Dans la seconde moitié du cinquième siècle avant Jésus-Christ Rome était encore une république aristocratique de paysans. Elle occupait une superficie d'environ 450 milles carrés[1] et avait une population libre, presque entièrement éparse dans la campagne et divisée en dix-sept districts ou tribus rustiques qui ne devaient pas dépasser 150.000 âmes[2]. La plupart des familles possédaient un petit champ, et pères et enfants habitant ensemble la petite hutte le cultivaient presque entièrement en blé avec un peu de vignes et d'oliviers. Ils faisaient paitre sur les terres publiques avoisinantes quelques tètes de bétail, fabriquaient chez eux les instruments rustiques et les vêtements et ils ne se rendaient que de loin en loin à la ville fortifiée. Là se trouvaient les temples des dieux, le gouvernement de la république, les maisons des riches, les boutiques des artisans et des marchands où l'on échangeait un peu de grain, d'huile et de vin, pour du sel, des instruments agricoles en fer et des armes. On y assistait aux fêtes religieuses ; on y remplissait ses devoirs civiques. Les propriétaires étaient, d'après leur fortune, répartis en cinq classes ; puis chaque classe était divisée en centuries ; chaque propriétaire concourait par son vote à former celui de sa centurie, qui comptait pour un, et ainsi il concourait dans les comices à l'approbation des lois et à l'élection des premiers magistrats de la république. Cependant et bien que toutes les magistratures y fussent électives, Rome était alors une république doublement aristocratique. Les centuries, au fur et à mesure qu'on montait de celles des classes plus pauvres à celles des classes plus riches, contenaient un nombre toujours plus restreint d'électeurs. De plus les hautes magistratures étaient réservées par un privilège héréditaire, à un petit nombre de familles patriciennes qui possédaient des terres plus considérables, des troupeaux plus nombreux et des esclaves. Les fils de sénateurs et les plébéiens des familles libres, suffisamment riches et considérées, faisaient partie d'un ordre spécial, intermédiaire entre la noblesse et la plèbe, celui des chevaliers reconnus par l'État et qui avaient, entre autres privilèges, celui de servir dans la cavalerie en cas de guerre. La plèbe se réunissait dans chaque district pour discuter ses intérêts particuliers ; elle nommait chaque année des tribuns du peuple, qui étaient inviolables et pouvaient opposer un veto à tous les actes des magistrats. Ce n'étaient pas les centuries qui votaient pour l'élection de certains magistrats inférieurs et pour les affaires courantes, mais les tribus, c'est-à-dire tous ceux qui étaient inscrits aux dix-sept tribus rurales et aux quatre tribus urbaines du menu peuple de Rome[3]. Cependant le pouvoir demeurait aux patriciens, paysans eux aussi, et ne dédaignant pas de manier la pioche et la charrue[4]. Leurs habitations étaient petites et d'aspect pauvre, leur nourriture était frugale, leurs vêtements très simples ; ils possédaient peu de métaux précieux et faisaient presque tout faire chez eux, le pain aussi bien que les vêtements, par leurs esclaves et par leurs femmes. Ainsi ce que Rome achetait au dehors était peu de chose ; des céramiques pour les constructions publiques et des métaux en Étrurie, des bibelots artistiques puniques ou phéniciens, des objets d'ivoire, des parfums pour les funérailles, et de la pourpre pour les vêtements de cérémonie des magistrats, quelques esclaves. L'on exportait peu de marchandises, du bois pour la construction des navires, et du sel[5]. Rome était petite et pauvre ; les riches patriciens eux-mêmes passaient la plus grande partie du temps à la campagne et ne venaient à la ville que pour exercer les magistratures et assister aux séances du Sénat, assemblée dont faisaient partie à vie les anciens magistrats désignés par les consuls d'abord, puis par les censeurs. Le Sénat surveillait les magistrats, administrait le Trésor, approuvait les lois votées et les élections faites par les comices des centuries et des tribus[6] et traitait-les questions de guerre et de paix, si fréquentes alors. Toute l'Italie en effet, jusqu'à la Ligurie, à l'Émilie, à la Romagne, encore peuplées, comme la plaine du Pô, par les Ligures et les Celtes sauvages, était parsemée de citadelles fortifiées semblables à Rome, et qui gardaient le cours des fleuves, surveillaient la plaine des âpres cimes des monts, barraient les gorges des montagnes et faisaient signe de loin aux petits navires des marchands. Elles avaient des constitutions aristocratiques ou populaires, rarement monarchiques ; chacune possédait un territoire plus ou moins vaste ; beaucoup d'entre elles formaient des confédérations selon la race et la langue, oscosabelliques dans l'Italie méridionale ; latines, étrusques et ombriennes dans l'Italie centrale ; helléniques dans les belles colonies grecques des côtes, Ancône, Tarente, Naples. Cependant, malgré ces alliances, la lutte de l'homme contre l'homme était continuelle, de ville à ville, du mont à la plaine, du fleuve à la mer, toujours