II. — Le parti des honnêtes gens. - Misère générale. - Seconde retraite de Mazarin. - Le roi rappelé par les différentes classes de la population. - Sédition du papier. - Condé quitte Paris. - Rentrée du roi à Paris. - Fin de la Fronde des princes. - Retour définitif de Mazarin. Ces honnêtes gens sont bien définis dans un entretien de Lamoignon avec le cardinal de Retz. Vous devenez suspect, disait le magistrat au conspirateur, à une classe d'hommes dont l'opinion forme tous jours avec le temps la réputation publique. Ce sont ceux qui ne sont ni frondeurs ni mazarins, et qui ne veulent que le bien de l'État. Cette espèce de gens ne peut rien dans les commencements des troubles, elle peut tout dans les fins. N'est-ce pas là en effet le résumé des phases de la guerre civile à toutes les époques de l'histoire ? Au commencement, les partis s'imposent par leur bruit, leurs menaces, l'attrait même de leurs promesses. Parlant seuls, agissant seuls, on les prend volontiers pour la nation tout entière, pour une puissance irrésistible. L'honnêteté, presque toujours timide et naïve, non-seulement se trouve trop faible pour les contredire, mais souvent elle croit à leurs bonnes intentions et les seconde au besoin. Le temps éclaircit bientôt la situation ; il révèle la mauvaise foi des promesses et l'impuissance des menaces, en ne laissant pour résultat de ces illusions que l'anarchie et le mal public dont tout le monde souffre. C'est alors le tour de ceux qui n'ont pas au cœur les mauvaises passions, l'égoïsme des partis. Ils se devinent par instinct, se consultent, reconnaissent leur nombre, se fortifient mutuellement dans leurs pensées de résistance ; ils n'ont besoin que de se rapprocher, de se serrer les uns contre les autres, pour étouffer les factieux par leur multitude. Nous l'avons éprouvé à plusieurs reprises de nos jours, dans ces moments critiques où ceux qui ne voulaient que la tranquillité et la prospérité commune se comptaient par millions contre quelques milliers. Un mouvement, un accord analogue, au XVIIe siècle, dispersa les factions qui perdaient la France, et mit fin à la Fronde en sacrifiant des réformes suspectes. Heureux les peuples qui se souviennent de ces expériences, et qui, à distance du mal passé, en gardent le sentiment assez vif pour le reconnaître quand il se représente, et pour ne plus se laisser prendre à des séductions, qui presque toujours sont l'écueil du progrès légitime. Pour comprendre combien était salutaire ce complot des honnêtes gens, il suffit de rassembler quelques traits de la misère dont souffraient alors tous les ordres du royaume, dans toutes les provinces. L'absence de toute autorité régulière dans ce conflit de tant d'autorités prétendues légitimes, les exactions de tous les partis, les violences des armées rivales, avaient tout bouleversé, le sacré et le profane. Ceux qui n'ont pas vu la faiblesse du gouvernement d'alors, dit Gourville[1], un des agents de Condé, ne s'imagineront jamais comment tout se passait sans qu'on l'empêchât. L'argent public était à celui qui pouvait le prendre. Envoyé par son maitre pour enlever le coadjuteur, Gourville manquait d'argent ; il surprit dans un cabaret un collecteur des tailles faisant la recette, lui enleva 8000 livres, dont il donna quittance, en lui recommandant de se faire tenir compte par le roi de cet abus de la force[2]. Partout où les armées ont passé, écrivait Vincent de Paul à l'évêque d'Acqs (Dax), elles y ont commis les sacrilèges, les vols et les impiétés que votre diocèse a soufferts, et non-seulement dans la Guienne et le Périgord, mais aussi en Saintonge, Poitou, Bourgogne, Champagne, Picardie et en beaucoup d'autres, et même aux environs de Paris, et généralement partout, les ecclésiastiques aussi bien que le peuple sont fort affligés et dépourvus, en sorte que de Paris on leur envoie dans les provinces plus proches du linge et des habits pour les couvrir, et des aumônes pour les aider à vivre. L'armée du roi, en avril 1652, dévastait le Blaisois, rompant les ponts, renversant les maisons, pillant les églises ; les curés rachetaient les hosties volées sur l'autel quarante sols la pièce[3]. Une ordonnance du roi (22 juin 1652) atteste la vérité de ces plaintes en défendant de renouveler de pareils faits ; elle enjoint aux soldats de ne plus couper les blés, enlever les échalas, gâter les vignes, forcer les maisons[4]. On prit soin d'envoyer cette ordonnance aux Parisiens, alors retenus dans le parti des princes, pour les détacher de la rébellion en leur prouvant que c'était le roi qui s'intéressait aux malheurs du peuple. Les princes, en effet, y paraissaient moins sensibles. Quand leur armée