La
mission de maternité, grâce aux précautions dont nous avons parlé, ne pèse
pas beaucoup. Le vent n'est point aux familles nombreuses ; à la campagne,
six enfants paraissent une charge énorme[1], et plus on s'élève dans la
hiérarchie sociale, plus l'enfant se raréfie ; on rencontre passablement de
ménages qui n'en ont pas du tout ; il existe bien quelque part, en Lombardie,
une vieille loi qui accorde une exemption d'impôts aux familles de douze
enfants ; mais elle ne détruit pas l'équilibre du budget[2]. Les
médecins, interrogés sur ce phénomène, ne donnent que des explications
évasives ; comme ils se placent à un point de vue très spécial, ils s'en
prennent surtout aux femmes : ils accusent les détestables expériences
auxquelles quelques-unes se livrent pour conserver la pureté des lignes,
telles que boire de l'eau ou du vinaigre, manger des viandes aigres, ne
jamais poser le pied par terre[3] ; ou bien une existence tambour
battant, bien faite pour développer les germes morbides et accroître la
surexcitation nerveuse ; l'espèce de danse de Saint-Guy qui agite certaines
personnes ; mille autres causes encore de détraquement moral et cérébral[4]. Evidemment, il n'y aurait rien
(le tel pour favoriser la maternité que de passer sa vie à donner à manger
aux poulets ou aux canards. Cependant
les femmes se résignent mieux que les hommes aux épreuves constitutives de la
famille. Dès
qu'une nouvelle maternité s'annonce, celles mêmes qui ne se croient pas
tenues d'exagérer leur devoir, en prennent vaillamment leur parti, et
personne ne les plaint : on sait qu'il est dans leur nature d'aimer les
enfants[5], et que, si elles ont à
craindre de rudes moments, elles en auront aussi de bons. Le mari, en
revanche, est désolé, il regrette tout ; sa raison lui montre froidement les
suites de l'événement, et ses amis conviennent qu'il n'en récoltera que des
inconvénients ; un homme élégant collectionne des tableaux, des antiques, non
des enfants. Quelques âmes charitables suggèrent que les enfants assurent une
sorte de survie, d'immortalité, que c'est presque la postérité ; mais, à ce
compte, il est bien plus simple, et plus sûr, et plus commode, pour se
survivre à soi-même, d'écrire tout bonnement un sonnet[6]. Il n'y a guère que les pauvres
diables, les « mangeurs de châtaignes », qui puissent se donner le luxe de
foisonnes, parce que pour eux, pour leur genre de travaux, et grâce aux
rudesses de l'autorité paternelle, cela représente un accroissement immédiat
de force et d'outils qui ne leur coûte pas beaucoup. Un bourgeois, ami de ses
aises ou dont toute l'ambition consiste à accroître sa fortune, n'a rien à
gagner à une nombreuse famille. On
plaint donc, dans la bourgeoisie, l'homme qui va être père, on le plaint de
tout cœur. Quels soucis ! quels ennuis ! Il se croit obligé, pendant quelque
temps, de considérer comme sacré le moindre des caprices de sa femme[7]... Il passe, avec une certaine
émotion, chez l'astrologue pour savoir au moins si c'est un garçon ou une
fille[8] ; et les astres, impassibles,
annoncent une fille : il sourit quand même[9]. Un beau
jour — ou une belle nuit, car la nature choisit singulièrement ses heures —,
le voilà une lanterne en main, transi, tremblant, courant à la recherche de
la femme de l'art : et puis, ensuite ! que d'heures terribles, que de
fatigues ! Certes oui, c'est bien lui qu'il faut plaindre, car la Providence,
n'ayant pas prévu ces instants-là pour l'homme, a oublié de lui donner les
forces suffisantes. Avec quelle ardeur il souhaite que ce soit fini ! « Il
n'y a saint en la kyrielle, ni sainte, qui n'ait sa chandelle. » Au premier
vagissement du nouveau venu, la mère est consolée, mais le mari ? A-t-il le
loisir d'admirer cet être difforme et laid ? Il cherche une garde, une
nourrice, il fait tendre la chambre en rouge, étaler par terre des carreaux
de velours ; s'il s'endort, par grâce, dans un coin, c'est pour voir en rêve
le spectre de son budget danser une sarabande échevelée. Non, il n'a pas la
vigueur de sa femme. La
chambre rouge va devenir pour la jeune mère un lieu de délices. C'est un
devoir de charité de rendre visite à une parente, à une amie, à une voisine
qui relève de ses couches, et bien peu de femmes voudraient manquer le
paradis pour si peu. Aussi la chambre ne désemplit pas. La dame y tient « une
cour de reine », ou ce que nous appellerions avec moins d'enthousiasme un
club féminin. On juge des bavardages, et si le mari se trouve souvent sur la
sellette, et comment : Quoi... ! cette vilaine robe ! pas ceci, pas cela ! ah
! le vieil avare ! Un fort
aimable usage d'Italie consiste à envoyer toutes sortes de petits cadeaux,
des fleurs, des fruits, de petits bijoux, des bibelots !... la jeune femme a
droit aussi à un petit plateau peint ou ciselé, et il y en a de ravissants,
de vraies œuvres d'art[10]. Tout arrive en même temps.
