LES FEMMES DE LA RENAISSANCE

LIVRE PREMIER. — LA VIE DE FAMILLE

 

CHAPITRE III. — LES ENFANTS.

 

 

La mission de maternité, grâce aux précautions dont nous avons parlé, ne pèse pas beaucoup. Le vent n'est point aux familles nombreuses ; à la campagne, six enfants paraissent une charge énorme[1], et plus on s'élève dans la hiérarchie sociale, plus l'enfant se raréfie ; on rencontre passablement de ménages qui n'en ont pas du tout ; il existe bien quelque part, en Lombardie, une vieille loi qui accorde une exemption d'impôts aux familles de douze enfants ; mais elle ne détruit pas l'équilibre du budget[2].

Les médecins, interrogés sur ce phénomène, ne donnent que des explications évasives ; comme ils se placent à un point de vue très spécial, ils s'en prennent surtout aux femmes : ils accusent les détestables expériences auxquelles quelques-unes se livrent pour conserver la pureté des lignes, telles que boire de l'eau ou du vinaigre, manger des viandes aigres, ne jamais poser le pied par terre[3] ; ou bien une existence tambour battant, bien faite pour développer les germes morbides et accroître la surexcitation nerveuse ; l'espèce de danse de Saint-Guy qui agite certaines personnes ; mille autres causes encore de détraquement moral et cérébral[4]. Evidemment, il n'y aurait rien (le tel pour favoriser la maternité que de passer sa vie à donner à manger aux poulets ou aux canards.

Cependant les femmes se résignent mieux que les hommes aux épreuves constitutives de la famille.

Dès qu'une nouvelle maternité s'annonce, celles mêmes qui ne se croient pas tenues d'exagérer leur devoir, en prennent vaillamment leur parti, et personne ne les plaint : on sait qu'il est dans leur nature d'aimer les enfants[5], et que, si elles ont à craindre de rudes moments, elles en auront aussi de bons. Le mari, en revanche, est désolé, il regrette tout ; sa raison lui montre froidement les suites de l'événement, et ses amis conviennent qu'il n'en récoltera que des inconvénients ; un homme élégant collectionne des tableaux, des antiques, non des enfants. Quelques âmes charitables suggèrent que les enfants assurent une sorte de survie, d'immortalité, que c'est presque la postérité ; mais, à ce compte, il est bien plus simple, et plus sûr, et plus commode, pour se survivre à soi-même, d'écrire tout bonnement un sonnet[6]. Il n'y a guère que les pauvres diables, les « mangeurs de châtaignes », qui puissent se donner le luxe de foisonnes, parce que pour eux, pour leur genre de travaux, et grâce aux rudesses de l'autorité paternelle, cela représente un accroissement immédiat de force et d'outils qui ne leur coûte pas beaucoup. Un bourgeois, ami de ses aises ou dont toute l'ambition consiste à accroître sa fortune, n'a rien à gagner à une nombreuse famille.

On plaint donc, dans la bourgeoisie, l'homme qui va être père, on le plaint de tout cœur. Quels soucis ! quels ennuis ! Il se croit obligé, pendant quelque temps, de considérer comme sacré le moindre des caprices de sa femme[7]... Il passe, avec une certaine émotion, chez l'astrologue pour savoir au moins si c'est un garçon ou une fille[8] ; et les astres, impassibles, annoncent une fille : il sourit quand même[9].

Un beau jour — ou une belle nuit, car la nature choisit singulièrement ses heures —, le voilà une lanterne en main, transi, tremblant, courant à la recherche de la femme de l'art : et puis, ensuite ! que d'heures terribles, que de fatigues ! Certes oui, c'est bien lui qu'il faut plaindre, car la Providence, n'ayant pas prévu ces instants-là pour l'homme, a oublié de lui donner les forces suffisantes. Avec quelle ardeur il souhaite que ce soit fini ! « Il n'y a saint en la kyrielle, ni sainte, qui n'ait sa chandelle. » Au premier vagissement du nouveau venu, la mère est consolée, mais le mari ? A-t-il le loisir d'admirer cet être difforme et laid ? Il cherche une garde, une nourrice, il fait tendre la chambre en rouge, étaler par terre des carreaux de velours ; s'il s'endort, par grâce, dans un coin, c'est pour voir en rêve le spectre de son budget danser une sarabande échevelée. Non, il n'a pas la vigueur de sa femme.

La chambre rouge va devenir pour la jeune mère un lieu de délices. C'est un devoir de charité de rendre visite à une parente, à une amie, à une voisine qui relève de ses couches, et bien peu de femmes voudraient manquer le paradis pour si peu. Aussi la chambre ne désemplit pas. La dame y tient « une cour de reine », ou ce que nous appellerions avec moins d'enthousiasme un club féminin. On juge des bavardages, et si le mari se trouve souvent sur la sellette, et comment : Quoi... ! cette vilaine robe ! pas ceci, pas cela ! ah ! le vieil avare !