s'éloigna d'Étampes, elle laissa cette ville encombrée ou entourée de cadavres d'hommes et. de chevaux mêlés aux fumiers pourris, qui répandaient au loin une odeur intolérable. Il fallut encore ici le zèle des Pères de la mission pour nettoyer la place, enterrer les morts, purifier les rues et les maisons désertes[5]. Cette même armée, sous Paris, suscitait de temps en temps la colère des bourgeois qu'elle affamait par ses déprédations. Condé s'emportait en reproches, en jurements, en menaces, promettait la potence aux coupables, et signifiait qu'il n'entendait pas qu'on arrachât un seul épi de blé ; mais il ne savait plus que faire quand ses officiers lui représentaient que, sans fourrage, la cavalerie ne pouvait subsister, et qu'il fallait bien couper le blé pour avoir du fourrage[6]. Le mal renaissait ainsi du mal même, et un surcroît plus odieux encore était la débauche et le plaisir qui s'accumulaient dans ce camp, comme une dérision des souffrances publiques. On n'y entendait que violons, vielles, timbales, hautbois et tambourins, musique à faire danser le diable en chair et en os, on y voyait toutes les postures de l'Arétin en usage et en montre. Ô la douce guerre, s'écrie le pamphlétaire, pour la g..... et pour le filou ! Ô la triste guerre pour le bourgeois renfermé dans sa ville comme captif ; ô la rude guerre pour le marchand rencontré dans la campagne, et derechef, ô la cruelle guerre pour les bœufs, vaches et moutons, de plus de six lieues à la ronde ![7] La Pandore (4)[8], un pamphlet contre Mazarin, établit par les chiffres suivants, le compte des désastres dont la guerre présente était la cause : 276 monastères pillés et ruinés, plus de 400 églises de villages et gros bourgs exposées à l'avidité profane des soldats et plusieurs brûlées ; plus de 180 filles consacrées à Dieu violées ; plus de 6.000, tant femmes que filles, forcées ; plus de 10.000 pauvres paysans outragés, rôtis ; plus de 2.000 saints ciboires, croix, calices et chandeliers volés ; plus de vingt lieues de pays abandonnées et désertes. D'autre part, un historien favorable à la cause du roi[9], dans une énumération lamentable, représente les prêtres chassés de la campagne, le sang de Jésus-Christ foulé aux pieds, son corps mis à rançon par les Allemands, les reliques des saints jetées aux chiens et brûlées par dérision, les villages sans culture, les populations dispersées par les bois, attendant la paix pour rebâtir leurs maisons ou la mort pour voir la fin de leurs misères, Paris dépeuplé, à moitié vide, plus de travail pour les artisans et manouvriers, le commerce mort, les ports dégarnis, les magasins de blé, de vin et de bois, livrés aux armées étrangères, qui en tirent chaque jour leur subsistance. Enfin, la pénurie de Paris éclate avec une évidence douloureuse dans l'insuffisance des efforts même tentés pour l'adoucir. Dès le mois de juin les magistrats s'en étaient émus. Il se tint, à la salle Saint-Louis, une assemblée du Parlement, des Aides, des Comptes, des échevins, des ecclésiastiques, des corps de marchands, pour rechercher les moyens de soulager la multitude des pauvres. Mais quelle police pouvait-on établir ? On n'accepta pas la proposition de distribuer les pauvres dans les maisons particulières. Entreprendre des travaux publics pour leur faire gagner leur vie, c'eût été, en les rassemblant, leur donner le sentiment de leur nombre, et préparer une sédition. Les enfermer n'était pas possible, par la difficulté de trouver des lieux propres et capables[10]. On s'arrêta à développer, par de nouveaux dons, l'œuvre du potage organisée par Vincent de Paul. On se taxa, les uns à 100 livres, d'autres à 150, les présidents du Parlement à 200. On donne chaque jour du potage à 14 ou 15 mille pauvres qui mourraient de faim sans ce secours, écrivait à ce moment Vincent de Paul[11], et, de plus, on a retiré les filles en des maisons particulières, et l'on va loger les pauvres religieuses réfugiées dans un monastère préparé pour elles. On établit même un magasin charitable d'habits, de meubles, ustensiles, provisions, drogues pour composer des remèdes, d'où l'on tirait les secours les plus urgents à distribuer dans la ville ou à répandre dans la campagne. On espère, ajoutait le saint homme, que la paix se fera, d'autant plus qu'on tâche d'apaiser la justice de Dieu par les grands biens qui se font maintenant dans Paris. Cependant l'heureuse conclusion reculait toujours ; pour convaincre, pour décider Paris à une résolution énergique, il était besoin d'une plus longue expérience ; elle ne manqua pas. Le lendemain de la bataille du faubourg Saint-Antoine, un arrêt du Parlement prescrivit de décharger la