L'ÉPOPÉE HOMÉRIQUE EXPLIQUÉE PAR LES MONUMENTS

L'ÉPOQUE HOMÉRIQUE. — V. USTENSILES ET VASES

CHAPITRE XXVIII. — LES VASES À BOIRE.

 

 

L'ustensile à boire le plus fréquemment mentionné dans les poèmes homériques est le δέπας άμφικύπελλον, souvent remplacé par les mots plus courts δέπας et κύπελλον[1]. C'est dans ce vase que buvaient les héros et qu'ils faisaient des libations aux dieux. Nous savons aussi, d'après des témoignages certains, qu'avec ce vase on puisait le vin dans les cratères[2].

Les grammairiens anciens, qui se sont livrés à de nombreuses recherches sur ce vase, font dériver κύπελλον de κύπτω (plier) ou de κυφός (courbe), et, appliquant l'idée exprimée par ces deux termes tantôt à la panse, tantôt aux bords, tantôt aux anses, ils sont arrivés aux résultats les plus variés[3]. Les uns prétendent que άμφικύπελλον signifie τό άμφοτέρωθεν κυπτόμενον, c'est-à-dire une coupe dont les parois sont également rebondies de tous côtés[4]. D'autres prennent κύπελλον pour un ποτήριον έσω κεκυφός et, par suite, άμφικύπελλον pour un vase dont les bords sont partout repliés en dehors[5]. Enfin Aristarque cherche la courbure dans les anses et définit άμφικύπελλον : une coupe munie de chaque côté d'anses recourbées, hypothèse à laquelle se sont ralliés plusieurs autres grammairiens[6]. Nous verrons plus loin que cette hypothèse, quoique fondée sur une étymologie absolument fausse, est effectivement la plus juste, ou, du moins, qu'elle se rapproche le plus de la vérité.

Si nous passons aux interprétations modernes, nous constatons que, pour Winckelmann[7], le dépas amphikypellon était un vase à boire, composé, comme le vase d'argent bien connu de Corsini[8], d'une coupe intérieure et d'une enveloppe métallique extérieure. Au point de vue linguistique et par analogie avec άμφιθέατρον, il n'y a rien à objecter contre cette explication ; mais, parmi les monuments d'ancienne date, il n'existe point de coupes de cette espère. Tout porte à croire que ces coupes séparées de leur enveloppe métallique ne firent leur apparition qu'à l'époque alexandrine où l'art des toreuticiens produisait beaucoup de ces vases précieux.

Schliemann[9] a rapproché tout d'abord le vase homérique d'un vase d'or mis au jour dans les fouilles troyennes[10]. Mais comme ce récipient est d'un très petit volume et qu'il est muni de chaque côté d'une sorte de bec. ce devait être un vase à verser et non à boire. Plus tard ce savant[11] se décida pour une coupe à deux anses, dont on a trouvé de nombreux exemplaires à Hissarlik[12] et dans les tombeaux en puits de Mycènes[13]. Nous verrons plus loin que là il est dans le vrai.

