HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET DE 1830 À 1848

TOME SECOND

 

CHAPITRE XXVII. — INCORPORATION DE LA RÉPUBLIQUE DE CRACOVIE.

 

 

Insurrection de Galicie. Occupation de la ville de Cracovie. L'État de Cracovie est incorporé à l'Autriche. Réflexions sur cet attentat au droit des gens. — Lord Palmerston refuse d'agir de concert avec M. Guizot il feint de croire que l'occupation de Cracovie n'est encore qu'un projet. Protestation du cabinet des Tuileries. — La guerre civile en Portugal : la France, l'Angleterre et l'Espagne viennent au secours de dona Maria. — Affaires de la Plata Rosas, Oribe et Montevideo. Procédé irrégulier de lord Howden. Observations du duc de Broglie.

 

Les traités de 1815 avaient déclaré Cracovie ville libre, indépendante et neutre, sous la protection commune de l'Autriche, de la Prusse et de la Russie. Cracovie était le plus petit des États son indépendance était restreinte, ses libres institutions mutilées mais il résumait tout ce qui restait de la nationalité polonaise et portait ombrage aux puissances absolutistes il apparaissait comme un souvenir importun, le souvenir des partages de la Pologne. Cracovie était malheureusement devenue le foyer des conspirations, le centre des menées des patriotes déjà, en 1836, sur les instigations du czar Nicolas, les trois cours avaient échangé quelques notes sur l'utilité qu'il y aurait pour elles à détruire ce faible vestige de la nationalité polonaise.

Au commencement do l'année 1846, une insurrection éclata dans les provinces polonaises soumises à l'Autriche et à la Prusse, ainsi que dans la république de Cracovie. En Galicie les seigneurs avaient organisé une levée de boucliers contre l'Autriche, les paysans se soulevèrent à leur tour contre les seigneurs aux violences d'une répression cruelle se joignirent les horreurs d'une Jacquerie.

Les résidents des trois cours demandèrent au sénat de Cracovie s'il pouvait garantir la tranquillité celui-ci répondit (16 février) qu'il se confiait à leur prudence, et le général Collin, commandant les troupes autrichiennes, prit possession de la ville.

Au même moment on apprit la nouvelle de l'insurrection de Galicie, et le bruit se répandit que plusieurs nobles polonais, à la tête de leurs paysans, étaient en marche sur Cracovie. Les Autrichiens l'évacuèrent à la hâte, dans un désordre complet. Le sénat s'étant dissous, ses membres ayant pris la fuite, un comité de salut public fut proclamé, trois dictateurs se constituèrent en gouvernement provisoire de toute la Pologne et publièrent un manifeste communiste qui décrétait l'abolition de la noblesse et le partage des biens. Cependant les bandes insurrectionnelles furent dispersées presque sans combat, et les Autrichiens, remis de leur panique, rentrèrent à Cracovie où les Russes les avaient précédés.

Il ne s'agissait en apparence que d'une occupation militaire, commandée par la nécessité, devant finir avec la nécessité le 20 février 1846, le prince de Metternich avait déclaré aux gouvernements anglais et français que les trois puissances protectrices agissaient pour défendre une population paisible de l'anarchie et du pillage. Le 23 mars, M. Guizot répondit au comte de Flahault qu'il comptait sur les assurances du chancelier autrichien, que l'existence de la république de Cracovie avait son fondement dans les stipulations formelles des traités de Vienne, et qu'à ce titre la question devenait européenne. Les paroles de lord Palmerston furent aussi nettes, plus significatives. Ces gouvernements, disait-il, seront assez intelligents pour voir que le traité de Vienne doit être considéré intégralement, et que l'on ne saurait permettre à un gouvernement de faire un choix des articles qu'il voudrait exécuter, et de ceux qu'il voudrait violer... Il ne saurait avoir échappé à leur perspicacité que si le traité de Vienne n'est pas bon sur la Vistule, il doit être également mauvais sur le Rhin et sur le Pô.

