QUATRIÈME VOLUME
J’ai décrit dans les deux derniers chapitres, autant que
le permettent les preuves imparfaites que nous possédons, comment Sparte
devint maîtresse et de la partie méridionale de La région centrale du Péloponnèse, appelée Arkadia, n’avait
jamais reçu d’immigrants du dehors. Ses habitants indigènes, race forte et
hardie de montagnards, la tribu hellénique la plus nombreuse dans Tegea et Mantineia tenaient dans une sorte de dépendance
plusieurs de ces petits municipes arkadiens voisins d’elles, et désiraient
vivement étendre cet empire sur d’autres : pendant la guerre du Péloponnèse,
nous trouvons les Messêniens établissant et garnissant de troupes une
forteresse à Kypsela chez les Parrhasii, prés du lieu où plus tard fut fondée
Megalopolis[10].
Mais, à cette époque, Sparte, comme chef politique de Il a été nécessaire d’attirer ainsi l’attention dû lecteur pour un moment sur des événements bien postérieurs dans l’ordre des temps (Megalopolis fut fondée en 370 av. J.-C.) afin qu’il put comprendre, par comparaison, la marche générale de ces incidents du temps passé, où manquent dés renseignements directs. La frontière septentrionale du territoire spartiate était formée par quelques-uns des nombreux petits municipes ou districts arkadiens, dont plusieurs furent successivement conquis par les Spartiates et incorporés flans leur empire, bien qu’il nous soit impossible de dire à quelle époque précise. On nous dit que Charilaos, le prétendu neveu et pupille de Lykurgue, prit Ægys, et qu’il envahit aussi le territoire de Tegea, mais avec un mauvais succès singulier ; car il fut vaincu et fait prisonnier[15]. Nous apprenons aussi que les Spartiates prirent Phigaleia par surprise dans la trentième Olympiade, mais qu’ils en furent chassés par les Oresthasiens Arkadiens du voisinage[16]. Pendant la seconde guerre Messênienne, on représente les Arkadiens comme secondant cordialement les Messêniens ; et il paraîtra peut-être singulier que, tandis que ni Mantineia, ni Tegea, ne sont mentionnées dans cette guerre, la ville d’Orchomenos plus éloignée, avec son roi Aristokratês, marche en avant. Mais les faits de la lutte se présentent à nous avec une couleur si poétique, que nous ne pouvons pas nous permettre d’en tirer aucune conclusion positive quant aux temps auxquels on les rapporte. Œnos[17] et Karystos semblent avoir appartenu aux Spartiates du temps d’Alkman ; de plus, le district appelé Skiritis, confinant avec le territoire de Tegea, aussi bien que Belemina et Maleatis, à l’ouest, et Karyæ à l’est et au sud-ouest de Skiritis, formant tous ensemble la frontière septentrionale entière de Sparte, et tous occupés par des habitants arkadiens, avait été conquis et annexé au territoire spartiate[18] antérieurement à 600 avant J.-C. Et Hérodote nous dit qu’à cette époque les rois spartiates Leon et Hegesiklês n’avaient rien moins en vue que la conquête de l’Arkadia entière, et qu’ils envoyèrent demander à l’oracle de Delphes de bénir leur entreprise[19]. La prêtresse repoussa leurs désirs, comme extravagants, quant à toute l’Arkadia ; mais elle les encouragea, avec les équivoques habituelles de son langage, è. essayer leur fortune contre Tegea. Exaltés par le cours de leurs succès antérieurs, non moins que par le sens favorable qu’ils donnèrent aux paroles de l’oracle, les Lacédæmoniens marchèrent contre Tegea, confiants tellement dans le succès qu’ils emportèrent avec eux des chaînes pour en charger les prisonniers qu’ils s’attendaient à faire. Mais le résultat fut un désappointement et une défaite. Ils furent repoussés avec perte, et les prisonniers qu’ils laissèrent derrière eux, chargés des mêmes chaînes que leur propre armée avait apportées, furent contraints à des travaux serviles dans la plaine de Tegea ; les paroles de l’oracle étant ainsi littéralement accomplies, bien que dans un sens différent de celui dans lequel les Lacédæmoniens les avaient d’abord comprises[20]. Pendant une génération entière, nous dit-on, ils furent constamment malheureux dans leurs campagnes contre les Tégéens, et cette vigoureuse résistance les empêcha probablement d’étendre plus loin leurs conquêtes dans les petits États de l’Arkadia. A la fin, sous le règne d’Anaxandridês et d’Aristô, les successeurs de Leon et d’Hegesiklês (vers 560 av. J.-C.), l’oracle de Delphes, répondant aux Spartiates qui lui demandaient lequel des dieux ils devaient se rendre favorable pour devenir victorieux, leur enjoignit de trouver et d’apporter à Sparte les ossements d’Orestês, fils d’Agamemnôn. Après une vaine recherche, puisqu’ils ignoraient où ils pourraient trouver le corps d’Orestês, ils s’adressèrent à l’oracle pour avoir des instructions plus précises, et il leur fut dit que le fils d’Agamemnôn était enseveli à Tegea même, dans un lieu où deux vents soufflaient sous l’action d’une force puissante, où il y avait coup sur coup et destruction sur destruction. Ces mystérieuses paroles furent éclaircies par un heureux hasard. Pendant une trêve avec Tegea, Lichas, un des chefs des trois cents jeunes Spartiates d’élite qui servaient aux éphores de police mobile dans le pays, visita la place et entra dans la forge d’un forgeron. Celui-ci lui apprit, dans le cours de la conversation, qu’en creusant un puits dans la cour extérieure, il avait récemment découvert un cercueil contenant un corps long de sept coudées ; qu’étonné à cette vue, il l’y avait laissé sans le déranger. Lichas fut frappé de l’idée que ces reliques gigantesques du passé ne pouvaient être autre chose que le cadavre d’Orestês, et il en fut assuré en réfléchissant avec quelle exactitude étaient vérifiées les indications de l’oracle ; car il y avait les deux vents soufflant de force dans les deux soufflets du forgeron ; il y avait le coup et le contrecoup dans son marteau et son enclume, aussi bien que destruction sur destruction dans les armes meurtrières qu’il forgeait. Lichas ne dit rien, mais retourna à Sparte avec sa découverte et la communiqua aux autorités, qui, d’après un plan concerté, le bannirent sous prétexte d’une accusation