GRANDEUR ET DÉCADENCE DE ROME

 

TOME I. — LA CONQUÊTE

CHAPITRE X. — LA CONQUÊTE DE L'ARMÉNIE ET LES DETTES DE L'ITALIE.

 

 

A Rome cependant l'année 70 avait mal fini pour le parti populaire. Pompée avait été tellement surpris, déconcerté, exaspéré par les intrigues de Crassus, qu'il avait renoncé à son dessein de remplacer Lucullus et déclaré qu'il rentrerait après son consulat dans la vie privée[1], sans accepter aucune autre province. Crassus, très content d'avoir déjoué les calculs de Pompée, était resté lui aussi à Rome, renonçant à avoir une province qui lui aurait rapporté beaucoup moins que ses spéculations. Les conservateurs, un peu rassurés par l'insuccès de Pompée et par les magistratures dont ils s'étaient emparés, se remettaient de leurs alarmes de l'année précédente. D'ailleurs l'empire était tranquille depuis la défaite de Mithridate. La seule guerre à faire pour le moment était celle contre les pirates de Crète qui, après la défaite de Mithridate, avaient en vain envoyé des ambassadeurs à Rome pour demander à faire la paix[2].

Lucullus seul ne prenait aucun repos. Au printemps de l'armée 69 il entreprenait la conquête de l'Arménie avec deux légions et quelques troupes d'auxiliaires asiatiques, galates et thraces, à peine vingt mille hommes en tout[3], et n'ayant que des informations très vagues sur ce pays, où Mithridate et Tigrane, devenus amis à la suite des intimations de Lucullus, préparaient contre lui une forte armée. Si, en faisant la conquête du Pont, Lucullus avait interprété d'une façon très large les ordres du Sénat, en envahissant l'Arménie, il inaugurait définitivement à ses propres risques la politique de l'initiative personnelle des généraux. Ne s'arrêtant jamais que la nuit, ne laissant prendre aucun repos à son armée, il descendit rapidement jusqu'à l'Euphrate, par la grande route des caravanes qui traversait la Mélitène ; il passa l'Euphrate, marcha sur Tigranocerte, et repoussa avec tant de violence l'armée du général Mitrobarzane, que Tigrane, épouvanté, se retira précipitamment au nord de l'Arménie, laissant à Tigranocerte un général avec ses trésors et son harem[4]. Lucullus mit le siège devant Tigranocerte ; mais bientôt Tigrane, qui avait une armée de quatre-vingt mille hommes[5], remis de son effroi, revint sur sa décision, comme l'avait prévu[6] Lucullus, et pris d'un accès d'impatience se porta au secours de la ville sans même attendre Mithridate, qui était en route avec de gros corps de cavalerie. Lucullus alors laissa six mille soldats dans les tranchées sous le commandement de Muréna[7], et avec environ quatorze mille hommes, cavaliers et fantassins, il alla au-devant de l'armée qui venait pour la délivrance. Quand les deux armées s'aperçurent sur les deux bords du Tigre, Tigrane et son état-major, à l'exception de quelques généraux qui connaissaient mieux les Romains, pensèrent que l'ennemi allait se retirer devant une armée cinq fois plus nombreuse. Mais Lucullus, que les victoires avaient rendu encore plus hardi, n'hésita pas ; un matin il passa le Tigre à gué et lança sa petite armée sur les Arméniens, comme une meute de mâtins sur un énorme troupeau de moutons. L'armée arménienne fut mise en déroute ; et le roi ne se sauva qu'avec une faible escorte. Débarrassé de Tigrane, Lucullus revint au siège de Tigranocerte, dont il ne tarda pas à s'emparer. Et alors, dans la joie d'un si grand succès, cet homme violent et inégal s'abandonna soudain à ses instincts généreux, étouffés jusqu'alors par son irritabilité, son impatience et l'ex-tréma tension de son esprit ; il voulut montrer par des actes d'éclatante générosité son admiration respectueuse pour l'hellénisme ; il ordonna que les femmes et les propriétés des Grecs fussent respectées ; il renvoya dans leur patrie les habitants des villes grecques et les barbares que Tigrane avait déportés pour peupler la ville ; il reconnut cette fois que les légions avaient droit de toucher une partie des huit mille talents (environ quarante-huit millions) qu'il trouva dans le Trésor royal, des seize autres millions qu'il tira de la vente des objets saisis. Chaque soldat reçut, agréable surprise après tant de rigueurs, un présent de huit cent drachmes[8]. Les anciens tributaires de Tigrane qui se rendirent à Lucullus furent traités avec douceur ; Antiochus l'Asiatique fut reconnu roi de Syrie ; l'armée fut ramenée, pour y prendre ses quartiers d'hiver, dans la Gordienne. Dans ce doux pays, pendant l'hiver, Lucullus, maitre désormais des provinces arméniennes au sud du Tigre, médita une entreprise encore plus grande pour l'année suivante ; recommencer l'aventure d'Alexandre le Grand, envahir la Perse, conquérir l'empire des Parthes. Il avait déjà envoyé à leur roi un ambassadeur pour le détourner de l'alliance avec Tigrane.