Domenico Ghirlanodajo nous a décrit cette scène à Santa-Maria-Novella, de son
pinceau grave et mâle : la servante présente un cordial sur le plateau, une
amie amuse le nouveau-né, une patricienne fait son entrée, très digne ; une
messagère apporte une superbe corbeille de fruits. C'est un vrai va-et-vient,
très pittoresque. Quant
au mari, il a disparu parmi ses occupations et ses tracas ; il reparaît
quinze jours plus tard, pour rendre les politesses par un grand dîner. L'enfant
appartiendra à sa mère jusqu'à sept ans : période exquise, où le cœur va se
dilater ! C'est en serrant dans ses bras un faible petit être, messager d'un
monde nouveau, qu'une femme comprend l'amour : la vie lui apparaît toute
baignée d'une lumière inconnue, une lumière dorée, chaude, gaie. Savantes ou
non, toutes éprouvent cette intuition[11]. Pendant
quelque temps, peut-être quelques années, une mère peut trouver ainsi le
repos du bonheur, et, en ramenant tout à sa joie intime, tremper son âme dans
une félicité dont elle ne prévoit pas la fin. Aucune
femme ne devrait donc se priver des premiers sourires de son enfant, du
premier ramage, du dorlotage divin[12], que Raphaël a décrit et
qu'Erasme considérait comme une chose tellement esthétique qu'il en faisait
une thèse à compositions de rhétorique[13]. Cependant
le monde interpose déjà sa tyrannie. Autrefois, il était permis de nourrir
son enfant ; l'allaitement faisait partie de la maternité[14], moralistes et médecins
l'approuvaient[15]. Maintenant, ce n'est plus
l'usage ; le cri du lait qu'on vend pour l'allaitement artificiel vient
s'ajouter, chaque matin, aux hurlements divers des rues de Paris[16]. Les petits bourgeois et même
un certain nombre de châtelains campagnards[17] envoient leurs enfants en
nourrice : il existe, pour répondre à ce besoin, une industrie agricole
d'élevage humain, très florissante, mais un peu aléatoire pour ceux qui s'y
livrent, car il arrive que des enfants restent pour compte[18]. Dans
les grandes ou moyennes maisons, on prend une nourrice, moralement et
médicalement éprouvée[19], une fille solide et honnête,
de vingt à trente ans ; cette personne entre dans la famille, où elle
représente la vie de la nature, et jusqu'à la fin de ses jours elle occupera,
si elle le veut, une situation privilégiée près de son nourrisson[20]. Souvent,
nous devons le dire, le mari fait chorus avec les anciens principes et
autoriserait très volontiers sa femme à nourrir elle-même. Mais alors une
amie le prend à part et lui fait honte. : Comment ! il prétend imposer cette
sujétion ! Ne voit-il pas déjà comme sa femme est épuisée ! Ah ! il veut la
forcer, on sait bien pourquoi, l'avare ! Vraiment, pourrait-on supposer à un
mari une âme assez noire pour vouloir infliger pareil servage à une femme,
qui, Dieu merci, a pourtant de quoi plaire !... Le
dernier mot dit tout. Une femme de quinze ou seize ans, au bout d'un an ou
deux de mariage, doit raisonnablement penser que la vie n'est pas finie pour
elle, et qu'elle a besoin de sa beauté. Et puis
l'étiquette, la politique même, dans les maisons princières, interviennent ;
les convenances s'opposent à ce qu'une mère s'occupe trop personnellement de
ses enfants ; ce ne serait pas la peine d'avoir toute une hiérarchie de
serviteurs, dont on doit respecter les attributions ; il faut borner sa
sollicitude à une surveillance méticuleuse[21]. Néanmoins,
bien des femmes se permettent des atteintes à l'étiquette, et la princesse
d'Orange nous paraît une femme comme une autre lorsqu'elle écrit avec joie à
sa belle-sœur, Anne de France, qu'elle vient de voir « sa belle nyepce »,
qui l'appela « mymy et papa » et lui fit « aussi bonne chère en son
petit patoys qu'il estoit possible de fere[22] » ; ou quand Louise de Savoie,
en 1520, au milieu de toutes sortes de préoccupations, se rappelle que,
trente-cinq ans plus tôt, François I0 avait percé ses premières dents sans
s'en apercevoir « et n'en fut comme point mallade[23] ». Jusqu'à
