ÉTUDE SUR LA PROPRIÉTÉ À SPARTE

 

CHAPITRE PREMIER. — APERÇOIT-ON DANS CE QU'ON SAIT DE L'HISTOIRE DE SPARTE LE RÉGIME DE L'INDIVISION DU SOL ?

 

 

Les anciens avaient beaucoup écrit sur l'histoire de Sparte et sur sa constitution. Hérodote qui y a séjourné[1], nous donne plus de renseignements sur cette ville que sur aucune autre cité grecque. Thucydide et Xénophon paraissent l'avoir bien connue. Aristote parle d'elle en homme qui sait le détail de sa constitution. Héraclide[2], Dicéarque[3], les lacédémoniens Sosibios et Molpis[4], Critias d'Athènes[5], Sphæros, Persæos, Aristoclès[6] avaient composé des traités spéciaux sur son gouvernement ou sur ses usages, et ces traités, perdus pour nous, étaient dans les mains de Plutarque et d'Athénée qui s'en sont servis. Ce qui nous manque le plus pour l'histoire de Sparte, ce sont les inscriptions et les textes de lois ; presque aucun document de cette nature n'est venu jusqu'à nous. Du moins Sparte avait, comme toute ville grecque, ses annales et ses vieilles archives, qu Hérodote a pu connaître[7] et dont parle Plutarque[8]. Comme toute ville grecque, elle avait ses légendes soigneusement conservées et redites d'âge en âge avec un soin religieux ; nous en retrouvons l'écho dans plusieurs traités de Plutarque[9]. Elle avait ses traditions locales ; le voyageur Pausanias s'en est fait raconter plusieurs en traversant la Laconie. On a dit, en exagérant la portée d'une ligne de Thucydide, que Sparte ne se laissait pas connaître des étrangers[10] ; mais à voir ce grand nombre d'écrivains qui s'occupèrent spécialement d'elle, on sent bien qu'il y a là une erreur. Il est impossible de lire la Politique d'Aristote, les vies de Plutarque, et même les orateurs attiques, sans reconnaître que Sparte était aussi bien connue que toute autre ville de la Grèce. Son gouvernement savait cacher les secrets d'Etat ; mais on ne cachait ni la constitution, ni les mœurs, ni les habitudes, ni l'histoire de la cité. Il n'y avait pas de ville, après Athènes, dont on sût autant de récits, d'usages ou d'anecdotes caractéristiques[11].

Seulement, il s'est produit à un certain moment, deux faits qui ont gravement altéré les connaissances historiques sur Sparte. D'abord, au IIIe siècle avant notre ère, plusieurs philosophes de différentes écoles et particulièrement le stoïcien Sphæros ont écrit des traités sur la constitution de Sparte avec le parti pris manifeste de montrer dans cette ville une sorte de modèle de leurs théories politiques. D'autre part, et à la même époque, un parti démocratique s'est formé à Sparte ; opprimé dans le présent, il s'est en quelque sorte rejeté vers l'histoire d*un passé qu'il s'est figuré conforme à ses principes et à ses vœux ; en interprétant certaines traditions, en exagérant certains souvenirs, il a insensiblement composé une légende qui faisait de l'ancienne Sparte un idéal de vertu et d'égalité démocratique ; puis, quand ce parti a triomphé avec Agis IV, Cléomène et Nabis, sa légende a triomphé comme lui ; elle s'est emparée de l'imagination des hommes et s'est implantée dans l'histoire[12].

Telles sont les deux causes des idées inexactes que l'on s'est faites des institutions Lacédémoniennes ; mais ces causes no remontent pas très-haut dans le temps. On en peut saisir le point de départ ; c'est à peu près le milieu du III* siècle avant notre ère. Nos divers documents doivent donc se partager en deux classes, ceux qui précèdent cette date, et ceux qui la suivent. Ceux qui précèdent sont exempts de ces causes d'erreurs ; ceux qui suivent, en ont été atteints. Avant cette date, nous avons Hérodote, Hellanicus, Charon de Lampsaque, Thucydide, Xénophon dans ses Helléniques, l'auteur, quel qu'il soit, du petit traité sur le gouvernement de Sparte, Platon, Isocrate, Aristote, Héraclide et Dicéarque. Après cette date, nous avons Sphæros, Persæos, Polybe. Quant à Plutarque, nous savons qu'il se servait de ces deux séries d'ouvrages ; en homme absolument dénué de critique, il ne choisissait guère entre ses textes et puisait également dans les uns et dans les autres. Plutarque est donc comme le résumé de ces deux catégories d'écrivains, et de là viennent les contradictions qui abondent chez lui quand il parle de Sparte. C'est à nous à distinguer parmi les renseignements qu'il nous donne, ceux qu'il emprunte aux sources plus récentes et moins dignes de confiance. C'est avec cette sorte de discernement que nous nous servirons de Plutarque, et d'ailleurs nous nous en rapporterons surtout à Hérodote, à Thucydide et à Aristote.

