Ier SUPPLÉMENT. — SUR L'ÉPOQUE DE LA FONDATION DE CUMES. Eusèbe[1] fixe la fondation de Cumes en l'année 1049 avant J.-C., Strabon[2] proclame cette ville comme la plus ancienne parmi les colonies fondées par les Grecs dans l'Occident, et Velleius Paterculus[3] dit qu'elle fut fondée avant la colonisation de l'Asie Mineure par les Éoliens. Cependant Niebuhr[4] a élevé des doutes sur la véracité de ces données ; il est donc temps d'écarter des dates qui, étant très incertaines, jettent une grande confusion dans l'histoire de la civilisation de l'Italie. D'abord ce qui ne nous permet pas d'admettre ces différentes dates, ce sont les conditions mêmes de la navigation primitive des Grecs. Il n'est guère croyable que les Hellènes aient choisi pour leur première colonie en Occident le lieu le plus éloigné de la mère-patrie. En second lieu, en admettant que la ville ait été fondée d'un commun accord par des Chalcidiens sous Mégasthène et des Cuméens de l'Asie Mineure sous le gouvernement d'Hippoklès[5], ce procédé d'après un plan prémédité dénote une phase assez avancée de la civilisation plutôt que le commencement d'une colonisation dirigée vers l'Occident. Enfin, si l'origine de Cumes datait de la fin du douzième siècle avant notre ère, les fouilles sur son emplacement auraient mis au jour une couche plus ou moins semblable à celle des tombes en puits de Mycènes, ou au tombeau préhellénique découvert sur la propriété Matrensa, près Syracuse. On aurait tort d'alléguer que la statistique monumentale de Cumes pourrait bien offrir des lacunes, puisque dans aucune nécropole de la Grèce occidentale on n'a pratiqué de fouilles plus complètes que près de Cumes. Les plus anciennes trouvailles qu'on y a faites indiquent une époque comparativement plus récente, et ont plus ou moins de rapports avec belles qu'on a mises au jour dans les plus anciens tombeaux en Sicile. Ne perdons pas de vue non plus que, d'après Aristote[6], les Chalcidiens, subjugués par les Hippobotes, auraient fondé des colonies en Sicile et en Italie. Or l'abolition de la royauté et son remplacement par une oligarchie, comme celle des Hippobotes à Chalcis, n'eurent lieu dans aucun État grec avant le huitième siècle. Par conséquent, suivant la tradition recueillie par Aristote, Cumes a été fondée au plus tôt dans ce siècle-là. Enfin Thucydide[7], qui a évidemment puisé ses informations sur la Sicile et l'Italie aux meilleures sources[8], ne sait rien sur la haute antiquité de cette ville, puisqu'il considère Naxos en Sicile comme le premier établissement des Grecs dans l'Occident. En tout cas, la divergence d'opinions sur la chronologie de Cumes provient de ce qu'il n'existait autrefois aucune tradition positive à ce sujet. Ce fait cependant ne prouve nullement que l'origine de cette ville se perdait dans la nuit des temps préhistoriques. On peut l'expliquer d'une manière beaucoup plus naturelle. Cumes succomba sous les attaques des Osques dès les premières vingt années du cinquième siècle. Si sa chute entraîna en même temps la perte de la liste de ses éponymes, les moyens de déterminer l'époque de la fondation de cette ville firent défaut aux savants qui s'occupèrent plus tard de son histoire, ainsi qu'aux chronographes alexandrins ; il en résulta qu'un champ libre s'ouvrit à des hypothèses arbitraires. Selon toute probabilité Éphore profita de cette circonstance pour reculer le plus possible l'origine de Cumes. Cet historien, né dans une ville de même nom en Asie Mineure et animé d'un enthousiasme excessif pour sa ville natale, a fait son possible pour lui assurer dans son ouvrage une place proéminente et glorieuse, et s'attira de ce chef les railleries d'autres auteurs[9]. On a prétendu que les Cuméens de l'Asie Mineure auraient pris part à la fondation de Cumes en Campanie. Cette opinion repose-t-elle sur une tradition historique ou seulement sur une conclusion qu'Éphore lui-même aurait tirée de l'identité des deux noms ? C'est ce qu'il est difficile d'affirmer[10]. Quoi qu'il en soit, Éphore était fortement tenté d'établir des rapports entre la Cumes de Campanie et sa ville natale, et d'attribuer à la première une noblesse très ancienne ; la ville éolienne acquérait en effet un nouveau titre de gloire, si l'on arrivait à accréditer cette opinion qu'elle avait coopéré à l'établissement de la première colonie grecque en Occident et qu'elle lui avait donné son nom. Il est certain que Strabon, dans ses chapitres consacrés à la ville campanienne, a surtout mis à contribution Éphore. Non seulement il le cite[11], mais il rend compte de la fondation de cette ville tout à fait à la manière de cet historien, qui s'était acquis une véritable renommée par les détails avec lesquels il racontait les migrations des peuples et l'établissement de leurs colonies[12]. De ce qui précède, il nous est permis de conclure sans rien exagérer que c'est à Éphore qu'on a emprunté l'opinion d'après laquelle Cumes serait la plus ancienne des colonies grecques de l'Occident. En tout cas le passage[13] οἱ δὲ τὸν στόλον ἄγοντες, Ἱπποκλῆς ὁ Κυμαῖος καὶ Μεγασθένης ὁ Χαλκιδεύς, διωμολογήσαντο πρὸς σφᾶς αὐτούς, τῶν μὲν ἀποικίαν εἶναι τῶν δὲ τὴν ἐπωνυμίαν, avec son antithèse de rhétoricien, est entièrement conforme au style du disciple d'Isocrate[14], tandis que le sentiment de fierté qui y domine nous rappelle bien le patriotisme local de l'historien. D'un autre côté, il y eut plus tard beaucoup de bonnes raisons pour faire croire que la ville de Cumes en Campanie remontait réellement à une très haute antiquité. Comme le souvenir de l'influence considérable qu'elle avait exercée sur le développement de l'Italie centrale était resté très vivace, on s'imagina qu'il y avait beaucoup de rapports entre Cumes et l'histoire primitive du Latium, et spécialement entre cette ville et le conte inventé par les Grecs de la Sicile, d'après lequel Énée serait venu dans le Latium. On admet qu'Énée, avant de débarquer dans ce pays, avait visité Cumes[15]. Depuis l'origine de la littérature romaine tout au moins on fixa la fondation de Rome au milieu du huitième siècle avant J.