TROISIÈME VOLUME
Ayant dans le chapitre précédent parlé incidemment des Grecs comme agrégat, j’arrive maintenant à décrire séparément les portions dont se composait cet agrégat, comme elles se présentent à la première époque de l’histoire qu’on peut discerner. Il a déjà été dit que les douze races ou subdivisions, membres de ce qu’on appelle l’assemblée amphiktyonique, étaient ainsi qu’il suit : Au nord du défilé des Thermopylæ : les Thessaliens, les Perrhæbiens, les Magnêtes, les Achæens, les Meliens, les Ænianes, les Dolopes ; Au sud du défilé des Thermopylæ : les Dôriens, les Ioniens, les Bœôtiens, les Lokriens, les Phokiens. Les autres races helléniques non comprises parmi les Amphiktyons étaient : Les Ætôliens et les Akarnaniens, au nord du golfe de Corinthe ; Les Arkadiens, les Eleiens, les Pisans et les Triphyliens,
au centre et à l’ouest du Péloponnèse : je ne nomme pas ici les Achæens, qui
occupaient la côte méridionale ou Péloponnésienne du golfe de Corinthe, parce
que l’on peut supposer qu’ils ont été dans l’origine de la même race que les
Achæens de Les Dryopes, subdivision peu considérable, mais vraisemblablement particulière, qui occupait quelques points isolés sur le bord de lamer : Hermionê dans la péninsule Argolique ; Styros et Karystos en Eubœa ; l’île de Kythnos, etc. Quoiqu’on puisse dire d’une manière générale que nous commençons, en 776 avant J.-C., à distinguer historiquement l’agrégat hellénique, séparément des illusions de la légende, cependant, relativement au nombre plus considérable de ses subdivisions que nous venons d’énumérer, c’est à peine si l’on peut dire que nous possédions quelques faits proprement dits antérieurs A l’invasion de Xerxês en 480 avant J.-C. Jusqu’à l’an 560 avant J.-C. (époque de Crésus en Asie Mineure, et de Pisistrate à Athènes), l’histoire des Grecs ne présente guère de traits d’un caractère collectif : les mouvements de chaque portion du monde hellénique commencent et finissent séparément du reste. La destruction de Kirrha par les Amphiktyons est le premier incident historique qui mette en jeu, pour la défense du temple de Delphes, un sentiment d’obligation active, commun aux Hellênes. Mais vers 560 avant J.-C. on voit s’opérer deux
changements importants qui altèrent le caractère de l’histoire grecque, en la
dégageant de son premier chaos de détail et en centralisant ses phénomènes
isolés : 1° l’asservissement des Grecs asiatiques par La brève esquisse qui précède montrera que, à prendre la
période s’étendant depuis Crésus et Pisistrate jusqu’à la génération
d’Alexandre (560-300
av. J.-C.), les phénomènes de Relativement aux Grecs en dehors du Péloponnèse au nord de
l’Attique, pendant ces deux siècles, nous ne savons absolument rien : mais il
sera possible de fournir quelque renseignement quant à l’ancienne condition
et aux luttes des grands États dôriens dans le Péloponnèse, ainsi qu’à
l’élévation de Sparte montant de la seconde à la première place dans
l’échelle comparative des puissances de Il y eut aussi pendant cette première période de l’histoire grecque deux ou trois manifestations remarquables qui demanderont une mention spéciale : 1. le grand nombre de colonies envoyées par des cités individuelles, et l’élévation et le progrès de chacune de ces colonies ; 2. le nombre des despotes qui s’élevèrent dans les diverses villes grecques ; 3. la poésie lyrique ; 4. les rudiments de ce qui plus tard, en mûrissant, devint la philosophie morale manifestée dans des gnômes ou aphorismes, c’est-à-dire l’époque des Sept Sages. Mais avant d’arriver à relater ces premiers actes (par malheur trop peu nombreux) des Dôriens et des Ioniens pendant la période historique, en même temps que les autres faits dont je viens de parler, il sera à propos d’examiner les noms et les positions de ces autres États grecs sur lesquels nous n’avons pas de renseignement durant ces deux premiers siècles. On se formera ainsi quelque idée des membres moins importants de l’agrégat hellénique, avant le temps où ils seront appelés à agir. Nous commentons par le territoire situé au nord du défilé des Thermopylæ. Des différentes races qui habitaient entre ce défilé
célèbre et l’embouchure du fleuve Pêneios, celle qui de beaucoup était la
plus puissante et la plus importante, c’était la race thessalienne.