Il est encore une explication qui mérite de fixer notre attention, c'est celle que donnent Buttmann[14] et Frati[15] indépendamment l'un de l'autre. Aristote compare à des άμφυκύπελλα les cellules des ruches d'abeilles séparées par des surfaces horizontales[16]. Ces deux savants modernes supposent qu'Aristote fait là allusion au vase homérique. Frati nous renvoie à ce propos aux poteries sans anses de la nécropole de Villanova[17]. Conformément à la donnée d'Aristote, ces poteries sont divisées au milieu ou à peu près vers le milieu par une tablette en deux récipients, destinés chacun à recevoir un liquide. Mais il est excessivement difficile de reconstituer le δέπας άμφικύπελλον d'après la donnée d'Aristote et les poteries de Bologne, et cela pour deux raisons. D'abord les Grecs du temps d'Homère n'auraient pu songer à se servir d'une coupe double de ce genre que s'ils avaient eu l'habitude de boire deux sortes de vin à leurs repas ; or il n'est fait mention dans aucun endroit de l'Épopée de cette habitude qui d'ailleurs aurait juré avec la simplicité primitive des menus de cette époque. En second lieu, les vases de cette espèce ne se prêtent nullement à certaines opérations où intervenait le δέπας άμφικύπελλον homérique. Il eût été très difficile, par exemple, de puiser avec cet ustensile du vin dans un cratère : il aurait fallu, à cet effet, saisir de toute la main le vase par le bord du récipient supérieur, puis, pour vaincre la résistance de l'air contenu dans la partie inférieure, le plonger très brusquement dans le liquide, opération pendant laquelle la main aurait été mouillée de vin. D'autres objections se présentent encore si l'on veut se rendre compte de la manière dont se font, dans l'Épopée, les libations et dont on accueille l'hôte arrivant lorsque le repas est déjà commencé. Dans les libations, un seul et même δέπας άμφικύπελλον passe à la ronde dans la société[18]. Survenait-il un nouveau convive, les assistants le recevaient en lui offrant les coupes, remplies de vin ; le nouveau venu en prenait une, la vidait et la rendait ensuite à celui qui la lui avait donnée[19]. La difficulté de faire passer ainsi à la ronde une coupe double sans anses est tellement évidente qu'il est inutile d'y insister. En outre, on tient naturellement des deux mains les vases de cette espèce[20] ; or il ressort de plusieurs passages de l'Épopée qu'on ne prenait qu'avec une seule main δέπας άμφικύπελλον[21]. Enfin, il est douteux que les potiers ombriens ou étrusques qui fabriquaient les vases trouvés près de Bologne aient voulu réellement faire des coupes doubles. Nous connaissons, en effet, plusieurs spécimens qui extérieurement ressemblent aux coupes doubles, mais qui n'en sont pas, car le fond n'est pas placé au milieu du récipient, mais près du bord inférieur ; on se demande donc si, en plaçant le fond plus haut, on n'a pas voulu recourir à un simple artifice technique. A l'époque primitive à laquelle appartiennent les vases de Bologne il était certainement très difficile de cuire les vases de cette espèce qui sont d'une hauteur considérable ; les potiers ont dû avoir souvent le désagrément de les voir éclater pendant le cuisson. On obviait à cet inconvénient en plaçant le fond au milieu du récipient, ce qui était un moyen de protéger également les parois d'en haut et d'en bas[22]. L'hypothèse que les coupes doubles ne doivent leur origine qu'à cette difficulté technique est d'autant plus plausible que toutes elles proviennent de tombeaux ; on sait, en effet, que les ouvriers anciens, lorsqu'ils fabriquaient des objets de culte funéraire, se permettaient des artifices de ce genre.

Si Aristote compare les cellules des ruches d'abeilles à une coupe double qu'il nomme άμφικύπελλον, cela prouve simplement que, de son temps et dans son entourage, on se servait d'une coupe double qui portait ce nom. On ne saurait en conclure que ce vase ait eu rien de commun avec son homonyme de l'Épopée ni que cet écrivain ait songé à cette analogie. Mais lors même qu'Aristote ait considéré l'άμφικύπελλον connu de lui comme un descendant direct du vase homérique, on ne pourrait encore en tirer aucune conclusion certaine : cette supposition ne serait pas plus probante que les idées de Haupt et de Müllenhoff sur le pfellel ou autres étoffes difficiles à déterminer dont il est fait mention dans les poésies du style moyen haut-allemand. Ici comme là nous sommes en présence d'hypothèses qui, n'étant appuyées sur aucun fondement sérieux, doivent être rejetées sans hésitation. L'hypothèse qui nous occupe se trouve d'ailleurs réfutée par ce fait que la coupe citée par Aristote ne servait point à l'usage auquel les Ioniens de l'époque homérique destinaient le δέπας άμφικύπελλον. En outre, le sens que Buttmann et Frati donnent à ce terme est contestable, puisque le mot κύπελλον qui, dans la langue épique, est synonyme de δέπας άμφικύπελλον, désigne, dans les autres dialectes grecs, un vase à boire différent de celui d'Aristote. Les Cypriens appelaient ainsi une coupe à deux anses, les Crétois une coupe à deux ou à quatre anses[23]. Or les dénominations usitées par les Grecs de Chypre valent, au point de vue de notre étude, au moins autant sinon plus qu'un mot d'Aristote, car leur langue avait conservé bien des points de contact avec la langue épique[24].

