Madame, dit Louis XV à la duchesse de Lauraguais, la première fois qu'il la revit après la mort de Mme de Châteauroux, Dieu vous a frappée ; il m'a frappé aussi. Je croyais n'avoir qu'à désirer ; mais Dieu en a disposé autrement. Il faut adorer sa main et s'y soumettre[1]. Grande et terrible leçon, en effet ! Louis XV s'enferma à la Muette, puis à Trianon. Sa douleur fut telle, que le peuple s'en émut et que l'inquiétude pour la santé du roi fit taire l'exaspération contre la favorite[2]. Louis s'entretint avec son confesseur, le P. Pérusseau[3] ; quand il reparut au milieu de la cour, on remarqua sa tristesse, sa pâleur et son amaigrissement. Mais le combat qui s'était livré en lui à la mort de Mme de Vintimille ne se renouvela pas ; rien ne montra un retour sincère à la religion. Loin de là : à Noël, le roi ne fit pas ses dévotions[4] ; il continua à avoir pour la reine le même éloignement et la même absence de considération[5], et ce fut dans la société de la comtesse de Toulouse qu'il alla chercher les distractions dont il avait besoin[6]. Il lui en fallut d'autres bientôt. La chasse, les bals masqués, les soupers entre hommes et le jeu[7] ne suffisaient pas ; une nouvelle intrigue ne pouvait tarder à se nouer. Il est triste de dire que pareille chose était tellement dans les mœurs du temps qu'elle paraissait toute naturelle : Le vulgaire est plus joyeux qu'autrement de cette mort, disait Barbier en parlant de la mort de Mme de Châteauroux, et voudroit que le Roi, sans sentiment, en prit demain une autre8]. La maîtresse attendue ne fut pas longtemps à paraître : Tous les bals masqués, écrit le duc de Luynes, ont donné occasion de parler de nouvelles amours du roi, et principalement d'une Mme d'Étioles, qui est jeune et jolie ; sa mère s'appelait Poisson... Si le fait était vrai, ce ne serait vraisemblablement qu'une galanterie et non pas une maîtresse[9]. C'est le 10 mars 1745 que le duc de Luynes s'exprime ainsi ; six semaines plus tard, il écrit : On continue à parler et même plus que jamais sur Mme d'Étioles, et ce qui paraissait douteux il y a peu de temps est presque une vérité constante ; cependant on n'ose en parler publiquement10]. Mais le roi, dont on remarqua les propos de plus en plus libres[11], ne tarda pas à bannir toute pudeur, et, dans le premier carême qui suivit la maladie de Metz[12], on le vit faire asseoir à sa table la fille d'un maltôtier, et laisser tomber la couronne de saint Louis aux pieds d'Antoinette Poisson ! Ces nouvelles amours furent pourtant interrompues par l'exercice du métier de roi, que Louis XV avait rempli dignement l'année précédente, et auquel, on doit le reconnaître, il ne renonça pas pendant tout le cours de la guerre de succession d'Autriche[13]. Dès le mois de mars, le voyage de Flandre était publiquement annoncé[14] ; le 6 mai, Louis XV, accompagné du jeune dauphin[15], partait pour l'armée ; le 8, il était devant Tournay ; le 11, il assistait à la bataille de Fontenoy. On connaît la noble attitude du Roi sur le champ de bataille. Les éloges les plus sincères et les plus dignes de foi lui ont été décernés à cet égard par les contemporains. On a cité souvent la lettre du marquis d'Argenson à Voltaire, où il écrit : Le vrai, le sûr, le non flatteur, c'est que c'est le Roi qui a gagné lui-même la bataille par sa volonté, par sa fermeté[16] ; on a vanté, avec la bravoure de Louis XV, son sang-froid, son humanité, sa générosité[17]. Je reproduirai ici deux témoignages moins connus. Le premier est celui du dauphin écrivant à sa mère[18] : Ma chère maman, Je ne puis vous exprimer ma joie de la victoire de Fontenoy que le Roi vient de remporter. Il s'y est montré véritablement Roi dans tous les