FOUQUIER-TINVILLE

PREMIÈRE PARTIE. — L'ACCUSATEUR PUBLIC

 

CHAPITRE PREMIER. — LES DÉBUTS DE FOUQUIER-TINVILLE.

 

 

La Commune contre l'Assemblée législative. — Discours de Robespierre. — Il faut une cour de justice populaire. — Le Tribunal du 17 août 1792. — Fouquier-Tinville, troisième directeur du jury d'accusation. — Origines de Fouquier. — Son portrait. — Sa lettre à Camille Desmoulins. — Le Tribunal du 17 août est supprimé. — Fouquier est nommé substitut de l'accusateur public au Tribunal criminel du département de Paris. — Le 10 mars 1793. — Echecs graves subis par les armées françaises. — Discours de Danton. — « Soyons terribles pour éviter au peuple de l'être. » — Création du Tribunal de la Terreur. — Fouquier-Tinville accusateur public.

 

Le 14 août 1792, quatre jours après la chute de la Monarchie française et le pillage du château des Tuileries, un décret de l'Assemblée nationale législative ordonnait que les quarante-huit sections de Paris eussent à nommer un jury d'accusation et de jugement pour connaître des crimes commis, le 10 août, contre le peuple. La Commune n'admit pas cette décision de la Législative. Elle voulait une Cour de justice populaire.

Le 15, au soir, elle délègue à l'Assemblée une députation. Maximilien Robespierre parle en son nom. Il dit que la tranquillité publique et, surtout, la liberté dépendent de la punition des coupables. Depuis la nuit du 10 août, la vengeance du peuple n'a pas encore été satisfaite. Les hommes qui se sont cachés sous le masque du patriotisme, les hommes qui ont affecté le langage des. lois pour renverser les lois, « ce Lafayette qui n était pas à Paris mais qui pouvait y être », échapperont-ils donc à la vengeance nationale ? Il faut que les coupables soient jugés, souverainement et en dernier ressort, par des commissaires pris dans chacune des quarante-huit sections de la ville[1].

L'Assemblée tente de résister. La Commune insiste, menace. Le vendredi 17, a 10 heures du matin, un orateur envoyé par elle aux Feuillants annonce, pour le soir à minuit, une émeute. Le tocsin sonnera ; on battra la générale. Le peuple est las de n'être pas vengé.

La Commune l'emporte. L'Assemblée capitule.

Le décret est rendu. Le tribunal criminel extraordinaire va fonctionner. Il jugera les crimes commis dans la journée du 10 août et « autres crimes y relatifs ». Il se composera de sept directeurs du jury pour instruire et régler les affaires ; de deux présidents et de six juges ; de deux commissaires et de deux accusateurs ; de quatre greffiers et de huit commis greffiers ; de quatre-vingt-seize jurés d'accusation, quatre-vingt-seize de jugement.

Les juges et les membres du jury de ce tribunal sont nommés dans la nuit du 17 au 18 août ; Robespierre est en tête de la liste[2]. Parmi les juges, Coffinhal.

Le 25 août, les électeurs, dans trente-deux sections, désignaient, comme l'un des directeurs du jury d'accusation, « Monsieur Fouquier-Tinville ».

 

Antoine-Quentin Fouquier avait quarante-six ans. Il était né à Hérouel, près de Saint-Quentin, le 10 juin 1746. « Son père[3], écrit M. Campardon, était un riche cultivateur du pays, qui lui fit faire d'assez bonnes études pour qu'à l'époque de sa vie où ses occupations lui permettaient le moins de penser au latin, il s'en souvint encore volontiers ; étant accusateur public du Tribunal révolutionnaire, il entendait avec plaisir les citations des auteurs anciens qu'il avait étudiés dans sa jeunesse. Sa famille le destinait au barreau ; il vint donc à Paris quand ses études furent achevées, et entra chez un procureur ; il se faisait alors appeler et signait Fouquier de Tinville. Ses trois frères en usaient de même et avaient également ajouté des noms de terres à leurs noms patronymiques ; l'un, Pierre-Éloi Fouquier, était devenu Fouquier d'Hérouel ; l'autre, Charles-François Fouquier, se faisait nommer Fouquier de Vauvillé encore étaient-ils tous deux écuyers et fourriers des logis de la maison du Roi ; mais le troisième, Quentin Fouquier, qui n'était qu'avocat au parlement, n'en signait pas moins Fouquier de Forest. Le futur accusateur public du Tribunal révolutionnaire s'occupa jusqu'à la fin de l'année 1773 à acquérir dans les études des procureurs de la capitale les connaissances pratiques indispensables pour remplir convenablement la charge qu'il voulait acheter. Le 21 janvier 1774, la Chambre des procureurs au Châtelet de Paris — ce sont maintenant les avoués de première instance — lui délivrait un admittatur[4]. Quelques jours après il recevait ses lettres de provision d'office.

