HISTOIRE DE LA GRÈCE

QUATRIÈME VOLUME

CHAPITRE V — EUBŒA. - CYCLADES.

 

 

Dans la partie ionienne de la Hellas on doit compter (outre Athènes) l’Eubœa et le nombreux groupe d’îles renfermées entre le promontoire Eubœen, le plus au sud, la côte orientale du Péloponnèse et la côte nord-ouest de la Krête. Parmi ces îles, quelques-unes doivent être considérées comme des prolongements avancés, dans une direction sud-est, du système des montagnes de l’Attique ; d’autres de celui de l’Eubœa ; tandis qu’un certain nombre d’entre elles se trouvent séparées de l’un et de l’autre système, et semblent avoir une origine volcanique[1]. A la première classe appartiennent Keôs, Kythnos, Seriphos, Pholegandros, Sikinos, Gyaros, Syra, Paros et Antiparos ; à la seconde classe, Andros, Tênos, Mykonos, Dêlos, Naxos, Amorgos ; à la troisième classe, Kimôlos, Mêlos, Thêra. Ces îles portaient chez les anciens les noms généraux de Cyclades et de Sporades ; la première dénomination, comme on l’entendait communément, comprenant celles qui entouraient immédiatement file sacrée de Dêlos, la seconde étant donnée à celles qui se trouvaient plus dispersées et séparées. Mais les noms ne sont pas appliqués d’une manière uniforme ou constante même dans les temps anciens : aujourd’hui tout le groupe est habituellement connu sous le nom de Cyclades.

La population de ces îles était appelée ionienne, à l’exception de celle de Styra et de Karistos, dans la partie méridionale de l’Eubœa et de l’île de Kythnos, qui étaient peuplées par des Dryopes[2], même tribu que celles qui ont déjà été remarquées dans la péninsule Argolique, et à l’exception aussi de Mêlos et de Thêra, qui étaient des colonies de Sparte.

L’île d’Eubœa, longue et étroite comme la Krête, et présentant une épine continue de hautes montagnes courant du nord-ouest au sud-est, est séparée de la Bœôtia à un seul point par un détroit si resserré (célèbre dans l’antiquité sous le nom de l’Euripos) que les deux pays furent rattachés, pendant une grande partie de la période historique de la Grèce, par un pont construit pendant les derniers temps de la guerre du Péloponnèse par les habitants de Chalkis[3]. Le manque général de largeur laisse peu de place pour des plaines. La surface de file consiste principalement en montagnes, en rochers, en vallons et en ravins ; propres en beaucoup d’endroits aux pâturages, mais rarement convenables à la culture des grains ou à l’établissement des habitations de ville. Il y avait cependant quelques plaines d’une grande fertilité, spécialement celle de Lelanton[4], touchant à la mer près de Chalkis, et allant de cette cité dans une direction méridionale vers Eretria. Chalkis et Eretria, situées toutes les deux sur la côte occidentale, et toutes les deux occupant des parties de cette plaine fertile, étaient les deux principaux endroits de file ; le domaine de chacune semble s’être étendu dans la largeur de l’île d’une mer à l’autre[5]. Vers l’extrémité septentrionale de l’île était située Histiæa, appelée plus tard Oreus, — aussi bien que Kêrinthos et Dion : Athênæ Diades, Ædêpsos, Ægæ et Orobiæ sont également mentionnées comme étant situées sur la i ôte nord-ouest, en face de la Lokris. On nous apprend que Dystos, Styra et Karystos étaient dans la partie de l’île au sud d’Eretria — les deux dernières situées vis-à-vis des dèmes attiques Halæ Araphênides et Prasiæ[6]. La vaste étendue de l’île d’Eubœa était ainsi répartie entre six ou sept villes, la partie centrale plus considérable appartenant à Chalkis et à Eretria. Mais les vastes terres montagneuses, propres seulement aux pâturages pendant l’été — terres publiques en grande partie, louées pour le pâturage à des propriétaires qui avaient le moyen de se procurer ailleurs la nourriture d’hiver pour leur bétail ; — ces terres, disons-nous, n’étaient jamais visitées par personne que par les bergers. Elles n’étaient guère mieux connues des bourgeois résidant à Chalkis et à Eretria que si elles avaient été situées de l’autre côté de la mer Ægée[7].