Quelquefois, en effet, toute cette étendue de pays passe sous le nom de
Thessalia, depuis que nominalement, bien que non pas réellement, le pouvoir des
Thessaliens, s’étendait sur le tout. Nous savons que Ces cinq tribus ou subdivisions, Perrhæbiens,,Magnêtes.,
Achæens de L’abondance de blé et de bétail fourni par les plaines
voisines entretenait dans ces villes une population nombreuse et, avant tout,
une noblesse orgueilleuse et désordonnée, dont les mœurs avaient beaucoup de
ressemblance avec celles des temps héroïques. Ces nobles étaient violents
dans leur conduite, ardents aux querelles armées, mais non habitués à la
discussion ni aux compromis politiques ; sans foi dans leurs engagements,
mais en même temps généreux dans leur hospitalité et très adonnés aux
plaisirs de la table[11]. Élevant les
plus beaux chevaux de Les Thessaliens sont, en effet, pour lé caractère et les qualités, autant Epirotes ou Macédoniens que Hellènes ; ils forment une sorte de chaînon entre ‘les deux races. Car, bien que les Macédoniens aient été exercés plus tard d’après les principes grecs par le génie de Philippe et d’Alexandre, de manière à composer la célèbre phalange pesamment armée, ils étaient primitivement (même dans la guerre du Péloponnèse) distingués surtout par la supériorité de leur cavalerie, comme les Thessaliens[13] ; tandis que le chapeau aux larges bords ou Kausia, et le manteau court et large ou chlamys étaient communs aux deux peuples. On nous dit que les Thessaliens abandonnèrent dans
l’origine Sous d’autres rapports, la condition de la population en
Thessalia, telle que nous la trouvons pendant la période historique, favorise
la supposition d’un, mélange primitif d’un peuple conquérant et d’un peuple
conquis : car il semble qu’il y avait chez les Thessaliens et leurs sujets
une triple gradation, quelque peu analogue à celle de Quel était le peuple que la conquête de En négligeant les légendes relatives à ce sujet et en nous
renfermant dans les temps historiques, nous trouvons une quadruple division
établie en Thessalia, qui, dit-on, y fut introduite à l’époque d’Aleuas, le
premier auteur réel ou mythique des puissants Aleuadæ : Quand On se rappellera que ces anciennes races différentes,
Perrhæbi, Magnâtes, Achæens, Maliens, Dolopes, bien que tributaires des
Thessaliens, conservaient encore leur privilège amphiktyonique et étaient
considérées comme des Hellênes légitimes : tous ces peuples, excepté les
Maliens, sont en effet mentionnés dans l’Iliade. Nous aurons rarement
occasion de beaucoup parler d’eux dans le cours de cette histoire ; on les
trouve du côté de Xerxès, surtout par contrainte, dans son attaque dirigée
contre Nous avons encore à mentionner une autre parenté ethnique,
dont la date et les circonstances ne nous sont données que sous une forme
mythique, mais qui semble néanmoins être en elle-même une réalité, celle des
Magnâtes habitant le Pélion et l’Ossa, avec les deux divisions des Magnâtes
asiatiques, ou Magnêsia du mont Sipylos et Magnêsia du fleuve Mæandros. Ces
deux villes homonymes en Asie furent, dit-on, fondées par des migrations de
Magnâtes thessaliens, dont un corps fut consacré au dieu de Delphes et
choisit un nouveau séjour d’après ses ordres. Suivant un récit, ces émigrants
étaient des guerriers revenant du siège de Troie ; suivant un autre, ils
cherchaient de nouvelles demeures pour échapper aux Thesprôtiens qui avaient
envahi Quant aux Maliens, Thucydide en mentionne trois tribus (γένη), comme existant de son temps, les Paralii, les Hierês (prêtres), et les Trachinii, ou hommes de Trachin[38] ; il est possible que les seconds aient été possesseurs du lieu sacré où se tenaient les assemblées amphiktyoniques. Le fait que les hoplites ou infanterie pesamment armée prévalaient chez les Maliens indique que nous passons d’habitudes thessaliennes à des habitudes helléniques plus méridionales ; les Maliens reconnaissaient toutes les qualités requises pour faire un citoyen dans tout homme qui avait servi ou qui servait dans les rangs avec son armure complète[39]. Toutefois la panoplie n’était probablement pas parfaitement appropriée aux régions montagneuses dont ils étaient entourés ; car, au commencement de la guerre du Péloponnèse, les montagnards hostiles de la région voisine de l’Œta les avaient tellement harcelés et écrasés dans la guerre, qu’ils furent forcés de se jeter dans les bras de Sparte, et l’établissement de la colonie spartiate d’Hêrakleia près de Trachin fut le résultat de leurs pressantes sollicitations. Parmi ces montagnards, désignés sous le nom général d’Œtæens, les principaux étaient les Ænianes — ou Eniênes, comme ils sont appelés dans le Catalogue homérique aussi bien que par Hérodote —, ancienne race amphicktyonique appartenant aux Hellènes[40], qui, dit-on, avait passé en Thessalia