II. — Année 1658. - Complots de Condé et du cardinal de Retz. - Délibération de la diète de Francfort. - Bataille des Dunes. - Prise de Dunkerque. - Élection de l'empereur Léopold. - Ligue du Rhin. - Victoires décisives de Turenne. - Armistice. L'année 1658 se présentait mal : la guerre sans fin fatiguait tout le monde ; les impôts devenaient insupportables ; en même temps qu'ils dépassaient les forces ou la bonne volonté des contribuables, ils ne suffisaient pas à donner du pain aux soldats, à lever assez de troupes pour mettre un terme aux hostilités. De là, partout, de grandes incertitudes et de dangereuses agitations. Ceux qui avaient délaissé la Fronde comme un moyen trompeur de délivrance étaient bien près d'écouter toute proposition nouvelle qui offrirait plus de chances de succès. Ceux qui continuaient la faction saisissaient, dans cet état des esprits, une raison d'espérer encore, et se remuaient plus vivement pour emporter un triomphe si retardé. Il y eut des assemblées de nobles en diverses provinces, surtout en Normandie ; selon le témoignage de Turenne, l'importance de la duchesse de Longueville n'y était pas étrangère. Colbert écrivait à ce sujet à Mazarin : Il faut apporter un remède solide pour empêcher la démangeaison que la noblesse a de s'assembler dans toutes les provinces. Les provinces de Normandie, Aunis et Poitou sont dans une fort mauvaise disposition[1]. C'était bien là un reste de Fronde, et un dépit persévérant de n'avoir pu obtenir des États-Généraux en 1651. Il y eut aussi des soulèvements du menu peuple, des sabotiers, comme on les appelait, commandés par des gentilshommes qui protestaient contre la taille et faisaient main-basse sur les collecteurs ; il fallut employer plusieurs régiments à les réprimer[2]. Il y eut, au commencement de mars, la défection du major qui commandait dans Hesdin. Ce traître se rendit maitre de la place par la connivence des officiers, s'entendit avec le maréchal d'Hocquincourt, toujours mécontent depuis son équipée de Péronne, et ferma la porte au gouverneur nommé par le roi. D'Hocquincourt, ensuite, quitta la France pour rejoindre à Bruxelles le prince de Condé. Il s'organisa, à Bruxelles, un complot bien combiné. Le cardinal de Retz y participa. Ce malheureux se retrouve partout, comme dit Bossuet, dans l'histoire de nos malheurs. Pourchassé de Franche-Comté, en Suisse, à Cologne, par les émissaires de Mazarin, quelquefois en danger d'être pris, il menait depuis deux ans la vie d'un bandit, se souillant de débauches avec les servantes d'hôtellerie, se battant avec son écuyer, subsistant des subventions que lui servaient ses amis de France, entre autres les religieuses de Port-Royal[3]. Il fut appelé à Bruxelles par Monsieur le Prince, qui lui exposa des plans où il devait avoir sa part d'action et de profit. Les nobles de Normandie préparaient un soulèvement ; Créquy, Barneville et d'Annery, ancien ami de Retz, en étaient l'âme. Dès qu'ils auraient commencé, d'Hocquincourt, avec 4.000 chevaux, se jetterait dans cette province ; l'armée d'Espagne irait se poster sur la Somme, aux environs du Crotoy dont le gouverneur était gagné ; Monsieur le Prince marcherait sur Paris, menant avec lui le cardinal de Retz[4]. En opposition à cet accord de la guerre étrangère avec la guerre civile, Mazarin poursuivait, avec non moins de ténacité, l'œuvre de sa diplomatie en Allemagne. Il travaillait à ôter enfin la couronne impériale à la maison d'Autriche, à ravir aux Espagnols le secours des Allemands. Mais ni ses négociations ni son argent n'avaient encore convaincu personne, ni déterminé un résultat capable de décourager ses ennemis ou de lui rendre confiance à lui-même. Après la mort de l'empereur Ferdinand III (1657), une diète s'était réunie à Francfort pour procéder à son remplacement. La France avait expédié deux ambassadeurs à cette assemblée, le maréchal de Grammont et Lyonne. Elle se proposait, dans cette réunion des princes allemands, de fortifier les alliances qu'elle avait acquises par la paix de Westphalie, et d'écarter enfin la maison d'Autriche du trône impérial ; pour cela, elle devait favoriser l'élection du duc de Bavière, et, à son défaut, celle du comte palatin de Neubourg. L'arrière-pensée, c'est-à-dire l'objet principal, était de faire naître aux Allemands, si la chose était possible, l'envie de déférer la couronne au roi de France[5]. Déjà il circulait un livre, dont l'auteur évidemment n'avait pas tiré de lui-même toutes ses inspirations, où cette proposition était faite ouvertement. Le jeune roi y était présenté comme le candidat le plus digne à tous les titres ; on y vantait sa taille et sa beauté, sa santé capable de tous les exercices du corps, sa capacité en toutes choses et sa modération, son empressement à recevoir les conseils, et jusqu'à sa discrétion dans l'usage des plaisirs[6]. Mais il était peu vraisemblable que les Allemands consentissent à placer à leur tête un étranger en état de devenir un maître ; il était douteux que le duc de Bavière acceptât un honneur trop onéreux, et plus encore que le Palatin de Neubourg réunît le nombre de voix nécessaire[7]. Pour réussir, Mazarin n'avait reculé devant aucune