Conciergerie, en mettant les prisonniers en liberté, parce qu'on n'avait plus de pain à leur donner[12]. Sous l'empire de la disette toujours croissante, les plus vils aliments atteignirent un prix inouï ; la chair des chevaux tués dans la dernière bataille se vendait dix sous la livre. Les moulins ne fonctionnaient plus, ou ne travaillaient que pour l'armée des princes ; le pain bis, noir, monta à 6 ou 7 sous par livre, le plus blanc à dix ou douze sous[13]. Broussel, devenu prévôt des marchands, fut bientôt accusé de n'être pas plus vigilant que son prédécesseur. On imputait à sa négligence la mort de plusieurs milliers de pauvres par la faim. Des pamphlets réclamaient l'établissement d'une taxe des pauvres, comme en Angleterre, la création de greniers de réserve comme à Lyon, le règlement du prix du pain par mesure administrative[14]. Mais aussi la Vérité toute nue commença de se montrer en public[15]. Une brochure, sous ce titre, osa indiquer le remède le plus efficace : rappeler le roi, même avec Mazarin. Tout le monde était coupable, selon l'auteur. Mazarin a laissé piller les finances, le coadjuteur est un factieux, le Parlement veut se faire l'arbitre de l'État, Monsieur le Prince prétend être le maitre des affaires, et traite avec l'Espagne et avec Cromwell, le duc d'Orléans a de bonnes intentions, mais il est sans force et sans capacité. Si Mazarin s'éloignait, ce serait une garantie de la fin des troubles ; mais si le roi n'y consent pas, il ne faut pas l'exiger. Évidemment cette doctrine était celle du bon sens ; c'était aussi l'avis de Mathieu Molé ; bien présentée aux masses, dans le moment le plus favorable, elle devint, en quelques jours, la raison et la politique de la bourgeoisie. Les gens de bonne volonté attendaient un signal, un chef, une direction. Ils trouvèrent tout cela dans quelques hommes peu connus, peu suspects à l'ennemi, mais insinuants et actifs. Ce fut d'abord un conseiller de la grand'chambre, le Prévôt de Saint-Germain, l'évêque de Glandevez, autrefois le père Faure, et le cordelier Berthod, dont les mémoires contiennent tout le plan, toute la conduite de l'entreprise. Ils s'entendirent avec la cour, indiquant les concessions à faire pour ôter tout prétexte aux frondeurs, les sûretés à donner pour encourager le retour à la cause royale ; et immédiatement, dès le 20 juillet, ils travaillèrent dans le Parlement, auprès des maitres des requêtes, dans la ville, auprès des corps de métiers, sur les ports, parmi les bateliers, crocheteurs et autres, à rallier tous ceux qui étaient las de l'anarchie, mais que la terreur du feu de l'Hôtel-de-Ville empêchait de se déclarer. En mettant sous les yeux de chacun l'odieux état des affaires, la pénurie des masses, l'ambition des princes, la menace de la domination étrangère, en promettant la rentrée prochaine du roi dans Paris, et une amnistie pour tous les actes et injures passés, ils se firent aussitôt des adhérents qui, par leur influence personnelle et surtout par leur exemple, en gagnèrent rapidement un bien plus grand nombre. En moins de dix ou douze jours, les princes sentirent un changement qui les inquiéta : ils étaient assaillis au Luxembourg, à l'hôtel de Condé, au palais, de rassemblements considérables, où les femmes ne manquaient pas, et qui n'avaient qu'un cri : La paix ! la paix ! le retour du roi ! D'une simple démonstration, le passage aux actes ne fut pas long : la cour le détermina par une manœuvre fatale aux princes, et d'autant plus agréable aux bourgeois, qu'elle fut pour eux une surprise. Pour diviser encore le parti rebelle, le roi ordonna la translation du Parlement à Pontoise (6 août). Comme il n'y eut que deux présidents et onze conseillers qui obéirent à cet appel, l'ennemi crut pouvoir rire de cette défection ; on répétait avec triomphe le mot de Benserade, qu'il avait rencontré tout le Parlement dans un carrosse coupé[16]. Mais ces treize magistrats, renforcés de Mathieu Molé, premier président, se déclarèrent Parlement légitime, puis demandèrent au roi, comme une satisfaction au moins temporaire, l'éloignement de Mazarin. L'évêque de Glandevez, averti de cette proposition, fit savoir que sans doute les Parisiens auraient reçu Mazarin lui-même avec le roi, mais que si le ministre s'éloignait, leurs applaudissements seraient incomparablement plus grands. Le roi, en conséquence, déclara (12 août) qu'il se séparait encore une fois de Mazarin malgré tous les services qu'il avait reçus de lui. A l'instant la bourgeoisie commença de refuser son concours aux princes. Pendant que ceux-ci faisaient prononcer des arrêts impitoyables par les magistrats restés à Paris contre ceux de Pontoise, les marchands