rallumée par tout ce qui incite à la guerre entre Barbares, le besoin d'esclaves, de terres, de métaux précieux, l'esprit d'aventure et l'ambition des grands, les haines populaires, la nécessité d'attaquer pour n'être point attaqués et détruits. Rome, comme les autres cités, était alors engagée dans ce duel interminable, mais dans des conditions de faiblesse dangereuse, bien qu'elle eût déjà réussi à grouper autour d'elle, en une confédération, les petites républiques rurales du Latium dont les peuples parlaient tous la même langue latine. L'armée romaine se composait des petits propriétaires, sous le commandement des propriétaires riches, car tandis que celui qui ne possédait point de terre n'avait pas le droit d'être soldat, tous les propriétaires (et ils devaient être environ 30.000 vers la moitié du cinquième siècle avant Jésus-Christ), étaient tenus de se présenter, de dix-sept à quarante-six ans, chaque fois que le consul proclamait la levée, pour se grouper en légions et pour partir sous les ordres de magistrats choisis parmi les patriciens aisés. Malheureusement des haines féroces couvaient alors entre riches et pauvres ; la population s'accroissait trop sur l'étroit territoire ; les guerres devenaient souvent des causes de dévastations et de ruines ; la terre était facilement épuisée par la culture trop intense des céréales. Et taudis que les malheureux petits propriétaires étaient accablés de dettes, la noblesse, dans laquelle également les familles étaient nombreuses, prenait les meilleures terres conquises sur l'ennemi et augmentait ses propres troupeaux au détriment des pâturages publics, dont elle enlevait ainsi l'usage aux pauvres ; bien pis, elle prêtait à usure aux propriétaires pauvres, les réduisant ensuite à l'esclavage, par la loi du nexum. En outre les plébéiens riches haïssaient les patriciens qui les excluaient des magistratures. De là des querelles, des tumultes, des divisions, même quand la guerre était imminente. Et pourtant Rome, une fois à la tète de la confédération latine, vainquit peu à peu les autres villes et confédérations de l'Italie, parce qu'il y avait dans sa constitution une discipline vigoureuse, capable de contenir cette grande force destructive des nations qu'est le plaisir, domptant les vices dans la classe riche et puissante, c'est-à-dire dans celle qui se fût corrompue le plus facilement et eût propagé partout l'ivresse, la débauche, le luxe des métaux précieux et cet orgueil personnel qui veut se satisfaire, même au détriment de tous. Rome sut être barbare sans les vices de la barbarie, et c'est pourquoi elle vainquit tant de peuples plus civilisés mais affaiblis par les vices de leur propre civilisation. L'antique société romaine peut être comparée à certains ordres monastiques, où étaient en vigueur ces ingénieuses combinaisons d'enseignements, d'exemples, de surveillances et de menaces réciproques, avec lesquelles un petit groupe d'hommes peut, en soumettant chacun de ses membres à la tyrannie de l'opinion et des sentiments de tous, et en leur enlevant tout moyen de vivre en dehors de ce groupe, leur faire déployer, au moins dans certaines œuvres, plus de zèle, d'abnégation et de discipline que l'on ne pourrait en attendre de chacun d'eux pris individuellement. Tout, dans la Rome antique, était fait pour maintenir et accroître dans les hautes classes la force de cette combinaison d'exemples, d'enseignements et de menaces réciproques ; l'état des fortunes, la religion, les institutions, la sévérité des lois ; les exigences du sentiment public qui voulait les voir appliquées impitoyablement par les pères aux enfants, par les maris aux épouses ; la famille enfin qui était la première école de cette dure discipline des âmes. Les familles romaines étaient encore dans ce temps et sur beaucoup de points un reste de l'âge patriarcal et comme autant de petites monarchies dans lesquelles le père commandait en roi absolu ; lui seul possédait, vendait, achetait, prenait des engagements. Il pouvait exiger pleine obéissance du fils comme du serviteur, à quelque âge. à quelque magistrature qu'il fût parvenu. Il pouvait chasser et réduire à la misère, vendre comme esclave, condamner aux travaux de la campagne le fils rebelle et forcer le consul, qui avait commandé les légions à la guerre, à obéir comme un enfant à son retour dans la maison paternelle. Il était juge suprême de l'épouse, des enfants, des petits-enfants, des esclaves, et il devait les condamner lui-même, selon les règles sévères fixées par la coutume, quelquefois même à mort, pour leurs fautes envers autrui, envers la famille, envers l'État[7]. La république aristocratique des temps nouveaux avait laissé subsister ces petites monarchies tout en se les subordonnant et en les absorbant ; car une partie de l'effort nécessaire au maintien de l'ordre moral et politique pouvait être accomplie dans ces royaumes minuscules par les pères, plus facilement que par les magistrats dans l'État ; et ces pères devenaient ainsi en réalité des organes de l'État. Avec un tel pouvoir il fut donc pendant longtemps