moments, mais surtout dans celui ou la victoire ne sembloit pas devoir pencher de son côté. Car alors, sans s'ébranler du trouble ou il voyoit tout le monde, il donnoit lui-même les ordres les plus sages avec une présence d'esprit et une fermeté que tout le monde n'a pu s'empêcher d'admirer[19]. Dans une lettre au ministre de la guerre, le maréchal de Saxe s'exprime en ces termes sur le Roi : Je ne saurois vous faire d'assez grands éloges de la fermeté de son air et de sa tranquillité. Il a vu pendant plus de quatre heures la bataille douteuse ; cependant aucune inquiétude n'a éclaté de sa part ; il n'a troublé mon opération par aucun ordre opposé aux miens, qui est ce qu'il y a de plus à redouter de la présence d'un monarque environné d'une cour qui voit souvent les choses autrement qu'elles ne sont. Enfin le Roi a été présent pendant toute l'affaire et n'a jamais voulu se retirer, quoique bien des avis fussent pour ce parti là pendant toute l'action[20]. Louis XV passa quatre mois à l'armée, menant une vie active, ne soupant plus, et ne faisant trêve au travail assidu avec ses ministres et aux courses à cheval, que pour donner quelques instants au jeu dans les heures de loisir[21]. Quand il revint, au milieu des acclamations populaires[22], c'est que, comme il le disait, il n'y avait plus rien à faire[23]. Mme d'Étioles n'avait point suivi le roi[24] ; elle était restée à Étioles, où sans cesse elle recevait des courriers de l'armée[25]. Au retour de Louis XV, elle était déjà la marquise de Pompadour ; le 15 septembre[26], elle était présentée officiellement à la cour par la princesse de Conti. Chose étrange ! cette bourgeoise, cette parvenue, que les courtisans n'avaient pas cru possible comme maîtresse, sut désarmer le dédain et l'hostilité, et se faire accueillir presque avec faveur : Il me paraît, écrit un mois plus tard le duc de Luynes, que tous les avis se réunissent à dire que Mme de Pompadour est remplie de tout le respect possible pour la reine, que son caractère est la gaieté et la douceur, qu'elle est polie et a un fort bon maintien[27]. Quelques jours après, il dit encore, parlant de la vie du roi : Dès que le Roi est levé et habillé, il descend chez Mme de Pompadour ; il y reste jusqu'à ce qu'il aille à la messe ; il y redescend et y mange un potage et une côtelette, car Sa Majesté ne dîne point ; il y reste jusqu'à cinq ou six heures : c'est l'heure du travail. Les jours de conseil, il descend avant et après. Il paroit que tout le monde trouve Mme de Pompadour extrêmement polie ; non seulement elle n'est point méchante et ne dit de mal de personne, mais elle ne souffre pas que l'on en dise chez elle. Elle est gaie et parle volontiers[28]. En se rappelant la hauteur et les exigences de l'ancienne favorite, on s'applaudissait de ces débuts. Ce qui disposait encore à l'indulgence les courtisans — même les plus honnêtes et les plus rigoristes, comme le duc de Luynes, — c'est que le peu de considération que, depuis plusieurs années, le roi avait montré pour la reine, fit place à une attitude convenable et parfois suffisamment empressée, et à des attentions inaccoutumées[29] ; on faisait honneur de ce changement à Mme de Pompadour[30]. Le 1er janvier 1746, on remarqua que, chose exceptionnelle, la reine reçut des étrennes[31]. Quand, le 2 mai suivant, Louis XV repartit pour l'armée, il y eut entre les époux des marques inusitées de tendresse[32]. La fascination exercée par Mme de Pompadour fut aussi courte qu'éclatante elle fut une maîtresse bien moins qu'un ministère, a-t-on dit d'elle[33]. Avant de sortir du pouvoir[34], le marquis d'Argenson écrivait déjà : Tous les ballets de la cour roulent aujourd'hui sur le même sujet de la