coupèrent le nerf de la guerre civile en refusant les taxes demandées. Tout le quartier Notre-Dame éconduisit les collecteurs sans leur rien donner. Ceux du Pont ajoutèrent l'ironie au refus. Monsieur, disait chacun au dizenier, je suis bon serviteur du roi, mais auparavant allez faire payer ceux de l'autre côté, qui sont tous mazarins, et, de l'autre côté, même refus et même renvoi ; le dizenier rentra chez lui sans avoir reçu un denier (16 août). Beaufort et Broussel, ayant voulu tirer de l'argent des communautés ecclésiastiques, échouèrent aussi honteusement ; on ne leur répondit que par le désir d'envoyer une députation au roi pour le ramener dans Paris. Le départ de Mazarin (22 août), l'amnistie publiée par le roi (26), firent encore mieux éclater la mauvaise foi des princes. Ils vinrent déclarer à leur parlement que l'amnistie n'était pas suffisante, parce qu'elle contenait trop d'exceptions ; ils ne pouvaient être satisfaits que par l'éloignement de l'armée royale, la délivrance de passeports pour l'armée d'Espagne, le rétablissement de toutes choses au même état qu'avant la guerre. En présence d'un égoïsme aussi transparent, les Parisiens ne se sentaient que plus d'ardeur à réclamer la paix sans délai. Les femmes s'acharnaient après Monsieur le Prince. Un jour qu'il les accusait d'être payées par les mazarins, les plus résolues lui répondirent : Nous ne sommes pas des femmes à dix-sept sous, comme tes assassins de l'Hôtel-de-Ville. Les six corps de marchands, assemblés aux Grands-Carnaux, décidaient l'envoi d'une députation au roi. Un plan s'organisait pour remettre au roi la Bastille et l'Arsenal. Le prévôt de Saint-Germain tenait tout prêts les pétards, les poudres, les échelles, toutes les machines nécessaires à l'exécution. On s'impatientait même de la lenteur que semblait mettre le roi à favoriser le succès par l'envoi de quelques troupes. Mais les princes n'étaient pas entièrement dépouillés du prestige de leur domination. Leur armée effrayait encore Paris ; leurs partisans, par de mauvaises nouvelles, ranimaient par moments les alarmes ; enfin, pour reconstituer et faire sentir leur supériorité, ils rappelèrent le duc de Lorraine, dont les troupes se répandirent aux environs d'Orléans et vers Villeneuve-Saint-Georges. Force fut à l'armée de Turenne, inférieure en nombre, de se tenir en observation entre la Seine et l'Yères, pour neutraliser. cette menace par une attitude défensive. Néanmoins le flot de la réaction ne pouvait plus s'arrêter que le temps nécessaire pour monter par-dessus l'obstacle. Qui eût pensé que le cardinal de Retz irait le premier demander la paix au roi ? Ce fut pourtant lui qui commença. Il en donne pour raison la répugnance que lui inspiraient les écharpes rouges (Espagne) et jaunes (Lorraine) voltigeant sur le Pont-Neuf, sa compassion pour la misère publique, son désir de sauver l'État. Au fond, il reculait devant la bourgeoisie, il sentait que le peuple retirait son appui aux factieux[17] : à la veille de la déroute de ses complices et de ses rivaux, il voulait tenter un dernier effort en faveur d'Orléans contre Condé ; il voulait surtout se garantir des conséquences de la conduite équivoque qu'il tenait depuis six mois. Les communautés ecclésiastiques avaient parlé de députer au roi. Le coadjuteur de Paris réclama l'honneur de les conduire. Il alla à Compiègne (12 septembre), où il reçut le chapeau de cardinal de la main du roi. Il parla, non sans noblesse, de paix, de clémence, d'impartialité entre les princes. On ne l'arrêta pas, comme il en avait eu un moment la crainte ; on le laissa déployer un luxe capable de gagner bien des gens, tenir sept tables servies en même temps, et dépenser 800 écus par jour. Mais on ne répondit selon son gré à aucune de ses propositions, et il revint inquiet des sentiments de la cour à son égard, et certain qu'on ne le prendrait pas pour médiateur des négociations. Alors éclata le sauve-qui-peut parmi les frondeurs, en même temps qu'une recrudescence de zèle dans la bourgeoisie. Le président Charton, le héros du Pont-Neuf au jour de la gloire de Broussel, et tout récemment roué de coups par ses amis de l'Hôtel-de-Ville, essaya de faire sa soumission, et, comme pour prix de sa grâce, offrit au roi quatre ou cinq colonels et quinze capitaines de la garde bourgeoise, déterminés, disait-il, à servir Sa Majesté en tout ce qu'elle voudrait. Le président De Maisons, dépouillé de sa surintendance des finances et de la capitainerie de Saint-Germain, tâchant encore de tirer parti de son retour, promit, si on lui rendait ses charges, de mener avec lui une douzaine de conseillers à Pontoise. Les bourgeois firent les choses