facile aux parents de réprimer dans les nouvelles générations cet esprit d'innovation de la jeunesse qui, à toutes les époques, apporte la corruption avec le progrès ; de faire de leurs enfants ce qu'ils étaient eux-mêmes ; d'habituer les garçons à la sobriété, à la chasteté, à la peine, à la religion, à l'observation scrupuleuse des lois et des coutumes, au patriotisme étroit niais ferme ; de leur faire apprendre les préceptes fondamentaux de l'agriculture et de l'économie domestique ; d'enseigner aux filles à vivre toujours sous l'autorité d'un homme, père, mari, ou tuteur, sans jamais rien posséder, pas même leur dot ; à être obéissantes, sobres, chastes, attentives seulement aux choses de la maison et des enfants ; d'inculquer à tous, fils et filles, la scrupuleuse observance de la tradition, la fidélité aux mœurs antiques, l'horreur de tout luxe nouveau... Et malheur aux indociles et aux rebelles ! Le père et le tribunal domestique eussent châtié sans pitié le fils et l'épouse, parce que la tradition et l'exemple enseignaient la dureté et qu'il était facile d'être durs à des hommes qui depuis leur enfance avaient eu aussi peu de jouissances[8]. Élevé ainsi, le noble romain faisait, jeune encore, ses premiers essais à la guerre dans la cavalerie ; il se mariait jeune encore avec une femme qui lui apportait une petite dot et de laquelle il devait avoir beaucoup d'enfants. Puis il commençait la lente et longue carrière de la magistrature, se présentant aux différentes charges électives selon l'ordre établi par les lois. Mais nul ne pouvait espérer obtenir le suffrage du peuple et la sanction du Sénat s'il ne respectait les traditions. Chaque magistrat romain était pourvu de prérogatives importantes ; il avait sous ses ordres de nombreux domestiques et était l'objet de marques solennelles de respect ; mais le pouvoir était partagé entre un grand nombre d'hommes et toute magistrature était gratuite, temporaire, ordinairement annuelle ; en outre chaque magistrat avait toujours un collègue, son égal en dignité et en pouvoir, qui le surveillait et qui était surveillé par lui ; le Sénat enfin était au-dessus de tous. Aucun magistrat ne pouvait violer les lois et les traditions sans une raison grave ; tous devaient à leur tour obéir comme ils avaient commandé et ils pouvaient, une fois rentrés dans la vie privée, être appelés à rendre compte de tous leurs actes. De la naissance à la mort on était espionné sans trêve, et quand le père avait disparu, le fils devenu à son tour gouverneur absolu de sa famille retrouvait au forum, dans les comices, au Sénat la surveillance sévère des censeurs prêts à le rayer du rôle des sénateurs si sa vie n'était pas honnête, du peuple qui ne l'eût pas élu aux magistratures, de chaque citoyen isolé qui pouvait le traduire en accusation. Grâce à cette discipline des hautes classes, Rome put réussir dans l'entreprise où avaient échoué les Étrusques, et s'élever petit à petit au-dessus des autres républiques d'Italie. Dans la seconde moitié du cinquième siècle et dans les premières décades du quatrième siècle avant Jésus-Christ, ]tome combattit à la tête de la confédération latine contre les Èques. les Volsques, les Étrusques, dans une série de guerres qui lui permirent d'établir quatre nouvelles tribus sur son territoire agrandi, et de fonder sur 98.000 hectares de terre ferme, conquis sur l'ennemi, plusieurs de ces colonies latines[9] dans lesquelles beaucoup de jeunes gens de la classe moyenne, qu'un patrimoine trop restreint eût empêchés de se marier, acquéraient la possibilité de donner à Rome de nouveaux soldats, en devenant citoyens et propriétaires d'une cité nouvelle gouvernée à l'image de Rome par des lois autonomes, sous la seule obligation pour ses citoyens de combattre avec les légions. Fortifiée par ces premiers succès, Rome fut ensuite amenée à guerroyer durant la fin du quatrième siècle et la première moitié du troisième contre les Samnites, les Étrusques, les Sabins, les membres rebelles de la confédération latine, les Gaulois de la côte adriatique, les milices grecques de Pyrrhus venues de Tarente. Elle annexa un vaste territoire de 27.000 kilomètres carrés[10], c'est-à-dire tout le Latium, une partie de l'Étrurie orientale et occidentale, la plus grande partie de l'Ombrie, des Marches et de la Campanie, et réduisit leurs cités en municipia, leurs habitants en citoyens astreints au service militaire et au tributum, mais privés du droit de vote. Elle contraignit ou amena Naples en 326 ; Camerino, Cortone, Pérouse, Arezzo en 310 ; les Marrucins, les Marses, les Péligniens, les Frentaniens en 305 ; les Vestins en 302 et plus tard Ancône et Tarente, à conclure des alliances par lesquelles ces villes et ces nations, tout en conservant leurs propres institutions et leurs lois, s'engageaient à fournir à. Renie des contingents militaires et à se faire représenter par le Sénat romain dans tous les litiges avec les autres États. Rome acquit en somme dans ces guerres la haute souveraineté sur toute l'Italie. Mais plus importantes que les conséquences politiques