CINQUIÈME VOLUME
Dans les chapitres précédents, j’ai été dans la nécessité de présenter au lecteur un tableau tout à fait incohérent et dépourvu d’effet central. J’ai spécifié brièvement chacune des deux ou trois cents villes qui s’accordaient à porter le nom hellénique, et j’ai raconté sa naissance et sa première existence, autant que le permettaient les preuves que nous possédons, mais sans pouvoir signaler d’action et de réaction, d’exploits ou de souffrances ; de prospérité ou de malheur, de gloire ou de disgrâce, communs à toutes. A un haut degré, c’est là un trait caractéristique inséparable de l’histoire de la Grèce depuis ses débats jusqu’à sa fin ; car la seule unité politique que jamais elle reçoive, c’est la triste unité d’asservissement soins Rome maîtresse du monde. La force seule effacera dans l’esprit d’un Grec libre l’idée de sa cité comme organisation autonome et séparée. Le village est une fraction, mais la cité est une unité, et la plus haute de toutes les unités politiques, ne comportant pas d’être réunie avec d’autres jusqu’au nombre de dit ou de cent, en sacrifiant sa propre marque séparée et individuelle. Tel est le caractère de la race, tant dans sa contrée primitive que dans ses établissements coloniaux, — dans sa première histoire aussi bien que dans son histoire récente, — se partageant par une division naturelle en une multitude de cités indivisibles qui s’administrent elles-mêmes. Mais ce qui marque cette première période historique avant Pisistrate et lui donne un caractère d’incohérence à la fois si fatigant et si irrémédiable, c’est qu’il ne s’est pas encore produit de causes propres à neutraliser cet isolement politique. Chaque cité, progressive ou stationnaire, prudente ou aventureuse, turbulente où tranquille, suit sa propre ligne d’existence, sans avoir d’associée ni de desseins communs avec les autres villes, sans être encore contrainte par des forces étrangères à former avec elles une société active. C’est de la même manière que les races qui, de chaque côté, entourent le monde hellénique, paraissent distinctes et séparées, sans être encore réunies en une masse ou en un système ayant une action commune. Au moment de l’avènement de Pisistrate, cet état de choses
change tant dans la Hellas qu’au dehors, — le premier fait étant la
conséquence du second. Car à cette époque commence la formation du grand empire
perse, qui absorbe en lui non seulement En prenant donc les deux siècles que nous examinons actuellement, on verra que non seulement il n’y a pas d’unité politique qui naisse dans les États grecs, mais qu’il y a même une tendance au contraire, c’est-à-dire à une dissémination et à un éloignement mutuel. Il n’en est pas ainsi, cependant, par rapport a ces autres sentiments d’unité capables d’exister entre des hommes qui ne reconnaissent pas d’autorité politique commune, — sympathies fondées sur une religion, un langage, une croyance de race, des légendes, des goûts et des usages, des tendances intellectuelles, un sentiment de proportion et de supériorité artistique, des jouissances récréatives, etc., communs a tous. Sur tous ces points, les manifestations de l’unité hellénique deviennent de plus en plus prononcées et compréhensives, malgré les progrès de la dissémination politique pendant toute la même période. La largeur de la sympathie et du sentiment communs entre un Grec et un autre Grec, ainsi que l’idée d’une foule d’assemblées périodiques comme portion indispensable de l’existence, paraît décidément plus grande en 560 avant J.-C. qu’elle ne l’avait été un siècle auparavant. Ce sentiment fut entretenu par la conviction croissante de, la supériorité des Grecs en tant que comparés aux étrangers, — conviction justifiée graduellement de plus en plus à mesure que l’art et l’intelligence grecs se développèrent et que s’étendit la connaissance des contrées étrangères, — aussi bien que par les mille efforts nouveaux faits dans le champ de la musique, de la poésie, de la statuaire et de l’architecture par des hommes de génie dont chacun touchait des cordes de sentiment qui n’appartenaient guère moins aux autres Grecs qu’à sa propre cité. En même temps la vie de chaque ville particulière continue d’être distincte, et même elle réunit autour d’elle une plus grandi quantité de faits et d’intérêts intérieurs ; de sorte que, pendant les deux siècles que nous examinons maintenant, il y a dans l’esprit de tout Grec un progrès tant du sentiment municipal que du sentiment panhellénique, mais d’autre part un déclin de l’ancien sentiment de race séparée — en tant que Dôriens, Ioniens, Æoliens. Dans an précédent volume j’ai déjà touché le caractère multiple de la religion grecque, entrant comme elle le faisait dans toutes les jouissances et toutes les souffrances, les espérances et les craintes, les affections et les antipathies du peuple ; n’imposant pas simplement des contraintes et des obligations, mais protégeant, multipliant et diversifiant tous les plaisirs sociaux et tous les embellissements de l’existence. Chaque cité, et même chaque village avait ses fêtes