criminelle. Alors il retourna de nouveau à Tegea, dans le costume d’un exilé, persuada au forgeron de lui céder le local, et quand il l’eut en sa possession, il fouilla le sol et en retira les ossements du héros vénéré, qu’il apporta à Sparte[21]. A partir de cette heureuse acquisition, le caractère de la lutte changea ; les Spartiates se trouvèrent constamment victorieux des Tégéens. Mais il ne semble pas que ces victoires amenassent de résultat positif, bien qu’elles aient pu servir peut-être à fortifier la conviction pratique de la supériorité spartiate ; car le territoire de Tegea resta intact, et son autonomie ne fut nullement restreinte. Pendant l’invasion des Perses, Tegea parait comme l’alliée volontaire de Lacédæmone, et comme la seconde puissance militaire du Péloponnèse[22] ; et nous pouvons supposer avec quelque raison que ce fut surtout la vigoureuse résistance des Tégéens qui empêcha les Lacédæmoniens d’étendre : leur empire sur la partie plus considérable des communautés arkadiennes. Ces dernières conservèrent toujours leur indépendance, bien que reconnaissant. Sparte comme la puissance souveraine du Péloponnèse, et obéissant à ses ordres implicitement quant à la manière de disposer de leurs forces militaires. Et l’influence que Sparte possédait ainsi sur toute l’Arkadia fut un des principaux éléments de son pouvoir, qui ne fut jamais sérieusement ébranlé jusqu’à la bataille de Leuktra, à la suite de laquelle elle perdit les anciens moyens qu’elle possédait pour assurer le succès et le pillage à ses partisans d’un ordre inférieur[23]. Ayant ainsi raconté l’extension de la puissance de Sparte
sur la frontière septentrionale ou arkadienne, il nous reste à mentionner ses
acquisitions à l’est et au nord-est du côté d’Argos. Dans l’origine (comme il a été dit
auparavant) non seulement la province de Kynuria et Vers l’an 547 avant J.-C., les Argiens firent un effort pour reprendre Thyrea à Sparte, ce qui donna lieu à un combat longtemps mémorable dans les annales de l’héroïsme grec. Il fut convenu entre les deux puissances que la possession de ce territoire serait déterminée par un combat entre trois cents champions choisis de chaque côté ; les deux armées ennemies se retirant, afin de laisser le champ libre. Ces deux troupes d’élite montrèrent une valeur si intrépide et si égale qu’à la fin clé la lutte il ne resta que trois des champions vivants, Alkênôr et Chromios du côté des Argiens, Othryadês du côté des Spartiates. Les deux guerriers argiens se hâtèrent de retourner chez eux pour annoncer leur victoire ; mais Othryadês resta sur le champ de bataille, porta dans le camp spartiate les armes dont il dépouilla les cadavres de, l’ennemi, et garda la position jusqu’à ce qu’il fût rejoint par ses compatriotes le lendemain matin. Argos et Sparte réclamèrent toutes les deux la victoire pour leurs champions respectifs, et la querelle après tout fut décidée par un conflit général dans lequel les Spartiates furent vainqueurs, mais non sans beaucoup clé pertes des deux côtés. Le brave Othryadês, honteux de retourner clans sa patrie survivant seul à ses trois cents compagnons, se perça de sa propre épée sur le champ de bataille[27]. Cette défaite décida de la possession de Thyrea, qui ne
revint sous le pouvoir d’Argos qu’à une époque très avancée de l’histoire
grecque. Le duel préliminaire des trois cents, avec son issue incertaine,
quoique bien établi quant au fait général, était représenté par les Argiens d’une
manière totalement différente du récit donné plus haut, qui semble avoir eu
cours chez les Lacédæmoniens[28]. Mais, la circonstance
la plus remarquable est que, plus d’un siècle après, lorsque les deux
puissances étaient en négociations pour un renouvellement de la trêve
expirant alors, les Argiens, soupirant encore après ce territoire qui leur
avait appartenu jadis, demandèrent aux Lacédæmoniens de soumettre la question
d un arbitrage ; sur leur refus, ils stipulèrent ensuite le privilège de
décider le point en litige par un duel semblable au premier, à toute époque
excepté pendant la guerre ou une maladie épidémique. L’historien nous dit que
les Lacédæmoniens acquiescèrent à cette proposition, bien qu’elle leur parût
absurde[29],
vu l’extrême désir qu’ils avaient de conserver avec Argos à cette époque
leurs relations amicales et pacifiques. Mais il n’y a pas de motif pour croire
que le duel réel, auquel Othryadês prit part, fût considéré comme absurde à l’époque
où il s’engagea ou dans le siècle qui vint immédiatement après. Il cadra avec
une sorte d’humeur belliqueuse et chevaleresque que l’on compte parmi les
attributs des anciens Grecs[30], et aussi avec
divers exploits légendaires, tels que le combat singulier d’Echemos et d’Hyllos,
de Melanthos et de Xanthos, de Menelaos et de Pâris, etc. De plus, l’héroïsme
d’Othryadês et de ses concitoyens était un sujet populaire pour les poètes non
seulement aux Gymnopædia spartiates[31], mais encore
ailleurs, et paraît avoir été fréquemment célébré. On doit donc attribuer à un
changement dans l’esprit politique des Grecs, à l’époque, de la guerre des
Perses et après cet événement, l’absurdité attachée à cette proposition
pendant la guerre du Péloponnèse, dans les esprits même des Spartiates, le
peuple de Hérodote dit que les habitants de Kynuria étaient Ioniens,
mais qu’ils étaient devenus complètement dôriens par suite de leur longue
soumission à l’autorité d’Argos, qui les gouvernait comme Periœki. Pausanias
explique différemment leur race, qu’il fait remonter au héros éponyme
Kynuros, fils de Perseus ; mais il ne les rattache pas aux Kynuriens, qu’il
mentionne dans un autre endroit comme étant une partie des habitants de l’Arkadia[32]. Il est évident
que, même à l’époque d’Hérodote, les traces de leur origine primitive étaient
presque effacées. Il dit qu’ils étaient Orneates
et Periœki pour Argos ; et il paraît que les habitants d’Orneæ
aussi, qu’Argos avait réduits à la même condition dépendante, rattachaient
leur héros éponyme à une souche ionienne. Orneus était fils de l’Attique
Erechtheus[33].