Or, parmi ces renseignements de toute nature, il est bien digne de Remarque que nous ne lisions jamais que la terre ait été commune à tous. Les documents de la première catégorie ne parlent ni d'égalité ni d'indivision ; ceux de la seconde parlent d'égalité, mais non pas d'indivision. Ni les uns ni les autres n'indiquent jamais que la propriété privée n'existât pas. Un trait si caractéristique n'aurait pas pu échapper à des observateurs comme Hérodote, Xénophon ou Aristote ; aucun d'eux ne le signale. Les anecdotes abondent sur Sparte ; aucune d'elles n'est l'indice de l'indivision du sol. On voit bien les tables communes, et nous en parierons plus loin, mais on n'aperçoit jamais la terre commune. L'expression même de terre commune ou terre appartenant à l'Etat ne se rencontre jamais appliquée à Sparte, ce qui n'autoriserait pas à dire que l'Etat n'eût pas quelques terres à lui, mais ce qui autorise encore moins à soutenir, ainsi qu'on l'a fait, que le domaine public était très étendu et qu'il servait à subvenir à la nourriture des citoyens[13].

Hérodote, dans les curieux chapitres où il nous dit tout ce qu'il a vu de particulier dans Sparte, ne parle ni d'indivision du sol ni de vie commune[14]. Aristote, dans le passage où il traite de l'état des terres à Lacédémone, se sert des termes qui dans la langue grecque désignent la vraie et complète propriété, κτήσις, κετήσθαι : il mentionne l'héritage, la donation ; or ce sont précisément là les traits les plus manifestes auxquels se reconnaît en tout pays la propriété privée[15].

On n'aperçoit dans les légendes de Sparte aucune trace d'une époque primitive où la terre aurait été commune à tous. Au contraire, Platon rapporte une tradition qui place rétablissement de la propriété privée dès les premiers jours de la cité dorienne. C'est suivant lui, au moment où ils prirent possession de la Laconie que les vainqueurs firent entre eux le partage de la terre. Il est bien vrai que cette assertion du philosophe ne peut pas être acceptée a la lettre par l'érudition moderne, puisque nous savons que la Laconie n'a pas été conquise d'un seul coup, mais par une série d'efforts successifs durant plusieurs générations d'hommes. Nous ne conclurons donc pas du passage de Platon qu'il y ait eu, dès le premier jour, un partage régulier et général du sol ; nous en conclurons seulement que l'antiquité croyait à un tel partage et que par conséquent on n'avait pas l'idée que la communauté du sol eût été pratiquée pendant une seule génération. C'était d'ailleurs l'usage constant des Grecs, lorsqu'une tribu émigrante s'établissait dans un pays, d'y faire immédiatement le partage du sol entre les citoyens. Or, il ne s'agit nullement ici d'un partage annuel. Le texte de Platon, comme tous ceux qui se rapportent à cet usage des Grecs, désigne clairement un partage fait une fois pour toutes, un partage irrévocable, c'est-à-dire une distribution du sol en lots de propriété perpétuelle et héréditaire[16].

Passons à Plutarque. Il est bien vrai que dans sa vie de Lycurgue il ne donne pas la preuve d'un sens historique très sûr ; aussi s'étonnera-t-on peut-être que nous fassions fond sur cet ouvrage ; mais nous pensons que, si contestés que puissent être les renseignements donnés par les anciens, ils valent encore mieux que nos conjectures modernes. Si l'on veut connaître ces peuples, le plus sûr est encore de nous servir des textes qui nous viennent d'eux. Il faut d'ailleurs reconnaître que Plutarque, en écrivant sa vie de Lycurgue, avait sous les yeux de nombreux documents, et quelques-uns très-anciens. Si un seul de ces documents avait marqué que le régime de l'indivision du sol ou du partage annuel eût été en vigueur, Plutarque n'était pas homme à laisser échapper un renseignement de cette nature. Tout au contraire, parlant de l'histoire la plus ancienne de Sparte, c'est-à-dire des temps qui ont précédé Lycurgue, il rapporte qu'il y avait alors parmi les Spartiates des riches et des pauvres, ce qui ne se concilierait pas avec un régime où la terre aurait été commune à tous ou partagée annuellement entre tous.