Un fort aimable usage d'Italie consiste à envoyer toutes sortes de petits cadeaux, des fleurs, des fruits, de petits bijoux, des bibelots !... la jeune femme a droit aussi à un petit plateau peint ou ciselé, et il y en a de ravissants, de vraies œuvres d'art[10]. Tout arrive en même temps. Domenico Ghirlanodajo nous a décrit cette scène à Santa-Maria-Novella, de son pinceau grave et mâle : la servante présente un cordial sur le plateau, une amie amuse le nouveau-né, une patricienne fait son entrée, très digne ; une messagère apporte une superbe corbeille de fruits. C'est un vrai va-et-vient, très pittoresque.

Quant au mari, il a disparu parmi ses occupations et ses tracas ; il reparaît quinze jours plus tard, pour rendre les politesses par un grand dîner.

L'enfant appartiendra à sa mère jusqu'à sept ans : période exquise, où le cœur va se dilater ! C'est en serrant dans ses bras un faible petit être, messager d'un monde nouveau, qu'une femme comprend l'amour : la vie lui apparaît toute baignée d'une lumière inconnue, une lumière dorée, chaude, gaie. Savantes ou non, toutes éprouvent cette intuition[11].

Pendant quelque temps, peut-être quelques années, une mère peut trouver ainsi le repos du bonheur, et, en ramenant tout à sa joie intime, tremper son âme dans une félicité dont elle ne prévoit pas la fin.

Aucune femme ne devrait donc se priver des premiers sourires de son enfant, du premier ramage, du dorlotage divin[12], que Raphaël a décrit et qu'Erasme considérait comme une chose tellement esthétique qu'il en faisait une thèse à compositions de rhétorique[13].

Cependant le monde interpose déjà sa tyrannie. Autrefois, il était permis de nourrir son enfant ; l'allaitement faisait partie de la maternité[14], moralistes et médecins l'approuvaient[15]. Maintenant, ce n'est plus l'usage ; le cri du lait qu'on vend pour l'allaitement artificiel vient s'ajouter, chaque matin, aux hurlements divers des rues de Paris[16]. Les petits bourgeois et même un certain nombre de châtelains campagnards[17] envoient leurs enfants en nourrice : il existe, pour répondre à ce besoin, une industrie agricole d'élevage humain, très florissante, mais un peu aléatoire pour ceux qui s'y livrent, car il arrive que des enfants restent pour compte[18].

Dans les grandes ou moyennes maisons, on prend une nourrice, moralement et médicalement éprouvée[19], une fille solide et honnête, de vingt à trente ans ; cette personne entre dans la famille, où elle représente la vie de la nature, et jusqu'à la fin de ses jours elle occupera, si elle le veut, une situation privilégiée près de son nourrisson[20].

Souvent, nous devons le dire, le mari fait chorus avec les anciens principes et autoriserait très volontiers sa femme à nourrir elle-même. Mais alors une amie le prend à part et lui fait honte. : Comment ! il prétend imposer cette sujétion ! Ne voit-il pas déjà comme sa femme est épuisée ! Ah ! il veut la forcer, on sait bien pourquoi, l'avare ! Vraiment, pourrait-on supposer à un mari une âme assez noire pour vouloir infliger pareil servage à une femme, qui, Dieu merci, a pourtant de quoi plaire !...

Le dernier mot dit tout. Une femme de quinze ou seize ans, au bout d'un an ou deux de mariage, doit raisonnablement penser que la vie n'est pas finie pour elle, et qu'elle a besoin de sa beauté.

Et puis l'étiquette, la politique même, dans les maisons princières, interviennent ; les convenances s'opposent à ce qu'une mère s'occupe trop personnellement de ses enfants ; ce ne serait pas la peine d'avoir toute une hiérarchie de serviteurs, dont on doit respecter les attributions ; il faut borner sa sollicitude à une surveillance méticuleuse[21].

Néanmoins, bien des femmes se permettent des atteintes à l'étiquette, et la princesse d'Orange nous paraît une femme comme une autre lorsqu'elle écrit avec joie à sa belle-sœur, Anne de France, qu'elle vient de voir « sa belle nyepce », qui l'appela « mymy et papa » et lui fit « aussi bonne chère en son petit patoys qu'il estoit possible de fere[22] » ; ou quand Louise de Savoie, en 1520, au milieu de toutes sortes de préoccupations, se rappelle que, trente-cinq ans plus tôt, François I0 avait percé ses premières dents sans s'en apercevoir « et n'en fut comme point mallade[23] ».

Jusqu'à sept ans, les enfants restent sous l'égide de leurs mères, dans un pur état de végétation. Moralistes et médecins enseignent qu'il faut les laisser se développer librement, sans rien leur apprendre et sans se préoccuper d'autre chose que du bon air et d'une vie régulière[24].

Le grand principe de l'éducation, c'est de laisser les enfants s'élever tout seuls, eux-mêmes, sans grands raisonnements, sans dogmatisme, et de les habituer à ne s'appuyer sur rien, ni sur la crainte, ni sur l'amour[25], à être eux-mêmes ; et cela dès la plus petite enfance. Tout être qui entre dans la vie y apporte son individualité propre, qui va se développer ; il a ce qu'il lui faut pour raisonner librement ; il observe beaucoup, il voit, il écoute, par instinct, et son âme réfléchit ce qui l'entoure comme un céleste miroir. La mère n'a donc qu'à l'aider, à le contrôler, à lui donner de bons exemples.