pastorale d'Issé ; on y représente une bergère aimée d'Apollon et qui l'aime sans savoir sa divinité ; elle emporte le prix du chant et de la danse, elle joue la comédie, imite et contrefait tout ce qu'elle veut, la passion et même la vertu quand il faut. L'éducation a perfectionné la nature pour exceller dans le rôle qu'elle devait jouer ; c'est le gracieux instrument de tristes desseins. Elle s'est prodigieusement enrichie, elle est l'objet de la haine publique. Le roi croit la gouverner ; elle le conduit, elle lui fait voir du mérite dans ceux qui n'en ont ni la réputation ni les apparences. C'est une amitié adroite et impérieuse, plutôt qu'une véritable passion, qui produit tant d'effets dans notre gouvernement ; encore une passion violente aurait-elle l'espérance d'un changement, les reproches de la conscience et l'efficacité du cri public[35]. D'un autre côté le duc de Luynes, qui enregistre fidèlement les soupers du roi chez la marquise et jusqu'aux bruits de grossesse[36], écrit à la date du 13 mai 1746 : On me contoit il y a quelques jours une conversation du Roi avec Mme de Pompadour. Le Roi monta chez elle rempli d'un sermon du P. Bourdaloue ; il lui fit part des réflexions que ce sermon lui avoit fait faire, et lui demanda si elle vouloit qu'il lui fît la lecture du reste de ce sermon, qu'il n'avait pas achevé. Mme de Pompadour ne parut pas goûter la proposition. Eh bien ! lui dit le Roi, je m'en vais donc chez moi continuer ma lecture, et il descendit aussitôt. Mme de Pompadour resta seule, fondant en larmes[37]. Ce qui était mieux encore que de ne pas subir aveuglément le joug d'une femme qu'on s'accorde à représenter comme charmante, pleine de séductions et d'esprit, c'était de rester Roi. Louis XV avait reparu en 1746 au milieu de son armée, et, rappelé par l'approche des couches de la dauphine, il témoigna à plusieurs reprises son impatience de retourner en Flandre[38]. En 1747, il fut quatre mois absent ,et gagna eu personne la bataille de Lawfeld, par une protection marquée de la sainte Vierge, comme il l'écrivait à la reine[39] ; au retour de Berg-op-Zoom, il fut reçu par le peuple avec les démonstrations les plus vives[40]. Les affaires de la diplomatie n'étaient pas conduites avec moins de zèle que celles de la guerre. Le roi poursuivait un grand dessein, le rétablissement de l'influence française en Italie, et il le fit avec beaucoup d'intelligence, comme en témoignent ses instructions diplomatiques, presque entièrement écrites de sa main[41]. Nous rencontrons ici pour la première fois la politique de Louis XV : à côté du système publiquement proclamé et soutenu par les ministres du roi, nous trouvons une autre politique, inavouée, secrète et personnelle à Louis XV. Dès 1740 ou 1741, le prince de Conti avait commencé à travailler avec lui, à l'insu du cardinal de Fleury, et en 1743 ou 1744, la correspondance politique secrète avait été établie[42]. Cette politique avait son plan déterminé, ses agents spéciaux, ses moyens d'action particuliers. En décembre 1744, nous voyons Louis XV envoyer son 'ultimatum' sur la paix à son ministre des affaires étrangères[43] ; en 1745, il donne lui-même ses instructions à Champeaux, envoyé à Turin, et l'entretient au retour avec toute l'intelligence, la finesse et l'activité d'un premier ministre[44]. Mais ce n'était là qu'un côté de la politique royale. Louis XV ne tournait pas seulement ses yeux du côté de l'Italie ; ses vues s'étendaient sur l'Europe entière. Laissons le comte de Broglie nous initier au plan de la politique secrète à ses débuts : Ce fut au commencement de 1745 qu'il arriva un certain nombre de seigneurs polonais à Paris, chargés de la procuration de quelques