On s'attend peut-être à nous voir traiter au commencement de ce chapitre la question de savoir quand et d'où les Grecs apprirent à se servir du fer. Mais quiconque tonnait tant soit peu les matériaux et les travaux scientifiques relatifs à cette question comprendra qu'il est impossible de limiter ces recherches au peuple grec, et que ce serait dépasser de beaucoup les cadres de ce livre que de vouloir étudier ici cette matière dans son ensemble. Beloch a récemment essayé d'utiliser l'Épopée pour cette étude[1]. Il pense que, lorsque les plus anciens chants furent composés, le bronze seul était connu ; pendant la composition des chants plus récents, il admet la coexistence du fer et du bronze. Comme conséquence, il élimine les vers des anciens chants, où il est question du fer, comme des interpolations plus récentes. Quelle que soit la justesse de ces éliminations[2], Beloch a néanmoins prouvé par des tableaux synoptiques que le fer est moins souvent mentionné dans les parties les plus anciennes de l'Épopée que dans les parties plus récentes. Les chiffres fournis par ce tableau rien que pour l'Iliade et l'Odyssée sont on ne peut plus caractéristiques. Dans la première, le bronze est mentionné 279 fois, le fer 23 fois ; dans la seconde, les nombres respectifs sont 80 et 25. C'est dans le chant, relativement récent, où sont décrites les funérailles de Patrocle, que le fer revient le plus fréquemment[3]. Il en résulte que les anciens chants de l'Épopée dateraient d'une période analogue à celle qu'en Italie les paléoethnologues sont convenus d'appeler prima epoca del ferro, période à laquelle correspondent les tombeaux de Villanova, de Benacci (près Bologne), la partie la plus ancienne de la nécropole de Corneto et d'autres semblables. Le nombre des produits en fer est partout ici absolument insignifiant en comparaison de la grande quantité d'objets de bronze. Il ressort, au contraire, des parties plus récentes de l'Épopée que, si le bronze prédomine encore, l'usage du fer s'est considérablement étendu. Un fait très curieux à noter c'est que, dans l'Épopée, il est bien plus souvent question d'ustensiles que d'armes en fer. A maintes reprises les poètes nous parlent de massues[4], de couteaux[5], d'une hache[6] et d'une chaîne[7] faite avec ce métal. Achille propose en prix aux jeux du disque un disque en fer, et dit que le discobole gagnant aurait pendant cinq ans assez de métal pour ses bergers et ses charrues[8]. Cette déclaration a lieu d'étonner beaucoup, car de la part du fils de Pélée on s'attendrait plutôt à une allusion à l'usage qu'on peut faire de ce métal à la guerre. Si, en outre, nous laissons de côté le vers suspect qui attribue à la flèche de Pandaros une pointe en fer[9], nous constaterons que, dans toute l'Épopée, une seule arme est indiquée clairement comme étant une arme en fer : c'est la massue de l'Arcadien Areïthoos[10]. Or (contraste assez singulier), dans deux chants assez récents de l'Iliade, on rencontre déjà cette expression proverbiale que le fer attire l'homme[11]. A l'époque où ces vers furent composés l'usage des armes en fer devait par conséquent être bien plus répandu qu'on ne pourrait le supposer »d'après les autres données de l'Épopée. Mais le style conventionnel de l'Épopée nous semble expliquer suffisamment cette contradiction. Lors de la composition des chants les plus anciens, on ne se servait point ou l'on se servait fort peu d'armes en fer ; c'est sous l'impression de cet état de choses que les poètes donnent une forme typique à la description des combats et des instruments qui s'y rapportent. Plus tard l'usage des armes en fer se propagea davantage. Cependant les poètes s'en tenaient toujours à leur ancien appareil poétique ; de temps à autre seulement quelques traits leur ont échappé qui trahissent le progrès de leur temps. Les armes et les instruments en fer employés par les Grecs de ce temps-là étaient peut-être en partie d'importation étrangère ; quoi qu'il en soit, la façon dont Achille parle