Strabon semble avoir conçu les Kynuriens comme occupant, dans l’origine, non
seulement le district frontière de l’Argolis et de La conquête de Thyrea — district important pour les
Lacédæmoniens, comme nous pouvons le supposer par le butin considérable que
les Argiens y firent pendant la guerre du Péloponnèse[35] —, fut la
dernière acquisition territoriale faite par Sparte. Elle était maintenant en
possession d’un empire continu, comprenant toute la portion méridionale du
Péloponnèse, depuis la rive méridionale du fleuve Nedon sur la côte
occidentale, jusqu’à la frontière septentrionale de Ainsi Sparte avait non seulement un territoire plus
considérable et une population plus nombreuse que tout autre État de A ces causes auxiliaires de la prépondérance spartiate
nous devons en ajouter une autre, l’excellente position militaire de Sparte,
et le caractère de Quand, avec de tels avantages territoriaux, nous
considérons l’éducation personnelle particulière aux citoyens spartiates,
lorsque leur nombre n’avait pas encore diminué, et en outre l’effet de cette
éducation sur l’esprit des Grecs, auxquels elle inspirait de la terreur et de
l’admiration, nous ne serons pas surpris de trouver que, pendant le
demi-siècle qui s’écoula entre l’an 600 avant J.-C. et la conquête définitive
de Les renseignements que nous avons sur la mémorable
organisation militaire de Sparte sont peu abondants et ne suffisent pas pour
nous en faire connaître clairement les détails. Les armes des Spartiates,
quant à tous les points essentiels, ne différaient pas de celles des autres
hoplites grecs. Mais il est une particularité importante qu’il faut observer dès
le commencement, comme lui article dans les institutions de Lykurgue. Ce
législateur établit des divisions militaires tout à fait distinctes des
divisions civiles, tandis que, dans les autres États de C’était sur ces petites compagnies que la constante et sévère éducation lacédémonienne était appelée à agir. On leur apprenait à observer l’ensemble dans la marche, à, quitter rapidement la ligne pour prendre la file, à. faire conversion à droite et à gauche, de telle sorte que l’énomotarque et les autres protostates ou hommes du premier rang fussent toujours les personnes immédiatement opposées à l’ennemi[43]. Leur pas était réglé par le fifre, qui jouait des mesures martiales particulières à Sparte, et était employé dans une bataille réelle aussi bien que dans les exercices militaires ; et elles étaient si bien habituées aux mouvements de l’énômotie, que si leur ordre était dérangé par quelque accident contraire, des soldats dispersés pouvaient spontanément se former dans le même ordre, chaque homme connaissant parfaitement les devoirs appartenant à la place où le hasard l’avait jeté[44]. Au-dessus de l’énômotie il y avait plusieurs divisions plus considérables, la pentêkostys, le lochos et la mora[45], divisions dont le nombre total semble avoir été de six. Quant , au nombre de chaque division et à la proportion entre la plus grande et la plus petite, nous trouvons des renseignements complètement différents, dont chacun cependant s’appuie sur de bonnes autorités ; aussi sommes-nous forcé de supposer qu’il n’y avait pas de règle absolue, et que l’énômotie comprenait 95, 32 ou 36 hommes ; les pentêkosties, deus ou quatre énômoties ; le loches, deus, ou quatre pentêkosties, et la mora 400, 500, 600 ou 900 hommes — à différentes époques ou selon les limites d’âge que les éphores pouvaient prescrire pour les hommes qu’ils appelaient en campagne[46]. Ce qui demeure immuable dans le système, c’est d’abord le
petit nombre, bien que variant dans certaines limites, de la compagnie
élémentaire appelée énômotie, exercée à agir ensemble et composée d’hommes
presque du même âge[47], dans laquelle
chaque homme connaissait sa placé ; en second lieu, l’échelle des divisions
et la hiérarchie des officiers ; dans un ordre ascendant, l’énomotarque, le
pentekontêr, le lochagos et le polémarque, ou commandant de la mord, chargés,
chacun de sa division respective. Les ordres que le roi donnait, comme commandant
en chef, étaient transmis par les polémarques aux lochagi, des lochagi aux
pentekontêrs, et alors de ces derniers aux énomotarques, qui les faisaient
exécuter, chacun par son énômotie. Comme tous ces hommes avaient été
antérieurement exercés aux devoirs de leurs postes respectifs, l’infanterie
spartiate possédait les dispositions et les qualités d’une armée permanente.
