L'ÉPOPÉE HOMÉRIQUE EXPLIQUÉE PAR LES MONUMENTS

LES SOURCES

CHAPITRE II. — L'INDUSTRIE D'ART PHÉNICIENNE.

 

 

Puisque l'Épopée, comme il a été démontré dans le chapitre précédent, attribue les objets d'art les plus précieux aux Sidoniens ou à la civilisation phénicienne en général, quiconque veut étudier l'art à l'époque homérique doit examiner avec un soin minutieux les monuments phéniciens parvenus jusqu'à nous. Mais il faut, avant tout, rectifier à cet égard une opinion de Brunn[1]. Selon mon savant maître, les Phéniciens auraient produit très peu en fait d'art ; c'étaient surtout des marchands qui, maîtres de toutes les transactions entre l'Orient et l'Occident, apportaient aux Grecs du temps d'Homère des articles fabriqués principalement dans l'intérieur de l'Asie. Brunn[2] suppose que cette pénurie artistique des Phéniciens a duré fort longtemps ; ces fameux ustensiles d'argent remontant pour la plupart au VIe siècle, et dont les figures présentent un mélange curieux de style égyptien et assyrien, il ne les attribue point, comme on le fait généralement, à des artistes phéniciens ; il y reconnaît plutôt le travail des Grecs de Chypre, dirigés peut-être par des Phéniciens[3].

Que les Phéniciens aient fait le commerce de produits manufacturés étrangers, c'est incontestable. Hérodote (I, 1) raconte que les négociants phéniciens, qui emmenèrent Io, arrivèrent à Argos avec des marchandises égyptiennes et assyriennes. On est arrivé au même résultat en observant certains faits qui se dégagent des fouilles ; nous n'en citerons qu'un seul qui est absolument probant. Les plus anciens tombeaux des Italiotes et des Étrusques sont les tombe a pozzo : ce sont des cavités de forme cylindrique, creusées verticalement dans la terre ou dans le rocher ; on y rencontre toujours un vase contenant les cendres d'un corps brillé et entouré d'objets manufacturés de toutes sortes[4]. On renonça cependant de très bonne heure à ce genre de sépulture dans l'Étrurie méridionale ; ce qui le prouve, en dehors de tout autre criterium, c'est ce fait que, dans aucune de ces tombe a pozzo on n'a trouvé un seul produit fabriqué dont la provenance soit sûrement grecque. Ces tombe a pozzo ont fait place, dans l'Étrurie méridionale, comme dans le Latium, aux tombe a fossa, sortes de niches oblongues, pratiquées dans la terre ou dans le roc et qui renferment un corps non incinéré déposé soit dans un sarcophage en pierre grossière, soit sur le sol même[5], et entouré également de divers vases et ustensiles[6]. Dans les tombes les plus anciennes de cette catégorie de l'Étrurie méridionale, on ne trouve non plus aucun article d'importation hellénique. On ne rencontre guère ceux-ci que dans les plus récentes tombe a fossa dont les objets manufacturés forment la transition à ceux qui sont contenus dans les chambres funéraires creusées dans le roc ou construites en maçonnerie[7] (tombe a camera). Or, dans une tombe a pozzo de la nécropole de Tarquinies, on a trouvé un scarabée en smalt avec le nom du roi Ra-Xa-nofre Sebak-Hotep (13e dynastie, environ 2100 av. J. C.)[8] et une figurine de même matière représentant la déesse Sechet-Pacht-Bast[9], objets que des égyptologues éminents considèrent comme des produits purement égyptiens. Or comme les tombe a pozzo de cette nécropole et même les tombes plus anciennes parmi les tombe a fossa ne révèlent aucune trace de commerce hellénique, il est impossible que ces objets aient été importés par des Grecs. Il ne reste donc qu'une hypothèse : les objets égyptiens en smalt ont dû être apportés à Tarquinies par les Phéniciens. Cette opinion est confirmée par la présence de perles et de cylindres percés en verre ou en smalt[10] que l'on a trouvés dans la même partie de cette nécropole. Il est difficile d'affirmer que tel ou tel de ces objets est de fabrication égyptienne ou phénicienne ; toujours est-il que nous savons que des parures de ce genre faisaient partie de ces articles qui servaient aux Phéniciens pour entamer des négociations commerciales avec les peuples barbares[11].