Le sénateur qui, à. Rome, avait obtenu à grand' peine et par les intrigues d'une belle courtisane le commandement d'une petite province et qui avait débarqué en Asie avec une petite armée ramassée à la hâte, était maintenant devenu en Orient, au bout de six ans et avec ses quelques légions, l'émule, d'Alexandre le Grand. Audacieux, infatigable, sûr de lui-même, sans hésitation, agissant toujours à sa fantaisie et comme si le Sénat n'existait plus, il ne reculait plus devant aucun obstacle, ni devant les plaines immenses, ni devant les montagnes couvertes de neige, ni devant des armées cinq fois plus nombreuses que la sienne, ni devant des forteresses imprenables ; il marchait toujours en avant, partant après chaque succès pour une nouvelle entreprise plus lointaine, comme s'il ne pouvait jamais voir la limite dernière de son ambition ; pillant partout d'immenses trésors ; se plaisant à jouer le rôle de grand protecteur de l'hellénisme à sa façon, par une capricieuse extravagance de générosités sans exemple dans l'histoire militaire de Rome. Alors que les populations superstitieuses de l'Orient l'adoraient presque comme une apparition divine, l'Italie n'aurait-elle pas dû au moins l'admirer comme le créateur de la nouvelle politique depuis si longtemps désirée ? Malheureusement l'Italie commençait à être agitée par une crise sociale et économique qui devait peu à peu troubler profondément l'esprit public et ses jugements sur les hommes et les événements. L'or et l'argent affluaient en Italie. Aux trésors déjà accumulés par les générations précédentes s'ajoutaient de nouveaux trésors acquis par la force des armes ou de l'argent déjà possédé ; les capitaux que Marcus Lucullus avait rapportés du sac des villages thraces ou des villes grecques de la mer Noire ; ceux qu'envoyait son frère Lucius ; les intérêts des capitaux prêtés à usure ou utilisés dans différentes parties de l'empire ; le butin personnel qu'avaient apporté en revenant de la guerre les soldats et les officiers ; les tributs payés à l'État. La république avait alors un budget annuel de 50 millions de drachmes[9] qui, si l'on suppose entre la valeur de l'or et celle de l'argent le rapport de 1 à 15 que nous avions en Europe avant la dernière baisse du métal blanc, correspondraient à une somme de 38 à 39 millions de francs, dont la majeure partie venait des provinces[10]. Mais les besoins d'argent croissaient encore plus vite. Il fallait de l'argent, et toujours davantage, pour acheter dans tout l'empire le blé nécessaire pour nourrir Rome. Il fallait de l'argent pour préparer les guerres, pour payer et entretenir les armées d'Espagne, de Macédoine, de la Gaule narbonnaise. Il fallait de l'argent pour prêter aux particuliers, aux villes, aux souverains étrangers. Il fallait de l'argent pour satisfaire le goût du luxe qui croissait et se répandait partout. Il fallait enfin de l'argent, beaucoup d'argent pour les spéculations dont la fureur devenait contagieuse et qui absorbaient maintenant toute l'Italie. En peu d'années le mouvement d'affaires commencé avec le rétablissement de l'ordre avait acquis une vitesse vertigineuse. Hommes et femmes, nobles et plébéiens, riches capitalistes et propriétaires des petites villes, modestes marchands, artisans, affranchis, tous, enfiévrés par des espoirs ardents et trompeurs, se disputaient la terre d'Italie, la vendaient, la rachetaient dans une manie de rapides et continuelles spéculations agraires qui était le résultat de trois grands faits ; la loi de Spurius Thorius qui, en convertissant en propriétés privées une grande partie du sol, avait augmenté l'étendue des terres à vendre et à acheter ; l'esprit mercantile qui croissait depuis un siècle et demi, et enfin le droit de cité qui avait conféré à tous les Italiens les privilèges des citoyens romains. Tous les Italiens, désormais. n'ayant besoin pour cela que de la présence de sept citoyens romains, pouvaient, au moyen de la mancipatio, acheter et vendre des terres d'Italie, et même faire ce marché de loin, achetant à la mesure comme on fait pour le blé, et non pas telle propriété avec telles limites, mais tant d'arpents de terre dans une région[11]. Bien des gens achetaient et vendaient rapidement des terres comme cela se fait maintenant en Australie, en spéculant sur la hausse ou la baisse des prix. D'autres achetaient des esclaves capables de faire de bons agriculteurs, et plantaient de la vigne, des oliviers, des arbres à fruits pour faire concurrence à l'Orient. Mais comme la plupart ne possédaient pas de capitaux suffisants et que l'institution grecque des hypothèques, récemment introduite, rendait les opérations de crédit plus faciles, on ne tarda pas à en abuser. Celui qui avait acheté un champ l'hypothéquait pour acheter des esclaves et planter de la vigne. Celui qui possédait un terrain en ville l'hypothéquait pour pouvoir y construire une maison. D'autres hypothéquaient leurs terres pour prêter de l'argent dans les provinces, en Asie ou en Afrique, à des particuliers, à des villes, à des souverains, espérant que ce placement leur rapporterait davantage[12]. On ne s'inquiétait guère de ce que l'argent, étant si recherché, coûtât fort cher. Après avoir contracté à la légère une première dette pour améliorer les cultures, pour bâtir une maison, pour faire du luxe, on en faisait bientôt de nouvelles pour payer les intérêts trop élevés de la première ; on s'embarrassait de plus en plus, toujours dans l'espoir de pouvoir un jour rembourser tout, et on risquait au contraire de tout perdre[13]. Beaucoup de gens commençaient à se trouver en Italie dans cette situation difficile[14]. Au contraire ceux qui possédaient des capitaux et qui savaient bien les employer s'enrichissaient réellement ; et personne ne s'enrichissait plus vite que Crassus qui ; avec une ténacité infatigable, travaillait à grossir sa fortune et sa puissance. Il n'achetait pas, comme tant de gens imprudents, des terrains à des prix très élevés dans l'espoir que leur valeur augmenterait encore ; mais il spéculait, au contraire, sur les spéculateurs téméraires qui manquaient de capitaux. Il achetait un grand nombre d'esclaves en Orient, choisissant avec soin ceux qui s'entendaient à l'art de bâtir, ingénieurs, architectes, maitres maçons ; il avait monté chez lui une sorte d'école pour apprendre cet art aux jeunes esclaves ; et il les louait ensuite aux petits constructeurs de maisons trop pauvres pour acheter à leurs frais des esclaves si chers. Les incendies très fréquents à lime, où beaucoup de maisons étaient en bois, et où les édiles négligeaient d'organiser un service pour les éteindre, lui avaient suggéré l'idée d'une autre spéculation très ingénieuse ; il avait formé parmi ses esclaves une escouade de pompiers et il avait disposé des vigies dans tous les quartiers de Rome ; dès qu'un incendie se déclarait, la vigie courait avertir l'escouade ; celle-ci arrivait, mais accompagnée d'un homme d'affaires de Crassus qui achetait presque pour rien la maison incendiée et souvent aussi les maisons voisines que le feu menaçait ; puis, le marché conclu, il faisait éteindre le feu et reconstruire la maison. C'est de cette façon qu'il acquérait à peu de frais beaucoup de maisons et devenait un des plus grands propriétaires de Rome en terrains et en maisons, qu'il échangeait ensuite, vendait, rachetait de différentes façons[15]. Un des plus riches, sinon le plus riche de Rome, ce grand manieur de millions, à mesure que la pénurie de l'argent augmentait, dominait Rome, le Sénat, les comices, à la tête de son armée de comptables, d'administrateurs, de secrétaires, à l'aide de ses livres de comptes où figuraient les noms des fermiers, des marchands, des constructeurs à qui il avait loué des esclaves, des innombrables locataires de ses maisons, des sénateurs qui lui avaient emprunté de l'argent.

