L'enquête
était close. Par ordonnance du 4 germinal an III signée Agier, Liger,
Debrejeas, Favart, Mazerat, Grand, Godeau, Gaillart-Lecart, Godard, Pissis,
Devillas, Bertrand d'Aubagne, juges, le Tribunal faisant droit sur le
réquisitoire de l'accusateur public Judicis, lui a donné acte de son
accusation. L'heure
est proche où Fouquier va comparaître devant ses juges, mais il faut
auparavant qu'il subisse un nouvel interrogatoire. Le 6
germinal, les commissaires se transportent au Plessis où ils se font amener
le prévenu. Ces commissaires sont Jean Debregeas, vice-président du nouveau
Tribunal, et Cambon, substitut de Judicis[1]. Dès le
début, l'interrogatoire porte sur le point capital : les actes d'accusation.
Les commissaires les ont eus entre les mains, ces documents terribles,
meurtriers pour ceux qu'ils ont envoyés à la mort, meurtriers aussi, par choc
en retour, contre celui qui les a signés, paraphés, annotés ou rédigés. Ils
subsistent. Il en est responsable. Ils sont remplis de ratures, de renvois,
d'interlignes, sans approbation. Parfois, souvent même, ils présentent des
blancs. Les noms des accusés ont été écrits postérieurement à la rédaction et
au moment de l'audience, par une main étrangère et avec une encre différente
de celle du corps des actes. Il y a des noms de famille qui figurent sous une
forme sommaire, sans prénoms, ni qualités, ni âges, ni désignation de lieu
d'origine. Ils n'ont pu être identifiés, faute de temps, du soir au matin. Fouquier
prétend que tous les actes d'accusation qu'ils a présentés étaient réguliers
; que ces actes étaient écrits par ses secrétaires. C'est son système :
rejeter sur autrui toutes les responsabilités. Mais enfin ces actes sont
signés de lai. Le juge ne le lui fait pas observer. Il le laisse parler.
Fouquier déclare que si ces actes lui sont représentés, il expliquera « ce
qu'on a affecté de méconnaître ». Il n'a jamais,
dit-il, présenté aux juges d'actes d'accusation à signer en blanc. Mais,
comme d'après la loi du 22 prairial, les interrogatoires secrets étaient
supprimés, on ne pouvait remplir les prénoms, âges, qualités et lieux de
naissance qu'après les avoir demandés aux détenus. Les noms de famille étaient
toujours remplis dans l'acte d'accusation ainsi que dans le contexte. Jamais,
à sa connaissance, il n'a été mis aucun interligne. Il ne
se rappelle pas avoir jamais dressé d'acte d'accusation contre un individu
déjà condamné. Le juge
lui demande s'il n'a pas requis de porter à l'échafaud le cadavre d'un accusé
qui s'était poignardé au moment où on prononçait son arrêt de mort — le
député girondin Valazé. —
Attendu la clameur publique, répond Fouquier, et pour éviter de plus grands
désordres, dont on était menacé dans le moment où Valazé s'est poignardé,
j'ai cru prudent de requérir qu'il serait conduit sur la place destinée à
l'exécution. Je peux m'être trompé. Mais une erreur ne peut être imputée à
crime. J'ai dû exécuter le jugement du Tribunal. D. —
Avez-vous requis l'exécution des femmes enceintes au lieu d'attendre l'avis
des médecins ? R. —
J'ai respecté les déclarations de grossesse. D. — N'êtes-vous
jamais entré dans la chambre des jurés au moment de leur délibération ? R. — Je
ne suis jamais entré seul dans la chambre des débats. Je ne les ai jamais
interrompus. Je n'ai jamais pris part aux débats des jurés. D. —
Avez-vous présenté un acte d'accusation contre 155 individus accusés de
conspirations des prisons ? Le mot bis n'a-t-il pas été mis à côté de trois
noms pour désigner deux personnes sous un seul nom, de manière que la
totalité des individus s'est trouvée monter à 158 au lieu de 155 ? R. —
J'ai effectivement dressé un acte d'accusation contre 155 prévenus de la
conspiration du Luxembourg, le 18 messidor. D'après le président Dumas, l
intention du Comité de Salut public était qu'on les jugeât tous à la fois.
Mais, j'ai été au Comité, le soir, et il fut décidé que cette mise en
jugement aurait lieu en trois fois. Je ne sais pas ce qu'on veut dire par le
mot bis qui ne peut être écrit de ma main et qui ne l'a pas été sur un
ordre de moi. Au reste, les actes d'accusation étaient livrés au greffe,
après le jugement. « Or,
j'ai toutes sortes de raisons pour soupçonner qu'il a été commis des
soustractions et des surcharges dans ce greffe. Je ne peux être responsable,
à aucun titre, de celles qui auraient pu avoir lieu soit sur les actes
d'accusation, soit sur d’autres pièces. Au surplus, quand on me représentera
les pièces, je serai à même de donner les explications les plus précises.
Mais je suis persuadé que, jamais, le nombre en question n'a excédé cent
cinquante-cinq. «
D'ailleurs, jamais je ne me suis immiscé dans la rédaction des jugements. — Dans
le premier jugement de subdivision des accusés du Luxembourg, demande le juge
commissaire, n'a-t-on pas compris le nommé Morin quoique non porté dans
l'acte d'accusation ? » Question
embarrassante car il y a eu là, certainement, une erreur judiciaire, et un
Morin ou Maurin a été guillotiné, ce jour-là, pour un autre. Fouquier,
imperturbable, répond : — On
m'oppose toujours des actes qui me sont étrangers. Ce Morin, autant qu'il
peut m'en souvenir, n'a pas été mis en jugement le 19, mais bien le 22. Avant
lui, un nommé Morin, intendant de la du Barry, a été mis en jugement et
condamné. De plus, un Morin, intendant de l'ex-veuve maréchale de Biron, a
été mis en jugement et condamné, à une époque dont je ne peux me souvenir, au
juste. Le Morin de la Conspiration du Luxembourg avait été quartier-maître de
la maison militaire de Capet. Quand on me représentera les pièces, je
donnerai les explications les plus précises. » Les
pièces furent-elles représentées à Fouquier, au cours des débats ? Quelles
furent ses explications ? Nous n'en savons rien. Le
Morin (Denys), valet de chambre de Mme du
Barry, avait été guillotiné le 3 nivôse an II, plus d'un an auparavant. Un
Nicolas Morin, cultivateur avait été acquitté, le 26 germinal an II. Un
Jacques Morin, cultivateur et charretier, avait été libéré le 6 fructidor an
II. Un Jean Morin, cavalier dans l'armée révolutionnaire, avait été libéré,
lui aussi, le 11 du même mois. Un Charles-Sosthène Morin, épicier, cirier et
receveur des aides, avait été guillotiné le 13 messidor an II. Mais l'erreur
sur les personnes dont Fouquier est incriminé, de par son acte d'accusation,
porte sur Morin (Louis-Clerc), quartier-maître de la garde du roi, guillotiné
le 22 messidor, an II, et sur Maurin (Jean-Dominique), teneur de livres,
régisseur de terres et agent de Mme la maréchale de Biron, guillotiné, à la
place du précédent, le 19 messidor an II. La réponse de Fouquier est, à ce
sujet, des plus évasives. L'interrogatoire
continue. —
Fouquier n'a-t-il pas requis contre un témoin qui disait qu'il n'avait pas
existé de conspiration au Luxembourg ? Réponse.
