eût-elle pu ? — réparer rapidement et facilement par ses propres forces des pertes considérables en hommes et en biens matériels, comme la Grèce, elle aussi, l’avait fait presque en se jouant aux temps de sa jeunesse. Le Péloponnèse, qui s’était à peine ressenti directement des coups de la première guerre contre Mithridate, souffrit, lui aussi, de plus en plus des fâcheuses tendances dont nous avons parlé. Effacer les traces qu’avaient laissées les exactions du temps de Sulla était chose longue et difficile ; la misère générale de l’époque suivante, le triste état dans lequel se trouvaient le monde romain et le monde hellénique, ne permettaient pas à cette partie de la Grèce, moins éprouvée, il est vrai, que beaucoup d’autres, de puiser au dehors les éléments d’une vie nouvelle ; le système des grandes propriétés favorisait l’exploitation des pâturages aux dépens de l’agriculture ; les longues misères causées par la piraterie ont sans doute éprouvé, plus que d’autres parties du continent grec, le Péloponnèse, qui, ainsi que les îles, était aussi plus exposé que d’autres contrées aux attaques des corsaires. Non seulement le commerce et l’industrie furent alors complètement paralysés ; mais, comme nous l’avons vu, les temples les plus riches et les plus beaux qui s’élevaient sur les côtes de la péninsule devinrent la proie facile de ces audacieux pirates qui, sans doute, n’épargnèrent pas les villes voisines et surtout les côtes sans défense[81]. Nous avons déjà vu l’état de décadence profonde où se trouvait la vieille ville de Dymé en 67 av. J.-C. Un fait bien caractéristique, c’est que dans la suite, entre la fin de la guerre contre les pirates et le commencement de la grande guerre civile entre César et ses adversaires, c’est-à-dire précisément à l’époque où la Grèce jouit au moins d’un repos extérieur, Sicyone, naguère une des villes les plus riches, que les Romains avaient toujours traitée avec bienveillance, était tombée si bas que, pour payer ses dettes, elle fut obligée de vendre ses plus beaux tableaux : c’était ce qu’elle avait de plus cher, et on sait que les Hellènes ne consentaient à se défaire de leurs objets d’art que dans le plus pressant besoin[82] ; nous savons que ces œuvres d’art servirent, avec d’autres, à orner le célèbre théâtre éphémère de l’édile curule M. Scaurus (en 58 av. J.-C.)[83]. A la misère générale de cette époque qui accablait les Grecs vinrent s’ajouter, pendant toute la période qui s’écoula entre la première guerre contre Mithridate jusqu’à la guerre civile entre César et Pompée, les graves méfaits dont se rendirent coupables les fonctionnaires romains à l’égard de l’infortuné pays des Hellènes. Les gouverneurs de la Macédoine de cette époque[84] firent, il est vrai, en général, leur devoir, un ou deux scélérats exceptés, en protégeant énergiquement la péninsule gréco-macédonienne contre les tribus ennemies voisines. A cette époque, les armées romaines combattirent pendant plusieurs années avec succès les Barbares du Nord. Deux proconsuls surtout se couvrirent de gloire : Appius Claudius Pulcher, qui, en 77 et en 76, combattit vaillamment les Thraces et les Scordisques sur les hauteurs des monts Rhodope la rive gauche du Strymon et les bords du Nestos, s’avança vers le nord jusqu’en Pannonie, mais tomba malade et mourut par suite des fatigues excessives de cette campagne[85], et Gaius Scribonius Curio, qui (75-73) se tourna surtout contre le nord, soumit les Dardaniens et conduisit victorieusement ses légions jusqu’au Danube[86] ; mais il faut signaler surtout M. Lucullus, qui (72 et 71 av. J.-C.), en livrant de terribles combats aux vaillants Besses, lit d’importantes conquêtes dans la Thrace inhospitalière, atteignit le Danube et la mer Noire, et s’empara en même temps, pour les réunir à l’empire romain, des villes grecques de la côte orientale de la Thrace, au sud et au nord des Balkans (Apollonia, Mesembria, Callatis, Odessos, Tomi, Istros, etc.), qui, jusqu’alors, étaient restées indépendantes. Malheureusement, Lucullus avait terni sa gloire non seulement en faisant une guerre des plus cruelles aux tribus barbares, mais aussi en se montrant implacable et cupide à l’égard des Hellènes. Des œuvres d’art d’un grand prix — notamment une statue colossale d’Apollon, due à Calamis, qu’il fit enlever d’Apollonia ruinée et transporter au Capitole — furent arrachées aux Grecs de ces contrées pour orner, en 70, le triomphe de Lucullus[87]. Depuis ce temps où, d’un côté, l’empreinte de la puissante main de Sulla commençait à s’effacer et où, de l’autre, par suite de l’affaiblissement de Mithridate, les incursions des Barbares en Macédoine devenaient moins fréquentes, il n’y eut plus, pendant une période assez longue, de campagnes aussi importantes. La plupart des gouverneurs romains eurent, il est vrai, jusqu’à l’époque des guerres civiles, à faire de continuels efforts pour défendre les frontières de la Macédoine et conserver les conquêtes faites en Thrace ; c’était une tâche dont des hommes comme L. Manlius Volso (64) et Gaius Octavius (60 et 59 avant J.-C.) s’acquittèrent parfaitement[88], tandis que Gaius Antonius (62 et 61) et notamment L. Piso (57 et 56 avant J.-C.) remplirent très mal leur devoir[89]. En somme, la Macédoine fut et resta pendant cette période, du moins en ce qui concerne la plus grande partie du nord de ce pays, une des provinces les plus tourmentées. Ajoutons que cette contrée eut, comme la Grèce, à souffrir souvent et cruellement de la rapacité de plusieurs de ses gouverneurs ainsi que d’autres Romains. L’administration provinciale romaine de cette époque imposait, on le sait, de lourdes charges aux peuples soumis à Rome. A cola venait s’ajouter, même là où, comme en Grèce, les publicains n’étaient pas chargés de la perception des impôts directs exigés par le gouvernement central, l’oppression économique des publicains et des banquiers romains et la concurrence des négociants romains répandus partout en masse en dehors de l’Italie et aussi dans la péninsule grecque ; d’ailleurs, les réquisitions de toute espèce ont dû être fréquentes pendant les longues luttes que Rome eut à soutenir tantôt contre Mithridate et les pirates, tantôt sur la frontière macédonienne[90]. Ajoutons que. dans ces derniers temps du gouvernement des optimates, la rapacité éhontée des grands avait pris des dimensions vraiment colossales ; qu’à cette époque surtout — où même un homme comme M. Junius Brutus, doux de caractère et bien respecté à Rome, admirateur enthousiaste de la philosophie stoïcienne et de son idéal de vertu, qui passait à Rome pour un ardent défenseur des libertés républicaines, n’eut pas honte de faire odieusement maltraiter en impitoyable usurier (53-51 avant J.-C.) la ville grecque de Salamine dans l’île de Cypre[91] — un trop grand nombre d’hommes haut placés pillèrent sur une vaste échelle, soit comme fonctionnaires, soit comme simples particuliers, les sujets et les clients de la République. Avons-nous besoin de dire qu’il n’était que rarement possible, et alors seulement, dans la plupart des cas, au prix des plus grands sacrifices, d’obtenir à Rome le châtiment de ces excès ? Les peines qu’on infligeait d’ordinaire aux criminels de cette espèce — de fortes amendes, des dommages et intérêts pour une somme double et même quadruple, et l’exil, celles-là devant paraître bien pénibles à un homme rapace, celui-ci à un ambitieux qui ne pouvait arriver à ses fins que dans la capitale — n’étaient que rarement en rapport avec la gravité des crimes commis. L’histoire de la Grèce de cette époque offre une foule d’exemples de honteuses exactions et d’abus de pouvoir dont se rendirent coupables les Romains[92]. C’est ainsi que P. Gabinius Capito, après le départ de Sulla, profila de l’occasion, soit comme gouverneur, soit comme chef d’une partie des troupes de Sulla, pour s’enrichir, au moyen d’exactions, aux dépens des Hellènes[93] ; à la même époque, le jeune Gaius Antemius Hybrida, que Sulla avait laissé en Grèce a la tête de quelques régiments de cavalerie lors de son départ pour l’Italie, condamna différentes villes de la Grèce à payer des sommes considérables, sous prétexte de les punir pour avoir autrefois fait cause commune avec Mithridate[94]. Ce fut par des procédés analogues que le proconsul Gnæus Cornélius Dolabella souilla sa renommée[95]. Ces crimes, il est vrai, ne restèrent pas tous impunis ; les Achéens, quoique temps après son retour à Rome, intentèrent à Gabinius un procès, et obtinrent la condamnation de l’accusé, grâce à l’appui de l’excellent L. Piso Frugi qu’ils avaient choisi pour patron[96]. Par contre, Gaius Antonius, qui, en 76, fut accusé par le jeune Gains Julius César devant le préteur M. Lucullus[97], ainsi que Dolabella, que César, peu de temps, auparavant, en 77, — avec la participation des Hellènes — avait fait également comparaître devant les tribunaux, surent se soustraire à toute condamnation[98]. La conduite du fameux Gaius Verres fut celle d’un brigand vulgaire. En 80, il accompagna, en qualité de légat, le propréteur Gnæus Cornélius Dolabella envoyé en Cilicie. Pendant leur voyage à travers la Grèce et l’Asie, Verres, fort de la connivence coupable de son chef, s’abandonna librement à sa rapacité et à sa brutale insolence[99]. On vit alors cet homme sans vergogne, qui avait déjà volé un grand nombre de statues et de tableaux dans les villes achéennes, tenter d’extorquer fila ville de Sicyone une somme considérable ; le premier fonctionnaire de la ville la lui ayant refusée, Verres fît enfermer le malheureux Grec dans un cachot étroit autour duquel il lit allumer du bois humide, de telle sorte que cette victime de la perversité romaine échappa à grand’peine à la mort[100]. Dans l’acropole d’Athènes, il fit enlever au trésor du Parthénon une forte somme en or[101]. Si, à Délos, des obstacles imprévus le forcèrent de rendre les objets d’art qu’il avait fait enlever du temple d’Apollon déjà si fortement éprouvé[102] il s’en dédommagea largement dans les villes grecques d’Asie, à Chios, à Samos, à Ténédos, à Érythræ, à Halicarnasse[103] et, plus tard (79 av. J.-C.) aussi, à Milet et à Myndos[104], en dérobant de nombreux objets d’art de toute espèce, sans respect ni pour les temples, ni pour les demeures particulières, en se permettant de cruelles exactions et en faisant argent de tout. Les faits scandaleux qui se passèrent à Lampsaque caractérisent d’une façon effrayante le gouvernement de l’aristocratie romaine, même en Grèce, le mépris criminel de tous les droits, les procédés arbitraires et cruels dont se rendirent coupables dans ces malheureuses contrées, sur les bords de la mer Egée et de l’Hellespont, ces Romains spoliateurs, presque aussi mauvais que les pires des pachas turcs : ils croyaient sans doute que, même après les victoires de Sulla et les châtiments qu’il leur avait infligés, ces pays n’étaient pas suffisamment punis. En effet, Verres, en 79 avant J.-C, entreprit, en prenant pour point de départ la province gouvernée par Dolabella, un nouveau voyage en Bithynie par la province d’Asie, soi-disant au service de l’Etat. A Lampsaque, il apprit que Philodamos, qui, par son origine, son rang et sa fortune, occupait la première place dans cette ville, qui, à ce qu’il paraît, ne s’était même pas compromis lors du massacre ordonné par Mithridate et qui entretenait d’excellents rapports avec les autorités romaines, avait une fille aussi belle que vertueuse. Joignant à ses autres vices l’impudicité la plus effrénée, habitué à outrager grossièrement les femmes et les filles des provinciaux, Verres désira posséder cette jeune fille. Rubrius, son entremetteur ordinaire, fut donc sans retard logé chez Philodamos, qui offrit un splendide festin à quelques-uns de ses amis et aux personnes de la suite de Verres. Vers la fin du repas, Rubrius demande qu’on fasse paraître la jeune fille ; naturellement, le digue Philodamos refuse. Alors les Romains, sans cacher davantage leur coupable projet, essaient de s’emparer de la jeune femme. Une lutte s’engage entre les sicaires romains et les esclaves et amis de Philodamos, lutte à laquelle prennent part bientôt son fils et ses voisins. Philodamos lui-même est maltraité par Rubrius, mais ce dernier aussi est blessé, le licteur Cornélius tué, et finalement les Romains sont expulsés de la maison. Ce n’est qu’avec peine qu’on empêcha le peuple de se soulever en masse. Alors Verres engage son supérieur à quitter sa province et à se rendre auprès de Gaius Claudius Néron, qui, à cette époque, gouvernait l’Asie, pour tirer vengeance du malheureux Philodamos. On demanda compte à ce dernier de la mort du licteur Cornélius ; puis un tribunal romain, composé en partie d’officiers de l’entourage de Dolabella, devant lequel parut comme accusateur, à l’instigation de Verres, un créancier de la ville de Lampsaque, condamna à mort Philodamos et son fils : l’exécution eut lieu bientôt après sur la place publique de la ville phrygienne de Laodicée (dans la province de Dolabella)[105]. Le châtiment de ces crimes et d’autres qu’il commit en Achaïe et en Asie n’atteignit[106] Verres qu’en 70, après qu’il se fut livré, comme l’on sait, à de nouveaux excès dans la Sicile grecque en qualité de propréteur (73-71) : l’exil et une amende assez forte qu’il fut condamné à payer ne furent qu’une expiation imparfaite ; il trouva la mort en 43 lors des proscriptions de Marc-Antoine. Les annales de la Grèce d’Europe ne font pas mention, il est vrai, de ces actes de scélératesse qui peignent si bien la situation déplorable de la Grèce d’Asie pendant la période malheureuse qui s’écoula entre les années 88 et 70 av. J.-C. Et pourtant, les Grecs d’Europe, eux aussi, devaient éprouver encore bien des malheurs. D’un côté, en effet, la déplorable administration romaine de cette époque exerça sur la moralité des Hellènes, déjà si profondément corrompus, l’influence la plus déplorable. Les vices d’un peuple civilisé, mais usé et à bout de forces, gémissant pendant des années, sans aucun espoir, sous la plus cruelle oppression ; l’arrogance unie à la dissimulation, une fausseté sans bornes, des actes de vengeance souvent aussi lâches que cruels ; un servilisme repoussant, un dévouement complet au pouvoir établi, dans l’espoir de se dédommager en opprimant les autres ou de s’assurer l’appui d’un maître impitoyable pour commettre des bassesses, tout cela se voyait dans la Grèce de cette époque. Personne, en songeant aux expériences faites antérieurement, ne trouvera étonnant qu’à l’occasion certains fonctionnaires ou percepteurs grecs aient traité leurs subordonnés ou les contribuables avec plus de dureté et de rapacité que ne le firent les Romains eux-mêmes[107] ; qu’un grand nombre de Grecs se soient faits, dans un but égoïste, les instruments de l’odieuse administration romaine et qu’ils aient contribué ainsi à rendre leurs maîtres plus mauvais encore. Par contre, nous voyons que des cités grecques autonomes, comme Sicyone (61-59 av. J.-C), refusent avec opiniâtreté, en s’appuyant sur leur situation politique exceptionnelle, de satisfaire aux exigences, selon toute apparence légitimes, de leurs créanciers romains[108] ; que d’autres aient pu décider, à force d’argent, des gouverneurs avides et dépourvus de sens moral à susciter toute espèce d’obstacles à leurs créanciers[109], comme Apollonia, qui corrompit (57 av. J.-C.) le proconsul Pison (v. plus bas) ; que des fugitifs byzantins (en 58) amènent, à force de promesses, le célèbre tribun du peuple P. Clodius à s’occuper de leur rapatriement par un commissaire romain, et que, plus tard, ils refusent de payer la somme promise[110] ; que Hermachos de Chios achète à prix d’argent ce même Clodius pour qu’il fasse assassiner Théodosios de Chios, que ses compatriotes avaient envoyé à Rome comme ambassadeur et qui y plaidait contre Hermachos[111] ; que les habitants de Dyrrhachion, enfin, parviennent à se débarrasser d’un homme qu’ils délestaient en donnant au fameux proconsul Pison une forte somme d’argent (57 av. J.-C.)[112]. Mais ce n’était pas là les pires des spoliateurs officiels que Rome devait envoyer en Grèce et en Macédoine. En effet[113], pour ne parler qu’en passant de l’avide Gaius Antonius mentionné plus haut, qui, en 62 avant J.-C., parut en Macédoine et en Grèce, cette fois comme proconsul, et qui, pendant la durée de ses fonctions (jusqu’en 60), se rendit coupable de terribles exactions[114], un de ses successeurs immédiats, L. Calpurnius Piso Cæsoninus, proconsul de Macédoine, dont nous avons fait mention plusieurs fois déjà (57-55av. J.-C.), fut un digne émule de Verres, si toutefois nous pouvons nous en rapporter à Cicéron, son adversaire passionné. D’après Cicéron, Pison, par sa politique déloyale, son insolence et sa cupidité, non seulement amena sans nécessité un nouveau conflit avec la sauvage tribu thrace des Besses et avec les Dardaniens[115] ; il se brouilla aussi avec la tribu jusqu’alors amie des Denthélètes (sur les bords du Strymon)[116], et fit ensuite, comme général, preuve de tant de négligence et d’incapacité, que son armée, sans avoir essuyé une défaite, fut complètement ruinée par suite de sa mauvaise administration ; que la Macédoine fut une grande partie inondée et pillée par les Barbares irrités ; que même la grande route qui conduisait de Thessalonique à Dyrrhachion et à l’Hellespont fut rendue impraticable par leurs brigandages[117] ; que les Barbares osèrent se montrer aux portes mêmes de Thessalonique et que les habitants de cette ville durent réparer en toute hâte les fortifications de leur acropole[118]. Cet officier incapable était un autre grand amateur d’objets d’art qui ne lui coûtaient rien. La fidèle Byzance notamment, dont les vierges, comme celles d’autres villes grecques, furent victimes des brutales convoitises de cet insolent débauché[119], et les Hellènes d’Achaïe furent dépouillés d’un grand nombre de leurs chefs-d’œuvre, qui faisaient l’ornement des villes de la Grèce[120]. Mais Pison u’était pas moins avide d’amasser de l’argent ; aussi s’était-il fait donner par son ami Publius Clodius (le trop fameux tribun du peuple de l’année 58, dont il avait grassement payé les services) — contrairement aux lois et aux usages, et spécialement en opposition avec une loi qu’avait fait passer, en 59 av. J.-C, Gaius Julius César, pendant son consulat, loi qui prescrivait le strict respect des privilèges des villes libres de l’empire — le droit de s’immiscer en qualité de juge dans l’administration financière des villes libres de son ressort et notamment dans les rapports qui existaient entre ces villes, pour la plupart profondément endettées, et leurs créanciers romains[121]. Si ces procédés (p. 399) paraissaient bien vexatoires, surtout aux banquiers romains, Pison se faisait bien payer, d’un autre côté, par les communes grecques pour paralyser l’activité des créanciers, des banquiers et des courtiers romains, et n’épargnait pas d’ailleurs aux Hellènes certaines mesures financières qu’il prenait dans son propre intérêt. C’est ainsi que toutes les parties de la province de Macédoine, et spécialement les grandes villes libres de Byzance, d’Apollonie, de Dyrrhachion, d’Ambracie ; que l’Épire et la Thessalie, l’Étolie et les cantons voisins, Athènes, la Béotie et les cités du Péloponnèse, se virent forcées, de diverses manières, de remplir de leur argent la cassette de ce brigand de haut parage, qui, du reste, se rendait coupable d’autres méfaits ; il se permettait, par exemple, d’accaparer, à un prix fixé par lui-même, d’énormes quantités de blé qu’il vendait ensuite avec profit, et de frapper toutes les marchandises d’un impôt qu’il percevait à son propre bénéfice[122]. La rapacité de ce proconsul poussa alors les habitants appauvris des hauts plateaux situés entre la Thessalie, l’Athamanie et l’Étolie septentrionale, les Dolopes et les Agréens, à abandonner leurs foyers pour se jeter en pillards sur les villes étoliennes de Stratos, de Naupacte et à Arsinoé, qui pouvaient encore passer pour jouir d’une aisance relative[123]. Pison, qui laissa à son successeur Q. Ancharius la lâche difficile de relever péniblement une province ruinée, ne reçut pas, que nous sachions, d’autre châtiment de ses crimes que la peine toute morale, mais terrible, que lui infligea son ennemi Cicéron[124] par ses discours véhéments, surtout par ce réquisitoire de l’an 55 av. J.-C., prononcé à Rome, devant le Sénat, et rempli jusqu’à l’excès de fureur, de venin et de sarcasmes[125]. Par contre, Gaius Antonius, après son retour en 59 av. J.-C. fut accusé de divers crimes, et, entre autres, d’exactions commises en Macédoine ; cette fois, le tribunal le condamna à une forte amende et à l’exil[126]. D’après une coutume qui devenait alors de plus en plus générale — c’est ainsi que, quelque temps auparavant, le noble P. Rutilius Rufus, après sa fameuse condamnation par des juges iniques (en 92), avait vécu en exilé à Mitylène (où, lors de la première guerre contre Mithridate, il n’avait échappé qu’avec peine au massacre ordonné par ce roi), et plus tard à Smyrne[127], et que nous trouverons M. Tullius Cicéron vivant comme réfugié dans la péninsule hellénique, — Antonius, lui aussi, choisit pour séjour une contrée grecque, l’île de Céphallénie. Il vécut là des années, menant tout à sa guise, aussi indépendant que s’il avait été le maître souverain de l’île, et celle-ci sa propriété. On nous dit qu’il s’occupa, entre autres choses, de fonder une ville nouvelle, qui, toutefois, n’était pas encore terminée lorsque César (au moment où il était seul maître de l’empire, dans tous les cas avant l’année 44, peut-être en 47) lui permit de revenir à Rome[128]. Cet exemple montre bien clairement quel châtiment peu sévère était, dans certaines circonstances, l’exil pour ces brigands de haut parage. Nommons aussi le fameux Gaius Memmius Gemellus, épicurien dissolu, odieux intrigant et dangereux séducteur[129], qui, qui après avoir été condamné pour ses honteuses tentatives d’acheter le consulat en 43 av. J.-C.[130], se rendit en Grèce comme exilé en 701 ou 702 U. C, 53 ou 52 av. J.-C, et vécut à Athènes, à Mitylène et à Patræ d’une façon très agréable, en traitant les Grecs avec arrogance[131] ; il devint citoyen de la ville de Patræ et adopta Lyson, fils d’un de ses nouveaux concitoyens[132]. Cependant, outre la nécessité peu agréable d’être contraint de vivre de l’autre côlé de l’Adriatique et l’intention de faire des affaires d’argent de toute espèce, licites ou illicites ; outre le besoin d’expédier les affaires d’Étal, il y avait d’autres motifs, sinon plus puissants, du moins incomparablement plus nobles et meilleurs, qui amenaient en Grèce un grand nombre de Romains, et c’est précisément alors, et depuis ce moment-là, que les relations entre l’Italie et l’antique pays des Hellènes devinrent de plus en plus fréquentes et intimes. Nous voyons plus d’un Romain, rempli de dégoût ou de crainte à la vue des scènes de plus en plus tumultueuses dont la capitale du monde était le théâtre, venir se retirer dans la Grèce pacifiée, ou chercher sur le sol de la Grèce un refuge temporaire contre les haines et les persécutions politiques. Depuis les temps de Flamininus et de Paul-Émile, les Romains lettrés venaient de plus en plus nombreux visiter cette Grèce qu’on vénérait comme la patrie de la civilisation la plus parfaite, dont les lieux, consacrés par le mythe, la tradition et l’histoire, avaient un attrait irrésistible, dont les villes étaient toujours encore pleines des constructions les plus magnifiques de tous les siècles et des plus splendides créations des arts plastiques[133]. Et cette force d’attraction que la Grèce exerçait sur les Romains, dit un écrivain moderne[134], loin de diminuer, devenait plus puissante à mesure que cette contrée se couvrait de ruines et devenait plus déserte : au milieu du silence et de la solitude répandus sur les campagnes et les villes, l’image d’un glorieux passé ne se présentait que plus grandiose à l’âme du voyageur. D’autres voyageurs encore allaient en Grèce pour y prendre les eaux ou visiter les endroits où ils pouvaient espérer le rétablissement de leur santé délabrée, comme Ædepsos en Eubée, Anticyre en Phocide, et surtout le sanctuaire d’Asclépios près d’Épidaure[135]. Mais c’étaient surtout les jeunes Romains de grande famille qui allaient écouler, en Grèce même, les rhéteurs et les philosophes dans les villes qui possédaient les écoles les plus célèbres. Nous décrirons dans son ensemble, dans une autre partie de ce livre, la vie intellectuelle des Hellènes et spécialement l’histoire de l’Université d’Athènes sous la domination romaine. Nous devons donc nous contenter de faire observer ici que, outre Apollonie dans la partie la plus méridionale de l’Illyrie macédonienne, qui ne figurait qu’au second rang, et où, entre autres, le jeune Octavien avait fait des études de 45-44 av. J.-C.[136], il y avait avant tout Rhodes et Athènes qui attiraient la jeune aristocratie romaine ; qu’à Rhodes, où, entre autres, l’orateur Marais Antonius (103), Gaius Julius César (de 76 à 74 av. J.-C), Cicéron et Ser. Sulpicius (78), Gaius Cassius Longinus (le meurtrier de César), M. Brutus et M. Favonius reçurent une partie de leur instruction[137], on cultivait surtout la rhétorique ; et que ce fut surtout grâce à ses écoles de philosophie, depuis longtemps célèbres, — les doctrines et écoles à Aristote, la péripatéticienne ; celle de Platon, ou académique ; celle de Zénon ou stoïcienne ; celle d’Épicure ou épicurienne, étaient alors toutes florissantes — dont quelques maîtres distingués avaient repris les travaux peu de temps après la prise de la ville par Sulla, qu’Athènes put se relever en partie de l’état de misère profonde où l’avaient jetée Aristion et Sulla[138]. On voudra bien se rappeler qu’à la fin de la première guerre contre Mithridate, la prospérité matérielle des Athéniens était presque complètement anéantie ; le terrible massacre ordonné par Sulla avait aussi diminué considérablement le nombre des habitants libres[139]. La misère générale des seize années suivantes ne permettait guère à la population appauvrie de rouvrir dans une certaine mesure les sources de la solide prospérité d’autrefois ; il ne lui restait plus que le commerce qu’elle faisait avec les produits de l’Attique, renommés depuis si longtemps. On eut donc recours, entre autres, à un expédient peu honorable : on vendit le droit de cité athénien toujours encore très estimé[140]. Par ce moyen, on augmenta, il est vrai, le nombre des citoyens ; mais, sans parler d’autres inconvénients[141], ce procédé fit perdre à la langue, que jusqu’alors on avait parlée à Athènes avec tant de charme, cette pureté que Cicéron vantait encore avec enthousiasme[142] ; vers la fin du IIe siècle après J.