FOUQUIER-TINVILLE

DEUXIÈME PARTIE. — L'ACCUSÉ

 

CHAPITRE XII. — LE SECOND PROCÈS DE FOUQUIER-TINVILLE. - FIN DE L'ENQUÊTE. - L'ACTE D'ACCUSATION DE JUDICIS.

 

 

Dépositions : L'exécution de la marquise de Feuquières. — Fouquier aurait donné des ordres pour que, à la Conciergerie, les enfants ne manquassent de rien. — Déposition de Robert Wolff, commis greffier. — Emportements et violences de Fouquier.
Il était dangereux, sous la Terreur, d'avoir 300.000 livres de rentes. — Rôle de Fouquier dans l'affaire Danton, dans celle de Léonard Bourdon, dans les prétendues conspirations des prisons. — Ses rapports avec certains jurés.
L'acte d'accusation de Judicis.

 

Après son collègue Godart, le juge Pissis reprend l'interrogatoire, le 1er germinal. L'enquête touche à sa fin. Elle apporte des charges de plus en plus graves contre Fouquier. Plus elle avance, plus la brutalité, les violences de l'ex-accusateur public sont avérées. C'est à croire que, comme l'ont dit plusieurs témoins, il était, souvent, pris de boisson. La hâte criminelle avec laquelle il rédige et fait copier les actes d'accusation apparaît, évidente, abominable.

Voici un huissier du Tribunal, Jean-Baptiste-Nicolas Leclerc, 32 ans. Il a vu plusieurs fois Fouquier-Tinville venir dans la chambre des huissiers, s'emporter « à raison de ce que les affaires n'allaient pas assez vite ».

Un autre huissier, Louis-Joseph-Georges Trippier déclare :

— « Etant à la Conciergerie occupé à faire des écrous ou des recherches, je vis arriver le citoyen Malarme, secrétaire du parquet, qui demanda au greffier qu'on établît un relevé de tous les prêtres qui pouvaient y être détenus, pour faire passer ce relevé à l'accusateur public qui le réclamait. »

Trippier fut, une fois, chargé d'aller immédiatement, à Chatou (quoiqu'il fût minuit), de rassembler le Comité révolutionnaire de l'endroit pour lever les scellés apposés chez la ci-devant marquise de Feuquières, afin d'en extraire une lettre écrite par elle à la municipalité ; de rapporter cette lettre ou une copie collationnée à l'accusateur public et ce, sur-le-champ, afin de mettre Mme de Feuquières en jugement. Il devait aussi assigner trois témoins à charge dans cette commune. Mais, n'ayant pu se procurer que très tard, le lendemain, la lettre en question et n'ayant trouvé aucun des témoins qu'il avait mission d'assigner, il revint à Paris avec la réponse d'un officier municipal et la copie de cette lettre.

Quelle ne fut pas sa surprise, en arrivant place de la Révolution, vers le soir, d'apprendre que la ci-devant marquise de Feuquières avait été jugée et condamnée sans lettre ni témoins !

Il a assisté à plusieurs audiences, après le 22 prairial. Les débats « étaient extraordinairement courts. » On demandait à peine aux accusés leurs noms et leurs qualités. Il a entendu, une fois, Fouquier interdire la parole à un accusé qui voulait se défendre. Fouquier dit aux gendarmes :

— Faites votre devoir.

L'accusé fut mis hors des débats, reconduit à la Conciergerie et condamné.

Et pourtant, le témoin, se trouvant à la Conciergerie, entendit un jour quelqu'un venir donner des ordres de la part de l'accusateur public à la citoyenne Richard pour qu'elle « eût grand soin des prisonniers qui venaient d'arriver. Surtout que les enfants ne manquassent de rien, qui paraissaient être des Lorraines ou des Comtoises[1]. »

 

Antoine-Marie Berthaut, secrétaire greffier du tribunal de paix de la section du Théâtre-Français, 32 ans, déclare qu'à l'audience du Tribunal dans laquelle fut jugée l'affaire de la conspiration des Carmes, « où il y avait quarante neuf accusés », Fouquier faisait les fonctions d'accusateur public.

Il demanda à un témoin s'il avait quelque fait à dire contre quelques-uns des accusés. Il lui en nomma un. Le témoin répondit :

— Je le reconnais pour un honnête homme. Je ne lui ai rien vu faire en prison contre l'ordre et je suis détenu dans la même maison d'arrêt.

Fouquier répliqua :

— N'êtes-vous pas de la même section ?

— Oui.

Alors Fouquier, vivement :

— J'ai quelque chose contre vous. Vous êtes de la même section. Vous vous soutenez.

Il ne voulut plus l'entendre.

 

Nous avons entendu la déposition du greffier Pâris[2]. Voici celle du greffier Robert Wolff qui a déjà déposé dans la première enquête, le 6 vendémiaire[3].

