GRANDEUR ET DÉCADENCE DE ROME

 

TOME I. — LA CONQUÊTE

CHAPITRE IX. — LE NOUVEAU PARTI POPULAIRE.

 

 

Pendant que Lucullus luttait en Asie, le parti conservateur continuait à perdre du terrain en Italie. Les succès de son général en Orient n'amélioraient nullement sa situation, car tout le monde comprenait qu'on en était redevable à l'initiative personnelle de Lucullus, et non à la politique du Sénat. Même dans la noblesse, les esprits penchaient vers les idées de réforme démocratique ; et un des jeunes hommes les plus actifs et les plus célèbres du parti conservateur se préparait à déserter sa cause et à se ranger parmi les adversaires de la constitution de Sylla. Dans la seconde moitié de l'an 71, quand il revint de la guerre d'Espagne à Rome, Pompée n'était plus, comme à son départ, le jeune favori de Sylla, à qui tout le monde prédisait un brillant avenir. Après ses victoires sur Sertorius, dont l'importance avait été exagérée et qui lui avaient acquis une si grande popularité dans toute l'Italie, il était devenu à trente-six ans un des grands personnages de la république ; qui pouvait marcher de pair avec les hommes les plus influents et les plus respectés, bien qu'il n'eût exercé aucune charge et qu'il ne fût pas même sénateur. Aucun homme de la nouvelle génération, pas même Crassus, n'avait eu plus de chance que lui. Néanmoins Pompée comprenait que tant de privilèges lui attiraient trop de haines ; et il revenait d'Espagne résolu à régulariser sa situation, se portant enfin candidat, comme tout le monde, à une magistrature. Malheureusement il est parfois aussi difficile de sortir d'une situation exceptionnelle qu'il l'a été de la créer ; et Pompée, après avoir commandé des armées comme proconsul et avoir reçu le titre d'imperator, ne pouvait recommencer sa carrière par la questure et l'édilité, comme l'auraient voulu les lois. Il s'était donc décidé à viser du premier coup à la magistrature la plus haute, à poser sa candidature au consulat pour l'armée 70 et à rentrer dans les rangs par une irrégularité plus grande que toutes les autres, car il n'avait ni l'âge ni aucune des autres conditions requises pour être consul. Le moment était bon ; mais les difficultés étaient nombreuses et les moyens employés jusqu'alors pour obtenir tant d'honneurs extraordinaires n'auraient plus suffi. Il ne pouvait douter que le parti conservateur, où tant de monde enviait sa carrière exceptionnelle et qui avait cherché à le faire échouer là-bas dans la guerre d'Espagne, en lui refusant les moyens de la continuer, s'opposerait de toutes ses forces à sa candidature. D'autre part la situation de Pompée et celle de son parti avaient changé beaucoup pendant les années où il avait combattu en Espagne. Pompée avait grandi autant que le parti conservateur avait baissé ; il était maintenant avec Crassus l'homme du jour, le général le plus populaire, et tout le monde au contraire se plaignait du parti conservateur et de la constitution de Sylla, protestait qu'il fallait en finir avec un gouvernement si faible, si inepte, si corrompu. Ambitieux, sans scrupules et sans principes, sûr de lui-même après tant de succès, plein de rancune contre son parti, Pompée comprit qu'il n'avait plus rien à espérer de la réaction ; il ne douta pas un instant qu'il deviendrait l'homme le plus populaire de l'Italie et qu'il ferait triompher l'opposition, s'il se mettait à la tète du parti démocratique ; il prit plaisir à se venger par ces représailles de ses anciens amis qui avaient cherché à le trahir pendant la guerre. Il fit donc des avances aux tribuns du peuple, leur promettant de rétablir la puissance tribunitienne s'il était élu consul. Naturellement ces avances furent accueillies avec enthousiasme par le parti populaire, qui manquait de chefs illustres ; on trouva qu'un homme si remarquable par sa naissance, par son passé, par sa situation sociale, par sa popularité, valait bien le sacrifice de quelques souvenirs terribles ; on oublia le rôle que Pompée avait joué dans la guerre civile et ses fureurs réactionnaires d'autrefois. En peu de jours l'ami de Sylla, l'homme qui avait tué Junius Brutus et étouffé dans le sang la révolte de Lépide, devint le chef admiré du parti populaire et son candidat au consulat.

Toutefois il est probable que Pompée ne serait pas arrivé facilement à se faire élire consul s'il n'avait eu pour cela une chance bien bizarre. Crassus, dont la vieille rancune avait été exaspérée par l'intervention de Pompée dans la guerre contre les esclaves[1], voulut être consul, lui aussi, quand il fut informé de la candidature de Pompée. Mais la candidature de Crassus, bien que moins irrégulière que celle de Pompée, n'était pas non plus tout à fait régulière, de sorte que les deux généraux, tout en se détestant réciproquement, comprirent qu'il leur était nécessaire de s'unir, Pompée pour vaincre, avec l'appui de Crassus, qui était si puissant au Sénat, l'opposition des sénateurs ; Crassus beaucoup moins populaire que Pompée, pour être recommandé au peuple par celui-ci[2]. C'est ce qui arriva. Tous les deux, sous le prétexte d'attendre le triomphe, gardèrent leurs armées sous les armes auprès de Rome ; le Sénat intimidé céda et admit les deux candidatures ; les comices élurent consuls, sans lutte, pour l'année 70, Crassus et Pompée. Celui-ci pria alors son ami Marcus Terentius Varron de composer pour lui un mémoire sur les devoirs du consul, dont il n'avait aucune idée[3].