autres, pour offrir à ce prince (le prince de Conti), leur désir pour son élection éventuelle à la couronne de Pologne. Le Roi permit à M. le prince de Conti d'écouter ces propositions et de faire toutes ses dispositions en conséquence. Il falloit beaucoup de travail pour préparer les moyens de cette élection : c'est ce qui donna lieu à la formation du système général de politique dont M. le prince de Conti fut l'auteur. On ne peut pas disconvenir qu'il n'eût été fait conformément aux véritables principes et selon les intérêts de la France. Il consistoit à garder en Europe l'équilibre établi par les traités de Westphalie, à protéger les libertés du corps germanique, dont la France étoit garante par ses traités ; à lier, par un autre traité perpétuel, la Turquie, la Pologne, la Suède et la Prusse, sous la médiation et ensuite avec l'accession de la France ; et enfin à séparer par ce moyen la maison d'Autriche d'avec la Russie, en rejetant cette dernière dans ses vastes déserts, et la reléguant pour les affaires hors des limites de l'Europe[45]. Des influences rivales régnaient alors dans les conseils du roi. Le maréchal de Noailles conservait encore une partie de l'ascendant que nous lui avons vu prendre, et que sa mission en Espagne vint confirmer ; le prince de Conti, qui n'était point admis au conseil et qu'éloignaient ses commandements militaires, voyait souvent son action paralysée ; enfin le marquis d'Argenson, sans avoir été ce ministre patriote et ce grand politique qu'on s'est plu à célébrer[46], eut son temps de faveur et sa part d'influence dans les affaires, jusqu'au jour où sa légèreté et ses imprudences le rendirent la fable et le jouet de tout le royaume et de l'Europe entière[47]. C'est en 1746 que le prince de Conti, préparé de longue main par un travail sérieux et assidu à s'occuper des affaires de l'État[48], prit une part de plus en plus prépondérante à la politique extérieure. En février et en avril, il est des voyages de Choisy[49] ; en août, le roi le fait revenir de Flandre et l'emmène avec lui à Choisy et à Crécy[50]. Le marquis d'Argenson se plaint à ce moment de l'influence de Conti, de ses intrigues pour se faire nommer roi de Pologne[51], et constate que le prince travaille souvent avec le roi, et porte un portefeuille, sans que l'on comprenne ce qu'il y a à dire, depuis qu'il n'y a plus d'armée à commander[52]. De son côté, le duc de Luynes écrit en novembre 1746 : M. le prince de Conti partit d'ici il y a trois ou quatre jours... Son séjour ici a été assez long ; il a travaillé son vent avec le roi et plusieurs fois avec M. d'Argenson. On a de la peine à comprendre quel peut être l'objet de ce travail[53]. Le 10 janvier 1747, le marquis d'Argenson sortit du ministère, et Puisieux le remplaça. Tandis que la diplomatie officielle négociait le traité d'Aix-la-Chapelle, que Louis XV, ne voulant plus de la politique à boulets rouges[54] et prétendant traiter non en marchand mais en roi[55], abandonnait toutes ses conquêtes, consacrait l'affaiblissement de la France et l'accroissement de la Prusse, la politique secrète s'organisait et étendait ses ramifications[56]. Il ne faudrait pas d'ailleurs voir à cette époque, entre les deux politiques, un antagonisme qui n existait point encore : il parut plus beau et plus utile à la cour de France de ne penser qu'au bonheur de ses alliés, que de se faire donner deux ou trois villes de Flandre, qui auraient été un éternel objet de jalousie[57]. |
[1] Mémoires du duc de Luynes, t. VI, p. 266.
[2] C’est ce que constatent également le duc de Luynes (t. VI, p. 184) et Barbier (t. III, p. 571).
[3] Il avait remplacé en mai 1743 le père de Liniéres. Voir le duc de Luynes t. V, p. 11.
