HISTOIRE DE LA GRÈCE

PREMIER VOLUME

CHAPITRE IX — GÉNÉALOGIE ARCADIENNE

 

 

La généalogie divine ou héroïque Arcadienne commence avec Pelasgos, qu’Hésiode et Asius considéraient comme indigène, bien que l’Argien Acusilas le représentât comme frère d’Argos, le fils de Zeus et de Niobê, fille de Phorôneus. Acusilas désirait établir une communauté d’origine entre les Argiens et les Arcadiens.

Lykaôn, fils de Pelasgos et roi d’Arcadia, eut, de différentes épouses, cinquante fils, les plus sauvages, les plus impies et les plus méchants des hommes : Mænalos était l’aîné. Zeus, afin de pouvoir être lui-même témoin de leurs méfaits, se présenta à eux sous un déguisement. Ils tuèrent un enfant et le lui servirent comme repas ; mais le dieu renversa la table et, à l’aide de son tonnerre, frappa de mort Lykaôn et ses fils, exceptant seulement Nyktimos, le plus jeune, qu’il épargna, sur l’instante intercession de la déesse Gæa (la Terre). La ville près de laquelle la table fut renversée reçut le nom de Trapezos (Tableville).

Cette singulière légende (formée sur le même type étymologique que celle des fourmis à Ægina, racontée ailleurs) semble ancienne, et peut probablement appartenir ait Catalogue hésiodique. Mais Pausanias nous raconte une histoire différente à bien des égards, qui lui fut présentée en Arcadia comme le récit local primitif, et qui est d’autant plus intéressante qu’il nous dit qu’il y croit lui-même entièrement. Les deux récits, il est vrai, servent à expliquer le même fait : la férocité du caractère de Lykaôn, aussi bien que les rites cruels qu’il pratiquait. Lykaôn fut le premier qui établit le culte et les jeux solennels de Zeus Lykæos : il offrit un enfant à Zeus et fit des libations sur l’autel avec le sang de la victime. Immédiatement après qu’il eut commis ce crime, il fut changé en loup[1].

Je me sens persuadé (fait observer Pausanias) de la vérité de ce récit : il a été répété par les Arcadiens depuis les anciens temps, et il renferme un caractère de vraisemblance. Car les hommes de cette époque, grâce à leur justice et à leur piété, étaient les hôtes et les commensaux des dieux, qui manifestaient envers eux, d’une manière palpable, leur approbation s’ils étaient bons, et leur colère s’ils se conduisaient mal. En effet, dans ce temps il y en eut quelques-uns qui, après avoir été hommes naguère, devinrent dieux, et qui conservent encore leurs privilèges comme telsAristæos, le Krêtois Britomartis, Hêraklês fils d’Alkmênê, Amphiaraos fils d’Oiklês, et de plus Pollux et Kastôr. Nous pouvons donc croire que Lykaôn devint une bête sauvage, et Niobê, la fille de Tantalos, un rocher. Mais, de mon temps, la méchanceté s’étant énormément accrue, au point de se répandre sur toute la terre et sur toutes les cités qu’elle renferme, il n’y a plus d’exemples d’hommes élevés au rang des dieux, excepté comme simple titre et par adulation à l’égard des puissants ; de plus, la colère des dieux est lente à tomber sur les méchants et les attend après leur départ de cette vie.

Pausanias alors en vient à blâmer ceux qui, en multipliant les faux miracles, dans des temps plus récents, tendaient à enlever aux vieux et vrais miracles le crédit et l’estime dont ils jouissaient légitimement. Le passage jette une vive lumière sur l’idée qu’un païen religieux et instruit se faisait de son passé : il montre comme il y confondait d’une manière inséparable les dieux et les hommes, et combien peu il y reconnaissait ou s’attendait à y trouver les phénomènes nus et les lois historiques de connexion appartenant au monde qu’il avait sous les yeux. Il regarde le passé comme le domaine de la légende, le présent comme celui de l’histoire ; et en agissant ainsi, il est plus sceptique que les personnes au milieu desquelles il vivait, et qui croyaient non seulement aux anciens miracles, mais encore aux miracles récents et faussement rapportés. Il est vrai que Pausanias ne reste pas toujours d’une manière conséquente dans cette disposition : souvent il enlève aux histoires du passé leur caractère fabuleux, comme s’il s’attendait à trouver des fils historiques servant à les réunir ; et quelquefois, bien que plus rarement, il accepte les miracles du temps présent. Mais, dans l’exemple actuel, il tire une large ligne de distinction entre le présent et le passé, ou plutôt entre ce qui est récent et ce qui est ancien. Sa critique est, en général, analogue à celle d’Arrien par rapport aux Amazones. Arrien nie leur existence dans les temps où l’histoire est constatée ; mais il l’admet dans les âges primitifs et dénués d’archives.