-C., le paysan de l’Attique se distinguait, d’une façon frappante, de la population urbaine par la pureté avec laquelle il parlait son admirable dialecte[143]. Le monde hellénistique ne cessa de témoigner pendant plusieurs siècles une vive sympathie à Athènes, et, alors comme plus tard, il combla de bienfaits cette ville infortunée ; mais, malgré les meilleures intentions, tout ce qu’on fit pour elle fut inutile. Ne sachant ou ne pouvant guérir le mal interne dont elle souffrait, on s’efforçait de cacher sa misère sous un voile de pourpre, d’orner la ville, faute de mieux, de nouvelles et splendides constructions qui étaient indirectement une source de profits pour les habitants et, dans tous les cas, contribuaient à entretenir et à augmenter Pâtirait qu’avait la ville pour les étrangers. C’est ainsi que l’exemple donné par les Ptolémées et les Attales[144] fut suivi par le roi de Cappadoce Ariobarzane II Philopator (65 [59]-52 av. J.-C), et par son fils et successeur Ariobarzane III (Εύσεβής Φιλορομαΐος), qui firent reconstruire, par les architectes G. et M. Stallius et Ménalippos l’Odéon détruit par Aristion[145] ; les Athéniens reconnaissants leur élevèrent des statues. De puissants Romains imitèrent les princes hellénistiques[146]. La conduite de Sulla à l’égard d’Athènes ne trouva pas d’imitateurs ; les brigandages de Verres, en 80 et les exactions dont (en 57 et en 56 av. J.-C.) le proconsul Pison s’était rendu coupable[147], furent sévèrement blâmés à Rome, Le grand Pompée, au contraire, qui, lorsqu’il revint victorieux de l’Asie, en 62, avait comblé de faveurs et de présents les rhéteurs elles philosophes rhodiens — auxquels, en 67 déjà, il avait témoigné son estime[148] —, avait donné aux Athéniens, pour les récompenser des louanges outrées qu’ils lui avaient prodiguées en 67, pendant la guerre contre les pirates, et sans doute aussi en 62, lorsqu’il passa par Athènes pour s’en retourner en Italie[149], une somme de 50 talents au moins (300.000 francs) pour embellir leur ville et pour effacer complètement les traces de la terrible vengeance de Sulla[150]. Ce qui était bien plus précieux pour les Athéniens, c’est que c’était précisément leur ville qui, plus que toutes les autres cités — parmi lesquelles Argos, Tégée et Sparte étaient toujours au premier rang, — continuait à attirer une foule de voyageurs romains et de jeunes Italiens, avides de se former à l’école de la Grèce ; l’élégance et la haute culture de ses habitants, sa glorieuse histoire, ses nombreux monuments et ses excellentes écoles exercèrent comme autrefois sur les étrangers le charme le plus puissant[151], dès qu’elle se fut relevée de ses désastres et qu’elle eut oublié les scènes d’horreur dont elle avait été le théâtre à l’époque de Sulla, de 88 à 86 avant J.-C. Ce fut un bonheur pour les Athéniens que le premier des Romains qui, après la chute d’Aristion, vécurent plus ou moins longtemps au milieu d’eux devint le bienfaiteur de leur cité qui était tombée si bas. C’était le chevalier Titus Pomponius (Atticus), dont le nom parait bien souvent dans l’histoire de cette époque, l’ami et le confident de Cicéron et de beaucoup d’autres hommes d’État romains. Pomponius avait fui les scènes de désordre qui, en 87, avaient accompagné la révolution de Marius, ainsi que les horreurs qui remplissaient l’Italie au moment où Sulla s’efforçait d’y rétablir le pouvoir de son parti ; en 86 av. J.-C, lorsqu’Athènes était retombée au pouvoir des Romains[152], il s’était rendu dans cette ville avec la plus grande partie de sa fortune ; il y resta jusqu’à la fin de l’année 65 av. J.-C.[153] : ce séjour, comme l’on sait, lui valut le surnom d’Atticus[154]. Dès le début, il sut gagner les bonnes grâces des malheureux Athéniens qui, pendant que Sulla assiégeait leur ville, avaient souffert la plus affreuse famine, en leur faisant distribuer une grande quantité de blé[155]. Ensuite le vif et profond intérêt qu’il prenait aux affaires de la Grèce, et, en particulier, à celles d’Athènes, son caractère aimable, .sa conduite pleine de tact, l’influence considérable qu’il paraissait exercer sur Sulla revenu d’Asie en Grèce en 83, sa haute culture intellectuelle puisée aux sources grecques, la facilité enfin avec laquelle il s’était rendu maître de la belle langue des Hellènes, tout cela l’avait rendu éminemment populaire[156]. D’autre part, sa grande fortune et le crédit dont il jouissait profitèrent largement à la ville infortunée. Pomponius était le fils d’un riche banquier romain ; il avait lui-même embrassé la carrière de son père et trouva, comme tant d’autres Romains — comme plus tard entre autres M’. Curius, son ami et celui de Cicéron, à Patræ, T. Manlius à Thespies, M. Æmilius Avianianus à Sicyone et M. Mindius à Élis[157] —, dans les villes de la Grèce, de la Macédoine et de l’Asie-Mineure appauvries par la guerre, l’occasion de faire les opérations financières les plus étendues et les plus lucratives. L’âpreté du Romain, toujours peu traitable en affaires d’argent, la rigidité et la froide dureté même des moins mauvais parmi les princes du la finance romaine, ne faisaient nullement défaut a Atticus ; mais il sut rester honnête homme ; il ne fut point un usurier sans cœur ; il n’était pas un de ces cruels fléaux des provinces, comme Rome les produisait alors en masse. On le loue hautement, au contraire, d’avoir si bien su aider les Athéniens de son argent et de son crédit ; on nous apprend que, dans ses relations avec les Athéniens, Atticus ne songeait pas à son intérêt, que — tout en exigeant qu’on le payât aux époques fixées — il se contentait d’un intérêt très peu élevé, qu’il n’exigeait aucune commission de ceux auxquels il procurait un emprunta des conditions avantageuses, et que, par la sévérité même avec laquelle il exigeait le remboursement exact des sommes prêtées, il s’efforçait de prévenir l’accumulation si dangereuse des intérêts[158]. Ce qui achève le portrait de ce banquier romain si plein de bon sens, c’est que, lui aussi, comme beaucoup d’autres Romains, pour la plupart de son rang[159], il avait acquis (depuis 70 ou 69 environ av. J.-C.) en Épire, non loin de la ville chaonienne de Bouthroton sur le fleuve Thyamis[160], dans l’île de Corcyre, et, près de là, sur les îles Sybota[161], des propriétés considérables et d’un très bon rapport. L’administration de ces biens, aussi bien que d’autres affaires, le ramena plusieurs fois encore dans la péninsule gréco-macédonienne (entre autres à Sicyone), même après qu’il eut transféré ses pénates d’Athènes à Rome[162]. Les loisirs que laissaient à Atticus ses affaires, il les consacrait exclusivement à l’étude de l’histoire, de la littérature grecque et de la philosophie, et à la société des savants et des professeurs les plus distingués d’Athènes. Enfin, comme Sulla, et, après lui, tant de Romains éminents — notamment Cicéron et Auguste[163] — Atticus se fit initier aux mystères d’Eleusis[164]. Avant Atticus, plusieurs hommes éminents, comme Q. Metellus Numidicus, T. Albucius et les célèbres orateurs L. Licinius Crassus (vers 110 av. J.-C.) et M. Antonius (103 avant J.-C.)[165], étaient allés faire leurs éludes à Athènes ; mais Atticus fut le premier de cette longue série de jeunes Romains de grande famille qui, pendant quelques dizaines d’années, se pressèrent en si grand nombre autour des philosophes athéniens que, pendant les deux dernières générations de la République, Athènes semblait être une Université romaine ; Comme le chevalier L. Sauféius[166], un ami d’Atticus que nous ne citons qu’en passant, le jeune condisciple d’Atticus, déjà connu à Rome comme avocat et habile défenseur, Mardis Tullius Cicéron (suivant l’exemple de son oncle Lucius, 103 av. J.-C.) vint à Athènes avec son frère Quintus et son cousin Lucius en 79 ; il y passa six mois (il resta en Grèce, en Asie-Mineure et à Rhodes jusqu’en 77 av. J.-C.)[167], et, tout en fréquentant les philosophes les plus éminents de cette époque, il étudia à fond Athènes et ses grands monuments ; sa nature impressionnable lui permit de jouir au plus haut degré de tous les plaisirs intellectuels, de tous les charmes que pouvaient encore lui offrir cette ville d’Athènes, cette Grèce, ce peuple hellénique si intelligent[168], dont il voyait pourtant la profonde décadence et dont il stigmatisa plus tard à plusieurs reprises les infirmités morales, tant dans ses conversations familières que dans divers plaidoyers. C’est probablement à celle époque que Cicéron visita Sparte et qu’il y trouva encore dans toute leur vigueur l’antique discipline et les durs exercices auxquels était soumise la jeunesse Spartiate[169]. L’ambitieux jeune Romain — qui dès lors ne cessa d’entretenir les relations les plus suivies avec un grand nombre d’Hellènes et de Romains séjournant en Grèce ; qui, grâce au profond intérêt que lui inspirait Athènes et l’hellénisme, exerça bientôt une influence considérable même sur les autorités athéniennes les plus haut placées ; qui, par son infatigable activité scientifique - il avait trouvé à cet égard dans Atticus, qui avait une importante fabrique de livres et, comme libraire, les relations commerciales les plus étendues, un aide des plus zélés[170] -, contribua plus que tous les Romains de son temps à doter Rome des trésors du génie hellénique — devait revoir la Grèce plusieurs fois encore. D’abord en 58 et en 57 avant J.-C., lorsque, chassé de Rome par P. Clodius, tremblant devant P. Autronius, un partisan de Catilina qui vivait dans l’exil en Achaïe, et d’autres ennemis de cette espèce qu’il avait en Achaïe, il dut séjourner comme fugitif, profondément humilié, à Thessalonique et à Dyrrhachion (dont il était depuis longtemps l’ami)[171]. Plus tard (51 et 50 av. J.-C), il reparut parmi les Hellènes comme proconsul de la Cilicie[172], puissant et fêté dans toute la Grèce et notamment à Athènes, aussi bien lorsqu’il se rendit dans sa province que lorsqu’il en revint. Enfin, en 49 et en 48 av. J.-C, nous le retrouvons, pendant la guerre civile, dans le camp de Pompée, à Dyrrhachion, dans l’île de Corcyre[173], politique indécis et hésitant entre sa sympathie pour la République et la terreur que lui inspirait César. Un grand nombre de Romains, après avoir fait leurs éludes à Athènes, jouèrent ensuite un rôle considérable dans le monde politique ou occupèrent, comme écrivains, un rang élevé ; on peut suivre leurs traces jusqu’aux temps des guerres civiles qui mirent fin à la République. Les mêmes hommes qui, plus tard, prirent part à la lutte décisive dans la plaine de Philippes, M. Junius Brutus et Marcus Antonius ont fait leurs études à Athènes, celui-là en 65, puis entre 58 et 51 av. J.-C et après la bataille de Pharsale[174], celui-ci en 58[175]. Au nombre de ces jeunes étudiants romains que (v. plus bas) M. Brutus, dans l’automne de l’an 44, fit entrer dans les rangs de l’armée républicaine, nous trouvons aussi le jeune Marcus Cicéron, le fils du grand orateur[176], qui vivait à Athènes depuis l’année 45 av. J.-C, et le jeune poète Quintus Horatius Flaccus[177], qui s’y trouvait depuis l’année 49 environ. Plus tard, le noble P. Virgilius Maro vit Athènes peu de temps avant sa mort ; et, dans la suite, des poètes comme Ovide, Properce et Lucain ne manquèrent pas d’aller voir cette splendide cité[178]. Athènes était maintenant devenue avant tout une ville universitaire. Les intérêts de ses grandes écoles, du succès et de la prospérité desquelles dépendait alors presque exclusivement la modeste fortune de ses habitants, sont tellement prépondérants, que nous voyons les autorités de la ville, l’Aréopage et le premier stratège, s’occuper avec zèle tant des affaires extérieures des écoles de philosophie que de l’entretien du personnel des professeurs ; on s’efforçait de réunir à Athènes des maîtres éminents — comme par exemple le célèbre péripatéticien Cratippe de Mitylène (en 45 ou en 46), à qui, paraît-il, une place avantageuse avait été offerte, peut-être à Rome[179]. La vie politique était presque éteinte ; le démos, surtout à partir de l’an 86, depuis que le parti aristocratique, sous la conduite de son chef Midias, dominait sans conteste, ne jouait plus qu’un rôle très secondaire[180]. Au dehors cependant, l’Aréopage surtout, dont l’influence croissait visiblement[181], conservait une grande autorité ; si bien qu’un gouverneur romain de la province d’Asie, Publius (ou Gnæus)[182] Dolabella (avant l’an 66) soumit au tribunal athénien, depuis si longtemps célèbre, une affaire criminelle très compliquée[183]. Mais, en somme, l’inanité de la vie publique des Grecs de ce temps et des siècles suivants se manifeste déplus en plus. Ce qui le prouve pour Athènes, en particulier, c’est l’importance exagérée qu’on attribue sur les monuments publics aux sociétés de gymnastique des éphèbes et à leurs présidents[184]. En général, on peut appliquer à la Grèce entière de cette époque et des époques suivantes ce que dit un savant moderne[185] de la gymnastique et des exercices athlétiques cultivés avec tant de prédilection et des Jeux olympiques, qu’on célébrait toujours avec enthousiasme : Depuis que la vie avait perdu tout intérêt réel, on essayait d’en remplir le vide en jouant avec les ombres d’un passé glorieux. Avec une tendresse parfois touchante, ces épigones s’attachaient aux souvenirs d’autrefois et cherchaient à conserver les restes devenus presque méconnaissables des fondements de la civilisation et de la gloire helléniques. La gymnastique figurait au premier rang, et les gymnases et les concours prirent une importance d’autant plus grande que le cercle des intérêts plus nobles, et plus élevés était devenu plus restreint. En Grèce, non seulement on considérait comme honorables ces arts d’agrément[186], mais les athlètes les plus éminents représentaient, aux yeux de beaucoup d’hommes cultivés, l’idéal de la virilité, de la force, du courage, de la beauté et de la chasteté ; ils les comparaient sans hésiter aux héros des anciens temps. Une victoire remportée à Olympie était toujours encore considérée même par les meilleurs comme très glorieuse, et les noms du petit nombre de ceux qui, comme Nicostrate, (Ol. CCIV, 37 ap. J.-C.) avaient été vainqueurs à la lutte et au pancrace, étaient répétés avec admiration de père en fils dans la Grèce entière[187]. Cela n’empêchait pas, il est vrai, que précisément dans ces temps-là on n’eût plusieurs fois recours à l’odieuse pratique de corrompre ses adversaires pour s’assurer la victoire[188]. C’est ainsi que, malgré la situation politique la plus difficile, bien que le pays fût cruellement opprimé et presque ruiné, la vie en Grèce prit peu à peu un caractère tout à fait idyllique ; déjà commençait à se dessiner clairement le cadre étroit dans lequel allait être enfermée sous l’Empire, pendant près de trois cents ans, la vie du peuple hellénique. Cependant la Grèce, avant de jouir de cette existence tranquille, devait éprouver de nouvelles secousses ; déjà s’annonçait une époque terrible, pleine de terreur et de commotions profondes ; l’œuvre de destruction devait être reprise encore une fois et accabler de nouveaux malheurs le pays des Hellènes, déjà si souvent et si cruellement éprouvé. La lutte colossale, depuis longtemps imminente, entre César et Pompée, entre le parti démocratique et monarchique d’un côté et les défenseurs de la République aristocratique de l’autre, avait enfin éclaté au commencement de l’année 49 av. J.-C. On sait que César, courant de victoire en victoire, avait chassé d’Italie tous ses adversaires ; depuis le printemps de l’année 49 av. J.-C., la péninsule gréco-macédonienne fut le théâtre de la guerre formidable que se faisaient les deux partis qui divisaient la République ; c’est là qu’allait être frappé le coup décisif. Toutes les guerres civiles qui se succédèrent de 49 à 30 av. J.-C., les chefs de parti les ont faites en mettant à contribution toutes les ressources militaires et financières des provinces placées sous leurs ordres ou des Étals placés sous la protection de l’empire ; et, par suite du renversement de l’état de choses qui avait existé jusqu’alors, un grand nombre de peuples, tenus par Rome dans une dépendance plus ou moins étroite, purent, à diverses reprises, se considérer comme des vassaux dont la sympathie ou l’antipathie pour l’un ou l’autre des partis en présence n’était nullement indifférente. Ce sont précisément les Grecs d’Europe qui nous montrent ceci très clairement. Nous verrons que, pendant les trois grandes guerres que se tirent les Romains, entre 49 et 30 av. J.-C, sur le sol de la Grèce, les différentes villes et tribus de cette contrée prirent part aux luttes de leurs maîtres, luttes qui ranimèrent une fois encore du dehors, violemment et d’une façon transitoire, la vie politique prête à s’éteindre en Grèce ; et que les Hellènes, violents et passionnés comme toujours, se partagent entre les deux camps, souvent sous l’influence d’anciennes rivalités locales. Tout d’abord, il est vrai, Pompée et les optimales ne trouvèrent pas d’ennemis parmi les habitants de la péninsule gréco-macédonienne, où se réunissaient peu à peu, depuis le printemps et l’été de l’an 49, leurs forces combinées de terre et de mer. Pompée et la masse des sénateurs qui avaient quitté Rome en fuyant devant César avaient choisi pour séjour Thessalonique ; c’est là aussi qu’ils établirent d’abord leur quartier général ; ce dernier fut plus lard transféré à Berrhœa sur l’Haliacmon[189]. La Macédoine ne paraît pas avoir eu à cette époque un gouverneur spécial du parti de Pompée[190] ; par contre, le gouvernement des contrées qui en dépendaient était partagé entre divers légats : c’est ainsi que M. Pison[191] avait le commandement des îles, et que l’Achaïe fut gouvernée d’abord par le consulaire Appius Claudius Pulcher, et, après sa mort survenue en Eubée, par le préteur ou propréteur P. Rutilius Lupus[192]. Tandis que Pompée — les combats que César livrait en Espagne et devant la ville grecque de Massalia lui en laissaient bien le temps — mettait en mouvement toutes les forces de l’Orient, en exigeant des habitants des approvisionnements considérables et de fortes sommes d’argent[193], la population de la péninsule gréco-macédonienne fut sommée de prendre les armes en sa faveur. César, dès cette époque, a dû avoir quelques partisans en Grèce ; les Hellènes l’avaient connu, lui aussi, jeune encore[194] ; il leur avait rendu plus d’un service comme avocat et plus tard comme homme d’État. Mais tout cela était peu de chose en comparaison de l’impression profonde et durable produite autrefois dans tous les pays à l’est de l’Adriatique par les victoires, la gloire militaire et la personnalité importante de Pompée[195]. Ce qui a, sans doute, exercé une influence décisive sur un grand nombre d’Hellènes, c’est que l’un de leurs compatriotes, Théophane de Mitylène, qui devait au grand conquérant de l’Orient les droits de citoyen romain, était l’ami intime et le confident de Pompée, avait une voix très influente dans le conseil privé du chef de l’aristocratie et occupait une position très importante dans son état-major[196]. Dans tous les cas, aucun Grec, avant que César eût passé l’Adriatique, ne pouvait songer à prendre les armes pour lui et contre les optimales, qui, en face de l’usurpateur César, représentaient toujours le gouvernement légitime. La masse des Hellènes suivit donc sans murmurer, beaucoup d’entre eux même avec enthousiasme, les étendards de Pompée. On nous apprend que non seulement les Romains et les citoyens romains qui vivaient en Grèce et en Macédoine et les vétérans établis en Macédoine et dans l’île de Crète[197] furent appelés aux armes, mais que Pompée employa les milices étoliennes, épirotes et thraces pour garder les côtes[198] ; qu’il leva de nombreux guerriers en Macédoine, en Thessalie, en Épire, en Béotie, à Athènes et dans le Péloponnèse, tant pour compléter les légions dont il disposait et les mêler avec ses soldats d’Italie que pour en faire des corps indépendants[199] ; qu’enfin des troupes légères (notamment des archers et des frondeurs) furent levées ou enrôlées dans l’île de Crète (dont les excellents archers avaient déjà combattu en Gaule, sous César) et en Laconie[200]. La cavalerie de Pompée (sans parler des escadrons enrôlés ou simplement levés en Thrace et en Dardanie) reçut aussi des renforts venus de la Macédoine et de la Thessalie[201]. Sa flotte formidable, qui (depuis l’été de l’année 49) vint se former sous les ordres de M. Bibulus dans l’Adriatique, sur les côtes de l’île de Corcyre jusqu’à Dyrrhachion, était en grande partie composée des escadres de l’Orient. Aux grandes escadres de l’Egypte et des provinces maritimes asiatiques de l’empire (avec Chios, Lesbos, Cos, Smyrne, Milet) vinrent se joindre les navires des Rhodiens, commandés par Gaius Marcellus et Gaius Coponius, et ceux des Cyclades, d’Athènes, de l’île de Corcyre et des Hellènes d’Achaïe et de Byzance, qui, ainsi que les galères liburniennes, étaient sous le commandement de L. Scribonius Libo et de M. Octavius[202]. La faible ville d’Athènes, dont les habitants étaient d’enthousiastes partisans de Pompée, n’avait pu équiper que trois vaisseaux[203]. On sait que l’audacieux César, que n’avaient pu effrayer ni la formidable flotte de Pompée, ni la mauvaise saison, réussit, dans l’automne de l’année 49 av. J.-C.[204], après être parti de Brundisium, à débarquer une partie de ses forces à Palæste (Paleassa), sur la côte la plus septentrionale (chaonienne) de l’Épire ; puis il s’avança sans tarder sur le littoral le plus septentrional de l’Épire et le plus méridional (macédonien) de l’Illyrie, où eurent lieu bientôt les combats les plus acharnés. Par son débarquement, César avait pu momentanément surprendre son adversaire, qui n’avait d’abord que faiblement garni de troupes la côte de l’Adriatique, où lui aussi pensait établir son nouveau quartier général et se mesurer avec les Césariens, et qui avait échelonné son armée sur un vaste espace, depuis le nord de la Thessalie, le sud et l’ouest de la Macédoine, jusqu’au sud de l’Illyrie. César fut aussitôt reçu avec de vives marques de sympathie par les villes d’Oricos et d’Apollonie, dont l’exemple fut bientôt suivi par le reste des Épirotes et d’autres places fortes qui, dans la suite, résistèrent avec beaucoup de ténacité aux attaques de la flotte de Pompée[205]. Par contre, il ne réussit pas à surprendre la très importante forteresse de Dyrrhachion. Pompée, qui se dirigeait alors lentement de la Macédoine vers la côte de Dyrrhachion et qui avait appris à temps que César se préparait à passer de Brundisium en Épire, avait conduit rapidement, sur la Via Egnatia, une partie de son armée du pays de Candavia (entre la Macédoine et l’Illyrie, aujourd’hui Monte-Crasta), où il se trouvait alors, vers l’Adriatique et arriva à temps pour faire de Dyrrhachion le centre de ses opérations militaires. C’est là que se rassemblèrent presque toutes ses forces de terre, en face des troupes alors bien moins nombreuses de César[206]. Les hostilités furent suspendues entre Dyrrhachion et Apollonie jusqu’au moment où l’arrivée de masses considérables de troupes sous M. Antonius (au mois de février 48) permit au grand César d’entreprendre davantage. Tandis que, autour de Dyrrhachion, il soutenait lui-même la lutte contre Pompée avec une énergie croissante, il envoya plusieurs fortes colonnes vers le sud et le sud-est, dans les cantons grecs limitrophes de l’Épire, d’un côté pour arracher à ses adversaires ces fertiles contrées, dont les habitants, tant à cause de leurs sympathies pour César que parce que l’oppression des Pompéiens et des optimales les avait profondément irrités[207], avaient déjà en partie noué des relations secrètes avec César, de l’autre pour intercepter les renforts que Q. Metellus Scipion (jusque-là proconsul en Syrie), beau-père de Pompée, amenait de l’Asie-Mineure à son gendre à travers la Macédoine. Son légat Gaius Calvisius Sabinus, avec cinq cohortes et une troupe de cavaliers, marcha sur l’Étolie, où le peuple le reçut avec une grande sympathie ; il lui fut facile d’arracher aux Pompéiens les villes de Calydon et de Naupacte[208] ; ce détachement s’était emparé également sans peine de l’Acarnanie, de l’Amphilochie et de la Dolopie[209]. Alors le légal Q. Fufius Calénus reçut l’ordre de s’avancer dans cette direction et d’occuper toute la Grèce au sud des Thermopyles. Delphes, Orchomène (en Béotie) et Thèbes furent aussi prises sans peine ; d’autres places fortes furent forcées de se rendre ; partout les agents de Calénus s’efforçaient d’augmenter parmi les Grecs le nombre des partisans de César. Par contre, une attaque dirigée contre l’isthme de Corinthe, défendu par la ville de Mégare, très fidèle à Pompée, et les retranchements de Rutilius Lupus, légat de ce dernier, paraît avoir échoué[210]. Nous apprenons enfin que Calénus se tourna vers l’Attique et occupa le Pirée, maintenant sans défense ; mais les Athéniens lui résistèrent vaillamment, bien qu’il dévastât affreusement leur territoire, jusqu’au jour de la bataille décisive livrée en Thessalie[211]. Un autre légat de César, Lucius Cassius Longinus, avait d’abord appuyé Calvisius avec une légion de recrues et deux : cents cavaliers sur les frontières de l’Étolie septentrionale[212] ; puis il s’était dirigé vers la Thessalie. Mais là il n’eut que pou de succès. En effet, il s’aperçut bientôt qu’une partie seulement de la population (notamment les habitants de Gomphi)[213], sous Pétræos, jeune homme de grande famille, était disposée en faveur de César, tandis que le parti adverse, sous le puissant Hégésarétos (et plus tard sous le stratège Androsthène), était très attaché à Pompée[214]. Metellus Scipion — contre lequel César avait envoyé dans la Macédoine[215] proprement dite, par la Via Egnatia, un troisième légat, Gnæus Domitius Calvinus, avec deux légions et cinq cents cavaliers, appuyés par Ménédémos, un chef ami de la Macédoine libre — qui ne se trouvait plus qu’à quelques lieues de l’armée de Calvinus, se porta subitement de son camp, situé sur l’Haliacmon inférieur, contre Longinus[216] avec le gros de son armée, composée de deux légions et d’un grand nombre d’auxiliaires. En vain ce dernier avait commencé à fortifier le défilé de Tempé[217]. Lorsqu’une troupe de cavaliers thraces sous Cotys se présenta impunément devant son camp, Cassius, qui déjà croyait voir l’avant-garde du corps d’armée de Scipion, bien supérieur à sa division, battit en retraite, évacua la Thessalie et recula jusqu’à Ambracie[218]. Cependant Metellus Scipion, de son côté, par suite des mouvements de Calvinus contre son camp, se vit forcé de regagner rapidement les bords de l’Haliacmon. Retenu d’abord auprès de ce cours d’eau, il livra plusieurs combats à Calvinus dans l’ouest de la Macédoine[219], jusqu’à ce que la terrible défaite que César essuya devant Dyrrhachion[220], au commencement de l’été de l’an 48, après plus de quatre mois de lutte, donnât à la guerre une tournure toute nouvelle. Nous n’avons pas à raconter en détail les événements militaires très intéressants qui se succédèrent : qu’il suffise de rappeler l’heureuse inspiration de César qui lui fit transporter le théâtre de la guerre des environs de Dyrrhachion en Thessalie. Pour cela, on le sait, César recula d’abord jusqu’à Apollonie, remonta la vallée de l’Aoos, franchit la montagne entre l’Épire et la Thessalie et, après avoir fait sa jonction, non loin des sources du Pénée, près d’Æginion, avec la division de Calvinus, — qui d’Héracleia Lyncestis avait heureusement échappé à Metellus Scipion ainsi qu’à l’armée de Pompée, qui, de l’ouest, marchait contre lui[221] — se jeta avec toutes ses forces sur la ville thessalienne de Gomphi ; cette dernière (située à l’extrémité de la route qui, de l’Épire et de l’Athamanie, conduit en Thessalie par les monts Cercétion), à la nouvelle de la bataille de Dyrrhachion, venait d’abandonner le parti de César et, bien garnie de troupes par le stratège thessalien Androsthène, était décidée à opposer une résistance opiniâtre à l’armée battue de César[222]. César, qui ne pouvait pas attendre là sans danger l’arrivée de Metellus Scipion, lequel se trouvait déjà à Larissa, prit d’assaut l’arrogante cité et la fit saccager et piller pour effrayer le reste des Thessaliens du parti de Pompée[223]. Il abattit ainsi le courage des Grecs adhérents de son adversaire dans cette contrée et put sans crainte laisser son armée s’y reposer complètement. Lorsque ensuite la nombreuse armée de Pompée, qui avait traversé la Macédoine et était maintenant réunie avec le corps de Scipion, l’eut suivi de Larissa, la plaine de Pharsale fut le théâtre de celle bataille formidable (le 9 août d’après l’ancien calendrier, au mois de juin de l’an 48 av. J.