Puisque le passage d'Aristote ne nous offre aucune solution certaine, il ne nous reste qu'à interroger les poèmes homériques et à y rechercher un point de repère. Nous remarquons, en effet, dans l'Épopée une particularité importante du δέπας άμφικύπελλον que quelques grammairiens anciens[25] et, parmi les modernes, Schliemann[26] ont parfaitement reconnue. Aux trois synonymes δέπας, κύπελλον et δέπας άμφικύπελλον vient s'en joindre un quatrième : άλεισον. Dans l'Odyssée (III, 35 et suiv.) la coupe que le fils de Nestor, Peisistratos, tend à Télémaque et à Athéna qui accompagne ce dernier sous les traits de Mentor, à l'entrée de Pylos, est appelée deux fois (vers 41 et 51) δέπας, une fois (63) δέπας άμφικύπελλον et deux fois (50 et 53) άλεισον. L'identité de δέπας et d'άλεισον ressort, en outre, d'un autre passage de l'Odyssée (XXII, 9 et 17), où la coupe d'Antinoos est désignée une fois (17) par le premier, une autre fois par le second de ces termes. Le substantif άλεισον est accompagné ici de l'épithète άμφωτον, muni de deux anses. Ainsi donc les quatre synonymes indiquent une coupe à deux anses[27].

Personne, je crois, ne sera tenté d'en déduire qu'il pouvait exister des coupes doubles analogues à celle d'Aristote ou aux poteries de Bologne, mais pourvues d'une anse de chaque côté. En premier lieu, les matériaux archéologiques qui doivent forcément conserver quelques traces des vases à boire des temps homériques ne nous offrent aucun type de ce genre. En second lieu, les objections formulées plus haut contre l'hypothèse d'une coupe double ne disparaîtraient guère par ce seul fait qu'on supposerait des anses à cette coupe ; en effet, elle n'en resterait pas moins un ustensile à puiser fort incommode. Par conséquent les quatre synonymes ci-dessus ne peuvent désigner qu'une coupe simple à deux anses[28].

Cette opinion concorde d'ailleurs parfaitement avec la statistique monumentale qui prouve que cette coupe fut le vase le plus répandu en Asie Mineure et en Grèce, pendant l'époque qui précéda et celle qui suivit immédiatement la formation de l'Épopée. Dans la première de ces périodes, ce type est représenté par les poteries d'Hissarlik, de Théra[29], d'Ialysos[30], de Kos[31] et des tombeaux en puits de Mycènes. Quant à la période qui suivit les temps homériques, il nous suffira de rappeler que Sapho[32] fait boire les dieux dans des karchesia, c'est-à-dire des coupes à deux anses. Trois coupes de ce genre, dont deux en argile peinte, la troisième en argent ont été trouvées dans la partie la plus ancienne de la nécropole grecque de Camiros[33]. Celle en argent est dorée sur le bord et rappelle, par conséquent, la description que fait l'Épopée du cratère offert en don hospitalier à Ménélas par le roi des Sidoniens[34], et de la corbeille à filer d'Hélène[35]. Ces deux objets, dit le poète, étaient en argent, mais dorés sur les bords. Plusieurs coupes en terre à deux anses ont été mises au jour dans la partie la plus ancienne actuellement connue de la nécropole de Syracuse[36]. On rencontre les mêmes formes parmi les vases d'argile les plus anciens que les Grecs vendaient aux Étrusques[37]. Les potiers étrusques ont souvent imité en argile noire (bucchero nero), aux sixième et cinquième siècles avant J.-C., une des coupes de cette catégorie, à deux grandes anses verticales, semblables au type de Camiros[38]. Il est à remarquer que, dans le culte grec, ce type a toujours occupé la place la plus importante. Sur certains monuments funéraires sont représentés des prêtres qui tiennent une de ces coupes comme signe distinctif de leur dignité[39]. Elle est l'attribut ordinaire de Dionysos, dieu du vin[40] ; on la voit à côté du mort déifié dans les bas-reliefs funéraires de Sparte[41] et de Tarente[42]. Cette coupe qu'un contemporain des poètes homériques eût appelée δέπας άμφικύπελλον ou άλεισον, porte dans la langue ultérieure le nom de kantharos ou de karchesion. Il est évident d'ailleurs qu'elle se prête à toutes les opérations auxquelles était destinée la coupe homérique : on pouvait avec ce vase puiser aisément du vin dans un cratère, il était facile à manier d'une seule main ; il passait à la ronde dans les libations, et pendant qu'un des convives, le prenant par une anse, l'offrait à l'hôte nouveau venu, celui-ci le recevait de sa main par l'autre anse.

