Elle vint pourtant : le réseau d'intrigues qui n'avait cessé d'entourer le roi finit par l'envelopper. Un jour arriva (24 janvier 1732), où, dans un souper à la Muette, Louis XV but à la santé de l'inconnue, et cassa son verre en invitant tout le monde à faire de même[1]. Quelle était cette inconnue ? Existait-elle même ? Ce fut longtemps un mystère. En août 1733, on remarqua cependant que le roi, après deux mois passés seul à Compiègne, se rendit à Chantilly sans visiter la reine, et, le lendemain de son retour, alla coucher à la Muette[2]. La faveur de Mme de Mailly paraît remonter à cette époque ; mais la liaison fut tenue dans le plus grand secret, et c'est seulement en 1737 que l'on acquit la certitude que le roi avait pris une maîtresse, et que cette maîtresse était Mme de Mailly[3]. Depuis longtemps le roi paraissait sombre. Rien ne remplissait sa vie : la reine, malgré son attachement et son dévouement, n'avait rien de ce qui pouvait le captiver et le distraire. Le maréchal de Villars raconte qu'en 1731, voyant le roi triste et désœuvré, il lui dit: Sire, voir un roi de France de vingt-deux ans triste et s'ennuyer, est inconcevable. Vous avez tant de moyens de vous divertir ! On ne vous désirera jamais d'autres plaisirs que ceux que permet la sagesse ; mais la comédie, la musique... Le roi interrompit le maréchal : Il ne faut pas disputer les goûts. — Non, reprit Villars, mais je vous en souhaite plusieurs. Joignez quelque divertissement à celui de la chasse. D'ailleurs vos affaires sont en si bon état que ce ne sera jamais un ennui pour Votre Majesté d'y travailler. Et si au divertissement il se joint quelque désir de gloire, quels moyens n'avez-vous pas de le satisfaire ?[4] Ce discours, remarque Villars, ne parut pas faire grande impression. Depuis longtemps, d'autres influences avaient gagné le coeur du roi. Tandis que Fleury faisait tout par lui-même et que Louis XV exprimait à peine une opinion au conseil[5], un homme de la domesticité du roi, Bachelier, son valet de chambre, prenait sur lui un ascendant qui grandit peu à peu[6], et s'imposa enfin par ces honteux et inavouables services que rendent si volontiers les gens de cette sorte. Le maréchal de Villars rapporte une anecdote qui nous révèle la faveur naissante du premier valet de chambre. En 1727, le 14 août, le roi était père pour la première fois : la reine était accouchée de deux filles. Villars vint lui faire son compliment, et plaisanta avec lui sur le mérite du mari quand la femme accouche de deux enfants. Louis XV lui dit : Avez-vous fait compliment au garde des sceaux ? Et comme le maréchal, embarrassé, hésitait : Le voilà ! poursuivit le roi, en montrant Bachelier[7]. D'Argenson nous a tracé de ce personnage un portrait qui vaut la peine d'être reproduit. Bachelier est un homme solide, un esprit ferme et porté à la vertu ; il s'y est conformé en se voyant appelé au rôle de la première confiance de notre maître. Il s'est trouve. assez riche, et il l'est effectivement en revenus ; il a une jolie maison entre Versailles et Marly, il a une maîtresse dont la société lui convient, il ne désire rien au monde pour lui, mais tout pour la gloire de son maître ; il écoute tout pour cela, il veut tout savoir : né avec peu d'étude, il s'est fait géographe et politique suffisamment pour pouvoir fournir des matériaux à sa conversation avec le Roi ; il parle peu et pense toujours, il note quelques idées à mesure... Quand Bachelier s'est vu dans la faveur ou il est auprès de Sa Majesté, il s'est renfermé chez lui, et est devenu inaccessible à tout le monde. Il n'admet à le voir qu'un ou deux amis qui sortent de sa retraite de la Selle pour aller apprendre dans le monde ce qui s'y passe, et pour en instruire le Roi, en devenant le contrepoison des bulletins que M. Hérault donne au cardinal[8]. Mais derrière Bachelier il y avait Chauvelin, l'homme de confiance de Fleury, qui l'avait