Dans le récit de Pausanias, les fils de Lykaôn, au lieu de périr frappés par la foudre de Zeus, deviennent les fondateurs de diverses villes en Arcadia. Et comme cette contrée se subdivisait en un grand nombre de petites cités indépendantes, ayant chacune un éponyme particulier, la généalogie héroïque Arcadienne parait brisée et subdivisée. Pallas, Orestheus, Phigalos, Trapezeus, Mœnalos, Mantinêos et Tegeatês sont mis au nombre des fils de Lykaôn, et sont tous éponymes de différentes villes arcadiennes[2].

La légende concernant Kallistô et Arkas, l’éponyme de l’Arcadia en général, semble avoir été, dans l’origine, tout à fait indépendante et distincte de celle de Lykaôn. Eumêle, en effet ; et quelques autres poètes, faisaient de Kallistô la fille de Lykaôn ; niais, ni Hésiode, ni Asius, ni Phérécyde ne reconnaissaient de rapport entre eux[3]. La belle Kallistô, compagne d’Artémis à la chasse, s’était liée par un voeu de chasteté : Zeus, soit par persuasion, soit de force, obtint que le vœu fût violé, au grand déplaisir de Hêrê et d’Artemis. La première changea Kallistô en ourse, la seconde, la voyant sous cette forme, la tua d’une flèche. Zeus donna à l’infortunée Kallistô une place parmi Ies étoiles, comme constellation de l’Ourse : il conserva aussi Arkas, l’enfant dont il était père et auquel elle allait donner le jour, et le remit à la nymphe atlantide Maïa pour l’élever[4].

Arkas, devenu roi, obtint de Triptolemos et communiqua à son peuple les premiers principes de l’agriculture : il lui enseigna aussi à faire du pain, à filer et à tisser. Il eut trois fils : Azan, Apheidas et Elatos : le premier fut l’éponyme d’Azania, la partie méridionale de l’Arcadia ; le second fut un des héros de Tegea ; le troisième fut père d’Ischys (qui disputait à Apollon la tendresse de Koronis) ainsi que d’Æpytos et de Kyllên ; le nom d’Æpytos, parmi les héros de l’Arcadia, est aussi ancien que le Catalogue de l’Iliade[5].

Aleus, fils d’Apheidas et roi de Tegea, fut le fondateur du temple et du culte célèbres d’Athênê Alea dans cette ville. Lykurgos et Kêpheus furent ses fils, Augê sa fille, qui fut séduite par Hêraklês, et lui donna secrètement un enfant : le père, découvrant l’aventure, envoya Augé à Nauplis pour être vendue comme esclave ; Teuthras, roi de Mysia, en Asie Mineure, l’acheta et la prit pour épouse. On montrait son tombeau à Pergame, sur les bords du fleuve Kaikos (Caicus), même du temps de Pausanias[6].