Comme on a pu s'en convaincre par un coup d'œil jeté sur les figures du présent chapitre, les coupes à deux anses antérieures à l'époque classique offrent de nombreuses variétés. Le récipient lui-même varie de volume et de profondeur ; les anses sont tantôt verticales, tantôt horizontales ; la hauteur et la solidité du pied sont très variables aussi, quelques spécimens manquent complètement de pied. Mais les quelques renseignements que nous fournit la description épique ne suffisent pas pour préciser le ou les types qui étaient familiers aux poètes. D'après tout ce que nous savons sur le style de cette époque, on ne peut affirmer qu'une seule chose, c'est que les coupes de ce temps-là avaient une forme lourde et des contours anguleux. Aussi lorsque Flaxman met entre les mains des prétendants de Pénélope des coupes plates au profil élégant, il commet une grossière faute d'archéologie ; ces descendants si accomplis et si raffinés des δέπας άμφικύπελλα homériques n'apparaissent, en effet, que sur des vases plus récents à figures noires, c'est-à-dire pas avant la fin du sixième siècle av. J.-C.

Il nous reste à étudier la question au point de vue étymologique. G. Curtius[43] compare κύπ-ελλος à κύπ-η (creux, cavité) et à cupa (cuve). Il en résulterait que άμφικύπελλος était une coupe à deux cavités : ce serait le type imaginé par Buttmann et par Frati et dont nous croyons avoir démontré l'impossibilité. Dans ces conditions, voyons si cette étymologie ne peut se concilier d'une autre manière avec les résultats auxquels nous sommes arrivés. C'est très probable. Les poèmes homériques et les monuments archéologiques nous fournissent, en effet, la preuve que le δέπας άμφικύπελλος était une coupe à deux anses. De là à songer au radical καπ-, capere il n'y a pas loin. De même que les Latins ont formé de cette racine cap-ulus (poignée, anse), cap-i-s (racine, capid), coupe à anses, les Ombriens cap-i-f (coupe à anses), — de même les Grecs, du temps où leur langue était encore à l'état rudimentaire, ont parfaitement pu constituer avec ce radical le substantif κυπ-έλη (comp. νεφ-έλη anse), Le υ serait une particularité éolienne, et κυπ-έλη aurait le même rapport avec κώπη (poignée, anse) que κύπη avec κάπη, πίσυρες avec τέσσαρες, πρύτανις avec πρό, άμύμων avec μώρος[44]. Κυπ-έλη a donné naissance à l'adjectif κυπέλ-ιο-ς, κύπελλος (comp. φύλλος, folium, άλλος, alius), qui signifie avec anses, et par suite à άμφικύπελλος, à deux anses. Si, comme c'est probable, cette étymologie est exacte[45], elle concorde parfaitement avec les résultats de nos recherches. D'autre part, on s'explique facilement que le même mot ait pu désigner, au temps d'Aristote, un tout autre vase, un vase à deux récipients. Déjà dans la langue épique l'adjectif κύπελλον est employé substantivement sans δέπας ; il est à présumer qu'on donna peu à peu à ce substantif le sens général de coupe, sans se préoccuper si elle avait des anses ou non, et, dans ce cas, il semble tout naturel qu'Aristote ait employé le mot άμφικύπελλος pour désigner un vase à deux récipients.