Les promesses de Pompée et la popularité dont il jouissait déjà dans la classe moyenne donnaient au parti démocratique l'espoir que ce consulat amènerait les réformes si longuement attendues. Mais durant les mois qui s'écoulèrent entre l'élection et la fin de l'année (les consuls entraient en charge au 1er janvier), ces espérances furent troublées par l'hostilité qui continuait entre les deux consuls, malgré leur coalition électorale. Crassus hésitait à suivre son collègue dans sa conversion et à l'aider dans ses projets de réforme. Il craignait probablement que la gloire de ces réformes revînt tout entière à ce collègue si jalousé, qui en avait pris l'initiative, et il était trop conservateur de naissance, par inclination, par intérêt, pour ne pas être inquiet sur les conséquences d'une réforme démocratique. En accomplissant cette réforme, n'allait-on pas saper à sa base toute l'œuvre de Sylla, sa légitimité morale, sa valeur légale ? Or Crassus n'avait pas été seulement un des plus habiles instruments de Sylla ; il avait ainsi acheté des biens de proscrits pour des sommes énormes. Ne pouvant se mettre d'accord, aucun des deux consuls désignés ne congédiait ses légions ; même après être rentré à Rome en célébrant une ovatio, Crassus déclarait qu'il tiendrait son armée sous ses ordres aussi longtemps que Pompée ; Pompée, par représailles, accentuait ses déclarations favorables au parti démocratique. Quand le tribun du peuple Marcus Lollius Palicanus, entre la fin de novembre et le commencement de décembre, lui conduisit hors des murailles, au milieu d'une armée avec laquelle il attendait le triomphe, une grande foule pour entendre son programme consulaire[4], il prononça un discours très hardi. Il dit que depuis trop longtemps on voyait les suffrages vendus au plus offrant dans les tribunaux ; qu'il fallait mettre fin aux abus intolérables des juges et des gouverneurs de provinces ; il fit comprendre qu'il voulait rétablir dans leur intégrité les prérogatives des tribuns. Le succès fut immense. Mais Crassus était encore hésitant, et ce malheureux désaccord des deux consuls pouvait faire échouer tous les projets excellents de Pompée. Des amis s'interposèrent alors ; on provoqua de grandes démonstrations populaires pour demander à Crassus et à Pompée de se réconcilier, si bien que, quand Pompée, le 1er janvier, eut pris possession de sa charge, Crassus fut vaincu par le grand mouvement populaire et se déclara prêt à appuyer la politique de son collègue. La réconciliation eut lieu publiquement, à ce qu'il semble, dans les premiers jours du consulat. Les armées furent aussitôt congédiées[5], et bientôt au milieu de grandes distributions de blé faites par Crassus et de fêtes somptueuses préparées par Pompée, celui-ci commença l'attaque contre la constitution de Sylla, en demandant que l'on rendit aux tribuns les pouvoirs que leur avait enlevés Sylla, spécialement celui de proposer des lois sans l'autorisation du Sénat. Comme il fallait toutefois faire encore approuver par le Sénat cette dernière proposition, on commença une grande agitation populaire pour déplacer la majorité. César, toujours en quête d'occasions de se mettre en évidence, se lança dans la mêlée, et prononça de grands discours dans les assemblées populaires[6] ; Crassus mit habilement en jeu toutes les influences dont il disposait au Sénat.

Encouragées par cette agitation et par la faiblesse désormais évidente du parti conservateur, les rancunes et les haines accumulées depuis longtemps contre la coterie qui avait exploité la réaction de Sylla éclatèrent de toutes parts. Les esprits s'échauffèrent, et tandis que les chefs se contentaient d'attaquer les lois, le peuple voulut une victime. Le hasard la lui livra en la personne d'un certain Caius Verrès, ancien officier du parti populaire dans la révolution, qui, comme Céthégus, avait su sauter à temps hors du bateau qui allait sombrer. Passé ensuite au service du parti conservateur, il avait été élu préteur pour l'année 74 ; puis envoyé comme propréteur en Sicile, où, grâce à l'influence de ses amis de Rome, il avait réussi à rester trois années au lieu d'une seule. Avait-il volé et pillé en Sicile autant que le disaient ses ennemis ? Les méfaits de Caius Verrès n'étaient-ils pas, en partie au moins, une légende exagérée et répandue par la haine politique ? Il est difficile de juger un homme, quand on ne possède que les pièces d'accusation. Quoi qu'il en soit, il est certain que depuis longtemps on se disait à Rome que Verrès commettait des abus innombrables, non seulement au préjudice des Siciliens, mais aussi au préjudice des citoyens romains ; que ces malversations allaient ruiner le plus grand grenier de Rome[7]. Les plaintes étaient même si fortes que son successeur Lucius Metellus, bien que conservateur, était allé en Sicile dans l'intention honnête de réparer les dommages causés par Verrés[8], et que, encouragées par ces dispositions, les villes de Sicile avaient envoyé une députation à Rome pour intenter une accusation.

