Comme le mot κυνέη, employé le plus fréquemment pour désigner le casque, signifie primitivement peau de chien, on peut admettre que les ancêtres des Grecs, de même que les barbares de l'Europe centrale à l'époque historique, se couvraient la tête de peaux de bêtes ; leur aspect terrifiant était augmenté par la menace des morsures[1]. Cependant les épithètes χάλκειος[2], εΰχαλκος[3], πάγχαλκος ou παγχάλκεος[4], χαλκήρης[5], χαλκοπάρηος[6] qui accompagnent le casque dans l'Épopée prouvent que, dès l'époque homérique, on avait renoncé à cet usage et que les parties constitutives du casque étaient déjà en bronze. Le casque d'Hector est τρίπτυχος, triple ou à triple couche[7]. Ainsi donc, pour plus de solidité, la coiffe du casque consistait en plusieurs plaques de bronze superposées : tels sont, par exemple, les casques antiques d'Olympie où l'on remarque trois plaques dont la plus solide est au milieu, les deux autres, plus minces, en dessus et en dessous[8]. Il résulte, en outre, de quelques passages non équivoques de l'Épopée, que le casque recouvrait le front[9] et les tempes[10] ; les adjectifs χαλκοπάρηος et αύλώπις[11] disent qu'il descendait sur les joues et qu'il était pourvu d'ouvertures pour les yeux. La partie inférieure du cou était, par contre, entièrement découverte ; l'Épopée mentionne, en effet, des blessures faites à cet endroit, sans ajouter que l'arme ait transpercé aucune plaque protectrice[12]. La mentonnière était une courroie passée sous le menton ; l'épithète πολύκεστος, qui l'accompagne, semble indiquer des ornements incrustés ou gravés[13]. Enfin le casque devait, comme la cuirasse, être relativement vaste, puisque, si les mouvements sont vifs, il ballotte sur les tempes[14]. On sait que plus tard les garde joues se composaient de pièces spéciales et étaient munies d'un mécanisme qui permettait de les relever ou de les rejeter en arrière. Comme l'Épopée n'en parle point, il faut admettre qu'à l'époque homérique la coiffe et les garde joues étaient d'une seule et même pièce et que ces dernières étaient solidement fixées à la première : c'est le cas des plus anciens casques grecs qui soient parvenus jusqu'à nous[15]. Sous un casque de cette espèce, on voyait très peu de la figure. On peut se figurer le regard farouche des héros qui brille à travers ces ouvertures, particularité que les poètes font souvent ressortir[16]. Ajax, sortant des rangs achéens, pour aller combattre avec Hector, sourit, sous son casque, d'un sourire sombre[17]. Le visage était souvent tellement couvert par le casque que, dans la mêlée, les héros ne se reconnaissaient entre eux qu'à certaines particularités extérieures, telles que l'armure ou les chevaux de bataille. Pendant que Diomède parcourt les rangs troyens, Énée et Pandaros cherchent qui peut bien être ce terrible adversaire : enfin Pandaros dit que son casque, son bouclier et son attelage annoncent le fils de Tydée[18]. Kébrionès reconnaît Ajax, fils de Télamon, à son énorme bouclier[19]. Patrocle, sur le point de venir au secours des Achéens, prie Achille de lui prêter son armure, car les ennemis penseront alors que le terrible fils de Pélée se mêle de nouveau au combat, et, en effet, dès qu'il a revêtu l'armure d'Achille, les Troyens le prennent pour ce dernier[20]. Des casques de cette espèce qui couvrent entièrement le visage se rencontrent fréquemment sur les vases à figures noires, qui, au point de vue du style et du procédé technique, constituent un groupe à part dans la nécropole de Cæré[21]. Nous avons soutenu jadis que ces vases avaient été fabriqués à Cæré même : cette opinion n'est plus soutenable depuis qu'il est établi qu'un spécimen de ce genre a été trouvé dans un tombeau qui remonte au plus tard à la fin du sixième siècle[22]. Ces vases sont très bien façonnés, et cette perfection technique comparée à l'état primitif de la céramique étrusque de cette époque constituerait un fait absolument anormal. Nous attribuons donc plutôt ces vases à une fabrique hellénique du sixième siècle avant Jésus-Christ. Le casque homérique avait-il, outre les garde-joues, un nasal ? Deux passages de l'Iliade semblent indiquer un type privé de cet abri : le trait de Diomède atteint Pandaros au nez près de l'œil[23], celui de Ménélas atteint Peisandros à la partie supérieure de l'arête du nez[24]. Aucun des deux passages ne dit que la pointe de la lance, avant de pénétrer dans la peau, ait transpercé une plaque de bronze protégeant le nez. Ce silence est d'autant plus significatif que, dans le second passage, le poète fait même ressortir le craquement des os du nez ; nous §avons, d'autre part, que de très bonne heure déjà les armuriers grecs apportaient un soin tout particulier à consolider la partie du casque qui protégeait le nez, et qu'à cet effet ils employaient des plaques de bronze plus épaisses que pour les autres parties de la coiffe[25]. Le nez n'était donc probablement point protégé dans les casques de Pandaros et de Peisandros. Cela ne prouve nullement qu'il n'y ait pas eu de casques à visière nasale ; sur les plus anciens vases grecs, on rencontre des vases munis de garde-joues seulement et d'autres où les gardes-joues sont accompagnées d'un nasal[26]. Le φάλος[27] n'était autre chose que cette crête métallique (le cimier) qui s'étendait depuis l'occiput jusqu'au front[28]. C'était la partie la plus résistante du casque ; la lame des épées s'y brisait souvent[29] et elle supportait même les coups de haches de combat[30]. Les traits qui atteignent le φάλος pénètrent à travers ce dernier dans le