Mais outre les différents produits de provenance étrangère, les Phéniciens apportaient aussi sur le marché un grand nombre d'articles de leur propre fabrication ; ils déployaient une activité industrielle bien plus grande que ne le suppose Brunn. Nous ne citerons pas comme preuves les vases de luxe en or et en smalt que les Kefa, c'est-à-dire les Phéniciens[12], offrent, sur les monuments égyptiens, comme tribut aux Pharaons[13] ; on pourrait nous objecter, en effet, que ces vases, ne portant aucune marque de fabrique, peuvent provenir non pas de villes phéniciennes, mais de la Mésopotamie. En tous cas, l'importance de l'industrie d'art phénicienne éclate dans les livres de l'Ancien Testament. Lorsque Salomon voulut réaliser son projet d'élever un temple à Jéhovah, il conclut un traité avec le roi Hiram de Tyr, afin que celui-ci fournit les artistes et les ouvriers nécessaires pour cette construction. En vertu de cette convention, des maçons et des charpentiers de Tyr et de Byblos (Gebal)[14] travaillaient à cet édifice ; un Tyrien, dont le père avait déjà été un habile ouvrier en métaux, exécuta les travaux en bronze du temple, tels que les colonnes, le bassin colossal supporté par quatre taureaux, les tables roulantes, richement ornées de chérubins, lions, palmes et de fleurs diverses, ainsi que tous les vases et autres ustensiles du culte[15]. Les descriptions détaillées et souvent répétées prouvent que ces ouvrages de bronze excitaient même plus tard l'intérêt et l'admiration générale. Par conséquent, si la technique des métaux était florissante à Tyr, vers la fin du onzième siècle, époque à laquelle cette ville était le plus important centre commercial dans le bassin de la Méditerranée, il est impossible d'admettre que ses artistes aient travaillé exclusivement pour les besoins de leurs citoyens et des princes voisins ; ils ont dû travailler aussi pour l'exportation au delà de la mer. C'est évidemment à cause de l'exportation d'articles de bronze des ports phéniciens que l'Épopée donne à la ville de Sidon l'épithète de πολύχαλκος (riche en airain)[16]. De plus, dans le fameux chapitre où il célèbre la richesse et le commerce des Tyriens, Ézéchiel témoigne d'une manière certaine de la grande activité industrielle qui régnait à Tyr au commencement du sixième siècle. Aram, c'est ainsi que le prophète s'adresse à cette ville (XXVII, 16), commerçait avec toi à cause du grand nombre de tes ouvrages d'art : ils ont apporté sur tes marchés des escarboucles, de la pourpre rouge, de la toile multicolore et blanche, des coraux et des rubis. Plus loin il dit (XXVII, 18) : Damaskos troquait son vin d'Helbon et sa laine chatoyante contre la grande quantité de tes ouvrages, contre tous tes biens. Au contraire, l'importation à Tyr des produits fabriqués étrangers semble avoir été très limitée. On faisait venir les ustensiles de bronze de Javan, de Tubal et de Meschech, d'Aram des étoffes de couleur et de la toile, comme l'indique le passage cité tout à l'heure, de Dedan des couvertures de cheval. Haran, Kanne et Éden, trois localités qu'il faut chercher en Mésopotamie, ainsi que Saba, Assur et Kilmao fournissent des vêtements de luxe, des manteaux de pourpre et des couvertures damassées. Mais cette importation est insignifiante en comparaison de la grande quantité de vivres, vin, huile, miel et de matières premières, métaux, pierres précieuses, ivoire et bois rares, que les Tyriens, au dire d'Ézéchiel, importaient des contrées les plus diverses. Il est probable que ces matières premières étaient travaillées dans les fabriques du pays et que les produits manufacturés étaient transportés dans toutes les directions sur les vaisseaux tyriens. La teinture de pourpre[17], la verrerie[18], la préparation de parfums et d'huiles odorantes[19] ainsi que la fabrication de boîtes et de flacons d'albâtre[20] destinés à contenir ces dernières étaient cultivées sur une grande échelle par les Phéniciens : c'est un fait qui est démontré par toute une série de documents et nous pensons que Brunn lui-même ne le nie pas.

Le même savant prétend que les vases d'argent, qui offrent un mélange d'éléments égyptiens et assyriens, sont d'origine grecque. Cette hypothèse serait plausible s'il était démontré que tous ces vases ont été fabriqués dans l'île de Chypre ; car sa situation géographique et le cours des événements avaient mis cette île en relations constantes avec la Mésopotamie et l'Égypte ; par conséquent, les Grecs qui l'habitaient ont eu l'occasion d'apprendre à connaître l'art de ces deux pays. Cette circonstance jointe à des considérations commerciales a bien pu les déterminer à créer ce style mixte. Mais il est fort peu probable que tous ces vases proviennent d'ateliers cypriotes. Le fait seul qu'on en a trouvé un grand nombre en Italie, nous autorise à mettre en doute cette provenance, car Chypre n'a jamais joué un rôle important dans l'histoire du commerce italien. Ajoutez à cela que l'inscription phénicienne gravée sur une coupe de cette sorte[21], qui a été trouvée dans un tombeau de Préneste est considérée par Renan comme carthaginoise[22] ; de plus, les singes qui sont représentés sur un autre spécimen du même genre appartiennent pour la plupart à des espèces répandues sur la côte Ouest de l'Afrique, comme le cynocephalus sphinx et le papio (Mandrill)[23]. Mais ce qu'il y a de particulièrement important, c'est l'analogie que l'on constate entre les ustensiles d'argent en question et les produits d'art industriel trouvés dans les nécropoles carthaginoises de l'île de Sardaigne[24]. Il y a analogie non seulement dans le type des figures représentées, mais encore dans le style. Si dans les coupes d'argent les plus anciennes les figures ont quelque chose de plus sec et de plus roide, les spécimens les plus récents se rapprochent, en revanche, beaucoup des objets trouvés en Sardaigne[25]. Un critique impartial attribuera donc les vases d'argent à une phase ancienne et les antiquités sardes à une phase plus récente d'un seul et même processus artistique[26]. Lorsque Brunn considère les premiers comme un travail grec, il faut que logiquement il reconnaisse la même origine aux objets trouvés dans les nécropoles sardes. Et alors on arrive à ce singulier résultat que, depuis la fin du sixième jusqu'au troisième siècle[27], les Grecs couvraient Carthage et ses colonies de leurs produits d'art industriel et qu'ils imprimaient constamment à ces produits un style étranger. C'est un résultat trop contraire aux données politiques et historiques du temps pour pouvoir être pris en sérieuse considération.

Ce qui fait supposer à Brunn que ces vases d'argent sont un travail grec, c'est qu'il a remarqué dans la représentation des figures une liberté de mouvement qui, selon lui, est en opposition formelle avec le caractère de l'art oriental. Mais juger l'art de tous les peuples de l'Orient d'après la même mesure, c'est commettre une erreur qui a déjà troublé bien des recherches archéologiques. L'art phénicien n'est pas dû aux mêmes causes efficientes que l'art égyptien et assyrien. Dans la vallée du Nil et en Mésopotamie un régime centralisateur despotique et la raideur immobile de l'état social contribuèrent à développer un style rigoureusement conventionnel. Chez les Phéniciens, au contraire, la vie des villes si riche en vicissitudes et en catastrophes de toute sorte, la navigation qui a reculé les limites de l'horizon, les diverses relations commerciales, enfin toutes les conditions de la civilisation déterminèrent un mouvement plus indépendant et plus libre dans l'art. Par conséquent si les types égyptiens et assyriens de ces vases d'argent portent l'empreinte de cette liberté, ce n'est pas un élément grec, mais purement phénicien. Nous ne voyons donc aucune raison de modifier l'opinion que nous avons formulée il y a une dizaine d'années[28] sur ces vases et sur d'autres produits similaires.