religieuses particulières, où les sacrifices offerts aux dieux étaient habituellement suivis de récréations publiques d’une sorte ou d’une autre, — à savoir, des festins où l’on mangeait les victimes, des marches processionnelles, des chants et des danses, ou une lutte dans des exercices forts et actifs. La fête fut locale dans l’origine ; mais l’amitié ou la communauté de race se montrait par des invitations faites à des personnes qui ne résidaient pas dans la localité et qu’on appelait à en partager les plaisirs. Dans le cas d’une colonie et de sa métropole, ce fut un usage fréquent que des citoyens de la mère patrie fussent honorés d’une place privilégiée aux fêtes de la colonie ou que l’on fît présent à l’un d’eux du premier morceau de la victime sacrifiée[2]. Une fréquentation réciproque de fêtes religieuses était ainsi la preuve constante d’amitié et de fraternité entre des cités qui n’étaient pas unies politiquement. Que cet usage ait dû exister dans une certaine mesure depuis les temps les plus anciens, il ne peut y avoir sur ce point de doute fondé, bien que dans Homère et dans Hésiode nous ne trouvions que la célébration de jeux funèbres, accomplie par un chef à ses propres frais, en honneur de son père ou d’un ami mort, — toutefois avec toutes les récréations qui accompagnaient une fête publique, et avec des étrangers non seulement présents, mais encore luttant pour des prit importants[3]. En passant à la Grèce historique pendant le septième siècle avant J.-C., nous trouvons des preuves de deux fêtes, même alors très considérables, et fréquentées par des Grecs venus de beaucoup de villes et de districts différents, — la fête de Dêlos, en l’honneur d’Apollon, le grand lieu de réunion pour les Ioniens dans toute la mer Ægée, et les jeux Olympiques. L’hymne homérique à Apollon Délien, qui doit être placé
avant l’an 600 avant J.-C., insiste avec force sur la splendeur de Très différentes furent les destinées de Nous pouvons ainsi reconnaître en partie les degrés par lesquels, pendant les deux siècles qui suivent ‘l’an 776 avant J.-C., la fête de Zeus Olympique dans la Pisatis passa d’un caractère local à un :caractère national, et acquit une force attractive capable de réunir dans une union temporaire les fragments dispersés de la Hellas, de Marseille à Trapézonte. Elle ne resta pas longtemps seule dans cette importante fonction. Pendant le sixième siècle avant J.-C., trois autres fêtes, d’abord locales, devinrent successivement nationales : les Jeux Pythiens, près de Delphes ; les Isthmiques, près de Corinthe ; les Néméens, près de Kleônæ, entre Sikyôn et Argos. Pour ce qui concerne Près du sanctuaire de Pythô, et vers la même hauteur,
était située l’ancienne ville phokienne de Krissa, sur un éperon avancé du Parnasos,
— dominée par les précipices rocheux appelés les Phædriades, et dominant
elle-même le ravin profond par lequel coule Dans ces temps reculés où l’hymne homérique a Apollon fut composé, la ville de, Krissa parait avoir été grande et puissante, possédant toute la large plaine qui s’étend entre le Parnasos, le Kirphis et le golfe, auquel elle donnait son nom, — et possédant aussi, ce qui était une propriété non moins importante, le sanctuaire adjacent clé Pythô même, que l’hymne identifie avec Krissa, n’indiquant pas Delphes comme un endroit séparé. Les Krissæens tiraient sans doute de grands profits de la quantité de visiteurs qui venaient voir Delphes, tant par terre que par mer, et Kirrha ne fut dans l’origine que le nom de leur port de mer. Toutefois, graduellement le port parait avoir grandi en importance aux dépens de la ville, précisément comme Apollonia et Ptolémaïs finirent par égaler Kyrênê et Barka, et comme Plymouth-Dock en grandissant est devenu Devonport ; tandis que clans le même temps le sanctuaire de Pythô avec ses administrateurs, en se développant, devenait la ville de Delphes, et en venait à prétendre à une existence personnelle et indépendante. Les relations qui existaient dans l’origine entre Krissa, Kirrha et Delphes furent ainsi, détruites à la fin, la première déclinant et les deux dernières s’élevant. Les Krissæens se trouvèrent dépossédés de l’administration du temple, qui passa aux Delphiens, aussi bien que des profits provenant des visiteurs, dont les dépenses allèrent enrichir les habitants de Kirrha. Krissa était une cité primitive du nom phokien, et pouvait se vanter d’une place comme telle dans le Catalogue Homérique, de sorte que la perte de son importance n’était pas de nature à être endurée tranquillement. De plus, outre les faits que nous venons de citer, déjà suffisants en eux-mêmes pour être des germes de querelle, on nous dit que les Kyrrhæens abusaient de leur position comme maîtres de l’avenue du temple par mer, et qu’ils levaient des impôts exorbitants sur les visiteurs qui y abordaient, — nombre augmentant constamment par suite de la multiplication des colonies d’outre-mer et de la prospérité de celles d’Italie et dé Sicile. Outre cette offense faite au public grec en général, ils avaient aussi encouru l’inimitié de leurs voisins phokiens par des outrages dont des femmes phokiennes aussi bien qu’argiennes avaient été les victimes en revenant du temple[16]. Tel était le cas apparemment, lorsque l’assemblée
