HISTOIRE DE LA GRÈCE

PREMIER VOLUME

CHAPITRE IV — LÉGENDES HÉROÏQUES. - GÉNÉALOGIE D’ARGOS

 

 

Après avoir brièvement énuméré les dieux de la Grèce, avec leurs principaux attributs tels qu’ils sont décrits dans la légende, nous arrivons à ces généalogies qui les rattachaient aux hommes historiques.

Dans la foi rétrospective d’un Grec, les idées de culte et d’ancêtres se confondaient. Toute association grande ou petite d’hommes, dans laquelle il y avait un sentiment d’union actuelle, faisait remonter cette union à un premier père commun ; ce premier père était ou le dieu commun qu’ils adoraient, ou quelque personne à moitié divine qui lui était alliée de près. Ce qui est nécessaire aux sentiments de la communauté, c’est une généalogie continue qui la rattache à cette source respectée d’existence, par delà laquelle elle ne songe pas à regarder en arrière. Une série de noms, placés dans l’ordre de fils ou de frères, en même temps qu’un certain nombre d’aventures de famille ou personnelles, attribuées à quelques-uns des individus qui la composent, constituent le passé antéhistorique qui permet au Grec de reporter ses regards sur ses dieux. Les noms de cette généalogie sont, en grande partie, des noms nationaux ou locaux familiers au peuple, — des rivières, des montagnes, des sources, des lacs, des villages, des dûmes, etc., — personnifiés et introduits comme agissant ou souffrant. De plus, ils sont appelés rois ou chefs ; mais l’existence d’un corps de sujets les entourant est plutôt supposée tacitement que distinctement ex-posée ? car leurs propres exploits personnels ou les actions de leur famille constituent, pour la plus grande partie, toute la matière du récit. Et ainsi la généalogie était composée en vue de satisfaire à la fois le goût des Grecs pour les aventures romanesques, et leur besoin d’une ligne non interrompue de filiation entre eux-mêmes et lés dieux. Le personnage éponyme, de qui la communauté tire son nom, est quelquefois le fils du dieu local, quelquefois un homme indigène né de la terre, qui est en effet divinisée elle-même,

On verra par la seule description de ces généalogies qu’elles renfermaient des éléments humains et historiques, aussi bien que des éléments divins et extra-historiques. Et si nous pouvions déterminer l’époque à laquelle une généalogie quelconque a été formée pour la première fois, nous pourrions nous assurer que les hommes représentés alors comme actuels, ainsi que leurs pères et leurs grands-pères, étaient des personnes réelles de chair et d’os Mais c’est là un point que l’on peut rarement constater ; en outre, même s’il pouvait l’être, nous devons d’abord le mettre de côté, si nous désirons considérer la généalogie au point de vue des Grecs. A leurs yeux, en effet, non seulement tous les membres étaient également réels, mais les dieux et les héros au commencement étaient dans un certain sens les plus réels ; du moins, ils étaient les plus estimés et les plus indispensables de tous. L’importance de la généalogie consistait, non dans sa longueur, mais dans sa continuité ; non (selon le sentiment de l’aristocratie moderne) dans le pouvoir de présenter une longue série de pères et de grands-pères humains, mais dans le sens d’une union des ancêtres arec le dieu primitif. Et la longueur de la série doit être plutôt rapportée à l’humilité, en ce que la même personne, qui était flattée de l’opinion qu’elle était descendue d’un dieu à la quinzième génération, aurait considéré comme une insolence criminelle d’affirmer qu’elle avait un dieu pour père ou pour grand-père. En présentant au lecteur ces généalogies qui constituent l’histoire primitive supposée de la Hellas, je ne prétends pas distinguer les noms réels et historiques des créations fictives ; en partie parce que je n’ai pas de preuve pour tracer la ligne de démarcation, en partie parce qu’en l’essayant je m’éloignerais en même temps du véritable point de vue des Grecs.

Il n’est pas non plus possible de faire plus que de présenter un certain chois parmi celles qui avaient le plus cours et étaient les plus intéressantes ; car le nombre total de celles qui trouvaient place dans la foi grecque dépasse tout calcul. En règle générale, chaque dême, chaque famille, chaque société d’hommes accoutumés à une action combinée, religieuse ou politique, avait la sienne propre. Les petits dêmes sans importance dont se composait l’Attique comptaient chacun pour ancêtres un dieu et des héros, tout autant que la grande Athènes elle-même. Même dans les villages de Phokis (Phocide) ; que Pausanias veut à peine se permettre d’appeler des villes, il ne manquait pas de séries déduites d’une antiquité légendaire. Et quand nous lisons les généalogies légendaires d’Argos, de Sparte ou d’Athènes, il est important de ne pas oublier que ce sont seulement des échantillons pris dans une classe nombreuse, tous parfaitement analogues, et tous présentant la revue religieuse et patriotique de quelque fraction du monde hellénique. Elles ne peuvent pas plus fournir matière à une tradition historique qu’aucune des mille autres généalogies légendaires que les hommes se plaisaient à rappeler à la mémoire aux fêtes périodiques de leur famille, de leur dême ou de leur village.

Après ces quelques remarques préliminaires, j’arrive à mentionner les plus remarquables généalogies héroïques des Grecs, et d’abord celle d’Argos.