-C., d’après le calendrier Julien) qui termina le grand conflit en faveur de César, anéantit l’armée de la République et donna pour la première fois un maître à l’empire. Des guerriers légèrement armés de l’Acarnanie, de l’Étolie et de la Dolopie s’étaient battus pour César : du côté de Pompée, c’étaient notamment les troupes auxiliaires de Sparte, du Péloponnèse, d’Athènes, de la Béotie et de la Macédoine, ainsi que des archers Crétois qui (en s’appuyant fortement sur les légions) avaient pris part à la bataille, peu glorieusement, il est vrai, et en éprouvant de grandes pertes[224]. On peut dire que la bataille de Pharsale mit fin à la guerre dans la péninsule hellénique. Athènes se rendit immédiatement à Calénus qui l’assiégeait ; le clément vainqueur de Pharsale accorda son plein pardon à la ville, pour l’amour de sa gloire passée. Toutefois César ne put s’empêcher de dire avec hauteur aux représentants de la cité athénienne : Combien de fois la gloire de vos pères vous sauvera-t-elle encore ?[225] Tandis que la péninsule hellénique se trouvait ainsi enlevée aux républicains jusqu’à Mégare ; que lu puissante Rhodes (dont la flotte avait beaucoup souffert dans les combats livrés dans l’Adriatique et dans le voisinage) fermait ses ports aux Pompéiens fugitifs[226] ; que tout l’Orient abandonnait Pompée ; tandis que ses armées de terre et de mer évacuaient, sans résister plus longtemps, Dyrrhachion, après l’avoir pillé, puis Corcyre[227] ; tandis que César poursuivait son malheureux adversaire — qui fuyait vers le sud en passant par Larissa, Tempé et Amphipolis, puis par Mitylène (où il retrouva sa famille, qui y vivait depuis quelques mois, et où le philosophe Cratippe essaya de le consoler) — à travers la Thessalie, la Macédoine, l’Asie et Rhodes, jusqu’à sa tombe sur la rive égyptienne[228], une partie de l’armée battue cherchait encore à se maintenir dans le Péloponnèse. Mégare, avec son ancienne ténacité, résistait à Calénus qui l’assiégeait. Lorsque la ville fut enfin prise d’assaut, après bien des combats et non sans l’aide de quelques traîtres, la plupart des habitants perdirent la vie ; un grand nombre de personnes périrent misérablement parce que quelques fanatiques, dans leur désespoir, avaient lâché, contre les soldats de César qui montaient à l’assaut, plusieurs lions destinés à prendre part, à Rome, aux combats du cirque : ces bêtes s’étaient mises à déchirer indistinctement Grecs et Romains. Le reste des habitants de la malheureuse petite ville fut réduit en esclavage ; cependant Calénus, en cédant à vil prix ses victimes à quelques-uns de ses amis, leur laissait au moins l’espoir de se racheter bientôt eux-mêmes ou de se faire rendre la liberté par d’autres[229]. Le terrible sort de cette petite ville ôta aux autres habitants du Péloponnèse toute envie de résister plus longtemps au sévère légal. Patræ, où Caton et d’autres Romains républicains avaient voulu résister encore, fut évacué à l’approche des troupes de Calénus[230]. La guerre était donc terminée en Grèce ; elle y avait à peine duré deux ans, et pourtant elle avait beaucoup contribué à la ruine du pays[231]. Les Hellènes d’Asie et ceux des îles qui n’avaient pas souffert directement de la guerre n’en avaient pas moins dû fournir des hommes et des vaisseaux, des approvisionnements de toute espèce ; ils avaient été impitoyablement pillés par les soldats de Pompée[232] et s’étaient de nouveau profondément endettés[233]. Metellus Scipion, proconsul de Syrie en 49, s’était rendu coupable des plus odieuses exactions ; il avait, entre autres, contraint les fermiers d’impôts de lui verser non seulement le montant des contributions de l’année courante et de la précédente, mais les sommes qui n’étaient dues que l’année suivante ; le même Metellus, en traversant la province d’Asie avec ses troupes et pendant que ces dernières se trouvaient dans leurs quartiers d’hiver (de 49 à 48 av. J.-C), y avait fait des réquisitions de toute espèce ; il avait établi en outre des impôts extraordinaires et les avait fait rentrer de la façon la plus brutale ; là aussi, du reste, il avait exigé des fermiers le payement anticipé des impôts pour l’année 48[234]. Ce qui, dans la Grèce d’Europe, était venu augmenter toutes ces misères, c’est que tout le pays, depuis Dyrrhachion et l’Haliacmon jusqu’à l’isthme de Corinthe, avait été le théâtre de la guerre ; que tous ces cantons avaient été épuisés par les armées ennemies et qu’un grand nombre d’entre eux avaient été, comme l’Attique et la Béotie du temps de Sulla, totalement dévastés. Un des hauts fonctionnaires de César, le célèbre gouverneur de la péninsule grecque (46-45 av. J.-C.[235]), Servius Sulpicius, n’aperçut, peu d’années plus tard, sur les bords du golfe Saronique, sur les côtes de l’Attique, dans l’île d’Égine, dans la Mégaride et sur le territoire de Corinthe, que des villes ruinées et des campagnes désertes[236]. Sous le coup de la détresse générale de ces temps-là, les pirates établis à Dyme en 67 avaient quitté leurs demeures ; reprenant leur ancien métier, ils recommençaient à infester les mers voisines[237]. Bien que les villes grecques fussent toujours encore remplies de fugitifs et d’exilés appartenant au parti vaincu (pendant les dix-huit années qui suivirent, ils furent de plus en plus nombreux jusqu’à la victoire complète d’Octavien sur le dernier de ses adversaires) ; bien que, pendant des années encore, on trouvât, notamment dans le nord de la Grèce, les débris de l’armée de Pompée mise en déroule à Pharsale, en somme, la paix était rendue au pays. Il y a plus : depuis l’été de l’année 46 av. J.-C, la Grèce, comme l’empire romain tout entier, se trouvait sans conteste sous la domination du grand César, qui s’occupa dès lors avec zèle et avec la perspicacité de son puissant génie du relèvement de cette partie de l’empire. Les impôts furent partout perçus avec plus de régularité ; on les diminua ; dans la province d’Asie, les impôts directs ne furent plus affermés aux publicains (dont les excès avaient été souvent déjà réprimés avec sévérité) ; on les diminua d’un tiers et on en fixa probablement la somme à cette époque[238]. Si la province d’Asie profita de toutes ces mesures, la Grèce fui favorisée d’une façon différente. Immédiatement après la bataille de Pharsale, la Thessalie, en souvenir de cette journée mémorable, avait été exemptée d’impôts[239]. Nous ne savons pas si les présents que fit César aux Athéniens pour embellir leur ville leur ont été faits pendant sa dictature[240] ; nous savons, par contre, que le grand empereur résolut de faire aux Hellènes d’Achaïe un présent d’une nature tout différente, mais qui pour eux fut un bienfait immense. Si d’un côté César, dans un but politique et social, fonda des colonies de vétérans[241] en Espagne et en Gaule, à Sinope et à Héraclée sur la mer Noire, il forma aussi le projet, tant pour l’expiation de deux des plus grands crimes de l’ancienne République que pour débarrasser la capitale du monde d’une foule de misérables prolétaires et répandre l’élément romain dans les contrées vaincues, d’établir une grande partie des quatre-vingt mille Romains qu’il destinait à la colonisation d’outre-mer (c’étaient pour la plupart des affranchis) sur les ruines de Carthage et sur celles de Corinthe[242]. Cent deux ans après la destruction de cette dernière, on commença à bâtir (44 av. J.-C.) sur l’ancien plateau au nord de la citadelle, une ville nouvelle, Laus Julia Corinthus[243], sur le sol même où avait été conservé depuis les temps de Mummius, entre autres monuments échappés à une destruction complète, un vieux temple d’Athéné avec son culte (sur le côté gauche de la route de Sicyone)[244]. Cette fondation nouvelle, qui semblait pouvoir prétendre à un bel avenir, donna lieu tout d’abord à un nouveau genre de trafic. En effet, les nouveaux colons découvrirent bientôt, dans un grand nombre de tombeaux mis au jour par les travaux de construction, une foule de vases de terre et de métal d’une valeur artistique considérable. On se mit à dépouiller les tombeaux du pays, et Rome, pendant un certain temps, fut inondée de ces objets d’art qu’on appelait Nécrocorinthies. Mais le commerce qu’on faisait avec ces dépouilles prit fin lorsque les fouilles ne produisirent plus que des choses de peu de prix et qu’on envoya au marché, d’ailleurs trop abondant déjà, des objets imités ou des vases d’une valeur artistique inférieure[245]. Cependant le développement de la nouvelle ville, que César avait voulu hâter par l’exécution de l’ancien plan de Périandre et de Démétrios Poliorcète, c’est-à-dire par le percement de l’isthme[246], sous la direction de l’ingénieur Aniénos, ne fut point favorisé par une paix durable dans l’empire. On sait que le grand Jules fut assassiné le 15 mars de l’année 44 par des républicains groupés autour de M. Brutus et de Gaius Cassius. Bien loin de pouvoir jouir tranquillement des bienfaits de la paix, d’une administration meilleure de l’empire et des provinces[247] et en général du gouvernement intelligent du grand empereur, la Grèce, la Macédoine et tout l’Orient de l’empire furent bientôt entraînés de nouveau, comme l’Italie, dans le tourbillon destructeur de la plus cruelle des guerres civiles. Un grand nombre de villes de l’île de Crète avaient à peine obtenu, à prix d’argent et conformément, disait-on, aux intentions de César, la restitution de leur autonomie[248] grâce aux décisions du consul M. Antonius (dans l’été de l’année 44), lorsqu’on se ressentit, au delà de l’Adriatique, des nouveaux troubles qui agitaient l’Italie. On sait que César, peu avant sa mort, avait destiné à M. Brutus, à l’expiration de ses fonctions de préteur, qu’il avait exercées en 44, le gouvernement de la Macédoine ; à Gaius Cassius, dans des conditions analogues, celui de la Syrie ; à Gaius Trébonius, pour l’année 44 déjà, celui de l’Asie[249] ; après le meurtre du grand empereur, ces dispositions de César furent, ainsi que d’autres, confirmées le 17 mars par un sénatus-consulte. Cependant les mouvements ultérieurs qui eurent lieu à Rome et notamment les intrigues du consul M. Antonius ne changèrent que trop tôt tout cet état de choses. En effet, ce rusé diplomate réussit (vers la fin d’avril de l’an 44) à faire donner par un plébiscite à P. Cornélius Dolabella, son collègue dans le consulat, la province de Syrie pour l’an 43, et à obtenir pour lui-même la promesse qu’au bout de l’année courante la Macédoine[250] ne serait pas donnée à Brutus, mais à lui-même comme province proconsulaire. Brutus et Cassius, les principaux chefs des républicains, reçurent la mission de veiller à l’approvisionnement de la capitale (5 juin 44) ; ils devaient en conséquence se rendre sans tarder d’abord en Sicile et en Asie ; on leur avait promis qu’ils seraient nommés, à l’expiration de leur préture, propréteurs de Crète-Cyrène et de Bithynie[251]. Ces deux hommes, qui ne pouvaient alors se maintenir à Rome au milieu des agitations de la foule et des intrigues d’Antoine, se montrèrent d’abord disposés à accepter cet arrangement. Mais bientôt Antoine fit paraître si clairement ses intentions à leur égard, qu’ils rompirent ouvertement avec lui (au commencement du mois d’août) et quittèrent l’Italie au commencement d’octobre pour se rendre en Orient. Mais leur but n’était plus la Crète-Cyrène et l’Asie-Mineure ; ils avaient, au contraire, l’intention de se rendre maîtres par la force des provinces de Macédoine et de Syrie, que César leur avait destinées pour l’année 43[252]. Les succès de Brutus furent d’abord rapides et brillants. Il commença par se rendre à Athènes. Les Athéniens avaient supporté impatiemment le gouvernement absolu de César. L’aréopage avait eu la fermeté de refuser, en 43, à Servius Sulpicius, gouverneur de la presqu’île gréco-macédonienne pour le compte de César, philhellène d’un caractère doux et d’un esprit très cultivé, une tombe dans l’enceinte des murs d’Athènes pour son ancien collègue dans le consulat, M. Marcellus, partisan de Pompée. Marcellus, après la bataille de Pharsale, avait vécu dans l’exil à Mitylène ; gracié enfin par César, il avait été assassiné au Pirée, au mois de mai de l’an 45, par P. Magius Cilo, un de ses clients et compagnons, au moment où il s’en retournait en Italie. L’aréopage, en s’obstinant dans son refus, alléguait des scrupules religieux et se fondait sur une antique loi religieuse de Solon qui interdisait de construire des tombeaux dans l’intérieur des murs de la ville ; il se contenta d’autoriser Sulpicius à ensevelir son ami dans l’Académie[253]. Lorsque Brutus parut à Athènes, l’esprit républicain des habitants, qui n’était pas encore complètement éteint, se ranima avec violence[254]. Brutus fut acclamé avec enthousiasme ; on rendit des décrets en son honneur et en l’honneur de Cassius, et on plaça les statues d’airain de Brutus et de Cassius à côté de celles des assassins des tyrans d’autrefois, Harmodios et Aristogiton[255]. Brutus, pour lequel se déclara presque toute la Grèce (il n’y avait pas alors de troupes ennemies) jusqu’en Thessalie[256], resta d’abord quelque temps à Athènes. Tout en y fréquentant à loisir les plus célèbres professeurs[257], il prenait toutes les mesures nécessaires pour se rendre maître de la Macédoine au triple point de vue diplomatique, financier et militaire. A Athènes, il gagna presque tous les jeunes étudiants romains, et parmi eux le jeune Marcus Cicéron, Horatius Flaccus, le jeune L. Bibulus, et d’autres encore[258]. Lorsque (vers la fin de l’année 44) il se mit en marche pour le nord, de grandes provisions d’armes que César, peu avant sa mort, avait entassées en vue de la guerre contre les Parthes qu’il préparait avec ardeur, lui tombèrent entre les mains à Démétrias[259]. De plus, les débris de l’armée de Pompée vaincue à Pharsale, qui se trouvaient dans ces contrées, se joignirent à Brutus ; divers corps de troupes organisées (notamment la cavalerie destinée au proconsul Dolabella, parti pour la Syrie [v. ci-après] au mois de novembre de l’an 44), se rendirent à lui pendant qu’il traversait la Thessalie pour se rendre en Macédoine[260]. Q. Hortensius, de son côté, alors gouverneur de cette province et partisan de César, blessé sans doute du manque d’égards de M. Antonius, reçut Brutus avec bienveillance, le reconnut pour son successeur légitime et lui prêta son appui[261]. En peu de temps, Brutus se vit en possession de toute la péninsule gréco-macédonienne et d’une partie de l’Illyrie. Gaius Antonius, le frère de Marcus — auquel ce dernier (pour réaliser ses plans, Marcus avait demandé au Sénat, vers la fin de juillet de l’an 44, d’enlever au républicain Décimus Brutus le gouvernement de la Cisalpine, d’où l’on pouvait si facilement dominer l’Italie ; il avait demandé pour lui-même le commandement dans les pays cisalpins, et le peuple avait accédé à ses désirs ; mais ce n’est qu’à la fin du mois de novembre de l’an 44, qu’il s’était trouvé en mesure de disputer la Cisalpine à Décimus Brutus), en se rendant dans l’Italie supérieure, avait fait conférer pour l’année 43, la Macédoine comme province prétorienne — après avoir débarqué vers la fin de l’an 44 dans l’Illyrie macédonienne, fut serré de près, dans les premiers mois de l’an 43, par les troupes de M. Brutus qui étaient accourues à marches forcées de Dyrrhachion à travers la neige, enfermé enfin dans Apollonie et contraint de se rendre au mois de mars de l’an 43[262]. Le Sénat, qui avait alors ouvertement rompu avec Marc Antoine et qui (on était alors au plus fort de la guerre de Modène) se voyait encore protégé par l’armée du jeune César Octavien, approuva complètement les mesures prises par Brutus, qui fut reconnu comme gouverneur général et commandant en chef dans les provinces entre l’Adriatique et la Propontide[263]. Brutus alors leva des troupes fraîches en Macédoine et fit, dans l’été de l’an 43, la guerre aux sauvages Besses de la Thrace[264], jusqu’au moment où la tournure inattendue que prirent les affaires en Gaule et en Italie, après la guerre de Modène, et l’alliance conclue principalement contre lui et Cassius à la suite de ces événements entre Lepidus, M. Antoine et Octavien (octobre 43), qui formèrent un triumvirat, forcèrent Brutus à déployer une énergie plus grande. Dans l’automne de l’an 43, il se réunit à Smyrne avec Cassius, qui, au mois de mai de l’année 43, avait été reconnu d’une façon analogue par le Sénat comme gouverneur de la Syrie et de la Macédoine, et avait non seulement réussi à soumettre une grande partie de la Syrie, mais combattu avec succès dans le nord de cette contrée et enfin complètement vaincu, en juillet de l’an 43, l’aventureux Dolabella. Ce dernier, à la nouvelle du départ de Cassius pour la Syrie, avait quitté l’Italie dans son intérêt personnel, en novembre de l’an 44, et traversé, non sans perles, la Grèce et la Macédoine ; il était arrivé en Asie au commencement de l’an 43, avait fait périr dans les tourments, à Smyrne, au mois de février de l’an 43, le proconsul de cette province, Trébonius, comme meurtrier de César[265], et épuisé les finances de cette province. Or, tandis que Bru tus et Cassius faisaient de grands préparatifs dans toute la moitié orientale de l’empire romain, depuis l’Euphrate jusqu’à l’Adriatique, pour opposer une résistance énergique aux sanguinaires triumvirs ; tandis que la malheureuse province d’Asie était si cruellement exploitée dans ce but qu’on extorqua à ses malheureux habitants (en 43 et en 42 avant J.-C.) une somme équivalente au total des impôts que l’Asie devait payer à Rome en dix ans[266] ; les deux généraux républicains s’efforçaient de réduire par la force quelques contrées qui leur étaient hostiles ou qui s’obstinaient dans leur neutralité. Les malheureux Rhodiens surtout furent cruellement frappés. Toujours prudents, les Rhodiens, depuis la bataille de Pharsale, étaient restés fidèles à César, qui, notamment depuis la guerre d’Alexandrie, les traitait avec beaucoup de bienveillance ; même après la mort de César, ils ne voulaient point changer légèrement de parti et avaient, en conséquence, soutenu en dernier lieu le partisan de César, Dolabella, contre Cassius[267]. Pendant que celui-ci, vers la fin de l’automne de l’an 43, campait près de Myndos en Carie, ils essayèrent de s’entendre avec lui en se déclarant prêts à rendre au Sénat (avec lequel ils avaient renouvelé, en 51 av. J.-C., leur ancien traité[268]) tous les services qu’il leur demanderait. Mais Cassius ne voulut pas les écouter. Il déclara — et, il faut bien le dire, avec raison, en face de la situation de l’Italie, où les sanguinaires triumvirs Antoine, Octavien et Lepidus exerçaient une terrible tyrannie depuis le mois d’octobre de l’an 43 — que le Sénat n’était pas libre, et que l’alliance dès Rhodiens avec Dolabella rendait nul leur traité avec Rome. Il demanda donc, malgré les tentatives de médiation de son vieux maître rhodien Archélaos, une soumission absolue. Mais le démos rhodien, à l’instigation du prytane Alexandre et du navarque Mnaséas, repoussa le projet de l’aristocratie de se soumettre à Cassius ; il se rappelait mal à propos la guerre glorieuse qu’il avait faite à Démétrios Poliorcète et au féroce Mithridate, ainsi que les hauts faits qu’il avait accomplis récemment près d’Alexandrie sous la conduite de César, et vantait avec orgueil sa flotte excellente et l’habileté de ses marins. La lutte commença donc. Après deux batailles navales, près de Myndos et dans le détroit qui se trouve entre Rhodes et Loryma, dans lesquelles l’habileté et la tactique des Rhodiens succombèrent à la supériorité numérique et à la force massive des vaisseaux de guerre romains, les Romains débarquèrent dans l’île de Rhodes même. Après un siège assez court, la ville de Rhodes, probablement grâce à la coopération d’une partie des habitants eux-mêmes, fut prise par l’ennemi, pillée systématiquement par Cassius, qui insultait à son malheur, et ruinée pour de longues années. Cassius, il est vrai, avait défendu sévèrement à ses soldats de piller la ville, qui n’avait pas été prise d’assaut, mais seulement pour pouvoir d’autant mieux remplir sa caisse militaire. Car immédiatement après la prise de Rhodes, il fit exécuter cinquante de ses habitants les plus considérables ; vingt-cinq autres furent bannis et leurs biens confisqués. Les trésors du temple d’Hélios et des autres sanctuaires et édifices publics, tous les objets précieux, qu’ils fussent propriété publique ou privée, durent être livrés ; en outre, il fallut payer une somme si considérable que le butin fut estimé à la somme de 8.500 talents (51 millions de francs). Enfin la petite république si cruellement maltraitée dut aussi livrer ses vaisseaux de guerre ; une garnison de 3.000 hommes, sous L. Varus, resta dans l’île[269]. Après ces actes de violence, Cassius alla rejoindre Brutus à Sardes au commencement de l’année 42[270]. Assez longtemps après, vers la fin de l’été de l’an 42, les armées républicaines — après que les premières troupes des triumvirs (que l’escadre de L. Statius Murcus, d’abord envoyée au Ténare par Cassius, après la prise de Rhodes, pour surveiller les mers occidentales et pour lever des contributions dans le Péloponnèse[271], ne réussit pas à arrêter dans la mer Ionienne), venant de Brundisium et de Dyrrhachion, eurent déjà occupé les défilés sur la frontière thraco-macédonienne — marchèrent sur la Thrace par Sestos et. Abydos, probablement sans se hâter. Bientôt les deux armées ennemies se trouvèrent en face l’une de l’autre, les républicains s’appuyant sur Philippes et Thasos, les triumvirs Antoine et Octavien sur Amphipolis et Thessalonique ; une bataille décisive était imminente[272]. Dans le camp des républicains se trouvaient, paraît-il, comme autrefois auprès de Pompée, à côté des troupes auxiliaires de l’Orient, de nombreux bataillons de guerriers grecs, sur le secours desquels — peut-être faut-il excepter l’excellente cavalerie des Thessaliens et des Parthiniens (près de Dyrrhachion) et deux légions formées en 43 de Macédoniens et exercées à la romaine — Brutus, malgré ses sympathies bien connues pour les Grecs, ne comptait sans doute pas beaucoup[273]. Par contre, deux mille Lacédémoniens étaient venus se joindre à Octavien ; ils périrent tous plus tard dans la première bataille de Philippes, lorsque Brutus attaqua avec succès le camp d’Octavien[274]. Le passage des Lacédémoniens dans le camp des triumvirs fou mit à Brutus l’occasion de faire à ses soldais (si Plutarque est dans le vrai), pour augmenter leur ardeur avant la dernière bataille décisive, la honteuse promesse de leur permettre de piller, s’il était vainqueur, les villes de Thessalonique et de Sparte[275]. Quoi qu’il en soit, la défaite complète des républicains dans la seconde bataille de Philippes (vers la fin de l’automne de l’an 42 av. J.