Ces soins de la première heure paraissent d'une importance capitale, parce que c'est le moment ou jamais d'arracher un à un les petits grains d'ivraie, au fur et à mesure de leur apparition[26]. II n'y a pas à peser : c'est une main de femme qui doit faire ce travail-là, légèrement.

Jusqu'alors, on s'était figuré qu'avant tout il fallait viser à obtenir beaucoup d'énergie, et par conséquent endurcir un enfant par des moyens presque rudes ; une sobriété exemplaire, la vie en plein air, librement exposée à toutes les intempéries[27]. Si un enfant pleurait, on le laissait pleurer[28]. On l'emmenait quelquefois à l'église ou chez quelques très proches parents, jamais dans des endroits de plaisir, au théâtre, chez des financiers[29]. La moindre habitude de confort, d'oisiveté, de vie factice paraissait funeste ; on craignait de former des efféminés, et on se disait que, le pli une fois pris, l'armée et le gymnase plus tard n'en viendraient pas à bout[30]. On ne pensait qu'à eux, on ne se préoccupait pas des mères.

Les femmes jugèrent ce système beaucoup trop dur, et l'un des premiers résultats de leur influence fut de le modifier. Pourquoi martyriser des enfants, sous prétexte de les aguerrir ? A quoi bon les exposer au froid à demi nus[31] ? ou bien en faire des chartreux et se donner à soi-même des airs de gendarme ? C'est donc un grand crime de témoigner à ces pauvres petits quelque affection, de les mêler avec soi à l'existence qu'ils doivent connaître, de leur former l'esprit et les manières en les admettant à la table de jeu[32], de leur donner des camarades, fût-ce au prix de quelques horions[33] ?

Les vieux moralistes trouvent ces procédés hâtifs et trop peu rectilignes, et ne veulent entendre parler que de muscles, ils prétendent qu'on entre toujours dans le monde assez tôt. Les femmes vont aiguiller autrement l'éducation. Dès qu'elles prendront plus de pouvoir dans le ménage, elles réclameront le droit d'aimer leurs enfants, de s'en occuper, de vivre avec eux, d'en jouir, au moins jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge classique de sept ans.

 

LES GARÇONS

 

A partir de sept ans, un garçon ne devient souvent pour sa mère qu'un objet d'inquiétudes et de tribulations. Il passe sous l'autorité directe et exclusive du père, qui se propose de le tailler à grands traits et d'en faire à quatorze ans, non pas un savant, ni peut-être même un bachelier, mais un homme ferme, personnel, solidement trempé pour les luttes de la vie. Nos aïeux avaient particulièrement horreur de tout ce qui pouvait ressembler à un embrigadement ou à un joug uniforme. Le système du collège leur semblait détestable, un vrai pis-aller dans toute la force du terme[34] ; Louis XI avait bien soin d'envoyer au collège les princes de la branche cadette, mais il évitait tout aussi soigneusement d'y envoyer son fils[35]. Le collège, comme dit Montaigne, est une « fabrique de latineurs », une « maison de correction préventive », où l'on travaille comme des portefaix (de ce temps-là) quatorze ou quinze heures par jour, jusqu'à complet abêtissement, jusqu'à la haine des livres, et, s'il vous plaît, pour arriver à quel beau résultat ? à un léger badigeon de grec et de latin ! à jargonner tant bien que mal de Jupiter, de Vénus, de Pyrame[36]..., sans trop s'inquiéter, heureusement, de ce que représentent ces augustes mots ! Quant aux idées, tout se borne à en seriner quelques-unes, qui tiennent lieu d'intelligence[37], au lieu de développer fortement les facultés créatrices et originales.

Ainsi on tombe d'accord qu'il faut autant que possible éviter le collège, et qu'un garçon doit rester à la maison. Mais alors voici le débat. S'il reste à la maison, la mère, qui, la plupart du temps, a concentré précisément sur la tête de ce fils toutes ses prédilections, prétendra s'occuper de lui. Et c'est ce qu'on ne veut pas : on se défie d'elle, de sa bonté, de ses « semblants d'amour ». Il faut, c'est un axiome, soumettre les garçons à un régime tout à fait masculin, à une vie de férule, sous la haute main du père[38] ; le père a parfaitement le droit de leur défendre de voir leur mère[39]. Comment parviendrait-on à « raidir l'âme et les muscles » d'un enfant, à lui donner une vigueur physique et morale qui tient en grande partie à « l'espessissure de la peau », si la mère est toujours là, si elle intervient, si elle trouve que son fils a eu chaud ou a eu froid, si elle le dorlote, si elle compatit aux moindres misères ? Ce n'est pas la manière de former des hommes !

Nulle part, la bataille contre le féminisme ne s’engage plus résolument que sur ce terrain. Les adversaires des femmes se reconnaissent presque infailliblement à ce signe, qu'ils insistent avant tout sur l'éducation des hommes, parce qu'à leur avis c'est le côté le plus manifestement néfaste de l'influence des femmes.