— Ce témoin[2] fut arrêté « pour ses
incertitudes, tergiversations, ambiguïtés, vacillations dans sa déclaration,
ce qui a paru déceler un homme de mauvaise foi ». Quant à
lui, Fouquier, il s'est bien gardé de motiver son réquisitoire sur la
Conspiration. Il a même eu, ce jour-là, « une crise très vive avec Dumas »,
relative au refus que ce dernier avait fait d'accorder la parole à quelques
accusés. Avant
de laisser clore l'interrogatoire, Fouquier tient à prendre ses précautions
et il fait la déclaration suivante, relative au greffier Paris, et à Robert
Wolff, commis-greffier. Il fait observer que « Pâris, greffier actuel du
Tribunal, s'est déclaré son ennemi mortel, publiquement et en particulier )1.
Il dénonce les dîners qui ont eu lieu entre les commis du greffe, — notamment
celui du 27 frimaire, la veille du jour où il fut mis en jugement —. Dans ces
dîners « on s'est occupé du procès de Fouquier et des moyens qu'on prendrait
pour le perdre ». «
Paris, dit-il, s'est même vanté que s'il ne fallait que lui pour le pendre,
il en tirerait la corde. » Or,
Fouquier dit avoir employé tous les moyens pour faire sortir de prison cet
homme qui va se dresser contre lui en accusateur et en justicier. « Il y
a environ trois semaines, dit encore Fouquier, Paris est allé au café de
Chartres, palais Egalité, avec plusieurs individus. Là, il a publié et
indiqué le jour où je serais mis en jugement. Il y a aggravé les prétendus
délits qu'on m'impute. Il y est encore retourné depuis et il s'y est expliqué
d'une manière perfide et capable de soulever l'opinion publique contre moi. » Ici,
une accusation capitale. « Paris,
pour arriver plus sûrement à son but, a enlevé de force, le 19 nivôse
dernier, tous les extraits des jugements et accusés de réception de la
Commission des revenus nationaux qui se trouvaient au parquet et qui
faisaient ma garantie relativement au jugement dont il est question
aujourd'hui, pour la raison que j'avais la précaution de me faire remettre,
chaque jour, les extraits de jugements portant le nom des condamnés, tant
pour faire procéder à r exécution de ces jugements que pour les transmettre
aux domaines nationaux et à la Commission des revenus nationaux. Le nombre
des pièces n'a été nullement constaté ni vérifié. Ainsi, il a été loisible à
Pâris d'en soustraire celles qu'il a jugé à propos de soustraire. Ces faits
sont à la connaissance des frères Toutain[3], qui s'y sont opposés de tous
leurs moyens. Ils sont connus du citoyen Leblois[4] qui, alors, n'avait plus de
fonctions et de François, l'un des garçons du parquet. « De
plus, Paris avait enlevé, précédemment, cent cotes de dossiers d'affaires
jugées, sans en donner aucun récépissé, quoique j'en eusse donné aux
autorités constituées, au fur et à mesure qu'elles m'avaient été transmises. « J'ai
appris que, lors du départ du citoyen Granger, substitut, chargé des pièces
du procès actuel, ce magistrat les avait remises à Pâris et à Wolff ; qu'ils
en étaient restés dépositaires jusqu'au moment où le procès avait été remis
au citoyen Cambon. On ne peut douter un instant qu'ils aient négligé d'avoir
pris lecture des pièces du dit procès. C'est Pâris qui a présenté à la
signature le premier acte d'accusation à l'audience. Le 28 frimaire, jour où
j'ai comparu au Tribunal, Pâris a encore instrumenté, en apportant,
publiquement, à l'audience, une liasse de pièces qu'il a posées sur la table
de l'accusateur public. Il a encore instrumenté dans ce même procès,
dernièrement, en signant le jugement rendu par le tribunal, le 30 ventôse
dernier, et en écrivant une lettre à l'accusateur public, sous la date du 2
ou du 3 courant. » D'après
ces faits, et d'après d'autres qu'il se réserve de développer,
Fouquier-Tinville déclare qu'il ne connait aucune loi permettant à un témoin
d'instrumenter, de façon quelconque, dans l'affaire où il est témoin. Ici,
dans ce procès, non seulement Pâris, Wolff et autres ont instrumenté ; mais,
même, ils ont manifesté dans plusieurs lieux publics et particuliers leur
excès de haine et de vengeance contre l'accusé, ce qui doit les rendre
suspects, dès lors, au Tribunal[5]. Le juge
demande à Fouquier s'il a fait choix d’un défenseur. L'ex-accusateur public
répond que le citoyen Lafleuterie qu'il avait choisi pour son conseil, lui
ayant fait part qu'il serait assigné comme témoin à décharge par les citoyens
Naulin et autres co-accusés et qu'il ne pouvait pas, par délicatesse,
accepter les fonctions de défenseur dans cette affaire, il ne connaissait
plus personne qu'il pût charger de sa défense. Un avocat d'office lui est
désigné : le citoyen Gaillard[6]. La
liste des jurés est ensuite communiquée à Fouquier : Lapeyre, Bressand,
Husson, Tournier, Taillerat, Lebrun, Mésange, Bouygues, Duprat, Vignalet et
Laporte. Il ne
connaît aucun de ces jurés, à l'exception de Duprat. Il dit que les Duprat
d'Avignon, ses frères, ont été mis en jugement et condamnés sur ses
poursuites ; que Duprat était l'intime ami de Jourdan qui a été condamné sur
ses poursuites, etc. Pour toutes ces raisons, il récuse Duprat. Quant aux
autres, il invite le Tribunal à leur rappeler s'ils n'ont eu aucuns parents
ou amis ou clients condamnés du 10 mars 1793 au 9 thermidor 1794. — Dans le
cas où il serait procédé à un nouveau tirage des jurés, Fouquier récuse d'avance,
le citoyen Delorme avec lequel il a eu « une scène très vive, en 1790,
chez le commissaire Dubois, rue de Chabanais » — et pour d'autres
raisons encore, qu'il énumère[7]. * * * * *
Le 8
germinal, s'ouvrirent les débats du procès, dans l'ancienne Grand'Chambre du
Parlement de Paris, dans cette vaste salle où Fouquier, Dumas, Coffinhal
avaient siégé, le chapeau à plumes sur la tête, le petit manteau noir aux
épaules. Une
foule énorme avait envahi l'auditoire, foule- curieuse et attentive, assez
calme. Vingt-quatre
accusés[8] montent sur les gradins. Assis
au premier rang, Fouquier a devant lui une table sur laquelle les dossiers
dont il va se servir pour sa défense sont rangés. Deux gros cartons lui
servent de pupitre. Il prendra des notes, de son écriture rapide[9]. Tout en écrivant, pas un seul
mot, soit du président, soit d'un témoin, soit d'un juge, ne lui échappera[10]. Fouquier
est très amaigri, très éprouvé par sa longue détention. Mais il n'est ni
épuisé ni abattu. Il a toute sa présence d'esprit, toute cette extraordinaire
faculté de mémoire qui le sert, à point nommé, quand il le faut. Il est là,
ramassé sur lui-même, tendu, prêt à la lutte suprême, à la parade et à la
riposte, dans ce duel judiciaire où il sent que, malgré tout, il a presque
toutes les chances de succomber. Le
siège de l'accusateur public — son ancien siège — est occupé,
alternativement, par Judicis et par ses deux substituts Ardenne et Cambon. C'est
Liger[11], vice-président, qui présidera
les débats, assisté de Godart, de Grand, de Gaillard Lécart, de Bertrand d’Aubagne.