front[31] ; d'autre part, lorsque les guerriers sont très serrés, les peu de ceux de derrière, quand ils avancent un peu la tête, touchent les φάλοι de ceux de devant[32]. Il est donc probable que le cimier se prolongeait beaucoup par devant et par derrière. En outre, il est dit clairement dans l'Épopée que l'aigrette (λόφος) était plantée sur le φάλος[33]. Ces deux particularités sont visibles sur les anciens monuments grecs. Le casque qu'on y remarque le plus souvent a un cimier qui s'étend, sur le devant, jusque vers le front, et derrière jusque vers la naissance de la nuque et dans lequel est fixée l'aigrette. Quelques anciens monuments grecs qui représentent des têtes casquées vues de face semblent, à première vue, avoir, comme les cristœ transversœ des centurions romains[34], un cimier transversal, allant d'une oreille à l'autre. Cette disposition se voit, par exemple, sur un des casques du Geryoneus à trois têtes d'une amphore de Chalcis[35]. Mais cette représentation tient probablement à l'inhabileté du peintre qui ne savait comment s'y prendre pour faire le raccourci nécessaire du cimier et de l'aigrette. C'est pour les mêmes raisons techniques que, sur certaines figurines d'argile de Tarente, le cimier est représenté de face et l'aigrette de côté[36] ; car les formes n'étaient pas ici assez profondes pour représenter un motif comme l'aigrette d'un casque vue de face qui se développe forcément trop loin par derrière. Outre le casque à un seul cimier, les Grecs de l'époque homérique portaient aussi des casques qui, afin d'augmenter leur force de résistance, étaient pourvus de deux (άμφίφαλος)[37] ou de quatre cimiers (τετραφάλος)[38]. Le mot τρυ-φάλεια, si on le suppose dérivé de τετρυ-φάλεια, indique également un casque à quatre cimiers[39]. Ces cimiers étaient sans doute disposés parallèlement ; quelques casques parvenus jusqu'à nous le prouvent[40]. On a trouvé quatre de ces casques de bronze pourvus de deux cimiers (άμφίφαλος) ; l'un à Olympie[41], le second dans l'intérieur du territoire du Samnium[42], le troisième dans la nécropole de Hallstatt[43] et le quatrième dans une nécropole de la Carinthie, analogue à cette dernière[44]. En outre, sur deux coupes à figures rouges d'un style sévère, Memnon est coiffé d'une κυνέη άμφίφαλος[45]. Ici l'artiste a reproduit de profil les deux cimiers du casque vu de face, et cela probablement parce que, comme le peintre du vase de Geryoneus, il n'a pas su vaincre certaines difficultés. Plus tard, l'art grec a transformé la représentation figurée des φάλοι. Il suffit de rappeler le sphinx qui couronnait le casque d'Athèna Parthènos de Phidias ainsi que les autres figures du même casque[46]. Dans la représentation du combat entre Mégès et Dolops, l'aigrette est posée sur la coiffe du casque d'une manière toute particulière[47]. La lance de Mégès touche l'extrémité supérieure du casque de Dolops ; l'aigrette se détache et tombe dans la poussière. Ce fait serait impossible avec un casque comme ceux que nous venons d'examiner ; car il est évident que le cimier portant l'aigrette, sur lequel était concentrée toute la force de résistance de la coiffe, était trop solide pour qu'un coup de lance pût le démonter. Le fait signalé nous paraîtra, au contraire, tout naturel si nous admettons que, dans le casque de Dolops, l'aigrette s'appuyait sur une tige de bronze fixée elle-même sur la coiffe. Cette tige était facile à détruire et, partant, l'aigrette facile à déplacer. Il est d'ailleurs souvent question dans l'Épopée de l'aigrette qui s'agite sur le devant du casque de manière à produire un effet terrifiant[48] : or, cela n'est possible que si l'on suppose l'aigrette fixée sur un appui haut et étroit, de manière qu'elle puisse suivre aisément tous les mouvements de la tête. Le casque de cette espèce était en usage déjà avant la migration dorienne ; on le voit, en effet, gravé sur deux cachets trouvés dans les tombeaux en puits de Mycènes[49]. On le rencontre aussi souvent sur les vases archaïques à côté du casque mentionné plus haut[50]. On peut donc admettre que ces deux sortes de casques étaient usités à l'époque homérique. Si, dans le casque à deux cimiers d'Agamemnon[51], l'aigrette retombe énorme sur le devant, c'est que sans doute la crête ou support qui la portait était placée sur la coiffe entre les deux cimiers. Parfois (les monuments le prouvent) la crête est double et, par suite, le casque a deux aigrettes. Ces deux crêtes sont disposées de différentes manières. Sur l'amphore souvent citée de Chalcis[52], les têtes casquées de Glaukos et de Léodokos sont représentées de face ; dans les deux casques, les supports plantés vers les tempes se penchent l'un vers l'autre, de sorte qu'ils font saillie sur la coiffe, tout comme les cornes d'un taureau. Au contraire, dans d'autres peintures sur vases[53], qui représentent des casques de ce genre de profil, l'une de ces crêtes est sur le devant, l'autre sur le derrière de la coiffe. Cette figuration parait s'expliquer par la difficulté qu'il y avait à bien reproduire de profil un pareil casque, car alors la crête la plus rapprochée du spectateur couvrait l'autre. De toute façon, la disposition qu'on remarque sur le vase de Chalcis semble la plus pratique, car les crêtes ainsi posées pouvaient parer les coups dirigés de côté sur le crâne. Il existe du reste quelques casques de bronze antiques où les deux crêtes sont disposées de cette manière[54]. Les φάλαρα ne sont mentionnés qu'une seule fois dans l'Épopée, notamment à l'endroit où Ajax, fils de Télamon, défend