fait garde des sceaux et secrétaire d'État des affaires étrangères. Chauvelin avait su gagner la confiance du Roi ; il espérait supplanter le cardinal : il jugea bon de tenir le Roi par les femmes. Avec la maîtresse et le valet de chambre, il se croyait sûr de diriger l'État. Ce ne fut que par degrés que Louis XV se laissa entraîner vers cet abîme où il devait s'enfoncer de plus en plus. Fleury l'avait brouillé avec la reine. La dévotion un peu étroite que son précepteur lui avait inspirée le prémunissait mal contre les attaques redoublées dont il était l'objet. Avec une vie toute de mollesse et de plaisirs, l'éloignement des affaires, le vide d'une existence absorbée par la chasse et la table, comment Louis XV n'eût-il pas succombé ? La reine, plus vieille de près de sept ans, fatiguée de grossesses successives, n'avait pas su captiver ce mari jeune et trop empressé[9], ni prendre cet empire que lui souhaitait le maréchal de Villars aux premiers jours de son mariage[10]. Louis XV avait de bonne heure cherché dans la société de la comtesse de Toulouse les distractions et le charme qu'il ne trouvait pas dans le salon de la reine. Mlle de Charolais, dont la conduite était si tristement affichée, avait su se rendre agréable au roi, et avait pris sur lui une sorte d'autorité d'habitude[11]. Le poison entra peu à peu dans ce coeur inoccupé. On prétend même, mais rien ne le prouve, que Fleury donna une approbation tacite[12]. Nous n'entrerons pas dans l'alcôve du roi ; qu'il nous suffise d'ouvrir la porte de son cabinet. Essayons de le définir au moment où commence pour lui l'influence, nous ne dirons pas le règne des femmes. Louis XV a vingt-trois ans : il est dans la fleur de la jeunesse et de la beauté. Il suffit que les femmes le voient pour qu'elles raffolent de lui[13]. Au milieu de sa vie agitée et frivole, il prête quelquefois l'oreille aux affaires, il montre un certain goût pour la lecture[14]. Il a lu Montglat ; il lit les Œconomies royales de Sully, sait parfaitement les mathématiques, a une excellente mémoire, et raconte mieux que personne[15]. Quoique conservant sa timidité et son éloignement pour la représentation, il se montre parfois en public ; il a de la vivacité et de la répartie[16]. Malgré les torts de sa conduite privée, Louis XV garde encore des dehors religieux : en 1734, il assiste assidûment aux sermons du carême, et écoute avec plaisir le Père Teinturier, malgré ses véhémentes apostrophes sur la 'vie molle', qui faisaient baisser les yeux à tous les courtisans[17]. Dans les années suivantes, le Roi continue à s'approcher des sacrements[18]. C'est seulement en 1739, quand l'adultère devient public, que le roi déclare qu'il ne fera pas ses pâques[19]. La reine n'est pas encore délaissée. Mme Victoire naît en 1733 ; Mme Sophie en 1734 ; en avril 1735, la reine fait une fausse couche ; les années 1736 et 1737 sont signalées par deux nouvelles naissances. La dernière (17 juillet 1737), fut celle de Mme Louise, qui devint carmélite en 1770. On demanda au Roi si on la nommerait madame septième, il répondit : On l'appellera madame dernière[20]. La séparation définitive des époux eut lieu en juillet 1738[21]. Bien différente des maîtresses qui suivirent, Mme de Mailly voua au roi une affection aussi sincère que désintéressée, et ne l'arracha pas à ses goûts d'économie : elle resta pauvre et dévouée, amusant le Roi par sa vivacité et sa gaieté, sans le ruiner par son luxe et ses prodigalités[22]. En la comparant à la duchesse de Châteauroux et à Mme de Pompadour, on s'est pris à regretter cet empire qui ne s'étendait pas aux affaires du pays, et n'était point pour lui une cause de ruine. Si le pauvre Louis XV ne perdit pas près de Mme de Mailly son ennui et ses vapeurs noires, au moins il ne contracta pas ces habitudes de folles dépenses contre lesquelles s'élevèrent plus tard les contemporains. Comme on l'a dit, Mme de Mailly