DEUXIÈME VOLUME
SECTION I. - RETOUR DES HÊRAKLIDES DANS LE PÉLOPONNÈSE.Dans les chapitres IV et VII du premier volume, nous avons
retracé la descendance des deux familles mythiques les plus distinguées du
Péloponnèse, les Persides et les Pélopides. Nous avons suivi les premiers
jusqu’à Hêraklês et à son fils Hyllos, et les seconds jusqu’à Orestês, fils d’Agamemnôn,
qui est laissé en possession de cette suprématie dans la péninsule, à
laquelle son père avait dû le commandement suprême dans la guerre de Troie.
Les Hêraklides ou fils d’Hêraklês sont bannis et réduits -à dépendre de l’aide
ou de la protection étrangère : Hyllos avait péri dans un combat singulier
contre Echemos de Tegea (uni
aux Pélopides par un mariage avec Timandra, sœur de Klytæmnêstra)[1], et une
convention solennelle avait été faite, comme condition préliminaire de ce
duel, à savoir que sa famille n’entreprendrait pas une tentative semblable d’invasion
pendant l’intervalle de cent années. A l’expiration du terme stipulé, la
tentative fut renouvelée, et avec un succès complet ; mais ce succès ne fut
pas dit autant à la valeur des envahisseurs qu’à un puissant corps de
nouveaux alliés. Les Hêraklides reparaissent comme chefs et compagnons des Dôriens,
section septentrionale des Grecs, qui prennent de l’importance maintenant
pour la première fois, pauvre il est vrai en renom mythique, puisqu’il n’est
jamais question d’eux dans l’Iliade, et qu’ils sont mentionnés une fois
accidentellement dans l’Odyssée, comme étant une fraction des habitants de Le fils de Hyllos, Kleodæos, aussi bien que son petit-fils Aristomachos, était mort alors, et la descendance d’Hëraklês était représentée par les trois fils de ce dernier, Temenos, Kresphontês et Aristodêmos. C’est sous leur conduite que les Dôriens pénétrèrent dans la péninsule. Le récit mythique faisait remonter l’union intime qui existait entre les Hêraklides et les Dôriens à une guerre antérieure, où Hêraklês lui-même avait rendu un service inappréciable au roi Ægimios, vivement pressé dans une lutte avec les Lapithæ. Hêraklês défit les Lapithæ et tua leur roi Korônos ; dans sa reconnaissance Ægimios céda à son libérateur un tiers de tout le pays qu’il possédait et adopta Hyllos pour fils. Hêraklês désira que le territoire accordé ainsi pût être ténu en réserve jusqu’à ce qu’il vînt un moment où ses descendants pourraient en avoir besoin ; et ce moment arriva après la mort de Hyllos (V. vol. Ier, ch. V). Quelques-uns des Hêraklides trouvèrent alors asile à Trikorythos en Attique, mais les autres, tournant leurs pas vers Ægimios, sollicitèrent de lui la portion du pays qui avait été promise au vaillant auteur de leur race. Ægimios les reçut selon son engagement et leur céda le tiers de son territoire, en vertu de la stipulation[2]. A partir de ce moment les Hêraklides et les Dôriens furent intimement unis dans une seule société commune. Pamphylos et Dymas, fils d’Ægimios, accompagnèrent Temenos et ses deux frères dans leur expédition contre le Péloponnèse. Tel est l’incident mythique qui prétend expliquer l’origine de ces trois tribus dans lesquelles toutes les communautés dôriennes étaient ordinairement réparties, les Hyllêis, les Pamphyli et les Dymanes, la première des trois renfermant certaines familles particulières, telles que celle des rois de Sparte, qui portaient le nom spécial d’Hêraklides. Hyllos, Pamphylos et Dymas sont les héros éponymes des trois tribus dôriennes. Temenos et ses deux frères résolurent d’attaquer le Péloponnèse, non dans une marche par terre, le long de l’isthme, semblable à celle dans laquelle Hyllos avait été tué précédemment, mais par mer, en franchissant le bras étroit qui sépare les promontoires de Rhion et d’Antirrhion, par lesquels commence le golfe de Corinthe. Selon un seul récit, il est vrai, que toutefois Hérodote ne semble pas avoir connu, on dit qu’ils choisirent cette ligne de marche sur l’injonction expresse du dieu de Delphes, daignant leur expliquer une réponse qui avait été faite à Hyllos dans les termes équivoques habituels aux oracles. Les Lokriens Ozoles et les Ætoliens, habitant la côte septentrionale du golfe de Corinthe, furent les uns et les autres favorables à l’entreprise, et les premiers leur accordèrent un port pour construire leurs vaisseaux, circonstance mémorable qui fit donner au port pour toujours dans la suite le nom dé Naupaktos. Aristodêmos y mourut frappé de la foudre, laissant deux fils jumeaux, Eurysthenês et Proklês ; mais ses deux frères survivants continuèrent de presser l’expédition avec activité. Dans ces conjonctures, un prophète akarnanien, nommé Karnos, se présenta dans le camp[3] sous l’inspiration d’Apollon, et fit entendre diverses prédictions. Il fut cependant si fortement soupçonné d’une collusion perfide avec les Péloponnésiens, qu’Hippotês, arrière-petit-fils d’Hêraklês par Phylas et Antiochos, le tua. Sa mort attira sur l’armée la colère d’Apollon, qui détruisit leurs vaisseaux et les frappa de la famine. Temenos, dans sa détresse, s’adressa de nouveau à l’oracle de Delphes pour obtenir aide et conseil ; il apprit la cause ‘de tant de souffrances et reçut l’ordre de bannir Hippotês pour dix ans, d’offrir un sacrifice en expiation du meurtre de Karnos, et