Quinze jurés sont assis en face des accusés[12]. Bien différents des anciens
jurés de la Terreur, du limonadier Chrétien, du luthier Renaudin, du petit
maître Vilate, du menuisier Duplay, du peintre Prieur, du tailleur Trey, etc.
qu'ils ont devant eux, ces jurés thermidoriens sont des provinciaux, venus de
loin, étrangers aux fièvres' qui ont secoué Paris pendant les seize mois de
la Terreur. Ce sont des gens qui tiennent à l'ordre et qui n'aiment pas le
sang. Les actes violents dont ils ont été témoins, pendant la Terreur, dans
leurs départements, les dénonciations, la dépopulation par la guillotine, ils
les réprouvent. Ils ont vu le danger, la mort de près. Ils sont déterminés à
faire expier aux auteurs responsables de ce régime renversé, le mal qu'ils
ont fait. Mais ils sauront suivre les débats, patiemment. Ils ne se
déclareront pas convaincus par des actes d'accusation. Ils écouteront,
attentivement, les témoignages. Et, au moment de se prononcer, ils se
montreront sensibles à des sentiments de modération puisqu'ils admettront des
circonstances atténuantes et qu'ils ne condamneront pas en masse. Les
avocats sont Cressend, Villain, Boutroue, Gobert, Gueneau, Domanget. Gaillard
de la Ferrière assiste Fouquier. Lafleuterie a dû renoncer à le défendre,
pour les motifs que Fouquier a exposés, à la fin de son interrogatoire du 6
germinal. Quatre
cent dix-neuf témoins vont déposer au procès. L'affaire promet d'être longue
; quel contraste avec les affaires bâclées en quelques heures, avant le 9
thermidor ! Les
débats du procès de Fouquier et de ses « complices » durèrent un mois et neuf
jours, du 8 germinal au 17 floréal. Comment
raconter ces débats ? Il n'en reste aucun compte rendu écrit, à notre
connaissance[13]. Nous n'avons, aujourd'hui, que
deux documents à cet égard : le compte rendu imprimé du Procès et celui de
l'Histoire parlementaire de Buchez et ROUX. L'un et l'autre sont suspects de
partialité. Ils sont souvent tronqués, surtout vers la fin des débats. Ils
sont inexacts, en bien des points, remplis de fautes d'impression ; les noms
propres s'y trouvent des plus mal orthographiés. Ils ne nous donnent les
réponses du principal accusé, Fouquier, qu'en des raccourcis insuffisants,
incolores. Fouquier, en dépit de sa fatigue, dut se défendre terriblement et
avec talent. Nous
croyons donc que sa véritable défense consiste : 1° dans les mémoires qu'il a
rédigés et que nous avons tenu à reproduire in-extenso tels qu'ils existent,
écrits de sa main, aux Archives Nationales ; 2° dans ses réponses aux deux
interrogatoires qu'il a subis et que nous avons également tenu à reproduire
impartialement. Dès
l'ouverture des débats, à l'audience du 8 germinal, un exposé fut fait de
l'accusation portée contre Fouquier et contre ses complices. « Citoyens
jurés, dit le substitut Cambon, je viens, au nom de la vindicte publique,
dévoiler de grands crimes, dénoncer de grands coupables. « Ces
crimes tiennent à ceux de la faction liberticide qui, par ses infâmes
complots, sut pendant près de dix-huit mois, abattre tous les courages,
comprimer jusqu'à l'énergie de la représentation nationale, répandre la
terreur et la consternation sur le sol de la liberté. « ...
Oui, citoyens, tandis que sur la frontière les vaillants défenseurs de la
patrie cimentaient de leur sang la Liberté naissante, tandis que le bruit de
leurs victoires retentissait de toutes parts., les plus honteuses défaites en
morale comme en justice déshonoraient dans cette enceinte la magistrature, et
dégradaient le nom français[14]... » A
l'audience du 9, Fouquier interpellé par le président, au sujet de
l'arrestation de Lesenne, ce porte-clefs du Luxembourg[15] qui avait déclaré qu'il n'avait
aucune connaissance de la conspiration des prisons, répond : — « Le
témoin tergiversait dans sa déposition. Il se contredisait. Je n'ai requis
contre lui que l'arrestation provisoire. Mais Dumas, dont tout le monde
connaît la férocité (on rit et on murmure), Dumas fit rédiger le jugement en
sens contraire. Alors, ce n'est plus ma faute[16] ». Plus
loin, il dit : « Je recevais les ordres des deux Comités. » Au
sujet des charrettes commandées le matin, sans savoir si, dans le jour, il y
aurait des condamnés, il répond : — «
C'était à cause de la disette des charrettes. » Puis,
il fait remarquer que le témoin qui le charge (Sénar) « a hasardé ces mots : la
faction thermidorienne ». Outrage au régime actuellement au pouvoir. En ce
qui concerne le jugement du comte de Fleury, envoyé à la mort avec une
chemise rouge, Fouquier nie toute responsabilité. Gastrez, employé à la
commission d'instruction publique l’accuse et le reconnaît formellement pour
avoir dit à Dumas : « Ce monsieur-là me parait pressé. Je vais l'envoyer
chercher ». — Vous
êtes Fouquier, dit Gastrez. Vous étiez alors un peu plus gras, mais je vous
reconnais. Fouquier.
— Je ne me rappelle pas ce jugement. — Et il le cherche dans ses cartons. En
général, aux témoignages qui concernent les conspirations des prisons, les
listes, les amalgames, il répond que les faits ne le regardaient pas, qu 'il
avait des ordres ; il nie les propos ou il ne se souvient plus. Ou bien
encore, il cite, avec précision, les arrêtés du Comité de salut public, celui
du 17 messidor, par exemple, relatif aux 155, pour se mettre à couvert. Ou
bien encore, il dit : « Je ne siégeais pas. » — Qu'avez-vous
à répondre sur ce qui regarde Morin ? » lui demande Cambon. Fouquier
: « Le témoin n'a pas dit que c'était moi qui siégeais. D'ailleurs,
j'accusais. Je n'étais ni juré, ni juge. De plus, je nie les propos. Morin
quartier maître, est sur la liste. » Ce qui
n’est pas répondre. Car l'examen des actes d'accusation prouve aujourd'hui
qu'il y eut erreur sur les personnes et que cette erreur est imputable à la
négligence ou à la précipitation de Fouquier et de ses subordonnés. Ailleurs,
il riposte à Baraguay d'Hilliers, ex-général à l'armée du Rhin qui le charge,
au sujet de la Conspiration du Luxembourg. — Le
témoin dépose avec ressentiment, Il a été mis en jugement. Et cependant il a
été acquitté. A quoi,
Baraguay d'Hilliers : —
Fouquier a eu des relations au Luxembourg avec Boyaval, pour les listes de
proscription. C'est Boyaval lui-même qui me l'a dit[17]. Plus
loin, Leroi, dit Dix-août, s'étant écrié : « On avilit
l'institution des jurés ! » Fouquier ajoute : — Ce
sera plus tôt fait. Il faut nous condamner. Condamnez-nous. Il fait
valoir l'immoralité du mouton Benoît, faiseur de listes. « Je n'ai
jamais voulu l'écouter. » Benoît
qui est à l'audience, comme témoin, déclare : — Je
n'ai jamais fait de liste. Fouquier,
alors, pour « brûler » Benoît, fait lire par Cambon des lettres
compromettantes et édifiantes de ce témoin. D'autres
témoins, dont Vonschriltz, menuisier et inspecteur de police, affirment
qu'ils ont vu Fouquier venir à Bicêtre et qu'il avait une liste ; que
Fouquier fit descendre quatre à cinq dénonciateurs et qu'il fit ôter leurs
fers[18]. Fouquier
répond : — J'ai
exécuté les ordres des autorités supérieures. Au
cours du long débat qui se poursuit sur l'affaire de la Conspiration du
Luxembourg, le président demande à Fouquier : —
Pourquoi n'avez-vous pas fait entendre tous les témoins assignés pour déposer
dans la première fournée ? Fouquier.