Le plus ancien nom de l’antiquité argienne est celui d’Inachos, le fils d’Okeanos et de Téthys, qui donna son nom a la rivière coulant sous les murs de la ville. D’après les calculs chronologiques de ceux qui regardaient les généalogies mythiques comme de l’histoire réelle, et qui assignaient un nombre donné d’années à chaque génération, le règne d’Inachos était placé en 1986 avant J.-C., ou environ 1100 ans avant le commencement des Olympiades mentionnées dans l’histoire[1].

Les fils d’Inachos furent Phorôneus et Ægialeus ; tous les deux cependant furent quelquefois représentés comme autochtones ou hommes indigènes, l’un sur le territoire d’Argos, l’autre sur celui de Sikyôn (Sicyone). Ægialeus donna son nom à la région nord-ouest du Péloponnèse, sur le côté méridional du golfe de Corinthe[2]. Le nom de Phorôneus avait une grande célébrité dans les généalogies mythiques argiennes, et il fournit à la fois le titre et le sujet de l’ancien poème appelé Phorônis, dans lequel on l’appelle le père des hommes mortels[3]. Il donna, dit-on, à l’humanité, qui, avant lui, avait vécu entièrement isolée, la première notion et les habitudes d’une existence sociale, et même la première connaissance du feu : sa domination s’étendait sur tout le Péloponnèse. Sa tombe, à Argos, et vraisemblablement aussi la place appelée la Cité Phorônique, où il forma la première colonie, composée d’hommes, se montraient encore à l’époque de Pausanias[4]. Phorôneus eut de la nymphe Teledikê Apis et Niobê. Apis, maître dur, fut mis à mort par Thelxiôn et par Telchin, après avoir donné au Péloponnèse le nom d’Apia : il eut pour successeur Argos, le fils de sa sœur Niobê et du dieu Zeus. C’est du nom de ce souverain que le Péloponnèse fut appelé Argos. De son épouse Evadnê, fille de Strymôn[5], il eut quatre fils, Ekbasos, Peiras, Epidauros et Kriasos. Ekbasos eut pour successeur son fils Agênôr, et celui-ci, à son tour, son fils Argos Panoptês, prince très puissant, qui avait, dit-on, des yeux répandus sur tout le, corps, et délivra le Péloponnèse de plusieurs monstres et animaux sauvages qui l’infestaient[6]. Acusilas et Eschyle font de cet Argos une personne autochtone, tandis que Phérécyde le dit fils d’Arestôr. Iasos naquit d’Argos Panoptês et d’Ismênê, fille d’Asôpos. D’après les auteurs que préfèrent Apollodore et Pausanias, la fameuse Iô était sa fille ; mais l’épopée hésiodique (aussi bien qu’Acusilas) la représentait comme fille de Peiras, tandis qu’Eschyle et Kastor le chronologiste affirmaient qu’elle l’était d’Inachos, le premier roi[7].

Les aventures d’Iô furent un sujet favori aussi bien pour les anciens poètes généalogiques que pour les tragiques de l’Attique ; Zeus devint amoureux d’elle pendant qu’elle était prêtresse d’Hêrê, dans l’ancien et fameux Hêræon, entre Mykênæ (Mycènes) et Tiryns. Quand Hêrê découvrit l’intrigue et la lui reprocha, il nia le fait et métamorphosa Iô en une vache blanche. Hêrê exigea que la vache lui fût livrée, et elle la plaça sous la garde d’Argos Panoptês ; mais ce gardien fut tué par Hermês, sur l’ordre de Zeus ; et alors Hêrê chassa la vache Iô de sa terre natale au moyen d’un taon qui la piquait sans vesce et qui la força à errer sans repos ni nourriture à travers une étendue incommensurable de contrées étrangères. Iô, dans sa course vagabonde, donna son nom au golfe Ionien, traversa l’Épeiros et l’Illyris, passa la chaîne du mont Hæmos et les sommets élevés du Caucase, et franchit à la nage le Bosphore Thrace ou Cimmérien (qui tira ainsi son nom d’elle) pour passer en Asie. Alors elle traversa la Scythie, le pays des Cimmériens, et maintes régions asiatiques, jusqu’à ce qu’elle arrivât en Égypte, où Zeus enfin lui accorda le repos, la rendit è, sa première forme, et la mit à même de donner le jour à son fils noir Epaphos[8].