de chercher comme guide de l’armée un homme qui aurait trois yeux[4]. En revenant à Naupaktos, il rencontra l’Ætolien Oxylos, fils d’Andræmôn, qui retournait dans son pays, après un exil temporaire en Elis, encouru pour homicide : Oxylos avait perdu un oeil ; mais comme il était monté sur un cheval, l’homme et le cheval réunis complétaient les trois yeux voulus, et il fut adopté comme étant le guide qu’avait prescrit l’oracle[5]. Sous sa conduite, ils réparèrent leurs vaisseaux, abordèrent sur la côte opposée de l’Achaïa, et marchèrent pour attaquer Tisamenos, fils d’Orestês, alors le puissant maître de la péninsule. Il se livra une grande bataille, dans laquelle ce dernier fut vaincu et tué ; Pamphylos et Dymas périrent également. Cette bataille rendit les Dôriens si complètement maîtres du Péloponnèse, qu’ils procédèrent à la répartition du territoire entre eux. La fertile contrée de l’Elis avait été, par une stipulation antérieure, réservée à Oxylos, en récompense des services qu’il avait rendus comme guide ; et il fut convenu que les trois Hêraklides, Temenos, Kresphontês et les fils, encore enfants, d’Aristodêmos, tireraient au sort Argos, Sparte et Messênê. Argos échut à Temenos, Sparte aux fils d’Aristodêmos, et Messênê à Kresphontês ; ce dernier s’était assuré Messênê, le territoire le plus fertile des trois, en mettant, par fraude, dans le vase d’oh l’on tirait les lots, un morceau d’argile au lieu d’une pierre ; les lots de ses frères furent tirés, tandis que le sien resta de côté. Chacun d’eux offrit un sacrifice solennel en l’honneur de ce partage ; mais, comme ils procédaient à la cérémonie, on vit sur l’autel de chacun des frères un signe miraculeux : un crapaud correspondant à Argos, un serpent à Sparte, et un renard à Messênê. Les prophètes, consultés ; donnèrent le sens de ces indications mystérieuses : le crapaud, animal lent et stationnaire, prouvait que le possesseur d’Argos ne réussirait pas dans des entreprises faites au delà des limites de sa propre ville ; le serpent indiquait l’avenir formidable de guerre offensive réservé à Sparte ; le renard annonçait aux Messéniens une carrière de ruse et de fraude. Tel est le court récit que fait Apollodore du retour des Hêraklides,
point auquel nous passons, comme si un magicien nous touchait de sa baguette,
de Avant tout, cette légende établit en faveur des Dôriens et de leurs rois un titre mythique à leurs établissements du Péloponnèse ; Argos, Sparte et Messênê sont présentées comme appartenant légitimement, et rendues, par un juste retour, aux enfants d’Hêraklês. C’était à eux que Zeus avait donné spécialement le territoire de Sparte ; les Dôriens entrèrent dans le pays en qualité de sujets et d’auxiliaires[7]. Platon donne de la légende une version très différente, mais nous voyons qu’il dispose aussi le récit de manière à ce qu’il comprenne des prétentions légitimes de la part des conquérants. Selon lui, les Achæens, à leur retour dans leur patrie après la prise de Troie, trouvèrent dans leurs concitoyens, génération qui avait grandi pendant leur absence, de la répugnance à les laisser rentrer ; après un effort infructueux tenté pour faire valoir leurs droits, ils finirent par être chassés, mais non sans beaucoup de luttes et de sang versé. Un chef nommé Dôrieus réunit tous ces exilés en un seul corps, et d’après lui ils reçurent le nom de Dôriens au lieu de celui (‘Achæens ; ensuite, revenant dans le Péloponnèse sous la conduite des Hêraklides, ils recouvrèrent par la force les possessions dont ils avaient été exclus, et constituèrent les trois établissements dôriens, sous la domination séparée des frères Hêraklides, à Argos, à Sparte, à Messênê. Ces trois dynasties fraternelles furent fondées sur un plan d’union intime et elles se jurèrent une alliance mutuelle, dans le but de résister à toute attaque qui pourrait être dirigée contre elles de l’Asie[8], soit par le reste des Troyens, soit par leurs alliés. Tel est le récit auquel Platon ajoutait foi ; essentiellement différent sous le rapport des incidents racontés, il est cependant analogue pour le sentiment mythique, et il renferme également l’idée d’un droit à reconquérir le pays. De plus, les deux récits s’accordent à représenter et la conquête entière et la triple division du Péloponnèse Dôrien comme commencées et achevées dans une seule et même entreprise, de manière à ne faire qu’un seul événement, que Platon aurait probablement appelé le Retour des Achæens, mais qui était communément connu sous le nom de Retour des Hêraklides. Bien que cette donnée soit inadmissible et qu’en même temps elle ne s’accorde pas avec d’autres assertions qui se rapprochent tout près des temps historiques, cependant elle porte tous les signes montrant qu’elle était l’idée primitive présentée dans l’origine par les poètes généalogiques. La manière large dont les incidents sont groupés ensemble était facile à suivre pour l’imagination et faisait en même temps une vive impression sur les sentiments. On ne doit jamais supposer que l’existence d’une seule narration légendaire exclue la possibilité d’autres récits circulant en même temps, mais ne s’accordant pas avec elle ; et il en existait un grand nombre de ce genre relativement au premier