furent les conséquences économiques et sociales de ces guerres. La république et les particuliers accrurent leurs richesses d'une manière considérable. L'État disposa de revenus plus grands et se fit dans toute l'Italie un gros patrimoine de champs, de pâturages, de bois dont il afferma et donna une partie, réservant le reste pour les besoins à venir. Un grand nombre de familles patriciennes et plébéiennes s'enrichirent en achetant des esclaves et des terres et en faisant cultiver dans toute l'Italie de vastes domaines en blé, en vignes et en oliviers, par des familiæ d'esclaves mis sous la surveillance d'un contremaître, esclave lui-même et aidé pour la moisson et la vendange par des ouvriers libres pris à la journée et qu'on faisait venir de la ville voisine[11]. Il y eut sur les terres publiques de l'Italie méridionale beaucoup de ces patres primitifs, comparables à ceux que l'on voit aujourd'hui au Texas et dans les régions les plus barbares des États-Unis, où d'immenses troupeaux de bœufs et de moutons paissent en toute saison sous le soleil, couchent à la belle étoile et sont reconduits en hiver et en été par de robustes gardiens, de la montagne à la plaine et de la plaine à la montagne. Quand Rome eut réduit en son pouvoir les côtes de l'Italie méridionale et le haut Apennin, cette fructueuse exploitation barbare devint possible et beaucoup de Romains se hâtèrent de la tenter[12]. En outre, les métaux, précieux affluèrent, l'argent surtout ; on en récoltait beaucoup en faisant la guerre[13], et, en 269 ou 268 avant Jésus-Christ, Rome commença à frapper de la monnaie d'argent[14]. Les Romains purent dès lors participer au commerce du monde, se procurer les raffinements de la civilisation hellénique, mieux connue à ce moment à cause des échanges plus fréquents avec les colonies grecques de l'Italie méridionale[15], car les métaux précieux excitant la cupidité de tous les peuples, civilisés ou barbares, comme ornements brillants et comme trésors faciles à porter et à cacher, étaient dans le monde antique l'objet d'un-échange et d'un commerce constant, et on se servait d'eux pour les transactions entre les peuples de civilisation différente. Les familles des petits propriétaires se multiplièrent sur les territoires des colonies et vécurent dans une aisance plus grande. Mais cet enrichissement n'affaiblit point les traditions et ne fut pas immédiatement suivi d'un changement de mœurs ni d'une révolution politique. La parcimonie, la simplicité, la rude austérité des temps antiques furent encore considérées comme les plus hautes vertus de toute famille noble. La richesse croissante n'eut pas pour effet de raffiner la masse, ni d'accroître les jouissances des individus ; niais elle consolida le pouvoir dans une forte aristocratie militaire de riches propriétaires, façonnée dans le moule de l'éducation traditionnelle, pour le gouvernement et pour la guerre ; elle aida à conquérir de nouvelles terres et à les peupler d'agriculteurs et de soldats latins. Sans doute, au fur et à mesure que la classe moyenne devenait plus nombreuse, plus aisée, plus influente, les classes dirigeantes se renouvelaient ; la constitution se démocratisait, mais cela peu à peu, sans secousses, sans interruptions violentes. Beaucoup de familles plébéiennes acquirent, par leurs grandes richesses et en les employant au profit du peuple, un tel pouvoir que les familles patriciennes, déjà diminuées de nombre et appauvries, furent contraintes, pour reconstituer les patrimoines entamés et ne pas perdre tout pouvoir, à accueillir parmi elles cette riche bourgeoisie plébéienne, à contracter des mariages avec ses familles et à la faire participer aux affaires. On avait déjà décidé en 421 que les plébéiens pourraient exercer la première et la plus simple des magistratures, la questure, c'est-à-dire poursuivre en qualité de questeurs urbains les accusés de crimes capitaux, administrer le Trésor public, gérer en qualité de questeurs militaires les finances de l'armée et pourvoir aux approvisionnements. En 367 il fut établi qu'il y aurait un plébéien parmi les premiers magistrats de la république qui, sous le nom de consuls, étaient chargés de convoquer le Sénat et les comices ; de diriger les élections des magistrats, admettant ou refusant les candidats ; de proclamer les levées et de commander les armées à la guerre. En 365 les plébéiens purent être élus édiles curules, pour surveiller la vente des céréales et en fixer le prix ; pour présider à la conservation des monuments publics, à la police des rues, des marchés, des places, et pour régler les fêtes publiques. En 350, ils furent admis à la dictature et à la censure. La dictature était une magistrature extraordinaire, par laquelle on donnait, à un moment de péril suprême et pour un temps court, pleins pouvoirs à un seul homme. en suspendant la constitution. La censure était une magistrature ordinaire, exercée en commun par deux censeurs, qui compilaient le recensement quinquennal des personnes et des biens des citoyens romains et des municipes, qui surveillaient les mœurs des