Telle est l’esquisse générale des aventures que les anciens poètes, épiques, lyriques et tragiques, et après eux les logographes, rattachent au nom de l’Argienne Iô, — l’un des nombreux contes, que l’imagination des Grecs tira des dispositions amoureuses de Zeus et de la jalousie de Hêrê. Il semblera tout naturel que la scène fût placée sur le territoire argien, si on se rappelle qu’Argos et Mykênæ étaient toutes .deux sous la garde spéciale de Hêrê, et que le Hêræon, prés de Mykênæ, était un des plus anciens et des plus célèbres temples où elle fût adorée. Il est inutile de comparer cette amusante fiction avec l’exposé que nous a rapporté Hérodote, et qu’il emprunta des antiquaires de la Phénicie aussi bien que de ceux de la Perse, des circonstances qui occasionnèrent le passage d’Iô d’Argos en Égypte, — événement qu’ils considéraient tous comme un fait historique positif. Selon les Perses, un vaisseau phénicien était arrivé au port voisin d’Argos, chargé de marchandises destinées à être vendues aux habitants du pays. Après que lé vaisseau eut demeuré quelques jours et eut vendu la plus grande partie de sa cargaison, quelques femmes argiennes, et parmi elles Iô, la fille du roi, venant à bord pour acheter, furent saisies et emmenées par l’équipage, qui vendit Iô en Égypte[9]. Les antiquaires phéniciens, tout en admettant qu’Iô avait quitté son propre pays en montant sur un de leurs vaisseaux, donnaient à l’ensemble une couleur différente en affirmant qu’elle émigrait volontairement, engagée dans une intrigue amoureuse arec le capitaine du vaisseau et craignant que ses parents ne vinssent à connaître sa grossesse. Les Perses et les Phéniciens racontaient également l’enlèvement d’Iô comme le premier d’une série d’actes semblables qui auraient eu lieu entre les Grecs et les Asiatiques, actes dont chacun était commis pour venger un acte analogue antérieur. D’abord eut lieu le rapt d’Europê, que des aventuriers grecs, — ou peut-être, comme le supposait Hérodote, des Krêtois, — enlevèrent de Phénicie ; puis Médée emmenée de Kolchis (Colchide), par Jasôn, ce qui donna occasion à la représaille de Pâris, quand il séduisit Hélène, et l’enleva à Menelaos. Jusqu’à ce moment, le nombre des femmes ravies aux Asiatiques par des Grecs, et aux Grecs par des Asiatiques, avait été égal et le tort équivalent. Mais les Grecs alors jugèrent à propos de préparer, pour recouvrer Hélène, une vaste expédition composée de tous les Grecs réunis, dans le cours de laquelle ils prirent Troie et la saccagèrent. Les invasions de la Grèce par Darius et par Xerxès avaient pour but, d’après les antiquaires perses, la vengeance longtemps différée de l’injure faite aux Asiatiques par Agamemnôn et ses alliés[10].

L’exposition ainsi faite des aventures d’Iô, mise en regard de la pure légende, est intéressante, en ce qu’elle contribue à jeter du jour sur le phénomène que l’ancienne histoire grecque nous offre constamment, — à savoir la manière dont les éléments épiques d’un passé inconnu sont refondus, revêtus de couleurs nouvelles, et subissent ces changements qui prennent place dans les sentiments rétrospectifs du temps actuel. Le caractère religieux et poétique clé toute la légende disparaît : rien ne reste, excepté les noms des personnages et des lieux, et le voyage d’Argos en Égypte. Nous aurons en échange un récit sérieux, presque historique, dont la valeur consiste à porter sur les grandes luttes contemporaines entre la Perse et la Grèce, qui remplissaient l’imagination d’Hérodote et de ses lecteurs.

Pour continuer la généalogie des rois d’Argos, Iasos eut pour successeur Krotôpos, fils de son frère Agênôr ; Krotôpos fut remplacé par Sthenelaos, et celui-ci, à son tour, par Gelanôr[11]. Pendant le règne de ce dernier, Danaos vint d’Égypte à Argos avec ses cinquante filles ; et ici flous trouvons une autre de ces aventures romanesques qui embellissent si agréablement la stérilité des généalogies mythiques. Danaos et Ægyptos étaient deux frères descendant d’Epaphos, fils d’Iô : Ægyptos avait cinquante fils, qui désiraient ardemment épouser les cinquante filles de Danaos, malgré l’extrême répugnance de celles-ci. Pour échapper à une telle nécessité, Danaos plaça ses cinquante filles à bord d’un penteconter (ou navire à cinquante rames), et chercha un refuge à Argos ; dans son voyage il toucha à l’île de Rhodes, où il érigea, à Lindos, une statue à Athênê, qui fut montrée longtemps comme souvenir de son passage. Ægyptos et ses fils les suivirent à Argos, et réitérèrent encore leur demande, à laquelle Danaos se trouva forcé de consentir ; mais, la nuit des noces, il donna un poignard à chacune de ses filles, et leur ordonna d’assassiner leurs époux pendant l’heure du sommeil. Toutes obéirent à ses ordres, à l’exception de la seule Hypermnêstra, qui sauva son époux Lynkeus, encourant le déplaisir de son père et recevant de lui un châtiment. Cependant il lui pardonna plus tard ; et lorsque, par suite de l’abdication volontaire de Gelanôr, il devint roi d’Argos, Lynkeus fut reconnu comme son gendre, et finit par lui succéder. Ses autres filles, après avoir été purifiées par Athênê et par Hermês, furent données en mariage aux vainqueurs proclamés publiquement dans un combat gymnique. De Danaos dériva le nom de Δαναοί appliqué aux habitants du territoire argien[12], et aux Grecs homériques en général.