établissement des Dôriens du Péloponnèse. Dans le récit d’Apollodore que j’ai rapporté, conçu, à ce qu’il semble, sous l’influence de sentiments dôriens, il est dit que Tisamenos avait été tué dans l’invasion. Mais, d’après une autre narration, qui semble avoir trouvé faveur chez les Achæens historiques sur la côte septentrionale du Péloponnèse, Tisamenos, bien que chassé de son royaume de Sparte ou d’Argos par les envahisseurs, ne fut pas tué : il lui fut permis de se retirer, en vertu d’un accord, avec un certain nombre de ses sujets, et il dirigea ses pas vers la côte du Péloponnèse au sud du golfe de Corinthe, occupée alors par les Ioniens. Comme il existait entre les Ioniens et les Achæens des relations non seulement d’amitié, mais encore de commune origine (les héros éponymes Iôn et Achæos passent pour frères, tous deux fils de Xuthos), Tisamenos sollicita les Ioniens de l’admettre, lui et ses compagnons d’exil, dans leur territoire. Les chefs ioniens repoussèrent cette requête, dans la crainte que Tisamenos ne vînt à être choisi comme souverain de tout le pays ; alors ce dernier accomplit son projet par la force. Après un combat acharné, les Ioniens furent vaincus et mis en fuite, et Tisamenos acquit ainsi la possession d’Helikê, aussi bien que la côte septentrionale de la péninsule, à l’ouest de Sikyôn ; côte qui continua à être occupée par les Achæens, et reçut d’eux son nom, qu’elle garda pendant toute la durée des temps historiques. Les Ioniens se retirèrent en Attique ; un grand nombre d’entre eux prirent part à ce qui est appelé l’émigration ionienne vers la côte de l’Asie Mineure, qui eut lieu peu de temps après. Pausanias, il est vrai, nous dit que Tisamenos, après avoir remporté une victoire décisive sur les Ioniens, tomba dans l’engagement[9], et ne vécut pas lui-même pour occuper la contrée dont ses troupes restaient maîtresses. Mais cette histoire de la mort de Tisamenos semble inspirée par le désir qu’éprouvait Pausanias de réunir dans un seul récit deux légendes différentes ; du moins les Achæens historiques continuèrent dans la suite à croire que Tisamenos lui-même avait vécu et régné dans leur territoire, et avait laissé une dynastie royale qui dura jusqu’à Ogygês[10], après lequel elle fut remplacée par un gouvernement populaire[11]. La conquête de Temenos, l’aîné des trois Hêraklides, lie
comprenait dans l’origine qu’Argus et son voisinage : ce fut de là que
Trœzen, Epidauros, Ægina, Sikyôn et Phlionte furent successivement occupées
par des Dôriens, les fils et le gendre de Temenos, Dêiphontês, Phalkés et Keisos
étala les chefs sous la conduite desquels s’accomplit cet événement[12]. A Sparte, le
succès des Dôriens fut favorisé par la trahison d’un homme, nommé Philonomos,
qui reçut pour récompense la ville d’Amyklæ et le territoire voisin[13]. On dit que Le seul établissement dorien dans la péninsule qui ne se rattache pas directement au triple partage est Corinthe, qui devint, dit-on, dôrienne un peu plus tard et sous un autre chef, bien qu’encore Héraclide. Hippotês, descendant d’Hêraklês à la quatrième génération, mais non par Hyllos, s’était rendu coupable (comme on l’a déjà dit) du meurtre de Karnos, le prophète, au camp de Naupaktos, crime qui lui avait valu le bannissement et un exil de dix années ; son fils tira le nom d’Alêtês des longues courses errantes auxquelles le père fut condamné. A la tête d’une troupe de Doriens, Alêtês attaqua, Corinthe : il assit son camp sur l’éminence de Solygeia, près de la ville, et harcela les habitants par des combats continuels jusqu’à ce qu’il les contraignît à se rendre. Même à l’époque de la guerre du Péloponnèse, les Corinthiens déclaraient reconnaître la colline sur laquelle avait été placé le camp de ces assaillants. La grande dynastie mythique des Sisyphides fut chassée, et Alêtês devint chef et Œkiste (fondateur) de la cité dôrienne ; cependant un grand nombre des habitants, Æoliens ou Ioniens, se retirèrent[15]. Quelques-uns disent que l’établissement d’Oxylôs et de ses Ætoliens en Elis ne rencontra que très peu d’opposition ; le chef déclarait lui-même descendre d’Ætolos, qui avait été, à une époque antérieure, banni d’Elis et envoyé en Ætolia, et les deux peuples, Epeiens et Ætoliens, reconnaissaient une origine commune de famille[16]. D’abord, il est vrai, d’après Éphore, les Epeiens parurent en armes, déterminés à repousser les envahisseurs ; mais on finit par convenir des deux côtés qu’on s’en remettrait à l’issue d’un combat singulier. Degmenos, le champion des Epeiens, se fiait dans la longue portée de son arc et de sa flèche ; mais l’Ætolien Pyræchmês vint muni de sa fronde, arme alors inconnue et récemment inventée par les Ætoliens, qui portait beaucoup plus loin que l’arc de son ennemi ; il tua ainsi Degmenos, et assura la victoire à Oxylos et à ses compagnons. D’après un récit, les Epeiens furent chassés ; d’après un autre, ils fraternisèrent amicalement avec les nouveaux venus. Quelle que puisse être la vérité sur ce point, il est certain que leur nom se perdit à partir de ce moment, et qu’ils ne reparaissent jamais parmi les éléments historiques de la Grèce[17] : nous entendons désormais parler seulement d’Eleiens, que l’on disait issus des Ætoliens[18]. Un