Tous ces objets ont été fabriqués dans des ateliers phéniciens. Le style mixte égypto-assyrien qui les distingue ne régnait pas seulement chez les Phéniciens orientaux, mais aussi (les trouvailles faites en Sardaigne le prouvent) chez ceux de l'Occident, notamment à Carthage et dans ses colonies[29]. Les quelques monuments de ce genre qu'on rencontre à l'Est du bassin méditerranéen viennent des Phéniciens qui s'étaient établis sur la côte de Chanaan ou dans l'île de Chypre. Quant à ceux qu'on a mis au jour en Italie, il est possible, sinon probable, qu'ils aient été fabriqués à Carthage ou dans ses colonies et transportés ensuite de là en Italie. C'est une hypothèse très plausible pour deux coupes d'argent trouvées dans une tombe de Préneste ; elle est confirmée par l'inscription d'un caractère carthaginois gravée sur l'une de ces coupes, et par cette particularité que les singes figurés sur l'autre appartiennent à l'espèce dont nous avons parlé plus haut.

Que les Phéniciens soient entrés de très bonne heure en relations avec les Étrusques et avec les habitants du Latium, c'est un fait constaté et par plusieurs témoignages écrits et par les monuments. Il est même démontré qu'ils trafiquèrent avec les Étrusques plus tôt qu'avec les Grecs ; c'est par leur intermédiaire que les influences transmarines pénétrèrent dans l'Étrurie méridionale. Le nom sémitique d'Agylla, c'est-à-dire ville ronde, que les Grecs donnèrent à Cæré fut emprunté aux Phéniciens qui en avaient visité les côtes avant eux[30]. Nous avons déjà mentionné les traces que les relations avec les Phéniciens ont laissées dans les tombe a pozzo, formant la partie la plus ancienne de la nécropole de Tarquinies. De même, dans les plus anciennes tombe a fossa qui, dans cette nécropole, ont succédé immédiatement aux tombe a pozzo, on a trouvé des scarabées en smalt verdâtre, dont la décoration d'un style non égyptien mais seulement égyptisant indique une origine phénicienne[31]. Les vases d'argile peints d'une fabrication grecque incontestable n'apparaissent que dans les tombes les plus récentes de cette catégorie[32]. Le commerce grec semble depuis cette époque progresser pendant quelque temps. Puis vient de nouveau une période où l'importation phénicienne prend un nouvel essor ; cette période qu'on peut placer sûrement au sixième siècle avant J.-C.[33] est représentée par les objets renfermés dans le tombeau découvert[34] par Regulini et par Galassi près Cæré ainsi que dans la grotta d'Iside près Vulci[35]. On ne sait pas au juste, il est vrai, si les Phéniciens qui nouèrent les premières relations avec les Étrusques étaient des Carthaginois. Mais, en supposant même que ces relations eussent été nouées au début par d'autres Phéniciens, il est certain que les Carthaginois y prirent une part très active dès le milieu du sixième siècle. Les Carthaginois comme les Étrusques étaient alors également intéressés à mettre un terme aux progrès de la colonisation grecque. C'est ainsi qu'en 537 les flottes réunies des deux peuples combattaient, dans les eaux de la Corse, contre les Phocéens qui avaient essayé de s'établir à Alalia. Par conséquent il semble que les traités d'alliance et de commerce entre les Carthaginois et les Étrusques, mentionnés par Aristote[36], se rapportent principalement à cette époque. En tout cas, il est hors de doute que les importations phéniciennes en Étrurie augmentent au sixième siècle, au détriment des importations grecques, et que ce fait coïncide avec le rapprochement politique qui s'opéra précisément à cette époque entre les Carthaginois et les Étrusques.

Cet état de choses semble avoir réagi également sur le Latium[37]. Polybe (III, 22) place le plus ancien traité de commerce entre Carthage et Rome en 509 avant J.-C. Ce n'est pas ici le lieu de discuter cette date, comme on l'a déjà fait maintes fois. Il nous suffira de faire remarquer que les résultats des fouilles concordent on ne peut mieux avec les données de Polybe. Une série de tombeaux de Préneste, qui par leur contenu ont beaucoup d'analogie avec celui de Regulini et de Galassi et datent par conséquent du sixième siècle[38], prouve qu'a cette époque le marché du Latium, comme celui de l'Étrurie, était littéralement inondé d'articles phéniciens. Dans un de ces tombeaux, on a trouvé la coupe d'argent citée plus haut, ornée d'une inscription que M. Renan considère comme carthaginoise. Mais, lors même que ce savant se tromperait sur ce point, il n'en serait pas moins vrai que, vu la situation, il était dans l'intérêt de l'avant-garde des Phéniciens occidentaux de régler leurs rapports avec le Latium par la voie des traités.

Il y a encore trop de lacunes dans la statistique monumentale pour qu'on puisse apprécier les transactions commerciales du Latium au cinquième et au quatrième siècle avant J.-C., mais cette statistique démontre d'une manière frappante que les importations phéniciennes en Étrurie subirent une diminution considérable dès la fin du sixième siècle. Les tombes étrusques appartenant à cette période et aux deux siècles suivants renferment, outre les objets de fabrication locale, presque exclusivement des produits de l'industrie grecque, parmi lesquels un grand nombre de vases d'argile attiques avec peintures ; l'on y trouve très peu de produits phéniciens. Dans les tombes du cinquième siècle, on rencontre parfois des anneaux d'or en forme d'étrier dont les ornements gravés rappellent le style assyrien[39] et des scarabées en jaspe vert avec une décoration de style égyptisant[40]. Comme ces deux genres d'antiquités sont très fréquents dans les nécropoles carthaginoises de la Sardaigne[41], nous sommes en droit d'en conclure que les spécimens trouvés en Étrurie y ont été importés de Carthage ou de ses colonies. De plus il est très probable que les petits flacons à huile en albâtre dont on peut constater l'usage en Étrurie depuis le sixième siècle jusqu'à la période impériale, proviennent, tout au moins en partie, des fameuses fabriques de parfums phéniciennes[42]. Enfin on arrivera peut-être avec le temps à distinguer certains objets en verre comme des produits de fabrication phénicienne.