grands ; rayaient ceux qui en étaient indignes, du rôle des sénateurs et des chevaliers, privaient des droits politiques le plébéien de vie honteuse, affermaient et surveillaient la construction des travaux publics et le recouvrement des impôts. En 337 les préteurs eux-mêmes purent être plébéiens ; ils jugeaient les causes civiles entre Romains et étrangers et ils remplaçaient les consuls absents ou empêchés Ainsi l'ancien patriciat héréditaire et exclusif se transforma en une noblesse patricio-plébéienne de riches propriétaires, qui fit sans difficulté des concessions à l'esprit démocratique de la classe moyenne, à mesure que l'importance de celle-ci augmentait avec l'aisance et par effet des victoires, dont le mérite lui revenait en partie. Les prêteurs plébéiens ne tardèrent pas à étendre les pouvoirs législatifs des comices des tribus, dans lesquels la classe moyenne avait un rôle plus important que dans les comices des centuries ; le Sénat dut donner son avis sur les propositions avant et non après les assemblées populaires[16] ; les délibérations des assemblées de la plèbe reçurent par la Lex Hortensia force de loi pour tous, sans l'approbation du Sénat ; les assemblées de tribus échappèrent au contrôle du Sénat, et les comices des centuries, vers 241, furent réformés[17] de façon que les riches y perdirent beaucoup de leur ancien pouvoir. On alla jusqu'à concéder le droit de vote à beaucoup de cives sine suffragio. aux Sabins de Rieti, de Norcia, d'Amiterne en 268, et vers 241 aux habitants du Picénum et à ceux de Velletri[18]. Toutefois la constitution de la république resta foncièrement aristocratique, car la nouvelle noblesse patricio-plébéienne sut rester la seule classe dominatrice et empêcher la formation d'une puissante opposition démocratique, comme il s'en était produit dans presque toutes les républiques anciennes, par la force des traditions, par les grands succès militaires, la bonne administration publique, et un large système de clientèle et de protection au profit de la classe moyenne. C'était un devoir sacré, pour chacune des riches familles sénatoriales, d'assister de ses conseils, de son argent, de sa protection, un certain nombre de familles de moyens propriétaires, et même d'aider celles qui se signalaient par leur valeur et leur intelligence à s'élever à la noblesse par les magistratures[19]. Soumise ainsi à la protection d'une noblesse qui protégeait les antiques mœurs rustiques, cette plèbe garda, elle aussi, les coutumes des ancêtres ; elle demeura une plèbe vaillante et féconde de paysans qui employaient la plupart de leurs gains à élever des générations toujours plus nombreuses de paysans et de soldats. C'est ainsi que Rome, dans le quatrième et le troisième siècle avant Jésus-Christ, put répandre en Italie non seulement son influence et ses lois, mais encore sa race et sa langue et fonder entre 334 et 264 dix-huit puissantes colonies latines parmi lesquelles Venosa, Lucera, Pœstum, Bénévent, Narni, Rimini et Fermo, disséminant dans les diverses régions d'Italie les forts cultivateurs latins que l'abondance des terres encourageait à être prolifiques et à augmenter le nombre de ceux qui parlaient latin dans le mélange confus des langues et des races italiques. Ces paysans se prêtaient tour à tour aux fatigues de la vie des champs et à celles du métier militaire ; la solde de guerre et les dons des généraux après la victoire étaient pour eux un lucre ajouté à celui de la terre et la guerre une industrie complémentaire de l'agriculture. C'est avec ces paysans, qui étaient en même temps des soldats, que la noblesse romaine put vaincre une première fois Carthage, la grande puissance mercantile dont l'expansion commerciale finit par venir se heurter à l'expansion militaire et agricole de Rome ; c'est avec eux qu'elle parvint à dominer dans le dernier quart du troisième siècle avant Jésus-Christ un vaste pays peuplé d'environ six millions d'hommes, dans lequel elle eût pu, en un péril suprême, lever 770.000 soldats, cavaliers ou fantassins ; 273.000 citoyens, 85.000 latins, 412.000 alliés[20] ; c'est avec eux enfin que de 225 à 222 elle mena cette grande guerre contre les Gaulois d'Italie qui, faisant Rome maîtresse de la vallée du Pô, lui ouvrit la grande route de son histoire. Si cet effort de guerres et de conquêtes avait pu durer pendant des siècles, c'est uniquement parce que Rome, grâce à la discipline morale et à l'esprit conservateur de la noblesse, était toujours restée une société agricole, aristocratique et guerrière. La terre ne se conquiert définitivement, même aux âges barbares, que par la charrue ; elle n'appartient pas à ceux qui la baignent de sang dans les mêlées féroces des armées, mais à ceux qui après s'en être emparés, la labourent, l'ensemencent et la peuplent. A la fin du troisième siècle avant Jésus-Christ, Rome dominait l'Italie, parce que les plus hautes vertus de toutes les classes étaient celles des sociétés rurales bien disciplinées, comme celles que nous retrouvons aujourd'hui chez les Boërs, la sobriété, la pudeur, la simplicité des idées