-C., et, selon la tradition qui avait cours au deuxième siècle, on calcula que l'intervalle compris entre cet événement et le débarquement des Troyens embrassait une période de trois générations[16]. D'après ces évaluations, la ville de Cumes aurait existé déjà au neuvième siècle. Cependant il fallut lui attribuer une antiquité encore plus haute, lorsqu'au temps d'Auguste on dressa la liste des rois d'Albe, et que par le même fait on recula l'arrivée d'Énée à une époque antérieure à celle à laquelle on l'avait fixée d'abord[17]. Il n'est donc pas étonnant que Velleius Paterculus ait considéré la ville campanienne comme plus ancienne même que la ville homonyme de l'Asie Mineure. La critique historique a le droit et même le devoir de rejeter des dates aussi artificiellement arrêtées. Il ne faut donc pas considérer la ville de Cumes comme un précurseur dans la colonisation hellénique de l'Occident ; il faut simplement lui assigner une place dans ce mouvement de migration générale. Par conséquent, si les plus anciens établissements des Grecs sur la côte orientale de la Sicile datent du huitième siècle avant notre ère, la position géographique de Cumes nous indique que cette ville n'est pas plus ancienne, mais plutôt un peu plus récente que ceux-là. IIe SUPPLÉMENT. — DU REVÊTEMENT MÉTALLIQUE DES MURS. Comme les métaux se distinguent par leur solidité et par leur ductilité, on a été tout naturellement amené à rendre plus résistants en même temps que plus beaux, au moyen d'un revêtement métallique, les objets faits avec des matières plus fragiles. Il est donc inutile de supposer que ce procédé a été inventé dans telle ou telle contrée d'où il se serait propagé plus loin. Différents peuples ont bien pu, indépendamment les uns des autres, avoir l'idée d'employer les incrustations métalliques les plus simples et à leur portée. On se demande cependant si cette hypothèse est admissible quand il s'agit de l'usage mentionné dans l'Épopée de recouvrir certains fragments d'architecture et même des murs d'un revêtement métallique. Il est prouvé qu'un usage au moins analogue existait dans la vallée du Nil sous l'Ancien Empire. Dans le papyrus de Berlin n° 1, un réfugié égyptien du nom de Saneha, gracié, après un long séjour à l'étranger, par le Pharaon Amenemhat Ier (de la 12e dynastie, 3000 ans avant notre ère), et, rentré dans son pays, raconte l'histoire de sa vie et décrit sa statuette mortuaire, qui devait être placée un jour dans son tombeau orné par la grâce du roi. Cette statuette était d'or et ses reins étaient enveloppés d'un tablier (schenti) en asem, c'est-à-dire en or mélangé d'argent (elektron)[18]. Il est évident que cet emploi de l'elektron est en rapport intime avec l'incrustation architecturale, et plus encore avec l'habitude de couvrir d'une plaque de métal la pointe ou le pyramidion des obélisques. La preuve que cette habitude existait déjà sous les premières dynasties se trouve sur l'obélisque qu'Usurtasen Ier, successeur d'Amenamhat Ier, éleva à Héliopolis, et sur le faite duquel plusieurs Arabes avaient trouvé une garniture en bronze, couverte de figures gravées[19]. D'un autre côté les inscriptions du Nouvel Empire parlent
d'incrustations métalliques, qui correspondent dans ce qu'elles ont
d'essentiel à celles décrites dans l'Épopée. On y mentionne souvent des
portes recouvertes de métal. Mais puisque Dümichen[20] a déjà réuni un
nombre considérable de témoignages de ce genre, il nous suffira d'en citer
quelques-uns qui sont les plus concluants. La plus ancienne mention d'un
revêtement métallique de porte se trouve, autant que nous sachions, dans une
inscription où sont consignés les travaux que Thutmès III (seizième siècle av. J.-C.) fit exécuter à
Karnak[21]. Il y est dit : Sa porte en bois du pays de Chont (ou Chontsché) est
couverte de cuivre (bronze ?), et dans le cartouche se trouve encadré le nom du roi en
or (asem).
Dans un autre passage du même texte on lit : Sa
Majesté a fait construire la grande porte en vrai bois d'as revêtu
d'or, les joints, remplis de cuivre noir, et le nom du roi dans le cartouche
est en or asem, en or et en cuivre noir[22]. L'inscription
au-dessus du temple, que Ramsès II éleva à Osiris à Abydos, dit : Il a construit le portail en pierre foncée ; les vantaux
de la porte sont joints avec du cuivre et revêtus d'or (asem)[23]. Une inscription
sur le temple de Médinet-Habou[24] rapporte sur
Ramsès III ceci : Il l'a fait élever à la mémoire de
son père Amo-Râ, le Souverain de Thèbes ; il l'a construit pour des millions
d'années en grès magnifique et solide, ses portails en granit noir ; les
battants des portes en vrai bois d'as du pays de Hotpohet revêtues de plaques
d'or (asem).