Les villes d’Eubœa mentionnées plus haut ; excepté Athenæ Diades, trouvent toutes une place dans l’Iliade. Fous ne connaissons aucune particularité de leur histoire que bien longtemps après 776 avant J.-C. Elles nous sont présentées pour la première fois comme ioniennes, bien que dans Homère les habitants en soient nommés Abantes. Les auteurs grecs ne sont jamais en peine pour nous donner l’étymologie d’un nom. Tandis qu’Aristote nous dit que les Abantes étaient des Thraces qui avaient passé dans l’île en partant d’Abæ en Phokis, Hésiode fait dériver le nom d’Eubœa de la vache Iô[8]. Hellopia, district près d’Histiæa, avait été fondée, disait-on, par Hellops, fils d’Ion ; selon d’autres, Æklos et Kothos, deux Athéniens[9], étaient les fondateurs, le premier d’Eretria, le second de Chalkis et de Kêrinthos : et l’on nous dit que, parmi les dêmes de l’Attique, il y en avait deux nommés Histiæa et Eretria, d’où étaient tirées, selon quelques-uns, les dénominations des deux villes eubœennes. Bien qu’Hérodote représente la population de Styra comme dryopienne, il y en avait d’autres qui prétendaient due la ville avait dans l’origine reçu ses habitants de Marathôn et de la Tetrapolis de l’Attique, et en partie du dème appelé Steireïs. Les principaux écrivains que consultait Strabon semblent faire remonter la population de l’Eubœa, par un moyen ou par un autre, à une origine attique. , bien qu’il y eût des particularités dans le dialecte éréarien qui donnaient lieu de supposer qu’à elle s’étaient joints des colons venus d’Elis ou de Makistos en Triphylia.

Les indices historiques les plus anciens que nous ayons représentent Chalkis et Eretria comme les cités ioniennes les plus riches, les plus puissantes et les plus entreprenantes de la Grèce européenne, — surpassant apparemment Athènes et n’étant inférieures ni à Samos ni à Milêtos. Outre la fertilité de la plaine Lelanton, Chalkis possédait l’avantage de minerai de cuivre et de fer, que l’on obtenait dans le voisinage immédiat et de la cité et de la mer, et que ses citoyens fondaient et convertissaient en armes et autres engins, avec un résultat très profitable. L’épée de Chalkis acquit un renom distinctif[10]. Plusieurs des autres îles participaient à cette source de richesses minérales. Le minerai de fer se trouve à Keôs, à Kythnos et à Seriphos, et il y a encore dans cette dernière île des traces évidentes de fonte considérable anciennement en activité[11]. De plus, à Siphnos, il y avait dans les temps reculés des veines d’or et d’argent qui procurèrent aux habitants de grandes richesses ; cependant leurs immenses acquisitions, attestées par la grandeur de la dîme[12], qu’ils offrirent au temple de Delphes, n’eurent qu’une durée temporaire, et appartiennent principalement au septième et au sixième siècle avant l’ère chrétienne. L’île de Naxos aussi était à une époque reculée riche et populeuse. Andros, Tenôs, Keôs et plusieurs autres îles furent à une certaine époque dans la dépendance d’Eretria[13] ; d’autres îles semblent avoir été également dépendantes de Naxos, qui, à l’époque précédant immédiatement la révolte de l’Iônia, possédait des forces maritimes importantes et pouvait réunir huit mille citoyens pesamment armés[14], troupe très considérable pour une cité grecque seule. Les forces militaires d’Eretria n’étaient pas inférieures de beaucoup ; car dans le temple d’Artémis Amarynthienne, près d’un mille (un kilomètre et demi) de la cité, auquel les Erétriens avaient l’habitude de se rendre en procession solennelle pour célébrer la fête de la déesse, il y avait une ancienne colonne dont l’inscription portait que la procession, n’avait pas compté moins de trois mille hoplites, de six cents cavaliers et de soixante chariots[15]. On ne peut connaître la date de cette inscription ; mais elle ne peut guère être antérieure a la quarante-cinquième Olympiade, ou 600 avant J.-C., — à peu près vers le temps de la législation Solonienne. Chancis était encore plus puissante qu’Eretria ; toutes deux furent dans les temps anciens gouvernées par une oligarchie, qui chez les Chalkidiens s’appelait les Hippobotæ, ou Éleveurs de chevaux, — probablement propriétaires de la plus grande partie de la plaine appelée Lelanton, et se servant des montagnes adjacentes comme pâturages d’été pour leurs troupeaux. L’étendue de leurs propriétés est attestée par le nombre considérable de quatre mille eu hommes libres étrangers, qu’Athènes établit sur leurs terres après la victoire gagnée sur eux, quand ils aidèrent Hippias ex-pulsé, dans ses efforts pour regagner le sceptre athénien[16].