Dans l’origine, ils semblent n’avoir pas eu du tout de cavalerie[48], et quand la
cavalerie finit par être introduite dans leur système, elle eut un caractère très
inférieur, Lykurgue n’y ayant pas pourvu dans ses principes d’éducation
militaire. Mais les forces des autres cités de Ce fut grâce au concours de ces diverses circonstances que
la reconnaissance volontaire de Sparte comme l’État placé à la tête de Est-il vrai (comme le comprennent O. Müller et d’autres savants) que la
manière homérique de combattre fût l’usage général dans le Péloponnèse et
dans le reste de Il y avait un État péloponnésien, et il était le seul, qui
dédaignait de reconnaître la supériorité ou la suprématie de Lacédæmone.
Argos n’oublia jamais qu’elle avait été jadis la première puissance de la
péninsule, et ses sentiments à l’égard de Sparte étaient ceux d’un
compétiteur jaloux, mais impuissant. Par quelle progression s’était opéré le
déclin de son pouvoir, c’est ce que nous ne sommes pas en état de
reconnaître, et nous ne pouvons pas non plus suivre la série de ses rois
postérieurs à Pheidôn. Nous avons déjà dit que, vers l’an 669 avant J.-C.,
les Argiens remportèrent une victoire sur les Spartiates à Hysiæ, et qu’ils
chassèrent du port de Nauplia ses anciens habitants, qui trouvèrent asile,
grâce aux Lacédæmoniens, au port de Mothônê en Messênia[55]. Damokratidas
était alors roi d’Argos. Pausanias nous dit que Meltas, fils de Lakidês, fut
le dernier descendant de Temenos qui succéda à cette dignité, lui étant
condamné et déposé par le peuple. Plutarque cependant assure que la famille
des Hêraklides s’éteignit, et qu’un autre roi, nommé Ægôn, fut choisi par le
peuple sur l’indication de l’oracle de Delphes[56]. Pausanias
semble n’avoir rien su de ce récit. Son langage implique que la dignité
royale cessa avec Meltas ; et il se trompe sans doute sur ce point, puisque
le titre existait (bien
que probablement avec des fonctions très limitées) du temps de la
guerre des Perses. De plus, il y a quelque lieu de présumer que le roi d’Argos
était même à cette époque un Hêraklide, puisque les Spartiates lui offrirent
un tiers du commandement dans l’armée hellénique, conjointement avec leurs
deux rois[57].
La conquête de Quant à Corinthe et à Sikyôn, il conviendra mieux d’en
parler quand nous examinerons ce qu’on appelle le Siècle des Tyrans ou
Despotes ; et quant aux habitants de l’Achaïa — qui occupaient la côte
méridionale du golfe de Corinthe, à l’ouest de Sikyôn jusqu’au cap Araxos, le
point nord-ouest du Péloponnèse —, quelques mots épuisent ce que nous en
connaissons jusqu’au temps où nous sommes arrivé. Ces Achæens nous sont
donnés comme représentant les habitants de La plus grande portion du territoire compris sous le nom d’Achaïa était montagneuse ; elle formait le versant septentrional de ces hautes chaînes, que l’on ne traverse que par des gorges très difficiles, séparant la contrée de l’Arkadia au sud, et jetant divers éperons qui s’approchent tout prés du golfe de Corinthe. Une bande de terrain plat, avec un sol blanc et argileux, souvent très fertile entre ces montagnes et la mer, formait la plaine de chacune de ces villes achæennes, qui étaient situées en grande partie sur des éminences escarpées et détachées, dominant cette plaine. Des montagnes placées entre l’Achaïa et l’Arkadia coulent de nombreux cours d’eau qui se jettent dans le golfe Corinthien, mais peu d’entre eux coulent toute l’année, et on représente la côte comme dépourvue de ports dans toute sa longueur[67]. |
[1] Hermippus ap. Athenæ, I, p. 27. Et Xénophon, Helléniques, VII, 1, 23.
[2] Pausanias, VIII, 6, 7 ; VIII, 37, 6 ; VIII, 38 ; 2. Xenias, un des généraux des Grecs mercenaires au service de Cyrus le jeune, natif du district parrhasien en Arkadia, célèbre avec une grande pompe, pendant la marche vers la haute Asie, la fête et les jeux des Lykœa (Xénophon, Anabase, I, 21 10 ; Cf. Pindare, Olymp., IX, 10).
Un grand nombre des forêts le l’Arkadia contenaient non seulement des sangliers, mais encore des ours, du temps de Pausanias (VIII, 23, 4).
[3] Pausanias, VIII, 26, 5 ; Strabon, VIII, p. 388.
Quelques géographes distribuaient les Arkadiens en trois subdivisions, Azanes, Parrhasii et Trapezuntii. Azan passait pour le fils d’Arkas, et on disait que son lot dans le partage de l’héritage paternel avait contenu dix-sept villes. Stephan. Byz. v. Άζανία - Παρρασία. Kleitôr semble la capitale de l’Azania, autant que nous pouvons l’induire de la généalogie (Pausanias, VIII, 4, 2, 3). Pæus ou Paos, d’où vint le prétendant azanien à la main de la fille de Kleisthenês, était entre Kleitôr et Psôphis (Hérodote, VI, 127 ; Pausanias, VIII, 23, 6). Toutefois un oracle delphien compte les habitants de Phigaleia, à l’angle sud-ouest de l’Arkadia, parmi Ies Azanes (Pausanias, VIII, 42, 3). — On supposait que le tombeau d’Arkas était sur le mont Mœnalos (Pausanias, VIII, 9, 2).
[4] Thucydide, V, 65. Cf. la description du sol par le prof. Ross (Reisen im Peloponess, IV, 7).
[5] Strabon, VIII, p. 337.