amphiktyonique intervint pour punir les Kyrrhæens, — ou poussée par les
Phokiens, ou peut-être de son propre mouvement spontané, par respect pour le
temple. Après une guerre de dis ans, Mais si cette Guerre Sacrée elle-même prouve que l’esprit panhellénique gagnait en force, le résultat positif par lequel elle se termina renforça cet esprit encore davantage. Les alliés victorieux employèrent les dépouilles de Kirrha à fonder les jeux Pythiens. La fête célébrée jusqu’alors tous les huit ans à Delphes en l’honneur du dieu, et qui ne renfermait pas d’autre lutte que celle de la harpe et du pæan, en se développant se transforma enjeux compréhensifs sur le modèle des jeux Olympiques, avec des combats non seulement de musique, mais encore de gymnastique et de chars, célébrés non à Delphes même, mais dans la plaine maritime voisine de Kyrrha détruite, — et sous la surveillance directe des amphiktyons eux-mêmes. J’ai déjà mentionné que Solôn destinait des récompenses considérables à ceux des Athéniens qui remportaient des victoires aux jeux Olympiques et Isthmiques, indiquant par là combien il sentait la grande importance des jeux nationaux comme moyen de favoriser des rapports helléniques réciproques. Ce fut le même sentiment qui poussa à la fondation des nouveaux jeux dans la plaine kirrhæenne, en commémoration de l’honneur vengé d’Apollon, et dans le territoire nouvellement cédé au dieu. Ils étaient célébrés en automne, c’est-à-dire dans la première moitié de chaque troisième année Olympique ; lès Amphiktyons étant les agonothètes ou administrateurs ostensibles, et désignant des personnes pour remplir ce devoir en leur nom[20]. A la première cérémonie pythienne (en 586 av. J.-C), on donna d’importantes récompenses aux différents vainqueurs ; à la seconde (582 av. J.-C.), il ne fut accordé que des couronnes de laurier, — la célébrité à laquelle les jeux parvinrent rapidement étant telle qu’elle rendait toute autre récompense superflue. Le despote sikyonien Kleisthenês lui-même, l’un des chefs dans la conquête de Kirrha, gagna le prix à la course des chars aux seconds jeux Pythiens. Nous trouvons d’autres grands personnages en Grèce, souvent mentionnés comme compétiteurs ; et les jeux conservèrent longtemps une dignité qui ne le cédait qu’aux jeux Olympiques, sur lesquels, en effet ; ils avaient quelques avantages : d’abord, on n’en abusa pas dans le dessein de favoriser les petites jalousies et les petites antipathies d’un État qui les administrait, comme les jeux Olympiques furent pervertis par les Eleiens dans plus d’une occasion ; ensuite ils comprenaient la musique et la poésie aussi bien que le déploiement de la force corporelle. D’après ces circonstances accompagnant leur fondation, les jeux Pythiens méritèrent, même plutôt que les Olympiques, le titre que leur conféra Démosthène — l’Agôn commun des Grecs[21]. Les jeux Olympiques et Pythiens continuèrent toujours d’être
les solennités les plus générées en Grèce. Cependant les Nemea et les Isthmia
acquirent une célébrité qui n`était pas de beaucoup inférieure ; le prix
olympique comptant pour le plus élevé de tous[22]. Les Nemea et
les Isthmia se distinguaient des deux autres fêtes parce que ces jeux se
célébraient, non pas une fois en quatre ans, mais une fois en deux ans : les
premiers dans la seconde et la quatrième année de chaque. Olympiade, les
derniers dans la première et Relativement à la fête isthmique, le premier renseignement historique que nous ayons est un peu plus ancien ; car nous avons déjà dit que Solôn destina une récompense à tout citoyen athénien qui gagnait un prix à cette fête aussi bien qu’à la fête olympique, — en 594 avant J.-C. ou après. Elle était célébrée par les Corinthiens à leur isthme, en l’honneur de Poseidôn ; et si nous pouvons tirer quelque conclusion des légendes relatives à sa fondation, qui est attribuée parfois à Thêseus, les Athéniens paraissent l’avoir identifiée avec les antiquités de leur propre État[25]. Nous voyons ainsi que l’intervalle qui existe entre 600 et
560 avant J.-C. présente la première manifestation historique des Pythia, des
Isthmia et des Nemea, — la première expansion de toutes les trois fêtes,
devenant panhelléniques de locales qu’elles étaient. Aux jeux Olympiques,
pendant quelque temps le seul grand centre d’union entre tous les Grecs
dispersés au loin, sont maintenant ajoutés trois autres agônes du même
caractère public, ouvert, national, constituant des signes visibles aussi
bien que des liens tutélaires d’un hellénisme collectif, et assurant à tout
Grec qui venait prendre part aux luttes un passage sûr et inviolable, même a
travers les États helléniques hostiles[26]. Ces quatre
jeux, trous dans le Péloponnèse ou auprès, et dont l’un revenait chaque année,
formaient la Période ou cycle des jeux sacrés, et ceux qui avaient gagné des
prix à tous les quatre étaient désignés. par le titre enviable de
Periodonikes[27].