Mais le czar Nicolas, impatient de jouer le rôle de dompteur de révolutions, ne cessait d'insister auprès de ses alliés pour que la ville et le territoire de Cracovie fussent annexés à la Galicie, moyennant une indemnité à la Prusse et à la Russie. La mésintelligence survenue entre les cabinets de Londres et de Paris leva tous les scrupules, et, le 6 novembre 1846, M. de Metternich dénonçait la résolution par laquelle la ville et le territoire de Cracovie feraient retour à l'Autriche, qualifiant cette usurpation de fait irrévocable, amené par des nécessités de l'ordre le plus absolu.

L'émotion fut grande en France, en Angleterre, en Europe. On ne manqua pas, de dire que l'insurrection de Galicie n'était que le résultat des intrigues de l'Autriche elle-même qui avait armé les paysans contre les grands propriétaires, et se faisait un titre de ses propres machinations la conduite antérieure des puissances du Nord dans les démembrements successifs de la Pologne donnait prise à ces soupçons. Cette incorporation secrètement préparée, désavouée jusqu'au dernier moment, semblait un épisode de la politique du siècle dernier furtivement transporté dans le nôtre. La Prusse fournissait à la Russie le meilleur des arguments pour préparer l'incorporation des principautés danubiennes, infirmait la valeur du seul titre en vertu duquel elle-même possédait la moitié de la Saxe et des provinces rhénanes. Les rois absolus replaçaient la France dans son entière liberté d'action ; il n'y avait plus devant elle que les faits c'était un nouvel attentat au droit des gens, un péril créé pour les autres nationalités, une violation flagrante d'un traité par ceux mêmes qui avaient le plus d'intérêt à maintenir l'idée de stabilité d'un pacte auquel tous avaient gagné quand la France seule y avait perdu.

Il était donc vrai de dire que les gouvernements absolus ne savent pas tourner, aplanir les obstacles, puisqu'ils supprimaient un petit État qui leur déplaisait, avec une violence toute révolutionnaire. Le czar Nicolas qui se posait comme l'apôtre armé du principe d'autorité, comme le syndic des intérêts conservateurs en Europe, était-il logique avec lui-même ? N'est-il pas dangereux d'apprendre aux peuples que la force prime le droit, et ces grandes iniquités n'entraînent-elles point à la longue de terribles conséquences ? Il existe une corrélation intime entre l'homme d'État qui affecte de mépriser le droit des gens, et le novateur qui prêche l'évangile socialiste. Celui-ci peut répondre à celui-là vous êtes mon excuse, ma garantie, mon modèle ; vous partagez les nations comme une ferme à cheptel, à raison du nombre des âmes et de l'étendue des territoires moi, je veux partager les propriétés à raison des appétits et des besoins, et puisqu'il n'y a pas d'autre droit que la force, puisque les grandes questions se résolvent par le fer et le sang, je fais appel aux pauvres qui sont les plus forts, les plus nombreux. Ainsi le communisme gouvernemental a pour conséquence directe le communisme agraire.

Aussitôt qu'il connut l'annexion de Cracovie, M. Guizot fit demander à lord Palmerston s'il était disposé à agir de concert avec la France. Mais celui-ci, tout entier à ses colères, était en instance auprès des cours du Nord pour obtenir leur adhésion officielle à son interprétation fantaisiste du traité d'Utrecht. Il répondit qu'il avait préparé une note au nom du cabinet britannique et qu'il agirait isolément.

Pour se tirer de l'embarras où le mettaient ses déclarations antérieures, lord Palmerston eut recours à un détour peu honorable en dépit de l'aveu officiel de la chancellerie autrichienne, il feignit de croire que l'usurpation de Cracovie n'était encore qu'un projet. Il discutait la question de droit et de nécessité, terminait en exprimant la confiance que ses observations suffiraient à empêcher la consommation d'un pareil attentat. Dans ses lettres à lord Normanby, il apprécie cette mesure en ces termes : Les trois puissances nous ont annoncé leur intention de donner Cracovie à l'Autriche ; elles sont résolues à surpasser Louis-Philippe, et de même que celui-ci veut anéantir un traité du dernier siècle, de même elles annulent un traité du siècle présent. Cela est à la fois odieux et sot et retombera sur elles. Guizot fera un semblant de résistance, mais le fait est, que quand même la France et l'Angleterre seraient dans les meilleurs termes ensemble, elles n'auraient aucun moyen d'empêcher la chose, même par une menace de guerre, que les trois puissances savent bien que nous ne ferions jamais pour Cracovie. La mesure est en elle-même une abominable honte, et elle est exécutée sous les prétextes les plus frivoles, les plus mal fondés. Je soupçonne que la Prusse ne consent qu'à regret, que l'Autriche est poussée par son avidité et sa haine du nom même de la liberté, et qu'elle est excitée par la Russie qui désire avoir un précédent qu'elle pourra mettre en avant plus tard lorsqu'elle voudra avaler et s'assimiler le royaume de Pologne[1].