dépense. Il fallait aux Allemands, princes et peuple, pour les bien disposer,
des bombances, des festins continuels, des
largesses[8]. Il n'était pas
moins nécessaire de gagner à beaux deniers comptants les voix des électeurs ;
l'argent était un rhétoricien qui persuadait mieux
qu'autrefois Cicéron à Rome et Démosthène à Athènes. Aussi l'argent,
qui manquait pour les besoins de l'armée, avait été prodigué pour la victoire
des négociateurs. Le roi avait assigné à Grammont le même état de maison
qu'au duc de Longueville au congrès de Munster, à Lyonne le même traitement
qu'à d'Avaux et à Servien. Ils en usèrent largement, tout en prenant leurs
mesures pour ne rien dépenser en pure perte. On s'engagea, envers l'électeur
palatin, à 150.000 écus en trois payements ; l'électeur de Trèves paraissait
déterminé à défendre l'Autriche envers et contre tous, on paya son frère pour
l'amener au parti de la France ; on tâcha d'acquérir celui de Brandebourg en
corrompant son ambassadeur. En même temps, si l'on apercevait dans ces
nouveaux amis quelque mécontentement, quelque incertitude de volonté, on
l'apaisait dans les festins, on la noyait dans l'ivresse, les Allemands ne se rapatriant jamais mieux que dans la
chaleur du vin[9]. On tenait tête à
ces buveurs indomptables, à ces mangeurs qui demeuraient attablés depuis midi
jusqu'à neuf heures du soir ; à l'électeur de Saxe, dont l'habitude était de
s'enivrer chaque jour dès le matin, excepté quand il communiait à la
luthérienne ; à celui de Mayence qui buvait jusqu'à six pintes en portant
successivement soixante-dix santés, sans rien perdre de son sang-froid ni de
la dignité convenable à son état. Un jour Grammont eut la pensée de régaler
ensemble toute la population de Francfort. D'un côté il réunit les princes à
un grand diner au milieu duquel il les divertit d'un ballet ; de l'autre il
admit la multitude dans ses cours, où les foudres de vin étaient défoncés, où
des distributeurs, disposés régulièrement, faisaient boire tout le monde au
son des tambours et des timbales. Il y eut un véritable enthousiasme en retour
de tant de générosité : Vive le roi de France,
criait-on de toute part, vive son ambassadeur le
maréchal de Grammont qui nous régale si bien. Il faut ne bouger de chez lui,
et n'aller jamais chez les autres où il n'y a ni largesses, ni plaisir, ni
gain à obtenir. Néanmoins les affaires ne marchaient pas. Aucune des combinaisons françaises ne prévalait. L'électeur de Trèves restait inébranlable ; son frère, n'ayant pu le changer, dut rendre l'argent du roi qu'il n'avait pas su gagner. L'électeur de Brandebourg, comme l'avait bien prévu le ministre Brienne, ne se prêta pas à favoriser le Palatin de Neubourg, son concurrent personnel dans la succession de Clèves. Le duc de Bavière, malgré un voyage de Grammont à Munich, s'opiniâtra à refuser l'empire. Les princes catholiques se laissaient émouvoir par des libelles qui accusaient la politique française de favoriser l'hérésie, de détruire la religion orthodoxe. L'alliance avec Cromwell, exploitée par les émissaires des Espagnols, était la grande objection. Grammont et Lyonne répondaient bien que si le s Espagnols n'avaient pas traité eux-mêmes avec l'Anglais, c'était le pouvoir, non la volonté, qui leur avait manqué ; qu'ils avaient offert au Protecteur la possession de Calais, comme la France lui avait promis Dunkerque ; en quoi donc le mal était-il plus grand de promettre Dunkerque que Calais ? Ils présentèrent d'abord la copie des propositions faites par l'Espagne à Cromwell ; ils offrirent, si on voulait leur donner six semaines, de présenter l'original même. Ils détruisirent ainsi l'argument de leurs ennemis dans tous les esprits équitables[10]. Mais tous ces mouvements semblaient ne servir qu'à retarder leur défaite, et non à avancer leur succès. La diète de Francfort devait demeurer dans cet état d'irrésolution jusqu'au mois de juillet. Les choses étaient ainsi en suspens, ou désespérées pour parler comme Turenne, quand la campagne s'ouvrit plus tôt que de coutume. Elle débuta par un affront. Le roi s'étant approché de Hesdin, le major rebelle fit tirer le canon sur lui ; comme toute l'armée n'était pas rassemblée, il fallut se résigner à compter Hesdin pour un ennemi de plus sans pouvoir le punir encore. Heureusement on venait de faire avec Cromwell un troisième traité ; le Protecteur donnait 6.000 hommes pour l'armée de terre, et s'engageait à tenir la mer par sa flotte ; l'alliance, limitée à un an, devait, par les efforts communs, donner Dunkerque aux Anglais et Gravelines à la France. L'impatience