— Il est évident que toutes ces portes étaient recouvertes de plaques de
métal d'après le même principe technique que celles mentionnées dans l'Épopée,
telles que les portes en fer du Tartare[25] et celles de la
maison d'Alcinoüs dont les battants, selon le poète, étaient en or et les
montants[26]
en argent ! Nous ne rencontrons, au contraire, en Égypte que peu de traces de revêtements métalliques des murs semblables aux descriptions que l'Épopée fait des salles d'Alcinoüs[27] et de Ménélas[28]. M. Dümichen, que nous avons consulté, n'a pu nous indiquer que deux inscriptions relatives à ce sujet. L'une se rapporte au grand temple que Séthos Ier éleva à Abydos[29], et décrit ainsi un de ses corridors : Édifice construit en pierre revêtue d'or pour une durée infinie de périodes de cent vingt années. — L'autre, qui se trouve à Thèbes, ne mentionne aucun nom de roi, mais semble, selon la supposition de Dümichen, appartenir au règne de Ramsès III[30]. L'inscription qui s'y rapporte et dont la traduction nous a été donnée par ce savant dit textuellement : On a aménagé pour le père d'Amon une grande salle de festin ; elle fut revêtue de bon or ; les colonnes furent ornées d'asem et les soubassements d'argent. Le revêtement métallique des murs était bien plus répandu en Mésopotamie qu'en Égypte. Les matériaux les plus usités dans ce pays depuis les temps les plus reculés étaient les briques en terre glaise[31]. Afin d'armer contre les injures du temps et contre la violence des hommes ces édifices construits avec des matériaux aussi périssables et afin de les orner, il fallut protéger leurs murs à l'intérieur comme à l'extérieur d'un revêtement solide. Le choix des matériaux employés dépendait naturellement du but qu'on se proposait d'atteindre. Si l'on ne visait qu'à la solidité, on couvrait les murs de pierres ; lorsqu'il s'agissait d'embellissement, on employait des métaux, de l'ivoire, des briques émaillées et des boiseries précieuses. Il est évident que, dans le pays de vieille civilisation compris entre l'Euphrate et le Tigre, toutes les conditions favorables étaient réunies pour développer et pour perfectionner, de quelques matériaux qu'on se servit à cet effet, l'art d'incruster les murs. On se demande donc s'il ne faut pas regarder la Mésopotamie comme le point de départ de ce système de décoration, et si ce n'est pas l'Asie qui a donné naissance aux revêtements muraux de la vallée du Nil. Comme nous l'avons fait observer plus haut, il n'existe pas de preuve que ce système y fût connu avant Séthos Ier. Il est cependant certain que, depuis la marche victorieuse de Thutmès III jusqu'aux bords de l'Euphrate, l'art égyptien en général et son art décoratif en particulier ont fait de nombreux emprunts à l'Asie[32]. Il semble même que de là serait venu l'usage de recouvrir non seulement les murs, mais les portes d'un revêtement métallique. Le plus ancien spécimen de ces portes nous est signalé sous le règne de Thutmès III, puisque nombre d'inscriptions égyptiennes disent clairement, que l'airain de ces portes était de provenance asiatique[33]. En tous cas le revêtement métallique des murs parait avoir été bien plus répandu en Asie qu'en Égypte. Les murs du temple de Bel à Babylone étaient revêtus d'argent et d'ivoire, le toit et le sol d'or[34]. La citadelle, dont la construction était attribuée à Sémiramis, contenait, selon Ktésias[35], des chambres d'airain (δίκιται χάλκεαι), tandis que Philostrate[36] raconte que les murs des chambres et des galeries étaient recouverts d'or et d'argent ou de drap tissé d'or, et que le toit était brillant d'airain. Taylor a découvert, dans une construction chaldéenne en terrasses, une chambre dont les murs avaient un revêtement en feuilles d'or[37]. On a trouvé à Nimroud, dans le palais d'Assurnazirpal, des briques dorées[38] et des fragments d'incrustations en ivoire richement ornementées[39]. Dans le palais de Sargon, découvert à Khorsabad, il y avait une chambre de harem incrustée de feuilles de bronze, sur lesquelles étaient représentées au repoussé des figures d'hommes et d'animaux[40]. Les chambranles de la porte du harem avaient la forme de troncs de palmiers en bois sculpté garni de bronze[41]. Des fragments d'incrustations en bronze, qui avaient jadis servi à décorer une chambre ou un gros meuble, émigrèrent de Mosoul chez des marchands d'antiquités à Paris ; ces ornements faits au repoussé, apparemment du neuvième siècle av. Chr., semblent représenter des événements du règne de Salmanassar II[42]. Si nous nous en rapportons aux traductions des assyriologues, les inscriptions cunéiformes de Babylone mentionnent également des incrustations en métal et en ivoire[43]. La description du temple de Salomon, construit et décoré sous la direction d'artistes de Tyr, prouve que les Phéniciens connaissaient un art décoratif analogue. Les lambris en bois de cèdre étaient revêtus d'or battu[44]. Lorsque Ézéchiel[45] dit en parlant du roi de Tyr : Le plafond de son palais se compose de pierres précieuses, de cornalines, de topazes, de diamants et d'or, il s'agit là évidemment de précieuses incrustations murales[46]. Il n'est donc pas impossible que l'assertion de Virgile[47] d'après laquelle les seuils, les poutres et les portes du temple de Junon, c.-à-d. d'Astartè, à Carthage, étaient d'airain, soit appuyée sur une tradition exacte. Le tabernacle des Juifs n'était, — d'après les recherches[48] les plus récentes, — qu'une fiction historique inventée avec l'intention de doter le peuple de Dieu d'un sanctuaire central avant la construction du temple de Salomon. Il est cependant évident que l'auteur de cette fiction avait été guidé par des modèles architectoniques connus de lui. Selon la description de l'Exode, les parois en bois avaient à l'extérieur comme à l'intérieur un revêtement en or battu[49], de même que les colonnes qui soutenaient les rideaux intérieur et extérieur. Les premières reposaient sur des bases d'argent, les secondes sur des bases d'airain[50]. Les colonnes du parvis étaient aussi d'airain[51], et l'autel en bois avait un revêtement de même métal[52]. Suivant Josèphe[53], qui parait avoir consulté pour ses descriptions des sources spéciales, différentes de celles des livres de l'Ancien Testament, l'or occupait une place prédominante dans les incrustations du temple de Salomon. Cependant, en Judée et dans la voisine Samaria, l'on avait une prédilection pour les placages d'ivoire dont le doux éclat était mieux approprié au teint des filles brunes de Sem. Déjà dans les psaumes il est question d'une maison en ivoire[54]. Ahab, roi d'Israël[55], en a construit une pareille ; et le prophète Amos (8e siècle av. J.-C.)