du disque proposé par lui en prix[12] et une comparaison de l'Odyssée qui représente d'une manière frappante la trempe de l'acier[13] prouvent bien que les Grecs d'Asie Mineure étaient familiarisés avec le travail du fer déjà avant l'achèvement de l'Épopée. Commençons l'examen des armes homériques par l'épée. A part un vers, probablement interpolé plus tard dans l'Iliade et où il est fait mention d'une épée ou d'un couteau[14], et sauf les passages qui font allusion à l'usage des armes en fer en général, nous ne rencontrons dans l'Épopée que des épées de bronze[15]. La lame était à deux tranchants[16]. Comme c'était une arme d'estoc et de taille[17], elle devait être extrêmement longue, ainsi que l'indiquent d'ailleurs ses épithètes μέγας[18] et τανυήκης[19]. Le fourreau est, dans un endroit, en argent[20], dans un autre en ivoire[21]. Deux fois il est fait mention d'une poignée d'argent[22]. Une des épithètes les plus fréquentes de l'épée est άργυρόηλος garnie de clous d'argent[23]. Pour déterminer la place de ces clous, il faut se reporter d'abord à un passage de l'Odyssée[24]. Ulysse raconte comment, à l'approche de Teirésias, il remit au fourreau son ξίφος άργυρόηλος, avec lequel il avait jusqu'à présent chassé les ombres du sang des sacrifices. Ici l'épée et le fourreau sont mentionnés comme deux objets séparés ; il faut en conclure que les clous étaient placés non pas sur le fourreau, mais sur l'épée même. Mais est-ce sur la poignée ou sur la lame ? Plusieurs passages de l'Épopée nous font pencher pour la première hypothèse. Hector, après son combat singulier avec Ajax, offre à celui-ci une épée garnie de clous d'argent avec son fourreau et sa courroie artistement gravée[25]. Le Phéacien Euryalos donne à Ulysse son ξίφος άργυρόηλοv[26]. L'Épopée parle souvent de la manière dont les héros ceignent leur ξίφος άργυρόηλοv[27]. La lame des épées ainsi offertes ou ceintes était naturellement dans son fourreau, par conséquent invisible ; il faut donc supposer la poignée seule garnie de clous. Un critique méticuleux pourrait, il est vrai, nous objecter que άργυρόηλος n'est peut-être, dans ces passages, qu'une épithète typique employée sans égard à l'action décrite par les poètes. Il existe heureusement une donnée[28] qui réfute cette objection : Agamemnon suspendit à ses épaules l'épée brillante de clous d'or dans la gaine d'argent soutenue par des courroies d'or. Évidemment ces clous d'or étaient placés au même endroit que ceux d'argent auxquels fait allusion l'épithète en question. Comme le poète les mentionne avant de passer à la description du fourreau, il est impossible qu'ils aient servi à l'ornementation de ce dernier. Impossible également de les attribuer à la lame puisqu'elle était dans le fourreau au moment où Agamemnon la suspendait sur ses épaules. Il ne reste donc pour les clous d'autre place que la poignée. Si nous essayons de rapprocher l'épée homérique des types qui existent, nous aurons à tenir surtout compte de quatre espèces d'épées et de poignards en bronze. D'abord les épées trouvées dans les tombeaux en puits de Mycènes[29]. Les lames à deux tranchants qui s'amincissent immédiatement au-dessous de la poignée ont une longueur de 80 centimètres au moins. Le cœur de la poignée n'est qu'une suite de la lame, c'est-à-dire une barre plate, qu'on entourait d'une enveloppe quelconque de bois ou d'os, pour rendre la poignée ronde et facile à manier. Cette enveloppe était souvent elle-même garnie d'une feuille d'or[30] historiée. Comme à côté de quelques lames on a trouvé des boules d'albâtre percées, Schliemann[31] en conclut que c'étaient les sommets ou extrémités des poignées. En tout cas les garnitures des poignées étaient consolidées au moyen de clous d'or. Généralement un clou suffit pour le cœur de la poignée, deux pour la naissance de la lame[32]. Cependant il existe des spécimens qui ont trois clous dans chacun de ces endroits[33]. Que cette garniture corresponde plus ou moins à la description de l'épée d'Agamemnon