privilège de la plus grande importance se rattachait à la conquête du territoire éleien par Oxylos, joint au titre qu’il avait à la reconnaissance des rois dôriens. Les Eleiens acquirent l’administration du temple d’Olympia, que les 40, Achæens avaient, dit-on, possédée avant eux ; et, par égard pour cette fonction sacrée, qui, en se développant postérieurement, leur donna le droit de célébrer les grands jeux Olympiques, leur territoire fut solennellement déclaré inviolable. Telle était l’assertion d’Éphore[19]. Nous trouvons, dans ce cas comme dans tant d’autres, que le retour des Hêraklides sert à fournir une base légendaire pour l’état historique de choses dans le Péloponnèse. C’était l’habitude des grands tragiques attiques, à de rares exceptions prés, de choisir les sujets de leurs drames dans le monde héroïque ou légendaire. Euripide avait composé trois drames, aujourd’hui perdus, sur les aventures de Temenos, de sa fille Hyrnethô et de son gendre Dêiphontés, sur les malheurs de famille de Kresphontês et de Meropê, et sur la valeur heureuse d’Archélaos, fils de Temenos en Macédoine, où, disait-on, il avait commencé la dynastie des rois Têmenides. Le premier et le second de ces sujets étaient éminemment tragiques, et le troisième, se rapportant à Archélaos, semble avoir été entrepris par Euripide pour flatter son protecteur Archélaos, qui régnait de son temps en Macédoine : on nous dit même que ces exploits, attribués à Temenos par la version ordinaire de la légende, étaient rapportés dans le drame d’Euripide comme ayant été accomplis par Archélaos, son fils[20]. De tous les héros dont parlent les trois tragiques attiques, ces Hêraklides doriens sont les derniers dans la série généalogique descendante, signe qui indique entre autres que nous approchons du terrain de la véritable histoire. Bien que le nom d’Achæens, comme désignant un peule, soit désormais limité au territoire situé au nord du Péloponnèse et spécialement appelé Achaïa, et aux habitants de l’Achæa Phthiôtis, au nord du mont Œta, et bien que les grands États du Péloponnèse semblent toujours s’être glorifiés du titre de Dôriens, cependant nous voyons les rois de Sparte, même dans l’âge historique, s’efforcer de s’approprier les gloires mythiques des Achæens, et de se mettre en avant comme les représentants d’Agamemnôn et d’Orestês. Le roi de Sparte Kléoménês alla même jusqu’à désavouer formellement toute origine dôrienne ; car lorsque la prêtresse à Athènes, ne voulut pas lui permettre de sacrifier dans le temple d’Athênê, sous prétexte qu’il était péremptoirement fermé à tous les Dôriens, il répondit : Je ne suis pas Dôrien, mais Achæen[21]. Non seulement l’ambassadeur spartiate, devant Gelôn de Syracuse, rattacha à l’ancien nom et aux prérogatives élevées d’Agamemnôn[22] le titre imprescriptible qu’avait son pays au commandement suprême des forces militaires des Grecs, mais, poussant plus loin le même sentiment, les Spartiates, dit-on, rapportèrent à Sparte, de Tegea, les ossements d’Orestês, et d’Helikê ceux de Tisamenos[23], sur l’ordre de l’oracle de Delphes. Il y a encore un autre récit rapportant qu’Oxylos, en Elis, reçut du même oracle l’injonction d’appeler dans son pays un Achæen, comme Œkiste, conjointement avec lui-même ; et qu’il fit venir d’Helikê Agorios, l’arrière-petit-fils d’Orestês, avec un petit nombre d’Achæens qui se joignirent à lui[24]. Les Dôriens eux-mêmes, étant singulièrement, pauvres en légendes nationales, s’efforçaient, assez naturellement, de se parer de ces ornements légendaires que les Achæens possédaient en abondance. Comme conséquence des établissements dôriens dans le Péloponnèse,
on dit qu’il y eut plusieurs émigrations des peuples qui y habitaient
auparavant. 1. Les Epeiens d’Elis sont ou chassés ou se fondent dans les
nouveaux venus conduits par Oxylos, et perdent leur nom séparé. 2. Les
Pyliens, avec la grande famille héroïque, de Nêleus et de son fils Nestôr,
qui les commande, font place à l’établissement dorien de Les poèmes homériques indiquent des Achæens, des Pyliens et des Epeiens dans le Péloponnèse, mais ils ne font pas mention d’Ioniens dans le district septentrional de l’Achaïa ; au contraire, le Catalogue de l’Iliade comprend distinctement ce territoire dans les possessions d’Agamemnon. Bien qu’on ne doive pas prendre le Catalogue d’Homère pour un document historique, propre à être invoqué comme témoignage de l’état réel du Péloponnèse à une époque antérieure quelconque, il semble certainement être une autorité meilleure que les assertions avancées par Hérodote et par d’autres, relativement à l’occupation du nord du Péloponnèse par les Ioniens, et à leur expulsion de ce pays par Tisamenos. Autant que l’on peut ajouter foi au Catalogue, il dément l’idée de l’existence d’Ioniens à Helikê, et appuie ce qui semble être en soi une supposition plus naturelle, à savoir que les Achæens historiques au nord du Péloponnèse sont un petit reste de la puissante population achæenne, qui n’avait jamais été inquiétée et qui jadis avait été répartie dans toute la péninsule, jusqu’à ce qu’elle fût dissoute et expulsée en partie par les Doriens. Les légendes homériques, les plus anciennes incontestablement que nous possédions, sont appropriées