des Anglais commandait de supprimer tout retard ; cette nécessité concordant avec les sentiments de Turenne qui espérait le succès de la surprise de l'ennemi, le maréchal conçut une entreprise audacieuse dont l'issue allait en peu de semaines fixer le résultat de la guerre. On ne pouvait approcher de Dunkerque que par un pays inondé. Il y avait, sur la route, des troupes ennemies à Cassel, sur la ligne de Bergues à Dunkerque deux forts nouvellement construits à portée l'un de l'autre, et couvrant chacun une des deux villes ; enfin en commençant par Dunkerque, on se jetait entre trois places ennemies, Bergues à une lieue, Fumes à trois, Gravelines à quatre. Ajoutons que, à cette époque de l'année, il n'y avait pas assez d'herbe pour entretenir la cavalerie. Turenne comprit tous ces dangers et les affronta. Il fit enlever par un de ses lieutenants les troupes ennemies postées à Cassel, explora les environs de Bergues sans l'attaquer, s'engagea parla digue qui était la seule voie praticable de cette ville à Dunkerque, occupa les deux forts d'ailleurs assez mal garnis, et après avoir réparé les ponts sur la Colme, sur les canaux de Hondschoote et de Fumes à Calais, il arriva auprès des dunes (25 mars)[11]. L'audace de l'expédition en avait assuré la réussite. L'ennemi n'avait rien prévu de pareil ; il croyait Dunkerque inabordable, et dans cette sécurité ses vues s'étaient portées sur Cambrai déjà menacé l'année précédente, sur Aire et Saint-Omer. En dépit des avertissements du roi d'Espagne, bien informé par ses agents, les généraux espagnols n'avaient attaché aucune importance à l'alliance des Français avec Cromwell, ni aux prétentions des Anglais sur Dunkerque. A en croire un de leurs alliés du moment, ils avaient bien d'autres travers. L'archiduc don Juan et le marquis de Caracène observaient en campagne les mêmes formalités qu'à Bruxelles. Il ne fallait pas les réveiller, même pour prendre une décision pressée, pour aviser à un besoin imprévu. Quand l'armée était en marche, ils n'allaient à la tête qu'au moment où l'ennemi paraissait. Quand l'armée se rangeait en bataille, ils allaient prendre leur place aux quartiers qui leur avaient été marqués, sans se mettre en peine de l'ensemble ni de la situation du terrain[12]. Il est juste de reconnaître que le génie du grand Condé dut quelquefois bien souffrir de l'ineptie de pareils auxiliaires. Le siège de Dunkerque opposait des difficultés spéciales.
Du côté des dunes, la circonvallation ne tenait pas contre les grandes marées
; ailleurs le grand vent soulevait parfois tant de sable que la voie était
interceptée. Les Anglais, plus fermes en bataille rangée, se troublaient aux
sorties des assiégés et quittaient les travaux pour courir aux armes. Je crois, écrivait Turenne à Mazarin[13], que Son Éminence voit bien le siège de Dunkerque comme un
des plus grands et des plus considérables qui se puissent faire, par toutes
ces circonstances, et dix fois plus difficile que celui qui a été fait.
Il ne cessait donc de lui exposer la situation en toute sincérité, de
solliciter les munitions, les avoines, les fascines et les renforts de
troupes, pour ne pas perdre un moment. Dans les
lieux environnés de places de l'ennemi comme l'on est, ajoutait-il[14], il ne faut pas languir dans les attaques, car les
accidents ne sont pas réparables comme aux sièges qui ne se font pas à la
tête l'ennemi. Mazarin, établi avec le roi d'abord à Mardick, ensuite
à Calais, pourvut assez abondamment aux munitions et aux vivres, peut-être,
dit une de ses ennemies, parce qu'il bénéficiait sur toutes les fournitures[15]. Turenne menait
vigoureusement les travaux ; la tranchée était ouverte dès le 4 juin ; toutes
les sorties de l'ennemi, malgré son canon, étaient repoussées jusque sur le
bord de la contrescarpe. Tous les officiers généraux payaient noblement de
leur personne. Déjà on avait pris quelques palissades, quand on aperçut un
corps de cavalerie s'avancer le long des dunes. Turenne reconnut une armée de
secours qui entreprenait de délivrer la ville. Les Espagnols ne pouvant plus
douter de ce siège qu'ils avaient cru impossible, arrivaient enfin pour le
contrarier. Dans un conseil de guerre où assistait Condé, on avait adopté,
sans une seule observation, le plan de l'archiduc ; les troupes espagnoles,
rappelées de diverses garnisons au rendez-vous d'Ypres, marchaient toutes vers
les dunes avec l'intention de serrer l'ennemi de près, et d'établir un
campement pour se donner le loisir de prendre à propos le temps d'une
bataille. Ils ne savaient pas qu'en offrant à Turenne l'occasion d'une
victoire sur leurs meilleures forces, ils allaient le délivrer de la plus
grande inquiétude qui pesât sur les opérations du siège. Le premier qui parut à la tête de coureurs était le
maréchal d'Hocquincourt ; il fut tué d'un coup de mousquet parti d'une
escouade de travailleurs (12 juin).