et en Epeiros par plusieurs migrations successives, mais qui dans les temps historiques avait son établissement et sa capitale Hypata dans la vallée supérieure du Spercheios, sur le versant septentrional du mont Œta. Mais d’autres tribus étaient probablement comprises aussi dans ce nom, telles que ces tribus æoliennes, les Bomiens et les Kalliens, dont les demeures froides et élevées se rapprochaient du golfe Maliaque. C’est dans ce sens que nous devons comprendre le nom, comme renfermant toutes les tribus de pillards situées le long de cette chaîne étendue de montagnes, quand on nous parle du dommage causé par les Œtæens tant aux Maliens a l’est qu’aux Dôriens au sud ; mais il y a quelques cas où le nom d’Œtæens semble désigner expressément les Ænianes, particulièrement quand on les mentionne comme exerçant le privilège amphiktyonique[41]. La bonté du sol, l’abondance de l’humidité et l’exposition
propice des pentes méridionales de l’Othrys[42], surtout la vallée
du Spercheios, rivière par laquelle s’écoulent toutes ces eaux, et qui
produit tous les ans une inondation fertilisante, présentent un contraste
marqué avec les masses stériles, rocailleuses et nues du mont Œta, qui
forment un des côtés du défilé des Thermopylæ. Au sud du défilé, les
Lokriens, les Phokiens et les Dôriens occupaient les montagnes et les
passages qui se trouvaient entre Les Phokiens étaient bornés au nord par les petits
territoires appelés Dôris et Dryopis, qui les séparaient des Maliens, au
nord-est, à l’est et au sud-ouest par les différentes branches des Lokriens,
et au sud-est par les Bœôtiens. Ils touchaient à la mer Eubœenne (comme nous l’avons
mentionné) à Daphnos, point où elle se rapproche le plus de leur
capitale Elateia ; leur territoire comprenait aussi la plus grande partie de
la haute et froide chaîne du Parnassos jusqu’à son extrémité méridionale, où
une partie plus basse de cette chaîne, appelée Kirphis, se projette jusque
dans le golfe de Corinthe, entre les deux baies d’Antikyra et de Krissa ;
cette dernière, avec sa plaine jadis fertile, était fort proche du rocher
sacré d’Apollon Delphien. Delphes et Krissa appartenaient toutes deux dans
l’origine à la race phokienne. Mais la sainteté du temple, jointe à l’appui
des Lacédæmoniens, mit les Delphiens en état de s’établir d’une manière
indépendante en désavouant le lien qui les rattachait à la confrérie
phokienne. Pour parler du territoire, la partie la plus importante de la
Phokis[44] consistait dans
la vallée de la rivière Kêphisos, qui prend sa source dans le Parnassos, non
loin de la ville phokienne de Lilæa, passe entre l’Œta et Knêmis d’un côté et
le Parnassos de l’autre, et entre en Bœôtia prés de Chæroneia, se jetant dans
le lac Kôpaïs. C’était sur les chaînes de montagnes et de rochers qui se
projetaient de chaque côté de cette rivière qu’étaient situées les nombreuses
petites villes de Le petit territoire appelé Dôris et Dryopis occupait le
versant méridional du mont Œta, séparant Nous passons ensuite aux Ætoliens, dont les tribus
extrêmes couvraient les hauteurs froides de l’Œta et du Korax, s’étendant
presque en vue du golfe Maliaque, où elles confinaient aux Doriens et aux
Maliens, tandis que leurs tribus centrales et occidentales se prolongeaient
le long de la frontière des Lokriens Ozoles jusqu’à la plaine unie, remplie
clé marais et de lacs, voisine de l’embouchure de l’Euênos. Du temps
d’Hérodote et de Thucydide, ils ne semblent pas s’être étendus à l’ouest
jusqu’à l’Achelôos ; mais postérieurement ce dernier fleuve, dans la plus
grande partie de son cours inférieur, les séparait des Akarnaniens[48] ; au nord ils
touchaient aux Dolopes et à un parallèle de latitude s’étendant au nord
presque jusqu’à Ambrakia. Il y avait trois grandes divisions du nom Ætolien :
les Apodôti, les Ophioneis et les Eurytanes, dont chacune était subdivisée en
plusieurs tribus de village différentes. La partie septentrionale du
territoire[49]
consistait en chaînes de montagnes très élevées, et même, dans la partie
méridionale, on trouve les montagnes Arakynthos, Kurion, Chalkis, Taphiassos,
à une assez faible distance de la mer ; tandis que les principales villes d’Ætolia,
Kalydôn, Pleurôn, Chalkis, semblent avoir été situées à l’est de l’Euênos,
entre les montagnes que nous venons de mentionner et la mer[50]. Les deux
premières villes ont été considérablement ennoblies dans la légende, mais
elles sont peu nommées dans l’histoire ; tandis qu’au contraire, la ville de
Thermos, capitale des Ætoliens historiques, et lieu où étaient convoquées
l’assemblée et la fête collectives du nom Ætolien, pour le choix d’un général
panætolien, n’est mentionnée par personne avant Éphore[51]. C’était en
partie un renom légendaire, en partie une parenté ethnique (publiquement reconnue des