— Je requérais toujours. Je requis alors l'audition de tous les témoins.
J'ignore pourquoi ils n'ont pas tous été entendus. Il arrivait parfois que le
président déclarait les débats fermés. Le
président. — Vous auriez dû, alors, réclamer et requérir la continuation de
l'audition des témoins. Fouquier.
— Je le fis. Cambon,
substitut. — Je tiens en main le procès-verbal d'audience du 19 ; il n'y est
pas fait mention de ce réquisitoire. Fouquier.
— C'est une omission. Je n'étais pas chargé de la rédaction du procès-verbal.
Je ne le signais pas. D'ailleurs, il faut s'en rapporter aux circonstances et
aux individus qui m'étaient adjoints[19]. Au
sujet de la condamnation de Loménie de Brienne, un témoin déclare : — Je me
souviens du procès d'Elisabeth, sœur de Louis Capet. L'ex-comte Loménie de
Brienne fut jugé avec elle. Dumas reprocha à l'ex-comte de Brienne d'avoir
été ministre en 1788, de s'être fait nommer maire de sa commune, de s'être
fait réclamer par quarante communes environnantes, et il fut guillotiné. Fouquier.
— Ce jour-là, je revins du Comité de Salut public à cinq heures du matin. Je
ne pus paraître à l'audience. Je recommandai la plus grande précaution envers
plusieurs accusés. J'aurais voulu en distraire Brienne. Les réclamations des
quarante communes furent produites. Ils étaient traduits par arrêté du
gouvernement. J'ajoute que Brienne était accusé de complicité avec la femme
Canisy, sa nièce[20]. Dans la
même audience, un témoin, Thierriet-Grandpré vient dire que, dès le 26
prairial, Fouquier s'était transporté à Bicêtre avec Lannepoury dresser une
liste de trente-trois prétendus conspirateurs. Et il lit une lettre écrite et
signée de la main de Fouquier, ainsi conçue : «
L'accusateur public près le Tribunal révolutionnaire au citoyen Lanne,
adjoint de la Commission des administrations civiles, police et tribunaux. Paris, 26 prairial de l'an II. « Citoyen,
ci-joint l'état des prévenus trouvés dans notre opération, faite aujourd'hui
à Bicêtre. Je t'invite à me faire passer demain au plus tard, toutes les
pièces de cette affaire, notamment les arrêtés. Salut
et fraternité. A.-Q. FOUQUIER[21] ». Le
lendemain, Lanne remplit le blanc de l'arrêté que la Commission avait pris la
veille, y inséra les trente-trois noms, envoya à Fouquier l'arrêté du Comité
de Salut public du 25 prairial et celui que la commission venait de prendre.
Ces trente-trois individus furent jugés, comme nous l'avons vu. Fouquier
répond « qu'il n'avait pas l'initiative ». A
l'ouverture de l'audience du 18 germinal, Fouquier expose qu'il se trouve
dans des circonstances fâcheuses, attendu l'arrestation de Collot d'Herbois,
Billaud-Varenne et autres[22]. Il n'avait pas prévu cette
arrestation lorsqu'il a écrit ses mémoires justificatifs. Thierriet-Grandpré
parle de Loménie de Brienne, dit qu'il jouissait d'une réputation honorable,
qu'il était considéré comme le père des malheureux. Fouquier
répond que c'est vrai ; que, « pénétré de respect et de vénération pour
l'ex-ministre Loménie, il s'était disposé à siéger pour faire valoir tout ce
qui se trouvait de mémorable et d avantageux pour ce digne ex-ministre ; mais
qu’ayant été prévenu de ses intentions louables, son substitut Liendon
l'avait devancé à l'audience ; qu'il avait affecté de la faire tenir avant
son arrivée au Tribunal et qu'il n'avait pu remplir à son égard ses bonnes
intentions ». Alors
Cambon : « Je tiens en main l'acte d'accusation par vous présenté et de
vous signé contre Loménie... Vous venez de faire l'éloge le plus pompeux et
le mieux mérité de Loménie, ex ministre, et cependant, dans votre acte
d'accusation, vous lui faites un seul crime d'avoir capté les voix pour
devenir maire de sa commune, d'avoir mendié des réclamations de la part des
communes circonvoisines. Pourquoi donc venez-vous aujourd'hui vous étayer de
son mérite pour excuser une inculpation que vos éloges détruisent en ce
moment : votre cœur a donc autrefois démenti ce que votre bouche profère
aujourd'hui ?[23] » Nous
n'avons pas la réponse de Fouquier. Au
sujet des chemises rouges, il répond que le jugement qui les condamnait avait
prononcé qu'ils seraient couverts de ce vêtement, réservé aux assassins. Cambon.
— Voici la minute du jugement qui constate que, d'après la déclaration du
jury, les soixante-neuf (sic)[24] n'ont pas été convaincus
d'assassinat particulier, mais d'avoir conspiré en assassinant le peuple par
la famine. Le jugement ne porte pas cette disposition des chemises rouges. Fouquier.
— Je prétends que c'est une faute du greffier, parce que le jugement l'a
prononcé. Harny,
l'un des accusés, qui était l'un des juges dans cette affaire. — Le Tribunal
ne l'a pas prononcé. J'en témoignai mon étonnement, mais on me dit que cela
ne me regardait pas[25]. En ce
qui concerne l'accusation d'avoir influencé les jurés dans l'affaire de
Danton et des Dantonistes, Fouquier s'explique. « Les jurés s'impatientaient
dans leur chambre de ce que l'audience ne commençait pas. Nous y montâmes, je
crois, le 16, quatrième jour de l'instruction de ce procès pour leur faire
part de la réponse du Comité de Salut public ». On fait
observer à Fouquier et à Herman qu'ils auraient dû, publiquement, à
l'audience, donner lecture de la réponse du Comité. Ils répliquent que cette
réponse n'était que verbale et annonçait que les députés réclamés par les
accusés ne seraient pas entendus[26]. Fouquier ajoute : « C'est
Voulland et Amar qui ont apporté le décret » ... Je ne me rappelle pas qu'on
ait retiré la parole à Danton. Je n'ai fait aucun résumé dans cette affaire. Les
greffiers du Tribunal, Tavernier, Pâris, Wolf, Neirot le chargent — à fond.
Et lui s'écrie : — J'ai
appris que Fabricius (Pâris) m'en voulait. J'en suis surpris. J'ai fait tout
ce que j'ai pu pour le faire sortir de prison. Un mandat d'arrêt du Comité
était décerné contre vous, Tavernier et contre Wolff. Je l'ai fait révoquer,
cet arrêté. Puis : — C'est
le jugement de Danton qui nous conduit ici. Voilà la récompense de la
conservation de ces gens-là ! (Murmures)[27] Les
audiences se succèdent, longues, fatigantes. Parfois un juré tombe malade et
il est remplacé par un des quatre jurés supplémentaires- Le jury a représenté
au Tribunal « qu'une affaire de cette importance exigeait de l'attention
et, par conséquent, du repos. » Certaines séances sont ajournées au
lendemain ou au surlendemain. La
Convention avait rendu un décret qui déclare que le Tribunal révolutionnaire
restera en permanence jusqu'à l'entier jugement du procès, le substitut
Ardenne prend la parole, le 1er floréal, pour dire que « la situation pénible
des accusés pendant l'audience, exige nécessairement du repos ; la justice
doit, d'ailleurs, leur donner le temps de méditer Leur défense. Ce sera donc
parfaitement remplir l'esprit de la 1-oi que de donner à ce procès tout le
temps que nos forces morales et physiques nous permettent d'y employer. » Fouquier,
le 19 germinal, après une longue-et âpre discussion avec le témoin Robert
Wolff, s'est trouvé indisposé, et les débats, ce jour-là, durent être fermés.