Personne n'a encore proposé une étymologie tant soit peu satisfaisante pour άλεισον[46]. Ce n'est peut-être pas dans les langues indo-européennes, mais dans la famille des langues sémitiques qu'il faut rechercher l'origine de ce mot.

Il nous reste à parler de la coupe de Nestor. Nous lui consacrons un chapitre spécial, car la description en est d'une longueur inaccoutumée et elle signale une particularité qui n'est mentionnée dans aucun autre endroit de l'Épopée.

 

 

 



[1] Δέπας et δέπας άμφικύπελλον sont identiques : comp. par ex. Iliade, XXIII, 196 et 219, et Odyssée, III, 36. 41, 51, 63. D'ailleurs δέπας άμφικύπελλον et κύπελλον sont synonymes (voyez Iliade, I, 584, 593 et Odyssée, XX, 153, 253). Il en est de même de δέπας et de κύπελλον (Iliade, XXIV, 285 et 305). Comparez Athénée, XI, 482 E.

[2] Iliade, III, 295. XXIII, 218-221.

[3] Voyez Athénée, XI, 482 E. — Etymolog. magnum au mot άμφικύπελλον, p. 90, 39 et suiv. et Apollon., Lexic. homer. (p. 25, 18 Bekker) et κύπελλον, p. 105, 24.

[4] Schol. Odyssée, III, 63 ; XIII 57 ; XX 153. Athénée, XI 482 E. (Comparez Eustathe sur l'Odyssée, XV 120, p. 1775, 24 p. 1776, 38). Etym., 90, 42. Apoll. lex., p. 25. Pour rendre complète l'idée de rondeur, on a supposé la coupe dépourvue d'anses. Athénée, XI, 482 F. Hesychius, s. v. κύπελλον.

[5] Eustathe, Iliade, I, 596, p. 158, 41 et suiv. Odyssée, I, 142, p. 1402, 26 et suiv.

[6] Etym. magn., s. v. άμφικύπελλον (p. 90 44). Athénée, XI, c. 24 p. 783 B. Id., XI, c. 65, p. 482 F. Eustathe sur l'Odyssée, XV, 120, p. 1776, 36. Aniketos, ibid., p. 1776, 38.

[7] Geschichte der Kunst des Alterthums, livre XI, ch. I, § 15.

[8] Michaelis, Das Corsinische Silbergefaess, Leipzig, 1859.

[9] Atlas trojan. Alterth., p. 54.

[10] Atlas trojan. Alterth. pl. 202, n° 3603 b, pl. 203-203a. — Ilios, p. 518, n° 772-773. — Gieseke (Jahresber. über die Forischritte der Alterthumswissenschaft, III vol 2e et 3e années 1874-75, 1er part. p. 98-99) a déjà repoussé avec raison ce rapprochement.

[11] Mykenœ, p. 130, 267, n° 339, p. 270, n° 344, p. 272, n° 346. — Gottschall, Unsere Zeit., 1880 p. 811 ; Ilios, p. 338-342.

[12] Atlas troj. Alterth., pl. 35 n° 872a, pl. 39 n° 942, pl. 40 n° 972, 976, pl. 41 n° 990, 992, pl. 42 n° 1005, 1007, 1008, pl. 43 n° 1018, 1021, 1027, pl. 45 n° 1090, 1092, 1094, pl. 40 n° 976.

[13] Mykenœ, p. 267, n° 339, p. 270, n° 344, p. 272, n° 346, p. 398 n° 528.

[14] Lexilog., I2, p. 160-162.

[15] Gozzadini, Di un sepolcreto etr. scop. presso Bologna, p. 18 (pl. III 9, 18). Comp. Gozzadini, Intorno ad altre settantuna tombe del sepolcreto scop. presso Bologna, p. 5.