De Lykurgos[7], fils d’Aleus et frère d’Augê, nous passons à son fils Ankæos, compté parmi les Argonautes, finalement tué dans la chasse du sanglier de Kalydôn, et père d’Agapênor, qui conduit contre Troie le contingent Arcadien (on a déjà touché les aventures de sa nièce Atalantê, la chasseresse de Tegea), puis à Echemos, fils d’Aëropos et petit-fils du frère de Lykurgos, Kêpheus. Echemos est le principal ornement héroïque de Tegea. Quand Hyllos, fils d’Hêraklês, conduisit les Hêraklides dans leur première expédition contre le Péloponnèse, Echemos commandait les troupes Tégéennes qui se réunirent avec les autres Péloponnésiens à l’isthme de Corinthe, pour repousser l’invasion : il fut convenu que la querelle se déciderait par un combat singulier, et Echemos, comme champion du Péloponnèse, engagea le combat avec Hyllos et le tua. Fidèles à la convention par laquelle ils s’étaient liés, les Hêraklides se retirèrent, et s’abstinrent pendant trois générations de faire valoir leurs droits sur le Péloponnèse. Ce vaillant exploit de leur grand héros martial fut cité et invoqué par les Tégéates avant la bataille de Platée, comme la principale preuve de leur droit au second poste dans l’armée combinée, le plus rapproché sous le rapport de l’honneur de celui des Lacédæmoniens, et supérieur a celui des Athéniens : ceux-ci leur répondirent en produisant comme preuve contradictoire les brillants exploits héroïques d’Athènes — la protection accordée aux Hêraklides contre Eurystheus, la victoire sur les Kadméens de Thèbes, et la défaite complète des :Amazones eu Attique[8]. On ne peut pas douter non plus que ces gloires légendaires ne fussent et récitées par les orateurs et écoutées par les auditeurs avec une foi entière et convaincue, aussi bien qu’avec une admiration qui remuait les coeurs.

Il y a dans la généalogie fabuleuse de l’Arcadia un autre personnage, — Ischys, fils d’Elatos et petit-fils d’Arkas, — qu’il ne serait pas convenable d’omettre, en ce que son nom et ses aventures se rattachent a l’origine du mémorable dieu ou héros Esculape ou Asklêpios. Korônis, fille de Phlegyas, et résidant près du lac Bœbeïs en Thessalia, fut aimée par Apollon, qui la rendit mère : infidèle au dieu, elle prêta l’oreille aux propositions d’Ischys, fils d’Elatos, et consentit a l’épouser : un corbeau apporta à Apollon la fatale nouvelle, dont il fut tellement irrité, qu’il changea la couleur de l’oiseau, qui, de blanc qu’il avait été antérieurement, devint noir[9]. Artemis, pour venger la blessure faite a la dignité de son frère, mit Korônis à mort ; mais Apollon sauva l’enfant mâle dont elle était sur le point d’être délivrée, et le confia au centaure Chirôn pour l’élever. L’enfant fut nommé Asklêpios ou Esculape, et acquit, grâce en partie aux leçons du bienveillant médecin Chirôn, en partie à son aptitude innée et surhumaine, une connaissance des vertus des plantes et une habileté en médecine et en chirurgie, telles qu’on n’en avait jamais vu auparavant. Non seulement il guérissait les malades, les blessés et les mourants, mais même il rendait la vie aux morts. Kapaneus, Eriphylê, Hippolytos, Tyndareus et Glaukos avaient reçu de lui une nouvelle existence, selon l’assertion de différents poètes et de différents logographes[10]. Mais Zeus se trouva alors dans la nécessité de prendre des précautions, de peur que les hommes, protégés ainsi inopinément contre la maladie et la mort, n’eussent plus désormais besoin des dieux immortels : il frappa Asklêpios de la foudre et le tua. Apollon fut tellement exaspéré du meurtre d’un fils si heureusement doué, qu’il tua les Cyclôpes qui avaient fabriqué la foudre, et Zeus fut sur le point de le condamner au Tartare pour cet acte ; mais, sur l’intercession de Lêtô (Latone), il s’apaisa et se contenta de lui imposer une servitude temporaire : dans la maison d’Admêtos à Pheræ.

Asklêpios était adoré avec une très grande solennité à Trikka, à Kôs, à Knide et dans bien des parties différentes de la Grèce, mais spécialement à Epidauros, de sorte qu’il était né plus d’une légende touchant les détails de sa naissance et de ses aventures : particulièrement quelques-uns appelaient sa mère Arsinoé. Plais on avait fait à ce sujet une demande formelle (comme les Épidauriens le racontèrent à Pausanias) à l’oracle de Delphes, et le dieu, dans sa réponse, reconnut qu’Asklêpios était son fils et celui de Korônis[11]. Le conte rapporté ci-dessus semble avoir été le plus ancien et en même temps avoir eu le plus cours. Pindare l’embellit dans une ode magnifique, où cependant il omet toute mention du corbeau comme messager — sans spécifier qui était l’espion de qui Apollon apprit l’infidélité de Korônis, ou quelle était sa qualité. Bien des critiques ont considéré ces changements comme un progrès sous le rapport de l’effet poétique ; mais cet exemple montre la manière dont les détails et la simplicité caractéristiques des vieilles fables[12] venaient à être transformés en généralités pleines de dignité, adaptées au goût nouveau de la société.