Ils craignent la vie de famille à cause du laisser-aller qui y règne[40], et parce qu'ils ne connaissent rien de pire pour un homme qu'un entraînement précoce à la sensibilité. « A vingt ans, maugrée un vieillard, je ne savais pas ce que c'était qu'une femme ; à présent, les enfants à la mamelle sont plus avancés[41]. » C'est la preuve, dira-t-on, qu'ils ont plus d'esprit, c'est une garantie de vertu... Non. On préfère n'importe quoi, même le collège, à l'éducation des hommes par les femmes. Du moment où I e système de la sensibilité prévaut dans une maison, il ne reste plus qu'à se débarrasser des garçons à tout prix[42].

Mais n'est-ce pas un peu exagérer la rigueur, et déchirer inutilement le cœur d'une femme, ce rieur si vide et qui avait cru trouver enfin de quoi se remplir ? Les mères ne manquent pas d'arguments à l'appui de leurs revendications ! Elles se refusent complètement à admettre que la bonté soit nécessairement synonyme de faiblesse. Est-ce que, (le tout temps, les gens les moins suspects de sentimentalisme n'ont pas compris combien il est important de ménager à un homme son recours dans l'affection de sa mère ? N'a-t-on pas toujours cité avec complaisance les noms de sainte Monique[43] et de tant d'autres mères bienfaisantes ? Une éducation raisonnable ne doit pas s'appuyer uniquement sur le principe de la crainte ; elle doit être l'image de la vie, et, si l'on veut bannir du monde la brutalité et la rudesse, il ne faut pas commencer par les semer à pleines mains. Combien d'hommes, généreusement pétris par des mains féminines, sont arrivés, par le seul dressage de l'amour, à un parfait sentiment de force, de respect, de discipline ! Le cœur a ses lumières et ses moyens secrets ; le cœur d'une mère peut voir tout aussi clair et, pratiquement, obtenir tout autant de résultats que la raison et l'absolutisme du père. Là, comme ailleurs, la force n'est pas tout, et il y a un autre régime possible que celui de la « bastonnade » ou même de la chiquenaude, chères à Montaigne.

Marguerite de France nous offre à ce sujet une démonstration pertinente ; elle se cite elle-même. Sa mère, Louise de Savoie, restée veuve, se donna au plus haut degré le luxe d'aimer librement ses enfants. Lorsqu'on lui parla de remettre son fils entre les mains des hommes, en guise de réponse elle installa le lit du jeune François dans sa chambre. Eh bien,

Fille et filz eut, à elle obéyssans,

Rempliz d'esprit, de vertuz et bon sens[44].

On comprend combien ce débat entre les pères et les mères touche à des fibres profondes, et quelle répercussion il peut avoir sur la vie entière des femmes. Si séparées qu'elles soient de leurs fils par la force des mœurs, elles qui voudraient pénétrer d'amour et de douceur l'esprit farouche des hommes, il est bien naturel qu'elles se portent avec passion vers le cœur de ces enfants.

Souvent elles ont le dessous dans cette première bataille.

Le fils part pour le collège. Montaigne en gémit. C'est entre les quatre murs d'une classe, dit-il, et à coups de syntaxe grecque, qu'on va apprendre à un jeune homme la science de l'existence et lui donner la claire vue philosophique que procurent l'histoire et l'expérience. Quel professeur lui dira qu'il est sage de se tenir à l'écart de la vaste foire humaine, toute pleine de pitres orgueilleux et de bouffonneries outrecuidantes ? Sa mère aurait voulu exprimer pour lui le suc de la vie, le secret dg bonheur, lui communiquer l'étincelle sacrée de l'amour. Mais Montaigne est de ceux qui trouvent cela fort dangereux, et il croit, en somme, que le spectacle du monde serait encore plus funeste que « l'emprisonnement préventif ».

D'autres fois, le père choisit un précepteur pour élever son fils, et alors la crise subsiste à l'état latent.

Le père hésite toujours un peu à prendre son parti. D'abord, il songe à la dépense, et, quoique les enthousiastes lui représentent qu'il n'y a pas de meilleur placement[45], il fronce le sourcil. Ensuite, il voudrait trouver un homme parfait, chose difficile. Ordinairement, il se décide sur la recommandation d'amis, qui ont vu leur protégé à l’œuvre, qui vantent son tact, sa prestance, ses manières, sa science ; on ne s'explique pas qu'un tel homme se voie dans la nécessité de s'expatrier, mais il est encore jeune (trente ou trente-cinq ans), et il a besoin de se créer une situation[46].

Le candidat lui-même prend la plume en termes modestes, pour parler de sa timidité : il promet de cavalcader avec son élève et « de faire tous les autres exercices qu'on voudra » ; il demande seulement à coucher hors du château et à ne pas diner à la cuisine, comme quelques-uns de ses collègues[47]. La mère, timorée, insiste ; elle voudrait savoir si c'est un honnête homme, un homme de bien[48]. On l'assure que oui.

Longtemps, les précepteurs se tinrent sur un certain pied de réserve.