-C.) et la mort de Brutus mirent rapidement fin à cette guerre et livrèrent la péninsule gréco-macédonienne aux triumvirs, surtout à Marc-Antoine, qui, après cette grande victoire, entreprit avant tout la tâche de faire respecter partout en Orient l’autorité des triumvirs et de se procurer en même temps des sommes importantes pour satisfaire l’avidité de leurs vétérans. Les Hellènes n’eurent d’abord aucune raison de s’inquiéter beaucoup du nouvel ordre de choses, qui, du moins, leur rendait la paix. Vers la fin de la lutte, ils n’avaient pas souffert directement ; une seule fois Octavien et Antoine, à cause de l’épuisement complet de la Macédoine et de la Thessalie, avaient envoyé une légion en Achaïe pour y fourrager[276] ; c’était au moment des combats formidables qu’on se livrait autour de Philippes. Antoine, qui nomma L. Marcius Censorinus gouverneur de la Macédoine et de l’Achaïe[277], et qui — en se rendant de Philippes en Grèce — reçut dans l’île de Thasos la soumission de plusieurs des partisans les plus considérables de Brutus ; qui en outre, enleva[278] des provisions considérables d’argent, de vivres et de matériel de guerre amassées par les républicains Vaincus, n’avait nullement l’intention de punir les Hellènes de leurs sympathies pour le parti abattu. D’une nature chevaleresque au fond, et, malgré le sang qu’il avait versé en Italie, capable de générosité, il n’avait, comme vainqueur heureux, aucun motif pour persécuter cruellement les Grecs, qui ne l’avaient même pas personnellement blessé. A Athènes, il se rappela le séjour qu’il avait fait autrefois en Grèce ; il se sentit tellement captivé par le charme de la vie athénienne, avec ses plaisirs faciles et élégants, et tellement enivré par les flatteries de ces descendants de Cécrops, aussi rusés que souples et serviles, qui vantaient en lui, avec une parfaite connaissance de son caractère, le philhellène et l’ami des Athéniens, qu’il oublia complètement son rôle de soldat victorieux, qu’il se plut à vivre en Hellène parmi les Hellènes et à assister aux leçons des philosophes, aux jeux publics et aux fêtes des Athéniens ; il finit même par leur donner, entre autres choses (il était alors en Asie), l’île d’Egine, Icos, Céos, Sciathos et Péparethos (et peut-être aussi la ville d’Érétrie)[279]. Il se rendit aussi à Mégare, à la prière des habitants de cette ville si cruellement maltraitée par Calénus six ans auparavant, et leur promit de reconstruire leur temple d’Apollon ; cet édifice, d’ailleurs vieux et laid, avait probablement été détruit lors de la prise de Mégare par Calénus ; c’est avec une ironie toute moderne qu’il répondit aux bons bourgeois de cette petite ville insignifiante qui lui montraient leur Hôtel-de-Ville, en comptant sur son étonnement et son admiration : Il est petit, il est vrai, mais il ne tient plus[280]. Cet aimable commandant en chef n’en devait pas moins achever la ruine de la Grèce. Antoine n’était pas, il est vrai, rapace comme beaucoup de gouverneurs romains ou de banquiers chargés de la malédiction des provinces ; mais il lui fallait des sommes énormes pour satisfaire ses soldats et subvenir aux dépenses de sa vie déréglée. La Grèce, notamment le Péloponnèse, dut lui fournir des sommes considérables, et il ne se trouva pas partout des Romains obligeants comme les banquiers Nemerius et Marcus Cloatius à Gytheion, qui non seulement prêtèrent de l’argent à la ville, mais s’employèrent utilement pour elle auprès de l’agent du triumvir[281]. Antoine était d’ailleurs excessivement léger et ne se préoccupait que fort peu des expédients financiers et des exactions de ses compagnons[282]. Ces défauts, joints aux complications des affaires politiques pendant les douze années qui suivirent, portèrent à son comble la misère des Hellènes des deux côtés de la mer Égée. Ce furent d’abord les Grecs d’Asie qui souffrirent le plus cruellement[283]. Là aussi, il est vrai, Antoine, après avoir débarque à Éphèse (au commencement de l’an 41), se montra disposé au pardon ; il fut clément à l’égard des Hellènes, qui, le connaissant très bien, le reçurent avec enthousiasme et le comblèrent d’honneurs ; il récompensa notamment les malheureux Rhodiens, qui, à la nouvelle de la défaite et de la ruine du parti républicain à Philippes, s’étaient révoltés sans tarder et avaient contraint la garnison laissée dans l’île par Cassais à se retirer : pour pris de leur fidélité, il leur donna les lies d’Andros, de Ténos et de Naxos, et la ville de Myndos[284]. Mais le général avait besoin de beaucoup d’argent ; il fallut donc que ce pays, si cruellement exploité par Dolabella, Brutus et Cassius, lui payât dix années de tribut dans l’espace d’un an. Il voulut bien, à la fin, se contenter d’un tribut de neuf ans payable en deux ans, et l’on considéra cette concession comme une grande faveur. Et cependant cet homme, d’ailleurs très généreux aux dépens de la province, qui tachait de se procurer de l’argent par tous les moyens possibles, excepté par l’usure, les spéculations et l’économie, se préoccupait si peu de l’énorme profit que faisaient ses officiers et ses favoris sur les impôts de la province d’Asie, que sa caisse, en fin de compte, ne se trouva que médiocrement pleine. Il fallut donc que les habitants de la province d’Asie couvrissent encore le déficit ! Hybréas (avoué et premier magistrat de Mylasa) parait avoir réussi enfin, grâce à la franchise de ses paroles et à ses énergiques remontrances, à restreindre ces abus dans une certaine mesure[285]. Ce fut probablement vers la fin de l’an 41 ou au commencement de l’an 40 qu’il dit à Antoine : L’Asie t’a donné 200.000 talents (1200 millions de francs) ! Si tu veux nous imposer deux fois par an, il faut aussi que tu nous donnes deux étés et deux automnes ! Si tu n’as pas reçu ces 200.000 talents, demande-les à ceux qui les ont touchés ; mais, si tu les as reçus et déjà dépensés, nous sommes perdus ! Ces exactions et, bientôt après, la terrible invasion des Parthes, qui pénétrèrent, en 40 av. J.-C, jusqu’en Carie et en Ionie ; les préparatifs formidables que fit Antoine en 36 av. J.-C. pour les repousser, puis la mauvaise administration du pays par Antoine, qui (depuis 35) résidait à Alexandrie, et enfin les immenses préparatifs qu’il fit pour sa dernière guerre contre Octavien, achevèrent la ruine des Grecs d’Asie. En Achaïe, le sort des Hellènes fut tout différent. La Grèce d’Europe avait joui de plusieurs années d’une paix profonde, troublée seulement, vers 39 environ av. J.-C., par les flottes de Sextus Pompée, alors maître de la Sicile, et par celles de l’amiral Domitius Ahenobarbus[286], qui croisait dans la mer Ionienne avec un reste des forces navales de Brutus et de Cassius, en s’appuyant sur quelques points fortifiés, comme, par exemple, Céphallénie. L’arrivée à Athènes de Fulvie, femme d’Antoine (avec ses partisans), après la malheureuse guerre de Pérouse (au printemps de l’année 40), les scènes assez vives qui eurent lieu entre les deux époux, la mort de Fulvie à Sicyone[287], tous ces échos des événements les plus récents en Italie pouvaient bien exciter l’intérêt des Hellènes ; mais la guerre entre Antoine et Octavien, qu’on redoutait déjà, en vue de laquelle l’île de Rhodes avait dû fournir des vaisseaux[288], n’avait pas encore éclaté. Au contraire, Antoine, après la signature des traités — de celui de Brundisium, par lequel Octavien et Antoine se partageaient l’empire romain (dans l’automne de l’an 40), et de celui de Misène (dans l’été de l’année 39), qui rétablit pour quelque temps la paix entre Sextus Pompée et les triumvirs — s’en retourna tranquillement en Grèce, dans l’automne de l’année 39, maître de toutes les provinces et de tous les États clients de l’empire situés à l’est d’une ligne passant par la mer Ionienne et l’Adriatique, le fleuve Drilon (qui séparait l’Illyrie macédonienne de la Dalmatique) et la ville de Scodra. Accompagné cette fois de sa jeune et charmante femme Octavie, sœur d’Octavien, que celui-ci lui avait donnée en mariage, en 40, pour assurer l’exécution du traité de Brundisium, il choisit pour résidence Athènes et y resta avec cette femme distinguée (sauf quelques interruptions) depuis la fin de l’année 39 jusqu’au printemps de l’an 36 av. J.-C[289]. Cependant le maintien de la paix dans l’empire devait coûter cher, du moins au Péloponnèse. On sait qu’Octavien et Antoine signèrent en 39, à Misène, un traité de paix avec Sextus Pompée, le fils du grand Pompée, qui, depuis l’an 43 av. J.-C, paralysait le commerce sur les côtes de l’Italie, grâce à sa flotte puissante et à sa position de maître de la Sicile, et empêchait l’arrivage devenu indispensable des blés d’outre-mer en Italie. Une des clauses de ce traité était la cession du Péloponnèse à Sextus[290]. Or Antoine, avant de livrer ce pays à Pompée, qu’il détestait, voulait le rendre aussi improductif que possible ; comme il avait toujours besoin d’argent et que l’Asie ne pouvait plus fournir alors de nouvelles sommes d’argent, il se mit à exploiter sans pitié le Péloponnèse, en lui imposant d’énormes contributions. Il finit même par déclarer que le Péloponnèse ne pouvait être cédé à Sextus que si ce dernier lui payait les sommes qui lui étaient encore dues dans la péninsule, ou s’il en garantissait tout au moins le paiement, ou enfin s’il voulait attendre que les habitants l’eussent satisfait. Bientôt de nouvelles difficultés surgirent, et Antoine consentit d’autant moins à se dessaisir de la péninsule que les rapports entre Sextus et Octavien étaient redevenus assez tendus pour rendre inévitables une rupture ouverte et une nouvelle guerre[291]. Pendant ce temps, on menait joyeuse vie à Athènes. Les Athéniens avaient brillamment reçu, dans l’automne de l’année 39 av. J.-C., le général nouvellement marié ainsi que sa jeune femme, et Antoine — il avait, sur ces entrefaites, confié à son éminent légat P. Ventidius la guerre contre les Parthes, par lesquels l’Assyrie et l’Asie-Mineure avaient été envahies en 40, et à son légat Gaius Asinius Pollion le soin de combattre et de soumettre les Parthiniens (près de Dyrrhachion), qui, depuis 42, persistaient dans la révolte comme fidèles partisans de Brutus (Pollion célébra son triomphe sur cette peuplade le 25 octobre 39[292]) — se disposa à mener en attendant, au milieu d’eux, une vie de plaisirs faciles et élégants. A la grande joie des Athéniens, il adopta les mœurs de la Grèce, porta le costume du pays, et fréquenta les gymnases et les leçons des philosophes et des rhéteurs qui enseignaient à Athènes. Et lorsque, dans l’hiver de 39-38 av. J.-C., il reçut la nouvelle des brillantes victoires de Ventidius, qui depuis l’été de l’année 39 avait chassé les Parthes de l’Asie Mineure, les avait battus à plusieurs reprises dans le Taurus et sur les frontières de Syrie et avait fini par les expulser de celle contrée, il célébra ces succès à Athènes par des fêles splendides ; les habitants furent magnifiquement traités ; les jeux athlétiques, auxquels le général assista en personne, en qualité de gymnasiarque, les remplirent d’enthousiasme[293]. Les Athéniens, selon leur habitude, répondaient à ces marques de condescendance par des flatteries exagérées ; c’est ainsi qu’ils consacrèrent à Antoine[294], en changeant les inscriptions, les statues colossales érigées autrefois dans l’acropole en l’honneur des rois de Pergame Eumène II et Attale II. Gomme il l’avait déjà fait en Asie après la bataille de Philippes[295], Antoine ne craignit pas de se poser à Athènes en nouveau Dionysos. Dans les grottes et sur les pentes du rocher de l’acropole, au-dessus du théâtre de Dionysos, il célébra un jour, avec ses amis et avec la coopération de nombreux artistes et mimes italiens, une fête bachique, aussi immorale que grotesque et fantasque ; puis, après de copieuses libations, il monta le soir à l’acropole, tandis que des lampes et des torches éclairaient brillamment tous les toits de la ville. Il y eut dans la suite plusieurs fêtes du même genre. Puis il ordonna à toutes les villes de la Grèce, par la voix des hérauts, de l’adorer comme Dionysos. Les Athéniens furent assez serviles et en même temps assez naïfs pour fiancer le nouveau Dionysos à leur déesse Athéné Polias : le Romain, très pratique, les pria de lui donner une dot d’un million de drachmes (ou de francs), ou même de mille talents (six millions de francs.[296]) Lorsque, au printemps de l’année 38, il se remit en route pour l’Asie, pour faire la guerre aux Parthes, il laissa sa femme en Grèce et emporta, obéissant aux injonctions d’un oracle, une couronne faite d’une branche de l’olivier sacré d’Athéné, sur l’acropole, et une cruche remplie d’eau de la source de Clepsydre[297]. Les Athéniens ne devaient plus le revoir que dans des circonstances complètement différentes, après que, au printemps de l’année 36 av. J.-C., il se fut rendu d’abord en Italie, puis (en y laissant Octavie) eut repris le chemin de l’Asie. Les Hellènes, de 36 à 33 av. J.-C., avaient vu Antoine, d’abord par sa malheureuse guerre contre les Parthes — à côté de laquelle la défaite de Sextus Pompée[298], en 36, par Octavien et son grand général M. Vipsanius Agrippa, et plus tard les victoires remportées par Octavien sur les tribus barbares de la Dalmatie et de la Pannonie, en 35 et 34 av. J.-C.[299], paraissaient d’autant plus glorieuses — et plus encore par la vie de plaisirs effrénés qu’il menait avec sa maîtresse, la reine Cléopâtre, son mauvais génie, ébranler lui-même de plus en plus la situation qu’il occupait dans l’opinion publique, à côté d’Octavien si habile et si maître de lui-même. Ils voyaient que, depuis l’année 33, l’empire romain était fatalement entraîné vers un nouveau et dernier duel entre Octavien et Antoine[300] ; que, tout en faisant dans tout l’Orient d’immenses préparatifs en vue de la lutte finale, Antoine et Cléopâtre continuaient leur vie de plaisirs et de folles orgies à Ephèse d’abord, où ils se rendirent en 32, puis à Samos[301]. Puis ce couple imprévoyant se rendit à Athènes ; là encore, tout en se préparant à la lutte finale, dont l’enjeu était la couronne impériale, Antoine et Cléopâtre ne cessèrent de s’étourdir au milieu des jouissances les plus raffinées. On vit alors Cléopâtre demander pour elle-même les honneurs que les Athéniens avaient décernés à la noble Octavie (dont Antoine, alors seulement, se sépara formellement). Les Athéniens, si bien dressés au servilisme, hésitèrent un instant ; mais les présents de la reine et les ordres d’Antoine écartèrent tous les obstacles. Une députation de la ville, à la tête de laquelle se trouvait Antoine lui-même, comme citoyen athénien, alla porter à Cléopâtre le décret demandé, et bientôt on vit briller dans l’acropole, à côté de la statue d’Antoine, celle de la princesse déifiée[302]. La Grèce était le lieu de rendez-vous des immenses forces de terre et de mer levées par Antoine. Une formidable effervescence régnait parmi les Hellènes d’Achaïe, au moment où le monde romain tout entier prenait parti pour ou contre Antoine. Et, chose assez remarquable, tandis que les légions et les escadres d’Antoine remplissaient la péninsule hellénique, plusieurs villes trouvèrent moyen, guidées, il est vrai, par des motifs ou des sentiments locaux, d’exprimer leurs sympathies pour Octavien. L’immense majorité des Hellènes, et Athènes en première ligne[303], s’étaient naturellement déclarés pour Antoine. Mais en Arcadie, où l’influence de la ville de Tégée et la vieille haine contre les Spartiates, partisans d’Octavien. avaient armé le peuple entier en faveur d’Antoine, Mantinée, s’inspirant de sa vieille hostilité contre sa voisine, refusa son contingent ; on vit même des guerriers de Mantinée se battre à Actium pour Octavien[304]. Quant aux Lacédémoniens, depuis longtemps amis d’Octavien[305], non seulement ils refusèrent de se battre pour Antoine, en faveur duquel leurs ennemis héréditaires, les Messéniens, faisaient d’énergiques préparatifs ; mais un de leurs concitoyens, l’ardent Euryclès[306], dont Antoine avait fait décapiter le père, Lacharès, comme pirate, amena même des vaisseaux et des troupes à Octavien[307]. Nous ne savons pas si Antoine n’eut pas connaissance de ces faits, ou s’il pensa qu’il ne valait pas la peine de punir ceux qui le bravaient ainsi, ou enfin si les Péloponnésiens qui combattirent dans les rangs de l’armée d’Octavien ne passèrent dans son camp que sur les derrières de l’armée d’Antoine et après les premières victoires d’Agrippa (voyez ci-après). Cependant Antoine, qui avait négligé d’attaquer à temps eu Italie son adversaire encore insuffisamment préparé, prit ses quartiers d’hiver à Patræ, dans les derniers jours de l’automne de l’année 32, et distribua ses forces le long des côtes de la mer Ionienne[308]. La Crète, où, pour la troisième fois, allait se décider le sort du monde romain, où s’était rassemblée une armée de 100.000 fantassins et de 12.000 cavaliers, dans les ports de laquelle se trouvaient 800 vaisseaux (parmi lesquels 500 vaisseaux de guerre), souffrait affreusement sous le poids de ces masses. Il y a plus : le manque de matelots — leur nombre avait été réduit de près d’un tiers, pendant l’hiver de 32 à 31 av. J.-C, par la désertion, le besoin et les maladies— obligea Antoine, surtout en 31, de contraindre partout les jeunes Grecs à prendre du service sur ses vaisseaux[309] ; les citoyens les plus considérables (entre autres Nicarque de Chéronée, bisaïeul de l’historien Plutarque) furent employés aux travaux les plus vulgaires ; on allait jusqu à les frapper et à leur faire porter des sacs[310]. La Grèce était arrivée au comble de la misère et de l’appauvrissement. Athènes elle-même fut obligée, faute d’argent, de vendre ou d’engager à un créancier les revenus de l’île de Salamine. C’est sous Auguste seulement que le riche Nicanor racheta l’île à ses frais et la rendit à sa ville natale[311]. Ce fut au commencement du printemps de l’année 31 que commença la lutte. D’abord Agrippa, le vaillant amiral d’Octavien, avec ses escadres légères, se faisait redouter partout dans les mers et sur les côtes de la Grèce ; il s’empara même de Méthone en Messénie[312]. Puis Octavien lui-même, qui ne disposait que de 80.000 hommes d’infanterie, de près de 12.000 cavaliers et de 250 vaisseaux de guerre, franchit sans encombre le détroit qui sépare Brindes de Corcyre, occupa d’abord le port doux près de Toryne en Épire, et prit enfin position avec son armée de terre sur les hauteurs de l’étroite presqu’île qui sépare la partie nord-ouest du golfe d’Ambracie de la mer Ionienne. Sa flotte avait jeté l’ancre dans deux ports qui s’ouvraient sur cette mer, et dont l’un, le plus septentrional, du nom de Comaros, était éloigné de son camp de 60 stades (3 lieues), et l’autre de 12 stades (un peu plus d’une demi-lieue)[313]. Antoine se hâta alors de rassembler ses forces en Acarnanie et dans le voisinage. La position qu’une grande partie de son armée et de sa flotte occupait depuis un an[314] sur le promontoire d’Actium et dans les environs, et qui n’était séparée du camp ennemi que par l’étroit canal qui relie le golfe d’Ambracie à la mer Ionienne, devint le centre des opérations et le quartier général de l’armée de l’imperator de l’Orient[315]. Or, tandis que les avant-postes des deux armées ennemies mesuraient leurs forces sur les rives du golfe d’Ambracie — sans parler de mouvements opérés par les deux adversaires vers l’intérieur du continent gréco-macédonien et de l’agitation menaçante des Gètes et Daces, alliés à Antoine contre Octavien — Agrippa continuait, sans se lasser, à courir les mers sur les derrières d’Antoine. La conquête de l’île de Leucade, une victoire navale à l’entrée du golfe de Corinthe sur P. Nasidius, amiral d’Antoine, la prise de Patræ et de la Nouvelle-Corinthe[316], tels furent les fruits de son incessante activité. Enfin la formidable bataille d’Actium (le 2 septembre de l’année 31 av. J.-C), dont l’issue doit être attribuée en grande partie à la conduite peu honorable d’Antoine et de Cléopâtre, décida des destinées de l’empire romain. Ce drame émouvant fut suivi d’une petite scène qui jette une lumière étrange sur le caractère des Hellènes de cette époque. Quelques navires légers d’Octavien poursuivaient en toute haie Antoine, qui avait honteusement pris la fuite au moment décisif ; le général fugitif accepta le combat avec son escadre et repoussa bientôt les vaisseaux ennemis. Une seule galère lacédémonienne, commandée par cet Euryclès dont nous avons parlé, tint bon, et le sauvage Spartiate, debout sur le pont, s’apprêtait à percer Antoine de son javelot. Et lorsque ce dernier, de la proue du vaisseau de Cléopâtre, lui demanda : Qui es-tu, toi qui poursuis Antoine ? Euryclès lui cria : Je suis Euryclès, fils de Lacharès, et je veux, la fortune de César aidant, venger la mort de mon père. Antoine s’attendait naturellement à un duel à outrance ; mais, au dernier moment, le héros grec perdit courage et, n’osant pas attaquer le vieux lion lui-même, il se jeta sur quelques autres vaisseaux de Cléopâtre ; il en prit deux, en effet, dont l’un — probablement à la grande joie du fils du pirate Lacharès — était chargé de coupes précieuses et de vaisselle d’argent[317]. Après avoir ainsi échappé à cette étrange tentative de vengeance, Antoine continua d’abord sa retraite vers le sud-est en passant par le Ténare[318]. La Grèce, épuisée et mourante, gisait aux pieds du vainqueur d’Actium. |
[1] D’après PLUTARQUE, Lucullus, c. 20, MOMMSEN, R. G., vol. II, p. 400 et DRUMANN, Gesch. Roms, VI, p. 725. IV, p. 140 sq., les habitants de la province d’Asie avaient déjà payé aux usuriers 40.000 talents au lieu de la somme primitive de 20,000 ; et le total de leurs dettes s’était élevé à 120.000 talents ! (V. toutefois MEIER, Pergam. Reich, p. 424, qui, note 89, remplace dans le passage de PLUTARQUE, Lucullus, c. 20 : ύπ’ έκείνων άνηγμένον ήδη τοΐς τόκοις εΐς δώδεκα μυρίαδας ταλάντων par εΐς δ’ c’est-à-dire τέτταρας κ. τ. λ.).
[2] Voyez ci-après l’horrible histoire de Philodamos de Lampsaque, en 79 av. J.-C. On avait fait rentrer avec une rigueur impitoyable les sommes exigées par Sulla ; L. Lucullus, qui resta en Asie après le départ de son chef et devait faire rentrer l’énorme contribution de guerre, était humain et honnête ; mais en somme, et au point de vue pratique, ces qualités ne furent guère profitables aux Asiatiques. Pour se procurer la somme énorme qu’exigeait Sulla, un grand nombre de villes grecques d’Asie durent contracter des dettes considérables à de gros intérêts ; elles devinrent donc plus que jamais la proie de la rapacité des fermiers et des banquiers romains et italiens (v. CICÉRON, Ad Quint, fr. I, 1, 11, 33). Il arriva que non seulement un grand nombre de ces villes se virent forcées d’engager à leurs créanciers leurs théâtres, leurs gymnases, leurs ports et d’autres propriétés communales et de vendre leurs œuvres d’art et leurs bijoux, mais encore que, dans les années qui suivirent, par suite de l’impossibilité où elles se trouvaient souvent de payer même les intérêts et de l’habitude des Romains d’ajouter au capital les intérêts arriérés, d’une part, les dettes de ces villes atteignirent, jusqu’en 70 av. J.-C, un chiffre énorme, et que, de l’autre, les malheureux habitants, s’ils ne préféraient abandonner leurs demeures pour se faire brigands (v. plus bas), étaient soumis, s’ils ne voulaient ou ne pouvaient payer, aux plus odieuses violences par les usuriers romains, auxquels les autorités militaires prêtaient partout leur appui, ou bien se voyaient forcés, pour satisfaire l’exigence des usuriers, de vendre tous leurs biens, puis leurs enfants, et enfin d’aliéner leur propre liberté au profit de leurs créanciers. La situation ne devint meilleure que lorsque le généreux Lucullus, qui commandait en chef pendant la troisième guerre contre Mithridate en 70 av. J.-C., fut intervenu avec énergie en faveur de cette population malheureuse et qu’il eut rendu possible, en décrétant des réductions considérables, des diminutions d’intérêts et des délais aux débiteurs, le paiement plus rapide des dettes et la libération des bâtiments et des propriétés engagés. Cf. APPIEN, Mithr., c. 63. init., 83 fin. PLUTARQUE, Lucullus, c. 4. 7. 20, et v. MEIER, Pergamen. Reich, p. 424. DRUMANN, vol. IV, p. 140 sq. MOMMSEN, R. G., v. III, p. 520 sq. L’opinion de MOMMSEN, vol. II, p. 351 sq. 388, d’après laquelle Sulla opéra un changement dans la manière dont la province d’Asie était imposée, changement qui aurait subsisté jusqu’en 70 av. J.-C. (vol. III, p. 95), est combattue par WALTER, Gesch. des Röm. Rechts, 3e édit., v. I, p. 353, note 81 (cf. 78), qui, d’après les sources, ne reconnaît que certaines mesures prises pour la répartition et la perception de l’amende imposée à la province d’Asie et mentionnée plusieurs fois déjà.
[3] PLUTARQUE, Lucullus, c. 4 ; cf. DRUMANN, Gesch. Roms, vol. IV, p. 123. MOMMSEN, R. G., vol. II, p. 338.
[4] SUÉTONE, Cæsar, c. 2. DION CASS., éd. Dindorf, fr. 97, 4. TITE-LIVE, Epit., lib. 89. Cf. DRUMANN, vol. III, p. 132 sq. MEIER, Pergam. Reich, p. 421. MOMMSEN, p. 339. — Les habitants de Mytilène qui avaient autrefois livré Manius Aquillius à Mithridate s’étaient réfugiés à temps à la cour du roi ; bien des années après, lorsque Mithridate eut enfin succombé et que Pharnace II, son fils, fit la paix avec les Romains (63 av. J.-C), il livra ces criminels à Pompée. APPIEN, Mithr., c. 113, init.
[5] APPIEN, Bell. civ., I, 102, init. MOMMSEN, R. G., vol. II, p. 363 sq. 391.
[6] VALÈRE MAXIME, II, 8, 7.
[7] APPIEN, Bell. civ., I, 99, fin. et L. FRIEDLÆNDER, Darstellungen aus der Sittengeschichte Roms, v. II, p. 303. PAULY, Realencycl., v. I, 2e édit., p. 2002. Comme, en outre, les vieux livres sibyllins avaient péri dans l’incendie du Capitole en 83 av. J.-C., on recueillit depuis, pour pouvoir les reconstituer, dans divers lieux et entre autres dans les villes grecques de Samos, d’Ilion et d’Erythræ, des oracles sibyllins. Cf. TACITE, Annal., VI, 12. DRUMANN, Gesch. Roms, vol. III, p. 63 et 692, et les textes à l’appui dans BECKER-MARQUARDT, Röm. Alterth., vol. IV, p. 298.
[8] Cf. DRUMANN, G. R., vol. IV, p. 125. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 50. BECKER-MARQUARDT, Röm. Alterth., vol. III, Ire partie, p. 146 sq. V. aussi KUHN, Die städt. Verf., vol, II, p. 153 sq., 258 sq. Parmi les anciennes villes grecques de cette contrée, Pline, N. H., V, 32 (43), 149 nous cite comme autonome Chalcédoine.
[9] PLUTARQUE, Lucullus, c. 10. 19. 32.
[10] Cf. PLUTARQUE, Lucullus, c. 7. APPIEN, Mithrid., c. 75. MEMNON, c. 38. FLORUS, I, 39. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 52.
[11] Cf. PAUL DIACRE, Hist. Misc., VI, 20. MEMNON, c. 40, fin. EUTROPE, VI, 6. OROSE, VI, 2. CICÉRON, De provinc. consular., c. 4, 6. Fidèle alliance des Byzantins (pendant la troisième guerre contre Mithridate et la guerre contre les pirates) avec Lucullus et Pompée : TACITE, Annal., XII, 62.
[12] MEMNON, c. 37. 39. 42, init. APPIEN, Mithr., c. 71. PLUTARQUE, Lucullus, c. 8. TITE-LIVE, Epit. lib. 93. AUR. VICTOR, De vir. ill.,74. EUTROPE, VI, 6. OROSE, VI, 2.