[16] Hist. anim., IX, 40 (I. p. 624 a, éd. Bekker). Ce passage est cité par Eustathe, Iliade, I, 596, p. 158, 45 et suiv.

[17] Voyez Gozzadini, Di un sepolc. etr. scop. presso Bologna, pl. III, 9, 18. — Le même, Intorno agli scavi fatti dal sign. Arnoaldi Veli, pl. III, 2. — De Mortillet, Le signe de la croix, p. 64, fig. 31, p. 116, fig. 91. — Issel, L'uomo preistorico in Italia, p. 833, fig. 65. — Crespellani, Del sepolcreto scoperto presso Bazzano, pl. III, 1. Les vases de cette espèce apparaissent pour la première fois dans la seconde période des nécropoles de Villanova et de Benacci (comp. Zannoni, Gli scavi della Certosa, p. 109-115) ; on en trouve aussi dans d'autres nécropoles de Bologne antérieures à l'importation des vases grecs (de Luca, Tagliavini, Stradella della Certosa, Arnoaldi Veli, Arsenal). Voyez la statistique de ces vases dans Gozzadini, Intorno, p. 25 et suiv. et Zannoni, Gli sc., p. 236-237. Un des spécimens les plus récents semble être un vase orné de figures de guerriers. de cerfs et de sphinx faites au repoussé et trouvé sous la route conduisant de la via S. Isaia à la Certosi, où l'on a constaté des vestiges qui correspondent à l'ancien groupe Arnoaldi : Gozzadini, Di due sepolcri e di un frammento ceramico della necropoli felsinea, p. 6, 7 (Atti della deput. di storia patria dell' Emilia, n. s. vol. VI, parte 1. Modène, 1881). On en a découvert également de semblables près Bozzano, à l'ouest de Bologne, à la limite de la province de Modène. Ils proviennent d'une nécropole comprenant les trois périodes qui distinguent les objets des fouilles de Bologne antérieurs à la période classique : Crespellani, Del sepolcreto scop. presso Bazzano, pl. III, P. 8. A l'ouest de l'Apennin on n'en a trouvé, à notre connaissance, qu'un seul exemplaire analogue (à Chiusi). Il diffère des autres en ce que les anses sont remplacées par des bosses qui servaient à manier l'ustensile (Bull. dell' Inst., 1884, p. 178-179).

[18] Odyssée, III, 35 et suiv.

[19] Iliade, XV, 86. XXIV, 101, 102.

[20] D'après Gozzadini le plus grand diamètre intérieur de ces vases varie entre 0m,124 et 0,15 et le plus petit (à l'endroit où le récipient se rétrécit le plus) entre 0m,075 et 0,121.

[21] Odyssée, XIII, 57.

[22] Comparez Zannoni, Gli scavi della Certosa di Bologna, p. 333, note 4.

[23] Athénée, XI, p. 483, au mot κύπελλον ; Eustathe, Odyssée, XV, 120, p. 1776, 38.

[24] Comparez Deecke et Siegismund, dans G. Curtius, Studien sur gr. und lat. Grammatik, VII, 1875, p. 262. — Bréal, Sur le déchiffrement des inscriptions cypriotes, p. 16-17 (Journal des Savants, août et sept. 1877). — Philologus, XXXV, p. 36 et 49. Comme point de comparaison rappelons à ce propos que les Cypriotes conservèrent l'usage du char de combat jusqu'au commencement du cinquième siècle.

[25] Athénée, XI, 24, p. 783 A et XI, 65, p. 482 E., F. Ces grammairiens s'appuient, comme nous, sur l'Odyssée, III, 35 et suiv. et XXII, 9, 17.

[26] Mykenae, p. 130 ; Ilios, p. 339.

[27] L'opinion d'Aristarque que nous avons rapportée plus haut et d'après laquelle le δέπας άμφικύπελλον serait une coupe munie d'anses recourbées, s'appuie évidemment sur l'Odyssée, XXII, 9, 17.