Dans sa Calandra, Bibbiena nous en montre encore un qui n'a rien d'intéressant, qui parle, agit et s'habille comme tout le monde. Cependant, ces jeunes gens sont des hommes, qui plus est, des hommes de lettres, et pas assez sots, ayant goûté à la vie élégante, pour en méconnaître longtemps les avantages ; parfois, sous une apparente bonhomie, leurs tentations n'ont rien de philosophique ; Vegio, sans ambages, les appelle « d'abominables boucs[49] ». Ils voient, par expérience, combien on s'avance difficilement par les moyens sérieux, et facilement par les autres. Ils cultivent la littérature à succès. Personne ne trouve mauvais qu'Antoine de la Salle, austère précepteur de la Maison d'Anjou au XVe siècle, écrive les XV Joyes ou les Cent Nouvelles, ni que Lemaire pense élever les idées du jeune Charles-Quint, en lui offrant la délicate pâture d'un Jugement de Pâris soigneusement photographié, image de l'avenir que le ciel réserve aux princes et aux grands de la terre[50]. On lit ces choses-là, et on ne lirait pas des dissertations sur Aristote.

A mesure que les femmes se mirent en tête de patronner la littérature, le type des précepteurs apparaît plus en relief. D'après le déchaînement qui se produit contre eux, on ne saurait douter qu'ils n'aient connu de beaux jours. Les faiseurs de Nouvelles, les hommes de théâtre ne leur pardonnent pas leurs prétentions près des mères ou des cousines ; ce pauvre diable de pédagogue, qu'on nous représente toujours comme un fruit sec de la vie, sans valeur personnelle, bête, laid, grotesque, sans vergogne, se meurt d'amour pour quelque belle jeune fille riche, distinguée, qu'il crible de billets incandescents ou de sonnets légèrement épicuriens ; on rit à gorge déployée lorsqu'il lui arrive (comme à bien d'autres) de recevoir quelque correction salée[51].

A partir surtout du moment où Arétin montra, dans son Marescalco, paru en 1533, les ressources scéniques d'un pareil rôle, le type est fixé.

Avant que le précepteur n'entre en scène, on sait qui on va voir : un cuistre à lunettes, gauche, lourd, prétentieux, rabâcheur, plein de philologie et de citations ; sa figure même a contracté quelque chose de mécanique, où se peint l'habitude d'« entonner » aux autres des choses toutes faites, comme dit Montaigne, ou d'éteindre la jeunesse par sa « besterie », sa « sagesse de mufles », comme dit Rabelais.

Puis, en vertu d'une loi fatale, la gloire du précepteur décrut et tomba. La poussée qui se produisit vers les études libérales mit tellement de concurrents sur le pavé qu'à moins d'ouvrir une institution privée ou d'obtenir une chaire à succès, le précepteur est perdu. Son salaire devient mince. Or on n'estime pas l'homme qu'on paie mal. Il a beau prendre toute la peine imaginable, donner des pensums, taper sur les doigts, tirer les oreilles, personne n'est satisfait.

« Je ne sais bête au monde pire que l'écolier, si ce n'est le pédant. »

Et alors, le pauvre « pédant », ulcéré, se renferme en lui-même : après avoir sué sang et eau toute la journée, il n'éprouve de délices qu'à se retrouver seul, pendant la nuit, pour colliger des notes, des phrases rares, des types de tournures, ou pour fabriquer des vers, des vers tendres, adressés à une beauté malheureusement inconnue, ou bien des vers lyriques, fulminants ; et ces productions de son cœur (celles du moins que la Fortune a daigné conserver) gisent encore aujourd'hui par paquets dans la poussière des archives[52].

Est-il besoin d'ajouter que le précepteur s'estime martyrisé par le père. Le père, qui ne fait pas profession de douceur, le traite, en effet, plus ou moins ouvertement, comme un homme qui accomplit un métier et qui est à charge : il intervient par saccades, blâmant ceci, cela, les bavardages, les espiègleries, les mauvaises compagnies[53] ; il voudrait, d'un côté, moins de sévérité, et de l'autre plus de progrès. Et puis ce bambin, qui l'appelle « Monsieur » et qu'il croit toujours un enfant, prend des façons d'homme, et menace de lui marcher sur les talons ; encore une grave préoccupation pour le budget ! Du reste, à quoi bon tant de programmes, et cette « suffisance livresque » ? Ne pourrait-on tout apprendre sans en avoir l'air[54] ? Quoi, voilà un enfant que nous allons lancer dans la vie active, et vous le farcissez de syllogismes, de dates, d'un flot d'inutilités ! Alexandre le Grand avait-il appris toutes ces choses-là ? Il avait pourtant un précepteur nominé Aristote ; eh bien ! avec quelques bons principes de morale pour tout bagage, il a conquis le monde ! Certes, il respectait les arts, les sciences, il louait leur « excellence et gentillesse », mais l'a-t-on jamais vu pâlir et se ronger les ongles devant un problème de dialectique ? Ah ! non ![55]

Les précepteurs n'échappent guère à ces tracasseries que dans les maisons princières ou royales, parce qu'alors ce sont d'importants personnages, hauts fonctionnaires et nombreux[56]...

La mère, au contraire, se fait l'amie du précepteur, et par ce moyen exerce sur lui une influence sensible ; elle l'entoure d'égards affectueux. Ce sont deux alliés naturels, les deux êtres faibles et opprimés, qui cherchent un appui dans les idées belles, que le mari ne comprend pas ; en sa qualité d'homme lettré, le précepteur penche vers le féminisme, et il goûte doublement, pour lui et pour son élève, les attentions, la bienveillance soigneuse dont une mère entoure l’œuvre de l'éducation. Nombre de précepteurs spéciaux passèrent ainsi par Amboise, chez Louise de Savoie, pour pénétrer François Ier d'esthétique ; ils conservèrent de leur séjour le plus chaud souvenir. C'est que la jeune princesse les gâtait, les choyait presque ; elle les prenait à sa table, au lieu de les laisser parmi les chambellans et les artistes, elle les faisait causer, elle causait avec eux[57]...