Malgré ce présage défavorable, le reste de l'armée espagnole arriva le
lendemain ; Turenne les vit préparer leur campement. Sans plus tarder il prit
la résolution de les combattre, rappela à lui les Anglais postés entre
Mardick et Dunkerque, avec ordre de marcher toute la nuit, renforça la garde
des tranchées pour continuer l'attaque sur la ville pendant la bataille, et
prévenir une diversion de la garnison au dehors ; puis il se tint prêt à
fondre sur l'armée de l'archiduc dès le point du jour[16]. Les Espagnols
affectaient une confiance extrême ; leur artillerie n'était pas encore
arrivée, non plus que les outils pour remuer la terre ; ils campaient sans
ligne, sans la moindre chose qui les couvrit,
à deux portées de canon des Français ; ils étaient si tranquilles qu'ils ne
défendirent thème pas d'aller au fourrage. Le duc d'York leur ré-présentant
que, s'ils n'étaient pas attaqués dans la nuit, ils le seraient
infailliblement le lendemain matin, c'est ce que
nous demandons, répondirent Caracène et Gamare. — Eh bien, répliqua le duc d'York, je connais assez M. de Turenne pour vous promettre que
vous aurez satisfaction. Cette impéritie persista contre les meilleurs
avis. Au point du jour, Turenne sortit de ses lignes avec ses gardes
françaises et suisses, ses régiments, et les Anglais reconnaissables à leurs
habits rouges. On vint dire à l'archiduc don Juan qu'une grande bataille
était imminente ; mais il prétendit que les Français n'en voulaient qu'à une
grand'garde. Le prince de Condé lui répéta les mêmes conseils ; il n'en tint
compte. Avez-vous jamais assisté à une bataille,
dit alors Condé au jeune duc de Glocester ; dans une
demi-heure vous verrez comment nous en perdrons une[17]. L'effet de la
prédiction ne se fit pas attendre. Malgré quelques bonnes mesures prises à la
hâte par Condé, l'armée d'Espagne, d'ailleurs sans canons, commença de
fléchir après que les Anglais eurent occupé une dune avancée de cent pas sur
les autres. Ensuite les Français, s'étant jetés entre les deux lignes de
l'ennemi, y portèrent une confusion irréparable. Il
y eut un temps où les choses furent un peu en balance[18]. La cavalerie
française, poussant trop en avant, fut ramenée tout à coup par Monsieur le
Prince ; mais ce succès ne dura pas ; un feu bien nourri des gardes, des
suisses, du régiment de Montgomery, refoula définitivement la cavalerie
espagnole. Condé eut son cheval blessé, et en prit diligemment un autre. Il
eut grand'peine à se sauver, laissant aux mains du vainqueur ses lieutenants
Boutteville et Coligny. Alors toute l'armée
d'Espagne se mit en désordre sans se rallier, et l'armée de France les suivit
un quart d'heure en fort bon ordre. Une partie de leur infanterie se sauva
par la main gauche dans les marais ; tout le reste fut pris. II y eut bien
entre trois et quatre mille prisonniers de l'ennemi, et mille au plus tués ou
blessés. De l'armée du roi, il y eut quelques officiers et cavaliers de tués
des escadrons de la droite et de la gauche des deux ailes, quelques officiers
et soldats de l'infanterie anglaise, et peu du reste de l'infanterie[19]. Telle fut la
bataille des Dunes, la dernière des grandes rencontres entre les belligérants
et les héros de la guerre de Trente Ans continuée (14 juin 1653). La cour de France célébra avec enthousiasme la victoire
des Dunes. Une circulaire du roi l'annonça à tout le royaume ; l'éloge de
Turenne y était tracé avec toute l'énergie de l'admiration et de la
reconnaissance : Notre dit cousin, le maréchal de
Turenne, en pourvoyant et se trouvant présent à tout, a donné une infinité de
marques de sa grande conduite ainsi que de son expérience consommée, de son insigne
valeur, et de son zèle entier pour notre service et pour la grandeur de cet
État. Et il est vrai que le triomphe dû au coup d'œil et à l'activité
de Turenne était le salut du roi, de Mazarin, de la France. Un nouvel ordre
de choses apparaît immédiatement ; les inquiétudes, qui pesaient sur le
commencement de l'année, se changent en espérances, les incertitudes en