domine l'homme, mais non le roi. D'Argenson rapporte à ce propos une anecdote significative. Fleury venait de rappeler au roi une parole souvent répétée : Si jamais Votre Majesté écoutait les conseils des femmes sur ses affaires, elle et son État seraient perdus sans ressources. — Louis XV ne répondit rien ; mais en remontant dans ses cabinets, où il soupait avec Mme de Mailly et Mlle de Charolais, il leur dit : Tout à l'heure un homme me disait (ce discours), et je dis à cela que si quelque femme osait jamais me parler d'affaires, je lui ferais fermer ma porte au nez sur-le-champ[23]. Nous venons de nommer le marquis d'Argenson : c'est un témoin nouvellement introduit sur la scène ; son Journal devient suivi et très circonstancié à partir de 1738. C'est un témoin oculaire, et malgré sa sympathie pour Louis XV et son désir qu'il devienne un très grand roi[24], il voit juste et il voit bien. Laissons-le donc nous peindre le roi dans cette période de transition où le roi règne et ne gouverne pas. Le roi aime l'économie, la conservation plutôt que l'acquisition. Le roi est bon, il est fin, il est discret souverainement ; il dit les choses avec finesse, à ce que je remarque ; il écoute tout jusqu'aux moindres détails. Il a l'esprit robuste du côté de la mémoire pour la localité, la personnalité et les faits ; ses opérations d'esprit sont plus rapides que l'éclair ; il est vrai qu'il approfondit peu jusqu'ici, ne se prêtant pas a une longue discussion. On l'a accusé de paresse et d'insensibilité ; il se montre travailleur naturellement par les divers goûts où il s'est prononcé, mais sans affectation. Il a montré sa sensibilité extrême par rapport à la maladie dernière du Dauphin et à celle de M. le Cardinal. Il a eu depuis longtemps son système de se divertir tant qu'il aurait M. le Cardinal pour gouverner le royaume, connaissant sa probité et ayant haute opinion de sa capacité, mais après cela de s'y adonner ; nous verrons s'il tient parole. Il est dissimulé et discret comme les plus grands rois l'ont été ; il se connaît en hommes parfaitement et naturellement, sans études ni efforts et aime les honnêtes gens... Il hait les sots, aime la franchise, a bon esprit et bon cœur, est gai et affable avec les courtisans et leur parle avec une familiarité adorable... Le roi est un homme de fort bon sens ; il se montre bon, spirituel et soucieux de ses affaires ; il aime déjà les papiers, l'étude, la lecture, et même il écrit beaucoup de sa main, soit lettres, soit mémoires, beaucoup d'extraits de ce qu'il lit. Il a fait faire des armoires dans un cabinet séparé, et là ses papiers sont rangés dans un ordre soigneux, le tout étiqueté de sa propre main... On lui attribue deux défauts : l'un est de paresse d'esprit, l'autre de timidité. Je ne nie pas qu'il n'ait donné de grands signes de ces deux défauts ; mais cependant il aime la peine du corps, il travaille seul, comme j'ai déjà dit, il a besoin de s'occuper, il a une grande mémoire, il a l'esprit vif... A l'égard de la timidité, je conviens qu'elle est née avec l'esprit du roi ; mais elle se surmonte et Sa Majesté parait l'avoir surmontée. Il est brave de coeur, et se montre à cheval, à la chasse et partout, on il ne craint rien ; à présent il parle hardiment à tout le monde : il attaque de conversation ; il répond... On commence à dire que Louis XV sera tout aussi haut qu'un autre, et il est d'un décidé[25], d'une mémoire et d'une attention rapide qui doit faire grand effet un jour[26]. Un moment, l'on crut que Louis XV allait sortir de lui-même, et s'arracher à ce théâtre de paix et d'indolence que présentait alors la cour[27] : en mars 1738, pendant une maladie du cardinal, le roi travailla assidûment avec ses ministres, et montra une véritable aptitude pour le gouvernement. Le roi s'en acquitte à merveille, écrit d'Argenson, et décide juste. Il fait plus, il montre grande humanité et justice. L'autre