Bornant notre attention, comme nous le faisons maintenant, aux deux premiers siècles dé l’histoire grecque, c’est-à-dire à l’intervalle qui sépare 776 avant J.-C. de 560 avant J.-C., il n’y a guère de faits que nous puissions produire pour déterminer la condition de ces îles Ioniennes. On peut cependant mentionner deus ou trois circonstances qui contribuent à confirmer l’idée que nous avons de leurs richesses et de leur importance d’autrefois.

1. L’hymne Homérique à Apollon nous présente file de Dêlos comme le centre de la grande fête périodique en l’honneur d’Apollon, célébrée par toutes les cités, insulaires et continentales, du nom Ionien. Quelle est la date de cet hymne ? C’est ce que nous n’avons pas le moyen de déterminer. Thucydide le cite sans hésitation comme l’œuvre d’Homère ; et sans doute il était de son temps universellement admis comme tel, — bien que des critiques modernes s’accordent à regarder cet hymne et les autres comme postérieurs de beaucoup à l’Iliade et à l’Odyssée. Toutefois il ne peut probablement pas être plus récent que l’an 600 avant J.-C. La description des visiteurs ioniens qui nous est présentée dans cet hymne est magnifique et imposante. Le nombre de leurs navires, l’étalage de leur toilette, la beauté de leurs femmes, les représentations athlétiques aussi bien que les luttes de chant et de danse, — tous ces détails, nous dit-on, faisaient une impression ineffaçable sur le spectateur[17] : Les Ioniens assemblés semblent être à l’abri des atteintes de la vieillesse ou de la mort. Telle était la magnificence dont Dêlos était périodiquement le théâtre, inspirant les chants et le génie poétique non seulement de bardes ambulants, mais encore des vierges Dêliennes dans le temple d’Apollon, pendant le siècle qui précède 560 avant J.-C. A cette époque, c’était la grande fête centrale des Ioniens en Asie et en Europe ; elle était fréquentée par, les douze cités ioniennes de l’Asie Mineure et de son voisinage, aussi bien que par Athènes et Chalkis en Europe. Elle n’avait pas encore été supplantée par les Ephesia comme fêtes exclusives de ces villes asiatiques, et les Panathenæa d’Athènes n’avaient pas non plus atteint l’importance qui, dans la suite, finit par leur appartenir quand la puissance athénienne fut à son apogée.

Nous trouvons et Polykratês de Samos, et Pisistrate d’Athènes prenant un vif intérêt à la sainteté de Délos et à la célébrité de sa fête[18]. Mais ce fut en. partie l’élévation de ces deux grands despotes ioniens, en partie les conquêtes des Perses en Asie Mineure, qui détruisirent l’indépendance des nombreuses petites cités ioniennes pendant la dernière moitié du sixième siècle avant l’ère chrétienne ; c’est pour cela que la grande fête de Délos perdit insensiblement de son, importance. Bien qu’elle ne fût jamais complètement suspendue, elle fut dépouillée de beaucoup de ses ornements antérieurs, et spécialement de ce qui formait le premier de tous, — la foule de joyeux visiteurs. Et lorsque Thucydide mentionne la tentative faite par les Athéniens pendant la guerre du Péloponnèse, à l’apogée de leur suprématie navale, pour faire revivre la fête Dêlienne, il cite l’hymne Homérique à Apollon comme une preuve certaine de sa splendeur passée et oubliée depuis longtemps. Nous remarquons que même lui ne pouvait trouver de meilleure preuve que cet hymne pour les affaires grecques antérieurement à Pisistrate, et nous pouvons reconnaître par là combien l’histoire de cette époque était imparfaitement connue des hommes qui prirent part à la guerre du Péloponnèse. L’hymne est excessivement précieux comme document historique, en ce qu’il nous atteste une gloire transitoire et une vaste association des Grecs ioniens des deux côtés de la mer ,Egée ; union que détruisirent les conquêtes des Lydiens d’abord, et plus tard celles des Perses ; — temps où les cheveux de l’Athénien opulent étaient décorés d’ornements d’or, et sa tunique faite de lin[19], comme celle des Milésiens et des Ephésiens, au lieu du costume plus sévère et des vêtements de laine qu’il copia dans la suite sur Sparte et le Péloponnèse ; — temps aussi où le nom Ionien n’avait pas encore contracté cette tache de mollesse et de lâcheté qui y était imprimée à l’époque d’Hérodote et de Thucydide, et qui provint en partie de la conquête des Ioniens asiatiques par la Perse, en partie de l’antipathie des Dôriens du Péloponnèse pour Athènes. L’auteur de l’hymne Homérique, en décrivant les superbes Ioniens qui accouraient de son temps à la fête Délienne, n’aurait guère pu prévoir un temps à venir où le nom d’Ionien deviendrait un reproche tel, que les Grecs européens, auxquels il appartenait réellement, désiraient le désavouer[20].

