A l'époque de la
vie de Louis XV où nous sommes parvenus, les témoignages sûrs et
circonstanciés nous manquent pour pénétrer dans les habitudes du roi, et nous
rendre un compte exact de ses dispositions. Sur plus d'un point nous en
sommes réduits aux conjectures. Depuis 1758, le roi avait repris ses voyages,
un moment interrompus dans une pensée d'économie. Saint-Hubert, nouvelle
maison située dans la forêt de Rambouillet, était le but le plus habituel de
ses courses. Mais Choisy, La Muette, Bellevue, racheté par le roi à Mme de
Pompadour, et que la reine devait occuper dans ses dernières années,
n'étaient pas abandonnés. En 1760, le roi ne passait pas trois jours par
semaine à Versailles, et l'on remarquait qu'il n'était gai que quand il en
était sorti[1]. Ces changements continuels d'habitation
indisposaient le public, qui trouvait que le roi avait mieux à faire que de se dissiper en
chassant[2]. Le fanatisme,
général dans Paris contre l'autorité souveraine dont Barbier parlait à la fin
de 1756
[3], ne faisait que s'accroître. Le même auteur
signale en 1760 une grande fermentation dans les esprits[4], et tous les contemporains confirment ces symptômes avant-coureurs des grandes révolutions
que lord Chesterfield voyait grandir de jour en jour. Louis XV s'affectait
d'un pareil état de choses. Il ne faudrait pas croire à cette indifférence
absolue et cynique qu'on lui a prêtée, surtout dans les dernières années de
sa vie. Celui auquel on a faussement attribué ce mot : Après moi le déluge, disait un jour au dauphin, à
un conseil de dépêches : Mon autorité n'est à
moi que pour la vie ; je dois la conserver en entier pour vous, mon
fils, et j'y suis obligé[5]. Seulement, dans l'absence de tout point
d'appui, au milieu du déplorable isolement où se trouvait la royauté, le roi
se faisait illusion sur les moyens de pacifier les esprits et de calmer
l'effervescence des idées. Il croyait affermir son pouvoir en parlant en
maître, et en refusant hautement de mettre sa couronne aux pieds du Parlement[6]. Mais ces coups d'autorité ne faisaient
qu'attester la faiblesse d'un trône miné par une révolution en faveur de
laquelle tout conspirait. La royauté voyait peu à peu s'amoindrir le seul
prestige qu'elle eût conservé : le respect et l'amour traditionnels pour le
souverain. Choiseul fut le
vrai successeur de Mme de Pompadour, qui, dans ses dernières années, tenait
une place chaque jour moins importante dans la vie intime du roi, et allait
même passer des semaines entières à sa terre de Ménars, achetée en 1760[7]. Sans en avoir le rang, Choiseul fut le
premier ministre d'un roi qui cherchait en vain à se soustraire à son joug
dominateur. C'est qu'au milieu d'une cour où l'homme avait disparu devant le
courtisan, Choiseul était un caractère. On a dit de lui qu'il éleva
l'indiscrétion jusqu'à la franchise, l'insolence jusqu'à la dignité, la
légèreté jusqu'à l'indépendance[8]. Ce qui est incontestable, c'est qu'en
présence d'une situation difficile, qu'il n'avait pas créée, il sut, tout en
restant de son temps sous trop de rapports, dominer la situation, et faire
preuve des qualités de l'homme d'Etat[9]. C'est en vain que le dauphin chercha à
combattre l'influence prépondérante de Choiseul. Un moment ébranlé en 1765[10], le duc mit en quelque sorte à Louis XV le
marché à la main. Dans un mémoire qu'il lui présenta à la fin de Cette année,
après avoir exposé ses travaux et ses plans comme ministre des affaires
étrangères, puis de la guerre et de la marine, il disait : Voilà, Sire, les détails que je vous devais des administrations particulières dont vous m'avez chargé. Je ne me suis mêlé d'aucune façon, et Votre Majesté le sait bien, des autres parties de l'administration de votre royaume.... On dira peut-être à Votre Majesté que je suis dissipé, léger, que je ne travaille pas, que je n'ai pas assez de dévotion ; d'autres diront plus, que je n'ai pas assez de religion. Je sais que Mme D*** (d'Esparbès) et quelques autres ont écrit contre moi à Votre Majesté ; je ne doute pas qu'elle permette qu'on lui écrive contre ses ministres ; elle fait même plus : elle autorise, cette espèce de délation humiliante pour les gens d'honneur qui la servent et très pernicieuse pour le bien de son service… Je souhaite que Votre Majesté trouve des ministres sans défaut et éclairés ; ils vaudront, Sire, bien mieux que ceux que vous avez, et j'ose vous conseiller de les prendre… Ils ne détourneront pas sans doute les plaisirs trop justes de Votre Majesté, mais ils ne seront pas en garde contre les pernicieux effets de ses plaisirs, et Votre Majesté, heureuse dans sa vieillesse, gouvernera son royaume avec la tranquillité et la gloire que ses vertus méritent[11]. C'est au moment de
ces luttes de cabinet que le roi écrivait de Fontainebleau, le 15 octobre
1765, au duc de Choiseul : M. de Praslin veut quitter après ce voyage ci. Tout le monde en parle, et il a fait revenir ses meubles de Compiègne. Est-ce le moment ? De plus, il m'a dit vous avoir proposé de reprendre les affaires étrangères, et vous lui avez répondu que vous le suivriez de prés, par conséquent que vous ne le pouviez. Vous savez très certainement que ce n'est pas mon avis, mais que j'y déférerai pour votre repos. Le moment est si critique que je ne puis croire que vous y pensiez l'un et l'autre encore. Dernière réflexion qui me perce le coeur, et que je n'ai confiée à personne : l'état de mon fils ! Il est vrai qu'en ce moment il paraît mieux ; mais s'il me manquait (je sais tout ce qu'on peut dire à cela) ; mais un enfant, pendant bien des années et quoique je me porte bien, est d'un bien petit secours. Au moins avec mon fils, je suis sûr d'un successeur fait et ferme, et c'est tout vis-à-vis de la multitude républicaine[12]. Choiseul resta
ministre, et le dauphin mourut le 20 décembre 1765[13]. Louis XV ne quitta pas Fontainebleau
jusqu'à ses derniers moments. Quand on lui amena le nouveau dauphin, qui
devait être Louis XVI, il poussa un grand cri : Pauvre
France ! dit-il. Un roi âgé de
cinquante-cinq ans et un dauphin de onze !
[14] Comme le duc d'Orléans lui exprimait son
étonnement de la sécurité et de la paix parfaite du dauphin en présence du
tombeau : Cela doit être ainsi,
répondit-il, quand on a su, comme mon fils, passer sa vie sans reproche. Le roi fut très
frappé de cette mort, et tomba dans une mélancolie profonde. C'est peu de
temps après qu'il rédigea sou premier testament. La maison du Parc-aux-Cerfs
fut fermée. Le roi se retourna vers sa famille, et chercha des consolations
près de la dauphine[15] et de Mesdames. La reine aussi fut l'objet
de marques de sympathie. Mais bientôt le coeur de Louis XV reçut un coup
nouveau et non moins cruel : la dauphine suivit son époux dans la tombe,
le 13 mars 1767. Enfin le 24juin 1768, Marie Leczinska succombait à son tour
à une maladie de langueur. Le roi témoigna en cette circonstance une
sensibilité très grande : il fondit en larmes, voulut embrasser les
restes inanimés de celle qu'il avait délaissée et outragée pendant de si
longues années, et recueillit avec avidité de la bouche de son médecin les
détails des derniers moments de sa femme. S'il faut en croire un témoignage
émanant de Madame Adélaïde, et rapporté par l'auteur de la Vie privée de Louis XV[16], le roi était alors revenu à des sentiments
vraiment chrétiens, et était résolu à mettre sa conduite d'accord avec ses
sentiments. Mais comme le dit
le même auteur, plus nous avançons dans la vie de ce
prince, et plus nous le trouvons indéfinissable[17]. Au moment où frappé par ces coups
redoublés, il semblait revenir à la religion et renoncer à une vie
coupable ; au moment où ses filles auraient dû seules occuper une place
dans ce coeur désabusé, la faiblesse incurable d'une nature lâche et molle,
l'influence pernicieuse d'un vieux courtisan qui plus d'une fois paraît
s'être fait pourvoyeur des amours royales[18], le replongea dans la boue, et lui fit
bientôt atteindre le dernier degré de l'ignominie : une prostituée prit
la place qu'avait occupée la pieuse Marie Leczinska, et bientôt Jeanne Bécu
fut introduite à la cour sous le nom de comtesse du Barry. Après
Mme de Pompadour, a dit M.
