L'ÉPOPÉE HOMÉRIQUE EXPLIQUÉE PAR LES MONUMENTS

L'ÉPOQUE HOMÉRIQUE. — II. LE COSTUME

CHAPITRE XV. — DES RELATIONS DU COSTUME HOMÉRIQUE AVEC LE COSTUME CLASSIQUE.

 

 

Ce qu'il y a de caractéristique dans le costume de la période florissante de l'art grec que l'on appelle classique, c'est que l'étoffe librement plissée s'adapte aux formes du corps, produisant ainsi un effet harmonieux de proportions, de symétrie et de lignes. C'est là un principe conforme aux tendances générales de l'esprit qui se manifestent dès les guerres persiques, pour pénétrer ensuite dans toute la vie des Grecs. Nous pouvons donc admettre que le costume classique est issu de ce mouvement intellectuel et que, par suite, il diffère complètement du costume de la période homérique. C'est un fait qu'il est facile de démontrer.

Si nous considérons tout d'abord la différence qui existe entre les chitones d'hommes des deux époques, nous remarquons que le chiton homérique était en toile, tandis que celui de l'époque classique était en laine de brebis. Les étoffes de laine devaient être plus conformes au goût de cette dernière époque, parce qu'elles se prêtaient mieux au jeu libre et charmant des draperies. La toile, il est vrai, forme aussi des plis ; mais ses plis n'ont point la beauté ni la variété des étoffes de laine. Veut-on savoir d'après quel principe était traité le chiton de lin de l'époque homérique, qu'on se reporte à l'hypothèse, émise plus haut, que l'usage de plisser artificiellement la toile remonte précisément à cette époque. Si le chiton de ce temps-là était plissé artificiellement, on comprend qu'il offre un contraste frappant avec le style libre et dégagé qui distingue le costume classique. Ici c'était la ceinture qui imprimait surtout à l'étoffe le mouvement si gracieux des plis. Le chiton homérique était privé de ce charme, puisque dans la vie journalière on le portait généralement sans ceinture. Si donc il n'était pas apprêté selon une règle conventionnelle, c'est-à-dire artificiellement plissé, il faudrait supposer que c'était un vêtement dépourvu de tout style, qui pendait le long du corps comme un sac, un vêtement qui eût semblé absolument barbare à un Athénien du temps de Périclès.

Même différence entre les manteaux des deux époques. Il résulte, comme nous l'avons dit plus haut, des données de l'Épopée, que le port du manteau était symétrique, c'est-à-dire que les deux bouts supérieurs de la pièce d'étoffe carrée, passant sur les épaules, étaient tirés sur le devant, en sorte que toute la masse de l'étoffe pendait dans le dos. A l'époque classique, au contraire, le Grec, quand il se disposait à sortir, jetait d'abord son manteau sur l'épaule gauche, puis le tirait le long du dos jusque sur ou sous le bras droit et le rejetait enfin sur l'épaule gauche ou sur le bras gauche[1]. Il est clair que dans le premier, surtout si le manteau n'était pas très large, le jeu des plis ne pouvait être aussi riche que dans le second. Pour se rendre compte de l'admirable effet artistique de cette draperie, il suffit de se rappeler la statue de Sophocle[2]. Nous allons plus loin : nous croyons que les Grecs de l'époque homérique, en tirant les deux bouts de l'étoffe, supprimaient les plis autant que possible. C'est une hypothèse qui se trouve d'ailleurs confirmée par les monuments archaïques. La diplax d'Hélène[3], ornée de scènes de combats, en est une preuve, entre beaucoup d'autres : il était évident, en effet, qu'il eût été impossible de faire valoir cette décoration si le vêtement n'avait pas été bien tiré et bien appliqué sur le corps, de manière à tomber droit dans le dos.