les vaisseaux des Achéens. Son casque résonne sous le choc des projectiles ennemis qui viennent frapper constamment les φάλαρα bien ouvragés[55]. Comme ce mot indiquait plus tard les boucles métalliques qui ornaient les harnais de chevaux[56], Buttmann[57] s'efforce de l'appliquer à un objet qui y ressemble le plus possible : il suppose que les φάλαρα étaient les écailles métalliques garnissant la mentonnière du casque. Or le seul passage de l'Épopée[58], où il soit question de la mentonnière, ne dit mot d'une garniture à écailles ; cette courroie y est accompagnée de l'épithète πολύκεστος, qui veut dire munie d'ornements gravés ou ciselés. Lors même que cette objection ne serait pas concluante, l'interprétation de Buttmann repose, de toute façon, sur l'idée fausse qu'il se fait de la forme du casque de cette époque. Ce casque, en effet, nous l'avons vu plus haut, recouvrait les joues et ne laissait, par conséquent, entrevoir qu'un petit filet de la courroie enserrant le menton. Il était évidemment très difficile de frapper précisément sur cette courroie le guerrier ainsi casqué, dans quelque attitude qu'il se trouvât d'ailleurs. Cette difficulté était beaucoup plus grande pour Ajax qui combattait contre les Troyens assaillants du haut de son navire ; car la tête du héros était naturellement baissée et, par suite, la courroie en question se trouvait presque entièrement dissimulée par le menton. Mais supposons que les Troyens eussent la singulière fantaisie de choisir pour point de mire un endroit si difficile à atteindre. Comment expliquer alors qu'ils aient toujours frappé juste à cette place et qu'aucun de leurs nombreux javelots n'ait jamais glissé et pénétré dans le cou du héros ? Double prodige qui se produit sans l'intervention d'aucune divinité. Gœbel a signalé en partie les défauts de l'interprétation de Buttmann[59]. Mais il se trompe, de son côté, quand il confond le φάλος avec les φάλαρα et quand il soutient que ces derniers n'étaient qu'une série de cimiers appliqués sur la coiffe du casque. Nous verrons plus loin que l'adjectif τετραφάληρος est dérivé du substantif φάλαρα et signifie garni de quatre φάλαρα. Or, dans l'Iliade, un seul et même casque est désigné deux fois comme étant άμφίφαλος, c'est-à-dire pourvu d'une double crête et τετραφάληρος[60]. Il en résulte que les pilot et les φάλαρα étaient des objets essentiellement distincts. On ne s'explique guère, en outre, comment un mot qui, dans la langue homérique, signifiait cimier d'un casque, ait pu dans la suite être appliqué à un objet aussi différent que la parure métallique d'un harnais. La même raison nous empêche d'adopter l'interprétation de Fröhlich[61], d'après laquelle les φάλαρα seraient un prolongement des φάλοι, sorte de frange métallique recouvrant les joues et formant en même temps couvre-nuque. Il faudrait alors supposer une coiffe garnie à son extrémité inférieure de cimiers horizontaux ; or, l'art grec archaïque ne nous offre aucun spécimen de casques de cette espèce. Toutes les difficultés disparaîtront, au contraire, si nous considérons les φάλαρα comme étant des bossettes de métal faites au repoussé sur la coiffe du casque ou fortement soudées à celle-ci. Un des plus anciens monuments où une de ces bossettes est parfaitement visible, c'est un flacon à parfums phénicien portant le nom du Pharaon Uahabra (en grec Apriès, 599-569). Ce vase a la forme d'une tête casquée. Le casque ici est muni d'un couvre-joues et d'un couvre-nuque ; à l'extrémité antérieure du cimier, on remarque une espèce de bouton[62]. Parmi les casques de bronze conservés à ce jour nous signalerons d'abord celui du Samnium dont il a été question plus haut ; puis cinq heaumes d'attaque en forme de cloches, et dont deux se trouvent au Museo Preistorico de Rome[63], trois à Milan[64]. Il faut y ajouter deux coiffes d'attaque qui ont la forme d'une calotte de jockey : l'une a été mise au jour en Étrurie[65], l'autre près S. Ginesio, dans le Picenum[66]. Tous ces spécimens ont une bossette de chaque côté de la coiffe ; celui de S. Ginesio a, en outre, trois bossettes sur chacun des couvre-joues mobiles[67]. Un casque de bronze au musée de Naples[68] en a trois sur la face antérieure, non loin du bord inférieur. On en remarque également trois sur les casques de cinq guerriers, représentés sur le seau de bronze bien connu provenant de la nécropole de Felsina (Bologne)[69]. Comme les figures en relief sont vues de profil, il faut supposer trois bossettes correspondantes du côté opposé, c'est-à-dire six sur chacun de ces casques. Le casque en forme de pileus dont est coiffé le guerrier représenté sur un vase de l'Italie méridionale, est garni sur son bord inférieur d'une série de bossettes rondes très serrées[70]. Une figure de Pallas en étain, trouvée à Gurina, en présente deux.sur la face antérieure du casque, dont la forme correspond à l'exemplaire du Samnium[71]. La rosette dont est ornée de chaque côté une figure de bronze de la Laconie, souvent citée[72], semble n'être autre chose qu'une imitation artistique de ces bossettes en usage à l'époque homérique. Comme les traits venaient très souvent frapper sur ces saillies du casque, nous croyons que les φάλαρα d'Ajax étaient précisément des saillies semblables, destinées à consolider et à orner en même temps le casque. L'interprétation des grammairiens anciens, que nous avons rapportée plus haut, nous parait donc se rapprocher le plus de la vérité. Plus tard (nous l'avons dit), le mot φάλαρα indiquait une parure de harnais ; adopté par les Romains (phalerœ), il