à une population d’Achæens, de Danaens et d’Argiens, n’ayant pas vraisemblablement de nom spécial et reconnu soit pour tout le peuple, soit pour une partie, si ce n’est celui de chaque tribu ou de chaque royaume séparé. Les légendes post-homériques s’appliquent à une population classée tout différemment, les Hellènes, distribués en Dôriens, en Ioniens et en Æoliens. Si nous connaissions mieux l’époque et les circonstances dans lesquelles naquirent ces différentes légendes, il nous serait possible probablement d’expliquer leurs contradictions ; mais, dans notre ignorance présente, nous ne pouvons que signaler le fait. Quelque difficulté que la critique moderne puisse trouver au sujet de l’événement appelé « le retour des Hêraklides, les meilleurs historiens de l’antiquité n’expriment aucun douté à son égard. Thucydide l’admet comme un événement isolé et littéral, ayant sa date assignable, et amenant d’un seul coup l’acquisition du Péloponnèse. Il lui assigne comme date la quatre-vingtième année après la prise de Troie. A-t-il le premier déterminé cette époque ou l’a-t-il copiée sur quelque auteur antérieur, c’est ce que nous ne savons pas. Elle doit avoir été fixée d’après quelque supputation de générations, car il n’y, avait pas d’autres moyens accessibles ; probablement au moyen de la descendance des Hêraklides, qui, appartenant aux rois de Sparte, formait le fil de connexion le plus apparent et le plus notoire entre le monde réel et le monde mythique dés Grecs, et mesurait l’intervalle séparant le siége de Troie lui-même et la première Olympiade régulièrement constatée. Hêraklès lui-même représente la génération qui précède le siége, et son fils Tlepolemos combat dans l’armée des assiégeants. Si nous supposons que la première génération après Hêraklês commence avec l’ouverture du siège, la quatrième génération après lui coïncidera avec la quatre-vingt-dixième année après la même époque ; et conséquemment, en déduisant dix ans pour la durée de la lutte, elle coïncidera avec la quatre-vingtième année après la prise de la ville[25] ; trente années étant prises pour une génération. La date assignée par Thucydide s’accordera ainsi avec la distance qui sépare Temenos, Kresphontês et Aristodêmos d’Hêraklês. L’intervalle de quatre-vingts ans entre la prise de Troie et le retour des Hêraklides, semble avoir été admis par Apollodore et Ératosthène et par quelques autres chronologistes de profession dans l’antiquité ; mais il y avait des calculs différents qui trouvaient aussi plus ou moins d’appui. SECTION II - MIGRATION DES THESSALIENS ET DES BŒÔTIENS.Dans le même passage où Thucydide parle du retour des
Hêraklides, il marque aussi la date d’un autre événement un peu antérieur
qui, dit-on, modifia profondément l’état de L’expulsion mentionnée ici des Bœôtiens chassés d’Arnê par les Thessaliens, a été interprétée
probablement pour faire allusion à l’immigration des Thessaliens, proprement
appelés ainsi, de Quoi que nous puissions penser de cette légende, telle qu’elle
est, l’état de Dans le cas de la migration supposée des Bœôtiens de
Thessalia en Bœôtia, il n’y a pas de raisons historiques semblables pour
justifier la croyance au fait capital de la légende, et les différents récits
légendaires ne s’accordaient pas non plus entre eux. Tandis que l’épopée
homérique reconnaît les Bœôtiens en Bœôtia, mais non en Thessalia, Thucydide
rapporte un récit qu’il avait, trouvé au sujet de leur migration de ce
dernier pars dans le premier Mais pour échapper à la nécessité de contredire
absolument Homère, il insère comme parenthèse qu’il y avait eu antérieurement
une fraction détachée de Bœôtiens en Bœôtia, à l’époque de la guerre de Troie[31], fraction d’où
furent tirées les troupes qui servirent avec Agamemnôn. Néanmoins la
différence avec l’Iliade, bien que moins sensiblement frappante, n’est pas
écartée, en tant que le Catalogue est d’une abondance inusitée dans l’énumération
qu’il fait des contingents de Pausanias nous donne une courte esquisse des événements qu’il
suppose avoir eu lieu dans cette partie de Ici donc nous avons un sommaire de l’histoire bœôtienne
supposée entre le siège de Troie et le retour des Hêraklides, et il n’y est
pas fait mention de l’immigration de la masse des Bœôtiens venus de L’autorité de Thucydide est, à juste titre, si grande, que la migration annoncée ici distinctement par lui est communément présentée comme une date fixée, au double point de vue historique et chronologique. Mais on peut montrer que dans ce cas il ne suivait qu’une seule des nombreuses légendes contradictoires, dont il n’était possible de vérifier aucune. Pausanias reconnaissait une émigration des Bœôtiens venant
de Le seul fait que nous puissions constater, indépendamment
de ces légendes, c’est qu’il existait certaines homonymies et certaines
affinités de culte religieux entre des parties de Ce qui est plus important à remarquer, c’est que les
récits de Thucydide et d’Éphore nous font passer de SECTION III. - ÉMIGRATIONS DE GRÈCE EN ASIE ET DANS LES ÎLES DE
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[1] Hésiode, Eoiai, Fragm. 58, p. 43, éd. Düntzer.
[2] Diodore, IV, 37-60 ; Apollodore, II, 7, 7. Éphore ap. Steph. Byz., Δυμάν, Fragm. 10, éd Marx.