Cette gêne croissante et ces soucis d'argent faisaient naître une crise au milieu de laquelle le mouvement populaire s'aigrissait et, de politique qu'il était, devenait social. Il en est toujours ainsi dans les démocraties où peu de citoyens sont riches et où le plus grand nombre vit dans la gêne. Personne ne se préoccupait plus de continuer les réformes démocratiques de la constitution commencées en 70 ; cette question qui avait passionné pendant dix ans l'Italie n'intéressait plus l'opinion publique trop capricieuse ; et le parti populaire semblait retombé dans la désorganisation et la faiblesse d'autrefois, sans programme et sans chefs. Crassus était de nouveau rentré dans les rangs des conservateurs et travaillait partout avec eux, par haine contre Pompée ; Pompée se montrait peu en public, ne descendait presque jamais au forum pour y plaider, et n'admettait qu'un petit nombre de gens dans son intimité[16]. Quant à César, n'ayant rien de plus important à faire dans cette période de trêve, il s'amusait, faisait des dettes en profitant des relations de sa famille avec la haute bourgeoisie capitaliste, cherchait à se rendre populaire dans la plèbe par ses prodigalités, son adresse, son éloquence, ses manières aimables, et aussi par quelque invention un peu audacieuse, qui pût frapper l'imagination de la foule. Ainsi, sachant que la foule, si démocratique qu'elle soit, s'extasie toujours devant les descendances illustres, il ne se contentait plus d'être le neveu de Marius ; il prétendait avoir pour ancêtres du côté de son père le roi Ancus Martius et du côté de sa mère Vénus elle-même. C'était une activité bien mesquine ; mais pour le moment il n'y avait rien de plus important à faire.