signifiait les disques métalliques que les légionnaires portaient, en guise de décorations, attachés à des courroies, par-dessus la cuirasse[73]. Ce sens correspond bien à celui de l'époque homérique, puisqu'il s'agit toujours d'une pièce ronde qui garnit quelque chose. Enfin Eschyle[74] appelle φάλαρος l'extrémité supérieure et droite de la tiare du roi des Perses, c'est-à-dire un objet analogue, au moins quant à la forme, aux φάλαρα homériques. Le même substantif semble aussi contenu dans l'adjectif τετραφάληρος qui revient deux fois dans l'Iliade[75] comme épithète d'un casque. Buttmann désespère, il est vrai[76], de pouvoir mettre d'accord cet adjectif avec les φάλαρα du casque d'Ajax. Il rappelle à ce propos l'épithète φαληριόων donnée aux vagues[77], qui, selon lui, évoque tout naturellement une comparaison avec le casque et son aigrette blanche ; il en conclut que φάληρος est le nom même ou bien une épithète de l'aigrette. Il est inutile de revenir sur cette hypothèse qui a été réfutée par ce que nous avons dit plus haut des φάλαρα. Si les φάλαρα étaient, comme nous croyons l'avoir démontré, des bossettes métalliques servant à consolider et à orner la coiffe du casque, on s'explique parfaitement le sens de κυνέη τετραφάληρος. C'était un casque garni de quatre de ces saillies, deux de chaque côté, ce qui n'a rien de surprenant, puisque nous avons constaté l'existence de casques antiques ayant trois bossettes de chaque côté. Gœbel[78] a d'ailleurs fait observer qu'il n'y avait aucun motif de séparer étymologiquement l'épithète des flots φαληριόων du substantif φάλαρα. Quiconque a vu la Méditerranée pendant la tempête aura observé que les vagues, surtout près du rivage, montent les unes sur les autres en s'étageant et que, lorsqu'elles déferlent, elles forment quantité de hauteurs en forme de dômes[79]. Nous serions donc tentés de traduire κύματα κυρτά φαληριόωντα par les crêtes recourbées de la surface mamelonnée des flots. Deux mots encore pour répondre à une objection que pourraient faire certains archéologues contre cette façon de comprendre les φάλαρα. On ne remarque, nous dira-t-on, de ces bossettes sur aucun des anciens casques grecs, munis de solides couvre-joues et qui, par suite, se rapprochent le plus du type homérique. Mais, tout d'abord, aucun de ces casques ne remonte jusqu'à l'époque homérique. Pendant la période qui suivit l'Épopée, on s'efforça (comme nous le verrons dans le chapitre XXV), d'alléger les armures et de les mettre en plus complète harmonie avec les différentes parties du corps qu'ils devaient recouvrir. Par conséquent, les Grecs ont bien pu renoncer plus tard à ces bossettes qui alourdissaient le casque. En second lieu, la plupart des casques conservés à ce jour, du genre de ceux qui nous occupent, semblent avoir été plutôt des objets votifs ou funéraires que des armes de combat[80]. L'industrie antique se bornait généralement à reproduire, dans ces sortes de travaux, les parties essentielles ; c'est ainsi que, pour le casque, on se contentait de reproduire la coiffe et les parties abritant la figure et le cou. Parmi les nombreux casques de cette espèce qu'on a trouvés en Grèce, il n'en est pas un qui ait un cimier (φάλος) consolidant la coiffe ou qui offre la moindre trace du support de l'aigrette[81]. D'après l'Épopée, l'aigrette était faite habituellement de crins de cheval[82]. Parfois on les teignait : c'est ainsi que l'aigrette du casque de Dolops est désignée comme étant teinte en rouge[83]. Héphaïstos garnit de chaque côté l'aigrette d'Achille d'une couche épaisse de fils d'or[84]. La στεφάνη[85] était-elle un casque avec couvre-nuque et couvre-joues, ou bien un casque correspondant au heaume d'attaque ? Les données de l'Épopée ne sont pas suffisantes pour nous permettre de répondre à cette question[86]. Si la première hypothèse était exacte, le mot aurait désigné primitivement les abris entourant la tête[87] et serait, dans la suite, appliquée au casque, comme partie pour le tout. En tout cas, l'Épopée témoigne que la στεφάνη était en airain et qu'elle couvrait le front[88]. Mentionnons, en terminant, trois sortes de casques qui sont citées dans la Doloneia (10e chant de l'Iliade). Lorsque Diomède et Ulysse sortent pour épier les projets des Troyens, le premier reçoit de Thrasymédès, l'un des chefs de la garde préposée aux vaisseaux, un casque sans cimier et sans aigrette que l'on appelait καταΐτυξ, ajoute le poète. Mérionès, un autre chef des sentinelles, prête à Ulysse un casque d'attaque en cuir consolidé à l'intérieur au moyen de courroies, garni de feutre à l'extérieur et orné des deux côtés de défenses de sanglier[89]. Le même poète coiffe Dolon, l'éclaireur troyen, d'une calotte en peau de martre[90]. Il est évident que les coiffures de ce genre étaient excellentes pour le service d'avant-poste et d'éclaireurs, car elles n'attiraient point l'attention par l'éclat du métal ni le balancement de l'aigrette. Cependant il convient de faire observer que le chant qui contient ces descriptions est un des plus récents de l'Épopée et renferme bien des traits qui n'offrent aucune analogie avec les autres chants. De plus, on y sent le désir qu'a le poète d'imprimer à sa poésie un charme particulier en décrivant des armures peu communes. |
[1] Laërte, travaillant dans son jardin, porte une calotte en peau de chèvre (Odyssée, XXIV, 231). A une époque ultérieure, la κυνή était encore la coiffure la plus ordinaire des gens de la campagne (voyez O. Müller, Dorier, II, p. 40. — Welcker, Præf. ad Theogn., p. XXXV.)