Malgré toutes les résistances, l'éducation des hommes se transforma ainsi peu à peu dans les pays cultivés. Au lieu de se tenir comme autrefois sur le pied d'une grave réserve, qui ressemblait à la timidité, et de vénérer de loin tout le monde, surtout les personnes âgées, au lieu, notamment, de rester vis-à-vis des femmes dans une gamme de respect, depuis le respect profond jusqu'à la courtoisie profonde[58], la plupart des jeunes gens entrèrent de plain-pied dans la vie avec des allures plus exquises ; ils laissèrent l'armure de l'étiquette hiérarchique, ils furent souples, aimables, gracieux, habiles à plaire. Une foule de livres de civilité, dont Erasme a publié, pour sa part, un bon spécimen, leur enseignèrent la science de la politesse, un peu négligée autrefois. Du reste, comme l'éducation a toujours été le grand objectif des hommes qui veulent exercer sur les idées une influence sérieuse, c'était à qui dirait son mot et préconiserait son système sur la direction de la jeunesse ; Cordier, Sadolet, Vivès, Luther, Calvin, Erasme, pour ne citer que les principaux, s'en sont fort préoccupés[59]. Nous n'avons pas à suivre ici leurs vastes discussions ; elles ne sont que le développement de la lutte engagée entre l'esprit idéaliste et l'esprit positif. A l'extrême frontière des deux mondes, Zwingle, établi pour ainsi dire en grand'garde, défend la tactique allemande ; sans nier les douceurs de l'esthétisme, il tient pour une éducation cloîtrée, sévère, pour des programmes de sciences exactes et de raisonnement, il préfère des hébraïsants ou des hellénistes savants à de jolis latinistes[60].

Erasme, au contraire, marque la frontière romaine. Il estime qu'on n'aboutit qu'à dessécher l'intelligence des enfants en voulant la tirer au cordeau ; il n'apprécie ni la production de la vérité à l'état squelettique, telle qu'elle florissait dans les écoles du moyen âge, ni le pur apprentissage d'utilitarisme auquel incline Zwingle. Le sentiment du beau, à son avis, présente dans la vie un immense avantage, celui de soutenir l'esprit et de consoler ; dans l'éducation, il n'y a pas d'autre procédé pour étendre, polir et élever les intelligences[61]. L'impulsion nouvelle, il l'approuve entièrement.

Il ira même très loin.

Au lieu de bannir l'idée de la femme, il admet à merveille qu'on explique aux jeunes gens qu'il y a deux amours, l'un bon, l'autre mauvais, et qu'on leur donne des sujets de composition comme celui-ci : « Faut-il ou non se manier ?[62] » Hutten s'amuse beaucoup des professeurs pudibonds qui ont soin d'expurger la mythologie, qui voudraient voiler les Muses et en faire des anges, ou qui comparent Diane à la sainte Vierge[63].

En réalité, comme les programmes d'éducation sont très individuels et ne dépendent ni des théories ni du caprice de personne, tout ce beau feu ne produit guère que des modifications de détail. Ainsi on reste fidèle à la gymnastique et à tous les sports, cheval, chasse, pêche, paume, peut-être même aux sages déambulations philosophiques à la mode de saint Grégoire de Nazianze. Mais on a moins horreur de la danse[64], et l'amour du jeu fait des ravages[65].

La musique triomphe de ses détracteurs, qui la représentaient comme un élément d'effémination et de sensibilité voluptueuse : on y voit au contraire le plus noble délassement d'un enfant et une précieuse ressource pour former son esprit[66]. L'enseignement du dessin paraît une nécessité pour des hommes appelés à vivre parmi les objets d'art, et qui, faute d'expérience pratique, deviendraient fatalement la proie du faux bibelot[67].

Du reste, nous ne saurions nier qu'un développement trop exclusif de la sensibilité n'ait produit chez certains jeunes gens des effets fâcheux, ou même désastreux. L'instruction s'est fort répandue : tout le monde veut en avoir, plutôt par amour-propre que pour correspondre à des besoins réels ; il en résulte qu'on se préoccupe moins d'armer fortement quelques intelligences d'élite, et davantage de vernir superficiellement la banalité des esprits. Le monde est encombré d'aimables jeunes hommes, types de correction mondaine, saluant bien, dansant bien, se tenant bien à table[68], pourvus d'ailleurs de quelques bribes latines ou grecques, élégamment oisifs, et, dans cet état, orgueil du bon commerçant qui a eu l'honneur de leur donner le jour et de leur assurer des revenus. Leur côté faible, c'est qu'encore imberbes ils connaissent trop la vie ; l’esthétisme ne les a menés ni aux illusions, ni à l'enthousiasme ; mais ils sont docteurs en évaluation marchande de telle demoiselle à la mode et de son mobilier.