Sainte-Beuve, il serait impossible de descendre, et
d'entrer décemment dans l'histoire de la du Barry[19]. Laissons ces désordres et ces hontes,
jetons un voile sur ces dernières années où toute pudeur est bannie, et où le
roi ne craint pas d'afficher hautement son déshonneur. Il nous suffira, pour
montrer à quel degré d'avilissement Louis XV était tombé, de citer cette
lettre, adressée au duc de Choiseul, où il ne se peint que trop bien : Vous trouverez une lettre dans ce paquet-ci, encore de M. de Fuentes, avec un éloge de vous qui est très juste. Je commence par M. d'Aiguillon. Comment pouvez-vous croire qu'il puisse vous remplacer ? Je l'aime assez, il est vrai, à cause du tour que je lui ai joué il y a bien longtemps[20]. Mais haï comme il est, quel bien pourrait-il faire ? Vous faites bien mes affaires. Je suis content de vous. Mais garez-vous des entours et des donneurs d'avis. C'est ce que j'ai toujours bal, et que je déteste plus que jamais. Vous connaissez Mme du Barry. Ce n'est sûrement point M. de Richelieu qui me l'a fait connaître, quoiqu'il la connut ; et il n'ose pas la voir, et la seule fois qu'il l'a vue un moment, c'est par mon ordre exprès. J'ai pensé la connaître avant son mariage. Elle est jolie, j'en suis content, et je lui recommande aussi tous les jours de prendre garde à ses entours et donneurs d'avis, car vous croyez bien qu'elle n'en manque pas. Elle n'a nulle haine contre vous ; elle connaît votre esprit, et ne vous veut point de mal. Le déchaînement contre elle a été affreux, à tort pour la plus grande partie. L'on serait à ses pieds, si… Ainsi va le monde. Elle est très jolie, elle me plaît ; cela doit suffire. Veut-on que je prenne une fille de condition ? Si l'archiduchesse était telle que je la désirerais, je la prendrais pour femme avec grand plaisir[21] ; mais je voudrais la voir et la connaître auparavant. Son frère en à été chercher une, et n'a pas réussi. Je crois que je verrais mieux que lui, car il faudra bien faire une fin, et le beau sexe autrement me troublerait toujours ; car très certainement vous ne verrez pas de ma part une dame de Maintenon. En voilà assez je pense pour cette fois-ci. Je n'ai pas besoin de vous recommander le secret sur tout ceci[22]. Voilà donc ce roi,
comblant d'éloges le ministre que les intrigues de sa maîtresse vont lui
faire congédier, couvrant de ridicule le successeur qu'il doit lui donner, en
convenant cyniquement que la du Barry lui plaît et que cela doit
suffire ! Voulez-vous un
contraste de plus, dans cette vie qui en est pleine ? Jetez les yeux sur
Louis XV, au moment où il vient de donner son consentement à l'entrée de
Madame Louise aux Carmélites (avril 1770)[23]. Écoutez le souverain Pontife, — qui
étonnait le cardinal de Bernis par la connaissance
profonde et détaillée qu'il avait des sentiments, des intentions et des
maximes du Roi[24], — féliciter Louis XV sur la beauté de
sentiments et la grandeur d'âme digne d'un chrétien qu'il avait montrées en cette circonstance,
et sur ce que la plus grande et la plus digne part lui revenait dans l'accomplissement du
dessein de sa fille[25]. Voyez le Roi passant des heures entières
près de Madame Louise, donnant aux religieuses des marques de sa
bienveillance, et assistant à genoux dans la chapelle du couvent, au milieu
du peuple, à la bénédiction du saint Sacrement[26]. Entendez-le raconter au pape Clément XIV