Les honneurs rendus aux vainqueurs olympiques, à leur retour dans leur ville
natale, étaient prodigieux même au sixième siècle avant J.-C., et devinrent
même plus extravagants dans Ce ne fut pas seulement dans le cachet national caractéristique, imprimé sur ces quatre grandes fêtes, que se montra le progrès graduel du sentiment hellénique de famille, pendant le cours de cette période la plus reculée de l’histoire grecque. Conformément aux mêmes tendances, des fêtes religieuses dans toutes les cités considérables devinrent graduellement de plus en plus ouvertes et accessibles, attirant des hôtes aussi bien que des compétiteurs d’au delà des frontières. La dignité relative de la cité, aussi bien que l’honneur rendu au dieu qui présidait, se mesura sur le nombre, l’admiration et l’envie des visiteurs qui la fréquentaient[28]. Il n’y a pas, en effet, de preuve positive d’une telle expansion dans les fêtes attiques avant le règne de Pisistrate, qui ajouta le premier les grandes fêtes Panathenæa célébrées tous les quatre ans aux anciennes petites fêtes Panathenæa célébrées annuellement. Nous ne pouvons pas non plus retrouver les traces, de progrès par rapport à Thèbes, à Orchomenos, à Thespiæ, à Megara, à Sikyôn, à Pellênê, à Ægina, à Argos, etc. ; mais nous trouvons d’amples raisons pour croire que telle fut la réalité en général. Parmi les vainqueurs olympiques ou isthmiques que célébraient Pindare et Simonide, un grand nombre devaient une partie de leur renommée à des victoires antérieures remportées dans plusieurs de ces luttes, locales[29], victoires quelquefois assez nombreuses pour prouver combien l’habitude d’une fréquentation réciproque s’était répandue au loin[30] ; bien que nous trouvions, même au troisième siècle avant J.-C., des traités d’alliance entre diverses cités, dans lesquels on juge nécessaire de conférer un tel droit mutuel par stipulation expresse. On tentait par des prix de grande valeur des compétiteurs distingués en gymnastique et en musique. Timée même affirmait, comme preuve de l’orgueil présomptueux de Krotôn et de Sybaris, que ces cités essayèrent de supplanter la prééminence des jeux Olympiques, en établissant des jeux particuliers avec les prix les plus riches, qui seraient célébrés en même temps[31] ; assertion qui, en elle-même, ne mérite, pas créance, mais qui, néanmoins, explique encore la rivalité animée que l’on sait avoir régné parmi les cités grecques, dans le dessein de se procurer des jeux magnifiques et fréquentés. A l’époque où fut composé l’hymne homérique à Dêmêtêr, le culte de cette déesse semble avoir été purement local à Eleusis. Mais, avant la guerre des Perses, la fête célébrée chaque année par les Athéniens, en l’honneur de Dêmêtêr Eleusinienne, admettait à l’initiation des Grecs de toute cité, et était suivie par des troupes nombreuses de visiteurs grecs[32]. Ce fut ainsi que la simplicité et la stricte application
locale de la fête religieuse primitive, dans les plus grands États de la
Grèce, en se développant par degrés, à certaines grandes occasions qui
revenaient périodiquement, se transformèrent en une série de spectacles réglée
dans ses moindres détails, — non seulement admettant, mais encore sollicitant
la présence fraternelle de tous les spectateurs helléniques. Sous ce rapport,
Sparte semble avoir fait une exception aux autres États. Ses fêtes étaient
pour elle seule, et sa rudesse générale à l’égard des autres Grecs ne s’adoucissait
pas beaucoup, même aux Karneia[33] et aux
Hyakinthia ou Gymnopædiae. D’autre part, les Dionysia attiques s’élevèrent
graduellement ; à leur primitive explosion grossière et spontanée de
sentiment de village qui exprimait la reconnaissance à l’égard du dieu, et
que suivaient le chant, la danse et des réjouissances de toute sorte,
succédèrent peu à peu des représentations somptueuses et diversifiées, d’abord
au moyen d’un choeur exercé, ensuite au moyen d’acteurs ajoutés au chœur[34]. Et si les
compositions dramatiques personnifiaient la perfection de l’art grec, elles
étaient aussi excellemment calculées pour appeler un auditoire panhellénique
et pour encourager le sentiment d’unité hellénique. Cependant la littérature
dramatique d’Athènes appartient proprement à une période plus récente.
Antérieurement à l’année 560 avant J.-C. ; nous ne voyons que ces commencements
d’innovation qui attirèrent à Thespis[35] le blâme de
Solôn ; et cependant ce dernier contribua lui-même à donner à Les fêtes et les jeux sacrés, cités ici comme classe, s’emparèrent
de l’esprit grec par une si grande variété de sentiments[36], qu’ils contrebalancèrent
à un haut degré la désunion politique, et entretinrent dans leurs cités
semées au loin, au milieu de jalousies constantes et de fréquentes querelles,
un esprit de fraternité et un sentiment sympathique qui autrement auraient
péri. Les Theôres ou envoyés sacrés qui venaient à Olympia ou à Delphes de
tant de points différents sacrifiaient tous au même dieu et au même autel,
assistaient aux mêmes divertissements, et contribuaient par leurs dons à
enrichir ou à orner un seul théâtre respecté. De plus, la fête fournissait
une occasion pour une sorte de foire, donnant lieu à beaucoup de trafic dans
une masse si considérable de spectateurs[37] ; et outre les
représentations des jeux eux-mêmes, il y avait des récitations et des
lectures dans une salle de conseil spacieuse pour ceux qui préféraient les
entendre, faites par des poètes, des rhapsodes, des philosophes et des
historiens, — et c’est dans ces dernières réunions, dit-on ; que l’histoire d’Hérodote
fut lire publiquement par son auteur[38]. Parmi les
personnages riches et considérables dans les diverses cités, il y en avait
beaucoup qui luttaient simplement pour les victoires de chars et de chevaux.