L'inégalité était même très-profonde, dit-il, et le plus grand nombre d'entre les Spartiates étaient sans propriétés, άκτήμονες, tandis que la richesse était en un petit nombre de mains[17]. Nous pouvons croire qu'il y a beaucoup d'exagération dans ces paroles de Plutarque ; mais Plutarque en tout ceci ne fait que rapporter la légende lacédémonienne ; ses-chapitres nous mettent sous les yeux, sinon la vérité exacte sur les premiers temps de la ville, du moins ridée que les Spartiates se faisaient de ces temps-là et les souvenirs qu'ils en avaient gardés. Or, ce qui se trouvait dans ces souvenirs, ce n'était pas la communauté du sol, c'était au contraire l'inégalité dans la propriété foncière. D'où il résulte que, si l'historien venait à nous dire ensuite que Lycurgue ait établi la communauté des biens, nous devrions du moins reconnaître que cette communauté ne serait pas une institution primordiale et originelle, et qu'au contraire elle aurait été précédée par un régime de propriété privée.

L'historien ajoute que pour détruire l'inégalité trop grande, Lycurgue fit un nouveau partage du sol. Les termes mêmes dont il se sert sont dignes d'attention : Lycurgue obtint de ses concitoyens par la persuasion qu'ils missent les terres en commun et qu'ils en fissent le partagea nouveau. Si les terres eussent été communes avant Lycurgue, Lycurgue n'aurait pas eu besoin d'obtenir de ses concitoyens que les terres fussent mises en commun ; mais il paraît, ou que le partage primitif, opéré deux siècles auparavant, avait été inégal, ou que l'inégalité s'était introduite par l'effet naturel de la pratique de la propriété. Lycurgue obtint l'abolition de cet antique partage et de tous les droits de propriété qui en étaient résultés.

Pensait-il d'ailleurs à fonder pour l'avenir un régime de communauté ? Ce n'est pas ce que dit Plutarque. En effet, les terres ne furent mises en commun que juste le temps nécessaire pour en faire une nouvelle répartition[18]. Et le partage dont il s'agit ici, n'était nullement un partage annuel ; il ne devait se renouveler ni d'année en année ni à intervalles périodiques ; il était fait pour toujours et il ne fut jamais refait[19].

En résumé, il ressort nettement du récit de Plutarque que la propriété existait avant Lycurgue, que Lycurgue ne l'a pas remplacée par l'indivision, qu'il a seulement fait une nouvelle distribution de la propriété. Voilà du moins ce que nous apprennent les documents ; ces documents, je l'avoue, sont sujets à toutes les réserves de la critique ; mais ils sont notre unique moyen d'investigation, et en dehors d'eux, il n'y a que conjectures.

Nous savons bien que l'existence même de Lycurgue a été mise en doute et que quelques érudits n'ont pas manqué de voir en lui la personnification d'Apollon[20] ; mais il nous semble que ces sortes d'interprétations, quoiqu'on les donne comme les fruits de l'esprit critique, appartiennent au contraire à une méthode aventureuse et téméraire. Rejeter les choses antiques parce qu'elles paraissent invraisemblables, c'est-à-dire parce qu'elles s'éloignent de nos idées modernes, me semble l'opposé de ce que doit faire un esprit vraiment doué du sens historique, et j'incline à croire que, sauf quelques rares exceptions, plus l'histoire se rapprochera des textes anciens, plus elle se rapprochera de la vérité.

Il n'est pas inutile de faire remarquer qu'à Sparte, comme dans toute la Grèce, le terme qui désignait le domaine possédé en propre, était κλήρος ou κλάρος. L'usage de ce mot qui signifiait en même temps tirage au sort, est venu sans nul doute de ce que, à Sparte comme dans toutes les anciennes cités, au moment du partage primitif, les lots avaient été assignés par le sort aux citoyens ; c'est faire un raisonnement très-faux que de dire, ainsi qu'on l'a fait, que l'emploi de ce terme est le vestige d'un temps où les terres étaient tirées au sort annuellement. Il n'y a pas un seul texte où l'idée d'annuité se trouve rapprochée du mot κλήρος. Si l'on note toutes les phrases où ce mot se rencontre appliqué au sol, on remarquera qu'il ne s'agit jamais d'un lotissement annuel ou d'une possession instable, mais qu'il s'agit toujours et sans nulle exception d'une propriété perpétuelle. Il en est déjà ainsi dans la plus ancienne langue ; chez Hésiode κλήρος désigne le champ patrimonial que les fils se partagent à la mort du père[21]. De même chez les orateurs attiques, il signifie succession ou patrimoine, et le terme κληρουμέω signifie hériter. L'idée que l'esprit d'un Grec attachait à tous ces termes était celle de perpétuité, d'hérédité, d'attache du sol à la famille.