deux côtés) avec les Eleiens du Péloponnèse, qui rendaient authentique
le droit que les Ætoliens prétendaient avoir au rang d’Hellênes. Mais la
grande masse des Apodôti, des Eurytanes et des Ophioneis, dans leurs
montagnes de l’intérieur, avait des meurs si grossières et un langage si
inintelligible[52]
— qui n’était cependant pas un idiome barbare, mais un très mauvais dialecte
hellénique —, que ce droit pourrait bien sembler contestable, et effectivement
il fut contesté dans des temps plus récents, lorsque la puissance et les
déprédations des Ætoliens furent devenues odieuses à presque toute Attenant aux /Etoliens étaient les Akarnaniens, les plus occidentaux des Grecs placés en dehors du Péloponnèse. Ils s’étendaient jusqu’à la mer Ionienne, et semblent, à l’époque de Thucydide, avoir occupé les deux rives du fleuve Achelôos dans la partie inférieure de son cours, bien que la rive gauche paraisse dans la suite appartenir aux Ætoliens, de sorte que le fleuve en vint à former entre les deux peuples la limite souvent disputée et décidée par les armes. Les principales villes akarnaniennes, Stratos et Œniadæ, étaient toutes deux sur la rive droite ; la dernière dans le pays marécageux et inondé, voisin de son embouchure. Près des Akarnaniens, vers le golfe d’Ambrakia, on trouvait des nations barbares ou non helléniques, les Agræens et les Amphilochi. C’est au milieu de ces derniers, sur les bords du golfe d’Ambrakia, qu’était établie la colonie grecque appelée Argos Amphilochicon. Au sujet des cinq subdivisions helléniques que nous venons
d’énumérer, Phokiens, Lokriens, Dôriens (de Dôris), Ætoliens et Akarnaniens — parmi
lesquels les Lokriens, les Phokiens et les Ætoliens sont compris dans le
Catalogue homérique —, nous avons à dire la même chose qu’au sujet des
habitants du nord des Thermopylæ ; il n’y a pas de renseignement relatif à
elles depuis le commencement de la période historique jusqu’à la guerre des
Perses. Même cet événement important ne met en mouvement que les Lokriens de
la mer Eubœenne, les Phokiens et les Dôriens ; il nous faut attendre presque
jusqu’à la guerre du Péloponnèse avant que flous ayons besoin de
renseignements relatifs aux Lokriens Ozoles, aux Ætoliens et aux Akarnaniens.
Ces trois derniers peuples étaient incontestablement les membres les plus arriérés
de l’agrégat hellénique. Bien que n’étant pas absolument sans ville centrale,
ils vivaient dispersés dans des villages, se retirant, en cas d’attaque, sur
des hauteurs inaccessibles, constamment armés et toujours prêts à attaquer et
à piller quand l’occasion s’en présentait[54]. Toute différente
était la condition des Lokriens en face de l’Eubœa, des Phokiens et des
Dôriens. C’étaient toutes des communautés régulières établies dans des
villes, petites’ il est vrai et pauvres, mais non moins bien administrées que
la moyenne des municipes grecs, et peut-être exemptes de ces violences
individuelles qui troublaient si fréquemment Nous trouvons dans le poète Alkman (vers 610 av. J.-C.) le berger Erysichæen ou Kalydonien, nommé comme un type de rusticité grossière, l’antithèse de Sardis, où était né le poète[56]. Et parlai les prétendants que l’on représente comme venant demander en mariage la fille du Sikyonien Kleisthenês, on voit le Thessalien Diaktoridês de Krannôn, membre de la famille des Skopades, et l’Ætolien Malês, frère de ce Titormos qui surpassait en force musculaire tous les Grecs de son temps et qui, abandonnant l’humanité, s’était retiré dans les retraites les plus reculées de l’Ætolia : cet Ætolien semble en quelque sorte mis en contraste avec le délicat Smindyridès de Sybaris, le plus efféminé des hommes. Hérodote introduit ces caractères dans le dramatique tableau qu’il fait de ces noces mémorables[57]. Entre A partir du moment où nous voyons Nous trouvons un unique renseignement antérieur à l’an 700 avant J.-C., relativement à Thèbes seule et séparée des autres villes bœôtiennes. Bien que court et consigné d’une manière incomplète, il a cependant une haute valeur, comme citant l’un des premiers incidents de l’histoire grecque réelle et positive. Dioklês le Corinthien se trouve inscrit comme vainqueur olympique dans la treizième Olympiade, soit 728 avant J.