A quinze ou seize ans, tous ces jeunes gens, bons ou mauvais, prennent leur volée dans les sens les plus divers, et échappent pour toujours à leur mère.

Elle les voit partir ! les uns, les plus huppés, pages brillants à la cour, tout rutilants d'or et de velours ; les autres dans un château quelconque, où ils cumulent la direction de la chasse avec celle de l'écurie, et où ils dînent à la cuisine, en attendant que leur maître les couche sur son testament.

D'autres, soutenus par un père plus subtil, reçoivent mission de « parvenir à la vertu et à l'honneur que le savoir acquiert aux gentilshommes[69] ». Ah ! les gaillards ! ils vont, à grands frais, s'établir à Padoue, à Bologne ou ailleurs. Là, en fait de Pandectes, ils approfondissent surtout le pour et le contre de Mlle Angela ou de Mlle Camilla. Un de ces bons apôtres, fils d'un conseiller de Paris, met en fuite le propre précepteur attaché à sa personne. Tant que la bourse de voyage suffit, le père se montre indulgent, et même, secrètement, un peu fier des fredaines de son héritier. Ne faut-il pas que jeunesse se passe ? Un père facétieux adresse une lettre à son fils « étudiant à Padoue, ou envoyé pour étudier[70] ».

Beaucoup de personnes attribuent le laisser aller de la jeunesse à la direction nouvelle de l'éducation. Calvin trouve qu'on a beaucoup trop rapproché les jeunes gens des femmes[71] ; Henri Estienne charge l'éducation esthétique de tous les vices de l'époque. C'est aller un peu loin, et il serait tout aussi équitable de rejeter les mauvais résultats de l'éducation sur les vices de l'époque. Pourtant, malgré certains progrès, l'éducation du XVIe siècle a commis des erreurs qu'il a fallu payer. La discipline s'est relâchée[72]. On se plaignait que les études s'abaissassent à force de se vulgariser[73] ; la nouvelle éducation a pris les écoliers trop jeunes, elle les a poussés à outrance sur des programmes trop étendus, elle leur a donné le goût de l'à peu près, l'habitude de ne rien pénétrer à fond, elle a fait des gens superficiels et paradoxaux.

Deux femmes, issues des principes les plus opposés, Louise de Savoie, Anne de France, se défièrent de cet entraînement : l'une voulut faire élever son fils sous ses yeux, l'autre éleva elle-même son futur gendre[74]. C'est la preuve que toutes les femmes ne peuvent être responsables de certains abus.

Quelque paradoxale que l'idée paraisse, il semble que le système d'éducation aurait dû être plus complètement retourné. Il aurait fallu, ou maintenir l'ancien principe d'élever les garçons pour en faire des hommes, ou bien, bravement, nettement, en émettre un nouveau, que d'ailleurs nous n'avons vu indiqué nulle part : c'est qu'il serait bon qu'un fils soit élevé par sa mère, puisqu'il doit vivre avec une femme, et une fille par son père, puisqu'elle doit vivre avec un homme.

Cette éducation-là aurait quelque chose de plus intime, de plus juste, de plus naturel, et peut-être de plus profitable. On reconnaît entre mille les hommes élevés par une mère sérieuse et les femmes élevées par un père attentif.

Malheureusement, les habitudes sociales créaient un obstacle absolu. Outre les craintes de sensibilité exagérée, dont nous avons parlé, le dur principe de famille voulait que le fils appartînt à la famille et non à sa mère. C'est un homme ! qu'il galope, qu'il chasse, qu'il soit soldat ! On aime mieux le voir pécher par brutalité que par douceur.

En réalité, beaucoup de mères n'exercèrent sur leurs fils qu'une influence indirecte et peu efficace. Les fils sont trop séparés d'elles et partent trop vite... Les mères sont-elles faites pour les enfants, ou les enfants pour les mères ? D'après la situation de bien des ménages qui ne durent que par les enfants, on pourrait croire qu'ils sont faits pour les mères ; et cependant, si une femme a trop compté sur cette ressource, elle restera cruellement seule.

 

 

 



[1] JJ. 230, 208.

[2] Une de ces exemptions, du 19 février 1507, publiée dans les Archives historiques, 1er juillet 1891.

[3] Montaigne.

[4] Champier.

[5] Traciaculi sive Opusculi.

Quattuor sunt que mulieres suname cupiunt.

A formosis amati juvenibus,

Pollere fillis pluribus,

Ornari preciosis vestibus,

Et dominari pre ceteris in domibus.

[6] Montaigne.

[7] Guevara : Les XV joyes : Bouchet, etc.

[8] Erasme, De Pueris instituendis, I, 423.

[9] Pasolini, III, 91.

[10] Müntz, les Plateaux d'accouchée, pp. 11 et suiv. : p. 279 ; Secrets et lois de mariage ; Enseignements d'Anne de France, p. 61 ; Sermon nouveau.

[11] Castiglione.

[12] Sc. de Sainte-Marthe, Pædotropia ; Sadolet, Traité d'éducation, pp. 103 et suiv.

[13] De Ratione studii, p. 111.

[14] Dolce.

[15] Guevara, Vivès, Emme, Bouchet, Triumphes, f° 21.

[16] Les Cris de Paris.