Mais il y en avait d’autres dont l’ambition était d’un caractère plus rigoureusement
personnel, et qui se dépouillaient complètement de leurs vêtements comme
coureurs, pugiles et pancratiastes, après avoir passé auparavant par l’extrême
fatigue d’une préparation complète. Kylôn, dont la tentative malheureuse pour
usurper le sceptre à Athènes, a été racontée, avait gagné le prix dans le
stadion olympique ; Alexandre, fils d’Amyntas, prince de Macedonia, avait
couru pour l’obtenir[39] ; la grande
famille des Diagoridæ à Rhodes, qui donnait des magistrats et des généraux à
sa ville natale, fournissait un plus grand nombre encore de pugiles et de pancratiastes
heureux à Olympia, tandis qu’il se présente aussi d’autres, exemples de
généraux nommés par diverses cités et pris dans la liste des gymnastes
olympiques vainqueurs ; et les odes de Pindare, toujours payées cher,
attestent combien-il se trouvait dans cette liste d’hommes riches et
considérables[40].
La popularité et l’égalité absolues des personnes, à ces grands jeux, sont un
trait non moins remarquable que, l’attachement exact à une règle déterminée à
l’avance, et la soumission volontaire d’une foule immense à une poignée de
serviteurs armés de bâtons[41], qui exécutaient
les ordres des hellanodikæ éleiens. Le terrain sur lequel la cérémonie se
célébrait, et même le territoire de la ville qui l’administrait, étaient
protégés par une trêve de Dieu pendant le mois de la fête, dont
le commencement était annoncé dans les formes par des hérauts que l’on
envoyait de ville en ville dans les différents États. Des traités de paix
conclus entre diverses cités étaient souvent rappelés formellement par des
colonnes érigées en cet endroit, et l’impression générale de la scène ne
suggérait que des idées de paix et de fraternité parmi les Grecs[42]. Et je puis
faire remarquer que l’impression des jeux en tant qu’appartenant à tous les
Grecs, et à personne autre qu’à des Grecs, fut plus forte et plus manifeste
pendant l’intervalle de temps qui s’écoule entre 600 et 300 avant J.-C., qu’il
ne lui arriva de l’être dans |
[1] Thucydide, I, 15.
[2] Thucydide, I, 26. Voir dans Pausanias (V, 25, 1) le récit de l’ancien chœur envoyé annuellement de Messênê en Sicile par le détroit à Rhegium, pour assister à une fête locale des Rhégiens, — trente-cinq enfants avec un maître des choeurs et un joueur de flûte ; dans une occasion malheureuse, tous périrent en traversant le détroit. Pour la theôria (ou députation religieuse solennelle) envoyée périodiquement à Dêlos par les Athéniens, v. Plutarque, Nikias, c. 3 ; Platon, Phædon, c. 1, p. 58. Cf. aussi Strabon, IX, p. 419, sur le sujet en général.
[3] Homère, Iliade, XI, 879 ; XXIII, 679 ; Hésiode, Opp. Di., 651.
[4] Homère, Hymne Apoll., 150 ; Thucydide, III, 104.
[5] Pausanias, V, 6, 5 ; Élien, H. N., X, 1 ; Thucydide, III, 104. Quand Ephesos et la fête appelée Ephesia furent devenues le grand centre d’assemblée ionienne, les femmes continuèrent encore d’y assister (Denys d’Hal., A. R., IV, 25).
[6] Strabon, VIII, p. 353 ; Pindare, Olymp., VIII, 2 ; Xénophon, Helléniques, IV, 7, 2 ; III, 2, 22.
[7] V. K. F. Hermann, Lehrbuch der Griechischen Staatsalterthümer, section 10.
[8] Denys d’Halicarnasse, Ant. Rom., I, 71 ; Phlegon, De Olympiad., p. 140. Comme explication de l’importance que les Grecs attachaient aux récompenses purement honorifiques d’Olympia, et à l’honneur qu’ils acquéraient comme compétiteurs, non pour l’argent, mais pour la gloire, v. Hérodote, VIII, 26. Cf. les Scholies sur Pindare, Nem. et Isthm. Argument., p. 435-514, éd. Bœckh.
[9]
V. le sentiment, quelque peu méprisant d’Agésilas, relativement à la course de
chars, telle que
[10] Anthologie Palatine, LX, 588 ; vol. II, p. 299, Jacobs.
[11] Le mot grec primitif exprimant cette couverture (qui entourait le milieu de la main et la partie supérieure des doigts, laissant à la fois exposés les extrémités des doigts et le pouce) était ίμάς, mot signifiant courroie, lanière ou fouet de cuir : le mot spécial μύρμηξ semble avoir été introduit plus tard (Hesychius, v. Ίμάς). V. Homère, Iliade, XXIII, 686. Cestus ou cæstus est le mot latin (Virgile, Énéide, V, 404). Le mot grec κεστός est un adjectif annexé à ίμάς (Iliade, XIV, 214 ; III, 371). V. Pausanias, VIII, 40, 3, pour la description d’un incident qui amena un changement dans cette couverture de la main aux jeux Néméens : finalement elle fut rendue encore plus dure par l’addition de fer.
[12] Pindare, Olymp., V, 6 : Cf. Schol. ad Pindare, Olymp., III, 33.
V. les faits relatifs à l’Agôn Olympique rassemblés par Corsini (Dissertationes Agonisticæ, Dissert. I, sect. 8, 9, 10), et exposés encore plus abondamment, avec un excellent commentaire, par Krause (Olympia, oder Darstellung der grossen Olympischen Spiele, Wien 1838, sect. 8-11 spécialement).
[13] Homère, Hymne Apoll., 262 et 288-394 ; Pindare, Pyth., VIII, 90 ; Strabon, IX, p. 418. — Héliodore, Æthiop., II, 26. Cf. Wilh. Goette, Das Delphische Orakel (Leipzig, 1839), p. 39-42.