Aussi, à Sparte, les κλήρος furent-ils toujours héréditaires. Cette régie est prouvée par deux textes bien formels. Héraclide, disciple d'Aristote et qui avait écrit un traité sur la constitution Lacédémonienne, montre que, de son temps encore, chaque famille possédait la terre qui lui avait été assignée à l'origine et qu'elle s'était transmise d'âge en âge. Cette terre avait même été attachée si étroitement à la famille qu'il avait été défendu de la vendre[22]. Plutarque énonce aussi comme un fait certain et constant que depuis Lycurgue jusqu'après la guerre du Péloponnèse, chaque domaine passa du père au fils par hérédité[23]. Cette règle d'hérédité était même tellement rigoureuse que le père n'avait pas le droit d'écarter son fils de la succession. Le fils était héritier nécessaire. La faculté de le déshériter par un testament ne s'introduisit dans le droit de Sparte qu'après la guerre du Péloponnèse.

Non seulement la propriété privée régnait à Sparte, mais les documents nous montrent même qu'elle y était très-inégale. Voici une anecdote que Pausanias raconte et qui lui venait apparemment des vieux récits des guerres de Messénie : Un Messénien nommé Polycharès qui possédait de nombreux troupeaux de bœufs, mais trop peu de terres pour les nourrir s'adressa au Spartiate Evæphnos, et celui-ci s'engagea à nourrir les troupeaux sur ses propres terres moyennant une part dans les produits : mais ce Spartiate, cupide et sans foi, viola son contrat et vendit pour son propre compte les troupeaux et les bergers[24]. Cette histoire, qui s'est redite durant huit siècles avant d'arriver à Pausanias, jette un certain jour sur l'état de la propriété foncière et sur les contrats auxquels elle donnait lieu vers l'an 750 avant notre ère[25]. Elle nous montre un Messénien et un Spartiate, tous les deux assez riches ; mais le Spartiate est plus riche en terres que le Messénien, et il en possède assez pour se charger de nourrir des troupeaux de bœufs conduits par leurs bergers. — Un siècle plus tard, le poète Tyrtée racontait dans ses vers qu'une révolution faillit éclater à Sparte parce que les uns étaient très-riches et les autres très-pauvres[26] ; or, l'inégalité dont il s'agit ici ne résidait pas dans la fortune mobilière, mais bien dans la propriété foncière ; car les pauvres demandaient que l'ancien partage du sol opéré par Lycurgue fût refait, ce qui d'ailleurs ne leur fut pas accordé. — Au siècle suivant, Hérodote signale parmi les Spartiates des hommes qui l'emportent sur les autres par leurs richesses[27]. — Plus tard encore, Thucydide mentionne des Spartiates qui sont plus riches que d'autres, et il fait cette remarque bien digne d'attention que tous les Spartiates ont le même vêtement et les mêmes règles de conduite, mais non pas la même fortune. Xénophon parle aussi de quelques hommes très-riches[28]. Nous savons d'ailleurs qu'il y avait des Spartiates qui avaient de nombreux esclaves, un grand train de maison[29], des chevaux de luxe[30]. Il y en eut, de tout temps, qui firent courir aux jeux Olympiques et qui y furent vainqueurs[31], et il est assez visible qu'il fallait être très-riche pour disputer la palme dans la course en chars[32]. Enfin Aristote constate que, de son temps, à Sparte, les fortunes étaient concentrées en un petit nombre de mains[33]. Voilà des signes certains auxquels on doit reconnaître une pratique ancienne et constante de la propriété privée.

 

 

 



[1] Hérodote, III, 66.

[2] Fragmenta hist. Grœc., éd. Didot, t. II, p. 211.

[3] Sur ce Dicéarque, voyez le jugement de Cicéron, ad Atticum, VI, 2 ; de Legibus, III, 6. Pline, Hist. nat., II, 65, l'appelle vir inprimis eruditus.

[4] Molpis avait écrit un traité sur le gouvernement de Lacédémone (Athénée, IV, 17). Sosibios avait composé un ouvrage do chronologie et un traité sur les usages de Sparte.

[5] Fragmenta hist. Grœcorum, t. II, p. 68.

[6] Ces auteurs sont cités par Athénée, IV, 17.