et à l'épithète άργυρόηλος, on ne peut guère admettre que ces épées sont analogues à celles de l'époque homérique. Nous avons déjà signalé dans le chapitre V un fait qu'il ne faut pas perdre de vue ici. Le trait le plus saillant des épées et poignards de Mycènes, c'est une riche ornementation dont plusieurs de leurs lames sont couvertes. Si les poètes avaient connu de ces pièces de luxe, ils n'eussent pas manqué de les utiliser pour leurs descriptions. Or l'Épopée ne mentionne nulle part aucune ornementation des lames d'épée. Tout nous engage donc à chercher ailleurs que dans le groupe mycénien les armes employées à l'époque homérique. Il convient de noter en outre ici une autre circonstance qui est encore plus probante. D'après les poètes de l'Épopée, l'épée était une arme d'estoc et de taille ; or les longues lames étroites trouvées dans les tombeaux de Mycènes ne semblent avoir été que des armes d'estoc ; c'est une hypothèse qui est confirmée par plusieurs cachets provenant de ces tombeaux[34]. Aucun des guerriers ou chasseurs qui y sont figurés ne frappe avec le plat ou le tranchant de son épée ; ils ne s'en servent que pour transpercer. Il en est de même d'une catégorie d'épées dont on a trouvé un spécimen dans la couche préhellénique de l'île d'Amorgos[35] et deux dans l'Attique[36] et qui sont assez fréquents en Italie comme dans l'Europe centrale[37]. La lame à deux tranchants et la poignée dont l'extrémité inférieure a une forme demi-circulaire sont faites de pièces de bronze différentes. La première est très large à l'endroit où elle sort de la poignée, mais elle s'amincit aussitôt, en sorte qu'elle forme presque un triangle à angle obtus. Elle est engagée dans une rainure pratiquée dans la poignée où elle est consolidée au moyen de clous disposés en demi-cercle, suivant la courbure de cette poignée. Ces clous sont habituellement au nombre de cinq, six ou huit. Cependant nous connaissons un poignard trouvé dans les Abruzzes dont la poignée est armée de deux rangées de clous ; il y en a quinze dans la rangée extérieure, onze dans l'intérieure[38]. Ces clous ou tout au moins ces tètes de clous, si on les suppose d'un autre métal que le bronze de la lame et de la poignée, en argent, par exemple, devaient produire un très bel effet décoratif et correspondaient bien à l'idée rendue par l'épithète άργυρόηλος. Mais ces épées étaient exclusivement aussi des armes d'estoc. Cela ressort non seulement de la forme de la lame, mais encore de la manière dont elle est consolidée. Si une épée de ce genre avait servi à frapper, il eût été à craindre qu'en frappant de côté, elle ne glissât de sa rainure. Il nous reste à parler encore de deux espèces d'épées de bronze qui ont entre elles beaucoup d'analogie et qui sont reliées par quelques types intermédiaires. L'une est représentée par deux spécimens trouvés sur le sol grec, l'un à Mycènes[39], l'autre à Olympie[40]. Le premier n'a pas été mis au jour dans les tombeaux en puits, mais dans la couche de terre supérieure de la citadelle ; il appartient donc à une époque postérieure à celle des tombeaux. Il a une longueur de 60 centimètres ; la lame à deux tranchants et le cœur de la poignée sont d'une seule pièce. Comme la lame est relativement large et ne s'amincit que près de la pointe, il est probable que nous sommes là en présence d'une arme d'estoc et de taille. On remarque quatre trous dans le cœur de la poignée et deux de chaque côté de la courbure qui forme la transition entre la poignée et la lame ; donc les cercles en bois, en os ou en ivoire qui arrondissaient le plat de la poignée étaient consolidés au moyen de huit rivets. Le spécimen d'Olympie offre les mêmes particularités. Ici la partie supérieure de la poignée manque ; la longueur de l'arme ne peut donc qu'être évaluée approximativement à 1 mètre ; on voit un trou de chaque côté de la courbure de la lame, un troisième à la partie inférieure de la poignée, la seule partie qui se soit conservée. Il convient d'ajouter à cette