plus grandement. Les députés des six corps de marchands réclamèrent des passeports pour se rendre à la cour ; car il n'était pas bon de passer sans un sauf-conduit des princes à travers leurs soldats. Beaufort crut les effrayer en les traitant de factieux. Si l'on ne se joignait pas, disait-il, au Parlement, au corps de ville et à M. Broussel, il ferait arborer sur les murs de Paris des étendards avec cette devise : Ville perdue. Les députés lui ripostèrent du même ton qu'ils ne se détachaient pas du Parlement, parce qu'ils n'avaient jamais été unis avec lui, qu'ils ne se détachaient pas davantage de l'Hôtel-de-Ville et des anciens échevins, mais qu'ils n'avaient jamais rien eu à démêler avec les nouveaux ni avec Broussel. Pour mieux affirmer leur résolution, ils convoquèrent une assemblée au Palais-Royal et l'annoncèrent par un manifeste hardi, affiché partout, où Monsieur le Prince était dénoncé comme la cause de tous les maux : félon qui s'alliait à l'Espagne et à l'Angleterre pour devenir roi de Navarre et de Guienne, impie qui attirait sur la France tous les fléaux du ciel, tyran qui avait résolu de violer partout la loi et le droit des gens. L'assemblée eut lieu le 24 septembre ; il s'y entassa plus de 4.000 personnes ; bourgeois, conseillers du Parlement, gentilshommes et menu peuple. On y vota le refus de toute taxe imposée par les princes, une députation au roi pour le prier de revenir à Paris, le droit de courir sus aux troupes de Condé et l'adoption du ruban blanc ou du papier au chapeau comme signe de ralliement, au lieu de la paille que l'artifice et la tyrannie du prince avaient fait porter à tous les habitants de Paris. L'effet de cette sédition du papier, comme l'appelle dédaigneusement Mademoiselle, fut irrésistible. Le duc d'Orléans, effrayé, délivra aux six corps les passeports demandés. Broussel et les échevins élus avec lui donnèrent leur démission. Le Parlement, malgré la pression des princes, refusa à la majorité de 53 voix contre 35, de citer à sa barre les promoteurs de l'assemblée. Par une heureuse contagion, les colonels de la garde bourgeoise s'assemblèrent à leur tour (25 septembre), et résolurent de députer au roi comme les marchands. A peine ils étaient tombés d'accord, que les conseillers de la ville, débarrassés de Broussel, vinrent les prier d'ajourner leur départ au samedi suivant, parce que le conseil de ville voulait se joindre à eux et députer en leur compagnie. L'assemblée des colonels consentit au retard pour avoir le renfort promis ; mais avant de se séparer, elle fit une ordonnance à la garde bourgeoise qui défendait de laisser sortir de la ville des vivres ou des munitions destinés à l'armée de Lorraine et à celle des princes. L'ordonnance, affichée dans tout Paris, fut si bien exécutée que, dès le lendemain, Beaufort ne put conduire au dehors un charriot de bagages et de vivres ; les officiers se le renvoyèrent dédaigneusement de porte en porte et le contraignirent à rentrer dans sa maison. Il essaya encore d'intimider les colonels et de les détourner du projet de députation par le danger de sortir de Paris sans passeports ; ils lui répondirent qu'ils n'en avaient pas besoin, puisqu'ils étaient maîtres de toutes les portes ; et comme il ripostait qu'au moins la campagne n'était pas sûre pour eux, ils ajoutèrent qu'ils sortiraient avec 400 chevaux, et qu'en tout cas il y avait bonne représaille dans Paris. Décidément le Roi des halles était abandonné de tout son peuple. La condition des autres princes n'était guère meilleure ni plus honorable. Orléans et Condé en venaient à des reproches mutuels qui n'aboutissaient qu'à les affaiblir encore en les divisant. Toutes les négociations avec la cour échouaient à leur confusion. Leurs tentatives par les armes n'étaient que des menaces qui irritaient le peuple de Paris, non des succès capables de le rattacher à leur cause. Ils crurent un moment avoir enfermé Turenne entre leur armée et celle des Lorrains ; mais Turenne, le plus -vanté capitaine pour savoir bien prendre son parti, et éviter de combattre quand il ne le pouvait faire avantageusement[18], se dégagea par une fort belle action, marcha sur Melun, revint prendre Brie-Comte-Robert, et refoula l'ennemi vers Corbeil (fin de septembre). Monsieur le Prince, alors malade par suite de débauches[19], était hors d'état de réparer ce malheur. Que restait-il donc aux ennemis du roi ? L'opiniâtreté de quelques frondeurs, tels que Viole et Chavigny, imputant à la reine, pour regagner la multitude, des projets de vengeance impitoyable ; ou encore quelques échos des anciennes fureurs retentissant dans les pamphlets, efforts désespérés d'une rage qui atteste