Il a « vu, depuis la loi du 22 prairial, le Tribunal révolutionnaire érigé en boucherie ». Dans l'espace de trois heures, on mettait en jugement « par une forme insultante à la justice » et on envoyait au supplice trente, quarante ou cinquante personnes à qui on n'avait pas laissé le droit de se faire défendre et à qui on interdisait même la faculté de se défendre elles-mêmes. Ces personnes étaient aussi étrangères les unes aux autres que l'étaient les délits pour lesquels elles étaient mises en jugement par les actes d'accusation de Fouquier.

« Vingt et trente dossiers, dans une seule de ces affaires, étaient soumis à cette espèce de jury ; il aurait fallu plus de huit jours pour examiner ces pièces. » Il n'y a pas ou presque pas eu de témoins entendus. Les jurés ne restaient qu'une demi-heure à délibérer ; ils revenaient, ensuite, dire que dans leurs « prétendues consciences » ils étaient convaincus. Qu'on ouvre le premier carton du greffe. On trouvera la vérité de ces déclarations[4].

 

Lucien-François Dupré, 33 ans, huissier près les tribunaux du département de Paris, rue Denis, n° 37, section des Amis de la Patrie, a été plusieurs fois dans le cabinet de Fouquier, ex-accusateur public du Tribunal. « Fouquier, dit-il, s'emportait beaucoup contre les secrétaires et contre les commis de ce que la besogne n'allait pas assez vite et de ce qu'il n'y avait pas un plus grand nombre de victimes soit pour le jour soit pour le lendemain. » Il a remarqué chez lui « un acharnement peu commun pour mettre en jugement, au point que s'il n'eût dépendu que de lui, il aurait envoyé à l'échafaud, en un seul jour, tous les détenus. »

Dupré vit et lut un jour l'acte d'accusation dressé contre le nommé Dietrich[5], maire de Strasbourg, et n'ayant pas trouvé de délits méritant condamnation, il en fit l'observation à Château, commis du parquet, qui lui répondit :

— Tu as raison. Tu trouves que ce n'est rien. Mais les 300.000 livres de rente qui ne sont pas portés là-dessus sont quelque chose.

Par ce propos, et par le ton qu'il y mettait, Château semblait au témoin rendre l'état d'esprit du parquet.

Dupré a assisté à plusieurs audiences du Tribunal. Il a remarqué « un grand acharnement contre les accusés de la part de Fouquier ». Il leur laissait à peine « le temps de s'y reconnaître », notamment dans l'affaire de Magon la Balue dans laquelle la petite-fille de ce dernier et son mari furent condamnés pour ce seul fait qu'ils appartenaient à la famille. Il n'y eut aucune pièce, aucun témoin contre eux. Dupré ne peut cependant attester assez positivement que ce fut Fouquier qui fit les fonctions d'accusateur public dans cette affaire[6].

 

Depuis un mois, les deux juges enquêteurs, Pissis et Godart, se sont attachés à établir la responsabilité de l'accusateur public dans la hâte criminelle avec laquelle étaient établis les actes d’accusation, son attitude aux séances au Tribunal, lorsqu'il siégeait, le rôle joué par lui dans l’affaire Danton, dans celle de Léonard Bourdon, dans la Conspiration des prisons, ses rapports avec les jurés.

Nous avons longuement interrogé les actes d'accusation aux Archives. Nous avons démontré qu'ils étaient rédigés avec une précipitation et une négligence dont les fac-similés publiés dans le présent ouvrage ont pu donner des exemples saisissants à nos lecteurs. Nous avons entendu maintes dépositions relatives à l'attitude de Fouquier au cours des débats.

Nous connaissons le terrible témoignage du greffier Pâris, au sujet de l'affaire Danton. Lorsque Pâris, mis en présence de Fouquier au procès, déposera, Fouquier s'élèvera contre cette déposition en disant :

— C'est la mort de Danton qu'on veut venger ici.

Mais il ne pourra pas nier les faits de cet exposé net, précis, circonstancié.

 

Un autre témoin, Villain d'Aubigny, prisonnier à Sainte-Pélagie, a rencontré Fouquier dans cette maison d'arrêt, en fructidor. Il dit avoir vivement reproché à l'ex-accusateur public sa conduite dans l'affaire Danton. Fouquier lui répondit qu'il n'avait aucun reproche à se faire puisqu'il avait été au Comité de Salut public et lui avait transmis la demande des accusés qui voulaient faire entendre seize députés comme témoins. Il croyait que le Comité ne ferait aucune opposition. Le Comité refusa.

— J'ai insisté, dit Fouquier à Villain d'Aubigny.

— C'est donc un crime à vous, répondit le témoin, d'avoir trompé les accusés en leur faisant perdre un temps précieux qu'ils auraient pu employer à prendre d'autres moyens pour se justifier. Je vous disque votre lettre du 15, écrite au Comité, est un crime puisque, d'après ce qu'on vous avait dit, la veille, vous deviez savoir, d'avance, quelle serait la réponse du Comité à votre lettre.

— Je l'ai écrite, affirma Fouquier, parce que le peuple qui assistait à cette affaire demandait, avec les accusés, que les témoins qu'ils réclamaient fussent entendus. Mais je ne prévoyais pas l'usage atroce que le rapporteur du Comité ferait de cette lettre pour arracher et pour surprendre à la Convention un décret mettant les accusés hors des débats. Ce décret a été surpris. On a parlé d'une rébellion à la Loi et à la Justice de la part des accusés. Cette rébellion n'a jamais eu lieu.