En tout autre moment cette accusation n'aurait pas eu plus de chance d'aboutir que les autres réclamations faites par les provinces à Rome, après la victoire de Sylla et de la réaction, car trop d'intérêts se coalisaient contre la vérité et la justice dans ces procès, où était en question le droit de piller les provinces, que s'arrogeaient les membres du gouvernement. Ne pouvant jamais trouver un patron influent parmi les conservateurs, forcés de s'adresser au parti démocratique encore si faible pour y trouver des défenseurs sans crédit, les malheureux plaignants en étaient d'ordinaire réduits à lutter contre la puissance formidable de l'esprit de coterie, des complicités cachées, de l'intérêt de classe, sans autre arme que la justice de leur cause, arme toujours faible. Cette fois, au contraire, les députés siciliens étant arrivés à Rome quand l'agitation pour la réforme de la constitution commençait, l'opinion publique se déclara tout de suite en leur faveur ; Pompée et les chefs du parti démocratique, comprenant qu'un grand procès de concussion serait une chose excellente pour fomenter l'agitation contre le parti conservateur, prirent l'affaire sous leur protection, résolus à ne pas la laisser étouffer comme tant d'autres. Si les députés siciliens ne trouvèrent pas pour patron un homme déjà illustre, ils trouvèrent mieux en la personne de -arcus Tullius Cicéron, jeune homme de trente-six ans, très intelligent, très éloquent, libre de toute espèce de lien avec le parti conservateur et qui voulait devenir un très grand personnage.

Né à Arpinum, d'une famille de chevaliers, et peu fortuné, il appartenait à ce que nous appellerions aujourd'hui la bourgeoisie de province ; il avait été élevé dans l'honnête simplicité municipale du bon vieux temps ; il avait reçu une éducation littéraire très soignée et était allé en Grèce suivre des cours de philosophie et d'éloquence. Occupée et remplie par l'étude, sa jeunesse sévère, comme celle des vieux Romains, n'avait pas connu les amusements, les distractions, les débauches, où tant de jeunes hommes de sa génération gaspillaient leur temps et leur fortune. Cependant ce n'étaient pas l'ambition politique, l'espoir de jouer un grand rôle dans la République, qui avaient donné à ce jeune homme la force de faire si bien le dur apprentissage de l'éloquence. Quand, après avoir hérité de son père une fortune médiocre, une terre à Arpinum, une maison à Rome et un peu d'argent, il vint s'établir dans la grande ville, Sylla y était tout puissant, et la réaction aristocratique éloignait de la carrière politique les jeunes hommes issus de famille équestre. Cicéron, qui était un honnête homme et qui avait horreur des violences commises par la coterie de Sylla, dut se persuader bien vite que les portes du pouvoir seraient toujours fermées à un jeune homme comme lui, qui venait d'Arpinum et qui ne voulait servir ni Sylla ni ses bourreaux. Doué de toutes les qualités qui font un artiste, imagination, sensibilité, goût de la beauté, avide aussi de gloire, il avait renoncé sans peine aux rêves de grandeur politique et s'était proposé de devenir un grand avocat, le rival d'Hortensius et des grands orateurs, le prince du forum. Ses débuts avaient été pleins d'éclat. Poussé par son ambition juvénile, par sa haine contre le parti de Sylla, par son indignation contre les violences de la réaction, il avait accepté la défense de plusieurs malheureux persécutés, sous différents prétextes, par des favoris du dictateur. La plus célèbre fut celle de Roscius. Cette audace généreuse et son éloquence vraiment merveilleuse l'avaient bien vite rendu célèbre ; sa célébrité lui avait permis de contracter, vers 77, un très bon mariage avec une femme appartenant à une famille distinguée et riche, Térentia, qui lui apporta en dot 120.000 drachmes (à peu près 120.000 francs.) Elle possédait des maisons à Rome et une forêt près de Tusculum. Fort à son aise, sinon très riche, après ce mariage, Cicéron, qui vivait avec simplicité, avait pu continuer à plaider dans les tribunaux, conservant une noble indépendance vis-à-vis du parti conservateur, et réalisant à la perfection l'idéal ancien de l'avocat qui n'admettait pas que l'assistance légale fût une profession rétribuée, mais la considérait comme un devoir social accompli par les riches gratuitement. Tandis qu'Hortensius et les autres avocats célèbres du parti conservateur se faisaient payer des sommes énormes, spécialement quand ils défendaient les gouverneurs accusés de concussion, et prenaient volontiers leur part de ces pillages, personne n'avait jusqu'alors plus strictement observé la lex Cincia, qui défendait aux avocats d'accepter des honoraires de leurs clients. Son honnêteté, son indifférence pour l'argent, la simplicité de sa vie, la courageuse indépendance du parti conservateur, ajoutées à son grand talent et à son éloquence, avaient attiré sur lui tous les regards et de grandes sympathies, non seulement dans le parti démocratique, mais dans toutes les classes sociales, de sorte que, bien qu'il eût peu de fortune et peu d'ambition politique, il avait été déjà élu questeur, sans difficulté, sans lutte et sans dépense[9].