-C., à une époque oh les oligarques appelés les Bacchiadæ possédaient le gouvernement de Corinthe. La beauté de sa personne lui attira la tendresse de Philolaos, un des membres de ce corps oligarchique, sentiment que les mœurs grecques ne proscrivaient pas ; mais elle provoqua aussi de la part de sa propre mère Halkyonè une passion incestueuse, devant laquelle Dioklês recula avec haine et horreur. Il abandonna pour toujours sa ville natale et se retirait Thèbes, où il fut suivi par Philolaos, et où ils vécurent et moururent tous les deus. A l’époque d’Aristote on montrait encore leurs tombeaux, tout près l’un de l’autre, cependant avec une façade opposée ; celui de Philolaos étant placé de telle sorte que celui qui l’habitait pût avoir en vue le sommet élevé de sa ville natale, tandis que celui de Dioklês était disposé de manière à intercepter toute perspective sur l’endroit odieux. Ce qui nous conserve le souvenir d’un incident si remarquable, c’est l’estime que les Thêbains continuèrent d’avoir pour Philolaos, sentiment si prononcé qu’ils l’invitèrent à leur donner des lois. Nous aurons occasion de signaler un ou deus cas semblables dans lesquels des cités grecques invoquèrent l’aide d’un étranger intelligent ; et l’usage devint commun, dans les républiques italiennes du moyen âge, de nommer une personne n’appartenant pas à leur ville soit comme Podestat, soit comme arbitre dans des dissensions civiles. Il eût été d’Lin haut intérêt de connaître en détail quelles lois P1lilolaos fit pour les Thêbains ; mais Aristote, avec sa concision habituelle, fait simplement allusion à ses ordonnances relatives à l’adoption d’enfants et à la multiplication de la race dans chaque famille séparée. Ses lois étaient composées en vue de maintenir le nombre primitif de lots de terre, sans subdivision ni réunion ; mais par quels moyens ce dessein devait-il être accompli, c’est ce que nous ignorons[64]. Il existait à Thèbes une loi qui a pu faire partie du plan de Philolaos ; elle interdit l’exposition des enfants, et permet à un père pressé par une extrême indigence de porter son enfant nouveau-né aux magistrats, qui le vendaient pour une somme à quelque citoyen, lui imposant obligation de l’élever, mais l’autorisant en retour à considérer comme son esclave l’enfant devenu adulte[65]. De ces courtes allusions, qui nous arrivent sans être accompagnées d’explication, nous ne pouvons tirer d’autre conclusion, si ce n’est que le grand problème de la population, le rapport entre le bien-être des citoyens et l’augmentation plus ou moins rapide de leur nombre, avait attiré sérieusement l’attention même îles premiers législateurs grecs. Nous pouvons cependant faire observer que l’ancien législateur de Corinthe Pheidôn (dont on ne peut fixer la date précise) est signalé par Aristote[66] comme ayant eu en vue le même objet que celui qui est attribué à Philolaos à Thèbes ; un nombre invariable et de citoyens et de lots de terre, sans aucune tentative pour changer la proportion inégale existant entre les lots et leurs possesseurs. |
[1] Xénophon, Helléniques, VII, 5, 27 ; Démosthène, De Coron., ch. 7, p. 231.
[2] Démosthène, De Coron., ch. 21, p. 247.
[3]
Xénophon, Anabase, III,
[4] Xénophon, Helléniques, VI, I, 12 ; Isocrate ad Philipp., Orat. V, p. 107. Ce discours d’Isocrate est composé expressément dans le but d’inviter Philippe à se mettre à la tête des Grecs réunis contre les Perses ; le Discours IV, appelé Panégyrique, recommande une coalition de tous les Grecs dans le même but, mais sous l’hégémonie d’Athènes, en mettant de côté toutes les dissidences intestines. V. Orat. IV, p. 45-68.
[5] Thucydide, III, 93.
[6] Hérodote, VII, 173 ; Strabon, IX ; p. 440-441. Hérodote mentionne le défilé traversant la chaîne de l’Olympos ou monts Cambuniens par lesquels Xerxês et son armée passèrent de Macedonia en Perrhæbia. V. la description du défilé et du pays voisin dans Leake, Travels in Northern Greece, ch. 38, vol. III, p. 338-348 ; cf. Tite-Live, XLII, 53.
[7] Skylax, Périple, ch. 66 ; Hérodote, VII, 183-188.
[8]
Skylax, Périple, ch. 64 ; Strabon,
IX, p. 433-434. Sophocle comprenait le territoire de Trachin dans les limites
de
[9] V. la description de Thaumaki dans Tite-Live, XXXII, 4, et dans Dr Holland’s Travels, ch. 17, vol. II, p. 112 ; aujourd’hui Thomoko.
[10] Skylax, Périple, ch. 65. Hesychius (v. Παγασίτης Άπόλλων) semble compter Pagasæ comme Achæenne.
Relativement aux villes de
[11]
Platon, Criton, ch. 15, p. 53. Έκεϊ γάρ δή
πλείστη άταξία
καί άκολασία (cf.
le commencement du Menôn). Remarque d’autant plus frappante, qu’il venait de
décrire auparavant
V. aussi Démosthène, Olynth., I, ch. 9, p. 16, cont. Aristocr. I, eh. 29, p. 657 ; Schol. Euripide, Phœniss., 1466 ; Théopompe, Fragm. 54-178, éd. Didot ; Aristophane, Plut., 521. — On comprend la marche des affaires politiques en Thessalia d’après Xénophon, Helléniques, VI, l ; cf. Anabase, I, 1, 10, et Thucydide, IV, 78.
[12] V. Cicéron, Orat. in Pison., c. 2, De Leg. Agrar. cont. Rullum, c. 34-35.
[13]
Cf. la cavalerie thessalienne telle qu’elle est décrite par Polybe, IV, 8, avec
[14] Hérodote, VII, 176 ; Thucydide, I, 12.
[15] Pindare, Pyth., X, init., avec les scholies, et l’excellent commentaire de Bœckh, relatif aux Aleuadæ : Schneider ad Aristote, Politique, V, 5, 9 ; et l’essai de Buttmann, Von dem Geschlecht der Aleuaden, art. XXII, vol. II, p. 251, de la collection appelée Mythologus.