catégorie les épées de bronze qu'on rencontre déjà dans les couches préhelléniques de la Haute-Italie et qui ne diffèrent des types grecs que par une fabrication imparfaite[41]. Enfin il faut mentionner ici une épée mesurant 72 centimètres de longueur, trouvée à Athènes ; quoique en fer, elle est évidemment une reproduction des modèles en bronze dont nous parlons[42]. Il résulte des recherches de Dümmler qu'elle provient de l'un des tombeaux découverts près du Dipylon. Sa poignée est garnie d'une forte bordure ; cette arme constitue donc un type de transition à une autre espèce. analogue représentée dans l'Est par des épées de bronze trouvées dans les nécropoles d'Ialysos, dans l'île de Rhodes[43], dans un tombeau corinthien[44] et dans l'île de Corcyre[45]. Cette espèce se distingue par cette particularité que le pommeau affecte la forme d'un fronton ou d'un dôme et que les bordures de la poignée finissent en une garde recourbée en dehors[46]. Ces épées ont généralement une longueur de 75 centimètres environ ; leur lame est analogue à celle des épées de la catégorie précédente. Elles sont assez fréquentes dans l'Italie méridionale ; seulement ici la garde en question est peu développée ou n'existe point[47]. Il en est de même des poignards semblables, dont un a été trouvé dans la couche de terre qui recouvre la colline de la citadelle de Mycènes[48] et plusieurs autres dans l'Italie méridionale[49]. De toutes les espèces d'épées que nous venons de passer en revue, les deux dernières correspondent le mieux à celles mentionnées dans l'Épopée. Les lames à deux dans Me de Corcyre. tranchants sont, dans les deux, très longues et destinées à porter des coups d'estoc et de taille. L'éclat métallique des têtes de rivets fixés sur la poignée produisait, par rapport au ton un peu sourd de la garniture, un effet assez décoratif qui correspond bien à la description de l'épée d'Agamemnon et à l'épithète άργυρόηλος qui l'accompagne. Quant à l'épithète μελάνδετος (aux noires attaches) qui qualifie l'épée une seule fois dans l'Iliade[50], Gerlach[51] nous en a donné une explication très plausible. Il la rattache à une sorte particulière d'épées de bronze, très fréquentes dans l'Europe centrale et septentrionale. Leur poignée consiste en une barre de bronze, garnie à intervalles égaux de petits anneaux ou viroles également en bronze. Les vides compris entre les anneaux, afin de rendre la poignée maniable, étaient sans doute remplis au moyen de cordons enroulés[52], avec du bois ou une substance résineuse[53]. Ces remplissages ne devaient pas être de couleur voyante, car la poignée se salissait forcément au contact continuel de la main. Ils étaient donc très probablement de couleur sombre. S'il en était ainsi, les pleins sombres se détachant à côté des anneaux de bronze brillants expliquent parfaitement le sens exact de l'épithète homérique. Les poignées de ce genre ont dû se propager du nord au sud de l'Europe : cette hypothèse, très plausible en soi, est confirmée par ce fait qu'on a trouvé un poignard emmanché de la sorte à Castione, dans la province de Parme[54]. Le baudrier (τελαμών[55], άορτήρ)[56] consistait en une courroie en cuir[57]. Il est dit une fois qu'il est en or, une autre fois qu'il est en argent[58] ; ces qualificatifs annoncent certainement une garniture métallique. Bien que cela ne soit spécifié nulle part dans l'Épopée, nous pouvons admettre que cette courroie passait sur l'épaule droite de manière que l'épée pendait au côté gauche. D'abord une épée de cette longueur, si on l'avait portée au côté opposé, eût été très difficile à tirer du fourreau. En second lieu, sur les monuments grecs archaïques[59], l'épée est toujours suspendue au côté gauche. Souvent un couteau était accolé au fourreau[60], comme au couteau de chasse des chasseurs de nos jours. La lance consistait en un bois ou hampe généralement en frêne[61], munie aux deux extrémités d'une pointe d'airain[62]. L'une de ces pointes servait à l'attaque, l'autre appelée