Cependant cette tranquillité n'était qu'apparente. Si Pompée faisait mine d'être dégoûté de la politique, sa retraite et son silence n'étaient que des moyens pour se faire regretter. Il voulait prendre sa revanche sur Crassus et sur le parti conservateur ; se faire envoyer, par n'importe quel moyen, à la place de Lucullus en Orient ; et puisqu'il ne pouvait rien espérer du Sénat, trop dominé par Crassus, il préparait en cachette une agitation populaire qui obligerait le Sénat à retirer à Lucullus son poste pour le lui donner. Cette agitation commença en 69 par une adroite campagne contre Lucullus, faite à Rome dans toutes les classes sociales. Il est probable que Pompée soutint de toute son influence les réclamations avancées par les riches publicains contre les réformes introduites en Asie par Lucullus ; qu'il tâcha de gagner à sa cause l'appui de la haute finance en promettant d'abolir tout ce que le vainqueur de Mithridate avait fait. Il est certain que ce fut lui qui inspira la campagne commencée dès ce moment contre Lucullus par les tribuns de la plèbe, qui cherchaient à exciter contre lui les préjugés et les rancunes antiplotoucratiques, dont la masse est toujours animée aux époques de crise et de gêne. Ces tribuns répétaient que, au moment où tout le monde en Italie était dans la gêne, quelques privilégiés s'appropriaient des parts énormes de ce butin qui appartenait à l'État, c'est-à-dire à tous[17] ; ils attaquaient avec une violence particulière Lucullus qui faisait alors la guerre la plus lucrative de toutes. Si certains citoyens riches et éminents, pour lui témoigner leur admiration, lui laissaient souvent en mourant des legs et des héritages[18], la foule pauvre et ignorante ajoutait foi aux bruits malveillants que l'on faisait courir au sujet des trésors qu'il envoyait en Italie. On allait jusqu'à prendre en pitié les rois d'Arménie et d'Orient que, disait-on, il dépouillait pour son propre compte, au lieu de faire la guerre et d'exécuter les ordres du Sénat. On trouvait aussi que son commandement en Orient avait déjà duré trop longtemps[19]. Après la bataille de Tigranocerte il fut même accusé par la rumeur publique de n'avoir pas poursuivi Tigrane, simplement pour prolonger la guerre et pour continuer son pillage[20]. On reprochait presque au Sénat de ne pas l'arrêter sur sa route de victoires.

Lucullus, au fond de l'Asie, prêtait à peine attention à ces murmures qui n'eussent peut-être pas eu grande portée si derrière les tribunes ne se fussent cachés les riches publicains et Pompée. Mais ceux-ci étaient puissants et ils le devenaient plus encore quand ils étaient, comme alors, appuyés par l'opinion publique. Au cours de l'an 69, bien que Lucullus fût fortement soutenu au Sénat par Crassus et le parti conservateur, le Sénat se vit forcé par l'opinion publique et les intrigues des financiers à faire quelque chose. Cherchant à nuire le moins possible à Lucullus et à satisfaire, sur le point essentiel, les financiers qui étaient les alliés les plus puissants de Pompée, il se contenta d'enlever à Lucullus, pour l'an 68, le gouvernement de l'Asie, qui fut rendu à un propréteur[21]. Mais peu de temps après, Pompée trouva des alliés sur lesquels il ne comptait guère, dans les soldats mêmes de Lucullus. Les légions que celui-ci avait laissées dans le Pont se refusèrent à partir quand Sornatius, leur légat, reçut l'ordre de rejoindre Lucullus pour envahir la Perse avec lui au printemps de 68 et pour marcher sur Ctésiphonte[22].