[56], en parlant d'une décoration analogue, blâme sévèrement le luxe des notables Samaritains. La contrée située le plus au Sud, où nous retrouvons ce système décoratif, est l'Yémen, le centre du commerce des épices. Dans la citadelle royale de Saba, capitale de l'Arabie heureuse, les portes, les plafonds et les murailles étaient couverts d'ivoire, d'or, d'argent et de pierres précieuses[57]. Une autre relation plus détaillée[58] rapporte que des coupes d'or, garnies de pierres précieuses, servaient à orner des plafonds et des portes. Cela nous rappelle les coupes richement ornementées, souvent fixées sur la caisse et sur le couvercle d'anciens sarcophages judaïques[59] ainsi que ces objets de bronze en forme de boucliers, trouvés dans les anciens tombeaux de Corneto, et qui ne pouvaient guère avoir d'autre destination que celle de remplir les panneaux de portes et les caissons de plafonds[60]. A l'ouest l'incrustation métallique se propagea de la Mésopotamie vers la Médie et la Perse. Nous avons déjà mentionné plus haut les créneaux dorés et argentés des murs d'Ecbatane. Les bois de cèdre et de cyprès entraient principalement dans la construction de ce palais ; mais ces précieux matériaux n'étaient visibles nulle part ; les poutres de traverse, les caissons des plafonds et les colonnes étaient partout recouverts de feuilles d'or et d'argent, le toit lui-même était tout en plaques d'argent[61]. C'est ce tableau magnifique qu'Eschyle[62] a sous les yeux lorsqu'il désigne la demeure du roi des Perses par les mots χρυσεόστολμοι δόμοι. Le temple qu'Artaxerxés II Mnémon (405-359) fit élever à Ecbatane, en l'honneur d'Anaïtis, avait la même décoration[63]. Si nous en croyons Philostrate[64], l'incrustation métallique a été employée même dans les Indes. Cet écrivain rapporte qu'à Taxila, résidence du roi Porus, les murailles d'un temple étaient toutes recouvertes de plaques d'airain, sur lesquelles se détachaient en nielles des épisodes de la guerre entre Alexandre le Grand et ce roi. Pline[65] enfin nous apprend que Saulakès, roi de la Colchide, un des descendants d'Aiétès, avait des appartements en or (dorés) dont les poutres, les colonnes et les pilastres étaient en argent. Si cette information a quelque valeur historique, il en résulterait que l'incrustation métallique avait pénétré jusque dans l'inhospitalière Colchide. Quant à sa propagation en Asie Mineure, nous n'avons, indépendamment des descriptions homériques, mentionnées dans notre chap. vin, qu'un témoignage très tardif à cet égard. Dans une épigramme de Bianor[66] ayant pour sujet le tremblement de terre qui détruisit la ville de Sardes, en l'an 17 ap. J.-C., cette ville est désignée comme étant la cité de Gygès et d'Alyattès qui recouvrait autrefois de plaques d'or l'antique salle des princes. En tout cas l'incrustation fut introduite de très bonne heure, même avant la migration dorienne, dans les contrées orientales de la Grèce tournées vers l'Asie. Le tombeau situé près de Mycènes et connu sous le nom de trésor d'Atrée offre dans les pierres dont la coupole est construite des rangées de clous de bronze ou des trous de clous qui s'étendent concentriques depuis le bord inférieur jusqu'à la clef de voûte, tandis que d'autres rangées semblables et parallèles traversent horizontalement la voûte[67]. On est unanime à reconnaître que ces clous ont servi à maintenir des plaques de bronze ; on en a d'ailleurs trouvé des fragments sur le sol du tombeau[68]. Sur les parois bordant le chemin de la porte, ces clous sont plus petits et placés en rangs plus serrés. Mure[69] en conclut, peut-être avec raison, qu'à cet endroit la muraille était recouverte d'une matière plus précieuse, telle que l'or ou l'argent ou l'ivoire. Des vestiges d'une incrustation faite de pierres de différentes couleurs à la façade se sont conservés jusqu'à présent à la place qu'elle occupait primitivement[70]. Suivant Adler[71] la petite porte à deux battants entre le compartiment à coupole et l'espace quadrangulaire, et probablement aussi le seuil du premier compartiment étaient garnis de fortes plaques de bronze. Un souvenir des constructions de cette espèce s'est conservé dans le mythe de Danaé. D'après ce mythe, Akrisios cache sa fille devant les embûches de Zeus dans un thalamos d'airain[72]. Ne serait-ce pas une de ces constructions souterraines garnies de bronze, analogues à celles de Mycènes ? Peut-être faut-il ranger dans cette catégorie le tonneau d'airain dans lequel Eurystheus se cache devant Héraklès et celui où les Aloïdes emprisonnent Arès[73]. Suivant Hésiode[74], il y eut, à l'époque héroïque, des maisons d'airain. Sur une colline près d'Aulis, on montrait un seuil d'airain, comme étant le vestige d'une tente d'Agamemnon qui se serait dressée autrefois à cette place[75]. La tradition delphienne rapportait que le temple d'Apollon de Delphes était en airain, avant que Troplionios et Agamédès l'aient construit en pierre[76]. A Colone, dème attique, le chemin qui devait conduire aux Enfers était accessible au moyen de marches de bronze[77]. Dans le tombeau situé près d'Orchomène et connu sous le nom de trésor de Minyas, les parois n'étaient pas, comme on l'avait cru jusqu'à présent, garnies de plaques métalliques. Des observations récentes semblent avoir prouvé que la coupole était recouverte d'une décoration consistant en rosaces de bronze. Les trous qui servaient à maintenir ces motifs décoratifs sont disposés sur toute la surface de la coupole en rangées horizontales distantes de 60 centimètres l'une de l'autre. Chaque rosace était placée dans l'intervalle compris entre deux rosaces du rang inférieur et du rang supérieur. A en juger par les trous percés, la porte du thalamos parait avoir été bordée de trois rangs de rosaces[78]. Du reste l'ancienne décoration asiatique fut usitée chez les Grecs même après l'époque homérique. Pausanias[79] raconte que le tyran Myron, après avoir triomphé, pendant la 33e Olympiade (643 av. J.-C.), dans une course de chars, fit construire à Olympie le trésor des Sicyoniens et y adjoignit deux thalamoï, l'un de style dorique, l'autre ionique. Cet auteur ajoute qu'il avait constaté de ses propres yeux que ces deux thalamoï étaient en airain. Ses renseignements ont été confirmés par les vestiges récemment découverts de ce trésor[80]. Cette construction n'a pu être élevée au temps de Myron, c'est-à-dire au septième siècle av. J.