En ce qui concerne le costume de femme homérique, le peplos ou le heanos avait, il est vrai, conservé la forme transmise dès la plus haute antiquité, et Studniczka a raison de soutenir qu'il n'y a point de différence fondamentale entre ce vêtement et le chiton dorien de l'époque classique[4]. Néanmoins ici encore il faut noter une nuance sensible dans le jeu des draperies. Et pour s'en convaincre, il est inutile de prendre à témoin les monuments archaïques ; il suffit de se rendre compte de l'effet que devait forcément produire sur la tenue de l'étoffe la manière dont les femmes du temps d'Homère agrafaient et serraient leurs vêtements autour de la taille. A l'époque classique, le chiton dorien était attaché sur les deux épaules et retombait librement sur la poitrine et dans le dos. Au contraire, la femme des temps homériques tirait les deux bords supérieurs du peplos par-dessus les épaules vers les seins et les attachait sur la poitrine. L'étoffe s'aplatissait ainsi sur le dos, et les extrémités trop tendues sur le devant détruisaient l'effet plastique des épaules et de la poitrine. De plus, nous n'avons, à l'époque classique, aucun témoignage qui attribue une importance exceptionnelle à la taille élancée. Dans tous les monuments de la péri ode florissante, la ceinture est loin de serrer la taille, en sorte que l'étoffe peut ici se développer en toute liberté. Au contraire, l'épithète βαθύζωνος de l'Épopée prouve qu'à l'époque homérique une taille svelte était un signe de beauté, par conséquent les femmes se serraient fortement la taille, comme nous le prouvent d'ailleurs les monuments archaïques. Le vêtement bien appliqué contre le dos et contre la taille ne produisait guère de plis qu'à la partie inférieure, et si l'art archaïque est très sobre de plis, c'est que les artistes de ce temps n'y voyaient qu'un motif de décoration très secondaire. Cette façon de traiter les draperies tenait naturellement au caractère même du costume que représentaient les artistes. Nous sommes, par conséquent, en droit d'admettre que les draperies ne jouaient pas à ce moment le même rôle prépondérant qu'à l'époque classique.

Une autre différence consiste dans la couleur des vêtements. L'Épopée, comme nous l'avons vu dans le chapitre XIII, mentionne souvent des peploi plus ou moins bigarrés et fait ressortir, à propos du heanos d'Héra, cette particularité qu'Athèna l'avait rehaussé de nombreux ornements. Ici le goût du temps se manifeste comme étant diamétralement opposé à celui de l'époque classique. Les étoffes d'une seule couleur sont les seules dignes de l'homme, car elles seules peuvent faire valoir les formes du corps dont l'harmonie serait rompue par les lignes des étoffes historiées. Voilà pourquoi, lorsque le sens du beau eût atteint son apogée à l'époque classique, les Grecs ne portaient de vêtements historiés que rarement et dans certains cas particuliers. Tout autre était à cet égard le goût à l'époque homérique et pendant toute la période suivante jusqu'à l'époque classique. Les vases peints, depuis l'espèce du Dipylon jusqu'aux spécimens à figures noires du style sévère, dénotent la prédilection des Grecs pour les vêtements richement ornés[5]. A ce point de vue, le vase François est très instructif : on y remarque, en effet, des vêtements couverts de motifs d'ornements et même de figures. Le peplos d'une des Parques offre des chevaux ailés et des griffons ; celui d'une Heure la même ornementation et un oiseau[6]. Des chevaux ailés rangés par zones ornent également le chiton de Thésée conduisant le chœur de danse[7].

Les autres peuples indo-européens, notamment les Celtes[8], avaient aussi une prédilection marquée pour les vêtements décorés ; on est donc tout naturellement porté à croire que, dans la Grèce préhistorique, cette prédilection était un legs de la barbarie indo-européenne. Cependant il est vraisemblable que là également les influences orientales jouent le rôle prépondérant.

Pour la coloration des étoffes, comme pour tout le reste, les Grecs étaient, pendant la phase la plus ancienne de leur civilisation, tributaires de l'Orient. Il suffit de rappeler que, par l'intermédiaire des Phéniciens, ils apprirent à connaître la pourpre, déjà très recherchée à l'époque homérique, et peut-être aussi le safran. L'Épopée nous dit[9] que les plus beaux peploi du trésor de Priam étaient l'œuvre d'esclaves sidoniennes que Pâris, à son retour de Grèce, avait amenées à Troie ; ce fait indique que le tissage phénicien était considéré comme supérieur à celui des Grecs. Il est donc permis d'admettre que les vêtements et les tapis richement ornés qui de tout temps faisaient partie des articles les plus renommés de l'industrie orientale[10] et occupaient la place principale dans le commerce phénicien[11], ne manquaient pas d'influer sur le tissage de l'ancienne Grèce.