— Il est bien étrange, riposta Villain d'Aubigny, qu'au moment où ce décret parvint au Tribunal, au moment où le Tribunal était instruit par sa lecture de la façon horrible dont la bonne foi de la Convention a été surprise, vous n'ayez pas requis tous les membres du Tribunal, tous les juges, tous les jurés pour se transporter, avec vous, à l'instant même, devant la Convention, afin de l'éclairer sur l'affreuse perfidie à la faveur de laquelle on venait de lui surprendre un décret qui envoyait à l'échafaud les accusés, sans les avoir entendus.

— Enchaîné moi-même par les menaces qui m'étaient faites chaque jour, je n'ai pu, dans cette circonstance, comme dans beaucoup d'autres, suivre les mouvements de mon cœur[7], répondit Fouquier.

 

Au sujet de l'affaire Léonard Bourdon, François Basseville, couvreur à Orléans, déclare qu'il trouva Léonard Bourdon, ses témoins, et Fouquier-Tinville, réunis dans une même salle[8]. Ces témoins appartenant « à la clique qui a désolé la commune d'Orléans » se jetèrent au cou de Léonard Bourdon qui leur rendit des témoignages non équivoques de son amitié pour eux.

Au cours de l'instruction et des débats, Basseville a vu plusieurs fois Fouquier déjeuner à la buvette avec ces témoins. Quand les officiers municipaux de la commune d'Orléans, appelés en témoignage, se présentèrent à l'audience, Fouquier-Tinville leur ferma la bouche et dit au président :

— Observe, président, que c'est un officier municipal qui parle et qu'il ne te dira jamais la vérité.

 

Un autre témoin, Charles Cornu, 37 ans, cultivateur à Orléans, déclare que Fouquier et ceux des juges qui avaient reçu les interrogatoires des Orléanais, dans l'affaire de Léonard Bourdon « paraissaient étonnés de l'importance que le représentant cherchait à donner à cette affaire et n'y semblaient trouver aucun délit grave ». Léonard Bourdon eut de fréquentes conférences, matin et soir, avec Fouquier, jusqu'au moment où l'acte d'accusation eût été rédigé et signé. C'est dans le même temps que Léonard Bourdon fit imprimer ce qu'il a intitulé : Détails sur l'assassinat commis à Orléans sur un représentant du peuple. Ce factum se trouva en partie copié dans l'acte d'accusation. Fouquier, rencontrant au greffe du Tribunal le témoin qui venait d'y déposer des pièces justificatives, lui dit qu'il était bien fâché d'avoir consenti à ce qu'il fût provisoirement mis en liberté ; qu'il était très coupable ; qu'il avait été trompé sur son compte.

— Vous n'avez pu être trompé, lui répondit Cornu, puisque vous avez en votre possession toutes les charges relatives à cette affaire.

Les témoins assignés étaient journellement chez Bourdon avec Fouquier-Tinville. Des jeunes filles d'Orléans, appelées en témoignage, avaient, la veille de l'audience, raconté que Bourdon les avait bien régalées, qu'il leur avait payé des bouquets et promis des robes. Les témoins ont déjeuné plusieurs fois à la buvette du Tribunal avec Fouquier et des jurés. Cornu en fit faire l'observation à l'audience par Julienne, un des défenseurs. Fouquier en montra beaucoup d'humeur et dit à Julienne « qu'il n'en serait pas plus heureux ». Il demanda au Tribunal l'arrestation de plusieurs témoins à décharge[9].

Quant à la complicité de Fouquier dans cette fameuse conspiration fantôme qu'on a appelée la Conspiration des prisons, voici un certain nombre de dépositions qui semblent l'établir.

Le 15 ventôse an III, un officier de paix, René-Charles Mercereau, qui a été détenu au Luxembourg pendant deux mois, dépose devant le juge Pissis qu'il a vu faire « des listes de proscription ». Des administrateurs de police lui proposèrent d'y collaborer. Ils lui dirent que Fouquier-Tinville et les Comités avaient, au Luxembourg, des gens pour « découvrir les conspirations ». Dans la nuit du huit au neuf thermidor on vint de la part de Fouquier chercher vingt-cinq de ces prétendus conspirateurs parmi lesquels était un vieillard âgé d'environ 70 ans, âgé, infirme de manière à ne pouvoir remuer que très difficilement, aveugle et dans l'enfance, qui fut condamné ainsi que les autres « pour avoir conspiré dans les prisons[10] ».