La protestation de M. Guizot eut un caractère plus franc, plus digne que celle de lord Palmerston. Le ministre français rappela les assurances données au printemps, violées quelques mois plus tard. La fermentation si souvent renaissante des anciennes provinces polonaises provenait d'une cause plus générale et plus puissante que l'existence du petit État de Cracovie c'étaient les membres épars d'un grand État violemment détruit qui s'agitaient et se soulevaient encore. Cette mesure affaiblissait partout en Europe les principes d'ordre et de conservation au profit des passions aveugles et des desseins pervers. Le gouvernement du roi ne faisait qu'user d'un droit évident et accomplissait un devoir impérieux en protestant solennellement contre la suppression de la république de Cracovie, acte positivement contraire à la lettre comme au sens des traités de 1815. Après de longues et redoutables agitations qui ont si profondément ébranlé l'Europe, c'est par le respect des traités que l'ordre européen se fonde et se maintient. Aucune puissance ne peut s'en affranchir sans en affranchir en même temps les autres... La France n'a point oublié quels douloureux sacrifices lui ont imposés les traités de 1815, elle pourrait se réjouir d'un acte qui l'autoriserait, par une juste réciprocité, à ne consulter désormais que le calcul prévoyant de ses intérêts, et c'est elle qui rappelle à l'observation fidèle de ces traités les puissances qui en ont recueilli les principaux avantages.

Fidèle à ses habitudes de casuistique absolutiste, le prince de Metternich répondit (3 décembre 1847) par une fin de non-recevoir à la prétention de l'Angleterre et de la France d'être considérées comme parties contractantes aux stipulations relatives à Cracovie. Cette interprétation était contraire à l'évidence, à la lettre, à l'esprit des traités mais la diplomatie, la politique ont leurs avocats comme le droit civil et le droit pénal, et les plus mauvaises causes n'ont jamais manqué de défenseurs habiles.

Lord Palmerston avait dit le mot de la situation ni la France, ni l'Angleterre ne considéraient l'événement de Cracovie comme un cas de guerre, on n'avait donc pas pris l'attitude de la' guerre. M. Guizot ne croyait point que le moment où il protestait contre une infraction aux traités fût celui de proclamer le mépris des traités.

Si le gouvernement français voulait pratiquer une politique indépendante de l'Angleterre lorsque son intérêt et sa dignité le lui commanderaient, il avait à cœur de marcher avec elle dans les circonstances où ses intérêts étaient les mêmes, par exemple dans les affaires du Portugal et de la Plata.

En Portugal, le gouvernement de la reine dona Maria était entré dans une voie d'absolutisme extrême, et les conséquences de cette conduite se manifestèrent en 1846 sous la forme de la guerre civile. Oporto était le quartier général des juntes révolutionnaires, le comte das Antas général en chef des rebelles ; la lutte se poursuivait avec des vicissitudes diverses. Jusqu'alors le parti libéral ou patriotique s'était appuyé sur la France, tandis que le parti des vieilles traditions avait pour alliée l'Angleterre. En 1846 le gouvernement français craignit, s'il protégeait les insurgés portugais, d'ébranler le trône de dona Maria et par contre-coup celui de la reine Isabelle il prit parti pour elle.