ούρίαχος[63] ou σαυρωτήρ[64], à planter la lance dans le sol, quand on n'en faisait pas. usage. Contrairement aux pointes de lances en bronze trouvées dans les colonies primitives de Troie et dans d'autres localités analogues, la pointe d'attaque n'était point engagée dans une fente du bois de lance par son bout inférieur aplati en forme de langue, mais bien (comme on le voit déjà sur un spécimen trouvé dans un tombeau en puits de Mycènes)[65] engagée dans la hampe au moyen d'une douille[66]. Sur la lance d'Hector cette douille de bronze était serrée en bas avec un anneau d'or[67]. Si l'on en juge par la longueur de cette lance (11 aunes, c'est-à-dire environ 5 mètres), les lances en général devaient être très longues[68]. L'Épopée ne nous fournit aucun renseignement sur la forme de la pointe d'attaque ; nous ne savons pas si elle était à quatre tranchants ou folliforme et à deux tranchants[69]. L'épithète très fréquente de la lance, άμφίγυος[70], ne permet pas de trancher cette question : car on se demande s'il faut la traduire par : à deux pointes (celle d'attaque et celle destinée à être plantée en terre), ou bien par : à deux tranchants[71]. Les lances avec lesquelles les Achéens défendaient leurs vaisseaux contre les Troyens étaient encore plus longues que celles employées dans les combats de terre[72]. Nous savons par l'Épopée qu'Ajax, fils de Télamon, sautant d'un pont de navire sur l'autre, fondait sur les ennemis avec une lance qui n'avait pas moins de 22 aunes, c'est-à-dire environ 10 mètres de longueur ; cette lance se composait d'ailleurs de plusieurs pièces reliées au moyen de crampons ou de viroles[73]. Les flèches avaient une pointe à trois arêtes[74] barbées[75] en bronze[76]. Il en existe de nombreux spécimens en Grèce[77]. La hache de combat n'est mentionnée que dans deux passages de l'Épopée. Le Troyen Peisandros en portait une sous son bouclier et en frappa le casque de Ménélas[78]. On brandissait des haches de combat et des massues dans les combats livrés autour des vaisseaux[79]. Il est impossible de déterminer la forme de ces armes, car l'Épopée est complètement muette à cet égard. Mais c'étaient très probablement les mêmes types que ceux que nous avons déjà passés en revue à propos du πέλεκυς et de l'ήμιπέλεκκον. Il faut y joindre peut-être la hache de combat représentée sur une métope de Sélinonte, dans la main d'une amazone[80], et dont nous parlerons en détail dans notre chapitre XXVI. |
[1] Dans la Revista di filologia ed istruzione classica, II, 1873, p. 49-62.
[2] Nous ne voyons pas, par exemple, pourquoi l'on attribuerait une origine plus récente à la comparaison (Iliade, IV, 485-487) où le fer est mentionné, au récit que fait Nestor à propos d'Areïthoos, brandissant une massue de fer (Iliade, VII, 137-146), ainsi qu'à la comparaison relative à la trempe de l'acier (Odyssée, IX, 391-392). — De même il ne faut point s'étonner de voir les couteaux de combat en fer cités Iliade, XXIII, 30. Le début de ce chant est certainement très ancien ; il n'appartient pas, comme le croit Beloch, à la même catégorie que la description des jeux funèbres. Beloch a, au contraire, raison de considérer, dans les anciennes parties de l'Iliade, νευρὴ μὲν μαζῷ πέλασεν, τόξῳ δὲ σίδηρον (Iliade, IV, 123) et δείδιε γὰρ μὴ λαιμὸν ἀποτμήξειε σιδήρῳ (Iliade, XVIII, 34) comme des interpolations ultérieures. Les anciens commentateurs (Schol. Iliade, IV, 123) avaient déjà mis en doute l'ancienneté du premier de ces vers et Jacob celle du second (Ueber die Entstehung. der Ilias und Odyssee, p. 314), ainsi que Benicken dans les Jahrbücher für. classische Philologie, 109, p. 154.
[3] Iliade, XXIII, 177, 261, 834-850. Le vers 30, n'appartenant pas à la description des jeux, doit être considéré à un autre point de vue (voyez la note précédente).
[4] Haches de bronze : Iliade, XIII, 180, 612 (hache de combat de Peisandros), XXIII, 118 ; Odyssée, V, 234-236 ; Odyssée, XXIII, 196, où le mot καλκώ n'est autre chose probablement que le σκέπαρνον.