[2] Iliade, XII, 184, XX, 398.
[3] Iliade, VII, 12.
[4] Odyssée, XVIII, 378, XXII, 102.
[5] Iliade, III, 316, XXIII, 861. Odyssée, X 206, XXII, 111, 145. Iliade, XIII, 714, XV, 535.
[6] Iliade, XII 183, XVII 294, XX 397. Odyssée, XXIV 523.
[7] Iliade, XI, 352.
[8] Furtwængler, Die Bronzefunde aus
[9] Iliade, IV, 459 ; VI, 9. XVI, 795 (le casque d'Achille porté par Patrocle).
[10] Iliade, XIII, 576. XIII, 805. XV, 608. XIII, 188, XVIII, 611. Odyssée, XVIII, 378. XXII, 102.
[11] Αύλώπις τρυφάλεια : Iliade, V, 182 ; XI, 353 ; XIII, 530 ; XVI, 795. Les savants anciens et modernes traduisent cet adjectif de deux manières différentes, les uns par pourvus de trous de visière (voyez Hesychius, au mot αύλώπις ; Etym. magn., p. 170, 4 s. v. αύλώπις), les autres par : à haute pointe, c'est-à-dire muni d'une pointe ou d'un tube portant un panache. (Voyez Etym. magn. p. 170, 3 ; Apollon. Lex. hom., p. 47, 24 ; Scol. Iliade, V, 182 ; XI, 353 ; Eustath. ad Iliade, V, 182, p. 537, 2, ad Iliade, XI, 353, p. 849, 7). Cette dernière interprétation a été soutenue avec le plus de détails par Ameis dans les Neue Jahrbücher für Philolog., 73, p. 223. Les principales raisons sur lesquelles il s'appuie pour rejeter la traduction trous de visière, sont les suivantes : Αύλός, dit-il, signifie partout au propre ou au figuré tube ou tuyau. L'Épopée ne mentionne nulle part les trous de la visière ; Sophocle (voyez Hesychius, s. v. αύλώπιν ; Tragicor. grœc. fragm. rec. Nauck, p. 243, n° 727) donne l'épithète αύλώπις à une longue lance. Cependant les trous de visière pratiqués dans un casque composé de plusieurs feuilles de bronze peuvent bien s'appeler αύλοί. Ensuite le casque homérique qui couvrait entièrement la figure, au point de rendre les héros méconnaissables, devait forcément avoir des trous pour les yeux ; peu importe d'ailleurs qu'ils soient mentionnés dans l'Épopée ou non. Il n'y a pas grande conclusion à tirer du fragment de Sophocle, car nous ne savons pas à quoi il se rattachait à l'origine. En tout cas, on sait que les épithètes homériques représentent toujours les particularités saillantes des objets et qui frappent la vue ; ce qui ne serait pas le cas d'une tige à panache, puisqu'elle disparaitrait sous le panache même, comme pièce tout à fait secondaire. Dans ces conditions, nous considérons que pourvu de trous de visière est la traduction la plus exacte de l'épithète αύλώπις. Comparez αύλωπίας ou αύλωπος, sorte de poisson, ainsi nommé à cause de ses yeux à fleur de tête (Oppian., Hal., I, 256).
[12] Iliade, XIV, 465 ; XVI, 332, 337. Comparez VII, 12 ; XIII, 671 ; XVI, 606 ; XVII, 617.
[13] Iliade, III, 371.
[14] Iliade, XIII, 805 ; XV, 609, 648. Comparez XX, 162 ; XXII, 314.
[15] Dodwell, Class. tour II, p. 330. — Blouet, Expédition de Morée, I, pl. 74, fig. 1. — Kemble, Horœ ferales, pl. XII, 3 (casque provenant du butin corinthien consacré par les Argiens à Olympie). — Rœhl, Inscr. græc. antiquissimæ, pl. 16, n° 32. — Ausgrabungen von Olympia, I, pl. XXXI. Furtwingler, Die Bronzefunde aus Olympia, p. 77. — Della Marmora, Voyage en Sardaigne, pl. XXXIV, 3, vol. II, p. 504.
[16] Iliade, III, 342 ; XXIII, 815 ; il est dit de Pâris et de Ménélas ainsi que d'Ajax et de Diomède qui s'apprêtent au combat singulier : δεινόν δερκόμενοι. Iliade, VIII, 349 (d'Hector lorsqu'il repousse les Achéens au delà du fossé) : Γοργοΰς όμματ' έχων. Iliade, XII 466 (d'Hector se précipitant dans le camp achéen) : πυρί δ' όσσε δεδήει. — Hymn. XXXI, 9.