Cependant l'anarchie portugaise se prolongeait, le pays galopait à sa ruine, selon le mot de lord Palmerston, et la question menaçait de devenir européenne, du moins pour la France, l'Angleterre et l'Espagne, liées ensemble par le traité de la Quadruple-Alliance. Lord Palmerston aurait voulu obtenir un nouvel arrangement d'où la France fût exclue par voie de prétérition, mais la cour de Portugal préférait la médiation combinée de ses trois alliés au protectorat exclusif de l'Angleterre, et le 21 mai 1847, un protocole fut dressé en vue de la pacification du Portugal. Les conditions offertes aux insurgés, acceptées par la cour étaient une amnistie, l'abrogation des décrets inconstitutionnels, la convocation des Cortès, la nomination d'un ministère qui ne se composerait ni de cabralistes, ni de membres de la junte ; l'Espagne mettrait quatorze mille hommes à la disposition du Portugal, les forces navales anglaises et françaises combineraient leurs opérations avec celles de Sa Majesté Très Fidèle. Ces mesures furent exécutées avec vigueur tandis que les Espagnols repoussaient les insurgés, l'amiral Maitland s'emparait de l'escadre de la junte la guerre civile fut presque aussitôt terminée. La tranquillité matérielle étant rétablie, le but à peu près atteint, les conditions du protocole tant bien que mal remplies, la France et l'Angleterre rentrèrent dans l'état normal et reprirent leur liberté d'action[2].

Le traité conclu le 29 octobre 1840 avec Rosas, chef de la Confédération Argentine, avait eu pour résultat de faire sortir la France d'une voie difficile et dangereuse. Elle était alors engagée et compromise, dans les querelles intérieures de l'Amérique du Sud, et cela, d'une manière, d'autant plus fâcheuse, que cette politique la mettait à la remorque du parti le plus faible, celui qui a constamment succombé dans les grandes luttes de ces républiques, le parti européen. La convention de 1840 stipulait en faveur de la France le traitement de la nation la plus favorisée, assurait l'indépendance de la République de l'Uruguay.

Cependant la guerre continuait depuis dix ans entre la Confédération Argentine et l'Uruguay, auquel Rosas voulait imposer son allié Oribe pour président. De nombreuses pétitions des villes manufacturières de la Grande-Bretagne pressaient le Foreign Office de rétablir la paix sur les bords de la Plata les ministres anglais demandèrent à la France d'unir ses vaisseaux aux leurs pour terminer un différend sans cesse renaissant, qui compromettait gravement le commerce des deux pays. L'empereur du Brésil à son tour se déclarait prêt à intervenir, représentait le dommage que causait cette lutte prolongée à la tranquillité des frontières de son empire. La France accepta l'offre de l'Angleterre leurs escadres réunies bloquèrent les rives de la Plata, forcèrent l'embouchure du Parana, rivalisèrent de courage et de dévouement.

Un incident faillit compromettre le concert des deux puissances. Leurs commissaires avaient posé les bases d'un armistice entre les belligérants, Rosas et Oribe d'une part, Montevideo d'autre part. Cet armistice n'ayant pas convenu à Montevideo, lord Howden prit sur lui de trancher la difficulté, et signifia brusquement à M. Walewski sa résolution de lever le blocus des rives de la Plata. L'irrégularité d'un tel procédé fut fortement mise en relief par le duc de Broglie, alors ambassadeur de France à Londres. En abandonnant Montevideo à sa destinée, en rompant unilatéralement les liens qui unissaient les deux pays dans une intervention commune, le plénipotentiaire anglais manquait à toutes les traditions, à tous les usages diplomatiques ; ceux-ci, en cas de dissentiment sur des instructions identiques et concertées, prescrivent aux délégués d'en référer à leurs gouvernements respectifs avec un semblable système, l'alliance deviendrait plus périlleuse que l'isolement. Lord Russell et lord Palmerston admirent la justesse de ces observations une négociation s'ouvrit, de nouvelles conditions furent librement débattues entre les deux cabinets qui rentrèrent dans l'action commune, un instant abandonnée.

Les affaires de la Plata et du Portugal n'étaient qu'un point dans l'espace en Italie, en Suisse, des questions plus graves sollicitaient l'attention de la France et de l'Angleterre, provoquaient de nouvelles luttes, de nouveaux froissements. Nous essayerons de retracer brièvement ces deux derniers épisodes de l'histoire diplomatique de la monarchie de Juillet.

