PREMIER VOLUME
Pour faire comprendre les aventures de Thêseus en Krête, il sera nécessaire de dire quelques mots de Minôs et de la généalogie héroïque krêtoise. Minôs et Rhadamanthe, selon Homère, sont fils de Zeus et
d’Europê[1], fille de
Phoenix, renommé au loin ; ils sont nés en Krête. Minôs est le père de
Deukaliôn, dont le fils Idomeneus, conjointement avec Mêrionês, conduit les
troupes krêtoises à l’armée d’Agamemnôn devant Troie. Minôs est roi de
Knôssos et le compagnon habituel du grand Zeus. On dit qu’il exerce sa
domination en Krête, sans vouloir dire nécessairement qu’elle s’étende sur l’île
entière ; il est de plus décoré d’un sceptre d’or et établi juge des morts
dans les Enfers pour arranger leurs disputes, fonction qu’il est en train de
remplir quand Odysseus le rencontre, — fait reposant toutefois sur un passage
interpolé dans l’Odyssée à une époque relativement moderne. Il avait aussi
une fille nommée Ariadnê, pour laquelle l’artiste Dædalos fabriqua dans la
ville de Knôssos la représentation d’une danse compliquée, et qui finit par
être enlevée par Thêseus ; elle mourut dans l’île de Dia, abandonnée de
Thêseus et livrée par Dionysos à la fatale colère d’Artemis. Rhadamanthe
semble se rapprocher de Minôs et pour les fonctions judiciaires et pour la
dignité posthume. Il est transporté expressément en Eubœa, par les Phæaciens,
messagers de mer à moitié divins, pour inspecter le cadavre gigantesque de
Tityos, né de Selon des poètes postérieurs à Homère, Europê est amenée
par Zeus de Phénicie en Krête, où elle lui donne trois fils, Minôs,
Rhadamanthe et Sarpêdôn. Celui-ci quitte Europê trouve en Krête un roi Astêrios, qui l’épouse et adopte les enfants qu’elle a eus de Zeus : cet Astêrios est le fils de Krês, l’éponyme de file, ou (selon une autre généalogie par laquelle on essayait de prouver que Minôs était de race Dôrienne), il avait pour mère la fille de Krês, laquelle l’aurait eu de Tektamos, fils de Dôros, venu de Grèce pour s’établir dans cette île. Minôs épousa Pasiphaê, fille du dieu Hêlios et de Perseïs, et il eut d’elle Katreus, Deukaliôn, Glaukos, Androgeos, — noms marquants dans le récit légendaire, — ainsi que plusieurs filles, parmi lesquelles étaient Ariadnê et Phædra. Il offensa Poseidôn en négligeant d’accomplir un vœu fait solennellement, et le dieu mécontent, pour le punir, inspira à son épouse Pasiphaé une passion monstrueuse pour un taureau. Le grand artiste Dædalos, fils d’Eupalamos, qui s’était enfui d’Athènes, devint le confident de cet amour, dont le fruit fut le Minôtaure, être moitié homme et moitié taureau[4]. Ce Minôtaure fut emprisonné par Minôs dans le labyrinthe, enceinte inextricable construite par Dædalos précisément dans ce but sur l’ordre de Minôs. Minôs acquit une grande puissance sur mer et chassa les habitants kariens d’un grand nombre d’îles de la mer Ægée, qu’il plaça sous le gouvernement de ses fils, en les mettant sur le pied de tributaires. Il entreprit plusieurs expéditions contre diverses villes de la côte, — l’une contre Nisos, fils de Pandiôn, roi de Megara, qui avait dans ses cheveux une boucle particulière de couleur pourpre : un oracle avait déclaré que ses jours et son trône ne seraient jamais en danger tant qu’il conserverait cette précieuse boucle. La ville serait restée inexpugnable, si la fille de Nisos, Skylla, n’eût conçu pour Minôs une violente passion. Pendant le sommeil de son père, elle coupa la boucle à laquelle était attaché son saut, de sorte que le roi krêtois fut bientôt victorieux. Au lieu de remplir la promesse qu’il avait faite d’emmener avec lui Skylla en Krête, il la précipita de la poupe de son vaisseau dans la mer[5] : Skylla et Nisos furent tous deux changés en oiseaux. Androgeos, fils de Minôs, ayant déployé des talents si rares qu’il vainquit tous ses compétiteurs à la fête des Panathênæa à Athènes, fut envoyé par Ægeus, le roi athénien, pour combattre le taureau de Marathôn, — entreprise dans laquelle il périt, et Minôs fit la guerre à Athènes pour