[14]
Βωμοί μ̕ έφερβον,
οΰπιών τ̕ άεί ξένος, dit Ion (dans Euripide, Ion, 334), l’esclave d’Apollon et l’huissier
de son temple Delphien, qui l’arrose de l’eau de
[15] Il y a un embarras considérable relativement à Krissa et à Kirrha, et il reste encore parmi les savants la question de savoir si les deux noms désignent le même endroit ou des endroits différents. O. Müller est de la première opinion (Orchomenos, p. 495). Strabon distingue les deux ; Pausanias les identifie, ne croyant pas qu’il ait jamais existé d’autre ville que le port (X, 37, 4). Mannert (Geogr. Gr. Roem., VIII, p. 148) suit Strabon, et les représente comme différents.
Cette dernière opinion me semble la vraie, d’après les
raisons et en partie aussi d’après le soigneux examen topographique du prof.
Ulrichs, qui donne un excellent exposé de tout l’aspect de Delphes (Reisen und Forschungen in Griechenland,
Bremen, 1840, eh. 1, 2, 3). Les ruines qu’il décrit, situées sur le terrain
élevé voisin de Kastri, appelées les Quarante-Saints, peuvent à bon droit être
considérées comme les ruines de Krissa ; celles de Kirrha sont sur le bord de
la mer, près de l’embouchure du Pleistos. La plaine placée en dessous pouvait
bien être appelée soit
Cette seule circonstance, à savoir, que Pindare nous donne dans trois passages séparés Κρίσα, Κρισαϊον, Κρισαίοις (Isth., II, 26 ; Pyth., V, 49 ; VI, 18), et dans cinq autres passages Κίρρα, Κίρρας, Κίρραθεν (Pyth., III, 33 ; VII, 14 ; VIII, 26 ; X, 24, XI, 20), prouve d’une manière presque certaine que les deux noms appartiennent à des endroits différents, et ne sont pas seulement deux noms différents pour le même endroit ; le poète ne pouvait avoir dans ce cas aucune raison métrique pour varier la dénomination, puisque la mesure des deux mots est la même.
[16] Athénée, XIII, p. 560 ; Eschine, cont. Ktesiphont., c. 36, p. 406 ; Strabon, IX, p. 418. Au sujet des Akragallidæ, ou Kraugallidæ, qu’Eschine mentionne avec les Kyrrhæens comme une autre race impie qui habitait dans le voisinage du dieu — et qui fut détruite en même temps que les Kyrrhæens — nous n’avons pas d`antre renseignement. Selon une conjecture de O. Müller, ils seraient identiques aux Dryopes (Dorians, I, 2, 5, et son Orchomenos, p. 496) ; Harpocration, v. Κραυγαλλίδαι.
[17] Schol. ad Pindare, Pyth., Introduct. ; Schol. ad Pindare, Nem., IX, 2 ; Plutarque, Solôn, c. 11 ; Pausanias, II, 9, 6. Pausanias (X, 37, 4) et Polyen (Stratagèmes, III, 6) rapportent un stratagème de Solôn ou d’Eurylochos, consistant à empoisonner l’eau des Kyrrhæens avec de l’ellébore.
[18] Euripide, Ion, 230.
[19] Thucydide, I, 112.
[20] M. Clinton pense que les jeux Pythiens étaient célébrés en automne : M. Bœckh en reporte la célébration au printemps : Krause est de l’avis de Bœckh (Clinton, Fast. Hell., vol. II, p. 200, Appendice ; Bœckh, ad Corp. Inscr., n° 1688, p. 813 ; Krause, Die Pythien, Nemeen und Isthmien, vol. II, p. 29-35).
L’opinion de M. Clinton me parait la seule juste. Bœckh admet qu’à l’exception de Thucydide (V, 1-19) les autres autorités tendent à soutenir cette opinion ; mais il s’appuie sur Thucydide pour l’emporter sur elles. Or, le passage de Thucydide, convenablement compris, me semble autant en faveur de l’idée de M. Clinton, sinon plus.
Je puis faire remarquer, comme une certaine raison de plus en faveur de l’idée de M. Clinton, que les Isthmia paraissent avoir été célébrés dans la troisième année de chaque Olympiade et au printemps (Krause, p. 187). Il ne semble pas probable que ces deux grandes fêtes vinssent immédiatement l’une après l’autre, ce que l’on doit néanmoins supposer, si nous adoptons l’opinion de Bœckh et de Krause.
Bien que les jeux Pythiens appartiennent à la fin de l’été ou au commencement de l’automne, le mois exact n’est pas facile à déterminer. V. les passages dans K.-F. Hermann, Lehrbuch der gottesdienstlichen Alterthümer der Griechen, ch. 49, not. 12.
[21] Démosthène, Philipp., III, p. 119.
[22] Pindare, Nem., X, 28-33.
[23] Strabon, VIII, p. 377 ; Plutarque, Aratus, c. 28 ; Mannert, Geogr. Gr. Roem., part. VIII, p. 650. Cf. le second chapitre dans Krause, Die Pythien, Nemeen und Isthmien, vol. II, p. 108 sqq.
Que les Kleônæens aient continué sans interruption à
administrer
[24] V. Bœckh, Corp. Incript., n° 1126.