Ces lettres, datées du 26 janvier, lui donnaient et octroyaient l'office de procureur postulant au Châtelet de Paris, que tenait et exerçait Jean-Louis Cornillier. L'enquête d'usage lui avait été favorable. Il était reconnu comme étant « de bonne vie, mœurs, conversation et religion catholique, apostolique et romaine ». Il prêta le serment et fut mis en possession de son étude, rue du Foin-Saint-Jacques, au collège de maître Gervais, paroisse Saint-Séverin, quartier de la Sorbonne. Deux ans après, il vint habiter rue Pavée-Saint-Sauveur, « en face de la rue Française ». Nous l'y trouvons installé le 23 janvier 1776. En octobre 1778, il est domicilié rue Bourbon-Villeneuve, dans une belle maison, « à côté du grand balcon, presque au coin de la rue Saint-Philippe ».

L'étude de maître Fouquier de Tinville était une bonne étude et comptait de très nombreux clients, principalement parmi les petits bourgeois, les marchands, les artisans, les commerçants. Des cultivateurs, des fermiers, des vignerons des environs de Paris, de Charonne, de Suresnes, de Villiers-le-Bel et d'ailleurs venaient aussi lui confier leurs procès ; de même que des établissements religieux, comme les dames religieuses anglaises établies à Paris, rue des Fossés-Saint-Victor et les religieuses de Saint-Thomas, ordre de Saint-Dominique, rue Neuve-Saint-Augustin. Fouquier, intelligent, actif, était bien rompu à la pratique des affaires, aux subtilités de la chicane.

Il avait épousé, le 19 octobre 1775, en l'église paroissiale de Notre-Dame-du-Mont-Saint-Martin, au diocèse de Cambrai, sa cousine Geneviève-Dorothée Saugnier. L'année suivante, un fils lui naquit : Pierre-Quentin Fouquier. Puis il eut quatre filles : Geneviève-Louise-Sophie, née le 2 janvier 1778 ; Émilie-Françoise, née le 7 décembre 1778 ; Marie-Adélaïde, née le 7 décembre 1779 ; Aglaé-Joséphine, née le 19 janvier 1782. Trois mois après, le 24 avril 1782, la jeune femme de Fouquier mourait, âgée de 28 ans[5].

Moins de cinq mois après, Fouquier se remaria. Il épousa Henriette Gérard d'Aucourt, fille d'un colon mort à Saint-Domingue. En septembre 1783, il vendit sa charge. Pour quelles raisons ? Mystère. Ce qui est à noter c'est que pour « des motifs d'intérêt » Me Bligny, son successeur, rompit toutes relations avec lui pendant plus de dix ans et qu'il ne le revit que comme accusateur public[6].

Le voilà livré aux affaires douteuses, menant une existence déchue et errante à travers Paris. Il n'habite plus rue Bourbon-Villeneuve. Il change fréquemment de logis. Nous le trouvons, en 1785, faubourg Saint-Antoine, puis, la même année, rue Vieille-du-Temple ; en 1788, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie ; en 1789, rue Barre-du-Bec — qui commençait rue de la Vetrerie et finissait rues Saint-MerFi et Sainte-Croix de la Bretonnerie — ; en 1791, rue de Chartres et rue des Enfants-Rouges ; en 1792, rue Saint-Honoré, n° 356[7].

Le 9 janvier 1790, un fils lui était né de sa seconde femme ; en 1791, elle avait eu deux jumeaux. Une de ses filles, Marie-Adélaïde, étant morte le 1er mai 1786, Fouquier avait donc, à cette époque, sept enfants[8].

Antoine-Quentin Fouquier était un robuste Picard, bien découplé : forte encolure, épaules larges. Il avait les cheveux très noirs et unis, le front haut, le visage plein et grêlé, le nez fort, les sourcils extrêmement arqués et relevés. Un regard aigu, fouilleur, inquiétant, très mobile. Des contemporains, témoins à son procès, dirent qu'il était bourru, mais bon garçon. Beaucoup s'accordèrent pour déclarer qu'il était d'un caractère terriblement violent et emporté, brutal même, un vrai « despote ».