[5] Iliade, XXIII, 30. — Un couteau ou hachette en fer dans l'Hymn. III (in Merc.) 41 ; comparez 109. Des couteaux de bronze sont, au contraire, mentionnés : Iliade, I, 236 ; III, 292, 294 ; Odyssée, XII, 173.
[6] Iliade, V, 723. Le char de Poséidon a, au contraire, un χάλκεος άξων (Iliade, XIII, 30).
[7] Odyssée, I, 204.
[8] Iliade, XXIII, 831-835.
[9] Iliade, IV, 123.
[10] Iliade, VII, 141, 144.
[11] XVI, 294 ; XIX, 13. — Selon les Alexandrins (Schol. Odyssée, XVI, 281), le passage du chant XIX se. rait le plus ancien, celui du chant XVI n'en serait qu'une imitation. C'est une opinion qui est partagée par la plupart des commentateurs modernes. Kirchhoff, au contraire (Die Composition der Odyssee, p. 163 et suiv.), est d'un avis absolument opposé. — Iliade, XXIII, 34 : il vaut mieux ne tenir aucun compte de ce vers qui doit être une interpolation plus récente. De plus, il n'est pas certain que le mot σίδηρος désigne ici une épée ou un couteau.
[12] Iliade, XXIII, 831-835.
[13] Odyssée, IX, 391-392.
[14] Iliade, XVIII, 34.
[15] Iliade, III, 335 ; XVI, 136 ; XIX, 373. Odyssée, X, 262 ; VIII, 403.
[16] Iliade, X, 256 ; XXI, 118. Odyssée, XVI, 80 ; XXI, 341 ; XXII, 79.
[17] Dans l'Épopée bien plus de passages désignent l'épée comme étant une arme de taille que comme une arme d'estoc. Les premiers sont les suivants : Iliade, V 80-82, 146-147, 584, X 455-457, 484, 489, XI 109, 146, 240, 261, XII 192, XIII 203, 576, 614, XIV 496-498, XVI 115, 332, 338-340, 474, XX 475, 481-482, XXI 20-21 ; Odyssée, X 440, XXII 97, 328. Les passages ci-après indiquent seuls les coups d'estoc : Iliade, IV 531, XIII 147, XIV 26, XV 278, XVI 637, XVII 731, XX, 459, 469, XXI 117, 180 ; Odyssée, XXII 98.
[18] Iliade, I, 194 ; V, 146 ; XX, 459 ; XV, 712 ; XVI, 115.
[19] Iliade, XIV, 385 ; XVI, 473. Odyssée, X, 439 ; XI, 231 ; XXII, 443. Comparez Iliade, VII, 77, XXIV, 754, Odyssée, IV, 257.
[20] Iliade, XI, 31. On a trouvé dans une tombe très ancienne de Préneste deux poignards à fourreau d'argent, d'importation étrangère toutefois : Bull. di paletn. ital., IX, pl. III, 11, 12 : Mon. dell' Inst., X, pl. XXXI 4, 5 ; Ann. 1876, p. 249.
[21] Odyssée, VIII, 403. Comparez deux épées en fer à fourreaux d'ivoire, incrustés de morceaux d'ambre en échiquier et provenant d'un tombeau très ancien de Véies (Archæologia, 41, I, pl. VI 2, p. 199).
[22] Iliade, I, 219. Odyssée, VIII, 403.
[23] Iliade, II, 45 ; III, 334, 361 ; VII, 303, XIII, 610, XVI, 135, XIX, 372. Odyssée, VIII, 406, 416, X, 261, XI, 97. Iliade, XIV, 405, XXIII, 807. Comparez sur cette épithète notre chap. XXIX.
[24] Odyssée, XI, 97.
[25] Iliade, VII, 303.
[26] Odyssée, VIII, 406.
[27] Iliade, II, 45 ; III, 334 ; XVI, 135 ; XIX, 372. Odyssée, VIII, 416 ; X, 261.
[28] Iliade, XI, 29.
[29] Schliemann, Mykenæ, p. 323, 326.— Comparez les spécimens d'Amorgos qui ne sont pas identiques, mais analogues, dans les Mém. des Antiquaires du Nord, 1878-83, p. 231, n° 12, 16.