Machaôn et Podaleirios (Podalire), les deux fils d’Asklêpios, commandent, au siège de Troie entrepris par Agamemnôn, le contingent de Trikka, située au nord-ouest de la Thessalia[13]. Ce sont les médecins de l’armée Grecque, tenus en haute estime et consultés par tous les chefs blessés. Leur renom médical fut transmis aux âges postérieurs par le poème composé ensuite par Arktinus, l’Iliu-Persis, où l’un était représenté, comme étant sans égal pour les opérations de chirurgie, et l’autre comme plein de sagacité pour découvrir et apprécier les symptômes morbides. Ce fut Podaleirios qui le premier observa le regard étincelant et fixe et le désordre dans le maintien qui précédèrent le suicide d’Ajax[14].

Galien semble incertain si Asklêpios (aussi bien que Dionysos) était dieu dans l’origine, ou s’il fut homme d’abord, puis rangé plus tard parmi les dieux[15] ; mais Apollodore prétendait fixer la date exacte de son apothéose[16]. Pendant toute la durée des âges historiques les descendants d’Asklêpios furent nombreux et répandus au loin. La multitude des familles ou gentes appelées Asklêpiades, qui se vouaient à l’étude et à la pratique de la médecine, et qui habitaient principalement près des temples d’Asklêpios, où les hommes malades et souffrants venaient chercher du soulagement — reconnaissaient toutes le dieu, non pas simplement comme l’objet de leur culte commun, mais aussi comme le véritable fondateur de leur race. De même que Solôn, qui considérait Nêleus et Poseidôn comme ses ancêtres, où le Milêsien Hécatée, qui faisait remonter son origine à un dieu par quinze anneaux successifs, — de même que la famille privilégiée, à Pêlion en Thessalia[17], qui regardait le sage centaure Chiron comme son premier auteur, et qui hérita de lui ses précieux secrets sur les plantes médicinales dont son voisinage était rempli, — ainsi les Asklêpiades, même dans les temps postérieurs, comptaient et déterminaient tous les anneaux intermédiaires qui les séparaient de leur premier père divin. Une de ces généalogies nous a été conservée, et nous pouvons être certains qu’il y en avait beaucoup d’autres semblables, comme on retrouvait les Asklêpiades dans beaucoup d’endroits différents[18]. Dans leur nombre furent compris des hommes accomplis, ornés d’une haute instruction tels que le grand Hippocrate et l’historien Ktêsias, qui se vantaient de leur propre origine divine et de celle de leur race[19] — tant l’élément légendaire pénétra même les esprits les plus philosophiques et les plus positifs de la Grèce historique. On ne peut pas non plus douter que leurs moyens d’observation médicale n’aient dû avoir reçu une large extension grâce au voisinage d’un temple tellement fréquenté par les malades, qui venaient avec la confiante espérance de trouver un secours divin, et qui, tout en offrant le sacrifice et la prière à Esculape, et en s’endormant dans son temple pour être favorisés d’inspirations curatives pendant leurs rêves, pouvaient, dans le cas où le dieu refusait son aide surnaturelle, consulter ses descendants vivants[20]. Les visiteurs malades à Kôs, à Trikka ou à Epidauros étaient nombreux et assidus, et les tablettes ordinairement suspendues pour consigner les particularités de leurs maladies, les remèdes employés, et les cures opérées par le dieu formaient à la fois une décoration intéressante pour le terrain sacré et un mémorial instructif pour les Asklêpiades[21].

La postérité généalogique d’Hippocrate et des autres Asklêpiades, depuis le dieu Asklêpios, n’est pas seulement analogue à celle d’Hécatée et de Solôn, à partir de leurs divins ancêtres respectifs, elle l’est encore à celle des rois lacédæmoniens depuis Hêraklês, base sur laquelle a été bâtie toute la chronologie supposée des temps antéhistoriques, depuis Eratosthène et Apollodore jusqu’aux chronologistes du siècle présent[22]. J’y reviendrai dans la suite.