venger sa mort. Il ne put pendant longtemps s’emparer : de la ville ; enfin il pria son père Zeus de l’aider à obtenir réparation des Athéniens, et Zeus leur envoya la peste et la famine. En vain s’efforcèrent-ils de détourner ces calamités en offrant comme sacrifices propitiatoires les quatre filles de Hyakinthos. Leurs maux continuèrent encore, et l’oracle les engagea à se soumettre à toutes les conditions que Minôs pourrait imposer. Il demanda qu’ils envoyassent périodiquement en Krête un tribut de sept jeunes garçons et de sept jeunes filles, pour être dévorés par le Minôtaure[6], — auquel on les offrait clans un labyrinthe construit par Dædalos, où se trouvaient une foule de passages différents, d’où personne ne pouvait s’échapper. Tous les neuf ans on envoyait cette offrande. L’histoire,
la plus commune était que les jeunes garçons et les jeunes filles destinés
ainsi à la mort étaient désignés par le sort : — mais le logographe
Hellanicus dit que Minôs venait à Athènes et les choisissait lui-même[7]. Le temps était
arrivé d’envoyer les victimes pour la troisième fois, et Athènes était
plongée dans l’affliction la plus profonde, quand Thêseus résolut de se dévouer
comme l’une d’elles, et de mettre un terme à ce tribut sanguinaire ou de
périr. Il implora le secours de Poseidôn, tandis que le dieu de Delphes lui
assurait qu’Aphroditê le protégerait et le tirerait d’embarras. En arrivant à
Knôssos, il fut assez heureux pour captiver le coeur d’Ariadnê, fille de
Minôs, qui lui fournit une épée et tin peloton de fil. Avec l’une il réussit
à tuer le Minôtaure, l’autre servit à guider ses pas pour s’échapper du
labyrinthe. Ayant remporté ce triomphe, il quitta La légende concernant Thêseus, et l’héroïque délivrance des sept jeunes garçons et des sept jeunes filles de, familles nobles sauvés de la gueule du Minôtaure étaient donc à la fois solennellement rappelés et attestés au public d’Athènes par la sainte cérémonie annuelle et par l’identité incontestée du vaisseau employé dans l’expédition. Il y avait, il est vrai, bien des différences dans la manière de raconter cet incident ; et quelques-uns des logographes athéniens essayèrent de s’expliquer la fable d’une manière naturelle en faisant du Minôtaure un général ou un puissant athlète, nommé Tauros, que Thêseus vainquit en Krête[9]. Mais cette version défigurée ne l’emporta jamais sur l’antique caractère, produit de l’imagination, que présentait le conte tel qu’il était conservé par les poètes. Un grand nombre d’autres cérémonies et coutumes religieuses, ainsi que plusieurs chapelles ou enceintes sacrées élevées en l’honneur de différents héros, se rattachaient à différents actes et à des règlements spéciaux de Thêseus. Pour tout Athénien qui prenait part aux fêtes des Oschophoria, des Pyanepsia ou des Kybernêsia, le nom de ce grand héros était familier ; tandis que les raisons de lui offrir un culte solennel à sa fête spéciale, les Thêseia, devinrent manifestes et puissantes. Les mêmes légendes athéniennes qui rehaussaient et
embellissaient le caractère de Thêseus, peignaient sous des couleurs
repoussantes les attributs de Minôs ; et les traits du vieux compagnon
homérique de Zeus disparurent ensevelis sous ceux du conquérant et de l’oppresseur
d’Athènes. Son histoire, comme celle des autres personnages légendaires de Dædalos resta quelque temps en Sicile, laissant dans
différents endroits, de l’île un grand nombre de preuves prodigieuses de son
habileté dans la mécanique et l’architecture[13]. A la fin Minôs,
décidé à se remettre en possession de sa personne, entreprit une expédition contre
Kokalos avec une flotte et une armée nombreuses. Kokalos affecta de montrer
de l’empressement à rendre le fugitif, et reçut Minôs avec une amitié
apparente ; mais il ordonna qu’un bain fût préparé pour lui par ses trois
filles, qui, désirant vivement sauver Dædalos à tout prix, noyèrent le roi
krêtois dans le bain avec de l’eau chaude[14]. Un grand nombre
des Krêtois qui l’avaient accompagné restèrent en Sicile et fondèrent la