sept ans, les enfants restent sous l'égide de leurs mères, dans un pur état
de végétation. Moralistes et médecins enseignent qu'il faut les laisser se
développer librement, sans rien leur apprendre et sans se préoccuper d'autre
chose que du bon air et d'une vie régulière[24]. Le
grand principe de l'éducation, c'est de laisser les enfants s'élever tout
seuls, eux-mêmes, sans grands raisonnements, sans dogmatisme, et de les
habituer à ne s'appuyer sur rien, ni sur la crainte, ni sur l'amour[25], à être eux-mêmes ; et cela dès
la plus petite enfance. Tout être qui entre dans la vie y apporte son
individualité propre, qui va se développer ; il a ce qu'il lui faut pour
raisonner librement ; il observe beaucoup, il voit, il écoute, par instinct,
et son âme réfléchit ce qui l'entoure comme un céleste miroir. La mère n'a
donc qu'à l'aider, à le contrôler, à lui donner de bons exemples. Ces
soins de la première heure paraissent d'une importance capitale, parce que
c'est le moment ou jamais d'arracher un à un les petits grains d'ivraie, au
fur et à mesure de leur apparition[26]. II n'y a pas à peser : c'est
une main de femme qui doit faire ce travail-là, légèrement. Jusqu'alors,
on s'était figuré qu'avant tout il fallait viser à obtenir beaucoup
d'énergie, et par conséquent endurcir un enfant par des moyens presque rudes
; une sobriété exemplaire, la vie en plein air, librement exposée à toutes
les intempéries[27]. Si un enfant pleurait, on le
laissait pleurer[28]. On l'emmenait quelquefois à
l'église ou chez quelques très proches parents, jamais dans des endroits de
plaisir, au théâtre, chez des financiers[29]. La moindre habitude de
confort, d'oisiveté, de vie factice paraissait funeste ; on craignait de
former des efféminés, et on se disait que, le pli une fois pris, l'armée et
le gymnase plus tard n'en viendraient pas à bout[30]. On ne pensait qu'à eux, on ne
se préoccupait pas des mères. Les
femmes jugèrent ce système beaucoup trop dur, et l'un des premiers résultats
de leur influence fut de le modifier. Pourquoi martyriser des enfants, sous
prétexte de les aguerrir ? A quoi bon les exposer au froid à demi nus[31] ? ou bien en faire des
chartreux et se donner à soi-même des airs de gendarme ? C'est donc un grand
crime de témoigner à ces pauvres petits quelque affection, de les mêler avec
soi à l'existence qu'ils doivent connaître, de leur former l'esprit et les manières
en les admettant à la table de jeu[32], de leur donner des camarades,
fût-ce au prix de quelques horions[33] ? Les
vieux moralistes trouvent ces procédés hâtifs et trop peu rectilignes, et ne
veulent entendre parler que de muscles, ils prétendent qu'on entre toujours
dans le monde assez tôt. Les femmes vont aiguiller autrement l'éducation. Dès
qu'elles prendront plus de pouvoir dans le ménage, elles réclameront le droit
d'aimer leurs enfants, de s'en occuper, de vivre avec eux, d'en jouir, au
moins jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge classique de sept ans. LES GARÇONS A
partir de sept ans, un garçon ne devient souvent pour sa mère qu'un objet
d'inquiétudes et de tribulations. Il passe sous l'autorité directe et
exclusive du père, qui se propose de le tailler à grands traits et d'en faire
à quatorze ans, non pas un savant, ni peut-être même un bachelier, mais un
homme ferme, personnel, solidement trempé pour les luttes de la vie. Nos
aïeux avaient particulièrement horreur de tout ce qui pouvait ressembler à un
embrigadement ou à un joug uniforme. Le système du collège leur semblait
détestable, un vrai pis-aller dans toute la force du terme[34] ; Louis XI avait bien soin
d'envoyer au collège les princes de la branche cadette, mais il évitait tout
aussi soigneusement d'y envoyer son fils[35]. Le collège, comme dit
Montaigne, est une « fabrique de latineurs », une « maison de correction
préventive », où l'on travaille comme des portefaix (de ce
temps-là) quatorze