[13] MEMNON, c. 40. DIODORE, fr. Scorial. lib. 30 sqq. N° 33, dans Bekker, DIODORE, Bibl. T. IV, p. 270. APPIEN, c. 72-76. PLUTARQUE, Lucullus, C. 9. 10. 12. STRABON, XII, X, 11, p. 862 (575 sq.). CICÉRON, Pro lege Manil., 8, 20 ; Pr. Arch., c. 9, 21 ; Pro Muren., 15, 33. SALLUSTE (fragm. éd. Kritz), Hist., lib. III, 11, n° 15, p. 210 ; lib. IV, 8, n° 19, p. 321 ; lib. V, n° 10, p. 362. TITE-LIVE, Epit. lib. 95. FLORUS, I, 39. AUR. VICTOR, I, 1. EUTROPE, VI, 8. OROSE, VI, 2. OBSEQUENS, c. 121. PAUL DIACRE, Misc. Hist., VI, 16 sqq. Cf. MARQUARDT, Cyzicus, p. 76 sq.
[14] Sur les rapports antérieurs d’Héraclée avec les Romains, v. MEMNON, c. 26. 29. 36, p. 310. KUHN, Städt. Verfass., vol. Il, p. 140. Sur la surprise de la ville par Mithridate, v. MEMNON, c. 38 et 42. V. aussi STRABON, XII, 3, 1 et 2, p. 815 sqq. (541).
[15] MEMNON, c. 43.
[16] MEMNON, c. 45. PLUTARQUE, Lucullus, c. 14. 15. 19. APPIEN, Mith., c. 78. EUTROPE, VI, 8. STRABON, XII, 3,14, p. 823 (547). CICÉRON, Pro lege Manil., 8,21. SALLUSTE, fragm. (Kritz), Hist. lib. IV, n° 1 sqq., p. 302 sqq., lib. V, n° 10, p. 362. PHLEGON, Olymp., fr. (dans WESTERMANN, Script. rer. mir. gr.) ex libb. inc., p. 210, XII, fin.
[17] MEMNON, c. 47. 49. 50. 51. 52. 59 sq. APPIEN, c. 82, fin.
[18] MEMNON, c. 54. PLUTARQUE, Lucullus, c. 23. APPIEN, c. 83. CICÉRON, ibid. EUTROPE, ibid. OROSE, VI, 3.
[19] Cf. STRABON, XII, 8, 11, p. 862 et 863 (575 et 576). TACITE, Annal., IV, 30. SUÉTONE, Tibère, c. 37 et v. plus haut.
[20] MEMNON, c. 45. PLUTARQUE, Lucullus, c. 19.
[21] MEMNON, c. 53, 54. PLUTARQUE, Lucullus, c. 23. STRABON, XII, 3,11, p. 821 sq. (546) et OROSE, VI, 3.
[22] MEMNON, c. 45. PLUTARQUE, Lucullus, c. 19. 23. APPIEN, Mithr., c. 83. OROSE, ibid. PLINE, Epist., X, 92. 93. 9i. Cf. KUHN, Stâdt. Verfass., vol. II, p. 16, 20, 44. BECKKH-MARQUARDT, Zur Statistik, p. 18, et Röm. Alt., III, 1, p. 147, 153 sq., 248 sq., 334. Ce fut alors aussi que, d’après PLUTARQUE, loc. cit., les Athéniens qui s’étaient autrefois réfugiés à Amisos pour échapper à Aristion furent renvoyés par Lucullus à Athènes, comblés de présents. — Sur Amisos, v. encore DION CASS., XLII, 40. 18. STRABON, XII, 3, 14, p. 823 (547). APPIEN, Mithr., c. 120. PLINE, N. H., VI, 2 (2), 7 [qui mentionne aussi Trapézonte comme indépendante, 4 (4), 11], et ECKHEL, D. N., II, p. 347-349. Sur Sinope, v. aussi APPIEN, loc. cit. PLINE, VII, 2 (2), 7. ULPIEN, Digeste, L, 15, 1, § 10. La ville reçut de J. César en 45 av. J.-C. une colonie romaine ; v. aussi STRABON, XII, 3, 11, p. 822 (546). PLINE, ibid., 6, cf. PAULY, R. E., vol. VI, s. v. Sinope. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 316 sq. ECKHEL, II, p. 392. BÖCKH, C. I. Gr., n° 4164.
[23] MEMNON, c. 59 sqq. Je ne sais si Héraclée fut de nouveau déclarée libre plus tard ; il paraît qu’elle ne le fut pas ; v. aussi KUHN, op. cit., p. 140. Plus tard, César conduisit à Héraclée une colonie romaine, comme à Sinope. STRABON, XII, 3, 6, p. 818 (512). ZUMPT, op. cit., p. 317. BECKER-MARQUARDT, p. 153. 334.
[24] V. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 140, 143 sq., et des passages comme DION CASS., XXXVII, 20, et JOSEPH., Ant., XVI, 2, 4.
[25] VELLEIUS, II, 18. PLUTARQUE, Pompée, c. 42 ; cf. PLINE, N. H., V, 31 (39), 139. STRABON, XIII, 2, 3, p. 918 (617). DION CHRYSOST., II, p. 621, 622 R. On a une inscription de Mytilène, datant de 62 av. J.-C, en l’honneur de Pompée (voyez KEIL in Philologus, Supplementbd., II [1863], p. 576 sqq.). A cette époque ou plus tard, la ville de Phocée, qui s’était attirée la haine des Romains pour s’être déclarée pour Aristonicos et qui n’avait échappé autrefois à la destruction que grâce à l’intercession de sa colonie Massalia (JUSTIN, 37, 1), fut déclarée autonome par Pompée, encore à la requête des Massaliotes ; c. DION CASS., XLI, 25. LUCAIN, Pharsale, V, 53.
[26] TACITE, Annal., VI, 18 ; cf. ECKHEL, D. N., II, 504. MIONNET, De Gr. et Rom. num., III, p. 47, n° 103, et VI, 36. VISCONTI, Iconographie Gr. I, p. 232, 236. MÜLLER, Fr. Hist. Gr., III, p. 312.
[27] CICÉRON, Ad Quint, fr., I, 1, 8, 25. Il est probable que la crainte des pirates, dont nous allons parler, y a fortement contribué. D’après CICÉRON, loc. cit., le frère du grand orateur, Quintus, proconsul d’Asie de 61 à 59 av. J.-C, aurait beaucoup fait pour soulager les misères dont on souffrait là et ailleurs (il est vrai que Suétone, Octave, c. 3, n’est pas de cet avis), tandis que son prédécesseur L. Valerius Flaccus s’était fait une mauvaise réputation par ses exactions en 62 av. J.-C. Cf. MEIER, Pergamen Reich, p. 421. DRUMANN, Gesch. Roms, vol. VI, p. 722 sq., et vol. V, p. 619 sqq. PAULY, R. E., v. VI, 2, p. 2235 et 2346.
[28] MOMMSEN, R. G., vol. III, 3e édit., p. 38 sqq. ; puis DRUMANN, Gesch. Roms, vol. IV, p. 392 et sqq.
[29] Cf. APPIEN, Mithr., c. 63. 92. 119. PLUTARQUE, Pompée, c. 24. DION CASS., XXXVI, 3 et 4. ZONARAS, X, 3, init. OROSE, VI, 4, init.
[30] Sur le nombre de leurs vaisseaux, v. PLUTARQUE, Pompée, c. 24. ZONARAS, X, 3, init. Sur leurs points d’appui, cf. APPIEN, Mithr., c. 92. 93. 96, init. PLUTARQUE, Pompée, c. 24. Le nombre de quatre cents villes, dont d’après PLUTARQUE, ibid., et ZONARAS, ibid., ils se sont emparés, se rapporte sans doute plutôt celles qu’ils ont prises et pillées qu’à celles qu’ils ont occupées d’une manière durable.
[31] APPIEN, Mithr., c 63.92. 119. PLUTARQUE, Pompée, c. 24. CICÉRON, Pro lege Manil., c. 12, 33. Cf. en général DION CASS., XXXVI, 4 et 5. CICÉRON, Pro lege Manil., c. 11 et 12. 18. PAULY, Realencyclop., vol. I, 2e édit, p. 1947 sqq.
[32] CICÉRON, Pro lege Manil., c. 12, 33. PLUTARQUE, Pompée, c. 24. PAULY, loc. cit.
[33] Cf. sur la situation géographique de la Grèce si favorable aux pirates, FINLAY, Griechenland unter den Römern, trad. all., p. 26. Cf. aussi sur les îles, BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, n° 2335, p. 250 sqq., n° 2347 c, p. 278, et Addend., n° 2263, p. 1032, et ROSS, Archäol. Aufsälze, II, p. 646 sqq.
[34] PLUTARQUE, Pompée, c. 24, et en général ZONARAS, X, 3, init. Cf. CURTIUS, Peloponn., vol. II, p. 455. 459 sqq., 573. 421. 541. 450 et 577. 279 sqq., et 396 sqq., et en général le vol. I, p. 79 et III. PAULY, Realencyd., vol. I, 2e édit., p. 1947.
[35] MEMNON, c. 43. 48, v. aussi SALLUSTE, fr. (éd. Kritz). Hist., lib. IV, n° 19, p. 320.
[36] APPIEN, Sicil., c. 6, init.
[37] Cf. TACITE, Annal., XII, 62, init.
[38] Cf. APPIEN, Sicil., c. 6 ; Bell. Civil., I, 11. FLORUS, I, 41. TITE-LIVE, Epit. lib. XCVII. SALLUSTE, fr. (Kritz) Hist. lib. III, n° 65. 66, p. 242. PSEUD. ASCONIUS, sur CICÉRON, In Verr., p. 206, Orelli, et v. aussi DRUMANN, vol. I, p. 63 sqq., vol. IV, p. 397 sqq. HÖCK, Kreta, vol. III, p. 501 sqq. PAULY, R. E., vol. I, 2e édit., p. 1170 sqq. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 52, 72 sqq.
[39] Cf. DIODORE, XL, 1, init.
[40] FLORUS, I, 40.
[41] PLUTARQUE, Lucullus, c. 12 ; cf. MEMNON, c. 42. APPIEN, Mithrid., c. 77.
[42] Cf. PHLEGON dans Phot. Bibl. cod., XCVII, p. 81 a, actuellement Olymp. fragm. (dans WESTERMANN, Sciptor. tvr. min. ibil. Graec.) ex libb. incert., p. 210, XII, s. fin. et v. MOMMSEN, R. G., vol. III, p 75. PAULY, Realencycl., vol. I, 2e édit., p. 1990. Gaius Valerius Triarius, un des lieutenants de Lucullus, fit alors (PHLEGON, ibid. MOMMSEN, p. 86) entourer d’un mur l’île de Délos pour la protéger contre les pirates.
[43] Cf. DRUMANN, vol. IV, p. 399 sqq. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 75, et sur les attaques audacieuses des pirates Héraclion en 72 et Pyrganion en 70 av. J.-C, dirigées contre le port et les environs de Syracuse : CICÉRON, Act. in Verr., II, lib. V, 35, 91 ; 37, 97 ; 38, 98-101. OROSE, VI, 3.
[44] Cf. aussi SALLUSTE, fr. (Kritz) Hist., lib. IV, n° 19, p. 320.
[45] APPIEN, Sicil., c. 6. DIODORE, XL, 1, 1-3. DION CASS. (éd. Dind.), fr. III, 1-3. SUIDAS, s. v. τετρασκάλμον.
[46] D’après ZUMPT, Comment. Epigr., vol. II, p. 186-190. KUHN, Die städt. Verfass., vol. II, p. 26. Sur Metellus, v. CICÉRON, Act. in Verr., II, lib. III, 95. 222. TITE-LIVE, Epit. lib. XXVIII. VELLEIUS, II, 34, init. FLORUS, I, 41. EUTROPE, VI, 11. OROSE, VI, 4. APPIEN, Sicil., c. 6. DION CASS., fr. 111, 5. PLUTARQUE, Pompée, c. 29, init.
[47] DION CASS., XXXVI, 2. D’autres légats de Metellus, comme Gaius Licinius Sacerdos, CICÉRON, Pro Planc., c. 11, 27, restèrent peut-être en Macédoine (ZUMPT, ibid.) ; v. DRUMANN, vol. II, p. 52.
[48] Cf. CICÉRON, Pro Flacco, c. 3, 6 ; c. 26, 63. Pro Planc., c. 11, 27, et v. ZUMPT, op. cit., p. 186-188, 190. KUHN, loc. cit.
[49] PHLEGON, Olymp. fragm. (dans WESTERMANN, Scriptor. rer. mirabil. græc.) ex libb. incert., p. 210, XII, s. fin.
[50] Cf. PHLEGON., loc. cit.
[51] VELLEIUS, II, 34, init.
[52] PHLEGON, ibid. APPIEN, Sicil., c. 6.
[53] TITE-LIVE, Epit. lib. XCVIII. XCIX, init. APPIEN, ibid. FLORUS, I, 41.
[54] DION CASS., XXXVI, 2.
[55] APPIEN, Sicil., c. 6. TITE-LIVE, Epit. lib. XCIX, init. FLORUS, I, 41.
[56] TITE-LIVE et FLORUS, loc. cit.
[57] FLORUS, I, 41.
[58] CICÉRON, Pro lege Manil., c. 12, 35. 10, 16. FLORUS, I, 41. APPIEN, Sicil.. c. 6. PLUTARQUE, Pompée, c. 29, init.
[59] Cf. CICÉRON, ibid. TITE-LIVE, Epit., lib. XCIX. FLORUS, ibid. APPIEN, ibid. PLUTARQUE ibid. DION CASS., fr. III, 5, et XXXVI, 1.
[60] Cf. APPIEN, Sicil., c. 6. DION CASS., fr. 111, 5, et XXXVI, 1. FLORUS, I, 41. VALER. MAXIME, VII, 6, ext. 1.
[61] DION CASS, XXXVI, 1. APPIEN, Mithr., c. 95 ; cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 189. KUHN, Die städt. Verfassung, vol. II, p. 26.
[62] DION CASS., ibid.
[63] FLORUS, I, 41. DION CASS., ibid. ; cf. PLUTARQUE, Pompée, c. 29.
[64] DION CASS., XXXVI, 2, init.
[65] Cf. TITE-LIVE, Epit., lib. XCIV.
[66] DION CASS., XXXVI. 28, init.
[67] DION CASS., XXXVI, 2.
[68] DION CASS., ibid., APPIEN, Sicil.. c. 6. FLORUS, ibid.
[69] Cf. TITE-LIVE, ap. SERVIUS, ad Virg. Æneid., III, 100, et BECKER-MARQUARDT, Röm. Alterth., III, 1, p. 221.
[70] V. encore en général CICÉRON, Pro Murena, c. 35,74 ; Pro Flacco, c. 13, 30. VELLEIUS, II, 34 et 38. LUCAIN, Pharsale, III, 163. OROSE, VI, 4. EUTROPE, VI, 11. STBABON, X, 4, 9, p. 731 (477). L’île de Crète était devenue province romaine ; cf. JUSTIN, XXXIX, 5. SEXT. RUFUS, Breviar., c. 7. STRABON, XVII, 3, 25, p. 1198 (840). — D’après l’opinion généralement reçue, cette nouvelle acquisition devint, dès ce moment, province indépendante et fut réunie avec Cyrène, à laquelle les Romains donnèrent vers la même époque une organisation nouvelle ; cf. BECKER-MAQUARDT, Röm. Alt., vol. III, 1, p. 223 et BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, 2588, p. 129. PETER, Gesch. Roms., vol. II, p. 542. ZUMPT, par contre (Comment. Epigr., vol. II, p. 239 sqq.), est d’avis que l’île de Crète a été placée pendant plusieurs années sous l’autorité du gouverneur de la Macédoine ; que plus tard, vers 59 environ av. J.-C, elle fut constituée en province indépendante et réunie en une seule province avec Cyrène, lors de la grande reconstitution de l’empire par Auguste. Cette opinion est partagée (v. aussi THURIGE, Res Cyrenens, p. 278 sqq.) par HÖCK, Kreta, vol. III, p. 514, et Romische Geschichte, vol. I, Ire partie, p. 359. MOMMSEN aussi semble incliner vers cette manière de voir, la plus probable sans doute ; dans sa R. G., vol. III, p. 140 et 524, il cite l’île de Crète comme ayant été province romaine indépendante bientôt après les victoires de Metellus et à l’époque où César était seul maître de l’empire. Par suite des ravages causés par la conquête, une grande partie du territoire de l’île était probablement devenue terre domaniale de l’empire ; cf. MOMMSEN, op. cit., p. 145. ZUMPT (Comm. Epigr., vol. II, p. 188) suppose, en s’appuyant sur Cæsar, Bell. civ., III, 4, que, comme cela eut lieu aussi en Macédoine, de nombreux vétérans romains furent établis dans l’île de Crète après la fin de la guerre dont elle fut le théâtre ; cf. MOMMSEN, p. 390 sqq. Sur l’histoire intérieure de la Crète après sa soumission, voyez aussi BÖCKH, C. I. Gr., vol. II, Addenda, p 1103 sqq., n° 2501 b. Cette inscription parle d’un différend survenu entre les Itaniens et les Hiérapytniens (111-106 av. J.-C.) et qui est tranché alors par l’intervention des Romains. BÖCKH (ibid.) en fixe la date à 58 ou 57 av. J.-C.
[71] TITE-LIVE, Epit., lib. C.
[72] Cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 190.
[73] Creticus, v. SALLUSTE, fr. (éd. Kritz), Hist., lib. II, n° 49, p. 100. FLORUS, I, 41. EUTROPE, VI, 11, 10. SEXT. RUFUS, Breviar., c. 7. VELLEIUS, II, 40. APPIEN, Sicil., c. 6. DION CASS., fr. III. 5. Pour le reste, v. FLORUS, II, 13,9. APPIEN, ibid. DION CASS., ibid., et XXXVI, 2. EUTROPE, VI, 16. VELLEIUS, II, loc. cit., et 34. RUFUS, ibid. — Les généraux crétois ornèrent le triomphe de Pompée en 61. DION CASS., XXXVI, 2. VELLEIUS, II, 40.
[74] Cyrène avait été léguée aux Romains en 90 av. J.-C. par le roi Ptolémée Apion : ces derniers avaient rendu le pays tributaire, mais lui avaient du reste laissé son autonomie jusqu’en 74 (75) ou, ce qui est moins probable, en 67 av. J.-C., où il devint province romaine ; cf. BECKEH-MARQUARDT, op. cit., p. 222, et Zur Statistik der röm. Provinzen, p. 20. MOMMSEN, R. G., vol. II. p. 208 ; vol. III, p. 50. KRITZ, Sallust. hist. fragm., p. 152.
[75] Cf. BECKER-MARQUARDT, p. 172.
[76] FLORUS, I, 50. Cf. CICÉRON., Pro lege Manil., 18. 5i. LUCAIN, Pharsale, V, 51 ; v. ensuite MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 112.
[77] En général, CICÉRON, Pro legr Manil., 12, 35 ; puis APPIEN, Mithr., c, 95. FLORUS, I, 40. VARRON, De re rust., II, præf. extr. PLINE, N. H., III, 11 (16), 101 ; VII, 30 (31), 115 ; XVI, 4 (3), 7. DRUMANN, vol. IV, p. 408 sqq. II, p. 90, et sur Varron, v. aussi ECKHEL, D. N., V, p. 322, sqq., 281. RICCIO, Le monete, etc., éd. 2, p. 220, n° 15 ; cf. n° 16. PAULY, R. E., vol. VI, 2, p. 1688. DRUMANN, vol. IV, p. 408.
[78] Cf. STRABON, VIII, 7, 5, p. 591 (388). XIV, 3, 3, p. 881 (665). PLUTARQUE, Pompée, c. 28, fin. APPIEN, Mithr., c. 90. CICÉRON, Ad Attic., XVI, 1, 3. SERVIUS, ad Virg. Géorg., IV, 127 ; v. aussi CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 425. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 375 sqq. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 144. 11 parait cependant que divers éléments asiatiques furent transplantés à Dymé ; en tout cas (v. aussi STRABON, VIII, loc. cit.). PAULY, Realencyclop., V, 1, 2e édit. p. 2115, rapporte à cet établissement de pirates vaincus le culte d’Atys dans les temples de Cybèle à Dymé et à Fatras, mentionnés par Pausanias, VII, 17, 5 et 20, 2. Cf. aussi CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 425, 450, 444 et 455. — Cet établissement de pirates vaincus dans une ville achéenne montre bien que la Grèce, sans être devenue province romaine proprement dite, fut traitée de plus en plus comme telle (et cela dans le sens qu’attachait à ce mol, depuis Gaius Gracchus, le parti populaire à Rome ; cf. MOMMSEN, R. G., vol. II, p. 109. 120. 387. 394). Sans doute, il est possible aussi que, pour la punir du soulèvement de l’an 115, la cité de Dymé eût une situation politique moins avantageuse que d’autres et fût placée sur le même rang que les possessions romaines immédiates en Corinthie et en Béotie.
[79] Cette histoire se trouve dans PLUTARQUE, Cimon, c. 1 et 2. Plutarque ajoute, d’une part, que l’on faisait descendre ce Damon du devin Péripoltas, qui, selon la tradition, accompagna le roi Opheltas (lequel, à l’époque de l’ancienne migration des Grecs, conduisit les Arnéens de Thessalie en Béotie) ; et, de l’autre, que, vers la fin du Ier siècle ap. J.-C., quelques membres de la famille de Damon vivaient à Stiris en Phocide : en souvenir de ces meurtres, on les appelait άσδολωμένοι, c’est-à-dire barbouillés de suie. En général, et. HEITZ, De politico Graeciæ statu, etc., p. 24 sqq.
[80] FINLAY, op. cit., p. 25 et 47.
[81] Cf. CURTIUS, Peloponnesos, vol. I, p. 79 et 111.
[82] Cf. CICÉRON, In Verrem, act. II, lib. IV, c. 59. 133 ; c. 60, 134 sqq.
[83] Cf. PLINE, N. H., XXXV, 11 (40), 127 ; DRUMANN, vol. I, p. 29 sqq. CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 487 et 584. Cela tient sans doute à la nécessité pressante où l’on se trouvait de se débarrasser d’une dette que le célèbre banquier romain T. Pomponius Atticus s’efforçait de se faire payer par la ville de Sicyone dans les années 61-59 av. J.-C ; cf. DRUMANN, vol. V, p. 64-71.
[84] Nous avons donné plus haut la liste des gouverneurs romains de la Macédoine connus jusqu’à présent, jusqu’à Gaius Sentius Saturninus ; nous la continuons jusqu’au commencement de la guerre civile entre César et Pompée. Quant à ce Sentius, MOMMSEN, Rom. Münzwesen, p. 692 sqq., 375, note 30, lui fait exercer ses fonctions de 665 à 667 U. C, 89-87 av. J.-C. ; d’après ZUMPT (Comm. Epigr., vol. II, p. 175 sqq.), Sentius ne revint probablement pas en Italie avant la fin de la première guerre contre Mithridate (nous n’examinerons pas si le célèbre P. Gabinius Capito a été gouverneur de la Macédoine en 81 ou s’il n’a pas été plutôt avec Gaius Antonius, v. plus bas et DRUMANN, Gesch. Roms, vol. I, p. 532, chef d’un corps d’armée laissé par Sulla en Grèce lorsqu’il quitta ce pays). De 81 à la fin de 78 ou au commencement de 77 (ZUMPT, p. 179), Gnæus Cornélius Dolabella fut proconsul ; il remporta plusieurs victoires sur les Barbares voisins. CICÉRON, In Pison., c. 19, 44. SUÉTONE, Cæsar, c. 4 ; cf. DRUMANN, vol. II, p. 561. Le sénatus-consulte mentionné dans le précédent chapitre est aussi de son époque. MOMMSEN, C. I. Lat. Antiquiss., p. 110 sqq., n°203, et BÖCKH, C. I. Gr., vol. III, p. 766 sqq., n° 5879. Son successeur fut le proconsul Appius Claudius Pulcher, qui mourut en 75 après s’être vaillamment battu contre les Barbares de la Thrace. ZUMPT, p. 179 sqq. Le proconsul Gaius Scribonius Curio, de 75 au commencement de 72 av. J.-C, un des plus heureux de ceux qui firent la guerre aux peuplades du Nord ; ZUMPT, p. 180, et le proconsul Marcus Licinius Lucullus, le frère du célèbre général Lucius, 72-71 av. J.-C., ZUMPT, p. 181 sqq., un vainqueur non moins heureux, puis (probablement) le propréteur L. Rubrius Culleolus en 70 et en 69 av. J.-C., ZUMPT, p. 183-186 et (sans doute, cf. p. 405 sqq.) le proconsul Q. Cæcilius Metellus, le conquérant de la Crète, de 68 au commencement de 64 av. J.-C, ZUMPT, p. 186-190, se succédèrent. Ensuite, en 64 et en 63 av. J.-C, ce fut le proconsul L. Manlius Torquatus Volso, v. ZUMPT. p. 192 sqq. ; de 62-60 av. J.-C (ZUMPT, p. 193 sqq.), le proconsul Gaius Antonius Hybrida, médiocre comme chef d’armée, voyez ci-après. Son successeur fut le célèbre et excellent propréteur (avec pouvoir proconsulaire) Gaius Octavius (le père du futur empereur Auguste) qui, en 60 et en 59 av. J.-C., se couvrit également de gloire comme administrateur et comme vainqueur des tribus barbares de la frontière (cf. SUÉTONE, Oct., c. 3. VELLEIUS, II, 59) ; cf. ZUMPT, p. 194 sqq. DRUMANN, vol. IV, p. 231 sqq., et MOMMSEN. C. Inscr. Lat. Antiquiss., p. 278. 279. Après L. Appuleius Saturninus, qui gouverna la Macédoine en 58 (d’après ZUMPT, ibid., probablement avec le pouvoir proconsulaire), vint (ZUMPT, p. 195-201), de 57 jusqu’en été 55, le fameux proconsul L. Calpurnius Piso Cæsoninus, sur lequel nous donnerons des détails dans le texte. Depuis la fin de l’été 55, en 54 et peut-être même jusqu’en 52 av. J.-C., ce fut le propréteur Q. Ancharius, ZUMPT, p. 201, 201, qui gouverna avec un pouvoir proconsulaire. Grâce aux recherches de ZUMPT, p. 208, nous voyons ensuite le propréteur Gnæus Tremellius Scrofa, peut-être depuis la fin de l’an 52 av. J.-C., probablement jusqu’en 50, cf. p. 212. Viennent ensuite les gouverneurs de l’époque des guerres civiles, dont nous parlons plus bas.
[85] TITE-LIVE, Epit., lib. XCI. FLORUS, I, 38. EUTROPE, VI, 2. OROSE, V, 23. AMMIEN. MARC., XXVII, 4, 10. SEXT. RUFUS, Breviar, c. 9 ; cf. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 37. Voyez en général, sur la Macédoine, SALLUSTE, fr. (Kritz), Hist., lib. II, n° 50, p 167.
[86] TITE-LIVE, Epit., lib. XCI. XCV. SALLUSTE (éd. Kritz), Fr. Hist., lib. IV, n° 46. p. 342. CICÉRON, In Pison., 19, 44. FRONTIN, Strateg., IV, 1, 43. FLORUS, I, 38. EUTROPE et OROSE, loc. cit. RUFUS, c. 7 ; cf. MOMMSEN, p. 37.