Cicéron accepta la défense des Siciliens avec enthousiasme. Dès le mois de janvier, à ce qu'il semble, il réussit à faire rejeter par le préteur Mafflus Acilius Glabrion une accusation analogue à celle portée contre Verrès et que dirigeait contre lui Quintus Cecilius, son ancien questeur ; on ne sait d'ailleurs si cette accusation était sérieuse ou si elle était portée d'accord avec Verrès. Puis, s'étant fait assigner un délai de cent dix jours pour recueillir les preuves, il partit pour la Sicile.

Cependant le parti conservateur n'avait pas pu résister aux attaques de Pompée. Quand la proposition sur les pouvoirs des tribuns fut discutée au Sénat, un petit nombre de gens seulement osèrent s'y opposer. Ce furent Marcus Lepidus, Marcus Lucullus, Catulus, qui reconnut cependant que la proposition de Pompée pouvait sembler justifiée par la corruption des tribunaux sénatoriaux[10]. La majorité approuva[11]. C'est là une preuve décisive que l'opposition au gouvernement aristocratique s'était, après dix années de scandales et de luttes, répandue dans toutes les classes et même dans une partie de la noblesse, la meilleure et la pire à la fois, la plus jeune, la plus énergique et la plus intelligente, la plus ambitieuse et la plus corrompue. La vieille société aristocratique et agricole s'était changée en une société mercantile et ploutocratique ; il ne restait de l'aristocratie historique de Rome qu'un certain nombre de familles, presque toutes pauvres[12] ; les classes élevées n'étaient plus composées des nobles seulement ; mais aussi des riches chevaliers, des hommes d'un grand talent, quoique d'humble origine ; comme Cicéron, enfin des hommes les plus habiles et les plus audacieux dans la lutte universelle pour la richesse, la culture et le pouvoir. E y avait encore, il est vrai, quelques familles anciennes conservant les idées et les sentiments qui survivent dans toutes les aristocraties à leur ruine politique, et que la réaction de Sylla avait réveillés ; la haine des classes nouvelles, le mépris de l'époque présente considérée comme vulgaire et corrompue, le préjugé du principe d'autorité et par suite l'horreur de tout désordre politique, qu'il soit insensé et criminel ou nécessaire au progrès. Ces gens-là. ne pouvaient se faire à l'idée que le fils du paysan de Velletri ou d'Arpinum devenu riche à millions grâce à l'usure, rivalisât de richesse avec eux et prétendit partager avec eux les magistratures ; qu'une foule d'avocats obscurs et de tribuns venus d'en bas pût lancer des accusations contre les patriciens que le peuple du bon vieux temps vénérait comme des demi-dieux ; que les cordonniers, les artisans, les petits marchands en détail, les affranchis de Rome osassent les siffler au forum, leur refuser leurs voix aux élections ; que l'on ne respectât plus rien, ni la naissance, ni la fortune, ni la sagesse. Beaucoup de nobles, au contraire, comprenaient que l'on ne pouvait plus traiter la classe moyenne et les chevaliers, devenus si puissants, comme on l'avait fait deux siècles auparavant ; que l'esprit des temps était changé ; qu'il fallait donner satisfaction aux aspirations nouvelles ; et par intérêt, par conviction philosophique, par ambition, ils s'adaptaient à ce régime social où, malgré toutes les protestations, l'intelligence et la richesse l'emportaient sur la noblesse de race. Du reste s'adapter aux transformations démocratiques des mœurs et des institutions, c'était le plus sûr moyen de conserver la puissance sociale de la noblesse. La centralisation des fonctions politiques à Rome, les affaires, le manque de traditions et de célébrité, les souvenirs terribles de la révolution et de la réaction écartaient de la politique presque tout l'ordre équestre et la classe moyenne ; de sorte que, sans recourir aux grandes familles nobles non encore disparues, on n'aurait pas trouvé ce qu'il fallait de magistrats de toute sorte pour gouverner l'empire. Si la noblesse ne s'entêtait pas dans des prétentions absurdes et surannées, elle pourrait continuer à se partager presque tous les emplois de l'État.