jour, M. Orry lui proposant le payement d'une partie due depuis quatre ans, Sa Majesté a demandé si on avait payé les intérêts à cet homme. M. Orry ayant répondu que non et que ce n'était pas l'usage, Sa Majesté a répondu que cela n'était pas juste, et qu'elle ne voulait plus de ce désordre et de pareilles injustices[28]. Malgré tout, Louis XV ne devenait pas un roi ; il ne devenait pas même un homme. On remarquait à la cour qu'il était enfant des pieds à la tête. — Être enfant, observe à ce propos d'Argenson, c'est avoir cette partie de l'imagination qui conduit à s'égayer de bagatelles et avec une inconstance soudaine, espèce de joli défaut qui va quelquefois durer jusqu'à cinquante ans[29]. Mais Louis XV portait son enfance partout[30]. Il se donnait une peine infinie pour des inutilités, faisait un travail de chien pour ses chiens, dont il combinait la force, la marche et la disposition. On prétend, dit d'Argenson, que Sa Majesté mènerait les finances et l'ordre de la guerre à bien moins de travail que tout ceci[31]. Le roi se levait parfois à onze heures, et menait une vie de petit-maître et d'homme inutile[32]. A peine travaillait-il une heure par jour. Il chassait avec la même frénésie, et soupait dans ses cabinets deux fois, puis bientôt trois et quatre fois par semaine[33]. Il était bien têtu[34], colère par faiblesse, rancunier, et avait ce fâcheux travers, sans être pour cela méchant ni inhumain, de parler d'un air de joie de la mort ou de l'extrémité de ses serviteurs. — Ce n'est qu'un tic, mais fâcheux, dit d'Argenson, qui ajoute : Tout à l'heure ; j'ai été témoin que la reine lui a demandé des nouvelles d'un pauvre chirurgien de sa suite, qui s'est cassé la tête à la chasse ; le roi a dit en riant qu'il était mort ou peu s'en fallait. Au fond, il en souffre ; mais voilà un misérable tic[35]. C'est là un de ces contrastes qu'offre le caractère de Louis XV. On pouvait le croire insensible et dur ; il donna pourtant de nombreuses marques de sensibilité, et nous avons vu d'Argenson qualifier d'extrême cette sensibilité. Avec cette paresse d'esprit qui apparaît dans toute sa conduite, il montre de l'application et du goût pour le travail, et demande des mémoires à d'Argenson sur divers points d'administration[36]. Il a parfois des retours vers les idées religieuses, et le cri de sa conscience éclate par intervalles[37]. Enfin, tandis qu'il ne parle que de l'histoire des rois fainéants[38], qu'il se fait un jeu de faire enrager le vieux Cardinal et de l'abreuver de jolis petits dégoûts[39], il subit jusqu'au bout le joug de Fleury. Celui-ci ne se trompait pas en disant : Le roi a besoin d'être gouverné et il le sera toujours[40]. Si le cardinal de Fleury restait premier ministre, Mme de Mailly, malgré quelques brouilles de ménage[41] et de passagères infidélités, restait maîtresse en titre. D'Argenson écrit quelque part : La faveur de cette dame augmente, dit-on, comme une tache d'huile[42]. Pourtant à cette date (octobre 1739), Mme de Mailly avait une rivale, et cette rivale était sa propre sœur ! Il faut lire dans les Mémoires du duc de Luynes[43] le récit de l'arrivée de Mlle de Nesle à la cour, du rôle de complaisante et de confidente qu'elle joua d'abord, avant d'en venir à celui de favorite. Le mariage de Mlle de Nesle avec M. de Vintimille est du mois de septembre 1739, et l'on croit qu'à ce moment elle était déjà la maîtresse du roi. Nous n'entrerons pas dans l'histoire de ces intrigues, restée obscure pour les contemporains eux-mêmes, car, pendant longtemps, malgré les témoignages publiés de la faveur et de l'affection du roi, d'Argenson crut qu'il n'aimait en Mme de Vintimille que la sœur de sa maîtresse[44]. Mme de Mailly ne fut pas pour cela disgraciée. Il était réservé à une autre de ses sœurs de la faire congédier. Elle resta par la force de l'habitude. Louis XV vivait surtout dans la société intime de ce qu'on