[87] FLORUS, I, 38. EUTROPE, VI, 7. 8. 10. TITE-LIVE, Epit., XCVII. OROSE, VI, 3. RUFUS, Brev., c. 9. SERVIUS, ad Virg. Æn., VII, 605. PLINE, H. N., IV, 13 (27), 92. STRABON, VII, 6, 1, p. 491 (319). APPIEN, Illyr., c. 30. AMMIEN MARC., XXVII, 4, 10 et 11 ; sur son triomphe, v. CICÉRON, In Pison., 19, 11. ASCONIUS, in CICÉRON, Act. in Verr., II, lib. I, 18. EUTROPE, loc. cit. PLINE, N. H., XXXIV, 7 (17), 36 (18), 39. EUSÉBE, Chron., cf. DRUMANN, vol. IV, p. 197 sqq. MOMMSEN, p. 38. 287.
[88] CICÉRON, In Pison., 19, 14. FLORUS, I, 38. SUÉTONE, Oct., c. 3 et 7. VELLEIUS, II, 59. CICÉRON, Phil., III, 6, 15 (MOMMSEN, p. 288). DRUMANN, vol. IV, p. 231.
[89] Cf. TITE-LIVE, Epit., CIII. OBSEQUENS, c. 122. DION CASS., XXXVIII, 10 ; LI, 26 ; v. aussi MOMMSEN, p. 288. DRUMANN, vol. I, p. 538, et cf. l’aperçu des guerres que les gouverneurs macédoniens firent dans le Nord depuis Appius Claudius, de SCHÖTENBACK, Ueber die Thraker, p. 9 sqq.
[90] Cf. en général, MOMMSEN, R. G., vol. II, 387-394. Vol. III, p. 524-529. FINLAY, p. 35-15. BECKER-MARQUARDT, III, 1, p. 288 sqq. ; 2, p. 136-162. WALTER, Gesch. d. Röm. Rechts, Ire partie, p. 351 sqq.
[91] CICÉRON, Ad Atticus, V. 21. VI, 1. 2. 3. BECKER-MARQUARDT, III, 1, p. 293. DRUMANN, vol. IV, p. 20 sqq.
[92] Voyez ce que dit à ce sujet CICÉRON, Act. in Verr., II, lib. I, c. 22, 59 ; lib. V, c. 48, 127. IV, c. 59, 133 : 60, 134. Pro lege Manil., 14, 40.
[93] Cf. CICÉRON, Divin. in Cæcil., c. 20, 64, et ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 177 sqq.
[94] PLUTARQUE, Cæsar, c. 4. Q. CICÉRON, De pet. cons., 2, 8, et ASCONIUS, in CICÉRON, Orat. in tog. cand., p. 84, 89, éd. Orelli ; cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. Il, p. 178, 182 sqq. DRUMANN, vol. I, p. 532.
[95] Voyez ci-après, note 97.
[96] CICÉRON, Div. in Cæcil., c. 20, 64. Pro Arch., 5, 9. Cf. C. ZUMPT, Delegibus judiciisque repetund., p. 45, et A. ZUMPT, Comm. Epigr., II, p. 177 sqq. DRUMANN, v. III, p. 63. K.-F. HERMANN, Die Erulerung von Korinth, p. 363, place ce procès en 80 av. J.-C.
[97] Voyez ci-dessus, note 94. Cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 182 sqq., qui prouve que PLUTARQUE, Cæsar, c. 4, confond la préture exercée alors par Lucullus avec ses fonctions ultérieures de gouverneur de la Macédoine. Voyez aussi (NAPOLÉON), Histoire de Jules César, I, p. 253, et DRUMANN, vol. I, p. 532 sqq. II, p. 547. IV, p. 176. III, p. 134 sqq. C’est en partie à cause de ces crimes qu’Antonius fut plus tard (en 70) expulsé du Sénat (mais pas définitivement, il est vrai), par les censeurs Gnæus Lentulus Clodianus et L. Gellius, v. DRUMANN, loc. cit.
[98] ASCONIUS, in CICÉRON, Pro Surena, c. 16 2, p. 20 Orelli. CICÉRON, Brutus, c. 92, 317 sqq. SUÉTONE, Oct., c. 1. GELL, N. A., IV. 16. 8. TACITE, Dial. de orat., 34. VELLEIUS, II, 43. VALÈRE MAX., VIII, 9,3. PLUTARQUE, Cæsar, 21, init. (AUR. VICTOR, De vir. ill., 78, est d’un avis différent) : v. NAPOLEON, p. 252 sqq. DRUMANN, vol. II, p. 501 sqq.
[99] CICÉRON, In de Civil, divin., 2, 6 ; 12, 38. In Verr. act., II, lib. I, c. 17, 44. 22, 66. IV, c. 32, 71. 51, 133 sqq.
[100] CICÉRON, in Verr. act., II, lib. I, c. 17, 44. 45.
[101] CICÉRON, ibid., 45 (et lib. V, c. 72, 184).
[102] CICÉRON, ibid., 15. 16, etc. 18, 16-48 (et lib. V, 72, 185). — Même dans la suite, les vols d’objets d’art que commirent des Romains haut placés, directement ou indirectement, même lorsqu’ils ne se trouvaient en Grèce que comme simples voyageurs, furent assez fréquents ; c’est ainsi qu’Appius Gandins Pulcher, frère du trop fameux Publius Clodius, enleva entre autres (en 61) la statue d’une hétaïre lanagréenne que P. Clodius plaça plus tard (en 58) sur les ruines de la maison de Cicéron comme statue de la Liberté ! DRUMANN, vol. Il, p. 186, 271. PLINE, N. H., XXXV, 14 (49), 173, raconte d’une façon intéressante l’enlèvement d’une peinture à fresque de Sparte et son transport à Rome, fait avec beaucoup de soin et d’habileté à l’instigation des édiles Varron et L. Licinius Murena (avant la troisième guerre contre Mithridate, DRUMANN, vol. IV, p. 185). Pompée, au contraire, s’est complètement abstenu de déprédations de ce genre (CICÉRON, Pro lege Manil., 14, 40).
[103] CICÉRON, In Verr., act. II, lib. I, 19, 49 sqq. 20, 52 sqq.23, 61, V, 72, 184 sqq.
[104] CICÉRON, In Verrem, act. I, lib. I, c. 31, 86 à 35, 90.
[105] CICÉRON, In Verr. ad., I, II, lib. I, c. 24, 63 à 34, 86.
[106] Cf. PAULY, R. E., vol. VI, 2, p. 2471. DRUMANN, vol. III, p. 91 sqq. Vol. V, p. 324-328.
[107] Cf. CICÉRON, Ad Atticus, VI, 2, 5. Ad Quint, fr., lib. I, 1, 11, 33 ; v. FINLAY, p. 34.
[108] CICÉRON, Ad Atticus, I, 13, 1 ; 19, 9 ; 20, 4. II, 1, 10 ; 21, 6. DRUMANN, vol. p. V, 46.
[109] CICÉRON, In Pison., c. 35, 80.
[110] Cf. DRUMANN, vol. II, p. 272. 333.
[111] Cf. DRUMANN, vol. II, p. 273. 329.
[112] CICÉRON, In Pison., 34, 83.
[113] Il faut rappeler ici une tentative infructueuse de Verres, à peine indiquée dans les auteurs, de faire plaider à Rome, soi-disant en faveur des Grecs d’Achaïe, un procès (en 70 d’après DRUMANN, V, p. 313, et BECKER-MARQUARDT, R. A., v. III, 1, p. 120) pour arrêter les poursuites dirigées contre lui-même à cause de ses crimes. Sur cette affaire et le prétendu accusé Opimius ou Oppius, cf. CICÉRON, In Verr., act. I, 2, 6, et SCHOL. GRONOV., p. 388 Or. et PSEUD. ASCON., p. 128 Or. et CICÉRON, In Verr., act. II. lib. I, 11, 30. ASCON., p. 165 (v. aussi Ps. ASCONIUS, p. 171, ad CICÉRON, In Verr., act. II, lib. I, 19,50). ZUMPT, Comm. Epigr., vol. Il, p. 160 sqq. HERMANN, Eroberung von Korinth, p. 364 sqq.
[114] Cf. DION CASS., XXXVIII, 10.
[115] Cf. en général DRUMANN, vol. II, p. 67 sqq. et vol. VI, p. 4-16. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 288, 482, et spécialement CICÉRON, In Pison., 34, 84, 35, 85. Pro Sest., 43, 94. De prov. consul., 2, 4.
[116] CICÉRON, In Pison., c. 16, 38. c. 17. c. 20, 47. c. 38.
[117] CICÉRON, De prov. cons., 2, 4. In Pison., 17, 40.
[118] CICÉRON, In Pison., 17, 40. 34, 84, De prov. cons., 2, 4. Cf. TAFEL, De Thessalon., p. XXXVI.
[119] CICÉRON, De prov. cons., 3, 6. In Pison., 35, 86.
[120] CICÉRON, Pro Sest., 43, 94. De prov. cons., 3 et 4, 6 et 7. — Nous ferons observer en outre que, vers 59 av. J.-C, des troubles avaient éclaté à Byzance qui avaient amené l’expulsion d’une partie des habitants et qui, à l’instigation du tribun du peuple, P. Clodius (DRUMANN, vol. II, p. 272), acheté par les exilés, durent être apaisés par le célèbre chef des aristocrates romains, M. Porcius Caton. PLUTARQUE, Cat. min., c. 34, fin., c. 36. BRUTUS, c. 3. CICÉRON, c. 34. A ces faits se rapportent aussi les passages de CICÉRON, Pro Sest., 26, 56. 39, 84. Pro domo, 20. VALÈRE MAX., IV, 3, 2. Cf. aussi KUHN, Städt. Verf., vol. II, p. 27.
[121] CICÉRON, De prov. cons., 3, 6. 4, 7, cf. In Pison., 16, 37. 24, 57. Voyez KUHN, vol. II, p. 23. C. ZUMPT, De leg. et judic. repetund., I, p. 62 et A. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 198 sqq.
[122] CICÉRON, Pro Sest., 43, 94. De Prov. cons., 3, 5 et 7. In Pison., 20, 48 ; 37, 90 ; 35, 86 ; 40, 96 ; 36, 87 ; 37, 90.
[123] CICÉRON, In Pison., 37, 91 ; 40, 96, et v. MOMMSEN, R. G., vol. III. p. 287.
[124] Cf. CICÉRON, In Pison., 16, 38. 34, 83 et 84. 36. De prov. cons., 3, 6 et 8.
[125] Cf. DRUMANN, vol. II, p. 74. Vol. V, p. 706 sqq. Vol. VI, p. 4-16 sqq.
[126] CICÉRON, In Vatin., c. 11, Pro Flacco, c. 2, 5. 38, 95. Pro Cœlio, c. 31. Philipp. II, 23, 56. 38, 98. DION CASS., XXXV, III, 10. V. DRUMANN, vol. I, p. 538 sqq. ZUMPT, De leg. judiciisque repetund., I, p. 58.
[127] Cf. CICÉRON, Pro Rabir. Post., 10, 27. Brutus, c. 22, 85. De Republ., I, 8. TACITE, Annales, IV, 43, fin. OROSE, V, 17, fin. DION CASS., fr. 97, 3 et 4. — D’après APPIEN, Bell, civ., I, 37, le vieux Mummius, le conquérant de Corinthe, condamné par la commission instituée par le tribun du peuple Q. Varius Hybrida, au début de la guerre Sociale (à la fin de l’an 91 av. J.-C), pour connaître du crime de haute trahison, aurait été obligé de quitter Rome et aurait vécu à Délos jusqu’à sa mort (FREINSHEIM, Liv. Suppl., lib. XXXVI, chap. XLI, croit que c’est là une erreur et qu’il s’agit plutôt de L. Memmius, dont fait mention CICÉRON, Brutus, 89, 304 ; v. pourtant PETER, Gesch. Roms, 2e édit., vol. II, p. 80). — Déjà avant cette époque (depuis 103 av. J.-C), T. Albucius avait vécu à Athènes comme exilé (CICÉRON, In Pison., c. 38, 92. Tusculanes, V, 37) ; et le célèbre Quintus Metellus Numidicus s’était retiré à Rhodes, puis à Smyrne et à Tralles lors de son expulsion (momentanée) de Rome par Gaius Marius (100 av. J.-C). TITE-LIVE, Epit., lib. 69. VALÈRE MAX., IV, 1, 13. PLUTARQUE, Marius, c. 29, fin. AUR. VICTOR, De vir. Ill., 62. Le tombeau du fameux L. Opimius, près de Dyrrhachion, v. CICÉRON, Pro Sest., c. 67, 140. — Plus tard, le partisan de Catilina P. Autronius Pœtus vécut dans l’exil en Achaïe depuis 62 av. J.-C., CICÉRON, Ad Atticus, III, 2 et 7, 1.
[128] Cf. STRABON, X, 2, 13, p. 699 (455). BEESKOW, Cephalonia, p. 23 sqq. V. en général PAULY, R. E., vol. I, 2e édit., p. 1172 sqq.
[129] Cf. à son sujet PAULY, R. E., vol. IV, p. 1755 sqq.
[130] CICÉRON, Ad Quint., fr., III, 2, 3. 8, 3. APPIEN, Bell. civ., II, 24. DRUMANN, vol. VI, p. 119.
[131] Cf. CICÉRON, Ad Atticus, 11, 6. Ad Fam., XIII, 1. 2. 3. 19, 2. A Athènes, Memmius désira reconstruire la maison d’Épicure, tombée en ruines (dans le district de Mélite), et il en avait déjà obtenu l’autorisation de l’Aréopage. Mais comme les Épicuriens d’Athènes, ayant à leur tète Patron, l’ami de Memmius (et du célèbre Atticus [v. plus bas]), s’y opposèrent vivement, Memmius renonça à son projet (en 703 de Rome, 51 av. J.-C), mais garda rancune à Patron jusqu’à ce que Cicéron, passant par Athènes pour se rendre en Cilicie, sa province, rétablit la paix. CICÉRON, Ad fam., XIII, 1. Ad Atticus, I, 1 et 19 ; 3 ; cf. De fin., V, 1. DRUMANN, vol. V, p. 248. Vol. VI, p. 119. ELLISSEN, Zur Gesch. Athens, p. 23. C. G. ZUMPT, Ueber den Bestand der philosoph. Schulen in Athen, p. 12 sqq., 89 sqq.
[132] CICÉRON, Ad fam., XIII, 19, 2.
[133] Cf. FRIEDLÆNDER, Darstellungen aus der Sittengeschichte Roms, vol. II, p. 52 sqq., 90 sqq. (Nous ne ferons que citer les villes qui, comme Olympie, Delphes, Athènes, Rhodes, étaient comme d’immenses musées d’objets d’art ; un seul chef-d’œuvre suffisait souvent pour attirer dans une ville des visiteurs ; on allait a Thespies pour admirer l’Éros de Praxitèle, à Cnide (comme à Cos) pour son Aphrodite, à Éphèse pour son Alexandre le Grand, peint par Apelle, etc. Cf. CICÉRON, In Verr., act. II, lib. IV, 2, 4 et 60, 135. STRABON, IX, 2, 25, p. 629 (410).
[134] FRIEDLÆNDER, p. 53.
[135] Cf. FRIEDLÆNDER, p. 38 sqq., 50 sqq. CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 419 sqq.
[136] VELLEIUS, II, 59. SUÉTONE, Octave, C 8. 89. 95. NICOL. DAMASC. (ap. C. MÜLLER, Fr. Hist. Græc., t. III, p. 435-437, n° 101 sqq.). Vit. Cæsar., XVI-XVIII. APPIEN, Bell. civ., III, 9. PLUTARQUE, Brutus, c. 22, init. DION CASS., XLV, 3. ZONARAS, X, 13. Cf. BLASS, Griech. Beredtsamkeit, p. 155.
[137] Sur Rhodes, v. BLASS, Griech. Beredts., p. 23. 72. 89 sqq. C. ZUMPT, Ueber den Bestand der philos. Schulen in Athen, p. 4 sqq. BERNHARDY, Griech. Litt. (3e édit.), vol. I, p. 506. 513. 531. 539. MOMMSEN, R. G., v. III, p. 562. Sur Antonius, v. CICÉRON, De Orat., II, 1, 3. BLASS, p. 90. Sur César, v. SUÉTONE, Cæsar, c. 4. AUR. VICTOR, De vir. Ill., 78 (Cæsar). PLUTARQUE, Cæsar, c. 3. Sur Cicéron, voyez AUR. VICTOR, I, 1. 81 (Cicéron). PLUTARQUE, Cæsar, c. 3. Cicéron, c. 4 et CICÉRON, Brutus, 91, 310, in Verr. art., II, lib. II, 65, 159. DRUMANN, vol. V, p. 249 sqq. Sur Sulpicius, v. CICÉRON, Brutus, 41, 151. Sur Cassius, v. APPIEN, Bell. civ., IV, 65, 07. DION CASS., XLVII, 33. Sur Brutus, v. AUR. VICTOR, I, 1, 82 (Brutus), init., et sur Favonius, v. CICÉRON, Ad Att., II, 1, 9.
[138] Cf. C. ZUMPT, op. cit., p. 4 sqq., 14, et, sur les chefs d’école de cette période, p. 8. 43 sqq., 69 sqq., 80 sqq., 88 sqq., 93. Cf. aussi FRIEDLÆNDER, p. 35. W. E. WEBER, Q. Horatius Flaccus, p. 21 sqq. BERNHARDY, Griech. Littéral. (3e édit.), vol. I, p. 505. 541 sqq. FINLAY, p. 260 sqq. C. F. WEBER, Comm. de Academia literar. Athen., p. 1 sqq. MOMMSEN, R. G., vol. II, p. 418 sqq. — BEUTLER, op. cit., p. 43 sqq. AHRENS, p. 65 sqq. BLASS, op. cit., p. 22. 95 sqq.
[139] APPIEN, Mithr., c. 38, fin.
[140] Cf. DION CASS., LIV, 7 (cf. aussi LUCIAN., Hermotim., c. 24). CICÉRON, Pro Balbo, 12, 30. NICOL. DAMASC. (dans MÜLLER, Fr. Hist. Gr., vol. III, p. 355, n° 6), De vita sua, 6.
[141] C’est pour cette raison qu’en 18 ap. J.-C, le légat Gnæus Calpurnius Piso appela brutalement les Athéniens de ce temps-là : nationum conluvies... TACITE, Annal., II, 55.
[142] CICÉRON, Brutus, 46, 172, De Orator., III, c. 11.
[143] Cf. PHILOSTRATE, Vitæ Sophist., II, 1, 7, p. 553. La présence à Athènes de nombreux professeurs et étudiants des pays hellénistiques d’Asie avait certainement exercé une grande influence sur la langue.
[144] Voyez dans l’article de BURSIAN, Athenæ, dans la Realencycl. de PAULY, vol. I, 2e édit., p. 1978, la liste des splendides édifices élevés à Athènes par ces princes ; cf. PAUSANIAS, I, 9, 3. BURSIAN place vers le milieu du premier siècle av. J.-C. le don d’un Syrien, Andronicos de Cyrrhos en Syrie, qui, sur une place, à l’est de l’agora, fit construire une tour octogone de marbre (encore bien conservée) ; sur les côtés extérieurs étaient représentés les huit vents principaux ; au-dessous, il y avait un cadran solaire, et, a l’intérieur, une horloge hydraulique (à laquelle un aqueduc, partant de la Clepsydra, fournissait l’eau nécessaire). Cf. VITRUVE, I, 6. VARRON, De re rust., III, 5, 17 STUART, Alterth. v. Athen, I. Lief. 2 ; Taf., 3 et sqq. CURTIUS, Attische Studien, II, p. 51 sqq. Erläuternder Text, p. 44.
[145] VITRUVE, V, 9, 1. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 357 sqq., p. 429 sqq. Cf. VISCHER, N. Schweiz. Muséum, III [1863], p. 75. Rhein. Museum, XXI, p. 511. On trouve dans BÖCKH, C. I. Gr., II, n° 2280, une inscription athénienne de Délos en l’honneur de Stratonice, fille d’Ariobarzane III.
[146] Les relations, par contre, que l’aventureux rhéteur athénien Amphicrate avait nouées (avant le commencement de la campagne d’Arménie entreprise par L. Lucullus, en 69) avec Tigrane, roi d’Arménie, eurent pour ce Grec des suites fâcheuses. Soupçonné d’espionnage, il dut (son contemporain, le célèbre favori et ministre de Mithridate et son ambassadeur auprès de Tigrane, le philosophe Métrodore de Scepsis, avait également succombé aux soupçons de son maître vers 70/69 av. J.-C.) se donner lui-même la mort vers 70/69 à Tigranocerte ou près de cette ville ; sa protectrice, la reine Cléopâtre, n’ayant pas pu le sauver, dut se contenter de faire élever à l’Athénien un magnifique monument. PLUTARQUE, Lucullus, c. 22. STRABON, XIII, 1, 55, p. 907 (609). CLINTON, Fast. Hell., vol. III, p. 107. BLASS, Griech. Beredtsamkeit, p. 36, 07 sqq. DRUMANN, vol. IV, p. 142. Précédemment déjà (dans la seconde moitié du IIe siècle), le stoïcien Archédémos de Tarse avait émigré chez les Parthes, à Babylone, et y avait fondé une école (PLUTARQUE, De exilio, 14. ZUMPT, Die philosophischen Schulen, p. 79).
[147] CICÉRON, In Pison., 40, 96.
[148] PLUTARQUE, Pompée, c. 42 et CICÉRON, ibid., c. 4. STRABON, XI, 1, 6, p. 753 (492). CICÉRON, Tusculanes, II, 25. PLINE, N. H., VII, 30 (31), 112. SOLIN, c. 1, 115.
[149] PLUTARQUE, Pompée, c. 27. ZONARAS, X, 3, fin.
[150] PLUTARQUE, Pompée, c. 42. ELLISSEN, p. 21. Sur les présents de César, voir plus bas, p. 430. — Plus tard, Appius Claudius Pulcher entreprit à Eleusis, en 51/50, avec les dépouilles de la province de Cilicie (53-51), une construction splendide, celle des Propylées conduisant à la cour du temple de Déméter et Perséphone (comme il mourut bientôt après, ils ne furent terminés que par ses parents) ; Cicéron aurait bien voulu en faire autant pour Athènes. CICÉRON, Ad Atticus, VI, 1, 26. 6, 2. Cf. MOMMSEN, C. Inscr. latin. antiq., p. 181 sqq., n° 619. KEIL in Philologus, Supplementband, II, p. 577 sqq. BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 330.
[151] Cf. en général FRIEDLÆNDER, op. cit., p. 35. 54 sqq., et LOTHOLZ, Beiträge zur Geschichte der Bedeutung Athenæ, p. 4-15.
[152] Cf. CORNEL. NEPOS (éd. Nipperdey), Attic., c. 2, 2 et 3 ; pour la chronologie, j’ai suivi DRUMANN, vol. V, p. 8. NIPPERDEY, ad C. Nepos., ibid., p. 150, et LOTHOLZ, op. cit., p. 4. Sur Atticus en général, v. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 504 sqq. G. BOISSIER, Cicéron et ses amis, p. 129-166.
[153] CORN. NEPOS, c. 4, 5. LOTHOLZ, ibid. DRUMANN, V. p. 11.
[154] CICÉRON, De senect., 1, 1. De finib., V, 2.
[155] CORNEL. NEPOS, ibid., c. 2, 6. — Il le fit encore plus lard, par exemple en 50 av. J.-C., pendant un séjour à Athènes. CICÉRON, Ad Atticus, VI, 6, 2.
[156] NEPOS, Attic., c. 2, 3 ; c. 3, c. 4, 1-3 et 5. DRUMANN, vol. V, p. 84 sqq.
[157] CICÉRON, Ad Atticus, VIII, 5, 2. 6, 5. IX, 17,2. Ad famil., VII, 28 sqq. XIII, 17 et 50, et XIII, 21. 22. 26, 2. On cite encore comme bienfaiteurs des Grecs, au temps d’Atticus et de Pompée, des gens comme le banquier romain L. Aufidius Bassus à Tarse (BÖCKH, C. I. Gr., II, n° 2335).
[158] NEPOS, ibid., 2, 4 et 5 ; cf. DRUMANN, vol. V, p. 8 sqq. Ceci ne l’empêcha pas de profiter de la situation et de l’appauvrissement d’Athènes pour placer ses capitaux ; son agent d’affaires était l’épicurien Xénon, CICÉRON, Ad Atticus, V, 10, 5. 11, 6. VII, 1. 1. XIII, 37, 1. XIV, 16, 4. XVI, 1, 5.
[159] V. entre autres pour l’Épire VARRON, De re rust., II, præf. extr., et 2, init.
[160] VARRON, ibid., II, 2, init. CICÉRON, Ad Atticus, 1,5, 3 et 7. III, 7, 1. 16. 19, 1. 20, 1. 21, 1. 23, 5. IV, 15, 3. 16, 1. V, 21, 3. VI, 3, 2. LX, 12,1. X. 7. 3. XVI, 16. NEPOS, Att., c. 11, 1 et 2. 14, 3. DRUMANN, V, p. 9 et notamment p. 62 sqq.
[161] CICÉRON, Ad Att., VI, 2, 10. V, 9, 1. XIII, 24. DRUMANN, vol. V, p. 25 et 63.
[162] CICÉRON, Ad Att., I, 13. 17, 2 et 4. II, 15, 1. Sur Sicyone, v. CICÉRON, ibid. I, 13, 1. 19, 9. 20, 4. II, 1, 10, 21, 6. Voyez en général DRUMANN, vol. V, p. 64 sqq.
[163] CICÉRON, De legibus, II, 14. DION CASS., LI, 4. SUÉTONE, Octave, c. 93.
[164] CICÉRON, De leg., II, 14. LOBECK, Aglaophamus, p. 37 sqq. Les Romains ne s’intéressaient pas seulement aux mystères d’Eleusis. Plutarque, Lucullus, c. 13, nous apprend que, pendant la guerre maritime contre Mithridate, Voconius, un des légats de Lucullus, se fit initier (en 73) dans l’île de Samothrace aux Mystères de ce nom.
[165] CICÉRON, Brutus, c. 35, 131. De orat., I, 11 et 18 sqq. II, 1 et 90. III, 20.
[166] CORN. NEPOS, Attic, c. 12, 3.
[167] Cf. AUR. VICTOR, De vir. Ill., 81 (Cicéron). PLUTARQUE, Cicéron, c. 3 et 4. DION CASS., XLVI, 7. CICÉRON, De orat., II, 1. De fin. V, 1. Brutus, c. 91, 314-316. TACITE, Dial. de orat., 30. DRUMANN, vol. V, p. 246 sqq. Vol. VI, p. 326, 719. R. ABEKEN, Cicero in seinen Briefen, p. 12 sqq. BLASS, Griech. Beredtsamkeit, p. 96 sqq.