[17] Iliade, VII, 212.
[18] Iliade, V, 175, 181 et suiv.
[19] Iliade, XI, 525, 526.
[20] Iliade, XVI, 41, 278 et suiv.
[21] Ann. dell' Inst., 1863, Tav. d'agg. E.
[22] Bull. dell' Inst., 1881, p. 161, n° 11.
[23] Iliade, V, 290-291.
[24] Iliade, XIII, 615.
[25] Furtwängler, Die Bronzefunde aus
[26] Sur le vase publié par Conze, Melische Thongefœsse, pl. III, on voit les deux hoplites combattants coiffés d'un casque à mentonnière seulement ; le casque posé à terre est, en outre, pourvu d'un couvre-nez. Il convient de faire remarquer que le nasal, vu les petites dimensions des figures représentées sur les vases, étaient assez difficiles à rendre. Voilà pourquoi les peintres ont sans doute souvent à dessein renoncé à le reproduire.
[27] Iliade, III, 362, IV 459, VI, 9, XIII, 132, XVI, 216, 338. Le mot correspond exactement au sanscrit hvdras, arc, courbure (le φ grec = hv sanscrit ; ex. φη-μί = au sanscrit hvä, appeler) qui est dérivé de hvar, aller de travers, se courber, tomber.
[28] Telle est l'opinion des anciens commentateurs (Schol. Iliade, XIII, 132), de Buttmann (Lexilogus, II, p. 240 et suiv.) et de Gœbel (Philologus XVIII, p. 213-215). Ce dernier admet la dérivation du mot du radical φελ. Buttmann a réfuté victorieusement toutes les fausses interprétations qui ont été données avant la publication du Lexilogus et qu'il est par suite inutile de rappeler ici. Il est surprenant que Rüstow et Köchly, dans leur Geschichte des gr. Kriegswesens, p. 9, n'aient tenu aucun compte de la démonstration si concluante de ce savant. Ils traduisent φάλος par visière, traduction qui est réfutée par les adjectifs άμφίφαλος et τετραφάλος ; en effet, il n'y eut jamais de casques à deux ou à quatre visières. Plus loin ils laissent cette interprétation de côté et prétendent que les φάλοι sont synonymes des φάλαρα et indiquent, comme ces derniers, des abris latéraux ou autres attachés au casque ; il en résulterait que la κυνέη άμφίφαλος ou τετραφάληρος serait un casque pourvu d'une visière, d'un couvre-nuque et de garde-joues. Cette explication très tourmentée ne mérite pas qu'on s'y arrête. Suivant Fröhlich (Virchow's Archiv für Pathologie, LXVIII, 1876, p. 387, 388), le φάλος est bien aussi une crête recourbée, mais il se trompe quand il croit que cette courbure n'allait pas de l'occiput au front : une κυνέη άμφίφαλος serait, selon lui, un casque à crête circulaire, le τετραφάλος un casque à quatre crêtes qui, partant des tempes, de la nuque et du front, iraient converger sur le crâne. Ces hypothèses ne sont nullement corroborées par les monuments à examiner quand il s'agit d'étudier l'armement homérique, et sont fondées, comme on le verra plus loin, sur l'idée fausse que Fröhlich se faisait des φάλαρα.
[29] Iliade, III, 362, 363 ; XVI, 338.
[30] Iliade, XIII, 614.
[31] Iliade, IV, 459 ; VI, 9.
[32] Iliade, XIII, 131 ; XVI, 215.
[33] Iliade, XIII, 614, où Peisandros brandit la hache contre Ménélas. Comparez Iliade, X, 257 où il est dit que Thrasymède prête à Diomède : κυνέην... ταυρείην, ἄφαλόν τε καὶ ἄλλοφον, ἥ τε καταῖτυξ κέκληται.
[34] Archœolog. epigr. Mittheilungen aus Œstreich., V, p. 206. — Lindenschmit, Tracht und Bewaffnung des römischen Heeres, pl. XII, 9.
[35] Gerhard, Auserles. Vasenb., IV, pl. CCCXXIII.
[36] Arch. Zeitg., XL, 1882, p. 310, n° 36, p. 313, n° 46. Telle est aussi l'aigrette d'un cavalier représenté de face sur un bouclier de bronze trouvé à Fermo : Not. d. scav. com. all'. acc. dei Lincei, 1881, p. 165.
[37] Iliade, V, 743 ; XI, 41.
[38] Iliade, XXII, 314 (à propos du casque d'Achille), XII, 384.
[39] Comparez (τε) τράπεζα, τάρες = τέτταρες. Τετρυ correspondrait au latin quadru. — Comparez Fick dans les Beitrœge zur Kunde der indogermanischen Sprachen, de Bezzenberger, I, p. 64-65. — J. Schmidt, Kuhns Zeitschrift, XXV, 1881, p. 47.