[6] Hérodote, IX, 27.
[7] Strabon, l. c. Mantineia est comptée parmi les plus anciennes cités de l’Arkadia (Polybe, II, 54). Mantineia et Orchomenos avaient occupé toutes deux clans l’origine des situations très élevées sur des collines, et avaient été reconstruites sur une échelle plus considérable, plus bas en se rapprochant de la plaine (Pausanias, VIII, 8, 3 ; 12, 4 ; 13, 2).
Relativement aux rapports qui existaient, pendant la première période historique, entre Sparte, Argos et l’Arkadia, il y a un nouveau fragment de Diodore (parmi les fragments récemment publiés par Didot et tirés des Excerpta qui se trouvent dans la bibliothèque de l’Escurial, Fragm. Historic. Græcor., vol. II, p. 8). Les Argiens avaient épousé la cause des Arkadiens contre Sparte ; et au prix de pertes et de souffrances considérables, ils avaient regagné les portions de l’Arkadia qu’elle avait conquises. Le roi d’Argos rendit aux Arkadiens ce territoire recouvré ; mais les Arkadiens en général étaient fâchés qu’il ne refit pas conservé et distribué entre eux en récompense de leurs pertes pendant la lutte. Ils se soulevèrent contre le roi, qui fut forcé de fuir et se réfugia à Tegea. — Nous n’avons rien qui explique ce fragment, et nous ignorons à quel roi, à quelle date ou à quels événements il se rapporte.
[8] Μαιναλίη δυσχείμερος (Oracle Delphien, ap. Pausanias, VIII, 9, 2).
[9] Voyez ce que dit Xénophon en décrivant l’ardeur qu’Épaminondas inspira à ses soldats avant cette bataille finale (VII, 5, 20).
Il n’est guère concevable que ces Arkadiens armés de massues aient possédé un bouclier et une armure complète. Le langage de Xénophon, quand il les appelle hoplites, et le terme έπεγάφοντο (se rapportant proprement à l’inscription sur le bouclier) parait connu dans un esprit de raillerie méprisante, ayant son origine dans les tendances antithêbaines de Xénophon : Les hoplites arkadiens avec leurs massues prétendent qu’ils sont aussi braves que les Thébains. Ces tendances de Xénophon se montrent dans des expressions très peu séantes à la dignité de l’histoire (bien que curieuses comme preuves du temps) ; c’est ce qu’on peut voir par VII, 5, 12, quant il parle des Thêbains.
[10] Thucydide, V, 33, 47, 81.
[11] Thucydide, 1. c. Cf. le discours instructif que Kleigenês, l’envoyé d’Akanthos, adressa aux Lacédæmoniens, 382 avant J.-C. (Xénophon, Helléniques, V, 2, 15-16).
[12] Xénophon, Helléniques, V, 2, 1-6 ; Diodore, XV, 19.
[13] Xénophon, Helléniques, VI, 5, 10-11 ; VII, 1, 23-25.
[14] Pausanias, VIII, 27, 5. Il lest pas fait mention d’œkiste venu d’Orchomenos, bien que trois des petits municipes tributaires d’Orchomenos fussent incorporés, dans la nouvelle cité.
La querelle entre les villes voisines d’Orchomenos et de Mantineia fut acharnée (Xénophon, Helléniques, VI, 5, 11-22). Orchomenos et Hêræa étaient toutes deux opposées à la confédération politique de l’Arkadia.
La harangue de Démosthène, ύπέρ Μεγαλοπολιτών, prouve fortement l’importance, de cette cité, particulièrement c. 10.
[15] Pausanias, III, 2, 6 ; III, 7, 3 ; VIII, 48, 3.
[16] Pausanias, VIII, 39, 2.
[17] Alkman, Fragm. 15, Welcker ; Strabon, X, p. 446.
[18] C’est un fait bien connu que les Skiritæ étaient Arkadiens (Thucydide, V, 47 ; Steph. Byz. v. Σκίρος) ; les Arkadiens disputèrent la possession de Belemina à Sparte, dans le temps de son humiliation relative. V. Plutarque, Kleomenês, 4 ; Pausanias, VIII, 35, 4.
Quant à, Karyæ (la ville frontière de Sparte, ou l’on sacrifiait les ata6acrpaa, Thucydide, V, 55), V. Photius. Καρυτεια - έορτή Άρτέμιδος . τάς δέ Καρύας Άρκδων ούσας άπετέμοντο Λακεδαιμόνιοι.
L’empressement avec lequel Karyæ et les Maleates se
révoltèrent contre Sparte après la bataille de Leuktra, même avant l’invasion
de
[19] Hérodote, I, 66.
[20] Hérodote, I, 67 ; Pausanias, III, 3, 5 ; VIII, 45, 2. Hérodote vit les mêmes chaînes suspendues dans le temple d’Athênê Alea à Tegea.
[21] Hérodote, I, 69-70.
[22] Hérodote, IX, 26.
[23] Xénophon, Helléniques, V, 2, 19. — Ces paroles étaient adressées aux Lacédœmoniens environ dix ans avant la bataille de Leuktra.
[24] Hérodote, I, 82.
[25] Pausanias, II, 27, 1.
[26] Pausanias, III, 7, 5.
[27] Hérodote, I, 82 ; Strabon, VIII, 316.
[28] Les Argiens montraient à Argos une statue de Perilaos, fils d’Alkênôr, tuant Othryadês (Pausanias, II, 20, 6 ; II, 38, 5 ; Cf. X, 9, 6, et les citations dans Larcher, ad Herodote, 1, 82). Le récit de Chrysermos (tel qu’il est donné dans Plutarque, Parallel. Hellenic., p. 306) est différent sous bien des rapports.