De la légende des Danaïdes nous passons à deux noms de rois stériles pour l’histoire, Lynkeus et son fils Abas. Les deux fils d’Abas furent Akrisios et Prœtos, qui, après bien des querelles, se partagèrent le territoire argien : Akrisios régnant à Argos, et Prœtos à Tiryns (Tirynthe). Les familles de ces deux rois fournirent le sujet d’histoires romanesques. Pour ne pas parler présentement de la légende de Bellerophôn, ni de la passion que conçut pour lui l’épouse de Prœtos sans être payée de retour, les filles de Prœtos, nous dit-on, belles et demandées en mariage par des prétendants venus de toutes les parties de la Grèce, furent frappées de lèpre et de folie ; elles erraient à travers tout le Péloponnèse dans un costume inconvenant. Le châtiment les avait atteintes, selon Hésiode, pour avoir refusé de prendre part aux rites bachiques ; selon Phérécyde et l’Argien Acusilas[13], pour avoir traité avec dédain la statue de bois et le simple accoutrement de Hêrê : le caractère religieux de la vieille légende se manifeste ici d’une manière remarquable.

Ne pouvant guérir ses filles, Prœtos invoqua le secours du célèbre prophète et médecin de Pylos, Melampe, fils d’Amythaôn, qui se chargea de chasser la maladie, à condition de recevoir pour récompense le tiers du royaume. Prœtos, indigné, repoussa ces conditions ; mais l’état de ses filles s’aggravant et devenant intolérable, il fut forcé de nouveau d’avoir recours à Melampe, qui, à cette seconde requête, éleva ses prétentions encore plus haut, et demanda un autre tiers du royaume pour son frère Bias. Ces conditions acceptées, il accomplit ce à quoi il s’était engagé par ce pacte. Il apaisa la colère de Hêrê par des prières et des sacrifices ; ou, d’après une autre relation, il s’approcha de ces femmes, dont l’esprit était égaré, à la tête d’une troupe de jeunes gens, avec des cris et une danse extatiques, cérémonies propres au culte bachique de Dionysos, et de cette manière il opéra leur guérison. Melampe, nom célébré dans beaucoup de mythes grecs différents, est le fondateur et le premier auteur légendaire d’une grande famille de prophètes qui se continua longtemps. Lui et son frère Bias devinrent rois de parties séparées du territoire argien ; il est reconnu comme maître de cette contrée même clans l’Odyssée, et le prophète Theoklymenos, son petit-fils, est protégé et mené à Ithaque par Telemachos[14]. Hérodote aussi fait allusion à là guérison des femmes et au double royaume de Melampe et de Bias dans la terre argienne ; il reconnaît Melampe comme le premier qui ait fait connaître aux Grecs le nom et le culte de Dionysos, avec ses sacrifices particuliers et ses processions phalliques. Ici encore il transforme en faits historiques différents traits de la vieille légende d’une manière qui mérite d’être remarquée[15].

Mais Danaê, fille d’Akrisios, avec son fils Perseus, acquit une célébrité plus grande encore que ses cousines les Prœtides. Un oracle avait appris à Akrisios que sa fille donnerait le jour à un fils par la main duquel il serait tué lui-même. Pour se garantir de ce danger, il emprisonna Danaê dans une chambre d’airain souterraine ; mais le Dieu Zeus était devenu épris d’elle, et il trouva moyen de descendre à travers le toit sous la forme d’une pluie d’or. La conséquence de ses visites fut la naissance de Perseus. Quand Akrisios découvrit que sa fille avait mis au monde un fils, il enferma la mère et l’enfant élans un coffre qu’il lança dans la mer[16]. Le coffre fut porté jusqu’à l’île de Sériphos, où Diktys, frère du roi Polydektès, le repêcha et sauva à la fois Danaé et Perseus. Les exploits par lesquels Perseus, devenu grand, se distingua contre les trois Phorkydes ou filles de Phorkys, et les trois Gorgones, sont au nombre des plus merveilleux de toute la légende grecque, et de ceux où l’imagination s’est le plus donné carrière : ils ont un cachet presque oriental. Je ne répéterai pas ici les détails de ces dangers sans pareils dont la faveur spéciale d Athênê le mit à même de triompher, et qu’il vit finir en emportant de Lydie l’épouvantable tête (le la Gorgone Mêdousa, douée de la propriété de changer en pierre quiconque la regardait. A son retour, il délivra Andromedê, fille, de Kêpheus, qui avait été exposée pour être dévorée par un monstre marin, et la ramena comme épouse. Akrisios redouta de le voir après cette expédition victorieuse, et se retira en Thessalia pour l’éviter ; mais Perseus l’y suivit, et, ayant réussi à calmer ses craintes, il devint concurrent dans un combat gymnique où son grand-père se trouvait parmi les spectateurs. En balançant son disque sans précaution, il frappa involontairement Akrisios et causa sa mort : et ainsi furent accomplies à la’ fin les prédictions de l’oracle. Bourrelé de remords à la suite de cette catastrophe, et ne voulant pas retourner à Argos, où avait régné Akrisios, Perseus fit un échange avec Megapenthês, fils de Prœtos, roi de Tiryns. Megapenthês devint roi d’Argos, et Perseus de Tiryns ; de plus, ce dernier fonda à environ quatre lieues d’Argos la cité de Mykênæ, renommée au loin. Les murailles massives de cette ville, comme celles de Tiryns, dont une grande partie subsiste encore, furent baies pour lui par les Cyclôpes lykiens[17].