-C. Les membres d'architecture conservés, l'inscription et les marques des pierres sont de la fin du sixième siècle au plus tard. Comme, d'autre part, on n'a trouvé aucune trace de revêtement métallique sur les murs, les thalamoï mentionnés par Pausanias n'étaient certainement pas des chambres, mais des armoires ou autres objets transportables de ce genre, garnis de bronze. De plus, à Olympie, à l'est de ce qu'on appelait autrefois le Léonidaion, à 0m,30 environ sous le niveau hellénique et à un mètre sous la couche romaine, on a découvert un fragment d'une incrustation de bronze rehaussée d'ornements géométriques. Étant donnée la grande dimension du morceau conservé (0m,298 de longueur), cette incrustation a dû servir de motif architectonique, peut-être pour garnir les montants de la porte[81]. Mais elle a été plus tard détournée de sa destination primitive, et le fragment en question a été employé pour graver une inscription probablement éléenne dont les particularités linguistiques sont de la fin du septième siècle au plus tôt[82]. Nous avons enfin à mentionner ici le temple de l'Athéna Chalkioikos que Gitiadas bâtit à Sparte ou qu'il décora à nouveau, à l'occasion d'une restauration[83]. Les bas-reliefs mythologiques en bronze, décrits par Pausanias, étaient-ils placés sur l'idole même de la déesse ou sur les murs du temple ? c'est ce qu'on ne saurait dire avec certitude. Cependant cette dernière hypothèse est la plus vraisemblable. De même les données sur l'époque où vécut Gitiadas sont très confuses. Si Brunn a raison d'admettre que cet artiste vit la fin de la troisième guerre messénienne (455 av. J.-C.), la décoration dont il s'agit est pour une longue période de temps le dernier parmi les travaux grecs de cette nature qui nous ait été signalé. En effet, autant que nos connaissances nous permettent de l'affirmer, les anciens procédés asiatiques ne furent jamais employés dans l'architecture de la période florissante. Ils ne furent remis en usage que lorsque le glaive macédonien eut ouvert aux Grecs l'accès de l'Asie Mineure et que, par suite, l'art grec eut subi de nouveau certaines influencés orientales. Les procédés d'incrustation métallique pénétrèrent dans la péninsule des Apennins par l'intermédiaire des colonies grecques fondées en Sicile et 'dans l'Italie méridionale. Dans le Latium et en Étrurie on rencontre des spécimens d'une analogie frappante avec tout ce que l'incrustation a produit dans les centres de l'ancienne civilisation hellénique. De même que l'Épopée mentionne des seuils et des portes de métal, de même les plus anciens peuples romains avaient des valvæ ex œre, la maison de Camille des ærata ostia[84]. Varron[85] fait dériver d'un revêtement métallique le nom de la Porta Raudusculana pratiquée dans la muraille de Servius. Les dalles de pierre décorées de bas-reliefs asiatisants, dalles qui, dans la nécropole de Tarquinies, ferment l'entrée de chambres funéraires de personnages de distinction, appartenant au cinquième siècle avant J.-C., nous donnent bien une idée de ces portes, grandes ou petites, richement ornées ; car dans ces bas-reliefs, comme le fait justement observer Semper[86], on reconnaît facilement une imitation des sphyrelata de bronze. Un édicule de bronze, dont les Romains attribuaient la fondation à Numa, était installé à l'origine dans le bois sacré des Muses situé devant la Porta Capena ; frappé de la foudre, il fut transporté d'abord dans le temple de l'Honneur et de la Vertu, puis dans celui de l'Hercule des Muses[87]. Le temple romain de Janus était plaqué de bronze[88]. Dans les tombeaux étrusques, qui en partie sont déjà du sixième siècle av. J.-C., on trouve souvent des plaques ou des bordures de bronze battu, décorés de différents motifs ou de figures du style archaïque[89]. Les trous de clous dont presque toutes les pièces de ce genre sont pourvues et des morceaux de bois qui souvent sont restés attachés aux revers prouvent que ces plaques ont dû servir à revêtir des meubles de bois ; tels que coffres, sièges et autres semblables. Il est possible toutefois, sinon probable, que ces objets transportables proviennent de fabriques étrangères, soit grecques, soit carthaginoises ; on ne doit donc les consulter qu'avec prudence dans une étude sur l'art italique. Quoi qu'on en puisse penser, il est certain que l'usage de revêtir de bronze certaines parties architecturales pénétra de très bonne heure en Étrurie. Dans un tombeau de Chiusi qui remonte au moins au milieu du sixième siècle av. J.-C., une bordure de bronze, haute de 25 centimètres environ, qui ceignait toute la partie inférieure des murs, formait une sorte de socle[90]. Un autre tombeau de la même nécropole et de même époque contenait le sol de bronze dont nous avons parlé plus haut. Une chambre funéraire de Chiusi[91] et une autre de Corneto[92] nous sont également représentées comme ayant un revêtement de bronze ; malheureusement nous n'avons pas de renseignements précis sur la nature et sur la disposition de cette ornementation. Dans un tombeau de Chiusi l'on a trouvé divers fragments de feuilles d'or qui, de l'avis des personnes présentes aux fouilles, auraient servi primitivement à l'ornementation des murs[93]. Enfin, une relation de Polybe, dont un fragment très court seulement nous a été transmis, nous autorise à penser que l'ancien procédé asiatique d'incrustation fut usité même chez les lointains Ibères. Athénée[94] parle de la splendeur de la maison de Ménélas, et cite, à titre de comparaison, la description que Polybe avait faite de la maison d'un grand personnage ibérique. Dans l'Odyssée la riche incrustation murale est signalée comme une particularité caractéristique de la maison royale de Sparte[95] ; d'autre part Polybe dit expressément que ce personnage ibérique avait imité le luxe des Phéaciens, ce qui fait allusion à la maison d'Alcinoüs[96], somptueusement décorée. On peut donc en conclure que les murs de l'appartement où ce personnage et sa suite se délectaient en buvant de la bière, boisson nationale, étaient revêtus de brillantes plaques de métal. Du reste, le fait que ce système décoratif était appliqué dans l'Espagne méridionale n'a pas lieu de nous surprendre autant qu'on pourrait le croire au premier abord. Dès le douzième siècle avant notre ère, les Phéniciens y avaient établi des factoreries[97]. Le temple qu'ils avaient élevé, à Gadès, au dieu Melkart était très ancien et célèbre au loin. Certains écrivains affirment que les colonnes de ce temple étaient en métal ; il est par conséquent très probable que les murs avaient aussi une parure métallique. En tout cas nous savons que les Ibères voisins adoptèrent le culte du dieu de Tyr et qu'ils restèrent fidèles au rite phénicien[98]. De plus, les Samiens du septième[99] et les Phocéens du sixième siècle[100] étaient en relations commerciales très suivies avec la population de Tartessos. Des trouvailles faites récemment au nord du Portugal prouvent de la manière la plus évidente que les habitants de cette contrée éloignée avaient pris contact de très bonne heure avec la civilisation qui florissait à l'est du bassin de la Méditerranée[101]. Il semble donc fort probable que l'ancienne décoration asiatique fut transportée jusque chez les barbares de la péninsule ibérique grâce à l'intermédiaire des Phéniciens et des Grecs. |
[1] Chron., édit. Schœne, II, p. 60 et 61.