[40] L'auteur du Lexilogus, II, p. 242, prétend que άμφίφαλος κυνέη signifie un casque dont le phalos, partant du milieu de la coiffe, descendrait non seulement sur le devant, mais encore sur le derrière de la tête. Cette opinion est inadmissible, car il faudrait alors supposer implicitement un phalos simple, c'est-à-dire un cimier qui ne couvrirait que le devant du casque ; or, ce serait une monstruosité qu'on ne trouve sur aucun monument antique. Selon nous, le mot άμφίφαλος serait formé tout comme άμφωτος (Odyssée, XXII, 10). Cette dernière épithète indique une coupe munie d'une anse de chaque côté ; de même άμφίφαλος désigne un casque garni d'un cimier de chaque côté. Cette interprétation admise, on ne peut se rallier à l'avis de Gœbel (Philol., XVIII, p. 214) d'après lequel la κυνέη άμφίφαλος serait un casque avec un cimier formé de quatre couches métalliques superposées. Gœbel (loc. cit. p. 218), pour expliquer l'amphiphalos, renvoie à l'abri en forme de stéphanè qui entoure le casque de Pallas Athéna sur le fronton d'Égine. Mais l'abri de ce genre ne se rencontre pas sur les plus anciens monuments : grecs ; de plus, il est inadmissible que le même mot φάλος puisse, dans la langue homérique, signifier des choses aussi différentes que le cimier planté sur la coiffe du casque et cet abri.
[41] Furtwængler, Die Bronzefunde aus
[42] Actuellement dans la collection Bourguignon de Naples.
[43] Von Sacken, Grabfeld von
Hallstatt, pl. VIII, 5.
[44] Von Hochstetter, Die neuesten
Gräberfunde von Watsch und
[45] Gerhard, Trinkschalen und Gefässe, I. T. D. Mon. dell' Inst., XI, pl. 33 ; voyez aussi Klein, Euphronios, 2° éd., p. 213-222.
[46] Schreiber, Die Athene Parthenos des Phidias (Abhandl. d. sachs. Ges. d. Wiss., vol. VIII), p. 593. — Mittheilungen des deutschen arch. Institutes in Athen, VIII, 1883, p. 291-315. Comparez Ann. dell' Inst., 1874, tav. d'agg. K., p. 46-48.
[47] Iliade, XV, 535.
[48] Iliade, VI, 469 (Astyanax a peur d'Hector) :
ταρβήσας χαλκόν τε ἰδὲ λόφον ἱππιοχαίτην,
δεινὸν ἀπ᾽ ἀκροτάτης κόρυθος νεύοντα νοήσας.
Iliade, III, 337 ; XI, 42. Odyssée, XXII, 124 et Iliade, XXII, 314.
[49] Schliemann, Mykenae, p. 202, n° 254. Malheureusement la gravure ne rend pas bien la façon dont l'aigrette est posée. Sur le cachet même, au contraire, on reconnaît bien une crête recourbée à sa partie supérieure et portant l'aigrette. Telle est la disposition qu'on remarque sur le vase d'Aristonophos (voyez Mon. dell' Inst., VIIII, pl. IV) et sur un grand nombre de casques assyriens. Cette crête est très visible sur le casque de l'autre cachet de Mycènes (Schliemann, p. 259, n° 335) où se voit un guerrier armé d'un bouclier carré.
[50] P. ex. dans la peinture d'un vase de Chalcis.
[51] Iliade, XI, 41.
[52]
Voyez le groupe central. De même le casque d'un hoplite combattant contre
Dionysos sur un vase à figures rouges : voyez Gerhard, Auserlesene Vasenb.,
I, pl. 51, 4, — et celui de Pallas sur les monnaies phéniciennes, dans de
Luynes, Numismatique des satrapies, pl. XVI, 4951, p. 93.
[53] Gerhard, Auserlesene Vasenb.,
II, pl. 107. — Monum. dell' Inst., I, pl. 34, VI, VII, pl. 18.
[54]
Sur un casque de bronze trouvé dans la Basilicate (Kemble, Horœ ferales,
pl. XII, 4) les deux crêtes sont disposées comme dans la peinture sur vase de
Chalcis. Tels encore trois casques provenant de l'Italie inférieure ; mais ils
sont munis de trois crêtes, dont une droite au milieu et une oblique de chaque
côté de celle-ci, tournée en dehors. Ils avaient donc trois aigrettes. (Voyez
Lindenschmit, Alterth. unserer heidn. Vorzeit, I, fasc. III, pl. II, 1, 7,8. — Die
Alterthümerversammlung in Carlsruhe, pl. 15 et 16.— A. Ancona, Le
armi, le fibule e qualche altro citnelio della sua collezione,
[55] Iliade, XVI, 105 :
πήληξ βαλλομένη καναχὴν ἔχε, βάλλετο δ᾽ αἰεὶ
κὰπ φάλαρ᾽ εὐποίηθ᾽·
ὃ δ᾽ ἀριστερὸν ὦμον ἔκαμνεν
ἔμπεδον αἰὲν ἔχων σάκος αἰόλον.
Au lieu de κὰπ φάλαρ᾽ Aristarque lisait καί φάλαρ᾽ (Schol. Iliade, XVI, 105).
[56] Comparez Stephani, C. r., 1865, 164-175.
[57] Lexilogus, II, p. 243-246. Les principales interprétations des grammairiens anciens sont : Schol. Iliade, XVI, 105. Schol. Iliade, XVI 106. Schol. Iliade, V, 743. Etym. magn., s. v. φαλά. Comparez Etym. Gud., s. v. φαλαρίτης, p. 549, 40 ; Photius et Suidas, s. v. Eustath. sur l'Iliade, V. 743 p. 601, 10 et suiv. ; sur l'Iliade, XII, 389, p. 910, 30-33 ; Iliade, XVI, 106, p. 1048, 30-33.— Nous verrons plus loin que ce n'étaient point des garde-joues. Ce ne pouvaient être non plus des anneaux maintenant le garde-joue, car dans le casque de cette époque la coiffe et le garde-joue étaient faits d'une seule et même pièce.
[58] Iliade, III, 371.