son impuissance par ses emportements. La reine, disait un de ces écrits, ne respire que le sang ; elle ne fait goûter que du sang au roi[20]. Un autre proposait pour modèle au roi le parricide de Néron, justifié par la nécessité publique[21]. De tels éclats annoncent et précipitent la fin. La députation des six corps de marchands au roi était partie le 27 septembre. Elle recevait à Saint-Germain l'accueil le plus favorable. Une nouvelle amnistie, bien explicite, bien faite pour rassurer ceux des bourgeois qui s'étaient compromis jadis, était la première conséquence de cette démarche ; imprimée, distribuée partout malgré les efforts de l'ennemi pour l'intercepter, elle redoublait l'ardeur des corps de métiers et du menu peuple. On buvait dans les cabarets à la santé du roi ; les bateliers des ports empêchaient les Lorrains d'acheter ou d'emporter du blé, jetant à l'eau tout ensemble le grain et l'argent de l'étranger. Les colonels, les conseillers de ville, appelés par des lettres gracieuses du roi, firent à leur tour leur députation ; les officiers de la garde bourgeoise, réunis en assemblée (5 octobre), s'engagèrent à faciliter par tous les moyens l'entrée du roi dans la ville, à ouvrir telles portes que Sa Majesté voudrait, à faire main basse sur les opposants. Le Parlement leur ayant fait demander compte de cette déclaration, ils répondirent qu'ils ne connaissaient pas le Parlement. Ils avaient pour eux une bien autre force, celle du peuple qui les secondait à sa manière. Le duc de Lorraine faillit y périr. Il voulait aller à son armée et sortir avec ses bagages sans passeport de l'Hôtel-de-Ville. Le peuple se rua sur lui, le pourchassa d'injures et de menaces ; on n'épargna sa vie que parce qu'il s'attacha au surplis d'un prêtre qui portait le viatique à un gagne-denier de la paroisse Saint-Nicolas, et disparut dans la maison du malade d'où il regagna l'Église toujours garanti par le saint-sacrement (11 octobre). Ce dernier coup désespéra les Princes. Beaufort se démit de sa charge de gouverneur de Paris ; trois jours après, Condé furieux, dégoûté de ses amis, honteux de son rôle, sortit de la ville, en la maudissant et lui promettant bonne guerre[22]. De tous les importants, il ne restait debout dans Paris que le duc d'Orléans et le coadjuteur : le premier obstiné à négocier encore, et se flattant même que l'éloignement de Condé, son allié odieux, lui assurerait meilleure part ; le second, fort embarrassé de sa politique double qui n'avait contenté personne, et qui allait le laisser isolé. Tout le reste appelait le roi. Si quelques entêtés du parti des princes pouvaient encore tenter une résistance, les chefs de la réaction avaient pris toutes les dispositions nécessaires pour occuper en un tour de main le Louvre, le Palais-Royal, même la Bastille. Le roi donc n'avait qu'à revenir. Le 19 octobre, le maréchal de l'Hôpital, ancien gouverneur de Paris, Lefevre, ancien prévôt des marchands, quittèrent Saint-Germain, et, escortés des colonels de la garde bourgeoise, ils rentrèrent dans Paris où ils reprirent leurs fonctions. Le roi annonça qu'il reviendrait de sa personne le 21, et par le même message il signifia au duc d'Orléans qu'il eût à sortir de la ville. Le malheureux voulut se persuader à lui-même qu'il était en état de désobéir, peut-être pour se faire un mérite de sa soumission. Il en prit à témoin le cardinal de Retz. Le peuple, disait-il, n'est-il pas à moi ? — Oui, repartit le coadjuteur. — Le prince ne reviendra-t-il pas si je le mande ? — Je le crois. — L'armée d'Espagne ne s'avancera-t-elle pas si je le veux ? — Toutes les apparences y sont. En sorte que le pauvre Orléans n'étant pas contredit n'eut pas le plaisir de répondre, ni de pouvoir se plaindre qu'on l'eût empêché C'était la comédie italienne où Trivelin dit à Scaramouche : Que je t'aurais dit de belles choses si tu n'avais pas eu assez d'esprit pour ne pas me contredire ![23] Le prince réduit à conclure seul, conclut enfin que, quoiqu'il fût regrettable que le roi revînt sans avoir donné une amnistie générale, il n'était pas du devoir ni de la réputation du duc d'Orléans de s'opposer à ce retour. Quelle plus digne fin de la Fronde des princes que ce dialogue entre un imbécile et un roué ? Les dupes confondues et abandonnées à leur impuissance, et le génie du mal se riant des misères qu'il a entassées sur elles : un pareil drame ne devait pas avoir d'autre moralité. Le 21 octobre, le roi quitta Saint-Germain pour Paris. Sa marche fut ralentie par l'affluence considérable qui se porta à sa rencontre ; il n'entra dans la capitale qu'aux flambeaux, au milieu des démonstrations les plus éclatantes, comme un conquérant