réalités, les hostilités, désormais heureuses, en conditions de paix. Après la mort du maréchal d'Hocquincourt et la dispersion de ses complices, on n'avait plus à craindre de soulèvement sérieux à l'intérieur[20]. Après la déroute des Espagnols, l'armée de Flandre reprenait une supériorité irrésistible. Turenne n'avait pas poursuivi les vaincus, parce qu'il importait avant tout de continuer le siège de Dunkerque ; malgré la valeur de la garnison et l'étendue des moyens de défense, les assiégés, après la mort du gouverneur, capitulèrent le 25 juin. Il fallut remettre et laisser la place aux Anglais, conformément au traité ; mais on s'en dédommagea par de nombreuses acquisitions dans le voisinage. Le 2 juillet, Turenne occupa Bergues, dont la garnison se constitua prisonnière de guerre ; le 3, il reçut la soumission de Furnes ; de là, par une marche prompte qui ne laissait aux Espagnols le temps de s'arrêter ni de se fortifier dans aucun poste, il les repoussa de la Knocque, où ils essayaient de construire une redoute, et parut devant Dixmude. Monsieur le Prince, l'ayant aperçu, et jugeant, par l'état de la place, qu'il était impossible de la défendre, n'y laissa que quatre cents hommes avec le conseil de capituler s'ils voyaient préparer un siège contre eux. Ils capitulèrent en effet le juillet. Toutes ces conquêtes avaient pour objet de débarrasser le terrain autour de Gravelines ; on parlait déjà d'investir cette place, que les Anglais étaient engagés à conquérir pour la France en retour de l'abandon de Dunkerque, lorsqu'une grave maladie du roi, à Calais, suspendit les opérations pour quelques jours. En attendant, l'influence de la dernière déroute des Espagnols se fit sentir même à la diète de Francfort, dont les résolutions devaient à leur tour avoir une action puissante sur la fin de la guerre. Les négociateurs français, en restreignant leurs prétentions, avaient trouvé le secret d'un accommodement plus facile, sans être moins avantageux. Proposer l'élection de Louis XIV, c'était menacer l'Allemagne de la suprématie étrangère ; aussi n'avaient-ils que laissé entrevoir cette pensée, sans jamais la formuler officiellement ; presser l'élection d'un prince favorisé par eux, c'était encore faire craindre aux autres une protection dont l'élu profiterait seul. Ils quittèrent cette attitude agressive pour la défensive ; ils ne se présentèrent plus que comme des voisins qui voulaient prendre leurs sûretés contre les résultats de l'élection, comme des alliés des princes allemands, qui, après les avoir bien servis, voulaient s'entendre avec eux pour les préserver de l'ambition autrichienne. Soit attachement à l'habitude, malgré quelques antipathies personnelles, soit effet des libéralités de l'Autriche, le fils de Ferdinand III, Léopold, roi de Hongrie, paraissait près de réunir la majorité, sinon l'unanimité, des suffrages. Ses dix-huit ans d'ailleurs, son obscurité, sa simplicité enfantine, dont le maréchal de Grammont affecte trop de rire, semblaient aussi garantir les droits des princes contre les abus de son autorité. Ne pouvant l'exclure, les Français ne demandèrent plus que l'alliance des Allemands contre la maison d'Autriche ; tous leurs efforts tendirent à prouver aux électeurs qu'il leur était utile, qu'il importait à la conservation de la paix de Westphalie, d'imposer au nouvel empereur une capitulation qui le mit hors d'état de nuire à la France et de secourir l'Espagne. La conciliation se fit dans ces termes, un peu plus d'un mois après la bataille des Dunes. Léopold Ier fut élu le 18 juillet. Ce choix, contraire aux intentions primitives des négociateurs français, fut comme la part de l'Allemagne dans la transaction convenue entre les deux intérêts ; mais l'élu accepta la capitulation qui le séparait de l'Espagne ; ce fut la part de la France. Par ce serment, Léopold donnait, sans délai, conformément au traité de Munster, le Montferrat au duc de Savoie (art. 4). Il s'engageait à ne faire aucune guerre pour l'empire sans le consentement des électeurs, à ne fournir ni armes, ni soldats, ni vivres aux étrangers ennemis de la couronne de France (art. 13). Et pour rendre l'engagement plus explicite, l'article 14 disait expressément : Nous nous engageons à ne nous mêler en aucune façon des guerres qui se font présentement en Italie et dans le cercle de Bourgogne ; à n'envoyer en notre nom, soit comme empereur, soit pour raison de notre maison, aucun secours de soldats, d'argent, d'armes, ou de toute autre chose, contre la couronne de France et ses alliés dans ladite Italie, ni dans le cercle de Bourgogne. Ainsi les empereurs, qui n'avaient échappé aux premières menaces de la guerre de Trente Ans que grâce à l'alliance fidèle de l'Espagne, renonçaient au droit de préserver l'Espagne à son tour des dernières conséquences de