[16] Ahrens, De Dialect. Æolicâ, ch. 1, 2.
[17] V. Aristote, Politique, II, 6, 3 ; Thucydide, II, 99-100.
[18] Les mots attribués par Xénophon (Helléniques, VI, 1, 11) à Jason de Pheræ, et les vers de Théocrite (16-34), attestent le nombre et la vigueur des Penestæ Thessaliens, et la grande opulence des Aleuadæ et des Skopadæ. Ces deux familles acquirent de la célébrité par les vers de Simonide ; toutes les deux le protégèrent et invoquèrent sa muse ; v. Élien, V. H., XII, 1 ; Ovide, Ibis, 512 ; Quintilien, XI, 2, 15. Pindare aussi se vante de sa liaison d’amitié avec Thorax l’Aleuade (Pyth., X, 99).
Les άνδραποδισταί thessaliens auxquels il est fait allusion dans Aristophane (Plutus, 521) doivent avoir été des hommes vendus hors du pays comme esclaves, soit des Penestæ rebelles, soit des hommes libres Perrhæbiens, Magnêtes et Achæens, saisis de force ; le poète comique athénien : Mnesimachos, en plaisantant sur la voracité des Pharsaliens, s’écrie, ap. Athenæ, X, p. 418 : . . . . . . . Άρά που όπτήν κατεσθίουσι πόλιν Άχαϊκήν. — Pagasæ était célèbre comme lieu d’exportation d’esclaves (Hermippus ap. Athenæ, I, 49). — Menôn de Pharsalos prêtait assistance aux Athéniens contre Amphipolis au moyen de 200 ou de 300 Penestæ à cheval, hommes à lui, Démosthène, περί Συνταξ, c. 9. p. 173, cont. Aristocrat., c. 51, p. 697.
[19] Archemachus ap. Athenæ, TI, p. 264 ; Platon, Legg., XI, p. 277 ; Aristote, Politique, II, 6, 3 ; VII, 9, 9 ; Denys d’Halicarnasse, A. R., II, 84.
Platon et Aristote insistent tous deux sur l’extrême danger d’avoir de nombreux esclaves du même pays et parlant la même langue.
[20] Aristote, Politique, VII, 11, 2.
[21]
Théopompe et Archemachus ap. Athenæ. p. 264-266 ; cf. Thucydide, II, 12 ;
Steph. Byz. v. Άρνη — le
contraire de ce récit dans Strabon, IX, p. 401-411,
[22] Hérodote, I, 57 ; cf. VII, 176.
[23] Hellanicus, Fragm. 28, éd. Didot ; Harpocration, v. Τετραρχία : la quadruple division était plus ancienne qu’Hécatée (Stoph. Byz. v Κράννων).
Hécatée rattachait les Perrhæbiens à la généalogie
d’Æolos par Tyro, fille de Salmôneus : ils passaient pour Αίολεϊς (Hécatée, Fragm. 334, éd. Didot ; Steph. Byz., v. Φάλαννα et Γόννοι). — Le
territoire de la ville d’Histiæa (dans la partie septentrionale de l’île
d’Eubœa) était aussi appelé Histiæôtis. — La double rencontre de ce nom (chose
qui n’est pas rare dans l’ancienne Grèce) semble avoir donné naissance à cette
assertion, que les Perrhæbi avaient soumis les parties septentrionales de
l’Eubœa et transporté les habitants de l’Eubœenne Histiæa captifs dans le
nord-ouest de
[24] Pline, H. N., IV, 1 ; Strabon, IX, p. 440.
[25] Strabon, IX, p. 443.
[26] Diodore, XVIII, 11 ; Thucydide, II, 22.
[27]
L’inscription n° 1770 du Corpus Inscript.
de Bœckh contient une lettre du consul romain, Titus Quinctius Flamininus,
adressée à la ville de Kyretiæ (au nord d’Atrax dans
[28] Xénophon, Helléniques, VI, 1, 9 ; Diodore, XIV, 82 ; Thucydide, I, 3. Hérodote, VII, 6, appelle les Aleuadæ Θεσσαλίης βασιλήες.
[29] Xénophon, Memorab., I, 2, 24 ; Helléniques, II, 3, 37. La perte de la comédie d’Eupolis appelée Πόλεις (V. Meineke, Fragm. comic. Græc., p. 513) nous empêche probablement de comprendre le sarcasme d’Aristophane (Vesp., 1263) au sujet de la παραπρέσβεια d’Amynias chez les Penestæ de Pharsalos ; mais l’incident auquel il y est fait allusion ne peut avoir rien à faire avec la conduite de Critias, touchée par Xénophon.
[30] Xénophon, Helléniques, VI, 1, 9-12.
[31] Démosthène, Olynth., I, ch. 3, p. 15 ; II, ch. 5, p. 21. L’orateur avait occasion de dénoncer Philippe pour s’être emparé de l’autorité publique de la confédération thessalienne, en partie par l’intrigue, en partie par la force, et nous apprenons par là à connaître les λιμένες et les άγοραί qui formaient le revenu de la confédération.