Il est à remarquer que la plupart des témoins déclarent imaginaires les conspirations. Celui-ci « en a entendu parler » mais c'est tout. Cet autre dit : « Une conspiration qu'on disait se tramer. » Beaucoup affirment que « loin d'avoir remarqué une conspiration, ils ont remarqué, au contraire, la plus grande tranquillité et la plus grande soumission de la part des détenus, qui étaient terrorisés ». Un autre, incarcéré à Saint-Lazare, peut attester qu'il n'y a eu aucune conspiration. « Il a frémi de voir enlever 90 personnes en trois jours sur la dénonciation de Manini. » Brunet, marchand de vins, rue de Buci, ancien employé comme marchand de vins à la maison des Carmes, « n'a connu aucune trace de conspiration. L'unique soin des détenus était de chercher à se distraire et d'adoucir la rigueur de la détention. Il les a même vus, plusieurs fois, quand un nouveau venu ou tout autre laissait échapper une expression un peu aigre provoquée par le désespoir, le rappeler à la douceur et à l'espérance. » — Dufau, colon, détenu aux Carmes, dit « qu'à son avis, la prétendue conspiration des Carmes n'est qu'une chimère enfantée par des hommes avides de sang. Elle n'a pour objet qu'une évasion projetée par cinq ou six détenus qui, avec les cordes du clocher, se disposaient à s'évader pendant la nuit ». — Chavard déclare que cette conspiration était « absolument imaginaire ». Le projet d'évasion de cinq ou six détenus qui avaient trouvé une corde dans le clocher a seul donné naissance à cette idée. « La base de l'accusation dressée par Fouquier était aussi atroce que calomnieuse puisqu'elle portait sur une conspiration qui n'avait d'existence que dans le cerveau de l'accusateur public et de ses complices ». — Millet, commissaire de Saint-Domingue, député à la Convention, a été détenu aux Carmes. Il n'a remarqué aucune conspiration. Ce dont il a été témoin, c'est de la « patience héroïque » des prisonniers, « de la dureté et de la scélératesse » du concierge, Roblâtre, des guichetiers et des administrateurs de police. — Joly, artiste au théâtre des Arts, « longtemps incarcéré de la part de son comité révolutionnaire » à Saint-Lazare, n'a jamais « remarqué aucune idée de conspiration ni même d'évasion ». Cependant, « pour accélérer l'évacuation de cette maison, il existait des faiseurs de listes de proscriptions ». —Le concierge du Luxembourg, Guyard, « a entendu parler d'une conspiration ». Cependant, dans l'intérieur, il n'a reconnu aucunes démarches ni entendu aucun propos qui tendit à une conspiration, ou elle était bien secrète. Il n'a aucun reproche à faire aux détenus[11].

Mêmes déclarations en ce qui concerne les autres maisons d'arrêt. Ceux qui ont imaginé les conspirations, ceux qui se- sont servis de cette monstrueuse imagination pour échapper au bagne qui les attendait et pour jouir d'une liberté relative, puisqu'ils sortaient et qu'ils allaient au Tribunal témoigner contre les infortunés qu'ils avaient dénoncés, ceux-là seuls savent ce que furent ces conspirations ; ils donnent des détails. Mais, déjà leur témoignage est entaché, suspect, car eux-mêmes sont flétris du surnom ignominieux. Ce sont les moutons : Benoît, Boyaval, Beausire. Mannini, Coquery, Jobert le Belge.

 

* * * * *

 

Et, maintenant, voici ce que l'enquête a dit sur les jurés de l'ancien Tribunal avec lesquels, dans quelques jours, Fouquier comparaîtra. Ils ont été ses solides, prêts à condamner, pour dix-huit livres par jour.

 

Le citoyen juré Didier était serrurier à Choisy-sur-Seine. « Il avait peine à vivre en travaillant. Il avait même été obligé de travailler à porter des sacs sur le port. Depuis la Révolution et surtout sous le règne de Robespierre, il était très à l'aise et très familier avec Maximilien. Juré au Tribunal, il acquit une très grande prépondérance à Choisy où il menait la société populaire et où il faisait trembler les citoyens de la commune »[12].

Causeret, entrepreneur de bâtiments à Choisy, déclare que Didier « garçon serrurier, est devenu réellement un des fléaux destructeurs de sa commune », qu'il était « le compagnon inséparable d'Hanriot et le complice de tous les actes et arrestations arbitraires qui ont eu lieu dans la commune de Choisy. Une fois, « il poussa la témérité jusqu'à faire brûler, en sa présence, dans le sein de la société populaire, une lettre du receveur des impositions qui l'invitait à recommander à ses membres de payer les impositions ». Didier dit qu'il « n'y avait que les aristocrates qui les payaient ; qu'il était l'ami de Robespierre, de Duplay[13] ».

 

C'est Didier qui, à une audience du Tribunal, demanda la parole pour dire à un accusé :

— Ne te suffit-il pas, pour être aristocrate, d'avoir servi un noble ? Bah ! bah ! en voilà assez.

Sur ce, on passa à un autre accusé[14].