 

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Comment cet ancien procureur, devenu un vague « homme de loi » et tombé dans une position précaire, avait-il subitement trouvé une situation dans la magistrature, en devenant l'un des directeurs du jury d'accusation établi par la loi du 17 août 1792 ? La chose a été racontée par M. Campardon, d'après le Camille Desmoulins de M. Édouard Fleury et d'après les dossiers du tribunal du 17 août conservés aux Archives.

 

Fouquier était compatriote et même un peu parent de Camille Desmoulins. Le 20 août 1792, il lui écrivait : « Jusqu'à la journée à jamais mémorable du 10 de ce mois, mon cher parent, la qualité de patriote a été non seulement un titre d'exclusion à toute place, mais même un motif de persécution ; vous en fournissez vous-même l'exemple. Le temps est enfin arrivé, il faut l'espérer aussi ; où le patriotisme vrai doit triompher... Mon patriotisme vous est connu, ainsi que ma capacité surtout pour les affaires contentieuses. Je me flatte que vous voudrez bien intercéder pour moi auprès du ministre de la justice[9] pour me procurer une place soit dans les bureaux soit partout ailleurs. Vous savez que je suis père d'une nombreuse famille et peu fortuné ; mon fils aîné, âgé de seize ans, qui a volé aux frontières, m'a coûté et me coûte beaucoup, etc. etc.[10]

« Je suis très parfaitement, mon cher parent, votre très humble et très obéissant serviteur.

« FOUQUIER, homme de loi, rue Saint-Honoré, 356, vis-à-vis de l'Assomption. »

 

Cinq jours après Fouquier était nommé l'un des directeurs du jury d'accusation[11]. Le tribunal du 17 août ne dura que trois mois. Il fut supprimé le 29 novembre 1792. Pendant cette période, Fouquier avait pris la parole dans vingt-cinq affaires, dont la première était l'affaire de Nicolas Cazotte accusé de liaisons contre-révolutionnaires et qui fut condamné à la peine de mort. L'illuminé Cazotte, épargné, grâce au dévouement de sa fille Élisabeth, par les massacres de septembre, avait été arrêté pour sa correspondance mystique saisie aux Tuileries après le 10 août et condamné pour ses lettres à Pouteau. Il allait avoir soixante-treize ans. « Vieillard, lui aurait dit Lavaux, le président du tribunal, envisage-la mort sans crainte : elle n'a rien qui puisse t'effrayer. » Inutile recommandation. Cazotte restait impassible en face de la mort.

 

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Dans l'accomplissement des fonctions qu'il venait d'exercer, Fouquier-Tinville avait fait preuve d'un zèle édifiant et d'une connaissance remarquable des affaires.

Dès le début de 1793, il fut nommé substitut de l'accusateur public du tribunal criminel du département de Paris et, le 9 février, substitut du procureur de la commune de Paris ; mais il donnait sa démission de ce poste pour conserver celui de substitut de l'accusateur public du tribunal criminel, plus conforme à ses aptitudes et à ses goûts.

Trois jours après il écrivait au procureur-syndic du tribunal du district de Saint-Quentin :

« Paris, ce 12 février 1793, l'an IIe de la République

« Citoyen Procureur syndic,

« Au moment où j'ai été nommé par mes concitoyens à la place de juge du tribunal du district de Saint-Quentin, vous sçavez que j'exerçois la place de directeur du juré d'accusation près le Tribunal criminel provisoire du 17 août dernier ; au moins je vous en ai informé. Les fonctions de cette place ne m'ont pas permis de me rendre à l'installation du Tribunal, et depuis la suppression, il a fallu s'occuper de la répartition de tous les procès dans les dix tribunaux. Cette opération m'a conduit plus loin que je ne croyais, et à l'instant où je me disposais à me rendre à mon poste, le corps électoral m'a nommé à la place d'un des accusateurs publics du tribunal criminel du département de Paris. Cette place que j'ai cru de mon devoir d'accepter attendu son importance et pour répondre à la confiance de cette grande cité, ne me permet pas de me rendre à mon poste de juge au Tribunal du district de Saint-Quentin dont je me démets entre vos mains par la présente. Ce n'est pas sans quelque regret que je donne cette démission, par la raison qu'elle me mettait à même de vivre parmi mes concitoyens et ma famille. Mais des circonstances m'obligent de prendre le parti que je prens, malgré que je ne me dissimule pas qu'en acceptant cette place d'accusateur, je m'impose le devoir le plus rigoureux et la privation de tous. Vous m'obligerez de faire agréer à mes collègues tous mes regrets de n'avoir pu aller me réunir avec eux. Au surplus mon supléant ne sera point fâché de ma démission, d'autant mieux que n'ayant point été reçu et installé, il a le droit de toucher la totalité du traitement, au moyen de ce que lui-même a été installé en ma place. Quand je n'aurois pas été nommé à la place d'accusateur, j'aurois encore été obligé de donner ma démission car j'ai été nommé samedi dernier substitut du procureur de la commune de Paris, dont je vais également donner ma démission au corps municipal.