Ici nous arrivons au commencement de la dynastie perside de Mykênæ. On doit ne pas oublier cependant qu’il y avait parmi les anciennes légendes des récits contradictoires sur la fondation de cette ville. L’Odyssée et les grandes Eoiai énuméraient également, parmi les héroïnes, Mykênê, l’Eponyme de cette cité. Le premier poème la met dans la même catégorie que Tyrô et Alkmênê, le second la représente comme la fille d’Inachos et l’épouse d’Arestôr. Et Acusilas mentionnait un Eponyme Mykêneus, fils de Spartôn et petit-fils de Phorôneus[18].

La famille prophétique de Melampe se maintint dans l’une des trois parties du royaume argien divisé pendant cinq générations, jusqu’à Amphiaraos et ses fils Alkmæôn et Amphilochos. La dynastie de son frère Rias et celle de Megapenthês, fils de Prœtos, durèrent chacune pendant quatre générations : une liste de noms stériles pour l’histoire remplit l’intervalle[19]. Les Persides de Mykênæ se vantaient d’une lignée longue et glorieuse, héroïque aussi bien qu’historique, se perpétuant jusqu’aux derniers rois de Sparte[20]. La postérité de Perseus fut nombreuse : son fils Alkæos fut père d’Amphitryôn ; un autre de ses fils, Elektryôn fut père d’Alkmênê[21] ; un troisième, Sthenelos, père d’Eurysthenês.

Après la mort de Perseus, Alkæos et Amphitryôn habitèrent Tiryns. Ce dernier fut engagé dans une querelle avec Elektryôn au sujet de bétail, et dans un accès de colère il le tua[22]. De plus, les Taphiens, adonnés à la piraterie, venant de la côte occidentale de l’Akarnania, envahirent le pays et tuèrent les fils d’Elektryôn, de sorte que Athênê resta la seule de cette famille. Elle devait épouser Amphitryôn ; mais elle lui fit jurer de ne pas consommer le mariage jusqu’à ce qu’il eût vengé sur les Teleboens la mort des frères de sa fiancée. Amphitryôn, contraint de fuir le pays calame meurtrier de son oncle, chercha un refuge à. Thèbes, où Alkmênê l’accompagna. Sthenelos fut laissé en possession de Tiryns. Les Kadméens de Thèbes, en même temps que les Lokriens et les Phokiens, fournirent à Amphitryôn des troupes qu’il conduisit contre les Teleboens et les Taphiens[23]. Cependant, il n’aurait pu les soumettre sans l’aide de Komæthô, fille de Pterelaos, roi des Taphiens, qui, devenue éprise de lui, coupa sur la tête de son père la boucle d’or è, laquelle Poseidôn avait attaché le don de l’immortalité[24]. Après avoir vaincu et chassé ses ennemis, Amphitryôn retourna à Thèbes, impatient de consommer son mariage ; mais, Zeus, la nuit des noces, prit sa figure et visita Alkmênê avant lui : il avait résolu d’avoir d’elle un fils supérieur à tous les enfants qu’il avait eus auparavant, un spécimen de force invincible et pour les dieux et pour les hommes[25]. Au temps voulu, Alkmênê accoucha de deux fila jumeaux : Hêraklês, né de Zeus ; Iphiklês, l’enfant inférieur et peu honoré, né d’Amphitryôn[26].

Quand Alkmênê fut sur le point d’être délivrée à Thèbes, Zeus se vanta publiquement clans l’assemblée des dieux, à l’instigation de la malfaisante Atê, qu’en ce jour sur la terre devait naître de sa race un fils destiné à régner sur tous ses voisins. Hêrê traita ce mot de vaine forfanterie, le défiant d’assurer, en se liant par un serment irrémissible, que la prédiction se réaliserait : Zeus imprudemment engagea sa parole solennelle ; sur quoi Hêrê s’élança rapidement de l’Olympe vers Argos l’Achæenne, où l’épouse de Sthenelos (fils de Perseus, et par conséquent petit-fils de Zeus) était déjà grosse de sept mois. Avec l’aide des Eileithiyæ, déesses présidant spécialement à l’enfantement, elle fit naître avant terme Eurystheus, fils de Sthenelos, ce jour-là même, pendant qu’elle retardait la délivrance d’Alkmênê. Alors retournant dans l’Olympe, elle annonça le fait à Zeus : Le brave Eurystheus, fils du Perside Sthenelos, est en ce jour né de ses reins ; le sceptre des Argiens lui appartient de droit. Zeus fut atterré de la chose à l’accomplissement de laquelle il s’était imprudemment engagé. Il saisit Atê, sa perfide conseillère, par les cheveux, et la jeta pour toujours hors de l’Olympe ; mais il n’eut pas le pouvoir d’empêcher la suprématie d’Eurystheus et l’asservissement d’Hêraklês. Il eut à gémir plus d’une fois, quand il vit son fils favori exécutant son dégradant travail dans les tâches que lui imposait Eurystheus[27].