D'ailleurs, le lendemain, il retrouvait toute son énergie pour discuter avec
le témoin Pâris[28]. Mercier,
dans son Paris pendant la Révolution, nous a donné des détails sur
l'attitude de Fouquier, pendant les audiences. « Il était comme l'Argus de la
fable, tout yeux et tout oreilles. Son attention, dans le cours de cette
longue affaire, ne parut pas se relâcher d'une minute. Il est vrai qu'il
affecta de sommeiller pendant le résumé de l'accu-saleur public, mais ce
sommeil simulé n'était -que pour donner le change aux spectateurs. Il voulait
avoir l'air calme lorsque déjà l'enfer était dans son cœur. Son regard fixe
faisait malgré soi baisser les yeux. Lorsqu'il s'apprêtait à parler, il
fronçait le sourcil et plissait le front. Sa voix était haute, rude et
menaçante ; elle passait soudainement de l'aigu au grave et du grave au ton
le plus remisse. Il s'écoutait parler quand il proposait une question. On ne
pouvait mettre plus d'assurance dans ses dénégations, plus d'adresse à
dénaturer les faits, à les isoler, et surtout à placer à propos un alibi.
Quand un juge lui présentait un jugement en blanc signé de sa main, il niait
d'une voix ferme sa signature et ne tremblait pas devant le témoin
accusateur. Lorsque la preuve était péremptoire, il couvrait tout l'auditoire
d'épouvantables rugissements[29]... » Les
huissiers le chargent comme l'ont chargé les greffiers. Boucher
— ancien huissier, actuellement commis-greffier du Tribunal — : « Fouquier
se plaignait de ce que nous n'allions pas assez vite. « Vous n'êtes pas au
pas, disait-il. Il m'en faut deux cents à deux cent cinquante par décade[30]. » Tavernier,
ex-huissier et actuellement commis-greffier, dit que les jurés choisis par
Fouquier étaient appelés solides. Fouquier
répond que lorsque des jurés manquaient, on en prenait dans la colonne
suivante ; qu'il n'a connu ni jurés forts, ni jurés faibles[31]. A
propos de la mise en accusation et du jugement de la marquise de Feuquières,
guillotinée sans qu'il y eût contre elle de témoins, sans que les pièces
fussent arrivées, sans qu'elle eût signé le procès-verbal d'interrogatoire,
et pendant que l'huissier Château était à Chatou, sur l'ordre de l'accusateur
public, pour chercher une pièce et assigner des témoins, Fouquier répond à
Ardenne, substitut : « Si
des débats qui ont eu lieu, si des aveux de cette femme, la conviction des
jurés a été formée, il n'y a plus de délit. Ardenne.
— Avez-vous observé aux jurés, pendant les débats, que vous attendiez des
pièces et des témoins de la femme Feuquières ? Fouquier.
— Si on attaque le procès, je ne puis plus répondre. Ardenne.
— On ne fait pas ici la révision des procès. Mais on vous observe que vous
auriez dû vous procurer et présenter les pièces à charge et à décharge,
produire les témoins désignés. On vous dit donc que vous avez prévariqué dans
vos fonctions, en ne représentant pas cette lettre. Si le crime doit être
puni, on doit tâcher de découvrir l'innocence par tous les moyens possibles.
Je vous dis que votre précipitation est un crime. Fouquier.
— Cette femme a été traduite au Tribunal. Les débats se sont engagés. Elle a
avoué. Il n'y a plus de débats. On fait ici le procès au Tribunal, comme si
un Tribunal révolutionnaire était un tribunal ordinaire ! On devrait se
reporter aux époques des lois révolutionnaires. Ardenne.
— Quelque supérieures que fussent alors les circonstances, quelque sévères
que fussent ces lois, vous ne deviez pas ajouter à leur cruauté. Vous deviez
plutôt porter votre tête sur l'échafaud. (Vifs applaudissements). Fouquier.
— Vous me rendez responsable des jugements, Ardenne.
— Non. Mais je vous accuse d'avoir transformé des faits ordinaires en délits
contre-révolutionnaires, et d'avoir été au moins l'un des principaux agents
des anciens Comités de gouvernement. D'ailleurs vous n'ignoriez pas le décret
d'amnistie rendu postérieurement à ces faits 1. A
l'audience du 25 germinal, neuf autres accusés sont amenés et adjoints comme
complices à ceux dont on instruit le procès. Ce sont
les nommés : Boyaval, Beausire, Benoît, Valagnos, Guyard, Verney, anciens
espions de prisons, dénonciateurs émérites, puis Lanne, l'adjoint d'Herman à
la Commission des Administrations civiles, police et tribunaux, enfin Herman
lui-même et Dupaumier, ex-administrateur de police. Ils passent de l'état de
témoins à celui d'accusés[32] et cela, du fait de leurs
réponses et des pièces très compromettantes qui ont été réunies contre eux.
Leur rôle dans l'affaire des Conspirations des prisons apparait comme
monstrueux. Quant à Herman, il est évident qu'il « payait » là son attitude
au cours des débats du procès de Dan-, ton. Pendant les audiences qui vont
suivre, ces nouveaux accusés seront mis en cause et de nouvelles lumières
seront projetées sur cette ténébreuse affaire. Puis,
on reviendra, une fois de plus, au procès Danton. Herman
affirmera que « Danton a eu plusieurs fois la parole ». Didier-Thirion,
représentant du peuple, lui objectera que Danton n'avait pas encore répondu
au tiers des chefs d'accusation qui lui étaient imputés, qu'il n'avait pas
encore parlé de l'affaire de la Belgique, lorsqu'on lui ôta la parole. Herman.
— Je ne connaissais nullement l'affaire de la Belgique. Les accusés n'ont pas
été mis hors des débats. Au terme de la loi, le quatrième jour, j'ai demandé
aux jurés s'ils étaient suffisamment instruits pour donner leur déclaration.
Ils répondirent affirmativement Pâris.
— La parole fut ôtée à Danton. Herman et Fouquier entrèrent dans la chambre
des délibérations et dirent aux jurés de se déclarer instruits. Fouquier.