[28] Par analogie avec le δέπας άμφικύπελλον, on a voulu voir dans l'άμφίθετος φιάλη (Iliade, XXIII 270 ; 615), un plat double, et l'on a expliqué l'épithète en disant que l'un et l'autre récipient pouvaient indifféremment servir de support (voyez Ebeling, Lex. homer. au mot άμφίθετος. — Athénée, XI, 501. Comparez Schol. Iliade, XXIII, 92, 243, 270. — Apoll., Lex. hom. p. 163, 11. — Eustathe, p. 1298, 36). Mais on ne conçoit pas mieux l'utilité d'un plat double de ce genre que d'une coupe double. Les commentateurs anciens avaient déjà reconnu avec raison dans l'άνφίθετος φιάλη un vase à deux anses que l'on posait en le prenant par les deux anses. (Athénée, XI 501 A ; Schol. Iliade, XXIII, 270) : cette explication est confirmée par le mot άμφιφορες (Iliade, XXIII, 92, 170 ; Odyssée, II, 290, 349, 379, IX, 164, 204, XIII, 105, XXIV, 74), c'est-à-dire vase que l'on portait en le prenant par les deux anses opposées. Dans le 23e chant de l'Iliade, l'urne cinéraire de Patrocle est appelée deux fois χρυσέη φιάλη (243, 253) et une fois χρύσεος άμφιφορεύς (92). Que ce dernier vers ait été biffé par Aristarque ou non (comp. Lehrs, Rhein. Mus., XVII, 1862, p. 481), il est certain que les φιάλαι à deux anses étaient d'un usage courant chez les Ioniens à une époque voisine de la naissance de l'Épopée. D'autre part, il résulte de ces passages que le mot φιάλη désigne, dans la langue épique, une autre sorte de vase que dans la langue ultérieure. Les écrivains plus récents donnent, en effet, ce nom à une coupe plate ou un plat en forme de bouclier (comp. Aristote, Rhet., III, 4 ; Poet., 21). Mais il est clair que cet ustensile ne pouvait servir d'urne cinéraire ni être désigné comme άμφιφορεύς. La φιάλη homérique a dû être un vase à panse assez large, servant à contenir des liquides, des ma-fières faciles à répandre (comme l'indique l'épithète άπύρωτος, non encore touché par le feu, Iliade, XXIII, 270. Comparez Iliade, IX 122) ou bien usité même pour la cuisson. L'usage homérique consistant à conserver la cendre des morts dans des vases de ce genre est confirmé par les trouvailles faites dans les tombe a pozzo de Corneto (Not. d. Scavi, 1882, pl. XII, 14 ; Mon. dell Inst., XI, pl. LIX, 1 ; Ann. 1883, p. 286, 1 ; Bull. 1883, p. 113-114 ; 1884, p. 13), comme dans les tombe a ziro (Bull. 1883, p. 195) et dans les chambres funéraires les plus anciennes de la nécropole de Chiusi (Mon. dell Inst., pl. XXXVIIII a 4 ; Ann. 1878, Tav. d'agg. Q Ia), dans lesquelles on rencontre souvent des amphores en bronze employées comme vases cinéraires).

[29] Dumont et Chaplain, Les céramiques de la Grèce propre I, pl. II, 7.

[30] Dumont et Chaplain, Les céramiques de la Grèce propre I, pl. III, 1 et 12.

[31] Dumont et Chaplain, Les céramiques de la Grèce propre I, p. 45.

[32] Athénée, XI, 475 A (fragm. 50 Bergk). Sur la forme du karchésion voyez Athénée, XI, 474 E et Macrobe, Sat. V, 21.

[33] Salzmann, Nécropole de Camiros, pl. 2, 33, 38.

[34] Odyssée, IV, 615. XV, 115.

[35] Odyssée, IV, 131.

[36] Dans la nécropole del Fusco. Ann. dell' Inst., 1877. Tav. d'agg. A B 3, 4, 7-13. C D 4, 5, 7.

[37] Ann. dell' Inst., 1878. Tav. d'agg. R. 8. — Urlichs, Zwei Vasen ältesten Stils, Würzburg, 1874. Mon. dell' Inst., IX, pl. 4.