ou quinze heures par jour, jusqu'à complet abêtissement, jusqu'à la haine des
livres, et, s'il vous plaît, pour arriver à quel beau résultat ? à un léger
badigeon de grec et de latin ! à jargonner tant bien que mal de Jupiter, de
Vénus, de Pyrame[36]..., sans trop s'inquiéter,
heureusement, de ce que représentent ces augustes mots ! Quant aux idées,
tout se borne à en seriner quelques-unes, qui tiennent lieu d'intelligence[37], au lieu de développer
fortement les facultés créatrices et originales. Ainsi
on tombe d'accord qu'il faut autant que possible éviter le collège, et qu'un
garçon doit rester à la maison. Mais alors voici le débat. S'il reste à la
maison, la mère, qui, la plupart du temps, a concentré précisément sur la
tête de ce fils toutes ses prédilections, prétendra s'occuper de lui. Et
c'est ce qu'on ne veut pas : on se défie d'elle, de sa bonté, de ses «
semblants d'amour ». Il faut, c'est un axiome, soumettre les garçons à un
régime tout à fait masculin, à une vie de férule, sous la haute main du père[38] ; le père a parfaitement le
droit de leur défendre de voir leur mère[39]. Comment parviendrait-on à «
raidir l'âme et les muscles » d'un enfant, à lui donner une vigueur physique
et morale qui tient en grande partie à « l'espessissure de la peau »,
si la mère est toujours là, si elle intervient, si elle trouve que son fils a
eu chaud ou a eu froid, si elle le dorlote, si elle compatit aux moindres
misères ? Ce n'est pas la manière de former des hommes ! Nulle
part, la bataille contre le féminisme ne s’engage plus résolument que sur ce
terrain. Les adversaires des femmes se reconnaissent presque infailliblement
à ce signe, qu'ils insistent avant tout sur l'éducation des hommes, parce
qu'à leur avis c'est le côté le plus manifestement néfaste de l'influence des
femmes. Ils
craignent la vie de famille à cause du laisser-aller qui y règne[40], et parce qu'ils ne connaissent
rien de pire pour un homme qu'un entraînement précoce à la sensibilité. « A
vingt ans, maugrée un vieillard, je ne savais pas ce que c'était qu'une femme
; à présent, les enfants à la mamelle sont plus avancés[41]. » C'est la preuve, dira-t-on,
qu'ils ont plus d'esprit, c'est une garantie de vertu... Non. On préfère
n'importe quoi, même le collège, à l'éducation des hommes par les femmes. Du
moment où I e système de la sensibilité prévaut dans une maison, il ne reste
plus qu'à se débarrasser des garçons à tout prix[42]. Mais
n'est-ce pas un peu exagérer la rigueur, et déchirer inutilement le cœur
d'une femme, ce rieur si vide et qui avait cru trouver enfin de quoi se
remplir ? Les mères ne manquent pas d'arguments à l'appui de leurs
revendications ! Elles se refusent complètement à admettre que la bonté soit
nécessairement synonyme de faiblesse. Est-ce que, (le tout temps, les gens
les moins suspects de sentimentalisme n'ont pas compris combien il est
important de ménager à un homme son recours dans l'affection de sa mère ? N'a-t-on
pas toujours cité avec complaisance les noms de sainte Monique[43] et de tant d'autres mères
bienfaisantes ? Une éducation raisonnable ne doit pas s'appuyer uniquement
sur le principe de la crainte ; elle doit être l'image de la vie, et, si l'on
veut bannir du monde la brutalité et la rudesse, il ne faut pas commencer par
les semer à pleines mains. Combien d'hommes, généreusement pétris par des
mains féminines, sont arrivés, par le seul dressage de l'amour, à un parfait
sentiment de force, de respect, de discipline ! Le cœur a ses lumières et ses
moyens secrets ; le cœur d'une mère peut voir tout aussi clair et,
pratiquement, obtenir tout autant de résultats que la raison et l'absolutisme
du père. Là, comme ailleurs, la force n'est pas tout, et il y a un autre
régime possible que celui de la « bastonnade » ou même de la chiquenaude,
chères à Montaigne. Marguerite
de France nous offre à ce sujet une démonstration pertinente ; elle se cite
elle-même. Sa mère, Louise de Savoie, restée veuve, se donna au plus haut