 

Le juré Brochet, autre solide, fit arrêter deux fois son locataire, Mury, fabricant de savons à Paris. Brochet était l'intime ami de Momoro. A eux deux ils avaient créé une société populaire « où ils ne recevaient que des gens de leur parti ou qui voulaient en être ». Il s'est trouvé réunir et exercer à la fois les places de capitaine de la garde nationale, de président du Comité révolutionnaire et de juré au Tribunal. « Cet homme, par les persécutions, par les arrestations et les condamnations dont il s'est souillé dans l'exercice de ces fonctions qu'il cumulait, s'était rendu l'opprobre et l'exécration de toute sa section. Un jour, le témoin se présenta chez Brochet, pour lui payer son terme de loyer (deux ou trois jours avant le jugement de la femme du Barry). Ce juré le remit à un autre jour en lui disant :

— On m'attend à mon Tribunal. J'ai quarante coquins à juger. »

Le témoin a passé près de dix mois en prison « par les soins de Brochet[15] ».

 

Le juré Chrétien, membre du Comité révolutionnaire de la section Lepelletier, « était le fléau de sa section ». Il tenait un café rue Favart, place de la Comédie Italienne. « C'était de la tabagie infernale qu'il tenait chez lui que sortaient tous les gens à sabre et à moustaches qui se répandaient soit dans les spectacles pour les troubler, soit sur les boulevards pour en chasser les femmes honnêtes qui respiraient l'air de la promenade. » Il « avait toujours le mot de guillotine à la bouche et menaçait de Fouquier-Tinville tous ceux dont il voulait se faire craindre ». Il se vantait de l'influence qu'il avait sur l'accusateur public. Il a été plusieurs fois en mission dans son propre département avec des pouvoirs et des mandats qu'il disait tenir de Fouquier. Dans ces missions, il répandait la Terreur.

Quand il revenait du Tribunal et qu'il était consulté par les habitués de sa « tabagie » sur les jugements rendus ce jour-là, il souriait et, « avec une joie insultante et barbare », il répondait :

— Ils seront aujourd'hui vingt ou vingt-trois.

« Il peignait, alors, par des gestes barbares, l'attitude que devaient présenter les condamnés à l'instant de leur supplice[16] ».

Un autre témoin dit que Chrétien fréquentait souvent Collot d'Herbois, qu'il était la terreur de tous les honnêtes citoyens de sa section. Il raconte comment, féroce et rusé, il menait le Comité de sa section[17].

Un autre fait le tableau de sa « tabagie » où fréquentait « une société de spadassins, de coupe-jarrets ». On ne pouvait être admis à ce tripot qu'en justifiant d'être septembriseur. « Toutes les fois que Chrétien montait à la tribune, c'était pour manifester sa soif du sang humain[18] ».

Un autre déclare que Chrétien ne paraissait jamais dans sa section « qu'armé de sabres, de pistolets ou d'un bâton ; qu'il menaçait souvent de l'une et de l'autre de ces armes ; qu'il n'a jamais exercé le pouvoir que pour opprimer ses concitoyens ; qu'il regardait comme aristocrates tous les riches, nobles et ceux même qui tenaient aux principes de la justice et de la vertu. Il s'en est expliqué une fois, quand on lui fit des compliments sur un des discours de morale qu'il avait prononcés au temple de la Raison de sa section, en répondant qu'il n'avait prononcé ce discours que pour reconnaître, parmi les applaudissements, les aristocrates et les modérés, deux classes d'hommes qu'il persécutait. Sa conduite, le 9 thermidor, fut très suspecte. Il n'alla pas à sa section. Il resta dans sa « tabagie » où il tint conseil. Il ne visait qu'à « se réunir au parti qui triompherait ». Il avait sans cesse à la bouche le nom de Fouquier-Tinville qu'il appelait son ami. Il parait qu'il était porteur de mandats d'arrêts de Fouquier, en blanc, dont il fit usage à l'égard d'un officier auquel il avait voulu prendre les chevaux à Luzarches. Dubois-Crancé est possesseur d'une pièce qui le prouve.

Chrétien avait beaucoup d'influence sur Fouquier, son ami, auquel il dénonçait tous ceux dont il voulait se défaire. Il signalait Fouquier comme le meilleur patriote de la République et disait, à l'occasion du renouvellement du Tribunal révolutionnaire, depuis le 9 thermidor, qu'il y avait un tas d'intrigants tels que Tallien et autres qui voulaient s'opposer à la nomination de Fouquier, mais que celui-ci ne pourrait manquer de triompher[19] ».

Le citoyen Beudon, tenant « la maison de la marine », garni, rue Gaillon, section Lepelletier, « connaît le nommé Chrétien, ex-juré du Tribunal, pour le plus grand buveur de sang qu'il soit possible de voir ». Il allait, comme agent en mission, dans les départements « avec des pouvoirs en blanc qu'on dit qu'il tenait de Fouquier[20] ».

Même déposition sur Chrétien faite par le citoyen Renault, maçon, entrepreneur de bâtiments à Paris, demeurant « rue projetée, n° 810 », section Lepelletier. Il a été son camarade d'armes dans la compagnie de canonniers de la section. D'abord, il lui a paru « assez tranquille et assez doux, faisant peu de service et se faisant remplacer par un de ses garçons limonadiers ». Dès le jour où il fut question de Marat et de Robespierre et que Louvet les dénonça à la Convention, Chrétien, qui faisait son service ce jour-là, témoigna d'une manière peu respectueuse son mécontentement contre la Convention en disant :

— Qu'ils s'en aillent ces bougres-là ! Ils nous font perdre notre temps.