Mais tous les produits d'art industriel dont il vient d'être parlé appartiennent à une époque relativement récente ; les plus anciens remontent tout au plus au septième siècle. On est donc tout naturellement amené à se demander s'il n'existe pas de monuments plus anciens qui nous renseigneraient sur l'industrie d'art phénicienne à une époque voisine d'Homère.

Nous aurons donc à examiner avant tout les ouvrages en métal qui ont été découverts dans les tombeaux à fossé de l'acropole de Mycènes et qui, par suite, sont antérieurs à l'invasion des Doriens dans le Péloponnèse[43]. Une des pièces de cette provenance les plus remarquables au point de vue artistique est une tète de taureau avec des cornes d'or et une rosette d'or au front[44]. Newton[45] et Lenormant[46] ont déjà fait remarquer que les peintures murales d'un tombeau appartenant à l'époque du roi Thoutmès III (d'après Lepsius 1591-1565[47] avant J.-C.) représentent un objet tout à fait semblable parmi ceux qui sont apportés en tribut par les Kefa, c'est-à-dire par les Phéniciens[48]. On retrouve quelque chose d'analogue dans une statue-portrait d'homme, découverte dans l'île de Chypre, tenant de la main gauche une tête de taureau[49]. Nous pouvons donc en conclure que l'ouvrage en argent de Mycènes provient d'une fabrique phénicienne. Les formes en sont libres de toute convention ; elles trahissent un sentiment délicat de la nature, à ce point qu'un connaisseur très distingué de l'art grec[50] n'hésita point à y reconnaître un travail grec du troisième siècle avant J.-C.

Dans un autre tombeau de Mycènes, on a trouvé deux figures en or faites au repoussé représentant une déesse nue. Toutes deux ont une colombe sur la tète ; l'une d'elles a, en outre, une colombe sur chaque épaule[51]. Milchhœfer[52] et Lenormant[53] ont, indépendamment l'un de l'autre, émis l'avis que ces deux figures représentaient Astarté, et ils ne se sont pas trompés. Le culte d'Astarté était commun presque à toutes les races sémitiques. Cependant il est très probable que nous sommes là en présence d'une divinité phénicienne ; car cinq plaques absolument identiques, qu'on a trouvées dans deux de ces tombeaux, représentent un édifice entouré de colombes[54] qui rappelle le temple d'Aphrodite de Paphos[55] connu surtout par les monnaies cypriotes. Dans ces deux figures le corps de la déesse est modelé avec mollesse, et dans l'une comme dans l'autre, les profils des têtes, quoique dissemblables, ont un caractère très individuel. C'est tout au plus si l'on peut reconnaître une tendance au style conventionnel dans la manière de traiter les parties sexuelles. De même les colombes qui entourent le temple sont traitées avec un laisser-aller qui est en contradiction avec le type en quelque sorte héraldique d'animaux, tel que l'a imaginé l'art mûr de l'Égypte et de la Mésopotamie. Par conséquent, si cette tète de taureau d'argent et ces feuilles d'or sont, comme c'est probable, des produits de fabrication phénicienne, il en résulte que l'art phénicien avait des tendances naturalistes à l'époque antérieure à la migration dorienne.

A cette catégorie appartient encore une coupé de bronze, trouvée dans une tombe phénicienne près d'Idalion, dans l'île de Chypre[56]. La danse qui y est représentée n'est pas d'une exécution très soignée ; mais ces formes arrondies, cette composition mouvementée et ce caractère bien individuel de chacune de ces figures n'ont rien de commun avec les coupes d'argent du style mixte égypto-assyrien. Cette coupe de bronze révèle des tendances naturalistes très accusées. Elle remonte d'ailleurs à une très haute antiquité : ce qui le prouve c'est que ce tombeau renfermait en outre une pointe de lance et une hache de bronze ainsi que des vases d'argile à ornementation géométrique qui comptent parmi les plus anciens produits cypriotes de cette catégorie[57]. Citons enfin deux figurines de guerriers en bronze, trouvées en Phénicie et qui, si l'on en juge par la manière défectueuse dont elles sont fondues, appartiennent à une période très ancienne de la métallurgie phénicienne. L'une[58] qu'on dit avoir été trouvée à Tortosa (Antarados), trahit des aspirations complètement naturalistes. L'autre[59], provenant de Latakieh, se distingue par un caractère très personnel des traits de sa figure ; mais dans les rotules des genoux et dans les muscles des mollets on sent déjà une certaine recherche de style conventionnel, d'après des modèles assyriens, à ce qu'il semble. Une remarque de Longpérier permet de déterminer l'âge de cette statuette : la coupe de ses cheveux, dit cet archéologue, rappelle celle des Sémites représentés sur les monuments égyptiens de la treizième dynastie. Une troisième figure de bronze, trouvée en Phénicie, représentant un joueur de lyre, dénote également des tendances franchement naturalistes[60].

Comment les origines de l'art grec se rattachent-elles à tout cela ? Sachant que les ancêtres des Hellènes tenaient en très haute estime les produits d'art phéniciens, nous pouvons admettre que dans la plus haute antiquité, les Grecs ont imité les Phéniciens dans leurs productions artistiques. Mais au milieu des vestiges de cette période, on chercherait vainement un motif quelconque qui rappelât le style égypto-assyrien. Bien plutôt tous les monuments de cette catégorie portent l'empreinte d'un art naturaliste très prononcé.