degré le luxe d'aimer librement ses enfants. Lorsqu'on lui parla de remettre
son fils entre les mains des hommes, en guise de réponse elle installa le lit
du jeune François dans sa chambre. Eh bien, Fille
et filz eut, à elle obéyssans, Rempliz
d'esprit, de vertuz et bon sens[44]. On
comprend combien ce débat entre les pères et les mères touche à des fibres
profondes, et quelle répercussion il peut avoir sur la vie entière des
femmes. Si séparées qu'elles soient de leurs fils par la force des mœurs,
elles qui voudraient pénétrer d'amour et de douceur l'esprit farouche des
hommes, il est bien naturel qu'elles se portent avec passion vers le cœur de
ces enfants. Souvent
elles ont le dessous dans cette première bataille. Le fils
part pour le collège. Montaigne en gémit. C'est entre les quatre murs d'une
classe, dit-il, et à coups de syntaxe grecque, qu'on va apprendre à un jeune
homme la science de l'existence et lui donner la claire vue philosophique que
procurent l'histoire et l'expérience. Quel professeur lui dira qu'il est sage
de se tenir à l'écart de la vaste foire humaine, toute pleine de pitres
orgueilleux et de bouffonneries outrecuidantes ? Sa mère aurait voulu exprimer
pour lui le suc de la vie, le secret dg bonheur, lui communiquer l'étincelle
sacrée de l'amour. Mais Montaigne est de ceux qui trouvent cela fort
dangereux, et il croit, en somme, que le spectacle du monde serait encore
plus funeste que « l'emprisonnement préventif ». D'autres
fois, le père choisit un précepteur pour élever son fils, et alors la crise
subsiste à l'état latent. Le père
hésite toujours un peu à prendre son parti. D'abord, il songe à la dépense,
et, quoique les enthousiastes lui représentent qu'il n'y a pas de meilleur
placement[45], il fronce le sourcil. Ensuite,
il voudrait trouver un homme parfait, chose difficile. Ordinairement, il se
décide sur la recommandation d'amis, qui ont vu leur protégé à l’œuvre, qui
vantent son tact, sa prestance, ses manières, sa science ; on ne s'explique
pas qu'un tel homme se voie dans la nécessité de s'expatrier, mais il est
encore jeune (trente ou trente-cinq ans), et il a besoin de se créer une situation[46]. Le
candidat lui-même prend la plume en termes modestes, pour parler de sa
timidité : il promet de cavalcader avec son élève et « de faire tous les
autres exercices qu'on voudra » ; il demande seulement à coucher hors du
château et à ne pas diner à la cuisine, comme quelques-uns de ses collègues[47]. La mère, timorée, insiste ;
elle voudrait savoir si c'est un honnête homme, un homme de bien[48]. On l'assure que oui. Longtemps,
les précepteurs se tinrent sur un certain pied de réserve. Dans sa
Calandra, Bibbiena nous en montre encore un qui n'a rien d'intéressant, qui
parle, agit et s'habille comme tout le monde. Cependant, ces jeunes gens sont
des hommes, qui plus est, des hommes de lettres, et pas assez sots, ayant
goûté à la vie élégante, pour en méconnaître longtemps les avantages ;
parfois, sous une apparente bonhomie, leurs tentations n'ont rien de
philosophique ; Vegio, sans ambages, les appelle « d'abominables boucs[49] ». Ils voient, par
expérience, combien on s'avance difficilement par les moyens sérieux, et
facilement par les autres. Ils cultivent la littérature à succès. Personne ne
trouve mauvais qu'Antoine de la Salle, austère précepteur de la Maison
d'Anjou au XVe siècle, écrive les XV Joyes ou les Cent Nouvelles,
ni que Lemaire pense élever les idées du jeune Charles-Quint, en lui offrant
la délicate pâture d'un Jugement de Pâris soigneusement photographié, image
de l'avenir que le ciel réserve aux princes et aux grands de la terre[50]. On lit ces choses-là, et on ne
lirait pas des dissertations sur Aristote. A
mesure que les femmes se mirent en tête de patronner la littérature, le type
des précepteurs apparaît plus en relief. D'après le déchaînement qui se
produit contre eux, on ne saurait douter qu'ils n'aient connu de beaux jours.