[2] V, p. 243.
[3] I, 4.
[4] Römische Geschichte, I2, p. 161 ; III, p. 204 et suiv.
[5] Strabon, V, c. 243. On a trouvé dernièrement dans un ancien tombeau grec de Cumes en Campanie l'inscription suivante : ΗΥΤΥΤΕΙΚΛΙΝΕΙΤΟΥΤΕΙΛΕΝΟΣΥΤΥ (Notizie degli scavi, 1884, p. 352-356). Le savant qui l'a publié y a reconnu des particularités distinctives du dialecte éolien Si cette supposition était bien fondée, elle confirmerait la tradition selon laquelle des Cuméens de l'Asie Mineure auraient pris part à la fondation de la ville campanienne. Mais Bezzenberger nous écrit au sujet de cette inscription : Deux particularités prouvent que le dialecte de cette inscription n'est pas éolien : 1° l'esprit rude devant ΗΥΤΥ. 2° l'η (ΕΙ) de ΤΕΙ et ΚΛΙΝΕΙ. Quant à ce dernier point, on pourrait hésiter entre le dialecte attique et ionien. Mais si l'on tient compte du raisonnement de Kirchhoff (Alph., 107 et suiv.), on arrive à la certitude que le dialecte de cette inscription est ionien. La forme ΗΥΤΥ ne détruit pas cette hypothèse, puisque nous savons que άπύ est lesbien, arcadien et cypriote, κατύ arcadien et ύπά (cf. κατά) élidien et lesbien (cf. Sappho, 2, 10). Il est certain que ύπύ, — jusqu'ici inconnu, — n'était pas la forme spécifique d'un dialecte particulier, mais ύπό-ύπύ, (comme άπό-άπύ, κατά-κατύ) est un doublet syntaxique, qui pourrait se présenter dans tous les dialectes grecs.
Dümmler et Studniczka nous envoient la communication suivante sur l'inscription de Cumes : Le texte, évidemment conservé dans toute son intégrité doit être lu de la manière suivante : ύπύ τή κλίνη τουτεί ληνός ΰπυ (comme ένι-ένεστι), c'est-à-dire sous la kliné ici est un tombeau dessous. ληνός qui d'ordinaire signifie citerne ou cave, est employé dans le sens de fosse sépulcrale par des grammairiens et dans certaines inscriptions (Index des C. I. Gr., p. 154), notamment dans celles de Thessalonique, voisine de la Chalcidique. Dans l'inscription de Cumes, publiée par les Not. d. scavi., 1884, p. 356, le mot κλίνη s'applique aussi au monument funéraire. C'était sans contredit une pierre tombale placée pour s'asseoir, comme celle qu'on nommait τράπεζα à Athènes (voy. Brückner, Attische Grabstelen, p. 1 et suiv.). Ces τράπεζαι sont incontestablement aussi ces plaques de marbre semblables à des cercueils que l'on a trouvées en grand nombre prés du Dipylon (voy. p. ex. Salinas. Mon. sepolcr. presso la S. Trinita, pl. I, B et IV F, p. 12). L'on plaçait dessus, comme sur des tables, des vases funéraires en marbre. Les peintures de lécythes funéraires nous montrent de ces plaques servant de sièges à des personnages en deuil assis devant les stèles. Si cette kliné de Cumes a été trouvée dans le plan vertical de la muraille intérieure d'un tombeau-cabane, elle n'a pu être employée que plus tard en guise de siège. C'est un fait que démontrent et l'existence même de cette inscription et la teneur de celle-ci : elle nous fait remarquer qu'il y a un tombeau, elle a dû par conséquent être visible sur la surface de ce tombeau. Cette inscription a été reproduite également dans Kirchhoff, Stud. sur Gesch. des gr. Alphab., p. 121.
Un vase cinéraire quadrangulaire en forme de cassette qui a été trouvé à Vetulonia, dans un vaste tombeau du 6e siècle, pourrait être rapproché de la caisse d'argent où Héphaïstos dépose ses outils (Iliade, XVIII, 412) et de la caisse d'or qui sert à recueillir les cendres d'Hector (Iliade, XXIV, 795). Les parois sont en bronze recouvert d'argent battu rehaussé de figures d'animaux faites au repoussé. Les restes d'ossements qui y sont contenus étaient, comme il est dit dans l'Iliade au sujet des cendres d'Hector, enveloppés dans de la toile : Bull. dell' Inst., 1886, p. 244.
[6] Chez Strabon, X, c. 447.
[7] I, 12, 3. VI, 3, 1.
[8] Il est vrai qu'on n'est pas sûr que cette source, comme Wölfflin (Antiochos von Syracus und Cœlius Antipater, p. 1-12) le suppose, soit Antiochus de Syracuse. On pourrait aussi bien penser à Hellanikos ou à Hippys de Rhegium. Comparez Wilamowitz-Mœllendorff, Kydathen, p. 121, note 37 et Hermes, XIX, p. 442, note 1.