et des mœurs, la force tranquille de la volonté, l'intégrité, la loyauté, la patience, la tranquillité propre à l'homme qui n'a pas de vices, qui n'use pas ses forces dans les plaisirs et qui sait peu de choses. Mais les idées faisaient des progrès lents ; tout ce qui était nouveau n'était guère admis, à moins qu'il ne s'agit de superstitions religieuses. Le génie, comme la folie ou le crime et tout ce qui ne rentrait pas dans la tradition, était écarté ; le formalisme, l'empirisme, la superstition paraissaient les formes suprêmes de la sagesse. Le droit et la religion surtout, strictement formalistes, perpétuaient parmi les arrière-petits-enfants la sagesse, les erreurs et les terreurs des ancêtres. La philosophie grecque et les théories générales étaient négligées ; la littérature très pauvre encore, comprenait quelques chants religieux et populaires en mètre saturnin et des compositions dramatiques des plus simples, telles que les chants fescennins. les satires, les mimes. La langue littéraire était grossière et mal fixée. Mais rien n'est éternel dans la vie, ni le bien, ni le mal ; et comme le bien se change sans cesse en mal et le mal en bien, ainsi cet esprit de discipline et de simplicité s'affaiblit petit à petit, par suite des victoires et de l'accroissement des richesses vers la moitié du troisième siècle. La conquête de la Grande Grèce, d'une bonne partie de la Sicile, de la Corse et de la Sardaigne ; les guerres terminées heureusement dans l'Illyrie, dans la Gaule et contre Carthage rendirent et coûtèrent beaucoup. Il fut nécessaire d'approvisionner au loin de grandes armées, de construire des flottes ; mais comme le Sénat romain, avec un petit nombre de magistratures destinées originairement à suffire aux besoins d'une petite cité, ne pouvait pas pourvoir à des services publics ainsi étendus, les adjudications de ces services à des spéculateurs particuliers devinrent fréquentes ; et, rapidement, entre les deux guerres puniques. il se forma une classe de publicains ou de fournisseurs qui devait être dans la société agricole le premier véhicule de l'esprit mercantile et du luxe[21]. Quand on eut conquis la Sicile, le commerce de cette île, d'où l'on exportait beaucoup d'huile et de grain, passa des Carthaginois aux marchands romains et italiens, dont le nombre et la richesse s'accrurent[22] ; l'aristocratie romaine, qui n'avait jusque-là voulu posséder que des terres, en vint aussi à imiter cette noblesse carthaginoise qu'elle avait vaincue et qui se composait de marchands, et elle aussi se mit à tenter des spéculations, à mettre sur mer de petites flottilles, à faire du négoce avec les exportations de la Sicile, à vivre dans le luxe. La simplicité des mœurs tendit à diminuer, la discipline des familles à se relâcher ; le tribunal domestique fut convoqué plus rarement ; les fils, grâce au peculium castrense, se rendirent plus indépendants des pères ; les femmes subirent moins l'autorité des maris et des tuteurs ; la noblesse négligea ses devoirs envers la classe moyenne ; la culture grecque se répandit dans un petit nombre de grandes familles ; la langue et la littérature se perfectionnèrent. Un Grec de Tarente, Andronicus, fait prisonnier quand la ville fut prise en 272 et vendu à un Livius, qui le libéra, traduisit l'Odyssée en vers saturnins, ouvrit à Rome une école de grec et de latin et le premier traduisit et adapta avec grand succès des comédies et des tragédies grecques, essayant de versifier en latin avec des mètres grecs. Peu après Névius, citoyen romain originaire de la Campanie, l'imita et composa un poème sur la guerre punique. L'antique union des classes ne put durer, et contre cette noblesse trop attirée par les exemples carthaginois, trop cupide et trop égoïste, une opposition démocratique commença de se former, dont le premier grand chef fut Caius Flaminius. Quand il proposa en 232 d'assigner à la plèbe le long de la côte adriatique une partie du territoire enlevé aux Sénones en 283 et aux Picentes en 268, il eut à vaincre une violente opposition de la part des grands, qui voulaient probablement jouir plutôt eux-mêmes de ces terrains en les louant. Et quand les Gaulois d'en deçà et d'au delà du Pô, épouvantés de ces assignations, firent à Rome la grande guerre de 225-222, qui se termina par la conquête de la vallée du Pô et la fondation de Plaisance et de Crémone, la noblesse, qui avait pourtant peu auparavant menacé Carthage d'une nouvelle guerre pour lui enlever la Sardaigne et la Corse, où elle espérait avoir les mêmes gains qu'en Sicile ; la noblesse reprocha cette guerre à Flaminius comme une faute[23]. Cette noblesse ne conduisit pas la plèbe, mais fut poussée par elle vers la grande plaine qui s'étendait aux pieds des Alpes, plaine fertile, couverte d'immenses forêts de chênes, de vastes marais dormants, et de beaux lacs ; peuplée de villages celtiques ; sillonnée de rivières rapides qui roulaient dans leurs sables For des montagnes ; traversée par le grand fleuve qui devait apparaître comme un prodige aux Romains habitués aux petits cours d'eau de l'Italie