2. Il est un autre fait explicatif se rapportant à la fois aux Ioniens en général, et à Chalkis et à Eretria en particulier, dans le siècle antérieur à Pisistrate : c’est la guerre que se firent ces deux villes au sujet de la fertile plaine de Lelanton, qui s’étendait entre elles deux. En général, à ce qu’il semble, ces deux cités importantes entretenaient des relations de bonne intelligence. Mais il y eut quelques occasions de dispute, et une en particulier qui fut suivie d’une guerre formidable, plusieurs alliés se joignant à chacune d’elles. Il est à remarquer que ce fut la seule guerre connue de Thucydide (avant la conquête des Perses), qui eût eu plus d’importance qu’une simple querelle entre voisins, et dans laquelle tant d’États différents eussent manifesté une disposition à intervenir, au point de lui donner un caractère semi-hellénique[21]. Quant aux alliés de chaque parti dans cette occasion, nous savons seulement que les Milésiens prêtèrent assistance à Eretria, et les Samiens, aussi bien que les Thessaliens et les colonies chalkidiques en Thrace, à Chalkis. Une colonne, encore visible du temps de Strabon dans le temple d’Artemis Amarynthienne, près d’Eretria, rappelait la convention, faite mutuellement par les deux parties belligérantes, de s’abstenir d’armes de trait, mais de d’employer que des armes d’hast. Les Erétriens étaient, dit-on, supérieurs en cavalerie, mais ils furent vaincus dans la bataille : la tombe de Kleomachos de Pharsalos, guerrier distingué qui avait péri dans la cause des Chalkidiens, fut élevée dans l’agora de Chalkis. Nous ignorons la date, la durée ou les particularités de cette guerre[22] ; Mais il paraît que les Erétriens furent battus, bien que leur cité conservât toujours son rang comme le second État de l’île. Chalkis fut décidément la première et continua d’être florissante, populeuse et commerçante, longtemps après avoir perdu son importance politique, durant toute la période de l’histoire indépendante de la Grèce[23].