appelait à la cour les quatre sœurs, à savoir : Mademoiselle, Mlle de Clermont, Mmes de Mailly et de Vintimille[45]. D'Argenson écrit à cette époque que le roi ne sera jamais adonné à l'empire des femmes, qu'il craint le diable, l'éternité et ses horreurs[46]. On observait qu'aux approches des grandes fêtes, le roi tombait dans des vapeurs noires, et qu'il y avait chez lui lutte entre l'entraînement et le devoir[47]. Malgré les efforts de l'impiété et de l'immoralité[48], on ne parvint pas à éteindre la foi dans ce cœur faible et trop accessible à la corruption. La faveur de Mme de Vintimille fut de courte durée. Le roi n'eut pas longtemps à jouir du charme d'un esprit qui, peut-être, eût pris un grand ascendant sur lui[49]. Mme de Vintimille mourut en couches le 9 septembre 1741. Louis XV tomba dans un chagrin profond ; on crut qu'il allait tourner à la dévotion. Mme de Vintimille l'avait dégoûté des excès de table ; de ces soupers dont il avait fait, dans ces dernières années, un si fréquent abus[50] ; sa mort parut rompre les liens qui attachaient le roi à Mme de Mailly ; on remarqua que la pensée de l'éternité revenait souvent chez lui, et qu'il tenait des discours de religion[51]. En faisant donner l'aumône à un pauvre : Qu'il demande à Dieu ses miséricordes pour moi, dit le roi, j'en ai grand besoin[52] ; et à un courtisan qui lui parlait de l'exemple qu'il donnait en observant scrupuleusement le jeûne et l'abstinence, il répondit : Vous êtes touché de mon exemple, et je voudrais bien suivre le vôtre en beaucoup de choses[53]. Un grand combat, c'est l'expression du duc de Luynes, se livrait dans l'âme du roi : il était dans une mélancolie noire ; personne ne pouvait l'arracher à sa tristesse. Mme de Mailly l'emporta pourtant. Mais bientôt un astre nouveau parut à l'horizon et vint faire pâlir cette étoile dont l'éclat ne devait plus avoir une longue durée. Le duc de Richelieu, l'un des favoris du roi, et qu'on a appelé le mauvais génie de Louis XV, ne fut pas sans influence sur le choix d'une nouvelle maîtresse. L'affaire fut mystérieusement conduite ; ce fut toute une négociation. Enfin, en novembre 1742, la chose devint publique : Mme de Mailly fut brusquement congédiée, et sa soeur Mme de La Tournelle prit avec fracas le titre de maîtresse déclarée. |
[1] Mém. du comte de Maurepas, t. Il. p. 219. Cf. Soulavie, Mém. du duc de Richelieu, t. V, p. 64.
[2] Mém. de Villars, p. 443 ; Journal de Barbier, t. II, p. 419.
[3] Voir le marquis d’Argenson, t. I, p. 220 (septembre 1737) : Le roi, ne pouvant plus se tenir aux seuls attraits de la reine, a pris pour maîtresse, depuis six mois, Mme de Mailly, fille de M. de Nesle. Cf. Barbier, t. III, p. 113 (novembre 1737). — J’ai appris depuis quelques jours seulement, écrit le duc de Luynes en décembre 1744, que le commerce du roi avec Mme de Mailly a commencé dès 1733, et personne n’en avait aucun soupçon dans ce temps-là. (T. VI, p. 178, note 1). Le bruit commun est que le roi est devenu amoureux de la comtesse de Mailly, quoiqu’elle ne soit pas belle. Elle est charmante le verre à la main. (Journal de Narbonne (1737), p. 519)
[4] Mém. de Villars, p. 413.
[5] Mém. de Villars, p. 348.
[6] M. Michelet dit de Bachelier : Fleury eut le royaume et lui le roi. Louis XV, p. 21.
[7] Mém. de Villars, p. 342.
[8] Journal et mém. du marquis d’Argenson, t. II, p. 3, 4.
[9] Voir d’Argenson, t. III, p. 192-94.
[10] La pauvre dame, écrivait Silly après la retraite de M. le duc, parait prendre à gauche sur tout. (Mém. du duc de Richelieu, t. IV, p. 162.)
[11] Voir d’Argenson, t. II, p. 324.
[12] Voir d’Argenson, t. I, p. 220. D’autres contemporains répètent la même insinuation.
[13] On dit qu’en Angleterre, la vue d’un portrait du jeune roi troubla plus d’un coeur.
[14] Dès 1727, le roi montrait ce goût et s’était fait une petite bibliothèque. Lettre du marquis du Silly. (Pièces historiques, t. II, p. 293-294.)