— Pâris était l'ami de Danton, c'est la mort de Danton qu'on veut venger[33]. * * * * *
Il est
un certain nombre d'affaires sur lesquelles les témoins ont à déposer et
leurs dépositions sont accablantes pour Fouquier. Ce sont : l'affaire Sallier
(1er
floréal an II),
l'affaire Fréteau (26 prairial an II), l'affaire Perès (18 messidor an II), l'affaire Saint-Pern (1er thermidor
an II), l'affaire
Maillé (6
thermidor an II),
l'affaire Puy de Vérine (9 thermidor an II). Nous
avons vu, dans la première partie de cet ouvrage, comment Henri Guy Sallier,
ex-noble, président à la Cour des Aides de Paris avait été guillotiné dans
une fournée de membres du Parlement de Paris, condamnés pour avoir, en 1790,
protesté contre les décrets de l'Assemblée Nationale. C'était son fils
Guy-Marie qui était visé. Il y avait eu erreur sur la personne. Guy-Marie
Sallier, vient déposer au procès, dans une lettre où il accuse Fouquier
d'avoir commis un faux en traduisant un président de la Cour des Aides pour
un membre du Parlement. A quoi
Fouquier répond qu'on le rend responsable des débats ; qu'on aurait plus tôt
fait de le juger ; qu'il n'a plus rien à dire ; qu'il est prêt[34]. Pour
l'affaire de Fréteau, cet ancien conseiller au Parlement de Paris acquitté le
27 floréal an II, mais que Fouquier avait néanmoins retenu en prison, fait de
nouveau passer en jugement et qui avait été condamné à mort le 22 prairial an
II, le Tribunal entend la déposition de Sezille, défenseur officieux,
reproduite plus haut[35]. Fouquier répond : « L'affaire
Fréteau ne me regarde pas, la seconde fois il était traduit pour un autre
délit ; je ne me rappelle pas avoir refusé l'expédition du jugement d'acquit
de Fréteau. Mais un
témoin, Didier Jourdeuil, greffier en chef du tribunal du Ille
arrondissement, ancien juré du Tribunal révolutionnaire jusqu'au 22 prairial,
révèle que Girard, le juré, actuellement sur les bancs des accusés, lui a dit
: « Tu ne sais donc pas que Fréteau a soixante-mille livres de rente ? » Thierriet-Grandpré
dit qu'un matin, Fouquier lui a dit, d'un ton fort échauffé : « Sais-tu
ce qu'ils ont fait hier ? Ils ont acquitté Fréteau, cet ex-conseiller au
Parlement, ce député à l'Assemblée Constituante, ce contre-révolutionnaire
connu. Mais je jure, foi d'accusateur public, que ce scélérat sera repris
sous peu de jours, et qu'une fois sous ma griffe, il ne m'échappera plus ! » Fouquier
nie le propos et dit qu'il a été remis en jugement pour un autre délit[36]. Pour
l'affaire de Pérès, ancien conseiller au parlement de Toulouse, guillotiné
sans avoir été compris ni dans les questions posées au jury, ni dans l'acte
d'accusation et sur un jugement en blanc, Ardenne fait observer à Fouquier
qu'il en avait imposé à la Convention, en lui donnant de faux renseignements
et il ordonna la lecture des preuves de civisme de Pérès. Fouquier
rejette toute la responsabilité sur Liendon qui siégeait ce jour-là. C'est
alors qu'Ardenne lui réplique et lui fait observer que, dans les dossiers des
parlementaires de Toulouse, il n'y avait aucune pièce à charge contre eux,
tandis qu'il y en avait une foule à décharge dont il n'avait pas été fait
état[37]. Pour
l'affaire de Saint-Pern fils, guillotiné à la place de son père, le 1er
thermidor, Mme de Saint-Pern, veuve Cornulier, comparait, en personne, à
l'audience du 1er floréal. « Le
1er thermidor, j'ai paru ici en jugement, avec mon grand-père, mon père, ma
mère, mon frère, mon mari et plusieurs autres accusés. Mon frère, âgé de
dix-sept ans, contre lequel il n'y avait aucun acte d'accusation, a été
condamné à mort pour mon père, àgé de cinquante-cinq ans qui, depuis le 9
thermidor, a recouvré sa liberté. Mon mari et moi nous n'avions pas reçu
d'acte d'accusation. Mon mari ne voulut pas monter sans l'avoir reçu. On nous
en apporta un, dans lequel il était dit que nous avions assassiné le peuple,
le 10 août. » Ardenne
lit les pièces de ce procès. Dans l'acte d'accusation il n'y a que Saint-Pern
et sa femme. Le fils n'est pas compris dans l'acte d'accusation, ni dans les
griefs de l'acte. La déclaration du jury porte : J. B. Saint-Pern, âgé de
dix-sept ans, ex-noble, sans état, né à Rennes... Le Tribunal a condamné le
fils pour le père. (Frémissements d'horreur). Alors,
Mme de Saint-Pern, s'adressant à Fouquier : —
Pourquoi n'avez-vous pas aussi mis en jugement ceux qui étaient dénommés dans
l'acte d'accusation, par exemple, Boucher, Custine, Thomas ? Elle
désigne parmi les jurés qui ont siégé dans cette affaire, Renaudin, Châtelet,
Prieur. — Je me
suis rappelé leurs noms parce que mon mari, allant au supplice, me remit ses
cheveux dans le papier qui n'était autre que la liste des jurés de ce
jour-là. Ardenne.
— Les juges qui ont siégé le 1er thermidor, sont Harny, Lohier, Dumas. Fouquier.
— Je n'ai pas siégé. Lohier.
— L'acte d'accusation ne me regarde pas. Harny.
— Après le 22 prairial, les juges étaient ici comme des bûches[38]. Pour
l'affaire du jeune de Maillé condamné à mort comme conspirateur, pour avoir
jeté un hareng pourri à la tête d'un porte-clefs de Saint-Lazare, sa mère Mme
de Maillé comparait et Ardenne lui demande : « Avez-vous la preuve que votre
fils n'avait que seize ans ? » Le
témoin produit l'extrait de naissance certifiant qu'il était né en 1777, le
25 août. Or, il a été condamné le 6 thermidor an II. Fouquier
répond : — Si le
jeune Maillé est compris dans l'acte d'accusation, c'est qu'il a été traduit
par un arrêté du Comité de Salut public. Ardenne
: —
J'observe à Fouquier qu'il ne se trouve dans le dossier aucun arrêté du
Comité de Salut public et aucune date dans cet acte d'accusation. Fouquier
: — Il
doit s'y trouver une liste, sur laquelle est écrit : « A renvoyer à
l'accusateur public. » Elle est signée de trois membres du Comité. Ardenne
: — Il
n'en existe pas. Fouquier
: — On a
soustrait des pièces. Cela étant, je n'ai plus rien à dire[39]. Quant à
l'affaire de Loizerolles père, guillotiné pour son fils, la veille de la
chute de Robespierre, Ardenne donne lecture de l'article qui le concerne,
dans l'acte d'accusation. Nous avons déjà exposé cette affaire précédemment[40]. Ardenne ajoute que le mandat
d'extraction porte : « fille Loizerolles ». — « Il
n'y a pas eu de fille Loizerolles traduite en jugement, répond Fouquier.
C'était le fils. Après la loi du 22 prairial, on ne fit plus
d'interrogatoire. On envoyait seulement dans les prisons des individus ou des
huissiers qui étaient chargés de prendre les noms des détenus et de les
amener au Tribunal. Celui qui est allé à Lazare a pris le père pour le fils.
Mon substitut, je crois que c'est Liendon, aurait dû faire mettre le père
hors des débats[41] » Lorsqu'à
l'audience du soir, le 2 floréal, un témoin[42] accuse Fouquier d'avoir dit, au
sujet d'une femme paralytique : « Ce n'est pas la langue, c'est la tête qu'il
nous faut », Fouquier nie le fait. Mais Cambon, aussitôt : — «
Fouquier vient de vous dire qu'il n'avait jamais mis en jugement des
personnes paralytiques. Je vais démontrer qu'il a mis non seulement des
paralytiques, mais encore un homme sourd, aveugle et en enfance ». Il
parle alors de M. Durand Puy de Vérine. Il lit les certificats que nous
reproduisons aux pièces justificatives. Fouquier
répond : « On aurait dû présenter ces certificats. Je ne puis être
responsable de tout. J'ignore d'ailleurs si, ce jour-là, je siégeais. Ils
n'étaient pas accusés de conspiration. Ils étaient traduits par le Comité ». Et, ce
qui parait contradictoire avec ce qu'il vient de dire : « J'ignore si ce
jour-là je siégeais », il ajoute ceci : « D'ailleurs cet aveugle ne m'a
pas paru dans l'enfance. Il a, en outre, fait des aveux à l'audience ». Mais
Cambon tient le procès-verbal d'audience et il lit les noms des membres
composant le Tribunal, ce jour-là : « Dumas, Maire, Félix, juges. Fouquier,
accusateur public1[43]. » Parmi
ses témoins à décharge, Fouquier a cité l'un des membres de ce Comité de
Salut public dont il a exécuté les ordres, Carnot. Mais,
le 12 floréal (1er mai),
à l'audience du matin, le président lit une lettre de Carnot qui s'excuse de
ne pouvoir venir déposer et qui envoie un certificat de maladie. Fouquier,
alors, déclare qu'il « se désiste de ses témoins. » Les débats sont
fermés ce jour-là[44]. A 5
heures du soir, Cambon, substitut de l'accusateur public, fait son résumé.