cette lutte. Convenons que, après un acte de résignation aussi rigoureux, l'empereur Léopold, malgré la parenté, était excusable de garder rancune à Louis XIV. Les Français ne s'arrêtèrent même pas là. Comme si la promesse de l'empereur ne suffisait pas par elle-même, ils la mirent sous la garde de ses vassaux. Mazarin fit reprendre et accepter, au moins en partie, un des projets qu'il n'avait pu faire triompher à Munster. On se rappelle cette conception d'une ligue entre tous les princes de l'empire, dans le but d'assurer l'observation du traité de Westphalie, avec le droit de faire la guerre à quiconque voudrait attenter à ce traité, fût-ce l'empereur lui-même. Mazarin, à Francfort, proposa de nouveau cette confédération, non plus à tous les Allemands, mais à ceux d'entre eux qui n'y avaient pas apporté d'objection ; non plus aux amis de l'Autriche comme à ses ennemis, mais aux États que le voisinage et le besoin de leur conservation rapprochaient naturellement de la France. Grammont et Lyonne gagnèrent les trois archevêques de Trèves, Mayence et Cologne, l'évêque de Munster, le landgrave de Hesse-Cassel, les ducs de Brunswick et de Lunebourg, le comte palatin, le roi de Suède, seigneur de Brême, etc. Ils conclurent avec eux la ligue du Rhin. Les conditions en étaient le maintien de la paix de Westphalie, la promesse d'une défense réciproque de ces princes par la France, de la France par ces princes ; l'engagement par chacun de ne laisser passer sur ses terres aucune troupe envoyée contre la France et ses alliés dans les Pays-Bas ou ailleurs[21]. Les conséquences étaient claires et nombreuses. Les terres des alliés formant une barrière non interrompue jusqu'à la mer du Nord, les troupes autrichiennes ne pouvaient plus atteindre les Pays-Bas ; l'isolement des Espagnols était complet ; les princes du Rhin, s'armant pour maintenir la paix de Westphalie au profit de tous ceux qui l'avaient signée, prenaient sous leur garde les acquisitions que cette paix avait assignées à la France, y compris Brisach. Dans l'un et l'autre cas, leur opposition à l'empereur était parfaitement légale ; car les traités de Munster et d'Osnabrück laissaient à chaque prince allemand le droit de s'allier avec ses voisins, et même avec l'étranger, pourvu que ce ne fût pas contre les intérêts de l'empire ni contre le maintien de cette même paix de Westphalie ; or, d'une part, les Espagnols n'étaient pas l'empire, et, de l'autre, c'était respecter la paix de Westphalie, au lieu de l'enfreindre, que de conserver à la France ce que cette paix lui avait donné. Enfin, la réciprocité de secours en cas d'attaque introduisait le roi de France dans les affaires des Allemands, pendant que leur faiblesse relative et le besoin d'un allié fort les rattachait à sa protection. De là une prépondérance qui, durant plusieurs années, a donné plus d'autorité en Allemagne à Louis XIV qu'à Léopold. La ligue du Rhin fut signée le 15 août 1658. A partir de cette victoire diplomatique, il n'y eut plus de doute sur l'issue de la campagne militaire ; Turenne la compléta par une série de succès rapides auxquels l'admiration des contemporains n'a pas manqué. Les Espagnols, réduits à eux-mêmes, avec des armées découragées, contraints de lever de nouveaux soldats à la hâte dans un pays fatigué, avaient encore à répondre aux demandes d'argent que le prince de Condé ne cessait de leur faire, non-seulement pour ses troupes, mais encore pour l'entretien de sa maison, pour celles de sa femme, de son fils, de sa fille, pour les pensions de ses amis, tels que le président Viole, pour le traitement de ses secrétaires[22]. Turenne ne les laissa pas respirer. En août, il fit investir Gravelines par le maréchal de La Ferté ; lui-même couvrait le siège par les corps qu'il entretenait à Dixmude, à Mardyck et à Dunkerque. L'ennemi resta quinze jours sans faire aucun mouvement pour secourir la place ; quand il s'en approcha, soit difficulté des chemins, soit crainte d'avoir sur les bras en peu de temps tous les corps français dont les communications étaient bien établies, il se tint encore dans l'inaction. Gravelines capitula le 30 août. Aussitôt Turenne se rapprocha de la Lys dans l'intention d'atteindre l'Escaut. Pour tromper l'ennemi sur ses desseins, il fit mine de menacer à la fois Bruges et Gand, et s'avança même jusqu'à quatre lieues de Bruxelles. Pendant que les généraux espagnols hésitaient entre tant de points