ville de Minoa, qu’ils appelèrent ainsi d’après son nom. Mais, peu de temps
après, Zeus excita tous les habitants de Les maux intolérables[15] suscités ainsi
aux Krêtois par la colère de Minôs pour avoir coopéré à l’expédition générale
de Tel est le Minôs des poètes et des logographes, avec ses
attributs légendaires et romanesques : le compagnon. habituel du grand Zeus,
— le juge des morts dans l’empire d’Hadès, -l’époux de Pasiphaé, fille du
dieu Hélios, — le père de la déesse Ariadnê, ainsi que d’Androgeos, qui périt
et est adoré à Athènes[17], et de l’enfant
Glaukos, qui est miraculeusement rendu à la vie par un prophète, — le
personnage aimé par Skylla, et qui poursuit de son amour la nymphe ou déesse
Britomartis[18],
— le possesseur du Labyrinthe et du Minôtaure, qui lève sur Athènes un tribut
périodique de jeunes garçons et de jeunes filles pour nourrir ce monstre, — enfin,
celui qui poursuit l’artiste Dædalos réfugié à Kamikos, et périt dans un bain
victime des dispositions hostiles des trois filles de Kokalos. Le Minôs de
Thucydide et d’Aristote n’a presque que le nom de commun avec ce portrait si
fortement marqué. Il est le premier qui acquiert la thalassocratie, ou empire sur la mer Ægée : il chasse les Kariens
habitant les Cyclades, et y envoie de nouveaux colons sous ses propres fils ;
il réprime la piraterie, pour pouvoir recevoir sors tribut régulièrement ;
enfin il tente de conquérir Dans la fable, c’est un tribut de sept jeunes garçons et
de sept jeunes filles qui lui est payé périodiquement par les Athéniens ;
dans le récit présenté avec les couleurs historiques, ce caractère de
receveur de tribut est conservé, mais le tribut est de l’argent perçu dans
des îles dépendantes[20] ; et Aristote
nous montre combien Les attributs contradictoires prêtés à Mines, en même temps que les perplexités qu’éprouvaient ceux qui désiraient introduire clans ces événements légendaires un arrangement chronologique régulier, ont amené et dans les temps anciens et dans les temps modernes à supposer l’existence de deux rois nommés Minôs, l’un petit-fils de l’autre, — Minôs I, le fils de Zeus, législateur et juge, — Minôs II, le thalassocrate, — conjecture gratuite qui, sans résoudre le problème proposé, ne fait qu’augmenter le nombre de ces mille expédients employés pour donner au fond disparate de la légende l’apparence de l’histoire. Les Krêtois furent à toutes les époques, depuis le temps d’Homère, des marins habiles et exercés. Mais ont-ils jamais été réunis sous un seul gouvernement ou ont-ils jamais régné en maîtres sur la mer Ægée, c’est là un fait que nous ne sommes en état ni d’affirmer ni de nier. L’Odyssée, en tant qu’elle justifie une conclusion quelconque, s’oppose à une telle supposition, puisqu’elle reconnaît une grande diversité et d’habitants et de langues dans l’île, et désigne Mincis comme roi spécialement de Knôssos : elle réfute d’une manière encore plus positive l’idée que Mines réprima la piraterie que les Krêtois homériques, aussi bien que d’autres, continuent à exercer sans scrupule. Lien qu’Hérodote, dans quelques endroits, parle de Mines
comme d’un personnage du ressort de l’histoire, cependant dans un passage il
le sépare formellement de la race humaine. Le tyran de Samos Polykratês (nous dit-il) fut le premier
qui songea à acquérir l’empire maritime, excepté Minôs de Knôssos, et d’autres
avant lui (s’il
y en a jamais eu) qui peuvent avoir régné sur la mer ; mais Polykratês est
le premier de ce qui est appelé la race
humaine qui aspira avec de grandes
chances de succès à gouverner l’Ionie et les îles de la mer Ægée[23]. Ici il est
évidemment donné à entendre que Minôs n’appartenait pas à la race humaine, et
le conte rapporté par l’historien au sujet des terribles calamités dont Minôs
après sa mort frappa Ce culte religieux et ces contes légendaires, lien qui
unissait |
[1] Europê était adorée dans l’île de Krête avec une solennité toute particulière (V. Dictys Cretensis, de Bello Trojano, I, c. 2).