la prise d'habit de sa fille (25 septembre 1770) : Très saint Père, Nous avons reçu par les mains de l'archevêque de Damas, nonce de Votre Sainteté auprès de nous, le bref qu'elle nous a écrit le 18 du mois de juillet dernier, au sujet de notre très chère et très aimée fille Louise, qui a pris l'habit de carmélite dans le monastère de Saint-Denis. La cérémonie s'est faite, le 10 de ce mois, avec la plus grande piété et le plus grand courage de sa part ; et nous avons lieu de croire que Dieu, qui lui a inspiré cette résolution, lui donnera les grâces nécessaires pour la soutenir avec la même ferveur et le même succès. Nous sommes très sensible à toutes les marques d'intérêt que Votre Sainteté a bien voulu prendre, en cette occasion, à la satisfaction de notre très chère et très aimée fille. Nous remercions bien sincèrement Votre Béatitude d'avoir confié à l'archevêque de Damas le soin de lui donner le voile au nom de Votre Sainteté. Il s'est acquitté de cette fonction avec toute la dignité et tout le zèle que nous attendions de ses sentiments pour nous, et qui lui assurent de plus en plus notre estime et notre bienveillance particulière. Sur ce nous prions Dieu qu'il vous ait, Très Saint Père, longues années au régime et gouvernement de notre sainte mère Église[27]. L'auteur de la Vie privée de Louis XV a dit qu'il
fallait distinguer en lui deux hommes presque
toujours opposés, le monarque et le particulier. On vient de voir que,
même dans le particulier, il y avait le voluptueux blasé plongé dans la
débauche et le chrétien chez lequel vibraient toujours quelques cordes de foi
et de piété. Ici encore Louis XV n'eut pas le courage de son opinion :
l'entraînement triompha des principes. C'est à ce moment (6 janvier 1770) que le roi fit son second testament, celui
avec lequel il se présente devant la postérité : Au nom de Dieu, etc., je délivre mon âme à mon Créateur… Si j'ai fait des fautes, ce n'est pas manque de volonté, mais manque de talents, et pour n'avoir pas été secondé comme je l'aurais désiré, surtout dans les affaires de la religion. Je prie la sainte Vierge, tous les saints et particulièrement saint Louis, mon aïeul et mon patron, d'intercéder pour moi auprès de Jésus-Christ, mon divin Sauveur et Rédempteur, pour que j'obtienne le pardon de mes péchés, l'ayant si souvent offensé et mal servi. Je demande pardon à tous ceux que j'ai pu offenser ou scandaliser, et les prie de me pardonner et de prier Dieu pour mon âme. Je prie de tout mon coeur le Tout-Puissant d'éclairer celui de mes petits-fils qui me succédera dans le gouvernement du royaume (puisqu'il lui a plu d'appeler à lui mon cher fils unique, auquel je ne m'attendais pas de survivre), pour qu'il le gouverne mieux que moi. Je défends toutes les grandes cérémonies à mes funérailles, et j'ordonne que mon corps soit porté à Saint-Denis dans le plus simple appareil que faire se pourra… Ô Dieu, qui connaissez tout, pardonnez-moi de nouveau toutes les fautes que j'ai faites et tous les péchés que j'ai commis vous êtes miséricordieux et plein de bonté ; j'attends en frémissant de crainte et d'espérance votre jugement ; ayez en pitié mon peuple et mon royaume, et ne permettez pas qu'il tombe jamais dans l'erreur, comme des états, nos voisins, qui étaient jadis si catholiques, apostoliques et romains, et peut-être plus que nous. Louis. |
[1] Journal de Barbier, t. VII, p. 71, 254, 259, 270, 273, 276, 290, 367, 399, 414 ; t. VIII, p. 37, 44, 51, 56, 77.