à défendre, il tomba sur Oudenarde, dont la garnison se rendit prisonnière le 9 septembre. Mais cette place, sans fortification sérieuse, ne pouvait être gardée que par quelque autre poste dans le voisinage. Menin lui parut propre à ce service ; il y marcha immédiatement. Le prince de Ligne, qui se trouvait à une lieue de là avec 1.500 chevaux et 2.000 hommes d'infanterie, pouvait faire obstacle, ou, en se jetant dans Courtrai, entraver les opérations ultérieures. On l'attaqua sans délai avant même que toutes les troupes fussent rassemblées. On le battit sans miséricorde ; presque toute son infanterie fut prise, avec les armes et les drapeaux, et, de ses chevaux, il ne s'en sauva que trois ou quatre cents. L'occupation de Menin fut le prix de cette victoire (17 septembre). Restait aux environs Ypres, dont les Espagnols avaient fait, pendant quelque temps, leur quartier général ; il importait de ne pas en laisser renforcer la garnison. Malheureusement l'armée de Turenne s'affaiblissait par ses victoires mêmes, par les détachements postés à Menin et à Oudenarde ; si on pouvait sans crainte ramener devant Ypres les troupes de Bergues, de Furnes et de Dixmude, elles n'étaient pas encore arrivées ; en outre, on manquait d'outils nécessaires pour un grand siège. Mais, dit Turenne lui-même[23], l'ennemi était en si mauvais état par la bataille des Dunes, par le combat du prince de Ligne, par tant de régiments défaits et tant de partis battus, que l'on pouvait hasarder d'attaquer une grande place avec peu de gens. L'activité fut encore ici la meilleure conseillère. La nuit même de l'occupation de Menin, Turenne s'avança vers Ypres. Il tira de Dunkerque et de Gravelines des outils, des munitions de guerre et du canon ; il ouvrit deux tranchées, et, cinq jours après, la ville capitulait (26 septembre). Le lendemain, le château de Comines se rendit : c'était un bon poste et un passage considérable sur la Lys. Cet entraînement de victoires (victoriarum impetus), comme les qualifie une médaille de l'époque, était la fin de la guerre. Mais Turenne, qui en avait le mérite, n'en avait pas le pressentiment. S'il reconnaissait les avantages obtenus, il ne se dissimulait pas les dangers qui semblaient persister encore. Il mit avant tout l'obligation de faire servir à la campagne prochaine les bénéfices de celle qui allait finir. Également éloigné de la témérité et de la négligence, il calcula ce que la mauvaise saison qui approchait lui permettait d'entreprendre de plus utile. Les ennemis, remis dans leur première confusion, étaient de nouveau séparés : Condé à Tournay, don Juan à Bruxelles. Tenter un coup difficile sur cette capitale, quand les moyens diminuaient, c'eut été une faute dont un échec aurait aggravé la responsabilité. Le plus urgent et le plus sûr, c'était de conserver ce qu'on venait d'acquérir, et dans ce but fortifier Menin et Oudenarde, surtout cette dernière, la position la plus importante que le roi eût encore tenue en Flandre. Il faut, écrivait-il à Letellier[24], que les villes de Flandre se défendent toutes seules pendant l'hiver. La conservation de ce lieu (Oudenarde) doit, à mon avis, faire une révolution en Flandre. Il se posta à Epière, un lieu plein de fourrages, où il tirait d'Ypres son pain de munition, et le faisait arriver par l'Escaut à Oudenarde. Il y demeura pendant le mois d'octobre, couvrant les travaux de fortification, surveillant l'ennemi dans Courtrai et dans Tournay, et repoussant toujours avec bonheur les partis espagnols qui, de l'une ou l'autre de ces deux villes, essayaient d'inquiéter ses travailleurs. En novembre, un mouvement de l'archiduc sur Courtrai l'invita à prendre des airs d'agression, il poussa jusqu'à Grammont où il laissa quelque cavalerie, menaça Alost, et se cantonna à Ninove, ce qui mit les Espagnols hors d'état de sortir de Bruxelles où Condé alla les rejoindre. Grâce à cette tactique, les fortifications avancèrent au grand étonnement même des Français. On avait affirmé qu'elles ne pourraient être terminées avant l'époque où les grandes rigueurs de l'hiver rendraient la dispersion des troupes inévitable. Un millier de paysans, joints aux soldats, donnèrent un démenti inattendu à ce fâcheux pronostic. Il n'est pas croyable, écrivait-il le 15 novembre[25], les travaux qu'on a faits à cette place (Oudenarde) ; le chevalier de Clerville les a fort bien pris, et y a agi avec soin. On n'avait pas moins