On montrait encore, au temps de Théophraste, le vénérable platane sous lequel s’étaient reposés Zeus et Europê, tout près d’une fontaine, à Gortyne en Krête ; on disait que c’était le seul platane dans le voisinage qui ne se dépouillât jamais de ses feuilles (Théophraste, Hist. Plant., I, 9).
[2] Homère, Iliade, XIII, 249, 459 ; XIV, 321, Odyssée, XI, 322-568 ; XIX, 179 ; IV, 564 ; VII, 321.
Le Minôs homérique dans les Enfers n’est pas juge de la vie antérieure des morts ; il n’est pas chargé de décider s’ils méritent récompense ou punition pour leur conduite sur la terre ; de telles fonctions ne lui sont pas attribuées avant l’époque de Platon. Il administre la justice parmi les morts, que l’on considère comme une sorte de société à laquelle un juge est nécessaire pour la présider : θεμιστεύοσντα νεxύεσσι, se rapportant à Minôs, est dit tout à fait comme (Odyssée, XI, 484) νΰν δ̕ αΰτε μέγα xρατέεις νεxύεσσι se rapportant à Achille. V. ce point démontré en partie dans l’Excursus XI de Heyne, au sujet du sixième livre de l’Énéide de Virgile.
[3] Apollodore, III, 1, 2. Cette circonstance est évidemment imaginée par les logographes pour rendre compte de la présence de Sarpêdôn à la guerre de Troie, combattant contre Idomeneus, le petit-fils de Minôs. Nisos est l’éponyme de Nisœa, port de la ville de Megara : on montrait sa tombe à Athènes (Pausanias, I, 19, 5). Minôs est l’éponyme de l’île de Minoa (vis-à-vis du port de Nisæa), où l’on affirmait que stationnait la flotte de Minôs (Pausanias, I, 44, 5).
[4] Apollodore, III, 1, 2.
[5] Apollodore, III, 15, 8. V. le Ciris de Virgile, poème de jeune homme sur le sujet de cette fable ; et Hygin, f. 198 ; Schol. Euripide, Hippol., 1200. Properce (III, 19, 21) donne les traits de l’histoire avec une fidélité passable ; Ovide prend avec elle des libertés considérables (Métamorphoses, VIII, 5-150).
[6] Apollodore, III, 15, 8.
[7] V. sur le sujet de Thêseus et du Minôtaure, Eckermann, Lehrbuch der Religions Geschichte und Mythologie, vol. II, ch. 13, p. 133. Il soutient que le tribut de ces victimes humaines payé par Athènes à Minôs est un fait historique. Sur quoi repose cette opinion, c’est ce que je confesse ne point voir.
[8] Platon, Phœdon., c. 2, 3 ; Xénophon, Memor., IV, 8, 2. Platon mentionnait spécialement τούς δίς έπτα έxείνους, les sept jeunes garçons et les sept jeunes filles que Thêseus transporta en Krête et ramena sains et saufs : ce nombre semble être dans la légende un trait ancien et constant, conservé par Sappho et par Bacchylide aussi bien que par Euripide (Herc. Fur., 1318). V. Servius ad Virgile, Énéide, VI, 21.
[9]
Pour le récit en général et ses différences, v. Plutarque, Thêseus, c. 15-19 ; Diodore, IV, 60-62 ; Pausanias, I, 17, 3 ;
Ovide, Epist. Ariadn. Thês., 104.
Dans cette autre partie de l’ouvrage de Diodore qui a trait plus spécialement à
Dans le drame d’Euripide appelé Thêseus était introduite la véritable histoire des jeunes gens et des jeunes filles près d’être offerts comme nourriture au Minôtaure (Schol. Aristophane, Vesp., 312).
Ariadnê figure dans l’Odyssée avec Thêseus ; elle est fille de Minôs, elle est emmenée de Krête par Thêseus, et tuée par Artemis pendant le retour ; il n’est fait allusion ni au Minôtaure, ni au tribut, ni au dévouement de Thêseus (Odyssée, XI, 32-1). C’est probablement la forme la plus ancienne et la plus simple l’une des nombreuses (Cf. Théognis, 1232) aventures amoureuses de Thêseus ; le reste est ajouté par des poètes postérieurs à Homère.
Le respect d’Aristote pour Minas l’amène à adopter l’hypothèse que les jeunes Athéniens et les jeunes Athéniennes ne recevaient pas la mort en Krête, mais vieillissaient dans la servitude (Aristote, Fragm. Βοττιαίων Πολιτεία, p. 106, éd. Neumann, des fragments du traité Περί Πολιτειών, Plutarque, Quæst. Græc., p. 298).