Pindare appelle les institutions dôriennes τεθμοι Αίγιμίον Δωριxοί (Pyth., I, 12-1). — Il existait un ancien poème épique, aujourd’hui perdu, mais cité dans quelques rares occasions par des auteurs conservés encore, sous le titre de Αίγίμιος ; on l’attribuait parfois à Hésiode, parfois à Kerkops (Athenæ, XI, p. 503). Le petit nombre de fragments qui restent ne nous permet pas d’en comprendre le plan, en tant qu’ils embrassent différents incidents mythiques très éloignés les uns des autres, Iô, les Argonautes, Pêleus et Thetis, etc. Mais le titre qu’il porte semble impliquer que la guerre d’Ægimios contre les Lapithæ, et le secours que lui prêta Hêraklês, étaient un de ses principaux sujets. O. Müller (History of the Dorians, vol. I, b. l., c. 8) et Welcker (Der Epische Pykhis, p. 263) me semblent tous deux aller au delà des preuves bien modiques que nous possédons, quand ils déterminent ce poème aujourd’hui perdu ; cf. Marktscheffel, Præfat. Hesiode, Fragm., cap. 5, p. 159.
[3] Au sujet de ce prophète, cf. Ænomaus ap. Eusebium, Præparat. Evangel., V, p. 211. D’après cette indication, Kleodæeos (appelé ici Aridæos), fils d’Hyllos, et Aristomachos, fils de Kleodæeos, avaient fait tous deux des tentatives séparées et successives pour pénétrer dans le Péloponnèse en traversant l’isthme ; tous deux avaient échoué et péri, pour avoir mal compris l’avertissement de l’oracle de Delphes : Ænomaus n’avait rien pu savoir de l’assurance donnée par Hyllos, comme condition du combat singulier livré entre lui et Echemos (selon Hérodote), à savoir que les Hêraklides ne feraient pas de nouvelles tentatives pendant cent ans : si on avait compris qu’ils avaient donné, puis violé une telle assurance, on aurait probablement produit cette violation pour expliquer leur échec.
[4] Apollodore, II, 8,3 ; Pausanias, III, 13, 3.
[5] Apollodore, II, 8, 3. D’après le récit de Pausanias, la bête que montait Oxylos était une mule et avait perdu un œil (Pausanias, V, 3, 5).
[6] Hérodote fait observer, à propos du récit que les Lacédæmoniens faisaient au sujet de leurs deux premiers rois dans le Péloponnèse (Euristhenês et Proklês, les fils jumeaux, d’Aristodêmos), que les Lacédæmoniens ne s’accordaient dans leur récit avec aucun des poètes (Hérodote, VI, 52).
[7] Tyrtée, Fragm.
C’est ainsi que Pindare dit qu’Apollon avait placé les fils d’Hêraklês, conjointement avec ceux d’Ægimios, à Sparte, à Argos et à Pylos (Pyth., V, 93). — Isocrate (Or. VI, Archidamus, p. 130) établit un bon titre par une ligne différente de raisonnement mythique. Il semble qu’il a existé d’autres récits, contenant des raisons mythiques qui expliquaient pourquoi les Hêraklides n’acquirent pas la possession de l’Arcadia (Polyen, I, 7).
[8] Platon, Legg., III, 6-7, p. 682-686.
[9] Pausanias, VII. 1-3.
[10] Polybe, II, 45 ; IV, 1 ; Strabon, VIII, p. 383-384. Ce Tisamenos tire son nom de l’acte mémorable de vengeance attribué à son père Orestês. C’est ainsi que, dans la légende du siège de Thèbes, Thersandros, comme l’un des Epigones, vengea son père Polynikês ;le fils de Thersandros fut appelé aussi Tisamenos (Hérodote, IV, 149). Cf. O. Müller, Dorians, I, p. 69, n. 9, trad. anglaise.
[11] Diodore, IV, 1. L’historien Éphore comprenait dans son ouvrage un récit extrêmement détaillé de ce grand événement de la légende grecque, le Retour des Hêraklides, dont il déclarait faire le commencement de son histoire suivie : à quelles sources empruntait-il, c’est ce que nous ignorons.
[12] Strabon, VIII, p. 359. Pausanias, II, 6, 2 ; 12,1.
[13] Conon, Narr., 36 ; Strabon, VIII, p. 365.
[14] Strabon, VIII, p. 359. Conon, Narr., 39.
[15] Thucydide, IV, 42. Schol. Pindare, Olymp., XIII, 17 ; et Nem. VII, 155 ; Conon, Narrat., 26 ; Éphore ap. Strabon, VIII, p. 389.
Thucydide appelle Æoliens les habitants de Corinthe qui précédèrent les Dôriens ; Conon les appelle Ioniens.
[16] Éphore ap. Strabon, X, p. 463.
[17]
Strabon, VIII, p. 358 ; Pausanias, V, 4, 1. Une des six villes de
[18] Hérodote, VIII, 73 ; Pausanias, V, 1, 2. Hécatée affirmait que les Epeiens étaient complètement étrangers aux Eleiens ; Strabon ne semble pas avoir pu s’assurer soit de l’affirmative soit de la négative (Hécatée, Fragm. 348, éd. Didot ; Strabon, VIII, p. 341).
[19] Éphore ap. Strabon, VIII, p. 358. Le récit des habitants de Pisa, territoire plus immédiatement voisin d’Olympia, était très différent de celui-ci.
[20] Agatharchides ap. Photium, sect. 250, p. 1332.
Cf. les Fragments des Τημένιδαι Άρχέλαος et Κρεσφόντης, dans l’édition d’Euripide de Dindorf, avec les remarques explicatives de Welcker, Griechische Tragoedien, p. 697, 708, 828. — Le prologue de l’Archélaos semble avoir parcouru la série entière de la lignée des Hêraklides en descendant, à partir d’Ægyptos et de Danaos.
[21] Hérodote, V, 72.
[22] Hérodote, VII, 159.