Après ce premier succès, l'œuvre de Sylla fut attaquée de toutes parts. Le tribun Plotius, secondé par César, fit approuver une amnistie pour tous les survivants des guerres civiles, les guerres de Lépide et de Sertorius y compris[13]. La censure, suspendue depuis dix-sept ans, fut rétablie et les censeurs Lucius Gellius et Cneus Lentulus, en avril ou en mai, débarrassèrent le Sénat de beaucoup d'amis de Sylla, chassant entre autres ce Caius Antonius Ibrida contre qui César avait inutilement porté plainte en 77. Lucius Aurelius Cotta, noble à l'esprit démocratique, proposa de rendre le pouvoir judiciaire aux chevaliers ; ils étaient presque tous riches et on ne pourrait plus les corrompre[14]. Mais les choses se compliquèrent ; et la réforme judiciaire se heurta à une opposition beaucoup plus grande que les autres. Cette loi, proposée quand tout le public prenait si vivement parti pour les accusateurs siciliens contre Verrès, mit l'alarme au camp des conservateurs. Les tribuns avaient recouvré leurs anciennes prérogatives, et il suffisait d'accuser un homme puissant pour que tout le monde le condamnât sans appel. Allait-on alors donner le pouvoir de juger les sénateurs à leurs vieux ennemis, aux chevaliers ? Tous les gouverneurs des provinces allaient-ils être à la merci de leurs sujets ? Des députations viendraient chaque année de toutes les provinces réclamer justice à Rome, et les tribunaux, sous la pression de l'opinion publique, condamneraient sans relâche ! Les bonnes résolutions et la belle morale de tous les partis et de toutes les classes ne durent ordinairement qu'autant que l'on peut avec elles conserver le pouvoir. Bien des conservateurs admettaient depuis longtemps qu'il était nécessaire d'améliorer la justice et de réprimer les abus ; mais ils n'hésitèrent pas, dans la crainte que la justice ne s'exerçât sur eux-mêmes, à rejeter tous les projets de réforme. Non seulement ils cherchèrent à faire échouer la loi judiciaire ; mais ils entreprirent le sauvetage de Verrès, dont le procès et la condamnation devaient jeter tout leur parti dans la honte et le discrédit. On décida de présenter des candidats à toutes les magistratures les plus importantes et d'employer tous les moyens pour les faire réussir ; Quintus Hortensius, le célèbre avocat, et Quintus Metellus seraient les candidats au consulat ; Marcus Metellus, frère de Quintus et de Lucius, gouverneur de la Sicile, allait briguer la préture. Ces candidats et d'autres hommes considérables de l'aristocratie, tels que Caius Scribonius Curion, s'entendirent bientôt avec Verrès. Celui-ci accepta de s'employer pour eux de toutes ses forces pendant les élections. Hortensius se chargea de sa défense ; Quintus et Marcus Metellus écrivirent à leur frère Lucius pour qu'il fit disparaître les preuves des méfaits de Verrès. S'ils étaient élus, si la loi de Cotta était rejetée, on chercherait à renvoyer le procès à l'année suivante, et alors il serait discuté devant un tribunal de sénateurs présidé peut-être par Marcus Marcellus, et Verrès aurait un consul pour défenseur[15].

Cependant Cicéron, malgré les intrigues de Metellus, put faire son enquête et revenir à l'époque indiquée, c'est-à-dire vers la fin d'avril, avec un dossier bien fourni de documents[16] ; mais il ne put pas discuter immédiatement l'affaire. Il lui fallait attendre la fin d'un autre procès intenté à un gouverneur de Macédoine pour différer, paraît-il, celui de Verrès. C'était du moins dans cette intention que l'on traînait les choses en longueur. Cependant le retard avait plus d'avantages que d'inconvénients pour Cicéron, qui comptait se porter candidat à l'édilité et qui était ainsi plus libre pour s'occuper de son élection. Le procès de Verrès différé, le projet de Cotta arrêté par l'opposition des conservateurs, les forces des deux partis auraient dû se concentrer sur les élections, qui allaient avoir lieu, comme d'habitude, vers le milieu de l'année. Malheureusement, quand Cicéron revint de Sicile, le parti démocratique était menacé d'une crise précoce, peu de mois après sa première victoire, parce que les démêlés entre Crassus et Pompée recommençaient. Les historiens de l'antiquité ne nous renseignent guère sur les motifs et les circonstances de cette discorde qui entraîna de si grands événements ; mais il est probable qu'elle fut amenée par les projets de Pompée. Pompée était le type parfait de l'homme de talent, qui n'a pas l'énergie créatrice du génie, mais qui saisit vite les nouveautés créées par les hommes de génie et qui est habile à en profiter. Si on l'avait envoyé en Orient à la place de Lucullus, il n'aurait très probablement pas osé se lancer dans une aventure aussi périlleuse ; il aurait procédé avec la prudence traditionnelle de tous les généraux romains ; mais à présent, après les succès retentissants de Lucullus, il avait tout de suite compris ce que ces conquêtes montraient aux esprits clairvoyants ; que la politique timide du Sénat en Orient s'accordait mal avec la réalité ; que ces grandes monarchies asiatiques, si imposantes au dehors, étaient très faibles ; que l'on pouvait les soumettre facilement avec une politique un peu énergique en élargissant la domination et l'exploitation financière de l'Italie dans des champs nouveaux et riches ; en donnant aux généraux et aux partis un moyen nouveau d'acquérir de la gloire, des richesses, de l'influence. Il avait donc formé le projet de se faire envoyer en Orient, pour y remplacer Lucullus comme proconsul[17], pour moissonner à son tour ce champ où Lucullus travaillait depuis quatre ans, et pour assurer aussi à son parti la direction et l'exploitation de la nouvelle politique orientale créée par Lucullus, dont l'importance semblait être à peine comprise par les conservateurs. Malheureusement, cette fois encore, Crassus, qui était toujours jaloux de son collègue, se plut à lui barrer le chemin et à lui faire une opposition opiniâtre ; il défendit dans la politique extérieure la cause de Lucullus, qui était celle du parti conservateur, avec un tel acharnement que les deux consuls en vinrent bientôt à se quereller sur tous les points[18]. Une telle discorde ne pouvait qu'être funeste au parti populaire qui se relevait à peine après avoir été si longtemps persécuté, et qui ne possédait pas une organisation aussi solide que celle du parti conservateur, très bien monté encore malgré ses défaites en clientèles, en hommes et en argent. En effet le parti populaire fut tellement paralysé par ces querelles des chefs, qu'il ne fut plus capable de rien faire. Vers le milieu de l'année il laissa Cotta défendre seul sa loi ; aux élections de 69, il laissa élire les candidats conservateurs au consulat et Marcus Metellus à la préture. Verrès, dans l'ivresse de cette victoire et d'accord avec ses protecteurs, songea à intimider par l'entremise d'Hortensius et de Metellus les ambassadeurs siciliens, de façon à les amener à retirer leur accusation et à faire échouer, à force d'argent, la candidature de Cicéron dans l'élection des édiles. La défaite de Cicéron aurait découragé définitivement les Siciliens, que le résultat des élections consulaires inquiétait déjà, et tout aurait été fini en peu de jours[19].