[17] Montaigne raconte qu'il fut mis en nourrice chez des paysans, « me dressant à la plus basse et commune façon de vivre ».

[18] JJ. 230, f° 31 v°.

[19] Rod. a Castro, p. 319 ; Cardano, II, pp. 249 et suiv. ; Sadolet : Guevara.

[20] Comptes princiers divers : Louise de Savoie : Arch. de La Trémoille, not. ordre du 1er janvier 1505 anc. st. ; Pérégrin, f° 4.

[21] Revue des autographes, n° 37286 (rapport â Anne de Bretagne).

[22] Ms. de Saint-Pétersbourg, 221.

[23] Ms. Moreau, 714, 112.

[24] Sadolet.

[25] Vegio, ch. XVIII.

[26] Vivès ; Vegio, liv. I, ch. X.

[27] Vegio. ch. V à VIII.

[28] Vegio, ch. IX, XVI, XIX. Le livre de Vegio, que nous citerons, souvent édité depuis 1491, et publié en traduction française en 1508, est très remarquable et a exercé une influence majeure. Il semble pourtant avoir échappé aux recherches des historiens de l'enseignement. Maffeo Vegio, de Lodi, disciple et chroniqueur de saint Bernardin de Sienne, secrétaire du pape Martin V, fut un très éminent humaniste du commencement du XVIe siècle. 11 ajouta à l'Enéide un livre supplémentaire. On le mettait fort au-dessus de Pétrarque (Paul Jove. Elogia, p. 127).

[29] Vegio, ch. XIV ; Vivès.

[30] La grant Nef.

[31] Thibaut, p. 69.

[32] Sadolet, pp. 103 et suiv.

[33] Eustorg de Beaulieu, XXXI ; Navis stultifere, f° 7 v°, 40.

[34] Vegio, liv. II, ch. II.

[35] Notre Histoire de Louis XII.

[36] Vegio, liv. II, ch. II ; Gaguin, De varias vitæ... incommodis.

[37] Montaigne, liv. II, ch. III.

[38] Champier, Gouvernement de mariage, ch. XIX ; Lalanne, pp. 8, 9.

[39] Pontanus, Opera (en prose), p. 16.

[40] Le P. Chérot, p. 538.

[41] Castiglione, p. 155.

[42] Montaigne.

[43] Vegio.

[44] Poésies, édition Le Franc, p. 272.

[45] Bouchet, les Triumphes. Vegio, ch. VI ; Fauste Andrelin. Epistolæ, VII.

[46] Vincenzo da Monferra à Caterina Sforza. 21 septembre 1507 ; Pasolini, III, n° 1312.

[47] 30 décembre 1507. Pasolini, III, n° 1314.

[48] 30 décembre 1507. Pasolini, III, n° 1315.

[49] Liv. II, ch. IV.

[50] Illustrations de Gaule, liv I.

[51] Lasca.

[52] Voir le fort curieux mémoire de M. Arturo Graf, I Pedanti, dans Atlraverso il Cinguecento, pp. 197 et suiv.

[53] Guevara ; Champier, le Doctrinal du père de famille ; Bouchet, Epistres, f° 24.

[54] Montaigne.

[55] Montaigne.

[56] Guidobaldo d’Urbin eut ainsi trois précepteurs, dont le savant Louis Odasio, de Padoue (Pinetti-Odasio).

[57] Louise de Savoie ; sc. de Sainte-Marthe ; Castellanus.

[58] Vegio, liv. II, ch. XIII, X et suiv.

[59] Voir aussi Castiglione, Curiono, Sabba di Castiglione, le Tasse, etc.

[60] Opera, I, p. 218 v°, 284.

[61] Comme sciences exactes, il admet l'astrologie ; cf. Bouchet.

[62] De Ratione instituendi, pp. 109, 112, 114.

[63] Epistolæ obscurorum, p. 42.

[64] Vegio, lie. III, ch. V, VII.

[65] Louise de Savoie.

[66] Vegio, liv. Ill. ch. III ; Bouchet, Epistres, f° 24.

[67] Vegio, liv. III, ch. IV.

[68] Bonaffé, p. 619.

[69] Hept., Nouvelle 18.

[70] H. Estienne ; Menot et autres prédicateurs ; le P. Chérot, p. 539 ; Massebieau, pp. 84 et suiv. ; Cl. Marot.

[71] Lettres à Pierre Favre, avril 1556 ; aux Français, 24 juillet 1547 (Epistolæ, p. 178, 76).

[72] Mes élèves ne veulent qu'agir à leur tête ; la plupart du temps ils piochent la terre, écrit un malheureux précepteur, en parlant du dauphin de France : « je foys grand double qu'ilz n'en vaudront de rien mieulx. » (Les La Trémoille pendant cinq siècles, t. III, p. 85.)

[73] On écrivit en France et en Allemagne de nombreux dialogues latins pour enfants Les deux plus connus ont été imprimés par Robert Estienne sous ce titre : Pædologia Petri Mosellani Prolegensis, Dialogi XXXVII. Dialogi pueriles Chrislophori Hegendorphini XII. Lutetiæ, 1548 (in-16). Voir Massebieau, les Colloques scolaires du XIVe siècle.

[74] Marillac (édition Buchon), p. 132.