Il est communément admis que l'ornementation figurée des vases du Dipylon d'Athènes[61] est le spécimen grec le plus ancien de cette espèce. Aucun des savants qui ont étudié ces vases n'a songé à les rattacher au type égypto-assyrien. Les recherches les plus approfondies tendent à prouver, au contraire, que ces produits ont été façonnés par les ancêtres des Hellènes d'origine indo-européenne, ou par les Hellènes eux-mêmes ; avant que ceux-ci aient subi l'influence de l'art asiatique. La première opinion n'a pas été maintenue par le savant lui-même qui l'avait mise en avant[62] ; nous n'avons donc pas à nous en occuper ici. Mais il est nécessaire de dire quelques mots de l'autre, celle d'après laquelle l'ornementation serait une œuvre purement grecque. Il est inutile de relever le contre-sens historique de cette opinion que les peintures de vases se chargent elles-mêmes de réfuter. Un des spécimens les plus anciens des vases du Dipylon est un vase colossal dont les peintures représentent un cortège funèbre[63]. Le défunt repose sur un char traîné par deux chevaux ; devant les chevaux se tiennent des hommes ceints d'un glaive, derrière le char dix femmes en pleurs levant les bras et posant les mains sur la tête. Cinq femmes semblables se voient dans une bordure à côté de la tète des chevaux. Le peintre a représenté ces femmes nues et a fait singulièrement ressortir leur poitrine. Cette représentation ne saurait être le résultat des impressions de la vie grecque. L'expérience nous apprend que tout art qui se développe par lui-même sans aucune influence étrangère s'efforce de reproduire fidèlement la vérité. Or nul n'oserait affirmer qu'à l'époque où ces vases ont été fabriqués les femmes grecques allaient nues, ou que le rite des funérailles exigeait une pareille mise en scène. On sent là l'influence d'un art étranger qui parfois représentait les femmes nues, et l'on pense aussitôt aux statuettes semblables trouvées dans les tombes de Mycènes, notamment à celles d'Astarté. Et l'analogie ne se borne nullement à la nudité ; elle s'étend à des particularités essentielles dans la manière de représenter le corps. Dans les statuettes d'Astarté, comme dans les figures peintes des vases du Dipylon, l'angle du visage est très aigu ; ici comme là, les jambes et la tète sont rendues de profil, la poitrine et le ventre de face ; les jambes sont parallèles l'une à l'autre, les pieds supportent également tous deux le poids du corps. Si nous admettons que le type des statuettes d'Astarté a servi de base à l'ornementation figurée des vases, nous sommes obligés de convenir que c'est là une phase toute naturelle de l'évolution artistique.

Il faut donc distinguer dans l'histoire de l'art phénicien deux périodes bien différentes. Dans la plus ancienne règne le naturalisme. Les Phéniciens ont-ils créé eux-mêmes cet art naturaliste, ou bien ont-ils subi en cela l'influence de l'Égypte et de la Chaldée, pays où l'art commença par une imitation aussi fidèle que possible de la nature[64], c'est une question qu'il est difficile de résoudre et dont la solution est d'ailleurs indifférente pour notre étude. Cette phase primitive de l'art phénicien a inspiré les premiers essais plastiques des Grecs. Depuis ce temps, un style tout conventionnel s'était développé en Égypte et en Mésopotamie. Les Phéniciens qui avaient des relations politiques et commerciales très suivies avec ces deux pays, ne pouvaient guère se soustraire à leur influence artistique et ne tardèrent pas à emprunter divers éléments à l'art typique des Égyptiens et des Assyriens. A quel moment commence cette seconde période de l'art phénicien, c'est ce qu'on ne saurait préciser. Cependant les artistes de Tyr qui, vers la fin du onzième siècle avant J.-C. travaillaient à la construction et à la décoration du temple de Salomon, employaient déjà des figures comme les Chérubins[65] qui étaient d'un usage courant dans l'art mésopotamique. Seulement nous ne savons pas s'il s'agit là d'un emprunt ou d'une propriété commune aux différentes tribus sémitiques. Si nous connaissions le style de ces figures, le problème serait résolu ; nous n'en possédons que la description qui nous laisse dans l'incertitude. Toutefois il est probable que l'art phénicien de cette époque a déjà subi des influences venant de la vallée du Nil ; car le plan fondamental du temple de Salomon était analogue à celui des temples égyptiens[66] et les chapiteaux du vestibule, terminés en fleur de lotus et ornés à la partie renflée de réseaux et d'un cordon de grenades[67] rappellent le type égyptien[68]. En tous cas, les vases d'argent souvent cités et les antiquités carthaginoises trouvées dans l'ile de Sardaigne démontrent que l'art mêlé d'éléments égyptiens et assyriens a pris une grande extension tout au moins depuis le sixième siècle avant J.-C. et s'est répandu non seulement chez les Phéniciens de l'Est, mais aussi chez ceux de l'Ouest. Néanmoins les Phéniciens ne perdent nullement pour cela leur individualité qui éclate souvent dans les monuments à côté des preuves évidentes de l'influence étrangère. La coupe d'argent d'Amathus[69] nous fournit une preuve éclatante de la coexistence des deux manières : si le siège représenté sur la zone extérieure nous frappe par son allure libre et mouvementée, les divinités et les sphinx ailés des deux zones intérieures ont, au contraire, toute la rigidité des personnages égyptiens et assyriens. Parfois cette liberté d'allures prédomine ; c'est le cas de certains ouvrages en métal qu'on a trouvés en grand nombre dans le fameux tombeau de Cæré[70], et parmi lesquels nous nous contenterons de signaler les parures d'or, telles qu'un pectoral deux bracelets[71] et une immense fibule[72]. Les figures d'hommes et d'animaux qu'on y voit sont traitées avec un grand laisser-aller. Les tombeaux de Préneste[73] qui appartiennent à la même catégorie que celui de Cæré nous offrent à la fois des spécimens de cet art libre et de l'art mixte. A notre sens, les objets dont la décoration porte l'empreinte de cette liberté sont de provenance phénicienne ; Langbehn[74], au contraire, a essayé, dans ces derniers temps, de les attribuer aux Doriens d'Asie Mineure. Mais cette question est en dehors des cadres du présent ouvrage ; elle aura sa place dans le deuxième volume de nos Contributions à l'histoire de l'art et de la civilisation de l'antique Italie. Peu importe que les monuments de cette espèce soient d'origine grecque ou phénicienne : ils remontent au sixième siècle avant notre ère, et cela seul suffit pour qu'on les examine quand on étudie la civilisation à l'époque d'Homère.