 

 

 



[1] Nous croyons utile de reproduire ici quelques-unes des réflexions d'un grand penseur espagnol, M. Donoso Cortès, sur la politique anglaise : L'intérêt suprême de l'Angleterre a toujours été, est et sera toujours d'empêcher l'unité de vues et d'action des peuples continentaux. Cette politique, considérée au point de vue de l'intérêt du continent européen, est une politique subversive mais, considérée au point de vue de l'intérêt britannique, elle est éminemment conservatrice ; les discordes continentales qu'elle fomente font de la Grande-Bretagne la dominatrice pacifique et l'arbitre suprême du continent... On croit généralement que l'intérêt du gouvernement anglais consiste à voir les peuples du continent adopter certaines formes de gouvernement ; c'est là une grave erreur. Toutes les formes de gouvernement lui sont indifférentes, pourvu que le continent soit divisé. Le parlementarisme continental ne lui est pas agréable parce qu'il rend les peuples libres, mais parce que, affaiblissant le pouvoir, il divise chaque peuple contre lui-même, et encore parce qu'il partage le continent en deux zones, celle du Midi et celle du Nord. Si tout le continent était constitutionnel, l'Angleterre pour le diviser, entreprendrait une propagande absolutiste. C'est là l'explication de sa politique traditionnelle dans les troubles continentaux, politique toujours appliquée à exciter l'antagonisme des nations, et à ne se servir jamais d'aucune d'elles que comme d'un instrument pour briser la puissance des autres. Un jour, l'Angleterre soudoie les armées russes et allemandes pour les lancer sur la France impériale ou républicaine, le lendemain, elle entre en négociations amicales avec la France, la prend sous sa tutelle, protège le développement du germe révolutionnaire qu'elle porte toujours dans son sein, paralyse les armées de ses ennemis, et condamne tous les peuples à l'inaction... Ce n'est point du reste une alliance fondée sur l'amitié ; elle n'a d'autre base que le calcul et l'égoïsme ; l'Angleterre l'a acceptée dans l'intérêt de sa domination, la France dans l'intérêt de son indépendance. Le jour où l'Angleterre pourra dominer sans l'aide de la France, l'Angleterre brisera la France comme on brise un verre contre un rocher ; le jour où la France sera assurée dé l'intégrité de son territoire sans l'aide de l'Angleterre, l'Angleterre verra le sceptre de sa domination tomber entre ses mains et sera le jouet des nations.

[2] Les affaires de Portugal préoccupaient vivement lord Palmerston et l'on retrouve la trace de ses inquiétudes dans ses lettres à lord Normanby. Il faut, écrit-il le 30 novembre 1846, que notre intervention se borne à donner des conseils et à pourvoir à la sûreté personnelle de la cour. C'est un triste état de choses, mais j'espère que le danger est un peu exagéré néanmoins il est grand, et ce qui aggrave la situation, c'est qu'elle a été amenée par la folie de la cour, poussée je crois, par le précepteur allemand Dietz... — Lorsqu'il annonce à son ambassadeur l'arrivée d'une forte escadre à Lisbonne, il ajoute cette réflexion : Sans doute sa présence produira un effet salutaire ; lorsqu'on voit arriver une grande force, on ne sait pas jusqu'à quel point elle est autorisée à agir, on craint le pire, et on se conduit en conséquence... Le 5 février 1847 : La reine ferait bien de se rappeler qu'à moins qu'elle ne se montre souveraine de la nation tout entière, elle ne peut s'attendre à ce que la nation tout entière la respecte et l'aime comme sa souveraine, et qu'un trône dont la stabilité repose sur la pointe des baïonnettes s'appuie sur une base oscillante et fragile... Le 26 mars 1847 : Le fait est que la pauvre reine de Portugal a été poussée par sa camarilla et ses conseillers français, à faire exactement ce que fit Charles X, et à la suite de quoi il fut obligé d'abandonner les Tuileries à Louis-Philippe.