Depuis « il a pris un ton plus impérieux et il a commencé à se faire plutôt craindre qu'aimer de ses camarades ». « Il a amené dans cette compagnie des Maillards, des septembriseurs, des prétendus vainqueurs de la Bastille avec lesquels il était d'une société prétendue populaire. »

A mesure que le régime révolutionnaire s'établissait, il a pris davantage « de prépondérance » et il a tyrannisé sa section. Il a toujours été l'ami de Fouquier, de Ronsin, de Vincent, d'Hanriot[21].

Un autre témoin, Lanchon, marchand de vin, rue Neuve-Saint-Marc, section Lepelletier, a entendu Chrétien, un jour qu'il était entré chez lui pour boire « un petit verre d'eau-de-vie », lui répondre, comme il s'étonnait de tant de condamnations prononcées en si peu de temps au Tribunal :

— Bah ! tu es surpris de ça ? Tu n'es pas au pas. Nous sommes presque inutiles, nous autres ; avec Fouquier-Tinville qui est un patriote, c'est fait tout de suite. On lit les écrous et c'est fini[22].

Pierre-Armand Le Petit, ancien distillateur, rue Marivaux, a vu Chrétien « dominer sa section pendant trois ans ». Il donne des détails qui confirment les dépositions précédentes[23].

 

L'ex-juré Aubry, tailleur, de la section de l'Unité, « ne sait ni lire ni écrire ». C'est un homme « méchant et d'instincts sanguinaires ». Un témoin au procès de Fouquier lui a entendu dire y lors de la réorganisation du Tribunal révolutionnaire après le 9 thermidor, que « le choix de Fouquier-Tinville comme accusateur public était ce qu'on pouvait faire de mieux, qu'il n'y avait que les aristocrates qui pouvaient s'opposer à ce qu'il fut nommé et qu'on n'en trouverait jamais un pareil à lui ». Il parait qu'Aubry, juré, ne votait jamais que pour la mort. « Deux castes, pour lui, étaient gibier à guillotine les prêtres et les nobles. » Il était inutile d'examiner les pièces de leurs dossiers[24].

 

Un autre témoin, Langlois, marchand mercier à Paris, de la section de l'ex-juré Aubry, le connaît « pour être un tailleur ignare, ne sachant ni lire ni écrire, pour un homme méchant qu'il a souvent entendu faire des motions révoltantes et sanguinaires. Il l'a vu prendre au collet des citoyens, en menacer d’autres ».

« Il se réjouissait des victimes qu'il avait contribué à envoyer à l'échafaud. Il se vantait publiquement de n'avoir jamais opiné que pour la mort lorsqu'il s'agissait de juger prêtres ou nobles qui étaient tous, pour lui, du gibier à guillotine[25] ».

Le citoyen Porcher, ébéniste, rue Mazarine, section de l'Unité, n'a connu Fouquier-Tinville que de réputation et pour l'avoir vu quelquefois au Tribunal. Mais il connaît Aubry, ex-juré, qui le menaça d'une dénonciation aux Jacobins un jour qu'étant de garde avec lui, il s'était indigné de la condamnation de quatre ou cinq accusés auxquels on n'avait pas laissé la parole et qui n'étaient même pas chargés par les conclusions du ministère public. D'où rixe et intervention de l'officier de garde. « Il a toujours connu Aubry pour un homme de sang Il l'a vu à plusieurs audiences. Il dormait ou il écoutait à peine.

Dans l'affaire Ferrand et Laruelle[26], prévenus de complicité dans une prétendue conspiration de Montauban, du 10 mai 1790, le témoin représenta à Fouquier que les prévenus n'étaient nullement complices, attendu qu'ils étaient, l'un à Brest, l'autre à Gondrecourt, dans la Meuse. Son témoignage pouvait être intéressant. Fouquier ne jugea pas à propos de le faire entendre.

Il suivit ce procès néanmoins dans une des salles présidée par Dumas. Il fut révolté de la partialité des juges et des jurés. Aubry dormait. La parole était coupée aux accusés. Les témoins à charge furent entendus « complaisamment » ; les témoins à décharge « en masse ». Un charivari se produisit. Aubry se réveilla. Quand les jurés revinrent après une courte délibération, Aubry comme les autres, était convaincu des faits et de la culpabilité[27].

« Aubry, a déclaré Robert Wolff, commis greffier, ne sait ni lire ni écrire. Il est de ma section. Il sait seulement écrire en lettres moulées, cinq lettres qui lui servent, tous les mois, à toucher cinq cent quarante livres pour prix de ses assassinats. » Il se vantait, d'ailleurs, au café du coin de la rue de Buci et de celle de la Chaumière, où il allait habituellement, d'avoir, toujours, bien gagné son argent, n'ayant aucun reproche à se faire, car il n'avait jamais acquitté personne[28].