[2] Idem, t. VII, p. 259, 263.
[3] Idem, t. VI, p. 416.
[4] Idem, t. VII, p. 282.
[5] Mém. de Luynes, t. XV, p. 346. — A cette époque de sa vie, les relations du Roi avec ses enfants, moins assidues que par le passé, sont encore très intimes. Voir Luynes, t. XVI, p. 435, et Barbier, t. V, p. 439.
[6] Voir Barbier, t. VI, p. 489. Je suis votre maître, disait le roi en août 1760 au Parlement de Rouen. Je suis plus occupé que vous ne pensez du soulagement de mon peuple et des moyens d'y parvenir ; ils en sentiront les effets. (Idem, t. VIII, p. 274)
[7] Curiosités historiques de M. Le Roi, p 220, et Journal de Barbier, t. VII. p. 270 et 283, et t. VIII, p. 77. Le Roi, au dire d'un contemporain (Marmontel), n'avait pas voulu renvoyer Mme de Pompadour, sachant qu'il lui aurait donné le coup de la mort (Mémoires, t. III, p. 74).
[8] M. de Saint-Priest, Hist. de la chute des Jésuites, p. 67.
[9] Ce dont Choiseul ne sut pourtant jamais se départir, c'est d'une incurable légèreté ; ainsi dans l'affaire des Jésuites, il écrivait en 1769 à Bernis : Je ne sais s'il a été bien fait de renvoyer les Jésuites de France et d'Espagne ; ils sont renvoyés de tous les Etats de la maison de Bourbon. Je crois qu'il a été encore plus mal fait, ces moines renvoyés, de faire à Rome une demande d'éclat pour la suppression de l'ordre. C'est ainsi, ajoute M. de Saint-Priest, que Choiseul blâmait une démarche dont il était l'auteur. Hist. de la chute des Jésuites, p. 110-111.
[10] Mon repos intérieur et assez naturel à une âme confiante, écrivait en octobre 1765 le duc à Louis XV, est troublé effectivement depuis un an, non pas par l'envie, la haine, les intrigues qui m'obsèdent et qui m'ont fait éprouver, dans ce qui vous entoure, des procédés incroyables… ; ce qui m'a fait songer à un repos qui me mit dans l'éloignement total des affaires, c'est la crainte que j'ai eue qu'à force d'entendre dire du mal de moi, je ne vous fusse moins agréable personnellement. Lettre publiée par le duc de Choiseul en 1829, dans la Revue de Paris, t. IV, p. 60.
[11] Mémoire du duc de Choiseul, publié par M. Giraud, l. c., p. 415, 416 et 419.
[12] Lettre publiée par le duc de Choiseul en 1829. dans la Revue de Paris (t. IV, p. 59). Dans sa réponse, Choiseul s'exprime en ces termes sur les craintes paternelles de roi : L’article le plus important de la lettre de Votre Majesté, est celui de M. le Dauphin. Sa santé est mieux ; mais il ne faut pas se flatter entièrement encore de son rétablissement. L'hiver est un temps critique à passer. Sa perte serait un vrai malheur ; mais Votre Majesté, quelque chose qui arrive de l'état actuel, ne peut pas se flatter que ce prince vice aussi longtemps qu'elle.
[13] Le Roi écrivait à Tercier le 24 novembre : Vous ne serez pas surpris, vu l'état de mon fils, que je n'aie répondu à aucune de vos lettres, depuis que je suis ici. Je vais les reprendre par ordre. Correspondance secrète, t. I, p. 348.
[14] Mémoires du maréchal duc de Richelieu, t. IX, p. 337.
[15] Après la mort du dauphin, le dauphine eut un appartement au-dessous de celui du Roi, et l'on y pratiqua un escalier de communication, Vie du Dauphin, père de Louis XVI, par l'abbé Proyart, 4° éd. 1751, p. 424. M. Michelet donne, dans son récent volume (Louis XV et Louis XVI, p. 151-34), des détails qui, peut-être, ne sont pas tous d'une scrupuleuse exactitude, mais qui montrent à quel point la dauphine avait gagné l'affection et le confiance du Roi.