 

 

 



[1] Apollodore, III, 8, 1. Hygin, fab. 176. Eratosthène, Catasterism., 8. Pausanias, VIII, 2,2-3. Un récit différent concernant l’immolation de l’enfant se trouve dans Nicolas de Damas, Fragm., p. 41. Orelli. Lykaôn est mentionné comme le premier fondateur du temple de Zeus Lykæos dans Schol. Eurip., Oreste, 1662 ; mais il n’y est rien dit du sacrifice humain ni de ses conséquences. Dans les temps historiques, la fête et les solennités des Lykæa ne semblent pas avoir différé essentiellement des autres agônes de la Grèce (Pindare, Olymp., XIII, 104 ; Nem., X, 46). Xenias, l’Arcadien, un des généraux de l’armée de Cyrus le Jeune, célébra la solennité avec une grande magnificence dans la marche à travers l’Asie-Mineure (Xénophon, Anabase, I, 2, 10). Mais on continua à raconter la fable du sacrifice humain, et la métamorphose postérieure en loup de la personne qui avait mangé de la chair humaine, en les rattachant à ces jeux (Platon, de Republ., VIII, c. 15, p. 417). Cf. Pline, H. N., VIII, 34. Ce passage de Platon semble indiquer clairement que l’usage d’offrir des victimes humaines à l’autel de Zeus Lykæen n’était ni dominant ni récent, mais tout au plus seulement traditionnel et tombé en désuétude ; et ainsi il limite le sens ou infirme l’autorité du dialogue faussement attribué à Platon, Minos, c. 5.

[2] Pausanias, VIII, 3. Hygin, fab. 177.

[3] Apollodore, III, 8, 2.

[4] Pausanias, VIII, 3, 2. Apollodore, III, 8, 2. Hésiode ap. Eratosthène, Catasterism., I, Fragm. 182, Marktseh. Hygin, f. 177.

[5] Homère, Iliade, II, 604. Pindare, Olymp., VI, 44-63.

On montra à Pausanias, entre Pheneus et Stymphalos, le tombeau d’Æpytos, mentionné dans l’Iliade (Pausanias, VIII, 16, 2). Æpytos était un surnom d’Hermês (Pausant. VIII, 47, 3).

Le héros Arkas était adoré à Mantineia, sur l’injonction spéciale de l’oracle de Delphes (Pausanias, VIII, 9, 2).

[6] Pausanias, VIII, 4, 6. Apollodore, III, 9, 1. Diodore, IV, 33.

Une légende distincte concernant Augê et la naissance de Têlephos avait cours à Tegea ; elle se rattachait au temple, à la statue et an surnom d’Eileithya dans l’agora de Tegea (Pausanias, VIII, 48, 5).

Hécatée semble avoir raconté en détail les aventures d’Augê (Pausanias, VIII, 4, 4 ; 47, 3. Hécatée, Fragm., 345, Didot).

Euripide suivait un récit différent au sujet d’Augê et de la naissance de Têlephos dans sa tragédie Augê, aujourd’hui perdue (V. Strabon, VIII, p. 615). Quant au Μυσοί d’Eschyle et aux deux drames perdus, Άλεαδαί et Μυσοί, de Sophocle, on n’en peut pas savoir grand chose (V. Nelcker, Griechisch. Tragoed., p. 53, 408-414).

[7] Il y avait d’autres généalogies locales de Tegea dérivées de Lykurgos ; Bôtachos, éponyme du dême Bôtachidæ dans cette ville, était son petit-fils (Nicolaus ap. Steph. Byz., v. Βωταχίδαι).

[8] Hérodote, III, 27. Echemos est décrit par Pindare (Olymp., XI, 69) comme gagnant le prix de la lutte dans les jeux Olympiques fabuleux, lors de leur premier établissement par Hêraklês. Il trouve aussi une place dans le Catalogue hésiodique comme époux de Timandra, soeur d’Hélène et de Klytæmnêstra (Hésiode, Fragm. 105, p. 318, Marktscheff).