Cependant l'impression que firent ces élections fut si mauvaise que Pompée, les hommes en vue du parti populaire et l'opinion publique furent un peu tirés de leur torpeur. Cicéron, soutenu avec énergie par le parti démocratique, fut élu édite. La loi de Cotta fut enfin approuvée, grâce à un effort plus vigoureux et à quelques concessions habiles. Les juges seraient choisis non pas seulement parmi les chevaliers, mais parmi les sénateurs, les chevaliers et les riches plébéiens[20]. Ou encouragea les Siciliens à tenir ferme et on poussa avec énergie le procès de Verrès, dont la première audience fut fixée au 5 août. On ne parla bientôt plus à Rome et en Italie que du procès imminent ; mais on y pensait comme à un spectacle de gladiateurs où, sous les yeux d'un public avide d'émotions, un jeune avocat d'avenir réclamant la condamnation de Verrès serait aux prises avec le prince des orateurs romains, et où toutes les ressources et tous les pièges de l'éloquence du forum seraient employés de part et d'autre avec une souveraine habileté. Les racontars, les prévisions favorables ou défavorables allaient leur train ; l'un savait que l'on tenterait de corrompre les juges désignés par le sort ; un autre parlait de preuves accablantes trouvées en Sicile, mais que l'on tenait en réserve pour donner le coup de grâce ; les sceptiques affirmaient que, comme tant d'autres rats pris au piège, celui-ci s'échapperait sans même y laisser la queue. Les grands amateurs d'éloquence étaient surtout impatients d'assister au duel oratoire entre Cicéron et Hortensius. Cicéron était un jeune homme très studieux et plein de talent ; mais il lui manquait l'expérience de son adversaire. On se préparait cependant de part et d'autre à la lutte. Cicéron, excité par l'attente universelle, sentait que c'était pour lui une épreuve décisive et, renonçant à lutter de subtilité avec des adversaires aussi habiles et aussi puissants, il comprit qu'il fallait s'appuyer sur l'opinion publique si favorable aux accusateurs, aller sans hésitation au-devant de tout, frapper l'esprit des masses par une suite de révélations extraordinaires et inattendues. Il s'efforçait donc de grouper les témoignages de la façon la plus propre à faire une impression très profonde sur la foule, et préparait pour chaque groupe de témoignages un discours bref mais serré et précis[21]. De leur côté, Verrès et ses amis, encouragés par le succès des élections, cherchaient à circonvenir, à amadouer les témoins ; ils se faisaient envoyer des villes de Sicile des éloges pour Verrès ; ils étudiaient un plan de défense tout plein de ruses pour ralentir les attaques furieuses des accusateurs. On chercherait à tirer les choses en longueur de façon à arriver au 16 août, jour où les audiences seraient suspendues pendant quinze jours pour célébrer les jeux promis par Pompée depuis la guerre contre Sertorius ; puis on continuerait la même manœuvre de façon à ce que le procès fût renvoyé à l'année suivante. Ils espéraient y réussir ; il y avait en effet de fréquentes suspensions des tribunaux pendant les mois qui restaient ; du 4 au 19 septembre pour les jeux romains ; du 26 octobre au 4 novembre pour les jeux de la victoire ; du 4 au 17 novembre pour les ludi plebei[22].