[59] Philologue, XVIII, p. 217-218.
[60] V, 743 ; XI, 41.
[61] Voyez Virchow, Archiv für Philologie, LXVIII, 1876, p. 392-393.
[62] Heuzey, Gaz. arch., VI, pl. 28, 2 (p. 147 et suiv.) et du même : Les figurines de terre cuite du Louvre, pl. 7, 2. — Perrot et Chipiez, Histoire de l'art, III, p. 676, n° 484.
[63] L'un n° 22097 trouvé près Corropoli, l'autre n° 28869 près Monte Giorgio (province d'Ascoli Piceno).
[64] A. Ancona, Le armi, le fibule e qualche nitro cimelio della sua collezione, Milan, 1886, n° 4 (trouvé dans la Marche), n° 8 (acheté à Rome), n° 9 (acheté à Florence).
[65]
Mus. Gregor., I, pl. XXI, 1.
[66] Notizie degli scavi comm.
all' acc. dei Lincei, 1886, pl. I, 2, p. 44.
[67] Un casque de bronze trouvé récemment près Bologne offre une seule bossette sur chaque couvre-joue (Not. d. sc., 1881, p. 214) ; de même un autre de la collection Ancona (Ancona, loc. cit., n° 10).
[68] Cataloghi del Museo di Napoli, armi antiche, n° 10.
[69] Zannoni, Su gli scavi della Certosa di Bologna, pl. XXXIV, 7. — Bull. di pal. ital., VI, pl. VII, 8.
[70] Arch. Zeit., 1877, pl. 5, p. 21.
[71] Meyer, Gurina, pl. XI, 17, p. 50-51.
[72] Mitth. des deutsch. arch. Institutes in Athen, III, 1878, pl. I, 2. — Un casque trouvé à Canosa présente une de ces bossettes au milieu de la face antérieure (Millin, Description des lombes de Canosa, pl. II, 3, 4). Un autre trouvé à Locres montre une série de petites bosses ou perles qui ne sont ici qu'un simple ornement (Millin, loc. cit., p. 44. — Mus. Borb., V, pl. XXIX, 2).
[73] Comparez O. Jahn, Die Lauersforter Phalerœ, p. 2 et suiv. — Stephani, C. r., 1865, p. 165, note 2. — Comparez les χαλκοφάλαρα δώματα (dans Aristophane, Acharn., 1072) qui étaient probablement de grosses têtes de clous en bronze dont on garnissait les poutres et les portes.
[74] Pers., 661.
[75] Iliade, V, 743 ; XI, 41.
[76] Lexilogus, II, p. 246-247.
[77] Iliade, XIII, 798.
[78] Philologus, II, p. 216.
[79] Un phénomène semblable est décrit en ces termes, Iliade, IV, 422-426.
[80] Le casque de bronze, trouvé à Ordona (en Apulie), pourvu d'un couvre-front et de couvre-joues, constitue une exception très rare à cet égard. Il appartient à cette espèce de casques où l'aigrette est soutenue par un support de bronze dont la base s'est encore conservée. Une fente longitudinale, réparée d'ailleurs anciennement, prouve qu'il avait servi à la guerre (voyez Angelucci, Un sepolcro di Ordona, dans le journal La Capitanata, 1874, n° 126, fig. 5).
[81] Les spécimens cités dans Lindenschmit (Die Alterthümer unserer heidn. Vorzeit, vol. I, fasc. 3, pl. II, 7, 8) et par Ancona (Le armi, le fibule e qualche altro cimelio della sua collezione, Milan 1886, n° 5), n'appartiennent pas à l'espèce dont il a été parlé plus haut. Ce sont des casques à abris avancés ; mais ces abris ne sont point mobiles ; ils ne font qu'une pièce avec la coiffe, ce qui indique bien qu'ils ne servaient point à la guerre, mais que c'étaient des ex-voto, des objets de deuil ou de parade.
[82] Aussi l'aigrette est-elle appelée ίππιοχαίτης (Iliade, VI, 469) ou ΐππειος λόφος (Iliade, XV, 537). Le casque est ΐππουρις (Iliade, III, 317, VI, 495, XI, 42, XV, 481, XVI, 138, XIX, 382, Odyssée, XXII, 124), ίππόκομος (Iliade, XII, 339 ; XIII, 132 ; XVI, 216, 338, 797), ou ίπποδάσεια (Iliade, 369, IV, 459, VI, 9, XIII, 614, 714, XV, 535, XVII, 295. Odyssée, XXII, III, 145).
[83] Iliade, XV, 538.
[84] Iliade, XIX, 382-383 ; XXII, 315-316.
[85] Iliade, VII, 11. X, 30 : Ménélas, sur le point d'aller chercher Agamemnon dans sa tente, met une στεφάνη χαλκείη, Iliade, XI, 96.
[86] On trouve fréquemment de ces heaumes d'attaque dans les tombeaux étrusques du cinquième siècle (Mus. Gregor., I, pl. XXI). A cette catégorie appartient aussi le casque des Tyrrhéniens que Hiéron de Syracuse dédia à Olympie après la bataille de Cumes. Voyez Kemble, Horœ ferales, pl. XII, 1 et Rœhl, Inscriptiones gr. antiquissimœ, p. 146, n° 510.
[87] C'est dans ce sens primitif de couronne du casque que pourrait être pris le mot de l'Iliade, VII, 12.
[88] Iliade, VII, 12 ; X, 31 ; XI, 96.
[89] Iliade, X, 255 et suiv.
[90] Iliade, X, 335.