Cette opinion se trouve confirmée par bien des faits. Les plus anciens tisserands en fils de couleur, dont les noms nous aient été transmis par la tradition hellénique, sont Akesas et Helikon[12]. Si généralement on les prend pour des Chypriotes[13], c'est pour désigner un centre de civilisation qui a particulièrement contribué à répandre en Occident les éléments de la culture orientale. L'Égyptien Pathymias, qu'on nomme en même temps qu'eux[14], ne fut probablement que le représentant d'une industrie phénicienne du style égyptisant. L'influence orientale est facile à reconnaître, même plus tard, dans Je tissage hellénique. Sur le fameux tapis que fabriqua ou fit fabriquer le Sybarite Alkiménès ou Alkisthénès, le principal motif qui se rapporte sans doute à la première scène des Cypriens, se terminait en haut par des animaux légendaires imitant le type de Suse, en bas par des animaux du style persan[15]. Même à l'époque classique, les tapis et les vêtements de l'Orient passaient en Grèce pour des objets de luxe[16]. Euripide décrit en détail la tente que dressa Ion pour en faire une salle à manger destinée à recevoir les Delphiens invités par Xuthos ; il appelle des merveilles les tapis employés à cet effet[17]. Il y a dans le nombre des tapis asiatiques sur lesquels sont tissés des combats marins ainsi que des figures fantastiques d'hommes et d'animaux et des scènes de chasse[18]. Si, à l'époque la plus florissante de leur art, les Athéniens prisaient encore si fort les produits de la tapisserie orientale, il est évident que ceux-ci devaient provoquer l'admiration des Grecs de la période homérique et exercer une influence considérable sur l'industrie ionienne de ce temps. Enfin il convient de faire remarquer que le peplos ou le heanos homérique était une pièce d'étoffe carrée dont la surface se prêtait sans difficulté au développement des motifs d'ornementation d'un tapis oriental.

Pourquoi les vêtements ornementés étaient-ils beaucoup moins usités depuis le cinquième siècle ? C'est une question dont l'étude nous écarterait trop du but que nous nous sommes proposé. Nous nous contenterons de donner à cet égard quelques indications seulement. Pour des raisons faciles à comprendre, on conserva dans les cérémonies du culte l'ornementation des vêtements telle qu'elle avait été transmise par une antique tradition. Quant au costume de tous les jours, on suivit un tout autre principe. Tout d'abord aucun texte ne nous apprend qu'on ait porté à l'époque classique des vêtements de dessous ornés de figures. On reconnaissait à juste titre que le jeu libre des draperies n'aurait pas fait suffisamment valoir les dessins de figures, et que, d'autre part, ces dessins mêmes, nettement accusés, en forçant l'attention, auraient nui à l'effet du corps humain qui en était couvert. Quant aux autres motifs d'ornementation, s'il s'en trouve parfois sur les chitones aux plis libres des vases classiques, ils sont traités avec une grande légèreté de touche, de manière à ne pas détruire l'harmonie des formes du corps. Dans certaines peintures sur vases appartenant à la seconde moitié du cinquième et au quatrième siècle, on constate, à côté du chiton largement plissé, une autre sorte de chiton où la lourdeur et la raideur de l'étoffe empêchent la formation de tous plis[19]. Le fait que ces chitones sont parfois rehaussés d'ornements semble confirmer la règle qui présidait au goût de cette époque. En effet, si, pour des raisons pratiques qui nous échappent on confectionnait des vêtements de dessous avec des étoffes qui ne faisaient point valoir les formes du corps, on songeait tout naturellement à compenser leur aspect disgracieux par le charme du dessin et de la couleur.

C'est avec intention que nous avons limité les considérations qui précèdent aux vêtements de dessous, car les vêtements en forme de manteaux sont régis par d'autres principes. A l'époque homérique, les manteaux étaient rehaussés d'ornements : telle était la diplax d'Andromaque[20], telle aussi celle d'Hélène où étaient retracés les combats entre les Troyens et les Achéens[21]. Cette dernière rappelle les vêtements et les tapis d'Orient richement ornés de figures, d'animaux fantastiques, de scènes de chasse et de combat, que nous avons mentionnés plus haut. Toutefois la décoration de la diplax d'Hélène prouve que l'industrie ionienne de ce temps-là ne se contentait plus de copier tant bien que mal les modèles étrangers, mais qu'elle affirmait déjà son indépendance dans le choix des sujets. Quoi qu'il en soit, cette ornementation trahit un goût orientalisant dont les Hellènes ne purent jamais s'affranchir complètement, lorsqu'il s'agit de fabriquer des manteaux somptueux.