centrale. Ce ne fut pas un homme de haut lignage, mais le chef du parti populaire, qui donna son nom à la première grande voie, la voie Flaminia, qui rattacha Rome à la vallée du Pô et conduisit les générations ignorantes hors dés murs de la ville, vers l'avenir. L'antique société aristocratique approchait des limites extrêmes de la grandeur et de la puissance, au delà desquelles elle ne pouvait plus progresser sans changer profondément. Quoi qu'il en soit, ces principes de discorde disparurent quand Annibal descendit, en 218, des Alpes dans la vallée du Pô, à la tête de l'armée avec laquelle la ploutocratie carthaginoise espérait détruire sa grande rivale. Cette invasion d'un pays qui pouvait lever 700.000 hommes, avec des forces relativement petites et à une immense distance de la base d'opération était une entreprise d'une hardiesse presque incroyable. Mais le fait, qu'on ait pu pendant tant d'années se demander si cette entreprise ne réussirait pas, montre bien la faiblesse inhérente à cette fédération de républiques rurales à la tète desquelles se trouvait Rome. Il n'y a pas de nation vivante, mais un assemblage de gens à peine tenus ensemble par la force des armes, là où la façon de vivre, de penser, de sentir, de posséder, ou, en d'autres termes, la civilisation n'est pas une, au moins dans les classes hautes et les classes moyennes. Or la vieille Rome agricole, aristocratique et guerrière, n'avait pu réduire à une civilisation unique qu'une partie restreinte de l'Italie. L'expansion des petits propriétaires latins dans les colonies et les municipes unissait à Rome bien des régions de l'Italie par des liens de langage, de tradition et de politique ; mais les colonies et les municipes n'occupaient pas même alors la moitié du territoire italique et l'autre était possédée par les cités alliées, républiques aristocratiques pour la plupart, qui continuaient à vivre d'une vie solitaire et locale, attachées à Rome par des liens très faibles. Les Romains avaient fait des noblesses locales, spécialement en Étrurie et dans l'Italie méridionale, le soutien même de Rome. Ils avaient mis fin à leurs discordes sanglantes, leur avaient donné le commandement des contingents levés parmi la robuste génération de petits propriétaires et par conséquent le moyen de se distinguer à la guerre, d'acquérir de la considération parmi leurs propres concitoyens, de se procurer de l'or, de l'argent et de nouvelles richesses. C'est ainsi qu'en Étrurie et dans l'Italie méridionale las grandes familles étaient liées par des liens d'hospitalité, d'amitié, parfois nième de parenté, avec les familles considérables de Rome. Elles apprenaient volontiers le latin, affectaient de l'admiration pour la ville puissante, ses institutions, les idées et les mœurs de ses grands[24]. Mais le peuple parlait néanmoins toujours la langue nationale et conservait les souvenirs d'antan, qui semblent toujours beaux aux jeunes générations mécontentes du présent. Annibal semble avoir compris que l'Italie n'était pas encore une nation, mais une confédération de petites républiques dont un grand nombre vivaient sur elles-mêmes et par elles-mêmes et qui n'étaient unies à la puissance de Rome que par des liens politiques très relâchés. Par des promesses, des ruses, des menaces, il amena à la révolte beaucoup de cités alliées, tandis que les citoyens romains et les colons latins, qui formaient ensemble une véritable nation agricole et aristocratique, défendirent avec une ténacité héroïque la terre que leurs pères avaient conquise, labourée, peuplée, contre le héros de l'orgueilleuse ploutocratie carthaginoise, et Rome finit par vaincre ; les vertus de plusieurs générations médiocres l'emportèrent sur la grandeur accidentelle et personnelle du génie. Mais l'antique ordre de choses fut troublé par cette terrible guerre à tel point qu'il ne put pas se rétablir. Dans un effort aussi insolite, au milieu des dangers d'une guerre qui dura dix-sept ans et qui fut si acharnée en Italie, en Espagne, en Grèce, en Sicile, en Afrique. Rome oublia un grand nombre de ses superstitions conservatrices. Elle dépensa toutes les réserves publiques et privées, les énormes butins des sacs de Syracuse et de Carthagène ; multiplia les fournitures militaires et par là les occasions d'affaires magnifiques ; suspendit l'observance de beaucoup de traditions politiques et de quelques lois, comme celle sur la durée et l'ordre des magistratures. L'antique prudence fit place à un nouvel esprit d'audace juvénile, dont Publias Scipion fut le champion. Il n'eût pas été possible sans cela de triompher dans cette grande guerre qui aboutit à de splendides résultats ; la domination de l'Espagne, de la Sicile tout entière ; la confiscation d'une partie du riche territoire de la Campanie et du Léontium ; l'affaiblissement définitif des populations non encore latinisées de l'Italie, 120.000 livres d'argent que Scipion rapporta d'Afrique, et la rente de 200 talents d'argent que Carthage paierait pendant cinquante ans. |
[1] 1.000 kilomètres carrés. C. BELOCH, I. B., 29 et suiv. et 69.