[168] CICÉRON, De fin., V, t. 2. Tusculanes, III, 22. DRUMANN, vol. V, p. 246 sqq. Vol. VI, p. 652 sqq. — C’est plus tard que Cicéron fit une remarque malicieuse sur Pélops de Byzance, qui avait blessé sa vanité d’homme d’État ; PLUTARQUE, Cicéron, c. 24, fin., et c. 25, init. CICÉRON, Ad Att., XIV, 8,1, et voir DRUMANN, vol. VI, p. 138 sqq. Sur la missive de l’Athénien Hérode à Cicéron (PLUTARQUE, Cicéron, c. 24) en 60, à propos de son consulat, voyez CICÉRON, Ad Att., II, 2. XIV, 16 et 18.
[169] Cf. CICÉRON, Tusculanes, V, 27. II, 14.20 ; sur ses relations ultérieures avec les Spartiates, v. CICÉRON, Ad fam., XIII, 28.
[170] Cf. DRUMANN, vol. V, p. 66. An. SCHMIDT, Gesch. der Denk und Glaubensfreiheit in I Jahrh. der Kaiserhereschaft, p. 120 sqq. BERNHARDY, R. L., p. 65 sqq., 692.
[171] DION CASS., XXXVIII, 18-30. PLUTARQUE, Cicéron, c. 32. CICÉRON, Ad Att., III, 2. 7, 1. 8, 1. 9-27. Ad fam., XIV, 1, 4 et 7. 2-4. Pro Plancio, c. 40, 41.
[172] PLUTARQUE, Cicéron, c. 36. CICÉRON, Ad fam., XIV, 5. XIII, 1. II, 8. 17. XVI, 3-9. Brutus, c. 1, 1. Tusculanes, V, 8. Ad Att., V, 9-14. VI, 7-9. VII, 1,2.
[173] PLUTARQUE, Cicéron, c. 38 et 39. Cat. min., c. 55. DION CASS., XLVI, 12. XLII, 10. DRUMANN, vol. VI, p. 231-238.
[174] AUR. VICTOR, De vir. ill., 82 (Brutus), init. Cf. C. ZUMPT, Ueber den Bestand der philosoph. Schulen, p. 44. LOTHOLZ, op. cit., p. 10. DRUMANN, vol. IV, p. 37 sqq. BLASS, p. 97.
[175] PLUTARQUE, Anton., c. 2, fin. DRUMANN, vol. I, p. 65 sqq. ELLISSEN, p. 26.
[176] PLUTARQUE, Cicéron, c. 24 fin., c. 45. Brutus, c. 24, 26. DION CASS., XLV, 15. XLVI, 3. 18. Cf. DRUMANN, vol. VI, p. 714-717. LOTHOLZ, p. 8 sqq., et ci-après.
[177] HORAT., Epist, II, 2, 43 sqq. 81 sqq. Cf. W. E. WEBER, Q. Horatius Flaccus, p. 21 sqq. LOTHOLZ, p. 10 sqq.
[178] WEBER, p. 230 sqq. LOTHOLZ, p. 12. BERHNARDY, R. L., p. 142, et cf. FRIEDLÆNDER, vol. II, p. 52. 51 sqq., 62. 103. Ovide semble avoir aussi visité Délos (Metam., XIII, 630. Heroïd., 21, 95), dans un voyage qu’il fit en Grèce et en Asie-Mineure (Fastes, VI, 417-423).
[179] Cf. ce qui est dit de Gaius Memmius, plus haut. Sur Cratippe (CICÉRON, De divin., I, 3), pour lequel Cicéron obtint de Gaius César, le nouveau maître de la République, les droits de citoyen romain (probablement vers l’an 45), voyez PLUTARQUE, Cicéron, c. 24, et ZUMPT, Ueberden Besland der philosoph. Sehulen, p. 18, 71. ELLISSEN, p. 24 ; v. aussi ARHENS, op. cit., p. 37. 45.
[180] CORNEL. NEPOS (éd. Nipperdey), Att., c. 3, 2.
[181] A cette époque, l’aréopage joignait à l’exercice de ses hautes fonctions et au droit déjuger les plus grands criminels la direction suprême et la surveillance de l’éducation et de l’instruction, des hautes écoles, du culte et de tout ce qui s’y rapportait ; il était aussi chargé de la surveillance des bâtiments, du soin d’entretenir les édifices publics et enfin de la police des marchés ; cf. AHRENS, p. 35, 36, 37, 38. A côté du président de l’aréopage (έπιστάτης) et du premier stratège, le κήρυξ de l’aréopage était maintenant à Athènes un des fonctionnaires les plus influents. PLUTARQUE, An seni sit ger. respubl., c. 20. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 180-182. 272. 283.39d. 397. Vol. III, n° 3831. AHRENS, p. 38 sqq. Cf. MEIER, Comm. Epigr., I, n° 36, p. 38, et n° 43, p. 42. HERMANN, Gr. Staatsalterth., § 176, 10, et § 109, 2. Voyez en général WESTERMANN dans PAULY, R. E., vol. I, 2e édit., p. 1503 sqq. — D’après WESTERMANN, loc. cit., l’aréopage, à cette époque, ne se recrutait plus, ou du moins plus uniquement, parmi les archontes sortants, mais peut-être aussi (cf. BEUTLER, op. cit., p. 38) par des votes personnels (cooptation), de sorte que non seulement des Athéniens éminents. mais aussi des Romains furent admis dans ce collège vénérable après avoir obtenu le droit de cité a Athènes ; nous voyons par CICÉRON, Pro Balbo, 12, 30, que les Romains recherchaient beaucoup cet honneur. Sur la haute considération dont jouissait l’aréopage, v. aussi CICÉRON, De nat. Deor., II, 29, 74. Ad Att., I, 14, 5. De offic., I, 22. — Les passages cités plus haut, et PLUTARQUE, Cicéron, c. 24, montrent du reste très clairement que des Romains haut placés, comme Gaius Memmius et Cicéron, le célèbre philhellène, ont plus d’une fois exercé leur influence sur les décisions non judiciaires de l’aréopage. Quelquefois même l’aréopage se montrait très indépendant, même à l’égard des hauts fonctionnaires romains, lorsque la superstition religieuse était enjeu ; v. ci-après.
[182] D’après DRUMANN, vol. II, p. 565.
[183] A Smyrne, une femme avait empoisonné son mari et son fils, parce que ceux-ci lui avaient tué un fils né d’un mariage antérieur. L’aréopage, pas plus que Dolabella, ne voulut punir ce meurtre ; il décida, en conséquence, que l’accusée et les accusateurs devaient se représenter devant son tribunal cent ans plus tard. VALÈRE MAX., VIII, 1. Amb., 2, fin. GELL., N. A., XII, 7, et AMMIEN MARC., XXIX, 2, 19.
[184] Cf. K. F. HERMANN, Griech. Staatsalt., § 176. 15. S 161-10. AHRENS, op. cit., p. 53 sqq. BEUTLER, p. 31 sqq. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 251 sqq., p. 363 sqq.
[185] FRIEDLÆNDER, op. cit., vol. II, p. 319 sqq.
[186] TACITE, Dial. de. orat., 10.
[187] TACITE, Dial. de orat., c. 10. QUINTILIEN, II, 8. 14. PAUSANIAS, V, 21, 5. Voyez KRAUSE, Olympia, p. 235. Pour la première année de la CLXXVIIe Ol., 72 av. J.-C, v. l’intéressante liste des vainqueurs à Olympie dans PHLEGON, Olymp. fr. (WESTERMANN, Script. rer. mirab. gr. ex libb. inc., p. 200 sqq., XII). — Sur le célèbre contemporain de Cicéron, le boxeur et vainqueur aux jeux Olympiques Atyanas, un des principaux citoyens d’Adramyttion, et sur la considération dont il jouissait chez les Grecs, voyez CICÉRON, Pro Flacco, 13, 31.
[188] Pausanias, V, 21, 4. 5. 7, en donne des exemples, notamment pour Ol., CLXXVIII (68 av. J.-C.) et CXCII (12 av. J.-C.).
[189] Sur Thessalonique, v. DION CASS., XLI, 18. XLIII, 44. JOAHN. ANTIOCN., fr., 72, 6 ap. MÜLLER, Fragm. Hist. Græc., t. IV, p. 564. TAFEL, De Thessalon., p. XXVI. Sur Berrhœa, v. PLUTARQUE, Pompée, c. 64. En général, sur les diverses contrées de la Grèce, v. entre autres EUTROPE, VI, 19.
[190] Cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. VII, p. 217 sqq. FR. HOFMANN, dans KRANER ad CÆS., Bell. civ. (3e édit.), p. 42, au bas, est d’un avis différent.
[191] JOSEPH, Antiquités, XIV, 10, 14.
[192] Cf. VALÈRE MAX., I, 8, 10. LUCAIN, Pharsale, V, 68 sqq., 194 sqq., 224 sqq. OROSE, VI, 15. CÆSAR (éd. Kraner), Bell. civ., III, 55. ZUMPT, p. 215 sqq.
[193] Sur l’Asie et l’Achaïe, v. CÆSAR, Bell. civ., III, 3. CICÉRON, Ad Atticus, IX, 9, 2. Sur les quantités considérables de blé tirées de l’Asie, de la Crète, de la Thessalie, voyez CÆSAR, ibid., III, 5, init., 42.
[194] Cf. DRUMANN, vol. III, p. 132 sqq., 134 sqq.
[195] Cf. aussi CICÉRON, Tusculanes, I, 35.
[196] PLUTARQUE, Cicéron, c. 38. Pompée, c. 49, fin. 76. CÆSAR, B. C., III, 18, 3. CICÉRON, Pro Arch., 10, 24. Ad Att., II, 12, 2. 17, 3. V, 11, 3. IX, 1, 3. 11, 3. VALÈRE MAX., VIII, 14, 3. TACITE, Ann., VI, 18, fin. JUL. CAPITOLIN, Max. et Balb., 7. STRABON, XI, 5, 1, p. 769 (503) et XIII, 2, 3, p. 918 (617). Cf. CLINTON, Fast. Hellen., III, p. 197 sqq. DRUMANN, vol. IV, p. 551 sqq. C. MÜLLER, Fr. Hist. Gr., III, p. 312 sqq.
[197] CÆSAR, Bell. civ., III, 4, 1. Cf. 102, 2. JOSEPH., Ant., XIV, 10, 14.
[198] CÆSAR, III, 11, 3. 61, 2. Cf. MOMMSEN, R. G., vol. III. p. 397 sqq.
[199] CÆSAR, III, 4, 2. 61, 2. APPIEN, Bell. civ., II, 70. 75 : Même après la bataille de Pharsale, Pompée voulait faire prendre les armes aux citoyens romains et aux Grecs d’Amphipolis et des environs. CÆSAR, Bell. civ., III, 102, 2.
[200] CÆSAR, ibid.
[201] CÆSAR, III, 4, 3. 4, 6. — Appien, B. C., II, 49 (cf. 51), énumère en général : des troupes auxiliaires d’Ionie, de Macédoine, de Béotie, d’Athènes et du Péloponnèse et des archers crétois ; cf. aussi c. 70 et 71, init., et 75 ; à la fin du ch. 70 se trouve, comme on sait, l’indication erronée d’après laquelle les Laconiens (Spartiates) se seraient joints à Pompée sous la conduite de leurs propres rois. — Lucain, Pharsale, II, 646 sqq., et surtout III, 170-213 (cf. V, 51 sqq.), énumère emphatiquement et en détail les alliés grecs de Pompée : les guerriers d’Amphissa, de la Phocide, de la Béotie, d’Athènes, d’Elis, de l’Arcadie, de la Laconie ; puis des Trachiniens, des Dryopes, les tribus épirotes, les Athamanes, les Thessaliens, les Crétois et les différentes tribus des Grecs de l’Asie-Mineure. Cf. FLORUS, II, 13, 5 et 6.
[202] CÆSAR, B. C., III, 3, 1. 5. 26, 2. 27, 2. CICÉRON, Ad Atticus, IX, 9, 2. Divin., I. 32. PLUTARQUE, Cicéron, c. 38. Cat. min., c. 54 ; cf. LUCAIN., V, 51 sqq. APPIEN, II, 71.
[203] LUCAIN, III, 181 sqq. (SÉNÈQUE, Suasor., 1). — (Appien, II, 70, fin., prétend que César et Pompée firent offrir aux Athéniens, comme prêtres des Thesmophories, une neutralité complète, mais que ceux-ci ne voulurent pas en profiter.)
[204] D’après MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 400. KRANER ad CÆSAR, III, 6, 2. p. 173. PETER, Gesch. Roms, vol. II, p. 347 (2e éd., p. 325).
[205] CÆSAR, III, 6, 2. 7, 11, 3. 12. 39. 40. FLORUS, II, 13. 36. LUCAIN, Pharsale, V, 460. (BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 16). PLUTARQUE, Cæsar, c. 37. 38. DION CASS., XLI, 44 et 45. XLII, 12. APPIEN, II, 52. 54. 55. 56. ZONARAS, X, 8.
[206] CÆSAR, III, 5, 2. 11, 2. 13. 1-3. 5 et 6. VELLEIUS, II, 51, init. DION CASS., XLI, 43 et 14. 47-19. APPIEN, II, 55. 56.
[207] CÆSAR, III, 34, 2. 30, 2. 80, 1.
[208] CÆSAR, III, 34, 2. 35, 1.
[209] CÆSAR, III, 55, 1. APPIEN, B. C., II, 70.
[210] Calénus prit le commandement des troupes placées jusque-la sous les ordres de Calvisius et auxquelles fut réunie évidemment la division de Longinus, repoussé de la Thessalie ; de sorte qu’il commandait maintenant quinze cohortes. CÆSAR, III, 55. PLUTARQUE, César, C. 43, init.
[211] PLUTARQUE, César, c. 43, init. DION CASS., XLII, 14, init. D’après cela, Zonaras, XII, 23 et Zosime, Hist., I. 29, en prétendant que les murailles d’Athènes sont restées en ruines depuis l’époque de Sulla jusqu’à celle de l’empereur Valérien, ont pour le moins beaucoup exagéré les choses. (Disons en passant que, pendant le Ier siècle après J.-C., le mur d’enceinte d’Athènes, au nord-est et à l’est de la ville, était en briques. VITRUVE, II, 8, 9. PLINE, N. H., XXXV, 14 (49), 172. ROSS, Arch. Aufsätze, I, p. 232.)
[212] Cf. CÆSAR, III, 34, 2 et 55, 1.
[213] Cf. CÆSAR, III, 80, 1.
[214] CÆSAR, III, 35, 2. 80, 2. Cf. APPIEN, II, 83, init. ; sur Pétræos, v. aussi PLUTARQUE, Reip. ger. præc., c. 19. Un Pétrœos, fils de Philoxénide, de Métropolis, se trouve mentionné aussi dans une inscription thessalienne (KEIL, Sylloge Inscr. Bœotic., p. 78). CICÉRON, Ad fam., XIII, 25, cite un Hagesarétos de Larissa comme princeps civitatis suæ, en 46 av. J .-C.
[215] CÆSAR, III, 34, 3 et 4. DION CASS., XLI, 51. La Macédoine libre comprenait l’Orestide et quelques autres districts de l’ouest et du sud-ouest de la Macédoine ; cf. STRABON, VII, 7, 8, p. 503 (326). PLINE, N. H., IV, 10 (17), 35.
[216] CÆSAR, III, 36, 1-4. DION CASS., ibid.
[217] Cf. MOMMSEN, C. I. Latin, ant., p. 181. BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 59.
[218] CÆSAR, III, 36, 4 et 5. (La narration de Dion Cassius, XLI, 51, diffère de celle de César ; il nous dit que Longinus, en effectuant sa retraite, fut battu par Scipion ; Appien, II, 60, fin., raconte les faits d’une façon a peu près identique, tout en se trompant quant au nom du légat.) Après son retour à Ambracie, la division de Longinus fut placée sous les ordres de Calénus.
[219] CÆSAR, III, 36, 3 et 6 à 38, 4. Cf. DION CASS., XLI, 51, dont la narration diffère singulièrement de celle de César ; il dit entre autres que Domitius fut appuyé par les Locriens et les Étoliens.
[220] Cf. CÆSAR, III, 41-54. 56. 58-71. FLORUS, II, 13, 40. TITE-LIVE, Epit., lib. CXI. VELLEIUS, II, 51. SUÉTONE, Cæsar, c. 35. 36, init. OROSE, VI, 15. LUCAIN, Pharsale, VI, 14-315. DION CASS., XLI, 50 et 51. APPIEN, II, 60-64. PLUTARQUE, Pompée, c. 65 sqq. CÆSAR, III, c. 39.
[221] CÆSAR, III, 72-79. BURSIAN, Geograph., vol. I, p. 14, 49.
[222] CÆSAR, III, 80, 1-4. BRUSIAN, p. 53.
[223] CÆSAR, III, 80, 4-6. FLORUS, II, 13, 41. DION CASS., XLI, 51. PLUTARQUE, Cassius, c. 39, 40. 41. Dans leur désespoir, vingt des principaux habitants de Gomphi, tous très âgés, s’empoisonnèrent dans la maison d’un médecin de leurs amis, qui imita leur exemple. APPIEN, II, 64, fin.
[224] Cf. APPIEN, B. C., II, 70. 71 et 75. 7’.) et 80. 82. LUCAIN, Pharsale, VII, 229. — Sur de prétendus présages qui annoncèrent la victoire de César, voyez pour ceux de Pergame, CÆSAR, III, 105, 4. DION CASS., XLI, 61 ; pour ceux de Tralles, PLUTARQUE, Cæsar, c. 47. DION CASS., ibid. CÆSAR, III, 105, 5. OBSEQUENS, 125 ; pour celui du temple d’Athéné à Élis : CÆSAR, III, 105, 2.
[225] DION CASS., XLII, 14. APPIEN, II, 88. Comme César ne se rendit pas à Athènes immédiatement après la bataille de Pharsale, mais se mit en marche vers le Nord dès le lendemain (Cæsar, III, 98, 3) ou trois jours après (APPIEN, II, 88), il est probable qu’il adressa ces paroles à des Athéniens qui se rendirent à lui à Pharsale, ou à une ambassade athénienne qui implora son pardon, ou enfin aux autorités athéniennes (en 47) lorsque, revenant d’Asie, il passa par la Grèce (DION CASS., XLII, 49) pour se rendre en Italie.
[226] CÆSAR, III, 102, fin. CICÉRON, Ad fam., XII, 14, 3, De divin., I, 32.
[227] DION CASS., XLII, 10. 13. APPIEN, II, 87. PLUTARQUE, Cat. min., c. 55 sqq. LUCAIN, Pharsale, IX, 32 sqq. CICÉRON, De divin., I, 32.
[228] PLUTARQUE, Pompée, c. 73-80. CÆSAR, III, c. 48. APPIEN, II, 81, 83 sqq. ZONARAS, X, 9. DION CASS., XLII, 2-8. CÆSAR, III, 96-99. 102 sqq. FLORUS, II, 13, 51 sqq. VELLEIUS, 11,53. VALÈRE MAX., IV, 5, 5. LUCAIN, Pharsale, V, 725 sqq. VII, 711 sqq. VIII, 1-973. IX, 950-1108. OROSE, VI, 15.
[229] DION CASS., XLII, 14. PLUTARQUE, Brutus, c. 8.
[230] DION CASS., XLII, 13, 14.
[231] C’est ici seulement qu’il faut parler des derniers combats qui eurent lieue en Illyrie (CÆSAR, Bell. Alex., c. 42-48), ainsi que de la part que prirent aux combats qui eurent lieu à Alexandrie en Egypte, comme alliés de César, les archers crétois et surtout des vaisseaux de guerre rhodiens sous le vaillant Euphranor (depuis l’automne de l’an 48 jusqu’au printemps de l’an 47) ; CÆSAR, B. C., III. 106,1. Bell. Alex., c. 1, init., 11, 13-15, 25. APPIEN, II, 89.
[232] CÆSAR, III, 31, 4.
[233] CÆSAR, III, 32, 5.
[234] CÆSAR, B. C., III, 31 et 32. JOSEPH., Ant. Jud., XIV, 8 (14), 4. Bell. Jud., I, 10 (8), 1. Ce n’est que grâce à des circonstances particulièrement favorables que les trésors et l’argent du temple d’Artémis échappèrent aux soldats de Pompée. CÆSAR, III, 33, et 105, 1.
[235] César lui-même, dont Cicéron même loue la clémence à l’égard de l’Achaïe (Ad fam., XV, 15, 2), avait, d’après DION CASS., XLII, 49, en revenant d’Asie en Italie, dans l’été de l’année 47, levé de l’argent en Grèce. Voyez aussi ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 318.
[236] Cf. la lettre de ce personnage à Cicéron dans CICÉRON, Ad fam., IV, 5, 4. On a aussi beaucoup remarqué le vacuæ Athenæ d’Horace, qui faisait alors ses études à Athènes (p. 143, 6). HORAT., Ep., II, 2, 81. Cf. OVIDE, Metam., XV, 428 sqq.
[237] CICÉRON, Ad Atticus, XVI, 1, 3. Cf. LUCAIN, Pharsale, II, 636.
[238] Cf. DION CASS., XLII, 6, fin. PLUTARQUE, Cæsar, c. 48, init. Cf. APPIEN, B. C., II, 92 et V, 4. MOMMSEN, R. G., vol. J1I, p. 489 sqq., 529. V. aussi WALTER, Gesch. d. R. R., vol. I, p. 353. BECKER-MARQUARDT, R. A., III, 1, p. 135. MEIER, Pergamen. Reich, p. 422-425. — César accorda à la ville de Cnide la liberté (et probablement aussi l’immunité) ; PLUTARQUE, loc. cit., et Ilion, reçut des terres considérables ; son indépendance et son immunité lui furent confirmées ou restituées. STRABON, XIII, 1, 27, p. 888 (594, 595).
[239] Cf. ci-dessus, p. 267, et v. APPIEN, B. C., II, 88, init. PLUTARQUE, Cæsar, c. 48, init.
[240] Nous ne savons pas, il est vrai, si Athènes reçut ces présents après la victoire de César sur ses ennemis ou avant le commencement de la guerre civile (cf. SUÉTONE, Cæsar, c. 28) ; quant à l’affaire elle-même, voyez notamment BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 477 et ci-après.
[241] Cf. ZUMPT, Comm. Épigr., vol. I, p. 310-317. BECKEH-MARQUARDT, R. A., III, 1, p. 334. WALTER, Geschichte d. R. R., vol. I, p. 402 sqq. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 536 sqq., 541.
[242] SUÉTONE, Cæsar, c. 42, init. STRABON, VIII, 6, 23, p. 585 (381).
[243] CURTIUS, Peloponnisos, vol. Il, p. 532.
[244] Peu de temps auparavant, pendant les derniers jours de l’année 64 av. J.-C., le parti populaire de Rome avait fait proposer par le tribun du peuple, P. Servilius Rullus, de faire vendre la partie du territoire de Corinthe qui était encore propriété de l’État ; mais le consul M. Tullius Cicéron avait fait échouer en 63 ce plan, ainsi que les autres projets qui s’y rattachaient ; v. CICÉRON, De lege agrar., I, 2, 5. II, 19. 51. PETER, Gesch. Roms, vol. II (2e édit.), p. 181 sqq. DRUMANN, v. III, p. 148 sqq. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 169 sqq. RUDORFF, Das Ackenjesetz des Sp. Thorius (in Ztschrft. f. Gesch. R. W., X, 1), p. 140. CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 591. — ZUMPT, Comm. Epigr., vol. I, p. 374 sqq., doute que César ait vu le véritable commencement de la reconstruction de la Nouvelle Corinthe : il croit aussi que les 80.000 Romains en question n’ont pas quitté l’Italie, ibid., et p. 327 et 341 (BECKER-MARQUARDT partage cette manière de voir, op. cit., p. 334, contrairement à MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 497), en partie pour des raisons générales, en partie à cause du passage d’APPIEN, Pun., c. 136 (cf. aussi DION CASS., XLIV, 51, fin). Cependant plusieurs historiens attribuent plus ou moins positivement au grand César les premières constructions de la Nouvelle Corinthe ; cf. PLUTARQUE, Cæsar, c. 57, fin. (qui, cependant, contrairement à d’autres écrivains, fait de Corinthe une colonie militaire) ; DION CASS., XLIII, 50. PAUSANIAS, II, 1, 2. 2, 2. 3, t. STRABON, XVII, 3, 15, p. 1190 (833 fin.) et VIII, 6, 21, p. 581 (378 sqq.). DIODORE, XXXII, 17, 1-3. Voyez aussi WALTER, Gesch. d. Rôm. R., vol. I, p. 402. ECKHEL, Doctrin. Num., II, p. 238 sqq. DRUMANN, vol. III, p. 673. CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 523 et 591. FINLAY, p. 50 sqq. MOMMSEN, Res gest. D. Augusti ex monum. Ancyr., p. 82 et R. G., vol. III, p. 539.541. HERMANN, Gr. Staatsalt., § 189,16. BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, n° 1104. 1716. Ce que dit RUDORFF, op. cit., p. 140, du soin qu’on mil à éviter les limites de l’ancien territoire de la ville dévouée en 146, ne se confirme pas d’après CURTIUS. Il faut donc que la devotio ait été révoquée. Les colons s’appellent Corinthienses, d’après FESTUS, p. 60, édit. Müller. — ZUMPT, loc. cit., croit que ce furent les triumvirs victorieux qui, à un moment quelconque, après la bataille de Philippes, jetèrent les fondements de la nouvelle ville ; il conclut, d’après APPIEN, loc. cit., que les premiers colons romains étaient au nombre de 3000. Dans tous les cas, Corinthe, à l’époque de la dernière guerre entre Octavien et M. Antoine, était déjà redevenue une ville importante ; cf. DION CASS., L, 30 et PLUTARQUE, Anton., c. 67. (Quant à l’intention de César d’envoyer aussi une colonie à Bouthroton en Épire, v. plus bas.)
[245] STRABON, VIII, 6, 23, p. 585 sqq. (381 sqq.). Cf. CURTIUS, Pelop., vol. II, p. 597 et FINLAY, p. 51. ROSS, Archäol. Aufs., vol. I, p. 57 sqq.
[246] SUÉTONE, Cæsar, c. 44. PLINE, N. H., IV, 4 (5), 10. PLUTARQUE, Cassius, c. 58 et DION CASS., XLIV, 5, init. Cf. CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 13. MOMMSEN, loc. cit. — Outre ces rapports de César avec la Grèce, contentons-nous de faire mention de la protection qu’il accorda (PLINE, N. H., XXXV, 11 (40), 136) aux artistes grecs et entre autres notamment au peintre Timomachos de Byzance. — Cf. aussi GÖLL, Kulturbilder aus Hellas und Rom, vol. II, p. 229.