[9] Apollodore, III, 10, 3 ; Hésiode, Fragm. 141-142, Marktscheff ; Strabon, IX, p. 442 ; Phérécyde, Fragm. 8 ; Acusilas, Fragm. 25, Didot.

Le changement de la couleur du corbeau est mentionné et dans Ovide, Métamorphoses, II, 632 ; dans Antonin, Liberal., c. 20, et dans Servius ad Virgile, Énéide, VII, 761, bien que le nom Corvo custode ejus soit ici imprimé avec une lettre majuscule, comme si c’était un homme nommé Corvus.

[10] Schol. Eurip., Alkêst., 1 ; Diodore, IV, 71 ; Apollodore, III, 10, 3 ; Pindare, Pyth., III, 59 ; Sextus Emp. adv. Grammatic., I, 12, p. 271. Stésichore nommait Eriphylê, — les vers naupaktiens, Hippolytos — (Cf. Servius ad Virgile, Énéide, VII, 761), Panyasis, Tyndareus ; preuve de la popularité de ce conte parmi les poètes. Pindare dit qu’Esculape tenté par l’or ressuscita un homme, et Platon (Legg., III, p. 408) le copie ; ceci semble avoir été imaginé pour donner quelque couleur au châtiment qui suit : Mercede id captum (fait remarquer Bœckh ad Pindare, l. c.) Æsculapium fecisse recentior est fictio ; Pindari fortasse ipsius, quem tragici secuti sunt ; haud dubie a medicorum avaris moribus profecta, qui Græcorum medicis nostrisque communes sunt. La rapacité des médecins (en accordant qu’elle soit toujours aussi bien fondée alors que maintenant) me parait moins vraisemblablement avoir agi sur l’esprit de Pindare, que l’intention d’atténuer la cruauté de Zeus, en imputant à Asklêpios des vues coupables et sordides (Cf. la citation de Dicéarque, Fragm., éd. Fuhr, p. 408).

[11] Pausanias, II, 26, où sont mentionnées plusieurs histoires distinctes, prenant naissance chacune dans un des sanctuaires du dieu ou dans un autre : ce qui est tout à fait suffisant pour justifier l’idée de trois Esculape (Cicéron, N. D., III, 22).

Homère, Hymn. ad Æsculap., 2. Le conte dont il est brièvement parlé dans l’hymne homér. ad Apollin., 209, est évidemment différent : Ischys y est le compagnon d’Apollon, et Korônis une jeune fille Arcadienne.

Aristide, le fervent adorateur d’Asklêpios, adopta l’histoire de Korônis, et composa des hymnes sur le γάμον Κορωνίδος xαί γένεσιν τοΰ Θεοΰ (Orat. 23, p. 463, Dindorf).

[12] V. Pindare, Pyth., III. Le Scholiaste donne des mots de Pindare une explication qu’il va en tout cas chercher loin, si en vérité elle est admissible à aucun titre : il suppose qu’Apollon connaissait le fait par sa propre omniscience, sans que personne l’en eût informé, et il loue Pindare d’avoir ainsi transformé l’antique fable. Mais les mots ούδ̕ έλαθε σxόπον semblent certainement faire supposer une personne qui l’aurait instruit : l’hypothèse que σxόπον veut dire le propre esprit du dieu est une explication forcée.

[13] Iliade, II, 730. Les Messéniens réclamaient les fils d’Asklêpios comme leurs héros, et s’efforçaient de justifier leur prétention par une explication forcée d’Homère (Pausanias, III, 4, 2).

[14] Arktinus, Epic. Graec., Fragm. 2, p. 22, Düntzer. L’Ilias Minor mentionnait la mort de Machaôn, tué par Eurypilos, fils de Têlephos (Fragm. 5, p. 19, Düntzer).

[15] Galien, Protreptic., 9, t. I, p. 22, Kuhn. Pausanias le considère comme θεός έξ άρχής (II, 26, 7). Dans le temple important de Smyrna, il était adoré en qualité de Ζεύς Άσxληπιός (Aristide, Or., 6, p. 64 ; Or., 23, p. 456, Dindorf).

[16] Apollodore ap. Clem. Alex., Strom., I, p. 381 ; V. Heyne, Fragm. Apollod., p. 410. D’après Apollodore, l’apothéose d’Hêraklês et d’Esculape eut lieu à la même époque, trente-huit ans après qu’Hêraklês commença à régner à Argos.