[4] Mémoires du duc de Luynes, t. VI, p. 193.
[5] Le peu de goût et de considération que l’on connaît au roi pour la reine..., a écrit le duc de Luynes en avril 1745 (t. VI, p. 425).
[6] Voir le duc de Luynes, t. VI, p. 194 et 261.
[7] Voir le duc de Luynes, t. VI, p. 189, 296, 336,341, 350, 369, 373, 377, 382. Le roi paraît avoir plus de goût que jamais pour les bals masqués, dit-il (p. 341) ; avant hier au soir il alla à celui de Versailles, dans la ville, qu’on appelle le bal d’un écu.
[8] Journal de Barbier, t. III, p. 571. Le roi a une maîtresse, mais qui n’en n’a pas ? n’écrit-il quelques années plus tard (t. IV, p. 496).
[9] Mémoires du duc de Luynes, t. VI, p. 354.
[10] Mémoires du duc de Luynes, t. VI, p. 423.
[11] Mémoires du duc de Luynes, t. VI, p. 303.
[12] Mémoires du duc de Luynes, t. VI, p. 407.
[13] Dans une lettre au maréchal de Richelieu, datée du 4 octobre 1744, le roi s’exprimait noblement en ces termes : Ce qui me déplaît le plus de l’envie de la paix, c’est d’être au point qu’elle est chez nous et chez tous nos officiers, lesquels ne devraient respirer qu’après la guerre. Cela me fait mourir de chagrin. Catalogue d’autographes provenant du cabinet de M. A. Martin (1842), n° 168.
[14] Mémoires du duc de Luynes, t. VI, p, 374.
[15] Le dauphin était alors dans sa seizième année. Dès l’année précédente, il avait sollicité du roi la faveur de le suivre à l’armée ; le roi lui répondit en ces termes (6 mai 1744) : Je loue le désir que vous avez marqué de me suivre à la tête de mes armées ; mais votre personne est trop chère a l’État pour oser l’exposer avant que la succession et la couronne soit assurée par votre mariage. Quand vous aurez des enfants, je vous promets que je ne ferai jamais de voyage à la guerre sans vous mener avec moi ; mais je souhaite et j’espère n’être jamais dans le cas de vous tenir cette parole. Comme je ne fais la guerre que pour assurer à mon peuple une paix solide et durable, si Dieu bénit mes bonnes intentions, je sacrifierai tout pour lui procurer cet avantage tout le reste de mon règne. Il est bon que vous entriez de bonne heure dans ces sentiments et que vous vous accoutumiez à vous regarder comme le père plutôt que comme le maître des peuples qui doivent être un jour vos sujets. Mémoires historiques et militaires du maréchal de Noailles, t. VI, p. 361.
[16] Cette lettre se trouve dans les Pièces de la Vie privée de Louis XV (par Mouffle d’Angerville, t. II, p. 321-24).
[17] Voir en particulier les Mémoires du duc de Luynes, t. III, p. 442, le Journal de Barbier, t. IV, p. 37, la Vie privée de Louis XV, t. II, p. 216-22, et les relations rapportées par Luynes, l. c., p. 444 et 447.
[18] On ne connaissait que la lettre du dauphin à sa femme, donnée dans la Vie privée de Louis XV.
[19] Lettre reproduite, d’après l’autographe, par les éditeurs des Mémoires du duc de Luynes, t, VI, p. 441, note 3. Elle avait déjà été publiée, en 1849, dans le Bulletin du Comité historique, t. I, p. 287-88.
[20] Cité par M. Saint-René Taillandier, Maurice de Saxe, p. 261-62. Cf. une autre lettre, tirée des archives du ministère de la guerre, et publiée par MM. Dussieux et Soulié, Appendices de l’année 1745, t. VI, p. 178-80. — Le passage cité par l’auteur de Maurice de Saxe se retrouve dans une lettre au contrôleur général, publiée par les éditeurs du duc de Luynes, t. VII, p. 181-84.