[25] K.-F. Hermann, dans son Lehrbuch der Griechischen Staatsalterthümer (ch. 32, not. 7, et ch. 65, not. 3), et encore dans son ouvrage plus récent (Lehrbuch der Gottesdienstlichen Alterthümer der Griechen, part. III, ch. 49 et not. 6), publications toutes les deux d’une grande valeur, soutient — 1° que l’élévation des jeux Isthmiques et Néméens à une importance panhellénique se fit directement après la chute des despotes de Corinthe et de Sikyôn qui en fut la cause ; 2° qu’elle fut accomplie par l’influence dominante des Dôriens, spécialement par Sparte ; 3° que les Spartiates renversèrent les despotes de ces deux cités.
La dernière de ces trois propositions me parait inexacte
par rapport à Sikyôn — improbable par rapport à Corinthe : dans un précédent
chapitre j’ai donné les motifs de mon opinion. Et s’il en est ainsi, la raison
polir laquelle on suppose une intervention spartiate quant aux jeux Isthmiques
et Néméens tombe à plat ; car il n’en existe pas d’autre preuve, et Sparte ne
parait s’être intéressée à aucune des quatre fêtes nationales, excepté à
Je ne puis pas non plus croire que la première des trois propositions d’Hermann soit du tout soutenable. On ne peut prouver ale rapport quelconque entre Sikyôn et les jeux Néméens ; et ce qui rend d’autant plus improbable dans ce cas que les Sikyoniens auraient été actifs, c’est que sous Kleisthenês, un peu auparavant, ils avaient contribué à nationaliser les jeux Pythiens ; on ne doit pas supposer une seconde intervention dans un but semblable sans quelque preuve. Pour prouver ce qu’il avance au sujet des Isthmia, Hermann ne cite qu’un passage de Solinus (VII, 14) : Hoc spectaculum, per Cypselum tyrannum intermissum, Corinthii Olymp. 49 solemnitati pristinæ reddiderunt. Pour rendre ce passage quelque peu croyable, nous devons lire Cypselidas au lieu de Cypselum, ce qui diminue la valeur d’un témoin dont le témoignage ne peut jamais dans aucune circonstance être estimé beaucoup. Mais en accordant ce changement, il y a deux raisons contre l’assertion de Solinus. L’une, raison positive, c’est que Solôn offrit une récompense considérable à des vainqueurs athéniens dans les jeux Isthmiques ; sa législation tombe en 594 avant J.-C., dix ans avant le temps où les Isthmia furent, suivant ce que dit Solinus, renouvelés après un long intervalle. L’autre raison (négative, bien qu’à mes yeux aussi puissante) est le silence d’Hérodote dans cette longue invective qu’il met dans la bouche de Sosiklês contre les Kypsélides (V. 92). Si Kypselos avait été réellement coupable d’une aussi grande insulte aux sentiments du peuple en supprimant leur fête la plus solennelle, le fait aurait difficilement été omis dans l’accusation que, suivant l’historien, Sosiklês porta contre lui. Aristote, à la vérité, en représentant Kypselos comme un despote doux et populaire, offre un aspect opposé de son caractère, qui, si nous l’admettons, suffirait seul à réfuter la supposition qu’il avait supprimé les Isthmia.
[26] Plutarque, Aratus, c. 28.
[27] Festus, v. Perihodos, p. 217, éd. Müller. V. la protestation animée du philosophe Xenophanês contre les grandes récompenses données aux vainqueurs olympiques (540-520 av. J.-C), Xénophane, Fragm. 2, p. 357, éd. Bergk.
[28] Thucydide, VI, 16.
Les grandes fêtes Panatheniea sont attribuées à Pisistrate par le Scholiaste d’Aristeidês, vol. III, p. 323, éd. Dindorf. En jugeant d’après ce qui précède immédiatement, le renseignement semble venir d’Aristote.
[29] Simonide, Fragm. 154-158, éd. Bergk ; Pindare, Nem., X, 45 ; Olymp., XIII, 107.
L’athlète distingué Theagenês avait gagné, assure-t-on, 1.200 prix dans ces divers agônes ; selon quelques-uns, 1.400 prix (Pausanias, VI, 11, 2 ; Plutarque, Præcept. Reip. Ger., c. 15, p. 811).
Un athlète appelé Apollonius arriva trop tard pour les jeux Olympiques, étant resté absent trop longtemps par le désir qu’il avait de gagner de l’argent à divers agônes en Iônia (Pausanias, V, 21, 5).
[30] V. particulièrement le traité conclu entre les habitants de Latos et ceux d’Olonte en Krête, dans le Corp. Inscript., n° 2554, de Bœckh, où cette réciprocité est stipulée expressément. Bœckh place cette inscription dans le troisième siècle avant J.-C.
[31] Timée, Fragm. 82, éd. Didot. Les Krotoniates fournirent un grand nombre de vainqueurs tant aux jeux Olympiques qu’aux jeux Pythiens (Hérodote, VIII, 47 ; Pausanias, X, 5, 5 - X, 7, 3 ; Krause, Gymnastik und Agonistik der Hellenen, vol. III, sect. 29, p. 752).
[32] Hérodote, XIII, 65.
Hérodote mentionne comme quelque chose de spécial l’exclusion de tous les compétiteurs natifs de Lampsakos, des jeux célébrés dans la Chersonèse en l’honneur de l’œkiste Miltiadês (Hérodote, VI, 38).
[33] V. les remarques sur la manière dont les Lacédæmoniens décourageaient les visiteurs étrangers à leurs fêtes publiques, dans le discours que Thucydide fait prononcer à Periklês (Thucydide, II, 39).