[9] Strabon, XIII, c. 623. Comparez Volquardsen, Untersuchungen über die Quellen bei Diodor, p. 59.
[10] Comparez Beloch, Campanien, p. 147-148.
[11] V, c. 244.
[12] Polybe, IX, I, 4.
[13] V, c. 243.
[14] Voyez la proche parenté des expressions dans les fragments d'Éphore chez Müller, Fragm. hist. gr., I, p. 234, n° 2 et 5, p. 249, n° 64.
[15] Virgile, Énéide, VI, 1 et suiv. — Ovide, Métamorphoses, XIV, 101 et suiv.
[16] Comparez Mommsen, Römische Chronologie (2e édit.), p. 151-153.
[17] Mommsen, Römische Chronologie (2e édit.), p. 156 et suiv.
[18] Lepsius, Ueber die Metalle in den aegyptischen Inschriften (Mémoires de l'Académie de Berlin, 1871, p. 43-49). — Lepsius, Denkmäler, t. XII, sect. VI, pl. 104-107. — Maspero, Mélanges d'archéologie égyptienne, II et IV.
[19] Abd-al-Latif (p. 60-61 édit. White) et Maqrizi (Khitat-ed-egiz. I, p. 229-230) rapportent ce fait d'après un ouvrage de Safi'-b'-Ali (mort en 1330). — Comparez de Sacy, Relation de l'Égypte par Abdollatif, p. 223-226. — Ce revêtement en bronze est aussi mentionné par le géographe Jàqùt (Wüstenfeld, Geographisches Wörterbuch, III, p. 763).
[20] Zeitschrift f. aegyptiache
Sprache, 1872, p. 102-105.
[21] Cette inscription a été publiée par Mariette dans son ouvrage Karnak. Nous devons cette traduction et les suivantes à l'obligeance de M. Dümichen.
[22] Il est dit d'une harpe consacrée dans le même temple par Thutmès III : Une harpe magnifique incrustée d'argent, d'or, de lapis-lazuli de malachite (?) et d'autres pierres précieuses.
[23] Brugsch, Recueil, I, 12, 1. — Lepsius, loc. cit., p. 48.
[24] Dümichen, Historische Inschriften, II, pl. 47, 16. — Lepsius, loc. cit., p. 191.
[25] Iliade, VIII, 15.
[26] Odyssée, VII, 88-90.
[27] Odyssée, VII, 86-87.
[28] Odyssée, IV, 71-73.
[29] Mariette, Abydos, I.
[30] Dümichen, Historische Inschriften, II, pl. 56. Ce savant nous informe que la mention que cette inscription provenait de Thèbes a disparu de cette plaque. Aussi cette inscription ainsi que celle qui la précède immédiatement et celles qui la suivent sont-elles citées d'ordinaire comme se trouvant à Dendérah. (Voyez Lepsius, loc. cit., p. 45.)
[31] Comparez sur ce sujet Perrot et Chipiez, Hist. de l'art., II, p. 113 et suiv., 154 et suiv.
[32] Comparez von Sybel, Kritik des aegyptischen Ornaments, Marburg, 1883.
[33] Voyez les différents exemples dans la Zeitschrift für aegyptische Sprache (1872, p. 102-105).
[34] Avienus, Descrip. orbis, 1200. — Comparez Dionys., Perieg., 1007-1008.
[35] Dans Diodore, II, 8.
[36] Vita Apollon. Thyan., I, 25, § 34.
[37]
[38] Layard, Niniveh, II, p. 264,
n. 1.
[39] Perrot et Chipiez, Hist. de l'art, II, p. 313-316.
[40] Place, Ninive et l'Assyrie, pl. 72.
[41] Place, pl. 73, 1, 2.
[42] Gazette archéologique, 1878, pl. 22-24, p. 119 et suiv.
[43] Nabuchodonosor dit dans une inscription trouvée à Babylone (d'après Lenormant, Manuel d'histoire ancienne de l'Orient, II, p. 233) : J'ai recouvert d'or la charpente du lieu de repos de Nebo. Les traverses de la porte des oracles ont été plaquées d'argent. J'ai incrusté d'ivoire les montants en cèdre de la chambre des femmes.
[44] Les Rois, I, 6, 22. — Chron., II, 3, 4, 5 et 8. — Josèphe, Antiq. jud., VIII, 3, 2. — Comparez Ibid., 3, 3 sur la dorure des portes et du toit ; de plus 3, 9.
[45] XXVIII, 13.
[46] Nous laissons de côté la colonne d'or dans le temple de Melkart à Tyr (Hérodote, II, 44), puisqu'il est incertain si elle était en or massif ou bien en bois avec un revêtement d'or. Il en est de même des statues dans le temple de Melkart à Gadès, qui étaient de bronze, selon Strabon, III, 170, et d'un mélange d'or et d'argent, selon Philostrate, Vita Apollon., V, 5.
[47] Énéide, I, 428 et suiv.
[48] Wellhausen, Prolegomena zur Geschichte Israels, 2° édition, I, p. 40 et suiv.
[49] Exode, XXV, 10, 11. Cette description est répétée d'une manière plus ample dans Exode, XXVI, 15-30. — Comparez Josèphe, Ant. jud., III, 6, 5.
[50] Exode, XXVI, 32, 37.
[51] Exode, XXVII, 11, 17.
[52] Exode, XXVII, 1, 2.
[53] Antiq. jud., VIII, 5, 2.
[54] 45, 9.
[55] Les Rois, I, 22, 39.
[56] 3, 15.
[57] Strabon, XVI, 778.
[58] Diodore, III, 47.
[59] Bull. arch. du Musée Parent, p. 21 et suiv. Rev. arch., XXV, 1873, p. 398 et suiv. Comparez XXVI, 1873, p. 302 et suiv.