Pausanias trouva
Strabon même compte Prasiæ comme argienne, au sud de Kynuria (VIII, p. 368), bien que dans un autre passage (p. 374), probablement cité d’après Ephore, elle soit regardée comme lacédæmonienne. Cf. Manso, Sparta, vol. II. Beilage, I, p. 48.
Eusèbe, plaçant ce duel à une époque beaucoup plus reculée (Ol. 27, 3, 678 av. J.-C.), attribue la première institution des Gymnopædia à sparte an désir de rappeler cet événement. Pausanias (III, 7, 3) le place encore plus haut, sous le règne de Theopompos.
[29] Thucydide, V, 41.
[30] Hérodote, VII, 9. Cf. le cartel qui, selon Hérodote, fût adressé aux Spartiates par Mardonios, au moyen d’un héraut, un peu avant la bataille de Platée (IX, 48).
[31] Athenæ, XV, p. 678.
[32] Hérodote, VIII, 73. Pausanias, III, 2, 2 ; VIII, 27, 3.
[33] Pausanias, II, 25, 5. Mannert (Geographie der Griechen und Roemer, Griechenland, liv. II, c. 19, p. 618) rattache les Kynuriens d’Arkadia à ceux de l’Argolis, bien qu’Hérodote nous dise que ces derniers étaient Ioniens ; il donne à ce nom une importance et une extension beaucoup plus grandes que ne le comportent les preuves.
[34] Strabon, VIII, p. 370. Coray et Grosskurd ne gagnent rien ici par la leçon conjecturale de Άργείας au lieu de Άρκαδίας, car la crête de Lyrkeion s’étendait entre les deux pays, et pouvait par conséquent sans inconvenance être rattachée à l’un ou à l’autre.
[35] Thucydide, VI, 95.
[36] Xénophon, Helléniques, IV, 8, 7.
[37] Xénophon, Helléniques, V, 5, 10 ; Euripide, ap. Strabon, VIII, p. 366 ; Leake, Travels in Morea, vol. III, c. 22, p. 25.
C’est à la force des frontières et à l’étendue relativement considérable du pays qu’elles renfermaient, que nous devons rapporter la première cause de la puissance lacédæmonienne. Quand le peuple fat fortifié par une vigoureuse discipline militaire, et mil par un esprit d’ambition, ces causes le mirent en état de triompher de ses voisins plus faibles de Messênia, grâce à cette force additionnelle, de contenir les républiques désunies de l’Arkadia, et enfin de conserver pendant des siècles une supériorité militaire reconnue sur tout autre Etat en Grèce.
Il est à remarquer que tons les principaux défilés conduisant en Laconie amenaient à un seul point : ce point est Sparte ; fait qui montre tout de suite comme la position de cette ville était bien choisie pour la, défense de la province, et comme elle était bien appropriée, surtout faut qu’elle continua à n’avoir pas de murs, pour entretenir un état perpétuel de vigilance et de promptitude à se défendre, qui sont les plus sûrs moyens de succès offensifs.
Il n’y a que deux ouvertures naturelles amenant dans la
plaine de Sparte ; l’une par l’Eurotas supérieur, comme on peut appeler le
cours de ce fleuve au-dessus de Sparte ; l’autre par son seul bras
considérable, l’Œnos, aujourd’hui Kelefina, qui, comme je rai déjà dit, rejoint
l’Eurotas vis-à-vis de l’extrémité nord-est de Sparte. Tous les accès naturels
conduisant à Sparte en venant du nord mènent à l’une ou à l’autre de ces deux
vallées. Du côté de
[38] Aristote, Politique, VIII, 3, 4.
[39] Hérodote, I, 68.
[40] Hérodote, I, 67 : Cf. la note de Larcher.
Relativement au sujet obscur et difficile des dispositions militaires de Sparte, v. Cragius, Republ. Laced., IV, 4 ; Manso, Sparta, II, Beilage, 18, p. 224 ; O. Müller, Hist. Dorians, III, 12 ; la note du Dr Arnold sur Thucydide, V, 68 ; et le Dr Thirlwall, History of Greece, vol. I, Appendix 3, p. 520.
[41] Pollux, I, 10, 129. Cf. Suidas et Hesychius, v. Ένωμοτία ; Xénophon, Rep. Lacon., c. 11, Thucydide, V, 67-68 ; Xénophon, Helléniques, VI, 4, 12.
Suidas fixe l’énômotie à 25 hommes ; dans l’armée lacédæmonienne, qui combattit à la première bataille de Mantineia (418 av. J.-C.), il semble qu’elle consistait en 32 hommes environ (Thucydide, l. c.) : à la bataille de Leuktra, en 36 hommes (Xénophon, Helléniques, l. c.). Mais le langage de Xénophon et de Thucydide n’implique pas que le nombre de chaque énômotie fût égal.
[42] O. Müller dit que l’énomotarque, après une παραγωγή ou déploiement en phalange, se tenait du côté droit, ce qui est contraire à Xénophon, Rep. Lac.,11, 9. - l’άρχων était le premier énomotarque du λόχος, le πρωτοστάτης (comme on le voit par 11, 5), quand l’énômotie marchait sur une seule file. Mettre l’ήγεμών au flanc droit se faisait par occasion, pour une raison spéciale. Je comprends autrement que Müller la description que fait Xénophon de la παραγωγή ou déploiement ; il semble plutôt que les enômoties qui étaient les premières faisaient un mouvement de côté à gauche, de sorte que le premier énomotarque conservait encore sa place à gauche, en même temps que l’occasion était donnée aux enômoties de l’arrière-garde de s’avancer et de se mettre en ligne - les mots παρ̕ άσπίδα rapportent, à ce que j’imagine, à ce que faisait le premier énomotarque, qui donnait l’exemple d’un mouvement de côté à gauche, comme l’indiquent les mots qui suivent - καί διά παντός έστ̕ άν ή φάλαγξ έναντία καταστή. La phalange était constituée quand tous les lchi formaient un front égal et, continu, soit que les seize enômoties (dont chaque λόχος était composé) fussent chacune sur une file, sur trois ou sur six.