[32] Xénophon (Helléniques, VI, 1, 7) compte les Μαρακοί parmi ces tributaires avec les Dolopes : les Maraces sont nommés par Pline (H. N., IV, 3) aussi avec les Dolopes, mais nous ignorons où ils habitaient.
[33] Xénophon, Helléniques, VI, 1, 9 ; Pindare, Pyth., IV, 80.
[34] Hérodote, VII, 176 ; VIII, 27-28.
[35] Le récit d’une invasion de Thessaliens à Kerêssos prés de Leuktra en Bœôtia (Pausanias, IX, 13, 1) n’est nullement probable.
[36] Un récit rapportait que ces Achæens de Phthia étaient venus dans le Péloponnèse avec Pélops, et s’étaient établis en Laconie (Strabon, VIII, p. 365).
[37] Aristote, ap. Athenæ. IV, p.173 ; Conon, Narrat., 29 ; Strabon, XIV, p. 647. Hoeckh (Krêta, l. III, vol. II, p. 409) essaye (avec peu de succès, à mon avis) de ramener ces récits à la forme d’une histoire réelle.
[38] Thucydide, III, 92. La distinction faite par Skylax (c. 61) et Diodore (XVIII, 11) entre Μηλιεϊς et Μαλιεϊς (les derniers attenant aux premiers au nord) paraît inadmissible, bien que Letronne la défende encore (Périple de Marcien d’Héraclée, etc., Paris, 1839, p. 212.
Au lieu de Μαλιεϊς,
nous devons lire Λαιεϊς,
comme le fait observer O. Müller (Dorians,
I, 6, p. 48). — Il est remarquable que l’importante ville de Lamia (la moderne
Zeitun) ne soit signalée ni par Hérodote, ni par Thucydide, ni par Xénophon ;
Skylax est le premier qui en fasse mention. La route que prit Xerxês pour se
rendre aux Thermopylæ longe la côte d’Alos. — Les Lamieis (en admettant que ce
soit la leçon correcte) occupaient la côte septentrionale du golfe Maliaque,
depuis la rive nord du Spercheios jusqu’à la ville d’Echinos, lieu où le Dr
Cramer place les Μηλιεϊς
Παράλιοι, par erreur, à ce que
je crois (Geography of Greece, vol.
I, 6, 436). — Il n’est pas improbable que Lamia acquit pour la première fois de
l’importance pendant le cours des événements qui eurent lieu à la fin de la
guerre du Péloponnèse, lorsque les Lacédæmoniens, défendant Hêrakleia,
attaquèrent les Achæens de
[39] Aristote, Politique, IV, 10, 10.
[40] Plutarque, Quæst. Græc., p. 294.
[41] Thucydide, III, 92-97 ; VIII, 3. Xénophon, Helléniques, I, 2, 18. Dans un autre passage, Xénophon distingue expressément les Œtæi et les Ænianes (Helléniques, III, 5, 6). Diodore, XIV, 38. Eschyle, De Fals. Leg., c. 44, p. 290.
[42] Sur la fertilité aussi bien que sur la beauté de cette vallée, v. Dr Holland’s Travels, ch. 17, vol. II, p. 108, et Forchhammer (Hellenika, Griechenland, im neuen das Alte, Berlin ; I837). Je ne suis pas d’accord avec Forchhammer quand il essaye de résoudre les mythes d’Hêraklês, d’Achille et autres en phénomènes physiques ; mais les descriptions qu’il fait des scènes et des attributs locaux sont au plus haut point animées et faites de main de maître.
[43]
Strabon, IX, p. 425 ; Forchhammer, Hellenika,
p. 11-12. On parle quelquefois de Kynos comme du port d’Opous, mais c’était une
ville particulière aussi ancienne que le Catalogue homérique, et de quelque
importance dans les guerres postérieures de
[44] Pausanias, X, 33, 4.
[45] Pausanias, X, 5, 1 ; Démosthène, Fals. Leg., c. 22-28 ; Diodore, XVI, 60, avec la note de Wesseling.
Le dixième livre de Pausanias, bien que plus de la
moitié en soit consacré à Delphes, nous dit tout ce que nous savons
relativement aux villes moins importantes de
[46] Hérodote, VIII, 31, 43, 46 ; Diodore, IV, 57 ; Arist., ap. Strabon, VIII, p. 373.
O. Müller (History
of the Dorians, b, l, c. 11) a donné tout ce que l’on peut savoir an sujet
de
[47] Strabon, IX, p. 427.
[48] Hérodote, VII, 126 ; Thucydide, II, 102.
[49] V. le difficile voyage exécuté par Fiedler de Wrachori, au nord par Karpenitz, et ensuite à travers la portion nord-ouest des montagnes des anciens Eurytanes (la continuation méridionale du mont Tymphrêstos et de l’Œta), jusque dans la vallée supérieure du Spercheios (Fiedler’s Reise in Griechenland, vol. I, p. 177-191), partie du voyage plus long de Missolonghi à Zeitun.
Skylax (c. 35) considère l’Ætolia comme s’étendant à l’intérieur jusqu’aux frontières des Ænianes sur le Spercheios (ce qui est tout à fait exact). Ætolia Epiktêtos, Strabon, X, p. 450.