[60] Mus. Grég., I, 38, 1-4. — Micali, Storia, I, XII, 1-3. Müller, Denkmäler der alt. Kunst., I, 60, 303. Comparez Bull. dell' Inst., 1829, p. 8, 150 ; Abeken, Mittelitalien, p. 387 ; O. Jahn, Berichte der sächs. Gesellsch. d. Wiss, 1854, p. 49 ; Bullet. dell' Inst., 1866, p. 237. La relation du Bull. 1829, p. 8, nous apprend que onze de ces objets ont été trouvés dans un tombeau de Corneto, superposés comme des plats. Cela prouve qu'ils ne servaient pas seulement à l'ornementation du tombeau, mais qu'ils avaient été mis à côté du défunt afin qu'il pût les utiliser dans sa demeure d'outre-tombe. Des boucliers analogues étaient également usités en Grèce : voyez Benndorf, Antike Gestchtshelme und Sepulkralmasken, t. XVII.
[61] Polybe, X, 27, 10.
[62] Perses, 159.
[63]
Polybe, X, 27, 12. Comparez Bérose, fragm. 16 (Fragm. hist. gr. éd. Müller, I, p. 509).
[64] Vita Apoll., II, 20.
[65] Pline, XXXIII, 52.
[66] Anth. pal., IX, 423 (II, p. 150 éd. Jacobs). Peut-être faudrait-il y ajouter un tombeau lydien au sujet duquel Prokesch (Erinnerungen aus Aegypten und Kleinasien, III, p.180) s'exprime ainsi : Les parois sont soigneusement polies à l'intérieur comme à l'extérieur et présentent beaucoup de creux peu profonds, ce qui prouve bien qu'elles étaient plaquées.
[67]
Mure dans le Rhein. Mus., VI, 1838, p. 270 ; Schliemann, Mykenæ,
p. 49 et suiv. Thiersch, dans les Mittheilungen des deutsch. archäol. Institutes in Athen, IV, 1879, p. 178-179.
[68] Mure, loc. cit., p. 272 : Arch. Zeit. 1862, p. 329. Comparez Christ und Lauth, Führer durch das Antiquarium in München, p. 39. Cependant Adler, dans Schliemann, Tiryns, p. XLIV, admet que ce n'est pas toute la coupole, mais seulement la cinquième et la neuvième couche de pierres qui étaient garnies de bronze.
[69] Loc. cit., p. 274.
[70] Blouet, Expédition de Morée, II, pl. 70, 71 ; Thiersch, loc. cit., p. 179-182.
[71] Dans Schliemann, Tiryns, p. XLIV.
[72] Sophocle, Antigone, 944-947. Horace, Carm., III, 13. Pausanias, II, 23, 7.
[73] Iliade, V, 387 ; Boettiger, Amalthea, I, p. 123 ; Millier, Dorier, II, p. 256. Comparez Klein, Euphronios, 2e éd., p. 92 et suiv.
[74] Opp., 150.
[75] Pausanias, IX, 19, 7. Comparez Bursian, Geographie von Griechenland, I, p. 218.
[76] Pausanias, X, 5, 11.
[77] Sophocle, Œd. Col., 1591.
[78] Schliemann, Orchomenos, p. 25, 29-31. Verhandlungen der Berliner Gesellschaft für Anthropologie, séance du 26 juin 1886, p. 379.
[79] VI, 19, 2.
[80] Archäol. Zeit., 1881, p. 66, 170, 172. Die Ausgrabungen von Olympia, IV, 1878-1879, pl. 33. Cette construction est encore appelée ici Trésor des Carthaginois, appellation qui a été confirmée par l'inscription trouvée plus tard (Arch. Zeit., 1881, p. 170, n° 394 ; Rœhl, Mur. græcæ antiquissimæ, p. 172, n° 27 c). Comparez Boetticher, Olympia, p. 214-216 ; Klein, dans les Arch. epigr. Mittheil. aus Œsterreich., IX, p. 170-172.
[81] Arch. Zeitg., 1881, p. 78 ; p. 91-94.
[82] Arch. Zeitg., 1881, p. 78, n° 382, p. 93.
[83] Pausanias, III, 17, 2. Brunn, Gesch. der griech. Künstler, I, p. 114-115 ; Die Kunst bei Homer, p. 49-50. Comparez Klein, loc. cit., p. 169-170.
[84] Pline, XXXIIII, 13 : Prisci limina etiam ac valvas in templis ex ære factitavere... Camillo inter crimina objecit Sp. Carvilius quæstor quod ærata ostia haberet in domo (Comparez Plutarque, Camill., 12). Tite-Live, X, 23, 11 : ænea in Capitolio limina (296 av. J.-C.). Comparez Jordan, Topographie der Stadt Rom, I, 2, p. 14.
[85] De ling. lat., V, 163 : porta Raudusculana quod ærata fuit. Comparez Jordan, ibid. I, 1, p. 237, note 66 ; p. 250, note 6.
[86] Der Styl, I, p. 435-437.
[87]
Servius, sur l'Énéide, I, 8. Comparez Preller, Röm. Mythol., II2, p. 130.
[88] Procope, Goth., I, 25, p.
375. Comparez Jordan, loc. cit., I, 2, p. 352.
[89] Mus. gregor., I, 17, 2 ; 18, 2 ; 39.
[90] Bull. dell' Inst., 1874, p. 205.
[91] Lanzi, Saggio di lingua etrusca,
II, p. 266.
[92] Vermiglioli, Opusc., I, p.
7.
[93] Dennis, Cities and cemeteries of
[94] I, 16 c.
[95] Odyssée, IV, 71-73.
[96] Odyssée, VII, 86-90.
[97] Movers, Die Phönizier, II, 2, p. 146 et suiv.
[98] Arrien, Anabase, II, 16.
[99] Hérodote, IV, 152.
[100] Hérodote, I, 163.
[101] Virchow, dans le Compte rendu de la session du Congrès international d'anthropologie et d'archéologie, Lisbonne, pl. I, II, p. 647 et suiv. Voyez notamment la plaque de bronze avec l'ornement tressé dont il a été question à la p. 494 (pl. II, 13. Comparez p. 659). D'autres monuments trouvés dans cette région présentent des ornements qui rappellent ceux des objets d'art découverts dans les tombeaux en puits de Mycènes : voyez Virchow, ibid., p. 653, 655, 660.