[10] Apollodore, III, cap. 2-3.
[11] Phérécyde, Fragm. 105, Hellanicus, fr. 82 (Didot) ; Pausanias, VII, 4, 5.
[12] Diodore, IV, 79 ; Ovide, Métamorphoses, VIII, 181. Éphore ainsi que Philiste mentionnait l’arrivée de Dædalos auprès de Kokalos en Sicile (Éphore, Fragm. 99 ; Philiste, Fragm. 1, Didot) : probablement Anthiochus en parlait aussi (Diodore, XII, 71). Kokalos était le point de départ des historiens siciliens.
[13] Diodore, IV, 80.
[14] Pausanias, VII, 415 ; Schol. Pindare, Nem. IV, 95 ; Hygin, fab. 44 ; Conon, Narr., 25, Ovide, Ibis, 291.
Vel tua maturet, sicut Minoia fata,
Per caput infusoe fervidus humor aquæ.
Cette histoire formait le sujet du drame aujourd’hui perdu de Sophocle, Καμίxιοι ou Μίνως ; elle était aussi racontée par Callimaque, έν Αίτίοις, ainsi que par Philostephanos (Schol. Iliade, II, 145).
[15] Ce récit curieux et très caractéristique est rapporté par Hérodote, VII, 169-171.
[16] Hérodote, VII, 169. La réponse attribuée à l’oracle de Delphes, à propos de la question posée par les envoyés krêtois, à savoir s’il vaudrait mieux pour eus ou non aider les Grecs contre Xerxès, est fort expressive et très poétique.
Si une telle réponse a jamais été rendue, elle n’a pu l’être,
à mon avis, que par quelque oracle de
[17] Hésiode, Théogonie, 949 ; Pausanias, I, 1, 4.
[18] Callimaque, Hymn. ad Dian., 189. Strabon (X, p. 476) insiste aussi sur l’étrange contradiction des légendes concernant Minôs : j’admets avec Hoeckh (Kreta, II, p. 93) que δασμόλογος dans ce passage a trait au tribut exigé d’Athènes pour le Minôtaure.
[19] Thucydide, I, 4. V. aussi c. 8.
Aristote, Polit., II, 7, 2. Éphore (ap. Scymn., Chi., 542) répétait le même récit : il mentionnait aussi le roi indigène Krês.
[20] Il est curieux qu’Hérodote nie expressément ce fait, et dans des termes qui prouvent qu’il avait fait des recherches spéciales sur ce point : il dit que les Kariens ou Lélèges dans les îles (qui furent, selon Thucydide, chassés par Minôs) ne payaient pas de tribut à celui-ci, mais fournissaient d’hommes sa marine, i. e., étaient vis-à-vis de Minôs à peu près dans le même rapport que Chios et Lesbos vis-à-vis d’Athènes (Hérodote, I, 171). On peut reconnaître ici l’influence de ces discussions qui devaient avoir dominé à cette époque au sujet de l’empire maritime d’Athènes.
[21] Hérodote, VII, 170.
[22] Aristote, Polit., II, 7, 1 ; VII, 9, 2. Éphore, Fragm., 63, 64, 65. Il a mis tout à fait de côté la généalogie homérique de Minôs, qui le dit frère de Rhadamanthe et né en Krête.
Strabon, en signalant les nombreuses contradictions touchant Minos, fait remarquer : Έστι δέ xαί άλλος λόγος ούχ όμολογούμενος, τών μέν ξένον τής νήσου τόν Μίνω λεγόντων, τών δέ έπιχώριον. Parmi les premiers, il comprend sans doute Éphore, bien qu’il ne l’ait pas désigné ici spécialement (X, p. 477).
[23] Hérodote, III, 122.
L’expression correspond exactement à celle de Pausanias, IX, 5, 1, έπί τών xαλουμένων Ήρώων, pour l’époque précédant la άνθρωπηίη γεγέή ; et VIII, 2, 1, ές τά άνωτέρω τοϋ άνθρώπων γένους.
[24] Hoeckh, Kreta, vol. II, p. 56-67. K. O. Müller aussi (Dorier, II, 2, 14) donne une interprétation religieuse à ces légendes krêto-attiques, mais il les explique d’une manière qui diffère complètement de celle de Hoeckh.
[25] Hérodote, I, 173.