Fouquier sommeille. A huit heures, il est entendu dans sa défense générale
jusqu'à dix heures. Le 13,
à neuf heures du matin, il continue sa défense jusqu'à 11 heures et demie.
Naulin, Herman, Leroy, Lanne, Chrétien, Scellier, Vilate parlent ensuite. Le 14,
à neuf heures du matin, les autres accusés sont entendus. Le soir,
Garnier-Launay, Delaporte, Trinchard, Dupaumier se défendent ; Guyard et
Verney s'en réfèrent à la défense de leurs avocats. Fouquier-Tinville
prend la parole. Il dit qu'il manque un complément à sa défense. Ce sont les
trois déportés, Billaud-Varenne, Collot d'Herbois, Barère et les membres des
anciens Comités de gouvernement actuellement incarcérés. « Ce
n'est pas moi qui devrais être traduit ici, mais les chefs dont j'ai exécuté
les ordres. Je n'ai agi qu'en vertu des lois du 14 frimaire et du 23 ventôse,
lois portées par une Convention investie de tous les pouvoirs. Par l'absence
de ces membres, je me trouve le chef d'une conspiration que je n'ai jamais
connue. Me voilà en butte à la calomnie, à un peuple toujours avide de
trouver des coupables. (Violents murmures). Il n'y a que des malveillants
qui puissent trouver mauvais ce que je dis. » Ensuite,
il répond à plusieurs faits qui lui ont été imputés. Le 15,
au matin, son avocat, Gaillard de la Ferrière parle pour lui. Les autres
défenseurs prennent la parole pour les autres. Le soir, Cressend, Gueneau,
Domanget parlent. Le 16,
à neuf heures du matin, Domanget continue son plaidoyer jusqu'à onze heures. Leroy,
Fouquier, Ganney,-Valagnos, font encore quelques observations. Fouquier
reprend encore la parole et présente aux jurés quelques faits pour sa
justification. Les
débats sont fermés à onze heures. Le Tribunal déclare que les accusés seront
jugés sans désemparer. A l'audience du soir, le président résume l'affaire.
Les questions sont posées. Les jurés se retirent dans leur chambre pour y
délibérer, à 9 heures du soir, et, le 17, à midi, ils rentrent pour faire
leur déclaration qui dure jusqu'à trois heures. Le Tribunal se retire dans la
Chambre du Conseil pour y délibérer. Il rentre à 5 heures. Les accusés sont
amenés à l'audience. Le jugement est rendu[45]. Fouquier-Tinville
est convaincu de manœuvres et complots tendant à favoriser les projets
liberticides des ennemis du peuple et de la République, à provoquer la
dissolution de la représentation nationale et le renversement du régime
républicain, à exciter l'armement des citoyens les uns contre les autres,
notamment en faisant périr, sous la forme déguisée d'un jugement, une foule
innombrable de Français de tout âge et de tout sexe ; en imaginant, à cet
effet, des projets de conspirations dans diverses maisons d'arrêt de Paris ;
en dressant, en faisant dresser, dans ces diverses maisons d'arrêt, des
listes de proscriptions, etc., et d'avoir agi avec de mauvaises intentions.
Il est condamné à mort, à l'unanimité, par onze voix sur onze votants[46]. Foucault,
Scellier, Garnier-Launay, Leroy, dit Dix-Août, Renaudin, Vilate,
Prieur, Châtelet, Girard, Boyaval, Benoît, Lanne, Verney, Dupaumier, Herman
sont convaincus d'être complices des manœuvres et complots de Fouquier,
d'avoir agi avec de mauvaises intentions. Ils sont condamnés à mort. Maire,
Harny, Deliège, Naulin, Delaporte, Lohier, Trinchard, Brochet, Chrétien,
Ganney, Trey, Guyard, Valagnos ne sont pas convaincus d'être auteurs, mais
d'être complices de ces manœuvres et complots. Ils n'ont pas agi avec
mauvaises intentions. Ils sont acquittés. Duplay et Beausire sont également
acquittés[47]. * * * * *
Il est
six heures du soir. Le
Courrier républicain écrit qu'à l'annonce du verdict, Fouquier parut « furieux ».
Scellier lança au nez du président une brochure qu'il tenait à la main.
Herman se découvrit « par un mouvement de rage », et jeta son
chapeau par la fenêtre. La plupart des condamnés traitèrent les juges et les
jurés de scélérats, leur prédisant une mort semblable à celle qu'ils allaient
subir. « Encore quarante jours, s'écrièrent-ils, et Ninive sera détruite ![48] » Quant à
la foule qui remplit l'auditoire, elle semble avoir été émue de sentiments
divers. Des inspecteurs de police écrivaient, dans leur rapport, ce jour-là :
« Hier (16 floréal an III, 5 mai 1795), on s'entretenait dans plusieurs cafés de
l'affaire Fouquier-Tinville. Les opinions à cet égard étaient très partagées
; quelques citoyens prétendaient que ce scélérat et tous ses complices
devaient être jugés à mort. D'autres soutenaient que la Convention en avait
disposé autrement, qu'elle avait donné des ordres pour qu'ils fussent
seulement condamnés à la déportation, que cette mesure importait pour ne pas
exposer Fouquier aux regards du public, auquel il ne manquerait pas de
révéler beaucoup d'horreurs que le gouvernement avait intérêt à tenir
secrètes[49]. » Les
condamnés demandèrent à être exécutés le soir même. Mais il était tard. Le
crépuscule tombait, et on ne trouvait pas l'exécuteur. On dut surseoir au
lendemain matin. Fouquier-Tinville
écrivit alors ces quelques mots qui nous ont été conservés : « Je
n'ay rien à me reprocher : je me suis toujours conformé aux lois ; je n'ay
jamais été créature de Robespierre ny de Saint-Just ; au contraire j'ay été
sur le point d'être arresté quatre fois, je meurs pour ma patrie et sans
reproche : je suis satisfait ; plus tard on reconnoîtra mon innocence. « A.-Q. FOUQUIER[50]. » Le 18
floréal (7 mai 1795), de bonne heure, les quais et les rues avoisinant la
maison de Justice et la place de Grève sont noires de peuple. La foule
immense attend l'arrivée des charrettes. Devant l'Hôtel de Ville, l'échafaud
se dresse, dans la lumière éclatante du jour. « L'esprit qui semblait animer
cette multitude innombrable n'était point cette joie féroce que la joie (sic) inspirait aux cannibales
qu'étaient les spectateurs journaliers des boucheries révolutionnaires ; la
curiosité qui nous porte à aller voir des monstres extraordinaires paraissait
être le seul sentiment qui régnait dans cette foule d'individus de toute
fortune, de tout âge et de tout sexe[51]. » Dans
les groupes on n'entendait qu'une voix : « Il ne l'a pas volé ; on lui a
laissé tout le temps et les moyens de se défendre. » Et bien des gens de
raconter « comment le monstre » les avait privés d'un ami, ou d'un père
ou d'un parent. Quelques-uns se félicitaient d'avoir échappé par miracle à
ses charrettes. On le traitait « d'anthropophage. » Les
croisées étaient garnies de curieux et de curieuses « sur le visage
desquels on lisait cette satisfaction que procure à la vertu la destruction
du crime[52]. » Tout à
coup, au milieu de la foule, par-dessus les têtes, on aperçut les trois
charrettes qui s'avançaient. Fouquier-Tinville était sur la dernière. Un flot
d'invectives et d'injures jaillit vers lui. Des voix désespérées lui criaient
: « Rends-moi mon père, rends-moi ma famille, rends-moi mon frère, rends-moi
mon ami, ma femme, ma sœur, mon époux, ma mère, nies enfants ! » D'autres
gouaillaient : « On va t'ôter la parole. » « Dans deux minutes
tu seras hors des débats. » « Ta conscience est-elle assez éclairée ? » « Le
peuple va faire feu de file à son tour ! » « Va rejoindre tes victimes,
scélérat ![53] » Des
cris aigus, des hourrahs de triomphe s'élevaient. La multitude oscillait en
un continuel remous. Lui,
était pâle, livide, tous les muscles de la face contractés, les yeux « rouges
de sang. » Sans doute, il avait pleuré en pensant à sa femme, à son
fils, à ses enfants, aux êtres qu'il laissait dans le plus affreux dénuement.