[16] T. IV, p. 35-36.
[17] T. IV, p. 33. Besenval dit aussi dans ses Mémoires : Dans tous les traits de la vie de ce prince, on retrouve la même insouciance et le même caractère indéfinissable (t. II, p. 58).
[18] Vie privée, t. IV, p. 36. Le maréchal de Richelieu, sous prétexte de le distraire de sa douleur, était venu le ramener au péché. Le renseignement est donné également comme émanant de Madame Adélaïde.
[19] Mme de Pompadour, dans les Causeries du lundi, t. II, p. 399.
[20] Allusion à l'amour du duc pour Mme de la Tournelle, que le Roi lui avait enlevée.
[21] Allusion à un projet d'alliance avec l'archiduchesse Elisabeth. Voir les instructions que le Roi donna à cet égard à l'un des agents de sa politique secrète, et la note de Durand, dans le livre de M. Boutaric, t. I, p. 409-411. Voyez aussi une lettre de Joseph II à Marie-Thérèse, en date du 30 mars 1769, dans le recueil publié récemment par M. d'Arneth, Maria-Theresia und Joseph II, Ihre Correspondenz, Vienne 1867, t. I, p. 281.
[22] Lettre publiée en 1529 par M. le duc de Choiseul dans la Revue de Paris, t. IV, p. 57-58. — On a une autre lettre oit le Roi s'exprime sur le compte de Mme du Barry ; c'est une réponse au comte de Broglie qui, en juillet 1773, avait dénoncé une publication scandaleuse, à la veille de paraître en Angleterre : Ce n'est pas la première fois, écrivait Louis XV, qu'on a dit du mal de moi en ce genre. Ils sont les maîtres ; je ne me cache pas. L'on ne peut sûrement que répéter ce que l'on a dit de la famille du Barry. C'est à eux à voir ce qu'ils veulent faire, et je les seconderai. Corresp. secrète, t. II, p. 360-61.
[23] Voir dans la Vie de la R. M. Térèse de saint Augustin (2° édit., 1856, le récit de l'entretien du Roi avec Mgr de Beaumont quand il lui lit part du dessein de Mme Louise, et les lettres écrites par le Roi à sa fille (pp. 93, 95, 105, 134, 145). Si c'est Dieu qui me la demande, avait dit Louis XV, je ne dois ni ne puis contrarier sa volonté. Voici la lettre qu'il adressa le 16 février 1770 à Mme Louise, en lui donnant son consentement : Monsieur l'archevêque, chère fille, m'ayant rendu compte de tout ce que vous lui avez dit et mandé, vous aura sûrement rapporté avec exactitude tout ce que je lui ai répondu. Si c'est pour Dieu seul, je ne puis m'opposer à sa volonté ni à votre détermination. Depuis dix-huit ans, vous devez avoir fait vos réflexions. Je n'ai plus à vous en demander. Il paraît même que vos arrangements sont faits. Vous pouvez en parler à votre aise, quand vous le jugerez à propos. Compiègne n'est pas possible ; partout ailleurs, c'est à vous à décider, et je serais bien fâché de rien vous prescrire là dessus. J'ai fait des sacrifices forcés ; celui-ci sera volontaire de votre part. Dieu vous donnera la force de soutenir votre nouvel état, car, la démarche faite, il n'y a plus à en revenir. Je vous embrasse de tout mon coeur, chère fille, et je vous donne ma bénédiction.
[24] Cité par le P. Theiner, Hist. du pontificat de Clément XIV, t. II, p. 53.
[25] Idem, t. I, p. 491.
[26] Theiner, l. c., t. I, p. 439. Cf. Vie de la R. M. Térèse de saint Augustin, t. T, pp. 164,165-66, 167, 196, 219, 241-42, 255-56 ; t. II, p. 1 et suiv.
[27] Theiner, t. I, p. 498-499.