Cette légende, d’une antiquité incontestable, transcrite ici de l’Iliade, est une des plus fécondes et des plus caractéristiques de la mythologie grecque. Elle explique, d’après les idées religieuses familières aux vieux poètes épiques, les attributs distinctifs, ainsi que les travaux et les souffrances sans fin d’Hêraklês, le plus renommé et le plus doué d’ubiquité de tous les demi-dieux adorés par les Hellênes, être d’une force irrésistible, et aimé particulièrement de Zeus, condamné cependant à travailler sans cesse pour d’autres et à obéir aux ordres d’un indigne et lâche persécuteur. La récompense lui est réservée à la fin de sa carrière, quand ses pénibles épreuves sont terminées : alors, admis au rang des dieux, il reçoit Hêbê en mariage[28]. Ses douze travaux, comme on les appelle, trop connus pour être détaillés ici, ne forment qu’une très petite partie des exploits de cet être puissant, qui remplissaient les épopées hêrakléennes des anciens poètes. On le trouve non seulement dans la plus grande partie des contrées de la Hellas, mais encore dans tous les autres pays connus alors des Grecs, de Gadês au fleuve Thermôdôn qui se jette dans l’Euxin et jusqu’en Scythie, surmontant toutes les difficultés et triomphant de tous ses antagonistes. On peut retrouver partout des familles distinguées portant son nom patronymique, et se glorifiant dans la pensée de descendre de lui. Hêraklês est un objet de vénération pour les Achæens, les Kadméens et les Doriens : ceux-ci particulièrement le traitent comme leur principal héros, — le dieu-héros patron de la race. Les Hêraklides forment parmi tous les Doriens une race privilégiée, qui comprenait à Sparte la famille spéciale des deux rois.

Son caractère se prête à des mythes innombrables autant que différant dans leurs traits. La force irrésistible persiste invariablement, niais elle est parfois employée avec une violence insouciante contre des amis aussi bien que contre des ennemis, parfois vouée au soulagement des oppressés. Les écrivains comiques le représentent souvent comme un glouton grossier et stupide, tandis que Prodikos le philosophe der Céos, sans défigurer en rien le type, en tira le simple, touchant et impérissable apologue connu encore sous le nom de Choix d’Hercule.

Après la mort et l’apothéose d’Hêraklês, son fils Hyllos et ses autres enfants furent chassés et persécutés par Eurystheus : la crainte de sa vengeance empêcha Kêyx, roi de Trachin et les Thêbains de les accueillir. Les Athéniens furent assez généreux pour braver le danger qu’ils couraient en leur offrant un asile. Eurystheus envahit l’Attique, mais dans cette tentative il périt de la main d’Hyllos, ou de celle d’Iolaos, le vieux compagnon et le neveu d’Hêraklês[29]. Le courage chevaleresque que les Athéniens avaient déployé dans cette occasion pour défendre l’innocence opprimée’ fut dans la suite un sujet favori d’éloge pour les poètes et les orateurs athéniens.

Tous les fils d’Eurystheus perdirent la vie en même temps que lui dans la bataille, de sorte que la famille des Persides ne fut plus alors représentée que par les Hêraklides, qui, rassemblant une armée, s’efforcèrent de recouvrer les possessions dont ils avaient été chassés. Au moment où les forces réunies des Ioniens, des Achæens et des Arcadiens, habitant alors le Péloponnèse, rencontrèrent les envahisseurs à l’isthme, Hyllos, lainé (les fils d’Hêraklês, proposa de décider la querelle par un combat singulier entre lui et un champion quelconque de l’armée ennemie. On convint que si Hyllos était victorieux, les Hêraklides seraient rétablis dans leurs possessions, mais que s’il était vaincu, ils renonceraient à toutes leurs prétentions pour un intervalle de cent ou de cinquante ans, ou pendant trois générations, — car on n’est pas d’accord sur la durée du temps. — Echemos, le héros de Tegea en Arcadia, accepta le défi, et Hyllos fut tué dans la rencontre ; en conséquence, les Hêraklides se retirèrent, et demeurèrent en compagnie avec les Dôriens sous la protection d’Ægimios, fils de Dôros[30]. Aussitôt que le terme stipulé pour la trêve fut expiré, ils renouvelèrent leur tentative sur le Péloponnèse, conjointement avec les Dôriens, et eurent un succès complet. Les grands établissements dôriens d’Argos, de Sparte et de Messênia en furent le résultat. Les détails de cette invasion victorieuse seront rapportés plus loin.

Sikyôn, Phlios, Epidauros et Trœzen[31] se vantaient toutes d’éponymes renommés et d’une généalogie d’une longueur respectable, non exempte des contradictions ordinaires ; mais ils avaient tout autant de droits à avoir une place sur les tablettes de l’histoire que les Æolides ou les Hêraklides plus renommés. Je les omets ici, parce que je désire graver dans l’esprit du lecteur les traits saillants et le caractère du monde légendaire, et non charger sa mémoire d’une liste complète de noms légendaires.

 

 

 



[1] Apollodore, II, 1. M. Fynes Clinton, n’admet pas la réalité historique d’Inachos ; mais il place Phorôneus dix-sept générations, ou 570 ans avant la guerre de Troie, 978 ans avant la première Olympiade mentionnée. V. Fasti Hellenici, vol. III, c. 1, p. 19.

[2] Pausanias, II, 5, 4.