[30] Mykenæ, p. 308-310, 315.
[31] Mykenæ, p. 323-325, n° 445, 447-449.
[32] Mykenæ, p. 325 et 350. Comparez n° 445, p. 321 et n° 466, p. 350. — S. Muüller, Den europaeiske Bronzealders Oprindelse (Saertryk af Aarboger for nord. Oldk., 1882) p. 283, fig. 1.
[33] S. Müller, loc. cit., p. 283, fig. 2.
[34] Mykenæ, p. 202, n°, 253, 254, p. 253, n° 313.
[35] Miltheil. des deutschen arch. Institutes, Athenische Abtheil., XI, 1886, p. 24. Suppl. 1, n° 6.
[36] Mém. des antiquaires du Nord, 1878-1883 p. 230, n° 8, 9. — Des épées de même espèce en fer, dit Ohnefalsch-Richter dans une communication qu'il a bien voulu nous faire, ont été trouvées dans l'île de Chypre (tombeaux de Curium). — Un second exemplaire de provenance grecque a été noté dans le Bullet. di paletn ital., II, p. 52.
[37] Bull. di pal. ital., II, pl. 1 p. 44 et suiv. ; Bull. dell' Inst., 1881, p. 36, 37 ; Undset, Études sur l'âge de bronze de la Hongrie, I, p. 146 et suiv. Ce type est très fréquent surtout dans les Abruzzes ainsi que dans les environs de Parme et de Reggio d'Emilia.
[38] Bull. di pal. ital., II, p. 51.
[39] Schliemann, Mykenæ, p. 167, n° 221. — Undset, Études sur l'âge de bronze, I, p. 148, fig. 29. — S. Müller, Den europaeiske Bronzealders Oprindelse, p. 319, fig. 24.
[40] S. Müller, ibid. p. 325, fig. 27. — Un fragment d'un spécimen analogue provenant de Corinthe, dans les Mémoires des Antiq. du Nord, 1878-83, p. 231, n° 14. Des épées de fer de ce type ont aussi été trouvées dans l'île de Chypre, l'une dans une tombe phénicienne de Curium, l'autre dans un tombeau grec à Marion (communication de M. Ohnefalsch-Richter).
[41]
Voyez Pellegrini, Di un sepolcreto preromano scop. a Povegliano veronese
(Vérone, 1878), pl. III, 1, 2 ; Bull di. paletn. ital., IX, pl. III, 7, 15, p. 83-85. Comparez Bull.
dell' Inst., 1880, p. 36.
[42] Undset, Études, I, p. 149,
fig. 30.
[43] Undset, Études, I, p. 151.
[44] Undset, loc. cit., p. 151.
[45] Undset, pl. XVIII 2 p.
150-151.
[46] L'épée de bronze trouvée à Dodone parait avoir une poignée semblable. Voyez Carapanos, Dodone et ses ruines, pl. LVII, 1, p. 102 et 135.
[47] Bull. dell' Inst., 1881, p. 36 : Bull. di paletn. ital., VII, p. 31, p. 59, IX, pl. III 6, p. 99 et suiv. Une épée identique a été trouvée près d'Aquila. Voyez Bastian und Voss, Die Bronzeschwerter des Museum zu Berlin, pl. XII, 6 ; sur la même planche 7 a b un exemplaire semblable d'une origine italienne inconnue.
[48] Schliemann, Mykenæ, p. 191,
n° 238.
[49] Undset, Études, I, p. 109,
fig. 31.
[50] Iliade, XV, 713. Comparez Hésiode, Scut. Herc., 221. Euripide, Orest., 821, Phœnic., 1109, fragm. Eurysth. dans Pollux, X, 145 (p. 377, n° 347 Nauck).
[51] Philologus, XXX, p. 502.
[52] Bull. di paletn. ital., II, p. 63.
[53] Madsen, Antiquités préhist. du Danemark, l'âge du bronze, p. 10.
[54] Bull. di paletn. ital., II, pl. I, 2, p. 47.
[55] Iliade, VII, 304. XIV, 404. XVIII, 598. XXIII, 825. Odyssée, XI, 610, 614.