[43] Xénophon, Anabase, IV, 8, 10 sur l’avantage d’attaquer l’ennemi avec όρθιοι λόχοι, cas dans lequel les soldats les plus forts et les meilleurs entraient tous d’abord en lutte. On doit se rappeler cependant que l’usage adopté par les troupes de Cyrus ne peut sans danger être cité comme autorité pour la pratique usitée à Sparte. Xénophon et ses collègues établirent les locbi, les pentekosties et les énômoties dans l’armée de Cyrus : le lochos consistait en 100 hommes, mais le nombre des deux autres divisions n’est pas indiqué (Anabase, III, 4, 21 ; IV, 3, 26 : cf. Arrien, Tactic., c. 6).
[44] Les mots de Thucydide indiquent le commandement des Lacédæmoniens comme différant et de celui de leurs ennemis et de celui de leurs alliés à la bataille de Mantineia - et cf. c. 68.
Sur la musique de la flûte ou fifre, Thucydide, V, 69 ; Xénophon, Rep. Lac., 13, 9 ; Plutarque, Lykurgue, c. 22.
[45]
Meursius, le Dr Arnold et Racchetti (Della
Milizia dei Grechi Antichi, Milan, 1807, p. 166) pensent tous que lochos et
mora étaient des noms différents pour désigner la même division ; mais s’il
faut concilier cette opinion avec le renseignement que donne Xénophon dans
Il y a dans l’Appendix du Dr Thirlwall un seul point qui a quelque importance, et au sujet duquel je suis forcé d’être d’un autre avis que lui. Après avoir exposé la nomenclature et la classification des forces militaires spartiates telles que les donne Xénophon, il dit : Xénophon ne parle que des Spartiates, comme on le voit par l’épithète πολιτικών, p. 521 ; les mots de Xénophon sont : Έκάστη δέ τών πολιτικών μορών έχει πολέμαρχον ένα, etc. (Rep. Lac., 11).
Il me semble que Xénophon parle ici de la réunion des troupes lacédæmoniennes pesamment armées, comprenant et les Spartiates et les Periœki, et non des Spartiates seuls. Le mot πολιτικών ne désigne pas les Spartiates comme distingués des Periœki, mais les Lacédæmoniens comme distingués des alliés. Ainsi, quand Agésilas retourne dans sa patrie après le blocus de Phlionte, Xénophon nous dit que ταύτα ποιήσας τούς μέν συμμάχους άφήκε, τό δέ πολιτικόν οΐκαδε άπήγαγε (Helléniques, V, 3, 25).
O. Müller aussi pense que le nombre entier de 5.740
hommes, qui combattirent à la première bataille de Mantineia dans la treizième
année dé la guerre du Péloponnèse, furent fournis par la cité de Sparte
elle-même (Hist. of Dorians, III, 12,
2) : et pour le prouver il s’en réfère au même passage que nous venons de citer
des Hellenica de Xénophon, qui, en tant qu’il prouve quelque chose, prouve le
contraire de ce qu’il avance. Il ne donne à l’appui aucune autre preuve, et
c’est, à mon avis, improbable au plus haut degré. J’ai déjà fait remarquer
qu’il comprend que l’expression πολιτική
χώρα (dans Polybe, VI, 45) signifie le district de
Sparte, même comme distingué de
[46] Aristote, Λακώνων Πολιτεία, Fragm. 5-6, éd. Neumann : Photius, v. Λόχος, Harpocration, Μόρα. Etymolog. Mac. Μόρα. Le renseignement d’Aristote est transmis d’une manière si imparfaite, que nous ne pouvons clairement reconnaître ce qu’il était. Xénophon dit qu’il y avait cinq moræ en tout, comprenant tous les citoyens en âge de porter les armes (Rep. Lac., II, 3). Hais Ephore fixait la mord à 500 hommes, Kallisthène à 700 et Polybe à 900 (Plutarque, Pelopid., 17 ; Diodore, XV, 32). Si tous les citoyens, en état de porter les armes étaient compris dans six moræ, le nombre de chaque moræ doit avoir naturellement varié. À la bataille de Mantineia, il y avait sept lochi lacédæmoniens, chaque lochos renfermant quatre pentekosties, et chaque peutêkostys comprenant quatre énômoties. Thucydide semble, comme je l’ai fait remarquer auparavant, dire que chaque énômotie est composte de trente-deux, hommes. Mais Xénophon nous dit que chaque moræ avait quatre lochi, chaque lochos deux pentêkosties, et chaque pentêkostys deux énômoties (Rep. Lac., II, 4). Les noms de ces divisions restent les mêmes, mais ales nombres variaient.
[47] C’est ça qu’indique le fait que les hommes, au-dessous de trente ans, ou au-dessous du trente-cinq, étaient souvent détachés dans une bataille afin de poursuive les troupes légères de l’ennemi (Xénophon, Helléniques, IV, 5, 15-16).
[48] Xénophon, Helléniques, VI, 4, 12.
[49] Hérodote, VI, 111 ; Thucydide, VI, 98 ; Xénophon, Helléniques, IV, 2, 19.
On voit dans les habitants de Messênê en Sicile, aussi bien que de Syracuse, le même ordre d’hoplites, d’après les tribus civiles auxquelles ils appartenaient (Thucydide, III, 90 ; VI, 100).