[247] Cf. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 524-531. César, après la victoire de Pharsale, avait laissé avec des forces suffisantes (v. CÆSAR, B. C., III, 106, 1. R. KRANER ad CÆSAR, B. C., p. 250 et Bell. Al., c. 44), comme lieutenant dans la péninsule gréco-macédonienne le légat A. Fufius Calénus, que nous avons nommé plusieurs fois déjà ; il y resta, paraît-il, jusque vers la fin de l’année 57. Cf. CICÉRON, Ad Atticus, XI, 15 et 16, et ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 226. Lorsque César, vers la fin de l’été de l’an 47, fut revenu d’Asie en Italie, il nomma, avant de partir pour l’Afrique, le consul de l’année 51, Servius Sulpicius Rufus, qui connaissait si bien l’histoire et la civilisation de la Grèce, gouverneur de ces contrées ; Sulpicius occupa cette position de 46 jusque vers la fin de l’année 45. Voyez CICÉRON, Ad fam., XIII, 17-28. VI, 6, 10. IV, 3. 4, 2. 5.12. VII, 31,2. Pro rege Dejotaro, II, 32. Cf. ci-dessus, p. 427, 3, et ZUMPT, op. cit., p. 226 sqq. (ZUMPT, p. 227 sqq., propose de considérer comme successeur de Sulpicius en 45, au lieu de M’. Acilius (ou Auctus) comme ou l’admet généralement, CICÉRON, Ad fam., XIII, 50. VII. 29. 30. 31, D. Lœlius). En 44, A. Hortensius Hortalus, fils du célèbre orateur Hortensius, remplit les fonctions de lieutenant de César dans ces contrées avec pouvoir proconsulaire ; cf. DION CASS., XLVII, 21. PLUTARQUE, Brutus, c.25. CICÉRON, Phil., X, 6. ZUMPT, p. 229. DRUMANN, vol. III, p. 110.
[248] CICÉRON, Phil., II, 38 ; v. aussi DION CASS., XLV, 32 fin., XLVI, 23, et cf. ZUMPT, op. cit., p. 242, surtout pour les exagérations de Cicéron.
[249] APPIEN, III, 2. 24. IV, 57. NICOL. DAMASC. (dans MÜLLER, Fr. H. Gr., III, p. 450), De vit. Cæsar, XXVIII, 15 sqq. FLORUS, II, 17. PLUTARQUE, Brutus, c. 19, fin. Cf. ZUMPT, p. 236.
[250] Les limites que je me suis tracées dans ce livre m’obligent à ne parler qu’en passant des préparatifs (interrompus par sa mort) que fit César pour une grande guerre d’abord contre les Cèles et les Daces, puis contre les Parthes ; de la concentration provisoire en Macédoine de six légions romaines et d’autres troupes sous le commandement de M. Æmilius Scaurus (cf. DRUMANN, vol. III, p. 679) à partir de l’an 45 ; de l’entassement d’un matériel de guerre considérable à Démétrias en Thessalie (PUTARQUE, Brutus, c. 25. APPIEN, B. C., III, 63) ; de la marche d’autres troupes romaines se rendant en Achaïe ou traversant cette province, comme celles que commandait M’. Acilius vers la fin de l’année 45 et celles de Gaius Caninius Rebilus au commencement de l’année 44 (ZUMPT, op. cit., p. 228 et CICÉRON, Ad Fam., VII, 30, fin., Ad Atticus, XIV, 5), le tout se rapportant à l’expédition projetée. — Nous ne pourrons également indiquer que brièvement le changement fréquent des décisions prises à l’égard de la Macédoine depuis la mort de César et avant l’arrivée de Brutus à Athènes, changement qui dépendait des mouvements qui avaient lieu dans la capitale. Il en est de même des luttes, importantes seulement pour l’histoire romaine de l’année 44 et accompagnées d’un grand nombre de négociations secrètes et d’intrigues, pour la possession des légions entassées en Macédoine, dont une seule resta, comme on sait, au consul désigné Dolabella pour la Syrie et la guerre contre les Parthes, tandis que la cavalerie passa plus tard du côté de Brutus. M. Antonius, vers la fin de l’automne de l’année 44, lit passer en Italie les légions qu’on lui avait assignées au mois de juillet du celle même année. Sur les renseignements donnés dans le texte, v. APPIEN, B. C., IV, 57. III, 7. 8. init., 12. 16. 36. CICÉRON, Ad Att., XIV, 9, 3. VELLEIUS, II, 60. DION CASS., XLV, 20.
[251] APPIEN, III, 6. 8. 12. 16. c5. 36. IV, 57. DION CASS., XLV, 32. XLVI, 23. XLVII, 21. PLUTARQUE, Brutus, c. 19 fin. CICÉRON, Phil., XI, 12. 11,38. FLORUS, II, 17 et v. aussi ZUMPT, f. 237 sqq., 241 sqq. DRUMANN, vol. I, p. 139. 103 sqq., vol. II, p. 124.
[252] APPIEN, III, 24. IV, 57 fin. NICOL. DAMASC. (ibid., p. 453), 1) : vit. Cæsar, XXXI, 7. DION CASS., XLVII, 21 init. PLUTARQUE, Brutus, c. 24 init., et c. 28. — Cependant les libérateurs ne négligèrent pas complètement pour cela la province de Crète ; on nous dit que, pendant la guerre qu’ils firent aux nouveaux triumvirs, cette île fut occupée par un chef dévoué à la cause de Brutus. APPIEN, V, 2.
[253] CICÉRON, Ad Fam., IV, 12. Ad Atticus, XIII, 10. TITE-LIVE, Epit., lib. CXV. VALÈRE MAX., VIII, 11, 4. Cf. ROSS, Arch. Aufs., vol. I, p. 6, 14 sqq. (SÉNÈQUE, Consul. ad Helv., c. 9).
[254] Cf. aussi MEIER (Comm. Epigr.), Index Attic. Archont. Eponym.
[255] PLUTARQUE, Brutus, c. 24. DION CASS., XLVII, 20 fin. et ZONARAS, X, 18 (ces auteurs font paraître un moment à Athènes Cassius, qui vint voir une fois encore Brutus en Grèce et — PLUTARQUE, Brutus, c. 28 — prit congé de lui au Pirée). Cf. SÉNÈQUE, Suasor, 1. BURSIAN, Geogr., vol I, p. 285 sqq.
[256] DION CASS., XLVII, 21. ZONARAS, loc. cit.
[257] PLUTARQUE, Brutus, c. 24.
[258] PLUTARQUE, Cicéron, c. 45, et Brutus, c. 24 et 26. HORAT., Satir., I, 6, 48. SUÉTONE, Vit. Horat., init. (cf. W. E. WEBER, Q. Horatius Flaccus, p. 38 sqq.), CICÉRON, Ad Attic., XII, 32, 2. Cf. APPIEN, IV, 51. 104. 136.
[259] PLUTARQUE, Brutus, c. 25. APPIEN, III, 63.
[260] PLUTARQUE, Brutus, c. 25. DION CASS., XLVII. 21. ZONARAS, ibid. CICÉRON, Phil., X, 6. XI, 12.
[261] DION CASS., XLVII. 21. PLUTARQUE, Brutus, c. 25, et v. la note suivante.
[262] PLUTARQUE, Brutus, c. 25. 26. Quæst. Sympos. VI, 8, 2. APPIEN, III, 32. 79. DION CASS., XLV, 9. 22. XLVI, 26. XLVII, 21. ZONARAS, loc. cit. CICÉRON, Phil., X, 6. XI. 11, 12. TITE-LIVE, Epit., lib. CXVIII. VELLEIUS, II, 69.
[263] DION CASS., XLVI, 40. XLVII, 22. ZONARAS, X, 15, 18. PLUTARQUE, Brutus, c. 27 sqq. APPIEN, B. C., III, 63. 64. IV, 58 75. 94. Illyr., c. 13. JOANN. ANTIOCH., fr. 74. CICÉRON, Phil., X, 6, 14. 11, 26. XI, 11, 12 fin. VELLEIUS II, 62. 73. Hortensius fut jusqu’à nouvel ordre prorogé dans son gouvernement comme collègue ou subordonné de Brutus. ZUMPT, p. 249 sqq. DRUMANN, vol. I, p. 267.
[264] DION CASS., XLVII, 25. V. aussi ZONARAS, X, 18. APPIEN, IV, 75. TITE-LIVE, Epit. lib. CXXII. Ce n’est qu’en passant que nous rappellerons les guerres continuelles que les Barbares du Nord, profilant des troubles occasionnés dans l’empire par les guerres civiles, firent sans cesse aux Romains et aux provinciaux sur les frontières de l’Illyrie dalmatique et de la Macédoine, même au temps de César et plus tard (jusqu’aux grandes et décisives victoires d’Octave et de ses généraux avant et après la bataille d’Actium). Outre les incursions des Pirustes (qui occupaient la vallée du Drilon sur la frontière de la Macédoine, de l’Illyrie et de la Dalmatie) dans l’Illyrie dalmatique en 54 av. J.-C. (CÆSAR, Bell. Gall., V, 1. MOMMSEN, R. G., vol. II, p. 169 et vol. III, p. 287) et les luttes des Barbares contre César en Dalmatie (APPIEN, Illyr., c. 12) et contre les lieutenants de César Gabinius, Cornificius et Vatinius (depuis 48 av. J.-C. CÆSAR, Bell. Alex., c. 42-48. APPIEN, Illyr., c. 13), il est fait mention surtout des Gèles et des Daces, qui, sous leur grand roi Bœrébistas (de 70 à 50 environ av. J.-C, à moins qu’il n’ait vécu plutôt à l’époque d’Auguste, v. MOMMSEN, Res. gest. D. Augusti ex monum. Ancyr., p. 89), avaient fondé sur les deux rives du Danube, moyen et inférieur, un empire puissant et très redoutable aux Romains et qui, notamment à l’époque qui précède et suit immédiatement la mort de César, sont souvent mentionnés comme ennemis dangereux de la Macédoine. Cf. VELEIUS, II, 59. APPIEN, B. C., II, 110 init., et fin. 37. Illyr., c. 13. SUÉTONE, Cæsar, c. 44. Octave, c. 8. STRABON, VII, 3, 11, p. 465 (304). TITE-LIVE, Epit., lib. CXVII, et v. MOMMSEN, R. G., vol. III, p. 288 sqq., 485. E. RÖSLER, Das vorrömische Dacien, p. 3, et cf. SCHÖTENBACK, Ueber die Thraker als Stammväter der Gothen (Stendal, 1861), 1re partie, p. 10 sqq. — Nous parlerons plus bas d’autres combats, en tant qu’ils nous sont connus, tantôt dans le texte, tantôt dans les notes, jusqu’à la fin du ch. V.
[265] APPIEN, III, 26. IV, 58. 60. DION CASS., XLVII, 29. ZONARAS, loc. cit. STRABON, XIV, 1, 37, p. 956 (646). CICÉRON, Phil., XI, 2. 3. 4. TITE-LIVE, Epit., lib. CXIX. VELLEIUS, II, 69. OROSE, VI, 18. On prétend que Dolabella acheta à Argos le cheval de Séius, qui, d’après la tradition, était issu des chevaux mythiques du Thrace Diomède, qu’Hercule avait, dit-on, après avoir tué ce dernier, conduits à Argos, et se distinguait par sa beauté, sa force, sa taille et d’autres qualités éminentes. On dit encore que tous les Romains qui le possédèrent moururent successivement de mort violente. M. Antoine avait été la cause de la mort de son premier possesseur, le riche scribe Gnæus Seius. Dolabella mourut en Syrie ; Cassius, qui s’en empara ensuite, périt à Philippes, et M. Antoine, le dernier possesseur, en Egypte. GELL., N. A., III, 9, 1-6.
[266] APPIEN, IV, 74. V, 5.
[267] APPIEN, B. C., IV, 60 et 61 init., et fin., 66. 69 ; cf. CICÉRON, Ad fam., XII, 14 et 15.
[268] CICÉRON, Ad fam., XII, 15, 2, et ensuite avec le grand Gaius César. APPIEN, Bell. Civ., IV, 68. 70.
[269] APPIEN, IV, 65-74. V, 2. DION CASS., XLVII, 33-36. PLUTARQUE, Brutus, c. 30 et 32 fin. DION CHRYSOST., Orat. XXXI, p. 331 6. ZONARAS, X, 18. VALÈRE MAX., I, 5, 8. VELLEIUS, II, 69 fin. OROSE, VI, 18. (D’après DION CASS., ibid., 33, les Rhodiens, fiers de leur marine, étaient si sûrs de la victoire, qu’avant la bataille de Myndos ils montraient aux Romains les chaînes dont ils espéraient charger les prisonniers). — Les exactions continuèrent même après le départ de Cassius ; à la nouvelle de la mort de ce général dans la première bataille de Philippes, un lieutenant des généraux républicains, Cassius de Parme, brûla la plus grande partie de la flotte rhodienne et emmena avec lui trente vaisseaux. APPIEN, V, 2.
[270] PLUTARQUE, Brutus, c. 34 init. ; cf. TITE-LIVE, Epit., lib. CXXII. — En Asie, le rhéteur Théodotos de Chios (PLUTARQUE, Pompée, c. 77. Brutus, c. 33. ZONARAS, X, 9. JOAHN. ANTIOCH., fr. 72, 9) ou de Samos (APPIEN, II, 84), qui avait contribué à faire assassiner par la cour d’Egypte Pompée fugitif, tomba au pouvoir de Cassius (d’après ZONARAS, ibid. PLUTARQUE, Brutus, c. 33 fin. Pompée, c. 80 fin., il tomba entre les mains de Brutus) et fut crucifié sur son ordre. APPIEN, II, 90 init.
[271] APPIEN, B. C., IV, 74 fin., 82.
[272] APPIEN, IV, 86-108. PLUTARQUE, Brutus, c. 38 sqq. Anton., c. 22. DION CASS., XLVII, 35-41. ZONARAS, X, 19. TITE-LIVE, Epit., lib. CXXIII sqq. VELLEIUS, II, 70. EUTROPE, VII, 3. FLORUS, II, 17. OROSE, VI, 18. Cf. TAFEL, De Thessalon., p. XXVII sqq.
[273] APPIEN, III, 79 fin. IV, 75. 88. V, 75.
[274] PLUTARQUE, Brutus, c. 41 fin. ; cf. c. 46 init. Le motif qui décida les Lacédémoniens à prendre les armes pour Octavien nous est inconnu ; Statius Murcus les avait peut-être irrités par des exactions. Mais il est possible aussi qu’ils aient, dès le début, été bien disposés pour Octavien, soit par haine pour leurs voisins qui inclinaient vers Brutus, soit parce que Jules César, d’après TACITE, Annal., IV, 43, leur avait, contrairement à une ancienne décision de Mummius accordé le territoire de Denthéliates, que Sparte et la Messénie se disputaient depuis longtemps.
[275] PLUTARQUE, Brutus, c. 40 init. ; ce renseignement, il est vrai, n’est pas tout à fait certain. Voyez APPIEN, IV, 118 fin. TAFEL, op. cit., p. XXVIII sqq. KUHN, vol. II, p. 54, où l’on mentionne aussi la récompense accordée à la ville de Thessalonique par les triumvirs vainqueurs. — Sur les présages merveilleux qui précédèrent la bataille de Philippes en Grèce et en Macédoine et notamment en Thessalie, v. DION CASS., XLVII, 40 sqq. Cf. ZONARAS, X, 19. PLUTARQUE, Brutus, c. 48. APPIEN, IV, 134. SUÉTONE, Octave, c. 96.
[276] APPIEN, IV, 122.
[277] PLUTARQUE, Anton., c. 24 init. ; Cf. ZUMPT, Comm. Epigr., vol. II, p. 251. DRUMANN, vol. I, p. 427 et 514, nous parle du triomphe qu’il célébra sur la Macédoine, c’est-à-dire sur quelqu’une des peuplades barbares du Nord (1er janv. 39).
[278] APPIEN, IV, 106. 136 fin.
[279] PLUTARQUE, Anton., c. 23. APPIEN, V, 7 (cf. 76). DION CASS., LIV, 7. K. FR. HERMANN fait observer (Griech. Staatsalt., § 176, 14) qu’on aurait tort de conclure des paroles d’Appien, que les Athéniens aient possédé antérieurement déjà Ténos ; il est possible qu’Antoine ait d’abord promis cette île aux Athéniens, et que, l’ayant ensuite donnée aux Rhodiens, il ait dédommagé Athènes en lui cédant les lies dont parle Appien. (Cf. aussi BÖCKH, C. I. Gr., II, p. 177, n° 2151 et WACHSMUTH, Die Stadt Athen, p. 664.)
[280] PLUTARQUE, Anton., c. 23 fin. Cf. PAUSANIAS, I, 42, 5. BURSIAN, Geogr., vol. I, p. 377 sqq.
[281] Sur ces deux frères, qui, avant et après la mort de César, ont rendu à Gytheion des services analogues à ceux que Pomponius avait rendus auparavant à Athènes, voyez l’inscription de Gytheion, des années 40-38 avant J.-C, publiée par SAUPPE dans les Nachrichten von d. K. Gesellschaft d. Wiss. zu Göttingen, 1865, n° 17. p. 461 et 1867, n° 9, p. 156 sqq., et Philologus, XXV [1867], p. 557 sqq.
[282] Dans l’entourage d’Antoine, décrit avec tant de malice par Cicéron, se trouvaient aussi beaucoup de Grecs, comme (cf. DRUMANN, vol. I, p. 116. 513 sqq.) Cydas de Crète, Lysiade d’Athènes, Métrodore et d’autres.
[283] APPIEN, V, 2.
[284] Rhein. Mus. N. F., II, p. 97. BÖCKH, C. I. Gr., II, p. 1079, n° 2417 b. Appien, V, 7, dit que les Rhodiens perdirent bientôt après ces nouvelles acquisitions (par ordre d’Octavien, sans doute, après la bataille d’Actium), parce qu’ils avaient été des maîtres trop sévères, c’est-à-dire probablement parce qu’ils s’étaient rendus coupables d’exactions.
[285] APPIEN, V, 4-7. PLUTARQUE, Anton., c. 24. STRABON, XIII, 4, 15 fin., p. 935 (630). XIV, 1, 41, p. 959 (648) et 2, 24, p. 974 (659) DION CASS., XLVIII, 24 init., et 30. BLASS, Griech. Beredtsamkeit, p. 73 sqq.
[286] Cf. APPIEN, V, 25. 26.
[287] APPIEN, V, 50. 52. 55. PLUTARQUE, Anton., c. 30. DION CASS., XLVIII, 27. 28. ZONARAS, X, 22.
[288] PLUTARQUE, loc. cit. APPIEN, V, 52. 55.
[289] PLUTARQUE, Anton., c. 33. APPIEN, V, 76 init. ZONARAS, X, 23 init.
[290] D’après APPIEN, V, 72. 77. 80. Si VELLEIUS, II, 77 et DION CASS., XLVIII, 36. 39. 46. ZONARAS, X, 22, mettent le mol Achaïe, il ne faudrait pas, avec DRUMANN, vol. I, p. 430, note 8, accuser Appien d’inexactitude ; il est plus probable que Pompée, qui, à l’ouest, ajoutait à son empire maritime la Sardaigne et la Corse, se contenta, en Orient, du Péloponnèse, au lieu de prétendre a la possession de la Grèce centrale, très difficile à défendre ; il ne faut pas oublier que le Péloponnèse, à une époque où la situation politique de la Grèce était toujours encore indécise et où l’étendue géographique du nom officiel d’Achaïe était encore mal définie, est appelé à plusieurs reprises Achaïe. Cf. KUHN, Beiträge zur Verf. d. Röm. Reichs, p. 130 et Städt. Verf., vol. II, p. 72. CURTIUS, Pelop., vol. I, p. 111. ZUMPT, Comm. Epigr., II, p. 251. La cession du Péloponnèse à Sextus Pompée a laissé des souvenirs dans des noms de Spartiates romanisés (voyez BÖCKH, C. I. Gr., vol. I, p. 657, et n° 1242. 1267. 1284. 1345. 1357. 1365-1369).
[291] DION CASS., XLVIII, 39 init., 46 init., et cf. APPIEN, V, 77. 80. ZONARAS, X, 23, init.
[292] DION CASS., XLVIII, 41 fin. APPIEN, V, 75. HORAT., Carm., II, 1, 16 et v. DRUMANN, vol. I, p. 441. II, p. 10. A la même époque, d’autres troupes d’Antoine faisaient la guerre aux Dardaniens, qui inquiétaient constamment la Macédoine. APPIEN, V, 75.
[293] APPIEN, V, 75 et 76. PLUTARQUE, Anton., c. 33.
[294] PLUTARQUE, Ant., c. 60 (cf. DION CASS., L, 15). C’est le premier exemple qu’on puisse citer à Athènes du procédé peu délicat qui consistait à consacrer à des hommes encore vivants des œuvres, d’art des temps passés en en changeant l’inscription. Cet usage devint alors de plus en plus fréquent ; c’est ainsi qu’entre autres Pausanias trouva près du temple d’Héra, non loin d’Argos, sur la colline Eubœa, une statue d’Oreste consacrée à Auguste. II, 17, 3. ROSS, Archäol. Auft., vol. I, p. 170 sqq., 184.
[295] Cf. PLUTARQUE, Anton., c. 24. VELLEIUS, II, 82.
[296] On sait qu’Antoine s’efforçait d’accréditer la légende d’après laquelle sa race descendait d’Héraclès (dont, soit dit en passant, prétendait aussi descendre la gens Fabia de Rome) ; DRUMANN, vol. I, p. 59, note 2, cf. APPIEN, III, 16 fin., 19 fin. PLUTARQUE, Anton., c. 4. 36. 60. — Sur cette comédie du nouveau Bacchus athénien, v. DION CASS., XLVIII, 39. ZONARAS, X, 23 init. PLUTARQUE, Anton., c. 60. SOCRAT. RHOD., ap. ATHEN., IV, pp. 147 e. 148, c-d, et SÉNÈQUE, Suasor., 1. Voyez aussi C. BÖTTICHER dans le Philologus, vol. XXII, fasc 1 (1864), p. 74. PRELLER, Röm. Mythol., 2e édit, p. 772.
[297] PLUTARQUE, Anton., c. 34 init., et cf. C. BÖTTICHER, op. cit. Antoine revint encore une fois à Athènes en 38, après sa courte expédition en Syrie (PLUTARQUE, Anton., c. 34), pour y rester jusqu’au printemps de l’an 36. DRUMANN, vol. I, p. 446-450.
[298] Sur la fuite de Sextus Pompée par Céphallénie à Lesbos, et de là en Asie ; sur ses agissements dans cette province et en Bithynie ; sur sa mort (en 35) à Milet, v. DION CASS., XLIX, 17 sqq. ZONARAS, X, 25. VELLEIUS, II, 79. APPIEN, V, 133-145. STRABON, III, 2, 2, p. 209 (141). TITE-LIVE, Epit., lib. CXXXI.
[299] EUTROPE, VII, 9. TITE-LIVE, Epit., lib. CXXXI sqq. FLORUS, II, 23 sqq. ZONARAS, X, 27. DION CASS., XLIX, 34-38. VELLEIUS, II, 78. OROSE, VI, 19. APPIEN, Illyr., c. 16-29.
[300] Faisons encore quelques remarques sur les Hellènes de cette époque. Sur les folies et les mœurs dissolues d’Antoine et de Cléopâtre, Plutarque (Anton., c. 28) cite entre autres une relation intéressante (qu’il rapporte, il est vrai, au premier séjour d’Antoine à Alexandrie, 41/40 av. J.-C.) du médecin Philotas d’Amphissa, qui faisait alors ses études à Alexandrie et qui raconta au grand-père de Plutarque, Lamprias, une foule d’anecdotes piquantes. — L’île de Crète faisait partie (DION CASS., XLIX, 32 fin.) des provinces romaines qu’Antoine donna dans son aveuglement (en 36) aux enfants qu’il avait eus de Cléopâtre. Nous ferons observer enfin que ce même Marc Antoine avait la réputation d’un voleur d’objets d’art et qu’il en enleva en effet beaucoup en Grèce, dans le but d’en orner Alexandrie pour faire plaisir à Cléopâtre. Après la défaite d’Antoine, Octave les rendit aux villes dépouillées. Cf. STRABON, XIV, 1, 14, p. 914 (637) et XIII, 1,30, p. 890 (595). DRUMANN, vol. I, p. 465.
[301] PLUTARQUE, Anton., c. 56.
[302] PLUTARQUE, Anton., c. 57. DION CASS., L, 15 ; cf. DRUMANN, vol. I, p. 469.
[303] Sur Athènes, voyez aussi TACITE, Ann., II, 55 et SÉNÈQUE, Suasor., 1.
[304] PAUSANIAS, VIII, 8, 6. 9, 3. 46, 1.
[305] Rappelons ici qu’au printemps de l’année 40 av. J.-C, Livie (plus tard épouse d’Octavien et alors femme de Tib. Claudius Drusus Nero), après la fin, si désastreuse pour les adversaires d’Octavien, de la guerre de Pérouse, dans laquelle Drusus s’était battu contre Octavien, traversa la Grèce pour se réfugier auprès d’Antoine, et qu’une nuit, en Laconie, un incendie qui s’était déclaré dans une forêt mit en danger ses jours ainsi que ceux de son mari et de son fils Tibère encore enfant. SUÉTONE, Tibère, c. 6. Cf. DION CASS., LIV, 7.
[306] PAUSANIAS, IV, 31, 3.
[307] PLUTARQUE, Anton., c. 67. (ECKHEL, D. N., II, p. 283, fait mention d’un légat d’Antoine, L. Sempronius Atratinus, qui commandait en Laconie ou sur les côtes du Péloponnèse). Les Spartiates pour Octavien, PAUSANIAS, VIII, 8, 6. IV, 31, 2. Si Tacite, Ann., IV, 43, a raison de dire qu’Antoine, comme César avant lui, se prononça en faveur de Sparte dans son vieux différend avec la Messénie au sujet du district de Denthéliates, il le fit peut-être dès l’année 44, de sorte que la reconnaissance des Spartiates pouvait bien s’être affaiblie pendant ce laps de temps. (Sur les sympathies d’une partie des Crétois pour Octavien, dans le prochain chapitre).
[308] DION CASS., L, 9. ZONARAS, X, 28 fin. PLUTARQUE, Anton., c. 60.
[309] OROSE, VI, 19. PLUTARQUE, Ant., c. 62. 63.
[310] PLUTARQUE, Anton., c. 68.
[311] Cf. WACHSMUTH, Die Städt Athen, p. 605.
[312] DION CASS., L, 11. ZONARAS, X, 29 init. STRABON, VIII, 4, 3, p. 551 (359). OROSE, VI, 19.
[313] DION CASS., L, 11 et 12. ZONARAS, ibid. PLUTARQUE, Anton., c. 02 sqq. STRABON, VII, 7, 5, p. 500 (324) ; cf. FLORUS, II, 21.
[314] OROSE, VI, 19. DION CASS., L, 11, 12. ZONARAS, ibid.
[315] DION CASS., L, 13. ZONARAS, ibid. OROSE, ibid. PLUTARQUE, Anton., c. 62 sqq. DION CASS., L, 8, 15, et PLUTARQUE, Anton., c. 60, nous disent que cette bataille aussi fut précédée de merveilleux présages ; à Patræ, entre autres, l’Héracléion fut frappé par la foudre et brûla complètement.
[316] DION CASS., L, 13. 14. 30. ZONARAS, loc. cit. FLORUS, II, 21. VELLEIUS, II, 84. A Corinthe commanda plus tard le procurateur Théophilos, affranchi d’Octavien. PLUTARQUE, Anton., c. 67 fin.
[317] PLUTARQUE, Anton., c. 67.
[318] ZONARAS, loc. cit. DION CASS., LI, 5. PLUTARQUE, Anton., c. 67.