[7] C'est l'opinion de Bæhr, sur Hérodote, I, 65.

[8] Plutarque parle des παλαιόταται άναγραφαί où Sparte gardait des documents qui remontaient, croyait-on, jusqu'à Lycurgue (Plutarque, adversus Coloten, 17). Il dit ailleurs (Vie d'Agésilas, 9) qu'il a consulté ces άναγραφαί. — Charon de Lampsaque avait écrit, règne par règne, l'histoire de Sparte.

[9] On sait que Lycurgue était l'objet d'un culte (Hérodote, I, 66) ; par conséquent il était l'objet de fêtes annuelles et de chants sacrés ; il en était ainsi de tous les fondateurs et législateurs de l'âge antique.

[10] Thucydide, V, 68. En racontant une bataille, l'historien dit qu'il voudrait donner le nombre exact des Lacédémoniens qui y prirent part, mais qu'il ne le peut pas à cause du secret que garde le gouvernement de Sparte. Thucydide veut seulement dire par là que Sparte prenait soin de faire ignorer aux étrangers certaines choses, telles que le nombre de ses soldats ; il n'entend nullement, comme certains traducteurs le feraient supposer, qu'on ignorât le gouvernement de Sparte.

[11] Isocrate dit qu'il y avait de son temps des hommes qui connaissaient avec exactitude les choses de Sparte (Isocrate, Panathénaïque, 177).

[12] Voyez Plutarque, Vie d'Agis, Vie de Cléomène ; c'est surtout dans ces deux récits que l'on peut entrevoir assez nettement la fausse légende qui eut cours à Sparte au IIe siècle et qui était fort différente de la légende primitive qu'Hérodote avait pu y trouver.

[13] Em. de Laveleye, p. 179. Cet écrivain cite Hérodote, VI, 57 et Pausanias III, 20 : mais nous n'avons rien trouvé aux passages indiqués qui ait rapport à son assertion. — Nous verrons plus loin, en étudiant de près les repas communs, qu'il est très-inexact de dire que les citoyens fussent nourris aux frais de la communauté.

[14] Hérodote, VI, 56-60 ; cf. I, 65.

[15] Aristote, Politique, II, 6, éd. Didot, p. 511-512.

[16] Platon, Lois, III, p. 684.

[17] Plutarque, Lycurgue, 8.

[18] Plutarque, Lycurgue, 8.

[19] Isocrate, Panathénaïque, 269, atteste que l'ancien partage n'a jamais été changé.

[20] Gilbert, Studien zur altspartaniscken Geschichte, 1872.

[21] Hésiode, Travaux et jours, v. 27 ; cf. v. 314.

[22] Héraclide, dans les Fragmenta Histor. Grœc., édit. Didot, t. II, p. 211. L'auteur distingue ce lot antique, que la famille avait dû se transmettre sans jamais s'en défaire, de certaines autres terres d'acquêt qu'il était permis de vendre.

[23] Plutarque, Vie d'Agis, 5.

[24] Pausanias, IV, 4.

[25] Pausanias place ce récit lors de la quatrième Olympiade.

[26] Ce témoignage de Tyrtée nous a été conservé par Aristote, Politique, V, 6, éd. Didot, p. 673-674. Le philosophe dit qu'une des causes des révolutions est que οί μέν άπορώσι λίαν, οί δέ εύπορώσι, et, voulant donner un exemple historique de cette inégalité, c'est précisément dans l'ancienne Sparte qu'il va le chercher, et il cite Tyrtée.

[27] Hérodote, VII, 134.

[28] Thucydide, I, 6 ; Xénophon, Helléniques, VI, 4, II.

[29] Ainsi Élien, XII 43, rapporte que les riches faisaient accompagner leurs enfants aux gymnases par deux ou trois esclaves. Il existait même dans les grandes maisons une classe de serviteurs libres ou de clients (Athénée, VI, c. 103).

[30] Isocrate, Archidamus, 55 et 95.

[31] Hérodote, VI, 103. Thucydide, V, 50 ; Pausanias, III, 8, 1 ; III, 15, 1 ; III, 17, 6.

[32] Plutarque dit très-justement que le prix de la course en chars était véritablement la victoire de la richesse et de la dépense (Plutarque, Agésilas, 20). Cf. Pindare, Isthmiques, II.

[33] Aristote, Politique, V, 6. Cf. II, 6, 10. — Notons bien qu'il s'agit toujours dans Aristote d'une inégalité entre les vrais Spartiates ; les périèques et les hilotes sont toujours mis à part. De même dans Hérodote et dans Thucydide.