 

André Barraly, 39 ans, perruquier, rue Neuve-des-Petits-Champs, n° 34, en face de la rue Neuve-des-Bons-Enfants, section Guillaume-Tell, n'a jamais connu Fouquier-Tinville que de réputation. 11 n'a jamais eu aucune relation, directe ou indirecte, avec lui. « En sa qualité de perruquier, il a, tant par lui-même que par un garçon nommé Lingault, coiffé Robespierre, pendant douze ou treize mois dans la maison de Duplay, ex-juré du Tribunal, rue Saint-Honoré, en face celle Florentin. Il a coiffé le nommé Duplay, deux ou trois fois par hasard, en allant chez Robespierre et parce que le dit Duplay se trouvait pressé. Le dit Duplay qui est très discret et très haut lui a paru ne devoir pas s'abaisser à causer avec un perruquier[29]. »

D'autres témoignages viennent encore dire ce qu'ont été les autres jurés : le luthier Renaudin, le directeur de bals de barrière Lumière, l'épicier Lohier, le menuisier Trinchard[30], Trinchard qui disait :

— Il ne me faut pas beaucoup de temps pour juger un accusé. La seule inspection du physique me dévoile la moralité ou l'immoralité de l'accusé. Il me suffit de voir les gens pour asseoir mon jugement[31].

C'est encore Trinchard qui, après le 22 prairial, n'étant plus juré au Tribunal, mais ayant été nommé membre de la commission populaire du Muséum et déjeunant un jour à la buvette avec plusieurs de ses anciens collègues, leur disait :

— La commission va commencer ses opérations par vous envoyer au Tribunal tout ce qu'il y a de prêtres et de nobles dans les prisons J'espère qu'on les enverra à la guillotine.

Les autres applaudirent[32].

M ai s les interrogatoires ne nous disent plus quels furent les rapports de ces jurés et de Fouquier-Tinville. Force nous est donc de nous arrêter ici.

 

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Le 4 germinal, Judicis, accusateur public du nouveau Tribunal, institué le 8 nivôse précédent, avait dressé son acte d'accusation contre Fouquier et contre ses « complices ». Les accusés étaient trente.

En tête, Antoine-Quentin Fouquier-Tinville, ex-accusateur public du Tribunal révolutionnaire.

Puis, Delaporte, ex-juge ; Foucault, ex-juge ; Maire, ex-juge ; Scellier, ex-vice-président ; Harny, ex-juge ; Deliège, ex-juge ; Garnier-Launay, ex-juge ; Naulin, ex-vice-président ; Félix, ex-juge ; Bravet, ex-juge ; Barbier, ex-juge ; Liendon, ex-substitut de l'accusateur public.

Enfin, dix-sept anciens jurés : Lohier, Trinchard, Leroy, dit Dix Août, Renaudin, Chrétien, Gauthier, Didier, Ganney, Vilate, Duplay, Prieur, Châtelet, Brochet, Girard, Trey, Pigeot, Aubry.

Judicis déclare qu'il a, de nouveau, examiné les pièces remises tant à son prédécesseur qu'à lui.

D'où il résulte que Fouquier a secondé « les projets d'une faction liberticide connue sous le nom des Robespierre, Saint-Just, Couthon et autres, tombés sous le glaive de la loi depuis le 9 thermidor ». Les actes d'accusation qu'il a présentés étaient remplis de ratures, de renvois, d'interlignes sans approbation. Il les a signés. Il en a présenté d'autres en blanc, d'autres où les noms des accusés avaient été inscrits postérieurement à la rédaction et au moment de l'audience, par une main étrangère et avec une encre différente de celle du corps des actes, où plusieurs noms écrits en petit caractères ont été tantôt intercalés, tantôt émargés sans approbation et où les noms d'autres accusés se trouvent rayés et effacés. Il a présenté d'autres actes dont les énoncés relatifs aux noms des accusés présentent ceux de certains dont il n'est fait ensuite aucune mention dans le détail de l'acte d'accusation. Il a inscrit, dans un acte d'accusation, le nom d'un individu condamné à mort et exécuté. Il a requis de porter sur l'échafaud le cadavre d'un accusé qui s'était poignardé. Il a requis l'exécution de femmes qui s'étaient déclarées enceintes, avant que les officiers de santé se fussent prononcés sur leur état.

Il sait que Fouquier a protesté de son humanité, de la rectitude de sa conduite, comme magistrat, de son absolue probité.

Quant à lui, accusateur public, loin d'admettre que Fouquier ait fait la preuve de son innocence, il estime qu'il est coupable et qu'il a été secondé par les ex-juges, ex-substituts, ex-jurés du TribunaI, hommes d’une immoralité reconnue, liés avec les conspirateurs, despotes et tyrans sans conscience qui ont assassiné au lieu de juger.

S'il n'a pas été possible à Judicis de rédiger une série assez détaillée des pièces incriminées pour les vices de forme, pour les omissions dont elles fourmillent, c'est que le nombre en est trop grand et qu'il eût risqué « d'opérer des confusions ».