[23] Hérodote, I, 68 ; Pausanias, VII, 1, 3.
[24] Pausanias, V, 4.
[25] La date de Thucydide est calculée, μετά Ίλίου άλωσιν (I, 13).
[26] Hérodote, VII, 196.
[27]
V. l’épigramme attribuée à Aristote (Antholog.
Græc., t. I, p. 181, éd. Reisk ; Velleius Paterculus, I, 1). — Les Scholies
de Lycophrôn (912) donnent un récit quelque peu différent. Ephyrè est
représentée comme l’ancien nom légendaire de la ville de Krannon en Thessalia
(Kineas, ap. Schol. Pindare, Pyth.,
X, 85), ce qui fait naître la confusion avec
[28] Hérodote, VII, 176 ; Velleius Paterculus, 1, 2, 3 ; Charax, ap. Stephan. Byz., v. Δώριον ; Polyen. VIII, 44. Il y avait toutefois plusieurs assertions différentes sur l’extraction de Thessalos aussi bien que sur le nom du pays (Strabon) IX, p. 443 ; Stephan. Byz., v. Αίμονία).
[29] V. K. O. Müller, History of the Dorians, Introduc. sect. 4.
[30] Pindare, Pyth., X, 2.
[31] Thucydide, I, 12.
[32] Pausanias, IX, 5, 8.
[33] Pausanias, X, 8, 3.
[34] Éphore, Fragm. 30, éd. Marx. ; Strabon, IX, p. 401-402. L’histoire des Bœôtiens à Arnê dans Polyen. (I, 12) vient probablement d’Éphore.
Diodore (XIX, 53) donne un sommaire de l’histoire
légendaire de Thèbes à partir de Deukaliôn ; il nous dit que les Bœôtiens
furent chassés de leur pays, et obligés de se retirer en Thessalia pendant la
guerre de Troie, par suite de l’absence de tant de leurs braves guerriers alors
à Troie ; ils ne retrouvèrent pas le chemin de
[35]
Stephan. Byz., v. Άρνη,
fait de
[36]
Homère, Iliade, II ; Strabon, IX, p.
413 ; Pausanias, IX, 40, 3. — Quelques-unes des familles à Chæroneia, même
pendant le temps de la domination romaine en Grèce, faisaient remonter leur
origine à Peripoltas le prophète, qui, disait-on, avait accompagné Opheltas
dans sa marche envahissante hors de
[37] Strabon, IX, 411-435 ; Homère, Iliade, II, 696 ; Hécatée, Fragm. 338, Didot.
Le fragment d’Alcée (cité par Strabon, mais brièvement et avec un texte mutilé) ne sert qu’à reconnaître la rivière et la ville. — Itônos, dit-on, était fils d’Amphiktyôn, et Bœôtos fils d’Itônos (Pausanias, IX, I, 1, 34, 1 ; cf. Steph. Byz., v. Βοιωτία) et de Melanippè. D’après une autre généalogie légendaire (née probablement après que le nom æolien eut été adopté comme nom de classe pour une section considérable de Grecs, mais aussi ancienne que le poète Asius (Olymp., 30), le héros éponyme Bœôtos se rattachait à la grande lignée d’Æolos par son père le dieu Poseidôn, qui l’avait eu soit de Melanippè, soit d’Arnê, fille d’Æolos (Asius, Fragm. 8, éd. Düntzer ; Strabon, VI, p. 265 ; Diodore, V, 67 ; Hellanicus ap. Schol. Iliade, II, 494). Deux pièces perdues d’Euripide avaient pour sujets les malheurs de Melanippè et des deux jumeaux qu’elle avait eus de Poseidôn, Bœôtos et Æolos (Hygin, Fab. 186 ; V. les fragments de Μελανίππη Σοφή et de Μελανίππη Δεσμώτις dans l’édition de Dindorf, et les commentaires instructifs de Welcker, Griech. Tragoed., vol. II, p. 840-860).
[38] Pindare, Nem., XI, 43 ; Hellanicus, Fragm. 114, éd Didot. Cf. Stephan. Byz., v. Πέρινθος.
[39] Cinæthon ap. Pausanias, II, 18, 5. Il existait des Penthilides, à Lesbos, pendant les temps historiques (Aristote, Politique, V, 10, 2).
[40]
On a quelquefois supposé que le pays appelé Thrace signifie ici la résidence
des Thraces près du Parnasse ; mais la longueur du voyage et le nombre d’années
qu’il dura, sont marqués d’une manière si spéciale, que je pense que l’auteur a
voulu parler de
[41] Strabon, XIII, p. 582. Hellanicus semble avoir parlé de ce séjour près du mont Phrykion (V. Steph. Byz., v. Φρίxιον). Dans un autre récit (XIII, p. 621), copié probablement sur Éphore de Kymê, Strabon rattache l’établissement de cette colonie à la suite de la guerre de Troie. Les Pélasges, qui occupaient alors le territoire, et qui avaient été les alliés de Priam, furent affaiblis par la défaite qu’ils avaient éprouvée, et ne purent résister aux immigrants.
[42] Velleius Paterculus, I, 4 ; Cf. Antikleidês ap. Athenæ, XI, c. 3 ; Pausanias, III, 2, 1.
[43] Strabon, IX, p. 401.
[44] Strabon, I, p. 10.
[45] Plutarque, Thêseus, c. 24, 25, 26.
[46] Plutarque, Thêseus, c. 34-35.
[47] Eusèbe, Chronic. Can., p. 228-229, éd. Scaliger ; Pausanias, II, 18, 7.