Certains crurent le voir sourire et se moquer. Un journaliste l'entendit
répondre aux huées par ces mots : « Vile canaille, va chercher du pain ! »
Le peuple criait : « Vive la justice ! » Devant
l'échafaud, les trois voitures s'arrêtèrent. Les seize condamnés en
descendirent. Les uns après les autres, ils furent basculés sous le triangle
sanglant de la guillotine. Fouquier-Tinville fut exécuté le dernier. Le
peuple hurla pour demander qu'on lui montrât sa tête. « L'exécuteur la
saisit par les cheveux et il la promena sous les regards avides du public[54]. » Il
était onze heures du matin. La
foule se retira lentement. Sur la place, le long des quais, par les rues, par
les ponts, elle s'écoulait, commentant les faits, tranquille, bruyante,
satisfaite du supplice et contente de la belle journée, sous le soleil de
floréal. Cependant,
non loin de là, rue de la Harpe, dans un modeste logis, une veuve pleurait.
Une vie d'opprobre, d'atroce misère, d'isolement absolu, sans remède,
commençait pour elle. C'était Mme Fouquier-Tinville. |
[1]
Dans son premier interrogatoire, le 1er frimaire, an III, il avait été
questionné par Forestier, en présence de Jean-Jacques Granger, substitut. On
l'avait alors amené de la prison du Plessis, au Tribunal. (V. chap. IX.)
[2]
Il s'agit ici du porte-clefs Lesenne.
[3]
Employés au parquet.
[4]
Accusateur public du Tribunal du 23 thermidor, qui rédigea le 1er acte
d'accusation contre Fouquier.
[5]
Au cours des débats de son procès, le 22 germinal, Fouquier adressera une note
au Tribunal « espérant le convaincre qu'il y a eu depuis sa détention, des
soustractions faites dans son cabinet et ai greffe par Pâris, témoin dont la
haine et la partialité ont éclaté hier. » Fouquier requiert qu'il plaise au
Tribunal ordonner qu’en sa présence et en présence de l'accusateur public, il
sera fait une perquisition dans les cabinets destinés aux juges, des papiers
qui peuvent y avoir été cachés par Pâris.
Le Tribunal fit droit immédiatement à cette demande.
(W. 499, dossier 550, pièce 3).
Pâris fut entendu comme témoin au Procès, en dépit de
la protestation de Fouquier. Le président donna lecture aux jurés de la loi
relative aux motifs de récusation et déclara que le Tribunal recevrait la
déclaration de Pâris.
(W. 499, dossier 550, pièce 6, f° 15).
[6]
Gaillard de la Ferrière.
[7]
Arch. nat. W. 501, 2e dossier, p. 38.
[8]
C'étaient Fouquier, Deliège, Delaporte, Foucault, Maire, Scellier, Harny,
Gernier-Launay, Naulin, ex-juges du Tribunal de la Terreur ; Lohier, Trinchard,
Leroy, Renaudin, Pigeot, Aubry, Vilate, Duplay, Prieur, Chàtelet, Brochet,
Chrétien, Girard, Trey, Ganney, ex-jurés.— Félix, Bravet, Barbier, Liendon,
Didier et Gauthier étaient en fuite.
[9]
Nous savons par Mercier qu'il écrivait avec une extrême rapidité. (Vatel, Mme
Du Barry, t. III, p. 257). Et voir Arch. nat., W. 180, liasse 26.
[10]
Mercier, Paris pendant la Révolution, t. II, p. 127-128.
[11]
Il était président du Tribunal criminel du Loiret En l'an VIII, par suite des
décrets des 13, 14, 15, 16, 17 et 18 germinal, (du 3 au 8 avril 1800),
Liger-Verdigny fut nommé membre du Tribunal de Cassation. Il fut renommé par
nomination du 12 février et il resta membre de Cour de cassation jusqu’en 1830.
Il figure alors dans l'almanach royal sous le nom de Liger de Verdigny. A
partir de 1830, jusqu'à 1832, il est conseiller honoraire et il cesse de
figurer sur j'almanach royal a partir de cette date. Il était chevalier de la
Légion d'Honneur depuis 1816.
[12]
Rouitborel Abadie-Verduisant, Cadet et Gabriel Saint-Horrent, avaient été élus
comme jurés supplémentaires.
[13]
A part le procès-verbal des audiences, qui est conservé aux Archives (W. 499,
dossier 550, pièce 7.)
[14]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 292
et W. 499, dossier 550.
[15]
Qui est le premier témoin déposant.
[16]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 304.
[17]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 332.
[18]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 349
à 355.
[19]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 365.
[20]
Anne-Marie-Charlotte de Loménie, femme Canisy, guillotinée le 21 floréal, an
II. BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 421.
[21]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 432.
[22]
Condamnés à la déportation.
[23]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 441.
[24]
En réalité, ils étaient 54.
[25]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 463.
[26]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 477.
[27]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 6
[28]
Arch. nat. W. 499, dossier 550, pièce 6, passim.
[29]
Mercier, Paris pendant la Révolution, t. II, pp. 127, 128. Cité par
Campardon. Le Tribunal révolutionnaire, t. II, p. 209.
[30]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 12.
[31]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 15.
[32]
BUCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 18 et
W. 499, dossier 550, pièce 6, f° 19.
[33]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 130.
[34]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 101.
[35]
Chapitre VIII.
[36]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, pp. 75
et 97.
[37]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 141
[38]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 92
[39]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 57 et
suivantes.
[40]
V. Chapitre III.
[41]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXIV, p. 439.
[42]
Retz, négociant, ancien économe de l'hospice de l'Évêché.
[43]
BÛCHEZ et ROUX, t. XXXV, p. 137.
Et voir le procès-verbal d'audience dans W. 433, n° 973.
[44]
Arch. nat. W. 499, n° 550, pièce 7, page 47.
[45]
Arch. nat. W. 499, dossier 550, pièce 7, page 57.
[46]
Arch. nat. W, 499, dossier 550, pièce 13.
[47]
W. 499, dossier 550, pièce 15.
[48]
Courrier républicain, du 19 floréal, dans Aulard. Paris sous la
réaction thermidorienne, t. I, p. 707.
[49]
Rapport du 17 floréal, par Le Roux et Rouchas, jeune. Ibid., p. 701.
[50]
Arch. nat. W. 499, dossier 550, pièce 41.
[51]
Messager du soir, du 19 floréal, dans Aulard. Paris sous la réaction
thermidorienne, p. 707.
[52]
Messager du soir du 19 floréal.
[53]
Messager du soir du 19 floréal.
[54]
Courrier républicain du 19 floréal.