[38] P. ex. à Corneto : Bull. dell' Inst., 1882, p. 46 ; 1885, p. 78, 81 n° 7, p. 126 n° 7, 8, p. 211 n° 7, 214. — A Oriolo romano : Not. d. scavi, 1884, p. 345. — A Vulci : Bull. 1883, p. 39. — A Orvieto : Bull. p. 271. — A Formello (près Véies) : Not. d. scavi comm. all'acc. dei Lincei, 1882, p. 294. — Certains spécimens, comme ceux publiés par Noël des Vergers (L'Étrurie et les Étrusques, III, pl. XVIII, 2, pl. XIX, 1), semblent inspirés plutôt par des modèles phéniciens ou carthaginois que grecs.

[39] P. ex. sur la stèle de Lysias : Mitth. d. arch. Inst. in Athen., IV, 1879, pl. I, p. 41 ; quelquefois sur les vases peints, voyez Gerhard, Antike Bildwerke, pl. LI.

[40] Pline, XXXIII, 150 : C. Marius post victoriam Cimbricam cantharis potasse Liberi patris exemplo traditur. — Macrobe, Sat. V, 21. — Comparez Mon. dell' Inst., VI, pl. 37 (idole archaïque de Dionysos avec un canthare). — Sur la forme voyez Jahn, Beschreib. der Vasensammlung König Ludwigs, p. XCIX.

[41] Mitth. d'arch. Inst. in Ath., 1877, pl. XX, XXIII, XXIV ; VII, 1882, pl. VII, 1882, 160-173.

[42] Arch. Zeit., XL, 1882, p. 293-295, n° 16-19.

[43] Grundzüge der. gr. Etymol., 4e éd., p. 158.

[44] On pourrait encore y ajouter χελύνη (éolien), χελώνη (Curtius, Grundz. der gr. Etym., 4e éd. p. 199, n° 188) et Κύμη, κώμη (Gelbke dans les Stud. zur gr. u. lat. Grammatik de Curtius, II, p. 23). Nous passons à dessein le substantif cupa qu'emploie Caton (De re rustica, 21) pour désigner la manivelle du moulin à huile, car la quantité n'en est pas connue ; il se peut donc que les Latins l'aient dérivé du grec κώπη.

[45] Bezzenberger a proposé une autre étymologie qui toutefois s'accorde également avec nos conclusions. Voici ce qu'il nous écrit à ce sujet : Le rattachement de κύπελλον à capere me choque un peu à cause de l'υ ; dans les mots sûrement dérivés de capere l'a est immuable (Got. haban, lett. kampi, etc.). L'argument tiré de άμύμων, πίσυρες, πρότανις, etc. ne me parait pas bien probant, car ces mots appartiennent à d'autres catégories que le κύπελλον dérivé de καπ. Cependant si l'on s'en tient à cette étymologie, en somme acceptable, je m'appuierais plutôt sur κυπασσίς, de κυπασσο-lat. capitiu-m. Mais je demanderais pourquoi l'on ne traduirait pas άμφικύπελλος par muni de deux anses. La racine de κύπελλον serait alors le letton kuprs, hovar (en vieux haut allem.), bosse, lithuanien kumpis (recourbé), hubil en vieux haut allem. (monticule), etc. La parenté avec κύπε, cupa, etc. n'aurait, dans ce cas, rien de choquant. Le suffixe λλ de κύπελλον n'a pas encore été expliqué d'une manière satisfaisante ; on peut l'expliquer comme vous l'avez fait.

[46] Il est inutile de réfuter l'opinion des grammairiens anciens qui font dériver ce mot de λεΐος poli, uni ou de έλις, parce qu'on peut y boire à sa soif, (Asklépiadès de Myrleia dans Athénée, XI c. 24, p. 783 B ; Aniketos, ibid., p. 783 C. — Apollon. soph., Lex. hom., p. 23, 8. — Pollux, Onom., VI, 16, 97. — Étym. magn., p. 61, 19 et suiv. — Schol. Odyssée, III, 50).