[48] Éphore ap. Harpocration, v. Άπατούρια. Cf. Strabon, IX, p. 393. — Éphore fait venir le terme Άπατούρια des mots signifiant une tromperie au sujet des limites, et il prétend que le nom de cette grande fête ionienne a été tiré du stratagème de Melanthos, décrit dans Conon (Narr., 39) et dans Polyen (I. 19). Toute la dérivation est un produit erroné de l’imagination, et l’histoire offre un curieux modèle d’une légende naissant d’une étymologie.
[49] L’orateur Lycurgue, dans son éloge de Kodros, mentionne un citoyen de Delphes, nommé Kleomantis, qui communiqua secrètement l’oracle aux Athéniens, et reçut pour récompense la σίτησις έν πρυτανεω (Lycurg. contra Leocrat., c. 20).
[50] Phérécyde, Fragm. 110, éd. Didot ; Velleius Paterculus, I, 2 ; Conon, Narr., 26 ; Polyen, I, c. 18. — Hellanicus faisait remonter la généalogie de Kodros par dix générations jusqu’à Deukaliôn. (Fragm. 10, édit. Didot.)
[51] Strabon, XIV, p. 653.
[52] Pausanias, VII, 2, 1.
[53] Hérodote, I, 146 ; Pausanias, VII, 2, 3, 4. Isocrate vante ses ancêtres athéniens pour avoir fourni, au moyen de cette émigration, des établissements à un nombre si considérable de Grecs pauvres et malheureux aux dépens des Barbares (Or. XII, Panathenaic., p.241).
[54] Hérodote, I, 146, VII, 95 ; VIII, 46. Velleius Paterculus, 1, 4. Phérécyde, Fragm. III, éd. Didot.
[55] Hérodote, I, 147 ; Pausanias, VII, 2, 7.
[56] Pausanias, VII, 2, 2 ; VII, 3, 4.
[57] Pausanias, VII, 4, 3.
[58] Hérodote, IV, 145-149 ; Valère Maxime, IV, c. 6 ; Polyen, VII, 49, qui donne toutefois le récit d’une manière différente en mentionnant des Tyrrhéniens de Lemnos secourant Sparte pendant la guerre des Ilotes. Un autre récit dans sa collection (VIII, 71), bien qu’imparfaitement conservé, semble se rapprocher de plus près d’Hérodote.
[59] Homère, Iliade, XI, 721.
[60]
Strabon, VIII, p.
[61] Conon, Narrat., 36. Cf. Plutarque, Quæst. Græc., c. 21, où il est fait mention de Tyrrhéniens de Lemnos, comme dans le passage de Polyen auquel il est fait allusion dans une note précédente.
[62] Strabon, X, p. 481 ; Aristote, Politique, 11, 10.
[63] Hérodote, VII, 171(V. vol. 1, eh. 12). Diodore (V. 80), aussi bien qu’Hérodote, mentionne en général des immigrations considérables en Krête venant de Lacedæmôn et d’Argos ; mais, même dans ses laborieuses recherches M. Raoul Rochette (Histoire des colonies grecques, t. III, c. 9, p. 60-68.) n’a réussi à en recueillir aucune particularité distincte.
[64]
Steph. Byz. v. Δωριον.
Cf. Strabon, X, p. 475476, d’après lequel il est clair qu’Andrôn présentait l’histoire
en s’en référant d’une manière spéciale au passage de l’Odyssée qu’il explique
(XV, 175). — On ne peut déterminer avec précision l’époque d’Andrôn, un des
auteurs d’Atthides ; mais il est difficile de le placer plus tôt que l’an 300
avant J.-C. V.
[65] V. Diodore, IV, 60, V. 80. D’après Strabon (l. c.), nous voyons cependant que d’autres rejetaient le récit d’Andrôn. — O. Müller (History of the Dorians, b. I, c. 1, § 9) accepte l’histoire comme vraie en substance, en écartant le nom de Dôros, et même il tient pour certain que Minos de Knôssos était Dorien ; mais la preuve qu’il apporte et l’appui de cette conclusion me semble peu précise et imaginaire.
[66] Conon, Narrat., 47 ; Éphore, Fragm. 62, éd. Marx.
[67] Diodore, V, 59 ; Apollodore, III, 2, 2. Dans le chapitre 57, Diodore avait fait une allusion expresse aux mythologues natifs de Rhodes, et à l’un d’eux en particulier, nommé Zénon. — Wesseling suppose que Rhodes eut deux fondateurs différents, nommés tous deux Althæmenês ; cela est assurément nécessaire, si nous devons considérer les deux récits comme historiques.
[68] Strabon, XIV, p. 653 ; Pausanias, II, 39, 3 ; Callimaque, ap. Steph. Byz., v. Άλιxάρνσσος. — Hérodote (VII, 99) appelle Halikarnassos une colonie de Trœzên ; Pomponius Mela (I, 16), d’Argos. Vitruve nomme à la fois Argos et Trœzên (II, 8, 12) ; mais les deux œkistes qu’il mentionne, Melas et Arevanius, n’étaient pas si bien connus qu’Anthês, les habitants d’Halikarnassos étant appelés Antheadæ (V. Steph. Byz., v. Άθήναι ; et une inscription curieuse dans le Corpus Inscriptiorum de Bœckh, n° 2655).
[69]
La période qui
me semble la plus obscure et la plus remplie de difficultés n’est pas celle que
je viens de parcourir : c’est celle qui sépare l’époque des Héraclides de l’institution
des Olympiades. La perte des ouvrages d’Éphore et de Théopompe est sans doute
la cause en grande partie du vide immense que nous offre dans cet intervalle l’histoire
de