[17] Sur Hécatée, Hérodote, II, 143 ; sur Solôn, Diogène Laërte, Vit. Platon, init.

Un curieux fragment, conservé des ouvrages perdus de Dicéarque, nous parle des descendants du centaure Chirôn dans la ville de Pêlion, ou peut-être dans la ville voisine de Dêmêtrias, on n’est pas tout à fait certain de laquelle, peut-être dans toutes les deux (V. Dicéarque, Fragm. éd. Fuhr, p. 408). Platon, de Republ., III, 4 (p. 391). Cf. Xénophon, de Venat., c. 1.

[18] V. la généalogie au long dans Le Clerc, Histoire de la médecine, lib. II, c.2, p. 78 et p. 287 ; Littré, Introduction aux Œuvres complètes d’Hippocrate, t. I, p. 31. Hippocrate était le dix-septième depuis Esculape.

Théopompe l’historien donna une longueur considérable à la généalogie des Asklêpiades de Kôs et de Knide, en les faisant remonter à Podaleirios et à son premier établissement à Syrnos en Karia (V. Théopompe, Fragm. 3, Didot) : Polyanthos de Kyrênê (Cyrène) composa un traité spécial Περί τής τών Άσxληπιαδών γενέσεως (Sextus, Empirie. adv. Grammatic., I, 12 ; p. 271) ; V. Stephan. Byz, v. Κώς et particulièrement Aristide, Orat., VII, Asclépiade. Les Asklêpiades étaient même comptés parmi les Άρχηγέται de Rhodes, conjointement avec les Hêraklides (Aristide, Or., 44, ad Rhod. p. 839, Dindorf).

Dans la vaste enceinte sacrée à Epidauros se trouvaient les statues d’Asklêpios et de son épouse Epionê (Pausanias, II, 29, 1). Aristophane lui donne deux filles, et il était regardé spécialement comme εύπαις (Plutus, 654) ; Jaso, Panakeia et Hygieia sont nommés par Aristide.

[19] Platon, Protagoras, c. 6 (p. 311), et Phædr., c. 121, p. 270. Sur Ktêsias, Galien, Opp., t. V, p. 652, Basil. ; et Bahrt., Fragm. Ktêsiæ, p. 20. Aristote (V. Stahr., Aristotelia, I, p. 32) et Xénophon, le médecin de l’empereur Claude, étaient tous deux Asklêpiades (Tacite, Annal., XII, 61). Platon, de Republ., III, 405, les appelle τούς xομψούς Άσxλεπιάδας.

Pausanias, médecin distingué à Gela en Sicile, et contemporain du philosophe Empédocle, était aussi un Asklêpiade : V. les vers d’Empédocle sur lui, Diogène Laërte, VIII, 61.

[20] Strabon, VIII, p. 374 ; Aristophane, Vesp., 122 ; Plutus, 635-750 ; où la visite au temple d’Esculape est décrite en grand détail, bien qu’avec une forte couleur burlesque.

Pendant la dernière maladie d’Alexandre le Grand, plusieurs de ses principaux officiers s’endormirent dans le temple de Sérapis, avec l’espoir que des remèdes leur seraient suggérés en rêves (Arrien, VII, 26).

Pausanias, en décrivant les divers temples d’Asklêpios qu’il vit, annonce comme un fait entièrement notoire et bien compris : Ici des cures sont effectuées par le dieu (II, 36, 1 ; III, 26, 7 ; VII, 27, 4) : V. Suidas, v. Άρίσταρχος. Les discours d’Aristide, particulièrement le 61 et le 71, Asklêpius et Asklépiadæ, sont les manifestations les plus frappantes de foi et de reconnaissance à l’égard d’Esculape, aussi bien que des preuves de son action étendue d’un bout à l’autre du monde Grec ; voir de plus, Orat. 23 et 25, et Orat. 45 (De Rhetoricâ, p. 22, Dindorf).

[21] Pausanias, II, 27, 3 ; 36, 1. — les cures sont faites par le dieu lui-même.

[22] Apollodôrus œtatem Herculis pro sardine chronologiæ habuit (Heyne, ad Apollod., Fragm., p. 410).