[21] Voir le duc de Luynes, t. VI, p. 478 et 486, t, VI, p. 31.
[22] Voir Luynes, t. VII, p. 53, et Barbier, t. IV, p. 78-79. Tout le monde convient, dit Barbier (p. 83), que la campagne du Roi est la plus belle qui ait jamais été faite par aucun roi de France. Et le président Hénault, dans ses Mémoires (p. 24) s’exprime ainsi : Quelle place tiendront dans ce règne les campagnes triomphantes de la guerre de 1740, les seules de la vie du Roi, et où l’envie peut seule lui refuser d’avoir eu la plus grande part !
[23] Croyez-vous, répondit le roi avec vivacité au prince de Dombes, que je m’en irois s’il y avoit encore quelque chose à faire ? Mém. de Luynes, t. VII, p. 49.
[24] Pour cette année, il n’y a ni princesses, ni aucune femme avec le roi. Journal de Barbier, t. IV, p. 39. Lacretelle, qu’on a suivi avec tant de confiance, écrit (t. II, p. 316) que Mme d’Étioles accompagna le roi.
[25] Luynes, t. VI, p. 492, et t. VII, p. 5. Le roi lui écrivait chaque jour une ou plusieurs lettres, et au commencement de juillet, elle en avait reçu plus de quatre-vingt, déjà adressées à la marquise de Pompadour, avec la devise : Discret et fidèle.
[26] Le roi était revenu le 8.
[27] Mém. de Luynes, t. VI, p. 93. - Il est vrai que bien des gens professaient alors l’opinion de Barbier, qui écrivait : Il suffit que le roi soit attaché à une femme telle qu’elle soit, pour qu’elle devienne respectable à tous ses sujets (t. IV, p. 367). Mais cela n’empêchait pas la guerre de chansons et d’épigrammes.
[28] Mémoires de Luynes, t. VII, p. 110.
[29] Voir le duc de Luynes, t. VII, pages 63, 125, 129-130, 210, 431, 439, 463-64 ; t. VIII, p. 20,145.
[30] Voir le duc de Luynes, t. VII, p. 126. Mme de Pompadour ne laissait pas, de son coté, échapper une occasion de faire sa cour à la reine, et de lui donner des marques de respect. Voir pages 223, 228, 264, 267, 303, 430, etc.
[31] Id., ibid., p. 188. Il est vrai que la tabatière d’or émaillée donnée à la reine, était primitivement destinée à la mère Poisson, morte le 24 décembre (voir Luynes, p. 202). Le compilateur des Mémoires du comte de Maurepas dit, avec son exactitude habituelle, que le 1er janvier 1746 le roi donna une tabatière d’or à la mère de Mme de Pompadour, et que la reine en fut mortifiée (t. IV, pages 255 et suiv.).
[32] La reine avait beaucoup pleuré pendant le grand couvert ; elle marqua beaucoup d’amitié au roi avant son départ ; elle lui baisa la main plusieurs fois. Le roi l’embrassa en trois occasions différentes. Mémoires de Luynes, t. VII, p. 299.
[33] M. Michelet, Louis XV, p. 255.
[34] 10 janvier 1747.
[35] Le marquis d’Argenson, Mémoires de son ministère, t. IV, p. 179.
[36] Mémoires de Luynes, t. VII, pages 199, 241, 242, 253, 263, 292.
[37] Mémoires de Luynes, t. VII, p. 310. — S’il en faut croire Soulavie (Mémoires historiques et politiques du règne de Louis XVI), Mme de Pompadour finit par ôter de la bibliothèque du roi les sermons de Bourdaloue et de Massillon. Mais elle ne triompha pas des scrupules de Louis XV, qui lui disait sans cesse : Je me fais une fausse conscience (t. I, p. 177).
[38] Mémoires de Luynes, t. VII, p. 341, 367, 377.
[39] Mémoires de Luynes, t. VIII, p. 257.