Sa rigueur démodée avait poussé à bout de patience les soldats qui ne voulaient plus être traités par leur chef comme les légionnaires des guerres puniques. En effet, l'exemple fut contagieux ; les milices mêmes que Lucullus avait dans la Gordienne ne se montrèrent pas non plus disposées à s'aventurer en Perse ; et Lucullus, malgré sa sévérité habituelle, fut obligé cette fois de céder. Il renonça à son plan et songea à envahir l'Arménie au printemps de 68, sans se douter qu'ils allaient être pris, lui et son armée, dans le filet invisible d'intrigues qui s'ourdissaient à Rome dans la maison de Pompée. Dès que cette révolte eut fait comprendre à Pompée combien les légions étaient mécontentes de Lucullus, cet ambitieux sans scrupules conçut un plan terrible ; provoquer le rappel de Lucullus, en rendant impossible la prolongation de ses pouvoirs par une révolte générale de son armée.

 

 

 



[1] VELLEIUS, II, 31.

[2] APPIEN, Sic., VI, 1.

[3] Voyez la critique judicieuse que fait REINACH, M. E., 358, n. 1, des chiffres donnés par PLUTARQUE, Luc., 24, et APPIEN, Mith., 81.

[4] PLUTARQUE, Luc., 24, 25.

[5] REINACH, M. E., 360 a raison de prendre parmi les différents chiffres celui de MEMNON, c. 57, qui est le moins élevé.

[6] PLUTARQUE, Luc., 26.

[7] PLUTARQUE, Luc., 27.

[8] STRABON, XI, XIV, 15 (532) ; PLUTARQUE, Luc., 29 ; REINACH, M. E., 363.

[9] PLUTARQUE, Pompée, 45.

[10] Le rapport cependant semble avoir été plus favorable à l'argent. Il devait être ordinairement de 1 à 12. La somme correspondante serait par conséquent plus grande. Il faudrait aussi tenir compte de la valeur plus grande qu'avaient alors les métaux précieux, chose très difficile ; mais, même si l'on quadruple la valeur de cette somme qui deviendrait 160 millions de notre monnaie actuelle, on voit que le budget du plus grand empire de l'antiquité était inférieur à celui d'un riche petit État européen comme la Suisse, la Belgique, la Hollande. Cela peut donner une idée de la pauvreté du monde antique en comparaison du monde moderne.

[11] WEBER, R. A. G., 98 et suiv.

[12] CICÉRON, pro Sul., 20.

[13] Voyez le passage très important de Cicéron dans les Catilinaires, II, VIII, 18 où il décrit admirablement les conditions économiques des campagnes d'Italie et le grand nombre de propriétaires endettés. Nous savons qu'a cette époque les nouvelles méthodes de culture faisaient fureur en Italie, et vraisemblablement une grande partie de ces dettes venaient de l'empresse-nient où l'on était de les expérimenter. Le discours fut prononcé en 63 ; on peut donc supposer que vers l'année 68, dont il est ici question, on avait déjà commencé à faire des dettes.

[14] Voyez dans PLUTARQUE, Crassus, 2, l'intéressante opinion de Crassus sur les spéculations des terrains et des maisons à Rome.

[15] PLUTARQUE, Crassus, 2.

[16] PLUTARQUE, Pompée, 23.

[17] Voy. CICÉRON, De leg. agr., 1, 4, 12 ; 2, 22, 59.

[18] CICÉRON, Pro Flac., 34, 85.

[19] PLUTARQUE, Luc., 24 et 33.

[20] DION CASSIUS, 36, 330 fr. 2 (Gros).

[21] Nous disons en 68 ; ce n'est qu'une supposition, mais qui nous parait plus vraisemblable que celle de REINACH, M. E., 374, qui veut que ce soit en 69. En effet selon DION, XXXVI, 330, fr. 2 (Gros), ce fut après la bataille de Tigranocerte que l'autorité de Lucullus fut ainsi diminuée. Elle le fut encore l'année suivante quand on nomma Q. Martius Rex gouverneur de la Cilicie. Lucullus aurait été ainsi dépossédé par degrés, comme il est naturel pour un personnage aussi puissant.

[22] REINACH, M. E., 366.