« (Signé) : FOUQUIER-TINVILLE[12]. »

 

Le dimanche 10 mars 1793, la Convention nationale qui, depuis la veille, s'épuisait en discussions au sujet de la création d'un Tribunal révolutionnaire jugeant sans appel, allait, de guerre lasse, se séparer, lorsque Danton bondissant à la Tribune, s'écria : « Je somme tous les bons citoyens de ne pas quitter leurs postes ! »

Il est 6 heures et demie du soir. La Convention reste immobile, subjuguée par la voix de Danton. L'heure est grave. L'ennemi occupe Liège. L'armée française a dû lever le siège de Maëstricht. A Paris, l'émeute se prépare.

« Rien n'est si difficile, s'écrie Danton, que de définir un crime politique ; mais si un homme du peuple, pour un crime particulier, en reçoit à l'instant le châtiment, s'il est si difficile d'atteindre un crime politique, n'est-il pas nécessaire que des lois extraordinaires, prises hors du corps social, épouvantent les rebelles et atteignent les coupables ?

« Ici, le salut du peuple exige de grands moyens, des mesures terribles. Je ne vois pas de point milieu entre les formes ordinaires et un tribunal révolutionnaire. L'histoire atteste cette vérité ; et puisqu'on a osé, dans cette Assemblée, rappeler ces journées sanglantes sur lesquelles tout bon citoyen a gémi[13], je dirai, moi, que si un tribunal eût alors existé, le peuple, auquel on a si souvent, si cruellement reproché ces journées, ne les aurait pas ensanglantées ; je dirai et j'aurai l'assentiment de tous ceux qui ont été les témoins de ces événements, que nulle puissance humaine n'était dans le cas d'arrêter le débordement de la vengeance nationale.

Profitons des fautes de nos prédécesseurs. Faisons ce que n'a pas fait l'Assemblée législative : soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être ; organisons un tribunal, non pas bien, cela est impossible, mais le moins mal qu'il se pourra, afin que le peuple sache que le glaive de la Loi pèse sur la tête de tous ses ennemis... Je demande donc que le tribunal révolutionnaire soit organisé séance tenante, que le pouvoir exécutif, dans la nouvelle organisation, reçoive les moyens d'action et d'énergie qui lui sont nécessaires... Je me résume donc : ce soir, organisation du tribunal, organisation du pouvoir exécutif ; demain, mouvement militaire. Que, demain, vos commissaires soient partis ; que la France entière se lève, coure aux armes, marche à l'ennemi ! Que la Hollande soit envahie ; que la Belgique soit libre ; que le commerce d'Angleterre soit ruiné ; que les amis de la liberté triomphent de cette contrée ; que nos armes, partout victorieuses, apportent aux peuples la délivrance et le bonheur et que le monde soit vengé ![14] » (Vifs applaudissements.)

La séance levée à 7 heures du soir, après le discours de Danton, est reprise à 9 heures. La Convention vote la composition, l'organisation du Tribunal criminel extraordinaire. Elle vote les peines. A 5 heures du matin, la séance est levée.

Ce Tribunal, on le sait, devra juger toute entreprise contre-révolutionnaire, tout attentat contre la liberté, l'égalité, l'unité, l'indivisibilité de la République, la sûreté intérieure et extérieure de l'État, tous les complots tendant à rétablir la royauté ou à établir une autre autorité attentatoire à la liberté, à l'égalité et à la souveraineté du peuple. Il sera composé d'un jury et de cinq juges. Le juge élu le premier présidera. Il y aura auprès du Tribunal un accusateur public et deux substituts, nommés par la Convention, comme les juges et les jurés.

Le 13, la Convention nommait les membres du Tribunal. Le Président était Jacques-Bernard-Marie Montané, ancien lieutenant particulier de la sénéchaussée de Toulouse, lié à Grenade (Haute-Garonne).