[3] V. Düntzer, Fragm. Epic. Græc., p. 57. Acusilas, l’auteur argien parlait de Phorôneus comme du premier des hommes. Fragm. 14. Didot, ap. Clem. Alex., Strom., I, p. 321. Φορωνήες, synonyme pour Argiens ; Théocrite, Idyll., XXV, 200.

[4] Apollodore, II, 1, 1 ; Pausanias, II, 15, 5 ; 19, 5 ; 20, 3.

[5] Apollodore, l. c. La mention de Strymôn semble rattachée à Eschyle, Supp. 255.

[6] Acusilas, Fragm. 22, éd. Didot ; Eschyle, Prométhée, 568 ; Phérécyde, Fragm. 22, éd. Didot. Hésiode, Ægimias, Fragm. 2, p. 56, éd Düntzer : l’une des variétés de l’histoire était qu’Argos fut changé en paon (Scholiaste Aristophane, Aces, 102). Macrobe (I, 19) considère Argos comme une expression allégorique du ciel étoilé ; idée que Panofska aussi soutient dans un des récents Abhandlungen de l’Académie de Berlin, 1837, p. 121 sq.

[7] Apollodore, II, 1, 1 ; Pausanias, II, 16, 1 ; Eschyle, Prométhée, V, 590-663.

[8] Eschyle, Prométhée, V, 790-850 ; Apollodore, II, 1. Eschyle dans sa tragédie Supplices donne des courses d’Iô une version différente de celle que nous trouvons dans son Promêtheus : dans le premier drame, il la fait passer à travers la Phrygia, la Mysia, la Lydia, la Pamphylia et la Kilikia jusqu’en Égypte (Supplices, 514-566) : il n’y est rien dit de Promêtheus, du Caucase, de la Scythie, etc.

Le chemin exposé dans les Suppliantes est ainsi intelligible sous le rapport géographique : celui qui est indiqué dans le Promêtheus (bien que le plus mentionné des deux) défie toute compréhension, même comme fiction logique : l’érudition des commentateurs n’a pas non plus réussi à l’éclaircir. V. Schutz, Exclus., IV, ad Prometh. Vinct, p. 144-149 ; Welcker, Æschylische Trilogie, p. 127-146, et particulièrement Vœleker, Mythische Geographie der Griech. und Rœmer, part. I, p. 3-13.

Les habitants grecs de Tarses en Kilikia faisaient remonter leur origine à Argos : ils racontaient que Triptolemos avait été envoyé de cette ville à la recherche d’Iô errante, qu’il l’avait suivie jusqu’à Tyr, et qu’alors il y avait renoncé, désespérant du succès. Lui et ses compagnons s’établirent en partie à Tarses, en partie à Antioche (Strabon, XIV, 673 ; XV, 150). C’est l’histoire de Kadmos et d’Europê renversée, comme il arrive si souvent dans les mythes grecs.

Homère appelle Hermês Άργειφόντης ; mais cette épithète prouve à peine d’une manière suffisante qu’il connaît le mythe d’Iô, comme le suppose Vœlcher : on ne peut pas en retrouver la trace à une époque antérieure à Hésiode. Selon quelques auteurs, que Cicéron copie, ce fut à cause du meurtre d’Argos qu’Hermês fut obligé de quitter la Grèce et d’aller en Égypte : ce fut alors qu’on lui enseigna les lois et les lettres égyptiennes (de Natur. Deor., III, 23).

[9] L’histoire racontée par Parthênius (Narrat., I) est fondée sur cette version des aventures d’Iô.

[10] Hérodote, I, 1-6 ; Pausanias (II, 15) 1, ne veut pas prendre sur lui de déterminer si la relation donnée par Hérodote, ou celle de la vieille légende, concernant la cause qui emmena Iô d’Argos en Égypte, est la vraie : Éphore (ap. Scholiaste Apoll. Rhod., II, 168) répute le départ pour l’Égypte d’Iô enlevée par les Phéniciens, en y joignant une étrange raison de l’étymologie du nom du Bosphore. Les remarques de Plutarque sur le récit d’Hérodote sont curieuses : il donne comme une des preuves de la xαxοήθεια (mauvais vouloir) d’Hérodote, la narration si déshonorante qu’il introduit dans son histoire au sujet d’Iô, fille d’Inachos, qui, dans l’opinion de tous les Grecs, avait été divinisée par des étrangers, avait donné des noms à des mers et à des détroits, et était la source des plus illustres familles royales. Il blâme aussi Hérodote de rejeter Epaphos, Iô, Iasos et Argos, comme les premiers membres de la généalogie des Persides. Il appelle Hérodote φιλοβάραρος (Plutarque, de Malign. Herodoti, c. 11, 12, 14, p. 856, 857).

[11] Il y aurait de la fatigue sans profit à énumérer les nombreuses et inconciliables différences qui se trouvent à chaque pas dans cette antique généalogie argienne. Si on veut les voir ex-posées ensemble, on petit consulter Schubart, Quæstiones in antiquitatem Heroicam, Marpurg. 1832, c. 1 et 2.