3. Nous recueillons d’autres preuves de l’importance de Chalkis et d’Eretria, pendant le septième siècle et une partie du huitième avant l’ère chrétienne, — en partie dans les nombreuses colonies qu’elles fondèrent (et dont je m’occuperai dans un des chapitres suivants), — en partie dans l’empire que prit l’échelle euboïque de poids et de monnaies dans une portion considérable de la Grèce. M. Bœckh a montré pour la première fois dans sa Métrologie, quelles étaient les quantités et les proportions de cette échelle. Elle était d’origine orientale, et l’or recueilli par Darius en tribut dans toute l’étendue du vaste empire des Perses devait être payé en talents euboïques. Ses divisions — le talent égal à 60 mines, la mine égale à 100 drachmes, la drachme égale à 6 oboles — étaient les mêmes que celles de l’échelle appelée æginæenne, introduites par Pheidôn d’Argos. Mais les 6 oboles de la drachme eubœenne contenaient un poids d’argent égal seulement à 5 oboles d’Ægina ; de sorte que les dénominations euboïques — drachme, mine et talent — n’égalaient que les cinq sixièmes des mêmes dénominations dans l’échelle æginæenne. C’était l’échelle euboïque qui prévalut à Athènes avant l’altération des monnaies introduite par Solôn ; altération — montant à environ 27 pour 100, comme nous l’avons signalé dans un chapitre précédent — qui créa une troisième échelle appelée l’échelle attique, distincte et de l’æginæenne et de l’euboïque — et étant vis-à-vis de la première dans le rapport de 3 :5, et vis-à-vis de la seconde dans le rapport de 18 :25. Il paraît évident que l’échelle euboïque fut adoptée par les Ioniens, grâce à leurs relations avec les Lydiens[24] et autres Asiatiques, et qu’elle finit par être naturalisée dans leurs cités sous le nom d’Euboïque, parce que Chalkis et Eretria étaient les États qui exerçaient le commerce le plus actif dans la mer Ægée, — exactement comme le commerce supérieur d’Ægina, dans les États dôriens, avait donné à l’échelle introduite par Pheidôn d’Argos le nom d’Æginæenne. Le fait de cette dénomination indique un temps où ces deux cités eubœennes surpassaient Athènes eu puissance maritime et en relations commerciales étendues, et oh elles étaient au premier rang des cités ioniennes dans toute la. Grèce. L’échelle euboïque, après avoir été altérée par Solôn quant au monnayage et à l’argent, resta encore en usage à Athènes pour les marchandises. La mine de commerce attique garda son poids euboïque primitif[25].

 

 

 



[1] V. Fiedler, Reisen durch Griechenland, vol. II, p. 87.

[2] Hérodote, VIII, 46 ; Thucydide, VII, 57.

[3] Diodore, XIII, 47.

[4] Callimaque, Hymn. ad Delum, 289, avec une note de Spanheim ; Théognis, v. 888. Théophraste, Hist. Plant., 8, 5. V. Leake, Travels in Northern Greece, vol. II, c. 14, p. 254, sq. Le passage de Théognis amène à croire que Kêrinthos formait une partie du territoire de Chancis.

[5] Skylax (c. 59) regarde l’île de Skyros comme placée en face d’Eretria, dont le territoire doit conséquemment avoir renfermé une portion de la côte orientale de l’Eubœa, aussi bien que la côte occidentale. Il ne reconnaît que quatre villes dans l’île — Karystos, Eretria, Chalkis et Hestiæa.

[6] Minnert, Geograph. Gr. Roem., part. VIII, liv. I, c. 16, p. 248 ; Strabon, X, p. 445-449.

[7] Le septième Discours de Dion Chrysostome, qui décrit son naufrage près du cap Kaphareus, dans l’île d’Eubæa, et l’abri ainsi que la bienveillance qu’il trouva auprès d’un chasseur pauvre des montagnes ; offre un des tableaux les plus intéressants qui nous restent de cette portion purement rustique de la population grecque (Or. VII, p. 221 sq.) — hommes n’entrant jamais dans la ville, et étrangers aux habitudes, aux mœurs et au costume qui y dominaient, — hommes qui buvaient du lait et se couvraient de peaux (Euripide, Elektr., 169), possédant néanmoins encore (à ce qu’il semble) le droit de cité (p. 238), qu’ils n’exerçaient jamais. L’industrie des pauvres gens visités par Dion avait mis en culture un petit jardin et un petit champ dans un lieu désert près de Kapharens.

Deux tiers du territoire de cette cité eubœenne consistaient en montagnes stériles (p. 232) ; ce doit probablement avoir été Karistos.

Les hautes terres de l’Eubœa étaient à la fois inhabitées et d’un accès difficile, même du temps de la bataille du Marathôn, lorsque Chnikis et Eretria n’étaient pas encore beaucoup déchues du maximum de leur puissance : les habitants d’Eretria regardaient τά άκοα τής Εύβοίης comme un refuge contre l’armée des Perses commandée par Datis (Hérodote, VII, 100).

[8] Strabon, X, p. 445.

[9] Plutarque, Quæst. Græc., p. 296 Strabon, X, p. 466 (dont les assertions sont très embarrassées) ; Velleius Paterculus, I, 4.