 

 

 



[1] Die Kunst bei Homer, p. 7.

[2] Die Kunst bei Homer, p. 17, V. aussi Langbehn, Flügelgestalten der ältesten griechischen Kunst, p. 79.

[3] Ann. dell' Inst., 1876, p. 199-205. Bull. dell' Inst., 1879, p. 251. Voir les deux spécimens de Préneste dans l'ouvrage de Perrot et Chipiez, Histoire de l'art dans l'antiquité (III, p. 97 et 759).

[4] Ann. dell' Inst., 1884, p. 111-112 ; 1885, p. 6-8.

[5] Cependant il se peut que les corps aient été déposés dans des sarcophages en bois que le temps a facilement détruits.

[6] Annal. dell' Inst., 1884, p. 113-115. 1885, p. 8-9. Bull., 1885, p. 115 et suiv. Il serait hors de propos de nous étendre ici sur le développement très spécial de la civilisation dans l'intérieur de l'Étrurie. Il suffit de faire remarquer que les tombe a fossa manquent dans la nécropole de Chiusi. La tomba a pozzo y a été graduellement agrandie et perfectionnée jusqu'à ce qu'elle formât le type que les Toscans appellent tombe a ziro (Comparez Milani, Museo italiano di antichità classica, I, p. 299-300, 304-307). Ce sont de profondes cavités en forme de puits, contenant une sorte de grand tonneau d'argile où sont renfermés l'urne funéraire et les objets qui raccompagnent. A ces tombe a ziro ont succédé immédiatement les chambres funéraires.

[7] Comparez Bull. dell' Inst., 1885, p. 115 et suiv.

[8] Bull. dell' Inst., 1882, p. 211. Not. d. scavi com. all' acc. dei Lincei, 1882, p. 183.

[9] Bull. dell' Inst., 1882, p. 214-216. Not. d. Scavi, 1882. T. XIII bis, 10, p. 185.

[10] Bull. dell' Inst., 1882, p. 163, 214, 216. 1883, p. 116, p. 120, n° 17, 18. Not. d. scavi 1882, p. 146, 185. Tous les objets trouvés dans ces tombeaux et qui peuvent avec certitude être attribués à l'industrie locale, notamment les produits céramiques, témoignent d'une facture très primitive. Aussi les casques de bronze d'une exécution si parfaite (Bull. dell' Inst., 1882, p. 19-21, 41, 166,175. Not. d. Scavi, 1881, T. v. 23, p. 359-361 ;1882, T. XIII, 8, p. 162-164, p. 180, 188), et les glaives pourvus de lames de bronze ou de fer (Bull. dell' Inst., 1882, p. 166, 167, 176, 215. Not. d. Scavi, 1882, T. XII, 1, p. 165. T. XII, 4, p. 180, 186) semblent des objets importés, probablement de fabrication phénicienne.

[11] Skylax, Peripl. (p. 112), rapporte que les Phéniciens vendaient aux habitants de la côte Ouest de l'Afrique λίθον Αίγυπτίαν, c'est à-dire des objets en verre et en smalt. Comparez Frœhner, La verrerie antique, p. 4 et 5.

[12] Brugsch, Geschichte Ägyptens, p. 208-211.

[13] Voyez le tombeau du roi Toutmès III dans Hoskins, Travels in Ethiopia, pl. 47 (2e série), p. 328-333, et Wilkinson, The manners of the anc. Egyptians, I (Ed. Birch), pl. II, A. Voyez aussi Prisse d'Avennes, Histoire de l'art égyptien, II, art industriel, Vases du pays des Kafa, tributaire de Thoutmès III.

[14] I Rois, 5, 18.

[15] I Rois, 7, 13 et suiv. ; II Chron., 3 et 4.

[16] Odyssée, XV, 425.

[17] Büchsenschütz, Die Hauptstätten des Gewerbefleisses im Alterthum., p. 83 et suiv.

[18] Büchsenschütz, ibid., p. 27-28 ; Frœhner, La verrerie antique, p. 2, 3, 18-24 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l'art dans l'antiquité, III, p. 733 et suiv.

[19] Büchsenschütz (Ibid., p. 95. Skylax, peripl. 112) prétend que les Phéniciens vendaient aussi de l'huile aromatique aux habitants de la côte Ouest de l'Afrique.

[20] Pline, XXXVI, 60, 61. Comparez Abeken, Mittelitalien, p. 269 ; Ann. dell' Inst., 1876, p. 240 et suiv.

[21] Mon. dell' Inst., X. pl. XXXII. I, 1a ;  Gaz. archéol., 1877, pl. V ; Perrot et Chipiez, Histoire de l'art dans l'antiquité, p. 97, fig. 36.

[22] Gazette archéol., 1877, p. 18.

[23] Monum. dell' Inst., X, pl. XXXI, 1 ; Ann., 1876, p. 226, note 1 ; Perrot et Chipiez, III, p. 759, fig. 543.