[15] Journal de Barbier, t. II, p. 335.
[16] Un jour que Villars l’exhortait, en se proposant pour exemple, à secouer sa mélancolie et à se réjouir, et faire réjouir les autres : Cependant, dit le roi, en regardant le maréchal d’un air équivoque, il y a des gens qu’au lieu de divertir vous avez quelquefois bien ennuyés. — En vérité, sire, s’il m’est arrivé d’ennuyer, c’est bien contre mon intention. — Oui, reprit le roi, cela vous est arrivé et très souvent ce sont mes ennemis, quand vous les avez battus, et personne ne les a plus souvent ennuyés que vous. (Mém. de Villars, p. 376)
[17] Journal de Barbier, t. II, p. 456.
[18] Voir les Mém. du duc de Luynes, t. I, p. 116, 154, 211, 232, t. II, p. 75, 99. Le roi faisait un étrange assemblage de pratiques de religion et de licence dans les moeurs. Malgré ses désordres, il ne cessa jamais, pour l’abstinence et le jeûne, de remplir tout ce qui est d’obligation. Le duc de Luynes, qui fait cette remarque, nous montre le roi se rendant souvent à la messe à 5 ou 6 heures du matin, en revenant du bal de l’Opéra, avant de s’aller coucher. (Voir t. I, p. 198, 260, etc. ; t. II, p. 151-82, 353.)
[19] Voir Barbier, t. III, p. 167 ; d’Argenson, t. II, p. 126 ; le duc de Luynes t, II, p. 392.
[20] Voir d’Argenson, t. I, p. 265.
[21] Voir d’Argenson, t. I, p. 313, et le duc de Luynes, t. II, p. 167, 180, 280.
[22] Nous ferons remarquer toutefois que le duc de Luynes parle quelque part des brillants vêtements que se faisait faire Mme de Mailly, et dont elle payait comptant le montant, s’élevant à 5 ou 6.000 livres (t. III, p. 140). Mme de Mailly, dit-il ailleurs (t. V, p. 96), aimait le Roi de bonne foi et non seulement sa personne, mais sa gloire ; elle aurait désiré que tout le monde fut content du Roi, au moins ceux qui la servent bien.
[23] D’Argenson, t. II, p. 265 ; cf. p. 289 : ceux qui connaissent bien le roi assurent qu’il portera encore plus loin qu’Henri IV la répugnance à mêler les femmes aux affaires sérieuses.
[24] D’Argenson, t. II, p. 121.
[25] Voir une anecdote sur un mémoire remis au roi par la comtesse de Toulouse en juin 1735. Louis XV donna l’ordre à Daguesseau de faire rapporter l’affaire des Jésuites de Brest, dont l’entretenait ce mémoire. Daguesseau répondit que c’était impossible. Le Roi lui tourna brusquement le dos, en déclarant qu’il le voulait. (Nouvelles à la main, ms. fr. 13694, f. 69)
[26] Journal et mém. du marquis d’Argenson, années 1738 et 1739. t. I, p. 291-92, 314, 321, 322; t. II, p. 1, 29, 170, 174, 207, 211, 255, 284.
[27] La cour est un théâtre de paix et d’indolence qui ne nous fournit rien de bien vif ni d’intéressant. Le Roy va à Rambouillet; il revient à Versailles ; il court le cerf. La Reine va à la messe et à vespres, et a bien de la peine à avoir tous les jours sa partie de quadrille. (Nouvelles à la main, lettre du 2 juillet 1735, ms. fr. 13694, f. 81)
[28] D’Argenson, t. I, p. 291 ; cf. t. II, p. 9. C’est à ce même Orry que quelques mois plus tard Louis XV adressait cette dure apostrophe, en réponse à la proposition d’accommoder la montagne du Pecq pour faciliter les voyages à Saint-Germain : Monsieur le contrôleur général, tous les chemins de La Chapelle (terre d’Orry) sont donc accommodés. On m’a dit que tout y était pavé, jusqu’aux prés ; il ne reste apparemment à y rien faire. Je vois bien que vous ne songez à moi qu’après vous. Mais laissons cela ; nous avons présentement des choses plus pressantes à penser que le Pecq. (t. II, p. 43). Et d’Argenson, qui rapporte cette anecdote, ajoute : Moins le Roi parle sur le ton de dureté, plus de telles paroles sont significatives. Une autre fois, Maurepas ayant voulu faire des remontrances sur une décision relative aux conseillers d’État, Louis XV rougit, et dit d’un ton à faire trembler la terre : Cela ne me convient pas ! (T. II, p. 285)
[29] D’Argenson, t. II, p. 212.