[40] Mémoires de Luynes, t. VIII, p. 297. — La France revenait à ses jours de gloire, dit un historien peu suspect (M. Th. Lavallée, Histoire des Français, 11e édition, t. III, p. 484).
[41] M. Théophile Lavallée, Les frontières de la France, p. 106. — Quant au partage, dit d’Argenson dans les Mémoires de son ministère, il était ménagé avec une générosité et une prévoyance admirable. Je le vanterai avec d’autant plus de plaisir que c’est l’ouvrage entier du roi, et c’est peut-être le seul ouvrage de son règne qui soit bien à lui. Le roi est bon géographe ; il a présent à l’esprit toutes les positions topographiques : il trouve plutôt sur une carte le point demandé qu’aucun de ceux avec qui il travaille ; il a l’esprit naturellement juste, il ne s’agit que de le faire sortir de l’assoupissement, de l’indécision et de la timidité (t. IV, p. 285).
[42] Correspondance secrète inédite de Louis XV, publiée par M. Boutaric, t. II, p. 355, 104.
[43] Journal et mémoires du marquis d’Argenson, t. IV, p 254.
[44] Journal et mémoires du marquis d’Argenson, t. IV, p. 253. — Je ne l’ai jamais vu si grand que quand il écouta le rapport que M. Champeaux lui fit à Choisy, dit encore d’Argenson (p. 255), il ordonnait en maître, il discutait en ministre. Et en note : Audience de Champeaux à Choisy. Son étonnement, sa stupéfaction de tout ce que le roi dit, avec intelligence, éloquence et dignité.
[45] Mémoire envoyé par le comte de Broglie à Louis XVI le 9 juin 1774. Correspondance secrète inédite de Louis XV sur la politique étrangère, t. II, p. 404-405. Comparer avec le mémoire du maréchal de Noailles, en date du 10 février 1744, Correspondance de Louis XV et du maréchal, t. II, p. 77, 95 et 102.
[46] M. Henri Martin, t. XV, p. 292, 301. Cf. Luynes (t. VIII, p. 80) : Tout le monde convient qu’il a de très bonnes intentions et qu’il veut le bien ; mais malheureusement il manque des talents nécessaires pour y parvenir ; et Barbier (t. IV, p. 214) : On dit généralement que les affaires dont était chargé M. le marquis d’Argenson lui étaient véritablement étrangères, et qu’il n’y entendait rien.
[47] Expressions du maréchal de Noailles dans un mémoire au roi, en date du 15 décembre 1746. Correspondance, etc., t. II, p. 271.
[48] Voir ce que dit Luynes en novembre 1745, t. VII, p. 124
[49] Voyages de Choisy, ms. fr. 14436. Cf. Luynes, t. VII, p. 290.
[50] Mém. de Luynes, t. VII, p. 389, 391-392, 402 ; ms. fr. 14436.
[51] Voir t. IV, p. 408-4O9, et t. V, p. 48-52.
[52] T. V, p. 57.
[53] T. VIII, p 13.
[54] Flassan, Histoire de la diplomatie française, t. V, p. 168.
[55] Expressions dont se servit le comte de Saint-Séverin à Aix-la-Chapelle. Voltaire, Précis du siècle de Louis XV, ch. XXX.
[56] Voir le mémoire du comte de Broglie déjà cité, Correspondance secrète inédite, t. II, p 405.
[57] Voltaire, Précis du siècle de Louis XV, chap. XXX. — Le roi écrivait après la victoire de Lawfeld (2 juillet 1747) : Quelques suites favorables que je doive me promettre d’une journée si glorieuse pour nos armes, le fruit le plus agréable que je puisse en recueillir sera de disposer mes ennemis à écouter enfin la voix de la justice et de la paix, et d’assurer par ce moyen la tranquillité de mes sujets. Lettre à l’archevêque de Paris, donnée par les éditeurs du duc de Luynes, t. VIII, p. 408-409.