[24] Ebers a publié un mémoire intéressant sur les antiquités sardes dans les Ann. dell' Inst., 1883, p. 76-132. Il partage l'opinion que nous avons développée dans les Ann. (1876, p. 215 et suiv.), à savoir que ces monuments de style égyptien ou égyptisant appartiennent à l'époque de la domination carthaginoise ; mais il suppose que quelques-uns d'entre eux sont beaucoup plus anciens. Or toutes les fouilles infirment cette hypothèse. On ne rencontre point de ces objets dans la série pré-carthaginoise telle qu'elle nous apparaît dans les nuraghes et autres monuments contemporains. A part quelques exemplaires que le commerce a apportés dans l'intérieur de l'île, ils semblent exclusivement confinés dans les nécropoles dont l'origine carthaginoise n'est point douteuse. C'est une preuve incontestable que ces antiquités sont entrées en Sardaigne sous l'occupation carthaginoise. Si toutefois la science égyptologique nous forçait à reconnaitre la très haute ancienneté de quelques-uns de ces objets, il faudrait admettre qu'ils s'étaient conservés en grande quantité à Carthage, pendant plusieurs générations, et qu'ils avaient été transportés en partie en Sardaigne par des colons carthaginois. Mais il serait difficile de trouver ailleurs un procédé analogue. Nous ne pouvons donc nous empêcher de maintenir notre opinion primitive (Ann. dell' Inst., 1876, p. 215 et suiv.) ; je crois que l'industrie carthaginoise a continué de reproduire même plus tard les types égyptiens les plus anciens. Mentionnons enfin ce fait que, dans plusieurs localités méridionales de l'île, à Tharros en particulier, on a trouvé des scarabées incomplets du style égyptien ; (Spano, Bulletino arch. sarde, I, 1855, p. 84) cela prouve que les graveurs de pierres des colonies carthaginoises travaillaient dans ce style.

[25] Ann. dell' Inst., 1876, p. 218-219.

[26] De Longpérier, Musée Napoléon III, pl. X, XI ; Cesnola-Stern, Cypern, t. XIX ; Revue Archéol., XVIII (1877) pl. I ; Cesnola-Stern, t. LXVI, 1.

[27] Unger prétend (Rhein. Museum, XXXVII (1882), p. 165-172) que les Carthaginois ne s'établirent définitivement en Sardaigne qu'entre les années 383 et 379 avant J.-C. ; mais cette opinion est réfutée par le contenu même des nécropoles carthaginoises de l'île. L'occupation a dû avoir lieu dans les dernières années du sixième siècle au plus tard. Il suffit de rappeler à ce propos que, dans la nécropole de Tharros, on a trouvé plusieurs alabastra corinthiens, ornés de figures d'animaux (collection Spano de Oristano) et trois vases à figures noires insuffisamment publiés et décrits par Crespi (Catalogo Chessa, Tav. D, I, 2 p. 62-69) ; l'Institut archéologique en possède des dessins exacts. Le style des spécimens corinthiens parait un peu mou, mais il ne dépasse certainement pas la fin du sixième siècle. Celui des vases à figures noires rappelle la première moitié du cinquième.

[28] Ann. dell' Inst., 1876, p. 197 et suiv.

[29] Nous avons indiqué dans les Ann. dell' Inst., 1876, p. 215-219, les quelques points de contact entre les monuments de la Phénicie orientale et ceux de la Phénicie occidentale. Le nombre s'en est accru depuis les dernières découvertes de Chypre. C'est ainsi qu'une boucle d'oreille trouvée dans cette ile (Cesnola-Stern, Cypern, t. LIX, 4, p. 417) se rencontre aussi souvent dans les tombes carthaginoises de Sardaigne (Crespi, Catalogo Chessa, Tav. II, 15). Il en est de même de certaines représentations sur les scarabées. Comparez Cesnola-Stern, t. LXXIX, 1, LXXX, 15, 17, LXXXI, 25 ; et Della Marmora, Sopra alcune antichita Sarde, Tav. A, 2, 37, 59

[30] Olshausen, Rheinisches Museum, VIII (1853), p. 333-334.

[31] Bull. dell' Inst., 1881, p. 40, 1882, p. 333, 174, n° 15-18 ; Not. d. scavi., 1882, p. 194. On trouve également dans ces tombeaux des parures en verre et en smalt (Bull., 1883, p. 122-123).

[32] On n'a trouvé deux vases peints que dans une seule tomba a pozzo de la nécropole de Tarquinies ; leur panse en forme de boule est ornée de raies rouges ; sur l'un d'eux on remarque, en outre, des ornements de forme quadrangulaire (Mon. dell' Inst., XI. T. LIX 18, 28 ; Ann., 1883, p. 287- 288 ; Bullet., 1883, p. 114, 117). On a retiré tout récemment un vase analogue d'une tombe a pozzo de la nécropole de Visentium (Capodimonte sur le lac Bolsena. Bull. dell' Inst., 1886, p. 34, n° 7). Dans les tombe a rossa qui ont succédé aux tombe a pozzo, il y a des vases d'argile décorés de peintures représentant des raies, des ornements géométriques et des oiseaux aquatiques (Mon. dell' Ins., X. T. Xe 1-10, T. Xd 21-23b). Mais on ne peut déterminer l'origine d'aucun de ces vases. Les vases d'argile de fabrication sûrement grecque n'apparaissent que dans les tombe a rossa les plus récentes dont le contenu ressemble déjà à celui des tombe a camera. Ce sont notamment des vases dont la décoration sur fond blanchâtre ou jaunâtre consiste en bandes horizontales et parallèles tirant sur le noir ou sur le brun (Comparez Helbig, Die Italiker in der Poebene, p. 84-86 et le sixième chap. du présent ouvrage). On rencontre, en outre, des vases corinthiens dans quelques tombeaux de cette espèce. (Ann. dell' Inst., 1884, p. 116 ; Bull., 1885 p. 121 ; II, 4-6, p. 122 ; IV, 3, V, 7, p. 125 ; XIII, p. 127 ; XVI, p. 212, 216.)

[33] V. Ann. dell' Inst., 1876, p. 226 et suiv. Comparez le chapitre VI du présent ouvrage.