Parmi les données que nous possédons sur la manière dont les Grecs de l'époque classique décoraient leurs manteaux, rien ne nous indique qu'on y ait employé des dessins de figures[22]. Mais Aristophane[23] et Platon[24] disent en propres termes que des himatia bigarrés et décorés étaient de leur temps des vêtements de luxe très appréciés. Par conséquent, si le goût de l'époque classique différait de celui de l'époque antérieure, au point de vue de la décoration des chitones, le contraste est bien moins frappant quand il s'agit des manteaux. La raison en est bien simple. Le goût classique voulait que le vêtement fût adapté aux formes du corps ; il tenait, par conséquent, à écarter tout ce qui pouvait nuire à l'effet plastique. Il est évident que le chiton s'appliquant directement sur la peau pouvait mieux satisfaire ce sens esthétique qu'un vêtement en forme de manteau, qui ne suivait pas rigoureusement les lignes du corps ; les motifs décoratifs qui rompent l'harmonie des lignes, étaient, par conséquent, ici moins choquants que sur le chiton. Quoi qu'il en soit, les témoignages écrits et figurés prouvent que ces himatia bigarrés n'étaient, à l'époque classique, que des vêtements de luxe ; là prédominaient les étoffes monochromes qui étaient tout au plus rehaussées par des bordures de différentes couleurs. Ce n'est qu'au temps d'Alexandre le Grand, lorsque les Grecs se mirent à imiter de nouveau l'Asie, qu'on vit reparaître la mode des vêtements ornés. Détail à noter : ce roi lui-même portait un manteau aux couleurs variées qui passait pour être l'œuvre d'Hélikon[25]. Quant aux costumes variés qu'on vendait, pendant la période hellénistique, au bazar d'Éphèse, on peut s'en faire une idée très exacte par le compte rendu d'un contemporain, Démocrite d'Éphèse[26]. A partir d'Alexandre, les peintures sur vases nous montrent quantité de vêtements ornés, aussi bien des manteaux que des chitones.

Il est inutile d'insister davantage sur la ceinture d'Hèra et sur la coiffure d'Andromaque. Nous venons de voir que l'une et l'autre n'étaient que des motifs d'ornementation baroques empruntés à l'Orient et diamétralement opposés au goût classique.

Ainsi donc le costume homérique se ressent beaucoup de l'influence orientale, et son style, partout où l'on peut le reconnaître, se distingue par sa raideur. Cette dernière circonstance nous oblige encore à revenir ici sur le chiton de lin des hommes. De deux choses l'une : ou ce vêtement s'écartait complètement des principes qui prédominaient alors dans le costume, ou bien il était d'un style conventionnel. L'hypothèse émise dans le chapitre XII que le chiton de ce temps-là était plissé artificiellement concorderait parfaitement avec le principe admis pour les autres vêtements. Si nous admettons que le chiton est conforme à ce principe, il n'y a, dans ce cas, en dehors du plissement artificiel qu'une seule disposition possible : on pourrait admettre que le chiton dans sa partie supérieure collait étroitement au corps, produisant ainsi un effet de rendu minutieux semblable au vêtement principal des femmes (peplos), bien serré à la ceinture. En tout cas, l'opinion que nous avons développée au sujet du costume homérique se trouve confirmée par la façon dont on portait les cheveux et la barbe. Ici encore, comme nous allons le voir tout à l'heure, régnait une mode rigide obéissant à des influences asiatiques.

 

 

 



[1] Becker, Charikles, III2, p. 171.

[2] Benndorf und Schöne, Die antiken Bildwerke des lateranischen Museums, n° 237.

[3] Iliade, III, 125-128.

[4] Beiträge, p. 12, 114-117.

[5] Chitones de femmes avec des dessins de dés sur un vase du Dipylon : Monum. dell' Inst., VIII, pl. 39, 2. — Dés et carrés sur les vases de Melos : Conze, Melische Thongefœsse, pl. 3, 4. — Dessins d'écailles dans Conze, pl. 4, et sur le chiton d'une femme représentée sur la cuirasse trouvée dans l'Alphée. — Une idole de femme en argile avec un chiton à carreaux, trouvée à Tirynthe : Schliemann, Tiryns, pl. XXV c. — Stephani, 1878 et 1879, p. 49-103, a recueilli les divers motifs d'ornementation des costumes antiques. Ce recueil très savant gagnerait beaucoup en clarté si l'auteur avait eu le soin de bien déterminer les époques ainsi que les divers genres de vêtements de dessus et de dessous.

[6] Monum. dell' Inst., IV, pl. 54, 55, 56. — Arch. Zeit., 1850, pl. 23, 24. — Overbeck, Gal., pl. 9, 1.