Selon Skymnus de Chios (v. 572), Chalkis fut fondée par Pandôros, fils d’Erechtheus, et Kêrinthos par Kothôn, d’Athènes.

[10] Strabon, X, p. 446 — Πάρ δέ Χαλκιδικαι σπάθαι (Alcée, Fragm. 7, Schneidewin) — Χαλκιδινόν ποτήριον (Aristophane, Equit., 237) — appartient certainement à Chalkis Eubœenne, non à Chalkidikê de Thrace. Bœckh, Staatshaushalt. der Athener, vol. II, p. 281. App. XI, cite Χαλκιδικά ποτηρία dans une inscription : cf. Steph. Byz., Χαλκις. — Ναυσικλείτης Εύβοίης, Homère, Hymne à Apollon, 219.

[11] V. l’exposé minéralogique des îles dans Fiedler (Reisen, vol. II ; p. 88, 118, 562).

Le minerai de cuivre et de fer près de Chalkis avait cessé d’être exploité même da temps de Strabon : Fiedler indique la situation probable (vol. I, p. 413).

[12] Hérodote, III, 57. Siphnos, cependant, avait encore de grandes richesses et beaucoup d’importance vers 330 avant J.-C. — V. Isocrate, Or. XIX (Ægin.) s. 9-47. Les Siphniens, dans un moment malheureux, eurent le tort de ne pas offrir leur dîme : bientôt la mer se jeta dans les mines et les mit pour toujours hors d’état d’être exploitées (Pausanias, X, 11, 2).

[13] Strabon, X, p. 418.

[14] Hérodote, V, 31, cf. les descriptions de ces diverses îles dans les récents voyages du professeur Ross, Reisen auf den Griechischen Inselu, vol. I, lettre 2 ; vol. II, lettre 15.

La population de Naxos est aujourd’hui d’environ 11.000 âmes ; celle d’Andros de 15.000 (Ross, vol. I, p. 28 ; vol. II, p. 22).

Mais l’étendue et la fertilité de la Plaine de Naxos suffisent parfaitement à cette population réunie de 100.000 âmes, que semble impliquer le récit d’Hérodote.

[15] Strabon, l. c.

[16] Hérodote, V, 77 ; Aristote, Fragm. Περί Πολιτειών, éd. Neumann, p. 111-112 : cf. Aristote, Politique, IV, 3, 2.

[17] Homère, Hymne à Apollon Del., 146-176 ; Thucydide, III, 101.

[18] Thucydide, III, 104.

[19] Thucydide, I, 143.

[20] Hérodote, I, 143. — assertion incontestable par rapport aux temps qui précédent immédiatement Hérodote, mais non pas également admissible par rapport à des temps plus anciens. Cf. Thucydide, I, 124 (avec la Scholie), et encore V, 9 ; VIII, 25.

[21] Thucydide, I, 15. Thucydide ne peut pas avoir cru que la seconde guerre messénienne ait engagé de chaque côté autant d’alliés que le représente Pausanias.

[22] Strabon, VIII, p. 448 ; Hérodote, V, 99 ; Plutarque, Amator., p. 760, — important en ce qu’il cite Aristote.

Hésiode passa d’Askra à Chalkis (à l’occasion des Jeux funèbres célébrés par les fils d’Amphidamas en l’honneur de leur père, décédé) et gagna un trépied pour prix des vers qu’il chanta ou récita (Opp. Di., 656). Suivant les Scholies, Amphidamas était un roi de Chalkis, qui périt dans la guerre contre Eretria relativement à Lelanton. Mais il paraît que Plutarque rejetait ces vers comme apocryphes, bien qu’il reconnaisse Amphidamas comme un vigoureux défenseur de Chalkis dans cette guerre. V. Septem Sapient. Conviv., c. 10, p. 153.

Cette visite d’Hésiode à Chalkis était représentée comme la : scène de sa lutte poétique avec Homère et de sa victoire sur ce poète (V. le Certamen Hom. et Hes., p. 315, éd. Goettl.).

[23] V. la frappante description de Chalkis, donnée par Dicéarque dans le Βίος Έλλάδος (Fragm., p. 146, éd. Fuhr).

[24] Hérodote, I, 94.

[25] V. la Métrologie de Bœckh, c. 8 et 9.