réussi à Menin, comme il l'atteste dans ses mémoires. Cependant ces occupations ne suffisaient pas à sa vigilance. Dès le mois d'octobre, il invitait Letellier à faire travailler aux recrues, dans la crainte que, au printemps, l'ennemi trouvât les Français en mauvais état. Il pressait sans relâche l'arrivée de la solde dont il importait de ne pas suspendre le payement jusqu'aux quartiers d'hiver, l'arrivée des vivres et des munitions indispensables aux garnisons qui resteraient en pays ennemi ; il comptait les jours jusqu'à la prochaine campagne, et prévoyait que le pain manquerait au mois de mars à la plupart des garnisons si le ministre ne répondait pas à toutes ses demandes. Or, ajoutait-il[26], on soutient les choses dans le commencement de l'hiver, mais vers le printemps il faut de grandes ressources d'argent pour mettre les choses en état. Il persévéra dans ces soins jusqu'en février 1659. Alors reconnaissant que les troupes espagnoles de Courtrai et de Tournay étaient épuisées, et avaient besoin de se retirer sur la Meuse pour se rafraîchir, il crut pouvoir ramener en France une partie de l'armée du roi. Il laissa des garnisons ordinaires à Dunkerque, Gravelines, Bergues, Fumes et Dixmude, dont la position à grande distance de l'ennemi n'inspirait aucune crainte ; des corps plus nombreux à Menin, Oudenarde et Ypres ; en tout cent compagnies de cavalerie et la moitié de l'infanterie. Il rentra lui-même à Paris an moment où le roi revenait de Lyon[27]. Là il put enfin entrevoir le terme et le prix de ses travaux dans l'espoir fondé d'une paix prochaine. Après la prise de Gravelines et d'Ypres, les affaires du roi en Flandre étant mieux établies que jamais, la cour de France avait donné un rendez-vous à Lyon à la maison de Savoie pour examiner la question d'un mariage entre Louis XIV et une princesse de cette famille. Ce voyage eut lieu dans les derniers mois de 1658, et s'étendit même aux premières semaines de l'année suivante. La princesse Marguerite se flattait déjà de la perspective de la couronne de France, lorsqu'un émissaire espagnol, Antoine Pimentel, se présenta à Mazarin avec des propositions capables de le faire changer d'avis. Le roi d'Espagne, épuisé de la lutte, sans alliés désormais, battu sur tous les points, essayait de traiter aux conditions les moins défavorables pour lui. Il offrait, avec la paix, l'aînée de ses filles, l'infante Marie-Thérèse. Cette offre qui s'accordait si bien avec les projets de Mazarin sur la succession espagnole, avec les sentiments de famille d'Anne d'Autriche, fit abandonner le mariage de Savoie. On retira à la princesse Marguerite les espérances qu'on avait encouragées ; on se justifia auprès de sa mère, princesse française et fille de Henri IV, par la nécessité de tout sacrifier au bien de la chrétienté, à la grandeur de la France et au repos de ses peuples[28]. On rentra à Paris avec l'envoyé d'Espagne ; et après avoir discuté et arrêté non sans quelque peine les préliminaires, on signa une suspension d'armes (8 mai 1659). La campagne si bien préparée par Turenne ne devait pas s'ouvrir ; la conclusion de cette longue rivalité de France et d'Espagne était réservée à Mazarin. |
[1] Lettres de Colbert.
[2] Turenne, Montglat, Guy Joly.
[3] Ce n'est pas nous encore qui le faisons dire à Racine, le candide historien des vertus et des actes de Port-Royal. Voir au chapitre suivant les détails.
[4] Guy Joly. Voir les lettres de l'ambassadeur De Thou à Mazarin, dans le Supplément des Mémoires de Retz.
[5] Mémoires de Brienne.
[6] Voyage de deux Hollandais, 7 septembre 1657.
[7] Mémoires de Brienne.
[8] Mémoires de Grammont.
[9] Mémoires du maréchal de Grammont.
[10] Mémoires du maréchal de Grammont.
[11] Mémoires de Turenne. — Mémoires du duc d'York.
[12] Mémoires du duc d'York.
[13] Lettre de Turenne à Mazarin, 27 mai 1658.
[14] Lettre de Turenne à Mazarin, 27 mai 1658.
[15] Motteville.
[16] Mémoires de Turenne.
[17] Mémoires du duc d'York.
[18] Mémoires de Turenne.
[19] Mémoires de Turenne.
[20] Guy Joly ; le duc d'York.
[21] Mémoires du maréchal de Grammont.
[22] Mémoires de Lenet. Instruction donnée à M. Lenet allant en Espagne, 28 mai 1658.
[23] Mémoires de Turenne.
[24] Lettre à Letellier, du 27 septembre 1658.
[25] Lettre à Letellier, du 15 novembre 1658.
[26] Lettre à Letellier, du 11 janvier 1659.
[27] C'est ici que s'arrêtent les Mémoires de Turenne.
[28] Mémoires du comte de Brienne ; Motteville