[7] Monum. dell' Inst., IV, pl. 56, et Arch. Zeit. 1850, pl. 23, 24. Le chiton de Leto, sur une coupe très ancienne à figures noires, est coupé au milieu par une bande contenant des lions et des sphinx ailés : Έφημερίς άρχ., 1883, pl. 3. p. 53, 58. Une statue de femme archaïque trouvée dans l'Acropole d'Athènes présente parallèlement à la bande du cou une peinture figurant une course de chars : Έφ. άρχ., 1883, p. 44, n° 26. Le Peplos du Palladion, sur une coupe à figures rouges, est orné de figures de trois lutteurs de courses et de trois danseurs : Έφ. άρχ., 1884, pl. 5, 3, p. 123 ; 1886, p. 131. Héraclide de Sinope (Athénée, XII, 512 c. Fragm. Hist. græc. éd. Müller II, p, 200) dit que les soldats de Marathon portaient des himatia de pourpre et des chitones bigarrés. Mais cette allégation est absolument fausse ; car nous savons à n'en pas douter que, précisément à l'époque des guerres persiques, le chiton de lin blanc était généralement usité en Attique (Comparez Studniczka, Beiträge, p. 25, note 75). On ne sait au juste si un passage de Sophron (Athénée, II, 48 e) se rapporte aux vêtements de dessus ou de dessous (Comparez Ahrens, De dial. dotica, p. 472, 68). L'adjectif στρουθωτός (orné d'oiseaux) indique probablement des oiseaux aquatiques qui reviennent le plus souvent dans la décoration géométrique, tels que : des cygnes et des oies (vases de Corinthe, de Mélos et de l'Attique) et des cygnes du style asiatisant, employés souvent à l'époque hellénistique pour les bordures des vêtements. Comparez Stephani, 1878 et 79, p. 108, note 2.

[8] Strabon, IV, 4, c. 197. — Diodore, V, 30. — Cassius Dion, LXX, 2. — Virgile, Énéide, VIII, 659, 660. — Comparez Böttiger, Kleine Schriften, III, p. 39 et suiv. Les linguistes comparent ποικ-ίλος au sanscrit pêç-as = image, pêçala-s = artistement formé. Voyez Curtius, Grundzüge, 4e éd. p. 164. — G. Meyer, Griech. Gramm., § 184, p. 170.

[9] Iliade, VI, 289-292.

[10] Sur les produits babyloniens de ce genre voyez Movers, Die Phönizier, III 1, p. 260-263. — Büchsenschütz, Die Hauptstätten des Gewerbefleisses im Alterthum, p. 60-61. — Sur les produits assyriens : Perrot et Chipiez, Hist. de l'art, II, p. 769-776. — Sur les produits phéniciens : Movers. dans l'Encyklopädie d'Ersch und Gruber, 3e sect., 24e partie, au mot Phönizier, p. 375-376. — Büchsenschütz, loc. cit., p. 61-62.

[11] Movers, Die Phönizier, III 1, p. 258-263.

[12] Overbeck, Schriftquellen, n° 385-387. — Comparez Völkel, Archœol. Nachlass, p. 118 et suiv. — Julius, Ueber die Agonaltempel, p. 17 et suiv.

[13] Contrairement à la tradition admise, Zenob. proverb. I, 56 (p. 22 Leutsch) indique Patara en Lycie comme étant la ville natale d'Akesas et Karystos, en Eubée, comme celle d'Helikon ; mais c'étaient également des villes situées dans le cercle de l'influence asiatique en Occident.

[14] Athénée, II, 48 b.