[56] Odyssée, XI, 609. Iliade, XI, 31. Ici le mot, employé au pluriel, semble plutôt indiquer les accessoires (anneaux, crochets, etc.) au moyen desquels le τελαμών était attaché au fourreau de l'épée.
[57] Iliade, VII, 304. XXIII, 825.
[58] Des feuilles d'or battu qui ont été trouvées dans un des tombeaux en puits de Mycènes seraient, suivant Schliemann (Mykenæ, p. 281, n° 354), des fragments de garnitures des courroies d'épées.
[59] Déjà même sur les vases du Dipylon : Mon. dell' Inst., VIII, pl. 39.
[60] Iliade, III, 271. XIX, 252. — C'est peut-être avec un couteau semblable que Patrocle enlève la flèche de la blessure d'Eurypilos : Iliade, XI, 844.
[61] Comparez Iliade, XVI, 143 ; XIX, 390 ; XX, 277 ; XXI, 162 ; XXII, 133, 328 ; Odyssée, XXII, 259, 276.
[62] Odyssée, XX, 127 ; Iliade, III, 18, XX, 322, XXII, 328 ; Odyssée, XXII, 259, 276, XI 532 ; Iliade, V, 145, VI, 3, XI, 742, XIX, 53 ; Odyssée, V, 309, XIII, 267, XXII, 92 ; Iliade, XIX, 534, XX, 258 ; Odyssée, IX, 55, XI, 40.
[63] Iliade, XIII, 443. XVI, 612. XVII, 528.
[64] Iliade, X, 153.
[65] Schliemann, Mykenæ, p. 320,
n° 441.
[66] Iliade, XVII, 296. — Schliemann (Ilios, p. 532) a le premier déterminé avec justesse le sens archéologique de ce passage.
[67] Iliade, VI, 319, VIII, 494. — Dans la petite Iliade fragm. 5 (Epicor. grœc. fragm., éd. Kinkel, I, p. 41) voyez ce qu'il est dit de la lance.
[68] Iliade, V 594, VIII 424, V 45, XIII, 168, XVII, 296, IV, 533, VII, 255.
[69] Le premier type est fréquent en Grèce, surtout à Olympie, où la pointe en feuille est assez rare (Furtwængler, Die Bronzefunde, p. 77-78 ; S. Müller, Den europæiske Bronzealders Oprindelse, p. 322-327. En Italie, au contraire, on ne trouve presque exclusivement que ce dernier modèle et très rarement les pointes à quatre arêtes.
[70] Iliade, XIII, 147. XIV, 26. XV, 278, 386, 712. XVI, 637. XVIII, 731 ; Odyssée, XVI, 474, XXIV, 527.
[71] Ameis (Odyssée, XVI, 474) et Gœbel (De Epith. hom. in εις desinenlibus, p. 22) ont adopté la première interprétation ; Dœderlein (Hom. Glossarium, I, p. 83, n° 120) et G. Hermann (Soph. Trachin., 502), la seconde. Le δίκροος άρδις (Fragm. 5 de la petite Iliade) indique-t-il une pointe à deux tranchants ou deux pointes sortant du bois de lance (voyez un poignard de bronze trouvé à Mycènes, Mykenæ, p. 191, n° 238) ? c'est ce qu'on ne saurait dire au juste.
La lance du guerrier représenté sur la stèle que nous venons de mentionner est pourvue de deux pointes placées l'une à côté de l'autre, en guise de fourchette.
[72] Iliade, XV, 387.
[73] Iliade, XV, 677.
[74] Iliade, V, 393 ; XI, 507.
[75] Iliade, IV, 151, 214.
[76] Iliade, XV, 465. Odyssée, XXI, 423. XIII, 650, 662. Odyssée, I, 262. Une pointe de flèche en fer n'est mentionnée qu'une seule fois dans un vers qui semble interpolé (Iliade, IV, 123).
[77] Furtwængler, Die Bronzefunde aus
[78] Iliade, XIII, 611.
[79] Iliade, XV, 711.
[80] Serradifalco, Antichità della Sicilia, II, pl. XXXIV.— Benndorf, Die Metopen von Selinunt, pl. VII.