ou un libérateur. En mettant le pied sur le seuil du Louvre, il envoya signifier au fils de Broussel, gouverneur de la Bastille, l'ordre de rendre immédiatement la forteresse sous peine d'être pendu : la forteresse fut livrée sans délai ; à la veuve de Chavigny l'ordre de rendre Vincennes sous peine d'être arrêtée : le château fut immédiatement ouvert ; au duc d'Orléans l'ordre de partir au moins à cinq heures du matin, sous peine d'être amené prisonnier au Louvre : l'oncle du roi partit dès quatre heures du matin pour Limours. Le lendemain des lettres annoncèrent leur exil à Mademoiselle, aux dames de Châtillon, de Montbazon, de Fiesque et de Frontenac. Après les hommes vint le tour des choses. Rien ne devait subsister de la Fronde, ni les grandeurs personnelles, ni les institutions. Au début de la résistance, quand les magistrats et les bourgeois étaient seuls dans la lutte, diverses réformes avaient été proposées, quelques-unes promulguées. Quoique le Parlement s'arrogeât un pouvoir au-dessus de sa compétence, et que tout ne fût pas pur dans ses intentions, quoique la bourgeoisie ne poursuivit guère, dans les changements financiers, que la satisfaction d'un égoïsme stérile pour le bien général, on ne peut méconnaître l'utilité sérieuse de la déclaration du 31 juillet, qui établissait un contrôle sur l'impôt, ni la garantie estimable renfermée dans la déclaration du 24 octobre, qui supprimait ou adoucissait les arrestations arbitraires. Mais, depuis que les importants et les princes s'étaient joints aux premiers frondeurs, ces questions d'utilité commune s'étaient perdues dans les débats d'ambitions et d'intérêts particuliers. Les magistrats eux-mêmes n'invoquaient plus ces grands principes dont ils s'étaient proclamés les gardiens ; ils s'en tenaient aux personnalités, tantôt pour ou contre Condé, tantôt pour eux-mêmes, toujours contre Mazarin. Il n'était résulté que des misères de cette seconde époque de la guerre civile, bien plus longue que la première. Quand elle prit fin, le sentiment du mal présent était le seul qui occupât les esprits ; la réparation de ce mal apparaissait comme le besoin le plus impérieux. Le peuple avait oublié des réformes, à peine ébauchées, qui ne l'avaient préservé d'aucune charge ; le gouvernement était autorisé à ne voir en elles que le premier effet, violent et condamnable, d'une opposition qui avait soulevé ensuite tant d'autres violences, et à les comprendre dans une répression nécessaire au rétablissement de l'ordre. Il fut donc loisible à la royauté de relever le pouvoir absolu. Le 22 octobre, le roi tint un lit de justice au Louvre. Il y fit lire plusieurs actes souverains : 1° une amnistie ; elle cassait tout ce qui s'était fait depuis le 1er février 1651 ; elle annulait en conséquence les arrêts rendus contre Mazarin ; 2° une déclaration qui rétablissait le Parlement à Paris ; 3° une autre déclaration qui exilait le duc de Beaufort, dix conseillers, en tête Broussel et Viole, plus Rohan, La Boulaye et Fontrailles ; elle défendait aux officiers du roi de fréquenter les princes, de prendre soin de leurs affaires, de recevoir d'eux aucune pension ; elle interdisait au Parlement de s'entremettre des affaires générales de l'État, et de rien prononcer contre les personnes appelées au gouvernement. Cette lecture faite, le roi se leva pour laisser la liberté des suffrages, et d'une commune voix, les volontés du roi passèrent par arrêt rendu le même jour[24]. La question des finances, le principe de toutes les agitations, fut traitée avec la même hauteur. D'abord un arrêt du conseil (13 novembre) avait remis en vigueur les plus importants articles du tarif, tant combattu en 1658. Ensuite treize édits apportés d'un coup au Parlement (décembre 1652) rendirent au roi seul le pouvoir de déterminer les charges publiques. Ils contenaient la révocation de cette chambre de justice décrétée contre les financiers par la déclaration du 31 juillet, le rétablissement des offices supprimés par la déclaration du 24 octobre, entre autres des jurés vendeurs et contrôleurs de vins, la confirmation des droits contenus au bail des cinq grandes fermes, quoique non établis par édits vérifiés, la retenue de sept cent mille livres de gages sur les officiers de la judicature. Un conseiller se hasarda à demander que tous ces deniers fussent employés au payement des gens de guerre pour les obliger, en les satisfaisant, à vivre avec moins de licence. Le chancelier répondit que ces deniers seraient employés aux nécessités de l'État, sous la responsabilité des ordonnateurs[25]. Il y avait encore un homme de trop dans Paris, un homme de moins à la cour. Il importait de faire