[15] Aristote, De mirabil. auscult., 96 (II, p. 838, éd. Bekker).— Athénée, XII, 541 a. — Comparez Stephani C. r., 1865, p. 53, 1878 et 79 p. 104. Comme la longueur de cet himation est de 15 aunes, c'est-à-dire environ 6m,93, ce ne pouvait être un manteau mais un tapis. Ίμάτιον est d'ailleurs employé dans ce sens par plusieurs auteurs (Ex. : Diodore, XIV, 109. — Ælian, Var. hist., VIII, 7. — Comparez Jamblique, Vita Pythag., 21, p. 216. — Hérodote, IV, 23). — Nous empruntons ce qui suit à une communication écrite de Benndorf : Ce motif représente la scène d'exposition des Cypriens (Epicor. græc. fragm., éd. Kinkel I, p. 17, p. 20-21) : Conseil tenu par Jupiter et par Thémis sur la guerre de Troie, en présence d'Héra, d'Athéna et d'Aphrodite qui arrivent pour le jugement de Pâris. Apollon est présent comme dieu-oracle et successeur de Thémis, en possession de l'oracle de Delphes, comme dans une peinture de vase de la basse Italie dont il a été souvent parlé (Benndorf, Griech. und sicilische Vasenb. p. 78). Les figures du donateur ou de l'appariteur et de la divinité locale s'expliquent d'elles-mêmes. Si cette explication très séduisante est exacte, on ne peut guère s'en tenir à l'ancienne hypothèse communément admise et d'après laquelle ce tapis a été fabriqué avant 510 av. J.-C., année de la destruction de la ville de Sybaris. Les sujets qui y sont représentés semblent indiquer plutôt la période de la peinture qui suivit Polygnote. De même, les animaux persans correspondent mieux au cinquième qu'au sixième siècle. Cependant il ne faut pas perdre de vue ici que l'auteur a pu se tromper sur la désignation du style. Les Sybarites sont, il est vrai, mentionnés. même après la destruction de leur ville, comme établis dans leur ancienne patrie et sur le territoire de Métaponte (Strabon, VI, p. 263, 264. — Tite-Live XXVI, 39). Mais ces Sybarites ultérieurs, dont nous ne connaissons que le nom, ne semblent avoir joué qu'un rôle très secondaire, et il est peu probable qu'une œuvre aussi remarquable que ce tapis soit sortie de leurs mains.

[16] Comparez Stephani, C. r. 1886, p. 145-146 ; 1878 et 79, p. 105.

[17] Ion, 1142. — Comparez de Ronchaud, La tapisserie dans l'antiquité, p. 127 et suiv.

[18] Ion, 1158.

[19] Sont vêtus de chitones de ce genre par ex. : Apollon (Mon. dell' Inst., IX, pl. 28) ; deux guerriers, un homme âgé et un héraut (Millingen, Anc. uned. mon., pl. 21, 22) ; Héphaïstos (Elite céramogr. I, pl. 43, 46 A, 47). — On peut admettre que les χιτώνες στύππινοι souvent mentionnés dans les inventaires de temples (Corpus inscript. attic., II, 2 n° 571 Col. II B fr. a 8, 10 ; n° 758 Col. II 9, 1015, 27, 47 ; n° 759 Col. II 5, 6, 10, 20 ; n° 760 B 19 ; n° 762 Col. II 2, 5 ; n° 763 Col. I 15-17, 20 ; G. Curtius, Inschriflen und Studien zur Geschichte von Samos, p. 10 n° 20 ; Meineke, fragm. com. græc. II, 1 p. 503), ainsi que les vêtements en crin (τρίχαπτον, Curtius, Ibid., p. 10, n° 37), ne formaient pas de plis non plus.

[20] Iliade, XXII, 440-441.

[21] Iliade, III, 125-128.

[22] Bien entendu il n'en était pas de même pour les manteaux employés dans les cérémonies du culte. Sur une coupe d'Hieron, Déméter, présente au départ de Triptolème, porte un manteau richement orné de divers motifs, de conducteurs de chars, de chevaux ailés, d'oiseaux et de dauphins (Mon. dell' Inst., IX, pl. 43). Kekulé (Ann., 1872, p. 227) suppose avec raison que l'artiste a voulu rappeler là un vêtement usité dans le culte d'Éleusis. Un autre manteau orné de chevaux et de dauphins couvrant un Hermès de Dionysos sur une coupe du même artiste, appartient également à cette garde-robe sacrée (Gerhard, Trinkschalen und Gefässe, I, pl. 4, 5. Comparez Mus. Borb., XII, pl. 22).

[23] Plut., 530.

[24] De Républ., VIII, p. 557, C.

[25] Plutarque, Alex. le Grand, 32.

[26] Athénée, XII, 525 CD. Studniczka (Beiträge, p. 22, note 64) a fort bien déterminé l'époque où vivait ce Démocrite ainsi que le caractère de ses écrits. Démocrite mentionne aussi des vêtements rehaussés d'ornements en lamelles d'or. Le nom attique ordinaire de ces applications d'or appelées ici κέγκροι, est πασμάτια : C. I. A., II 2 n° 758. Col. II, 6, n° 759. Col. II, 2. Comparez Bockh, Staalshaushalt, II2, p. 25-1. Les objets trouvés dans les fouilles de la Russie méridionale, notamment, prouvent qu'on en faisait usage au temps d'Alexandre et à l'époque hellénistique (Stephani, C. r., 1865, p. 9-10).