Lichas le Spartiate se fit un grand renom en traitant d’une manière hospitalière les étrangers qui venaient aux Gymnopædiæ à Sparte (Xénophon, Memorab., I, 2, 61 ; Plutarque, Kimôn, c. 10) ; — récit qui prouve que quelques étrangers venaient aux fêtes spartiates, mais qui démontre aussi qu’ils n’étaient pas bien nombreux, et que leur témoigner des sentiments hospitaliers était une différence frappante avec le caractère général des Spartiates.
[34] Aristote, Poetic., c. 3 et 4 ; Maxime de Tyr, Diss. XXI, p. 215 ; Plutarque, De Cupidine Divitiarum, c. 8, p. 527 : cf. le traité Quod non potest suaviter vivi secundum Epicurum, c. 16, p. 1098. Les vieux oracles cités par Démosthène, Cont. Meindiam (c. 15, p. 531, et cont. Makartat., p. 1072 : V. aussi la note de Buttmann sur le premier passage) donnent l’idée de l’ancienne fête athénienne dans sa simplicité.
[35] Plutarque, Solôn, c. 29 : V. tom. IV, ch. 4.
[36] L’orateur Lysias, dans un Fragment conservé par Denys d’Halicarnasse, de son panégyrique aujourd’hui perdu, (vol. V, p. 520 R), décrit l’influente des jeux avec beaucoup de force et de simplicité.
[37] Cicéron, Tusc. Quæst., V, 3 : Mercatum eum qui haberetur maximo ludorum apparatu totius Græciæ celebritate : nam ut illic alii corporibus exercitatis gloriam et nobilitatem coronæ peterent, alii emundi aut vendendi quæstu et lucro ducerentur, etc.
Velleius Paterculus aussi (I, 8) et Justin (XIII, 5) appellent tous deux la fêté olympique du nom de Mercatus.
Il y avait des baraques tout à l’entour de l’Altis, ou enceinte sacrée de Zeus (Schol. Pindare, Olymp., XI, 55) pendant le temps des jeux.
Strabon fait observer avec justesse, relativement aux fêtes fréquentées par la multitude en général : — Ή πανήγυρις, έμπορικόν τι πράγμα (X, p. 486), spécialement par rapport à Délos. V. Cicéron, Pro Lege Maniliâ, c. 18 ; cf. Pausanias, X, 32, 9, au sujet de la Panegyris et de la foire à Tithoren en Phokis, et Becker, Chariklês, vol. I, p. 283.
A la fête attique des Hêrakleia, célébrée par la société appelée Mesogei, c’est-à-dire par un certain nombre de dêmes constituant Mesogæa, nu droit de marché réglé, ou άγοραστικόν, était levé sur ceux qui apportaient des marchandises à vendre (Inscriptiones Atticæ nuper repertæ 12, par E. Curtius, p. 3-7).
[38] Pausanias, VI, 23, 5 ; Diodore, XIV, 109 ; XV, 7 ; Lucien, Quomodo, historia sit conscribenda, c. 42. V. Krause, Olympia, sect. 29, p. 183-186.
[39] Thucydide, I, 120 ; Hérodote, V, 22-71. Eurybatês d’Argos (Hérodote, VI, 92) ; Philippos et Phayllos de Krotôn (V, 47 ; VIII, 47) ; Eualkidês d’Eretria (V, 102) ; Hermolykos d’Athènes (IX, 105).
Pindare (Nem., IV et VI) donne les nombreuses victoires des Bassidæ et des Theandridæ à Ægina ; également Melissos le pancratiaste et ses ancêtres les kleonymidæ de Thèbes (Isthm., III, 25).
Relativement à l’extrême célébrité de Diagoras et de ses fils, de la gens rhodienne Eratidæ, de Damagêtos, d’Akusilaos et de Doriens, V. Pindare, Olymp., VII, 16-145, avec les Scholies ; Thucydide, III, 11 ; Pausanias, VI, 7, 1, 2 ; Xénophon, Helléniques, I, 5, 19 : cf. Strabon XIV, p. 655.
[40]
Les écrivains latins font remarquer comme particularité du sentiment grec, en
tant que distingué du sentiment romain, que des hommes d’un rang élevé
regardaient comme mi honneur de lutter dans les jeux. V. comme spécimen,
Tacite, Dialogus de Orator., c.
[41] Lichas, un des hommes principaux de Sparte, et de plus un vainqueur à la course des chars, reçut réellement un châtiment sur place, infligé par ces agents, pour une infraction aux règlements (Thucydide, V, 50).
[42]
Thucydide, V, 18-47 et la curieuse et ancienne inscription dans le Corpus
Inscr., n° 11, p. 28 de Bœckh, rappelant la convention faite entre les Eleiens
et les habitants de
La comparaison de divers passages ayant trait aux Olympia, aux Isthmia et aux Nemea (Thucydide, III, 11 ; VIII, 9, 10 ; V, 49-51, et Xénophon, Helléniques, IV, 7, 2 ; V, 1, 29) montre que de sérieuses affaires politiques étaient souvent discutées h ces jeux, — que des diplomates profitaient des relations dans la pensée de découvrir les secrets desseins des États qu’ils suspectaient, — et que l’État administrateur pratiquait souvent des manoeuvres par rapport aux obligations de la trêve convenue pendant la Hieromonia ou période sainte.