Le matin du 5 août, quand le procès commença, une foule énorme se pressait au forum, autour des bancs disposés pour les juges, les témoins et les parties. Verrès arriva avec Hortensius. Plusieurs grands personnages l'accompagnaient ; sa démarche était assurée, son air audacieux ; il avait pleine confiance dans les ruses longuement méditées avec son avocat. Malheureusement pour lui son affaire n'était pas seulement un procès de concussion ; la politique y était mêlée, et Cicéron s'était mieux rendu compte qu'Hortensius de l'état de l'esprit public. Quand les documents et les témoignages habilement disposés par le jeune accusateur furent connus du public, quand le long supplice enduré par la Sicile fut raconté et exagéré au forum par des témoins indignés, les colères accumulées depuis dix ans dans le public contre Sylla, la réaction et le parti conservateur se déchaînèrent tout à coup. Certains témoignages pathétiques émurent le public jusqu'aux larmes ; d'autres soulevèrent des murmures d'indignation ; d'autres firent pousser des cris de rage. A la fin de chaque audience les révélations faites au procès se répandaient immédiatement dans toute la ville ; déformées, grossies en passant de bouche en bouche, elles indignaient tout le monde ; et le jour suivant une foule plus grande encore se pressait sur le forum, essayait d'entendre les terribles récits, criait et s'indignait, même sans rien entendre quand elle voyait les gens les plus voisins du tribunal crier ou s'indigner. Un jour un témoin raconta que Verrès avait fait crucifier un citoyen romain qui avait en vain crié Civis romanus sum. Ce fut un moment terrible ; la foule devint furieuse, et si le préteur n'avait aussitôt suspendu l'audience, Verrès aurait été écharpé sur le forum. Ce n'était pas un homme qu'on jugeait, mais un parti, un gouvernement, toute une époque que l'on exécutait ; et la conscience publique, si longtemps forcée de se taire, se soulageait à la fin en déchaînant sa fureur sur ce malheureux propréteur livré à sa haine par le hasard, et en lui faisant expier non seulement ses fautes, mais toutes les violences commises par Sylla, par sa coterie, par la réaction. La fureur du peuple fut telle que Verrès et ses amis, qui ne s'y attendaient pas, se sentirent accablés et perdirent courage. Pendant treize jours ils tâchèrent de résister ; mais voyant le public se surexciter chaque jour davantage, le moment vint où ils comprirent que les juges n'oseraient pas acquitter l'accusé. Le quatorzième jour, le procès ayant été suspendu, Verrès, pour sauver une partie de sa fortune, abandonna la lutte et partit de lui-même pour l'exil[23]. Il disparut pour toujours, prenant le chemin solitaire et obscur de l'oubli universel, tandis que Cicéron, devenu désormais un des principaux personnages de Rome, avançait à grands pas sur la longue route ensoleillée de la gloire. Ils ne se doutaient ni l'un ni l'autre, en se tournant le dos pour aller à des destins aussi différents, que les chemins opposés qu'ils prenaient les feraient cependant se rencontrer encore une fois, au bout de vingt-sept ans, sur le bord du même abime.

Tandis que ceci avait lieu en Italie, Lucullus était allé passer l'hiver de 71-70 dans la province d'Asie dont il avait été nommé gouverneur, et qu'il trouva ravagée par les vexations que les financiers italiens faisaient subir aux populations. Lucullus, s'il avait changé sur bien des points, avait conservé de sa jeunesse l'aversion de la noblesse de vieille race pour les hommes de finances. Encouragé par ses succès, il avait cherché, avec son ardeur et son énergie ordinaires, à renouveler la politique de Rutilius Rufus, à prendre des mesures pour arrêter la cupidité des publicains, sans considérer quels puissants ennemis cette politique libérale allait irriter[24]. Il se sentait si fort, si grand, si sûr de lui, et il formait dans son esprit exalté un si vaste dessein ! Ne voulait-il pas envahir et conquérir tout le royaume de Tigrane, roi d'Arménie et gendre de Mithridate, auprès duquel celui-ci était venu chercher un refuge ? Grâce à la faiblesse de la politique romaine pendant les cinquante dernières années, grâce aussi aux derniers événements, la guerre de Bithynie et la conquête du Pont, qui avaient distrait le Sénat romain de tout autre objet, Tigrane avait pu, dans les quinze années précédentes, par les conquêtes, les alliances, les soumissions, élargir son empire dans toutes les directions ; au nord jusqu'au Caucase, où les populations à demi barbares des Albanais et des Ibères l'avaient reconnu pour souverain ; au sud, à l'est, à l'ouest, où il avait conquis presque tout l'empire des Séleucides, les plaines de Cilicie, la Syrie, la Phénicie ; il avait enlevé aux Parthes beaucoup de provinces et reçu la soumission des satrapes de la grande Médie, de la Médie Atropathène, de la Gordienne[25]. Lucullus voulait maintenant étendre sa politique agressive à cet empire même.