L'accusateur public, désigné par 180 voix, était Faure ; ses substituts : Fouquier-Tinville (163 voix), Donzé-Verteuil, un ancien moine, et Lescot-Fleuriot, un sculpteur (162 voix).

Faure démissionna. Fouquier-Tinville, nommé à sa place par décret de la Convention en date du 15, accepta sans hésiter. Il s'en fit « un devoir », comme il l'écrivait, le 29 mars 1793 au ministre de la Justice[15].

 

 

 



[1] Moniteur du 18 août 1792.

[2] Robespierre refusa cette place dont l'exercice était incompatible avec celui de représentant de la Commune de Paris. Comme il l'explique dans une lettre, il ne pouvait être le juge de ceux dont il avait été l'adversaire. (Moniteur du 28 août 1792.)

[3] Il s'appelait Éloy Fouquier et il mourut en 1759, comme l'indique le Précis pour le comte Félix de Pardieu et demoiselle Lelong de Vadancourt, son épouse, intimés, contre la dame veuve Fouquier d'Étinville appelante, conservé aux Archives Nationales, carton T. 281, cote 3e, pièce 2.

[4] Campardon, le Tribunal révolutionnaire de Paris, t. Ier, p. 13. Plon. 1866.

[5] Tous les renseignements que nous donnons ici sont tirés des pièces conservées dans les deux cartons T. 281 et T. 282 aux Archives Nationales et indiqués dans l'Inventaire méthodique à la page 668. Ces cartons contiennent de très nombreux pouvoirs et décharges donnés par des clients à maître Fouquier de Tinville, procureur au Châtelet. Ils contiennent aussi des extraits baptistaires et mortuaires des enfants et de la première femme de Fouquier.

[6] Voir plus loin, chapitre X dans la deuxième partie.

[7] Quittances d'impositions. T. 281, cote 2e, pièces 1 à 9.

[8] T. 281, et voir Lenôtre, Le Tribunal révolutionnaire, Paris, Perrin, 1908.

[9] Danton.

[10] Deux ans plus tard, le 15 germinal an II, M. Desmoulins, le père, écrivit à Fouquier pour intercéder en faveur de son fils mis en jugement avec Danton et les Dantonistes. « Salut et fraternité, écrivait-il en terminant sa lettre, de la part de ton compatriote et concitoyen Desmoulins, celui qui jusqu’ici s'est honoré d'être le père de Camille comme du premier et du plus inébranlable républicain. »

La lettre arriva trop tard. Camille Desmoulins était déjà mort. (CLARETIE, Camille Desmoulins et les Dantonistes, p. 328.)

[11] Ainsi qu'en témoigne ce procès-verbal.

« Extrait du procès-verbal de la troisième séance de l 'assemblée des électeurs nommés par les quarante-huit sections à l'effet de procéder à la nomination des membres qui doivent composer le Tribunal criminel établi par la loi du 17 août précédent mois.

« Du samedi 25 août 1792, l'an IV de la Liberté et le Ier de l'Égalité ; les électeurs réunis au nombre de trente-deux.

« M. Mailly, plus ancien d'âge, a pris le fauteuil. MM. Boutroux, Chauvin et Bourdon, plus anciens après lui, ont été choisis pour être scrutateurs et M. Perdrix pour secrétaire.

« Par ledit procès-verbal, appert M. Fouquier-Tinville et M*** avoir été nommés directeurs du jury, MM. Dubois et Roussel suppléans et M. Méchain, greffier dudit Tribunal.

« Signé : Mailly, président ; ; Boutroux, scrutateur ; L.-J. Bourdon, scrutateur ; Chauvin, scrutateur et Perdrix, secrétaire. Pour copie conforme Tallien, secrétaire-greffier de la Commune. » (Campardon, Le Tribunal révolutionnaire de Paris, t. Ier, p. 18.)

[12] Notre confrère, M. Lucien Broche, à la très grande obligeance duquel nous devons la copie de ce document, nous faisait observer, en nous l'adressant, le 13 avril 1910, que cette lettre de démission de Fouquier est une copie exécutée sur feuille volante, encartée dans le registre des actes extraordinaires du Tribunal du district de Saint-Quentin.

[13] Les massacres de septembre 1792.

[14] Discours de Danton. Ed. Fribourg 1910, p. 291.

[15] Arch. nat., BB⁴ bis 25.