[34] Grifi, Monum. di Cere antica, Rome 1841. Museo, Gregoriano, I, t. XI, XV-XX, LXII-LXVII, LXV-LXVII, LXXXII-LXXXV.

[35] Micali, Mon. ined., t. IV, V, 1-2, 6-8.

[36] Politique, III, 9 (II p. 1280 Bekker).

[37] Rhein. Museum, XXXVIII (1883), p. 540-546.

[38] Mon. Ann. Bull. dell' Inst., 1855, p. XLV-XLVII ; Archœologia, 41, I (Londres 1867), pl. V, 1, 2 ; VI, I ; VII-XIII, p. 199-206. Mon. dell' Inst., VIII, t. XXVI-XXXIII ; Ann., 1876, p. 248-254 ; Mon., XI, t. II, Ann., 1879. Tav. d'agg. C, p. 5-18.

[39] Micali, Storia, t. XLVI, 19, 21-23 (cf. vol. III p. 76) ; Monum. ined., t. LIV, 12 ; Bull. dell. Inst., 1882, p. 36 et 66.

[40] Bull. dell' Inst., 1878, p. 83-84, 1880, p. 43-44. Voyez aussi Bull., 1878, p. 68, 1881, p. 91-92, 95-97.

[41] Crespi, Catologo Chessa, t. A. 15, p. 22, n° 4e. Bull. dell' Inst., 1882, p. 66-67. On sait que les scarabées en jaspe vert de style égyptisant sont les objets qu'on rencontre le plus souvent dans ces nécropoles.

[42] Dans les nécropoles des villes de la Phénicie, on trouve des flacons de ce genre qui offrent une grande analogie avec ceux de provenance italique (Perrot et Chipiez, Histoire de l'Art, III, p. 197, 198).

[43] Voir le chapitre V du présent ouvrage.

[44] Schliemann, Mykena, p. 250, 251, fig. 327, 328.

[45] Essays on art and archœology, p. 293.

[46] Les antiquités de la Troade, t. II, p. 23.

[47] Hoskins, Travels in Ethiopia, pl. 47, p. 331.

[48] Brugsch, Geschichte Ægyptens, p. 208-211.

[49] Döll, Sammlung Cesnola, t. VI 5 n° 124 ; Cesnola-Stern, Cypern., t. XXXVI.

[50] Stephani, Compte rendu, 1877, p. 37.

[51] Schliemann, Mykena, p. 209 ; Milchhœfer, Die Anfänge der Kunst in Griechenland, p. 8.

[52] Mittheil. des deutschen archeol. Instit. in Athen, II (1877), p. 271.

[53] Gaz. archéol. IV (1878), p. 78-81.

[54] Deux de ces plaques ont été trouvées dans le troisième tombeau, les trois autres dans le quatrième (Schliemann, Mykena, p. 306 ; Milchhœfer, die Museen Athens, p. 91b et Die Anfœnge, p. 8, n° 2 et 95a).

[55] Millin, Gal. mythol., pl. XLIII, 171-173 ; Gerhard, Ges. akad Abhandl., t. XLI ; Perrot et Chipiez, III, p.120. — Voyez aussi Gaz. arch. IV (1878), p. 81, n° 1 et 2.

[56] Rev. archéol., XXIV (1872) pl. XXIV ; Cesnola-Stern, Cypern, t. IX, p. 74 ; Perrot et Chipiez, III, p. 673, n° 482 ; Holwerda, Die alten Kyprier in Kunst und Kultur, t. VII, 20, p. 31-36.

[57] Cesnola-Stern, p. 74, pl. VII.

[58] De Longpérier, musée Napoléon III, pl. XXI, 1 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l'art, III, p. 405, n° 277.

[59] De Longpérier, pl. XXI, 2. — Perrot et Chipiez, III, p. 430, n° 304.

[60] Perrot et Chipiez, Histoire de l'art, III, p. 406 n° 278. Nous n'osons ranger dans cette catégorie une coupe de bronze, trouvée dans l'Alpheios et pourvue d'une inscription araméenne (Perrot et Chipiez, III, p. 783, n° 550) : certains détails de style et peut-être l'inscription elle-même indiquent qu'elle date d'une époque plus récente.

[61] Monum. dell' Inst., IX, t. XXXIX, XL ; Ann., 1872, p. 131-181. Comparez notre chap. V.

[62] Ann. dell' Inst., 1877, p. 395.

[63] Monum. dell' Inst., IX, t. XXXIX, I, XL ; Ann., 1872, p. 142-144.

[64] Perrot et Chipiez, Hist. de l'art, I, p. 86, 633 ; II, p. 586 et suiv. 594. Heuzey, Les figurines antiques de terre cuite du Louvre, pl. 2, p. 2.

[65] I Rois, 6, 23-29, 32, 35. 7, 29, 36. II Chron. 3, 10-13 ; Comparez Ann. dell' Inst., 1876, p. 208-209.

[66] De Saulcy, l'Art judaïque, p. 196 et suiv. de Vogüé, Le temple de Jérusalem, p. 27 et suiv.

[67] Les Rois, I, 7, 15, 20, 22, 41, 42, II Chron., 3, 15, 17 ; 4, 12, 13.

[68] De Vogüé, p. 29 et suiv. pl. XIV.

[69] Rev. Arch., XXXI (1876), pl. I ; Cesnola Stern, Cypern, t. LI.

[70] Grifi, Monum. di Cere, t. I ; Mus. Gregorian., I, t. LXXXII-III.

[71] Grifi, t. III ; 4. Mus. Greg. I, t. LXXVI.

[72] Grifi, t. II ; Mus. Greg. I, t. LXXXIV-V. Montelius (Spännen fran Bronsaldern, p. 145, 147, fig. 148) a reconnu que cette pièce était une fibule. Voyez Ann. dell' Just., 1885, p. 30.

[73] Monum. dell' Inst. X, t. XXXIa 5 et XI, t. II 9, 9a.

[74] Flügelgestalten der ältesten griechischen Kunst, p. 79, 96 et suiv.