Les remarques que fait Schubart (p. 35) sur les Tables chronologiques de Petit-Padel seront approuvées de ceux qui suivent le fil non interrompu de contradictions, sans aucune raison suffisante pour croire que l’une d’elles mérite plus de foi que le reste qu’il a cité : Videant alii quomodo genealogias heroicas, et chronologiæ rationes, in concordiam redigant. Ipse abstineo, probe persuasus stemmata vera, historiæ fide comprobata, in systema chronologiæ redigi posse : at ore per sæcula tradita, a poetis reficta, sæpe mutata, prout fabula postulare videbatur, ab historiarum deinde conditoribus restituta, scilicet, brevi, qualia prostant stemmatachronologiæ secundum annos distributæ vincula semper recusatura esse.

[12] Apollodore, II, 1. Le drame des Suppliantes d’Eschyle est le premier d’une trilogie sur ce sujet des Danaïdes, — Ίxετίδες, Αίγύπτιοι, Δανίδες. Welcker, Griechisch. Tragœdien, vol. I, p. 48 ; les deux derniers sont perdus. Le vieux poème épique appelé Danaïs ou Danaïdes, qui est mentionné dans la Tabula Iliaca comme contenant 5.000 vers, a péri, et, par malheur, il en est très peu question. V. Düntzer, Epic., Fragm. p. 3 ; Welcker, Der Episch. Kyklus, p. 33.

[13] Apollodore, l. c. Phérée, ap. Scholiaste. Homère, Odyssée, XV, 228 ; Hésiode, Fragm. Marktsch. Fragm. 36, 37, 38. Ces Fragments appartiennent au Catalogue Hésiodique des Femmes — Apollodore semble faire allusion à quelque autre des nombreux poèmes hésiodiques. Diodore (IV, 68) donne la colère de Dionysos comme la cause de ce mal.

[14] Odyssée, XV, 240-256.

[15] Hérodote, IX, 34 ; II, 49 : Cf. Pausanias, II, 18, 4. Au lieu des Prœtides ou filles de Prœtos, ce sont les femmes argiennes en général qu’il représente comme ayant été guéries par Melampe, et les Argiens en général qui envoient à Pylos invoquer son secours : la personnalité héroïque qui domine dans la primitive histoire a disparu.

Callimaque mentionne les vierges Prœtides comme étant les personnes frappées de folie ; mais il attribue la guérison à l’influence d’Artemis (Hymn. ad Dianam, 235).

[16] Le beau fragment de Simonide (Fragm. VII, éd. Gaisford, Pœt. Min.), décrivant Danaê et son fils ainsi exposés, est familier à tout lecteur classique.

[17] Pausanias, II, 15, 4 ; II ; 16, 5. Apollodore, II, 2. Phérée, Fragm. 26, Dindorf.

[18] Odyssée, II, 120. Hésiode, Fragm. 154. Marktscheff. — Acusilas, Fragm. 16. Pausanias, II, 16, 4. Hécatée fait dériver le nom de la ville du μύxης de l’épée de Perseus (Fragm. 360, Dindorf). Le Scholiaste ad. Eurip. Orest., 1247, mentionne Mykêneus comme fils de Spartôn, mais comme petit-fils de Phêgeus, le frère de Phorôneus.

[19] Pausanias, II, 18, 4.

[20] Hérodote, VI, 53.

[21] Dans le Bouclier hésiodique d’Hêraklês, Alkmênê est distinctement mentionnée comme fille d’Elektryôn : le poète généalogiste Asius l’appelait fille d’Amphiaraos et d’Eriphyle (Asii Fragm. 4, éd. Markt. p. 412). La date d’Asius ne peut être fixée d’une manière précise ; mais on peut vraisemblablement la placer entre la trentième et la quarantième Olympiade.

Asius doit avoir adopté une légende entièrement différente concernant la naissance d’Alkmênê, et les circonstances qui la précèdent, parmi lesquelles les morts de son père et de ses frères ont une grande influence. Il ne pouvait pas non plus avoir accepté lu chronologie admise pour le siège de Thêbes et celui de Troie.

[22] Ainsi le raconte la vieille légende dans le Bouclier Hésiodique d’Hêraklês (12-82). Apollodore (ou Phérécyde, qu’il suit) l’adoucit, et représente la mort d’Elektryôn comme causée accidentellement par Amphitryôn (Apollodore, II, 4, 6. Phérécyde, Fragm. 27, Dindorf).

[23] Hésiode, Scut. Herc., 24. Théocrite, Idyll., XXIV, 4. Teleboas, l’Éponyme de ce peuple de maraudeurs était fils de Poseidôn (Anaximandre ap. Athenæ., XI, p. 493).

[24] Apollodore, II, 4, 7. Cf. la fable de Nisos à Megara, infra, chap. 12.

[25] Hésiode, Scut. Herc., 29.

[26] Hésiode, Scut. Herc., 50-56.

[27] Homère, Iliade, XIX, 90-133, et VIII, 361.

[28] Hésiode, Théog., 951 ; Homère, Odyssée, XI, 620 ; Hésiode, , Fragm. 21, Düntzer, p. 36.

[29] Apollodore, II, 8, 1 ; Hecatæ. ap. Longin., c. 27 ; Diodore, IV, 57.

[30] Hérodote, II, 26 ; Diodore, IV, 58.

[31] Pausanias, II, 5, 5 ; 12, 5 ; 26, 3. Ses récits font voir combien la prédominance d’un puissant voisin comme Argos tendait à altérer les généalogies de ces cités inférieures.