[50] Strabon, X, p. 459-460. Il y a cependant de grandes incertitudes relativement à la position de ces anciennes villes : Cf. Kruse, Hellas, vol. III, ch. 11, p. 233-255, et Brandstaeter, Geschichte des Ætolischen Landes, p. 121-134.
[51] Éphore, Fragm. 29, Marx., ap. Strabon, p. 463. La situation de Thermos, l’acropolis pour ainsi dire de toute l’Ætolia, placée dans un lieu dont une armée pouvait à peine approcher, peut, dans une certaine mesure, sinon complètement, être déterminée par la description que fait Polybe de. la marche rapide de Philippe et de l’armée macédonienne pour la surprendre. Les cartes, tant de Kruse que de Kiepert, la placent trop au nord du lac Trichônis : celle de Fiedler la marque plus exactement à l’est de ce lac (Polybe, V, 7-8 ; cf. Brandstaeter, Geschichte des Ætol. Landes, p. 133.
[52] Thucydide, III, 102. Il semble que Thucydide ne les avait pas vus lui-même et qu’il n’avait pas conversé avec eux, mais il ne les appelle pas βάρβαροι.
[53] Éphore, Fragm. 29, éd. Marx. ; Skymn. Chius, v.471 ; Strabon, X, p. 450.
[54] Thucydide, I, 6 ; III, 94. Aristote, cependant, renfermait dans son considérable recueil de Πολιτείαι une Άκαρνάνων Πολιτεία aussi bien qu’une Άϊτωλών Πολιτεία (Aristotelis Rerum publicarum reliquiæ, éd. Neumann, p. 102 ; Strabon, VII, p. 321).
[55] Timée, Fragm. XVII, éd. Goeller ; Polybe, XII, 6-7 ; Athénée, VI, p. 264.
[56] Stephan. Byz. a conservé ce court fragment des Παρθενεϊα d’Alkman (Έρυσίχη) et Strabon y fait allusion, X, p. 460, V. Welcker, Alkm. Fragm. XI, et Bergk, Alk. Fr. XII.
[57] Hérodote, VI, 127.
[58]
Voir une admirable description topographique de la partie septentrionale de
Kôpaïs est un bassin fermé recevant toute l’eau de
[59] V. 0. Müller, Orchomenos, ch. 20, p. 418 sq.
[60] V. Démosthène, De Fals. Legat., c. 43-45. Une autre portion de cette route étroite est probablement indiquée par le défilé de Korôneia, (Diodore, XV, 52 ; Xénophon, Helléniques, IV, 3, I5), qu’Epaminondas occupa pour empêcher l’invasion de Kleombrotos venant de Phokis.
[61] Thucydide, II, 2. Cf. le discours des Thêbains aux Lacédæmoniens après la prise de Platée, III, 61, 65, 66.
[62] Thucydide, IV, 91 ; C. F. Hermann, Griechische Staatsalterthümer, sect. 179 ; Hérodote, V, 79 ; Bœckh, Commentat. ad Inscript. Bæotic. ap. Corp. Ins. Græc., part. V, p. 726.
[63] Hérodote, VIII, 135 ; IX, 15-43. Pausanias, IX, 13, 1 ; IX, 23, 3 ; IX, 24, 3 ; IX, 32, 1-4. Xénophon, Helléniques, VI, 4, 3-4 ; cf. O. Müller, Orchomenos, ch. XX, p. 403.
[64] Aristote, Politique, II, 9, 6-7. Parmi les lois que Philolaüs a données à cette ville [Thêbes], je citerai celles qui concernent les naissances, et qu'on y appelle encore les Lois fondamentales. Ce qui lui appartient en propre, c'est d'avoir statué que le nombre des héritages resterait toujours immuable. Un passage embarrassant suit à trois lignes de celui-ci — Φιλολάου δέ ϊδιον έστιν ή τών ούσιών άνομάλωσις — ce qui soulève deux questions : d’abord, Philolaos peut-il réellement être désigné dans le second passage qui parle de ce qui est ϊδιον à Philolaos, tandis que le premier passage avait déjà parlé de quelque chose ϊδίως νενομοθετημένον par la même personne ? En conséquence, Goettling et M. Barthélemy Saint-Hilaire suivent un seul des MSS. en écrivant Φαλέου au lieu de Φιλολάου. Ensuite, quel est le sens de άνομάλωσις ? O. Müller (Dorians, ch. 10, 5, p. 209) pense qu’il signifie une « nouvelle égalisation, précisément comme άναδασμός signifie un nouveau partage, » en adoptant la traduction de Victorius et de Schloesser.
Il est difficile d’établir le point d’une manière décisive ; mais si cette traduction de άνομάλωσις est exacte, il y a de bonnes raisons pour préférer le mot Φαλέου à Φιλολάου vu que l’opération en question s’accorderait mieux avec les idées de Phaleas (Aristote, Politique, II, 4, 3).
[65] Élien, V. H., II, 7.
[66] Aristote, Politique, II, 3, 7. Ce Pheidôn semble différer de Pheidôn d’Argos, autant que nous pouvons en juger.