[2] Il est vrai que d'après TITE-LIVE, III, 24, le recensement de 459 avant Jésus-Christ aurait constaté 117.319 citoyens, ce qui donnerait une population libre d'environ 400.000 personnes. Mais ce chiffre ne me semble pas vraisemblable ; voici pourquoi ; 1° si Rome eût eu alors 120.000 soldats, elle n'eût pas eu autant de mal à vaincre les petits peuples avoisinants ; 2° une population de 400 habitants par kilomètre carré, si pauvre qu'elle fût, n'eût pu subsister à une époque à laquelle Rome vivait uniquement des produits de son territoire ; 3° ce chiffre ne concorde pas avec d'autres plus sûrs. Si en 339 avant Jésus-Christ on comptait 165.000 citoyens sur un territoire de 2.709 kilomètres carrés et 260,321 citoyens sur 4.161 kilomètres carrés en 293 avant Jésus-Christ (BELOCH, I. B., 89) et qu'on suppose que la densité de la population était la même, Rome en 459 avant Jésus-Christ aurait dû compter environ 60.000 citoyens et 190.000 hommes libres. Mais la densité devait être moindre, la pauvreté et la barbarie étant plus grandes. D'où il suit qu'on peut tout au plus compter 150.000 personnes et 45.000 citoyens, ce qui donnerait une armée un peu plus nombreuse que celle de 20.000 hommes supposée par Mommsen. Des chiffres plus élevés ne me paraissent pas vraisemblables.
[3] Cf. les observations de MOMMSEN, R. F., I, 165, sur le dispositif des lois Valéria-Horatia, de 449.
[4] VALÈRE MAXIME, IV, 4 et 5. — PLINE, H. N., XVIII, III, 19. — MARQUARDT, V. P. R., II, 294.
[5] SCHILLER-VOIGT, 291. — VOIGT, I. N., II, 552 et 557. — CICCOTTI, T. S., 146 et suiv.
[6] Je ne discute pas ici cette auctoritas senatus sur les comices des tribus aux temps les plus anciens sur lesquels règne encore tant d'incertitude. Il s'agit d'un détail sans grande importance dans cette rapide description de l'antique Rome et qu'il serait inutile de traiter à fond, même dans une note.
[7] DENYS D'HALICARNASSE, II, 25-27. — BONFANTE, D. R., 151 et suiv. — FUSTEL DE COULANGES, C. A., 100-105. — LANGE, R A., I, 95 et suiv. — Cf. l'important exemple de C. Flaminius, CICÉRON, De inv., II, XVII, 52. — VALÈRE MAXIME, V, IV, 5.
[8] Les pères allaient jusqu'à condamner à mort leurs enfants ; la chose n'était pas rare, ainsi que le dit DENYS D'HALICARNASSE, VIII, 79. — Cf. DI MARZO, S. P. C. R., I, 27.
[9] BELOCH, I. B., 140.
[10] BELOCH,
[11] Cf. le De re rustica de CATON, qui décrit les terres d'un seigneur riche à une époque à laquelle l'agriculture commençait à se transformer. Ce livre donne une idée de l'administration agricole des gens riches au troisième siècle avant Jésus-Christ.
[12] NITZSCH, G. V., 16.
[13] TITE-LIVE, X, 46. — SCHILLER-VOIGT, 294.
[14] BABELON, M. R. R., I, p. XVIII.
[15] SCHILLER-VOIGT, 287.
[16] MOMMSEN, R. F.,
[17] KARLOWA, R. R. G., I, 354.
[18] BELOCH,
[19] Un exemple caractéristique est celui de Caton le Censeur. Cf. PLUTARQUE, Cat. M., 1 et 3.
[20] POLYBE, II, 24. — Cf. BELOCCH, I. B., 94 et suiv.
[21] D'après TITE-LIVE, XIII, 48, 11, on comprend qu'en 215 les fournisseurs enrichis étaient déjà nombreux à Rome. Cf. XXIII, 49, 1, et XXV, 3, 12.
[22] POLYBE, I, 83, 10, démontre qu'entre la première et la seconde guerre puniques les marchands italiens étaient déjà nombreux.
[23] Cf. LANGE, R. A., II, 125 et suiv.
[24] Cf. quelques exemples de cette clientèle et de cette amitié dans TITE-LIVE, XXIII, 15, 7 et suiv. ; XXIII, 2 ; XXIII, 46, 12. Cf. surtout le cas de ce noble samnite qui combattit dans la seconde guerre punique pour Rome à la tête d'un corps d'année TITE-LIVE, XXII, 24.