L'aigle romaine, petite mais féroce, agitait furieusement les ailes, venant du Pont, pour s'abattre sur l'énorme et somnolent pachyderme. Le général romain, toutefois, avant d'envahir l'Arménie, et pour n'avoir pas d'ennemis à ses trousses, avait voulu faire la conquête définitive du Pont. Tandis qu'il envoyait son beau-frère Appius Claudius demander à Tigrane de lui livrer Mithridate[26], certain d'ailleurs du refus qui serait un prétexte de guerre, il était allé au printemps de 70 achever le siège de Sinope et d'Amasie, qui se rendirent en automne, et auxquelles Lucullus put cette fois épargner une partie au moins des brutalités des soldats, bien que, même dans ces villes, un bon nombre des habitants fussent faits prisonniers[27]. Héraclée, au printemps, avait eu bien plus à souffrir. Le stupide et féroce Cotta l'assiégeait par terre, tandis que Triarius, habile, mais encore plus féroce, l'assiégeait par mer. Quand ils l'eurent prise, ils pillèrent sans merci les maisons et les temples, y prirent l'or et l'argent et tous les meubles précieux ; ils massacrèrent ou réduisirent en esclavage toute la population ; ils enlevèrent même la merveilleuse statue d'Hercule, célèbre sur toutes les côtes de la mer Noire par sa massue habilement ciselée, par la peau de lion, le carquois, les flèches qui étaient en or massif. Puis ils avaient mis le feu à la ville, et tandis que la fumée en montait au ciel, les navire romains avaient quitté le port, si chargés de butin que plusieurs sombrèrent pendant le voyage[28].

Cependant la réponse de Tigrane était arrivée ; il refusait de livrer Mithridate. Poussé, semble-t-il, par ses conseillers, qui redoutaient d'avoir un rival en Mithridate, le roi d'Arménie n'avait pas voulu le recevoir et l'avait pour ainsi dire relégué dans la lointaine résidence d'une de ses forteresses ; mais il n'avait pas voulu céder aux intimations du général romain, craignant de s'abaisser ainsi au rang d'un roi vassal. On avait maintenant un prétexte pour l'invasion, qui devait commencer au printemps de 69.

 

 

 



[1] PLUTARQUE, Pomp., 21 ; Crass., 11.

[2] PLUTARQUE, Pomp., 22 ; Crass., 1.

[3] AULU-GELLE, XIV, 7.

[4] CICÉRON, In Verr., A. I., 15 ; Asc., p. 148 (Orelli).

[5] C'est dans APPIEN, B. C., I, 121, et non dans PLUTARQUE, Pomp., 23 ; Crass., 12, qu'il faut chercher, bien qu'elle y soit exposée trop sommairement, la vérité sur ces dissentiments et cette réconciliation. En effet SUÉTONE, Cæs., 19, affirme, et toute l'histoire de 70 à 60 confirme, que Crassus et Pompée étaient en mauvaise intelligence quand ils quittèrent le consulat.

[6] Voy. SUÉTONE, Cæs., 5.

[7] Voy. la très belle étude de CICCOTTI, Il processo di Verre, Milan, 1895, p. 79 et suiv.

[8] CICÉRON, in Verr., A. II., 25, 62 et suiv.

[9] Voy. l'admirable travail de BOISSIER, Cicéron et ses amis, 1902, p. 9, 83 et suiv.

[10] CICÉRON, In Verr., I, 45 ; ASCON., in CICÉRON, Pro Cornel., p. 79, éd. Orelli.

[11] DRUMANN, G. R., IV, 388.

[12] Comme exemples de familles nobles ruinées à cette époque on peut citer la famille de Marc Antoine, préteur en 75 (DRUMANN, G. R., II, 46) ; la famille d'Appius Claudius Pulcher, consul en 79 et père du célèbre Clodius, d'Appius Cl. P. consul en 54 et de Clodia (DRUMANN, G. R., II, 184 et suiv.) ; de Cneius Pison (SALLUSTE, C. C., 18), de Publius Lentulus Sura (id., 17). Vov. ce que nous avons dit de la famille de César. PLUTARQUE (Cic.,10) parle de la pauvreté de la vieille noblesse romaine à cette époque.

[13] SUÉTONE, Cæs., 5.

[14] CICÉRON, In Verr., A. II, II, 71, 174 ; II, 96, 233. — Voy. LANGE, R. A., III, 193.

[15] CICCOTTI, P. V., 155.

[16] CICCOTTI, P. V.,162.

[17] MOMMSEN, B. G., III, 106.

[18] PLUTARQUE, Pompée, 22.

[19] CICÉRON, In Verr., A. I., 9.

[20] CICÉRON, In Verr., A. II., 5, 69, 178.

[21] CICCOTTI, P. V., 776 et suiv.

[22] CICCOTTI, P. V., 175 et suiv.

[23] CICCOTTI, P. V., 171-194.

[24] PLUTARQUE, Luc., 20.

[25] REINACH, M. E., 310 et suiv. ; STRABON, XI, 14, 15 (532).

[26] PLUTARQUE, Luc., 21.

[27] REINACH, M. E., 356.

[28] MEMNON, 51, 52.