A Argos, il y avait un corps de 1.000 hoplites qui, pendant la guerre du Péloponnèse, était exercé aux manoeuvres militaires aux frais de la cité (Thucydide, V, 67), mais il y a lieu de croire que cet arrangement ne fut introduit que vers l’époque de la paix de Nikias, dans la dixième ou onzième année de la guerre du Péloponnèse, quand la trêve entre Argos et Sparte venait d’expirer), et quand la première commença h nourrir des projets d’ambition. Les Epariti en Arkadia commencèrent dans un temps beaucoup plus avancé, après la bataille de Leuktra (Xénophon, Helléniques, VII, 4, 33).
Au sujet des Taxiarques athéniens, un seul pour chaque tribu, V. Eschine, De Fals. Leg., c. 53, p. 300 R. ; Lysias, pro Mantitheo, Or. XVI, p. 147 ; Démosthène, adv. Bœotum pro nomine, p. 999 R. Philippic., I, p. 47.
V. le conseil que donne Xénophon (dans son traité De Officio Magistri Equitum) de refondre la cavalerie athénienne, et d’introduire de petites divisions, chacune avec son commandant spécial. La division en tribus est tout ce qu’il trouve reconnu (Off. M. E., II, 2-IV, 9) ; il recommande fortement de donner des ordres - διά παραγγέλσεως, et non άπό κήρυκος.
[50] Plutarque, Pelopid., c. 23.
[51] Hérodote, I, 69 ; cf. I, 152 ; V, 49 ; VI, 84, touchant l’hégémonie spartiate.
[52] Xénophon, Republ. Lac., 10, 8.
La magnifique oraison funèbre, prononcée par Periklês dans la première partie de la guerre du Péloponnèse en l’honneur des guerriers athéniens morts, renferme un contraste remarquable entre le patriotisme et la bravoure volontaires des Athéniens et l’austère, rebutante et fastueuse éducation à laquelle les Spartiates étaient soumis dès leur plus tendre jeunesse ; en même temps elle atteste l’effet puissant que cette éducation produisait sur l’esprit des Grecs (Thucydide, II, 37-39).
L’impression des troupes légères quand elles commencèrent pour la première fois à attaquer les hoplites lacédæmoniens dans l’île de Spakterin est fortement exprimée par Thucydide (IV, 34).
[53] Xénophon, Helléniques, V, 4, 52 ; cf. III, 5, 20.
[54] Xénophon, Helléniques, III, 4, 19.
[55] Pausanias, IV, 124,2 ; IV, 35, 2.
[56] Pausanias, II, 19,2 ; Plutarque (Cur Pythia nunc non reddat oracula, etc., c. 5, p. 396 ; De Fortunâ Alexandri, c. 8, p. 340). Lakidês, roi d’Argos, est aussi nommé par Plutarque comme voluptueux et efféminé (De capiendâ ub hostibus Utilitate, c. 6, p. 89).
O. Müller (Hist. Dorians, III, 6, 10) identifie Lakidês, fils de Meltas, nommé par Pausanias avec Leôkêdês fils de Pheidôn, nommé par Hérodote comme un ales prétendants à la main de la fille de Kleisthenês le Sikyonien (VI, 127) ; et il conclut ainsi que 3leltas doit avoir été déposé et remplacé par Ægôn vers 560 avant J.-C. Cette conjecture ne me paraît pas mériter beaucoup de confiance.
[57] Hérodote, VII, 149.
[58] Hérodote, VIII, 73.
Strabon distingue deux endroits appelés Orneæ : l’un est un village dans le territoire argien, l’autre une ville entre Corinthe et Sikyôn ; mais je doute qu’il y ait jamais eu deux endroits de ce nom ; la ville ou le village dépendant d’Argos semble être le seul lieu ainsi nommé (Strabon, VIII, p. 376).
[59] Thucydide, V, 67 ; VI, 95.
On dit aussi que les Kléonæens aidèrent les Argiens à détruire Mykênæ, conjointement avec les Tégéates ; nous ne pouvons pas cependant en conclure quelque chose quant à leur dépendance à cette époque (Strabon VIII, p. 377).
[60] Pindare, Nem., X, 42. — Cf. Nem., IV, 17.
[61] V. Corsini, Dissertation. Agonisticæ, III, 2.
La dixième Néméenne de Pindare est pour ce point une preuve particulièrement bonne, en ce qu’elle est composée pour Theiæos, natif d’Argos, et qu’elle est supposée devoir être chantée par lui. S’il y avait eu quelque jalousie existant alors entre Argos et Kleônæ au sujet de la présidence de cette fête, Pindare n’aurait jamais dans une telle occasion mentionne ; expressément les Kléonæens comme présidents.
Ce qu’avancent les Scholies sur Pindare, que les Corinthiens à une époque célébrèrent les jeux Néméens, ou qu’ils furent jadis célébrés à Sikyôn, parait dénué de fondement (Schol. Pindare, Arg. Nem. et Nem., X, 49).
[62] Polybe II, 41.
[63] Hérodote, I, 145 ; Strabon, VIII, p. 385.
[64] Pausanias, IV, 15,1 ; Strabon, VIII, p. 383 ; Homère, Iliade, II, 573. Pausanias semble avoir oublié ce renseignement, quand il nous dit que le nom d’Hyperêsia fut changé pour celui d’Ægira, dans le temps où les Ioniens occupaient le pays (VII, 26, 1 ; Steph. Byz. le copie, v. Αΐγειρα). Il est douteux que ces deux noms désignent le même endroit, et Strabon ne conçoit pas non plus qu’il en soit ainsi.
[65] Strabon, VIII, p. 337, 342, 386.
[66] Polybe, II, 41.
[67] V. Leake’s Travels in Morea, c. 27 et 31.