« Tout en reconnaissant qu'au nombre des condamnés il y a eu des coupables qui méritaient d'être punis, on ne peut cependant pas distinguer ceux-ci d'avec les innocents et il suffit que les formes plus que militaires qui ont servi aux condamnations ne permettent pas d'en pouvoir faire la distinction nécessaire pour qu'on soit en droit de considérer toutes ces condamnations comme de purs assassinats[33]. »

 

 

 



[1] Interrogatoires du 1er germinal an III. W. 500, 3e dossier, pièce 63, f° 1 et 2.

[2] Voir chapitre précédent.

[3] Voir chapitre VII.

[4] Interrogatoires du 2 germinal an III. W. 500, 3e dossier, pièce 63, f° 6.

[5] Frédéric Dietrich, maire de Strasbourg, guillotiné le 8 nivôse an II.

[6] Interrogatoires du 5 germinal. W. 500, 3e dossier, pièce 63, f° 7.

[7] Déposition Villain d'Aubigny (23 ventôse an III). W. 500, 3e dossier, pièce 64, f° 1.

[8] Léonard Bourdon, instituteur, fondateur de la Société des Jeunes Français, pensionnat où des conférences de morale devaient être faites par Robespierre, Collot d'Herbois, Billaud-Varenne etc., avait été élu par le département du Loiret à la Convention. Envoyé en mission à Orléans, il avait, le 15 mars 1793, en passant devant la maison commune, été enveloppé dans un attroupement, entraîné dans l'antichambre de la maison, frappé d'un coup de baïonnette et légèrement blessé au bras gauche et à la tête. Assassinat prémédité ? Ou rixe ? L'événement s'était produit à la suite d'un dîner fraternel. Le factionnaire de la maison commune avait-il été attaqué et provoqué par un des citoyens qui accompagnaient le représentant du peuple ? La Convention, indignée de l'attentat commis sur un de ses membres, décréta que les auteurs de l'assassinat seraient traduits au Tribunal révolutionnaire.

[9] Interrogatoires du 26 ventôse an III. W. 500, 3e dossier pièce 64, f° 6 et 7.

[10] C'est M. Durand Puy-de-Vérine (voir chapitre IV). Déposition Mercereau, officier de paix. W. 500. 3e dossier, pièce 45 bis, f° 7.

[11] Dépositions Lamaignère, Brunet, Dufau, Chavard, Millet, Guyard et autres. W. 509, 3e dossier, pièce 64, f° 2, 3, 4, 5, 8, 10 ; pièce 58, f° 4, et passim.

[12] Déposition Lardy, juge de paix de la section du Panthéon français, W. 500, 3e dossier, pièce 64, f° 3.

[13] Déposition Causeret, W. 500, 3e dossier, pièce 64, f° 5.

[14] Déposition Guyot, vérificateur à la commission des revenus nationaux. W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 1.

[15] Déposition Mury, W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 4.

[16] Déposition Rebeillard, employé à la commission du mouvement des armées de terre, W. 500, 3e dossier, pièce 64, f° 9.

[17] Déposition Guillaume, coiffeur, W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 1.

[18] Déposition Chilliet, homme de confiance chez le citoyen Roume, commissaire civil des colonies, W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 9.

[19] Déposition Verny, commis principal de la septième commission exécutive, demeurant rue de Grammont. W. 500, 3e dossier, pièce 58.

[20] W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 10.

[21] W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 11.

[22] W. 500, 3e dossier, p. 63, f° 4.

[23] W. 500. 3e dossier, pièce 63, f° 5.

[24] Déposition Guyot, 29 ventôse an III. \V. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 1.

[25] Déposition Langlois, 29 ventôse an III. W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 2.

[26] Ferrand, capitaine, Laruelle capitaine, guillotinés le 9 ventôse an II.

[27] Déposition Porcher, 2 germinal an III. W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 10.

[28] Déposition Robert Wolff, 2 germinal an III. W. 500, 3e dossier, pièce 63, f° 7.

Voici une lettre d'excuses d'Aubry, alors qu'il était juré au tribunal révolutionnaire, adressée à Fouquier.

Citoien,

Le citoien Aubry te fait dire qui les toujours formalle dun catarre qui c'est declairers sur sa poitrine. Il a prevenus sa sexsion qui est a presant la quatriemme. Il conte sur ton humaniter pour un jurer qui est plus faché de manquer son poste que du malle qui souffre.

(Fouquier a écrit au dos : Le Citoyen AUBRY, juré.)

W. 500, 4e dossier, pièce 61.

[29] Déposition Barraly, 3 germinal an III. W. 500, 3e dossier, pièce 58, f° 12.

[30] En ce qui concerne le menuisier Trinchard, homme de la Nature, voir Deux jurés du Tribunal révolutionnaire, par A. DUNOYER, Paris, Perrin, 1909.

[31] Déposition Legray, receveur de rentes à Paris, rue des Deux-Boules, section du Muséum, 25 ventôse an III. W. 500. 3e dossier, pièce 64, f° 4.

[32] Déposition Robert Wolff, 2 germinal an III. W. 500, 3e dossier, pièce 63, f° 6.

[33] Arch. nat. W. 499, dossier 550, pièce 9.