disparaître l'un pour achever la dispersion de l'ennemi, de rétablir l'autre pour couronner le triomphe du roi. Le 19 décembre, le cardinal de Retz fut arrêté. Il négociait depuis trois mois, d'un ton de plus en plus radouci, à mesure que les ambitieux perdaient du terrain, et que l'autorité royale reprenait faveur. Il lui revint quelque velléité d'opposition ; il tenta de protester par le silence en refusant d'assister, au Parlement, à la lecture d'une déclaration contre le prince de Condé. Le châtiment ne se fit pas attendre. Appréhendé dans une galerie du Louvre, comme autrefois Condé au Palais-Royal, il fut conduit dans la même prison. Par un dernier reste d'illusion, il se berçait de l'espoir d'un soulèvement du peuple pour sa délivrance ; mais il était oublié comme les autres. Ainsi se réalisa la parole qu'il avait prononcée contre lui-même, dans une heure de découragement, lorsque, fatigué des irrésolutions du duc d'Orléans, il disait à ce prince : Vous serez fils de France à Blois, et moi je serai coadjuteur et cardinal au bois de Vincennes. Le retour de Mazarin fut la contre-partie de la catastrophe de Retz. Il quitta Sedan, d'où il avait depuis quelques mois dirigé secrètement les affaires. Turenne l'escortait. Le roi et son frère allèrent à sa rencontre jusqu'à six lieues. Princes, ambassadeurs, Parlement et bourgeois, s'empressèrent à lui faire la cour (3 février 1653). La rentrée du ministre contre qui toutes les guerres civiles avaient prétendu protester, les hommages de ses adversaires prosternés devant sa fortune, proclamaient, bien plus haut que toutes les paroles, l'impuissance de la noblesse, l'inexpérience de la bourgeoisie, la nécessité du système de Richelieu, et ne laissait plus à la Fronde que l'odieux et le ridicule d'une échauffourée sanglante et stérile. |
[1] Mémoires de Gourville.
[2] Gourville ajoute après ce récit : Je conçois que si quelqu'un voyait ces Mémoires, il ne pourrait jamais les croire véritables. Les vieux, qui ont vu l'état où les choses étaient dans le royaume, ne sont plus, et les jeunes gens n'en ayant eu connaissance que dans le temps que le roi a rétabli son autorité, prendraient ceci pour des rêveries, quoique ce soient assurément des vérités très-constantes.
[3] Lettre d'un habitant de Blois sur les pilleries de l'armée mazarine.
[4] Lettre et ordonnances du roi, envoyées à Paris pour faire connaître les intentions du roi. — V. aussi dans les Mémoires de Turenne, deux lettres adressées par le roi à ce général pour l'inviter à réprimer les excès de ses troupes.
[5] Abelly, Vie de saint Vincent de Paul, liv. Ier, ch. XLII.
[6] Conrart, 1re partie, sous la date du 17 juillet 1652.
[7] Les Ris et les Pleurs de la France.
[8] La Pandore, ou Assemblage de tous les malheurs que la France a soufferts sous le ministère du cardinal Mazarin.
[9] Mémoires du P. Berthod.
[10] Mémoires d'Omer Talon.
[11] Abelly, Vie de saint Vincent de Paul, liv. Ier, ch. XLII.
[12] Omer Talon.
[13] Omer Talon.
[14] Le Franc-Bourgeois de Paris.
[15] Brochure attribuée au P. Faure, évêque de Glandevez.
[16] Mademoiselle de Montpensier.
[17] Mémoires de Retz. C'est ici qu'il place le mot de Lamoignon, cité plus haut, sur l'importance des honnêtes gens.
[18] Mémoires de Mademoiselle.
[19] Guy Joly ; il dit crûment l'origine de la maladie de Monsieur le Prince. Mais Mademoiselle ne veut pas qu'on fasse ce tort au héros, et soutient que son mal n'était qu'une douleur de tête fort grande.
[20] La Vérité prononçant ses oracles sans flatterie : Nous désirons que la reine revienne, désirons plutôt la peste.
[21] L'Esprit du feu roi Louis XIII à son fils Louis XIV : Il est vrai qu'on aurait sujet de s'étonner comment Sénèque et Burrhus piétèrent leur consentement au funeste dessein que faisait Néron de perdre sa mère Agrippine, si ce n'est que la raison nous apprend qu'il n'est pas juste qu'une personne, pour flatter sa passion et satisfaire quelque désir de vengeance mal fondé, trouble le repos de son empire, et qu'il est permis d'éteindre un flambeau qui ne luit que pour la ruine du genre humain.
[22] V. sur tous ces événements les Mémoires de Berthod, les plus importants, les plus remplis de faits, quoiqu'un peu confus. V. aussi Guy Joly, Retz, Omer Talon. Mademoiselle de Montpensier, qui n'a aucun souci des époques ni de l'ordre des idées, ne peut servir que pour quelques traits anecdotiques. Madame de Motteville, retirée en Normandie pendant quelques mois, n'ayant pas assisté à cette fin de la Fronde, explique elle-même pourquoi son récit est plus bref et moins complet que de coutume.
[23] Mémoires de Retz.
[24] Mémoires de Berthod, Retz, Omer Talon.
[25] Mémoires d'Omer Talon.