[30] D’Argenson, t. II, p. 262. Cf. avec ce passage (p. 29) : Le roi se montre homme de tout point, et n’est-ce rien à cet égard que d’avoir pris une maîtresse avec qui il vit joliment ?
[31] D’Argenson, t. II, p. 261 ; cf. le duc de Luynes. t. I, p. 269 et 211
[32] Idem, Ibid., p. 225.
[33] Voir le duc de Luynes, t. I, p. 287 ; t. II, p. 251, 253 ; t. III. p. 56. - Dans les Nouvelles de la main du temps, on voit qu’on se préoccupait de ces excès. Le roy nous a donnés quelques allarmes pour sa santé... Ces petits apartemens ne laissent pas de donner des inquiétudes (janvier 1737, ms. 13694, f. 17). — En janvier 1738, le roi fut indisposé par suite des fatigues de la chasse. Il a eu peur, écrit-on, et promet de ne chasser que deux fois la semaine, et de moins fréquenter les petits appartements (Id., f. 222). Et en février 1738 : Le roi est très changé ; pourtant il mange beaucoup. Je l’ai vu manger dans deux de ses dîners plus de viande que je n’en mangerais dans une semaine entière (Id., f. 244). Voir sur la gourmandise de Louis XV, sa lettre à Mme de Ventadour (15 octobre 1738), citée dans les Mém. du duc de Luynes, t. II, p. 281 note.
[34] Idem, ibid., p. 266.
[35] Idem, ibid., p. 284. Voir sur la bonté et la douceur du roi à l’égard de ses serviteurs, le duc de Luynes, t. III, p. 188. Cf. Narbonne, p. 171-72.
[36] D’Argenson, t. II, p. 131, 146 ; t. III, p. 50.
[37] Voir le duc de Luynes, t. II, p. 256, 270, etc.
[38] D’Argenson, t. III, p. 45.
[39] Idem, t. II, p. 181, 254, 255. Voir (p. 157) l’histoire du papier déchiré et la remarque de Fleury : Ce sont de petits enfantillages du roi ! et (p. 181) l’histoire des serrures changées et du cardinal fouillant dans la serrure, en disant à son valet de chambre : Cette clé n’ouvre pas ; ouvrez donc, Barjac !
[40] D’Argenson, t. II, p. 394.
[41] Voir sur son humeur, ses prétentions, son attitude souvent irrespectueuse, le duc de Luynes et d’Argenson.
[42] D’Argenson, t. II, p. 280.
[43] Le duc de Luynes, t. II, p. 431, 445 et suiv. ; t. III, p. 2 et suiv., 41, 43, etc.
[44] Voir d’Argenson, t. III, p. 391, 393, 397. Cf. t. IV, p. 37.
[45] Voir les Mém. du duc de Luynes, t. III, p. 74, 87, 95 et passim. Le roi appelait aussi par excellence la société les personnes suivantes : Mademoiselle, Mlle de Clermont, Mmes de Ruffec, d’Estrées, de Mailly, de Chalais, de Talleyrand et de Ségur (id., ibid., p. 69).
[46] Voir les Mém. du duc de Luynes, t. II, p. 395.
[47] Voir les Mém. du duc de Luynes, t. II, p. 373.
[48] Voir t. III, p. 161, cf. t. Il, p. 373. Mme de Mailly a avancé l’autre jour devant le roi qu’il n’y avait point d’enfer, que c’était un conte de bonne femme.
[49] Le duc de Luynes rapporte pourtant une anecdote qui montre que le roi ne s’aveuglait pas à l’égard de celles qu’il aimait, et leur disait même à l’occasion de dures vérités (t. III, p. 458).
[50] D’Argenson, t. III, p. 405.
[51] Le duc de Luynes, t. III, p. 482.
[52] D’Argenson, t. III, p. 40, cf. p. 423.
[53] Le duc de Luynes, t. IV, p. 116.