Les faiseurs de Nouvelles, les hommes de théâtre ne leur pardonnent pas leurs
prétentions près des mères ou des cousines ; ce pauvre diable de pédagogue,
qu'on nous représente toujours comme un fruit sec de la vie, sans valeur
personnelle, bête, laid, grotesque, sans vergogne, se meurt d'amour pour
quelque belle jeune fille riche, distinguée, qu'il crible de billets
incandescents ou de sonnets légèrement épicuriens ; on rit à gorge déployée
lorsqu'il lui arrive (comme à bien d'autres) de recevoir quelque correction
salée[51]. A
partir surtout du moment où Arétin montra, dans son Marescalco, paru
en 1533, les ressources scéniques d'un pareil rôle, le type est fixé. Avant
que le précepteur n'entre en scène, on sait qui on va voir : un cuistre à
lunettes, gauche, lourd, prétentieux, rabâcheur, plein de philologie et de
citations ; sa figure même a contracté quelque chose de mécanique, où se
peint l'habitude d'« entonner » aux autres des choses toutes
faites, comme dit Montaigne, ou d'éteindre la jeunesse par sa « besterie »,
sa « sagesse de mufles », comme dit Rabelais. Puis,
en vertu d'une loi fatale, la gloire du précepteur décrut et tomba. La
poussée qui se produisit vers les études libérales mit tellement de
concurrents sur le pavé qu'à moins d'ouvrir une institution privée ou
d'obtenir une chaire à succès, le précepteur est perdu. Son salaire devient
mince. Or on n'estime pas l'homme qu'on paie mal. Il a beau prendre toute la
peine imaginable, donner des pensums, taper sur les doigts, tirer les
oreilles, personne n'est satisfait. « Je ne
sais bête au monde pire que l'écolier, si ce n'est le pédant. » Et
alors, le pauvre « pédant », ulcéré, se renferme en lui-même : après avoir
sué sang et eau toute la journée, il n'éprouve de délices qu'à se retrouver
seul, pendant la nuit, pour colliger des notes, des phrases rares, des types
de tournures, ou pour fabriquer des vers, des vers tendres, adressés à une
beauté malheureusement inconnue, ou bien des vers lyriques, fulminants ; et
ces productions de son cœur (celles du moins que la Fortune a daigné
conserver) gisent encore aujourd'hui par paquets dans la poussière des
archives[52]. Est-il
besoin d'ajouter que le précepteur s'estime martyrisé par le père. Le père,
qui ne fait pas profession de douceur, le traite, en effet, plus ou moins
ouvertement, comme un homme qui accomplit un métier et qui est à charge : il
intervient par saccades, blâmant ceci, cela, les bavardages, les
espiègleries, les mauvaises compagnies[53] ; il voudrait, d'un côté, moins
de sévérité, et de l'autre plus de progrès. Et puis ce bambin, qui l'appelle « Monsieur »
et qu'il croit toujours un enfant, prend des façons d'homme, et menace de lui
marcher sur les talons ; encore une grave préoccupation pour le budget ! Du
reste, à quoi bon tant de programmes, et cette « suffisance livresque » ? Ne
pourrait-on tout apprendre sans en avoir l'air[54] ? Quoi, voilà un enfant que
nous allons lancer dans la vie active, et vous le farcissez de syllogismes,
de dates, d'un flot d'inutilités ! Alexandre le Grand avait-il appris toutes
ces choses-là ? Il avait pourtant un précepteur nominé Aristote ; eh bien !
avec quelques bons principes de morale pour tout bagage, il a conquis le
monde ! Certes, il respectait les arts, les sciences, il louait leur «
excellence et gentillesse », mais l'a-t-on jamais vu pâlir et se ronger les
ongles devant un problème de dialectique ? Ah ! non ![55] Les
précepteurs n'échappent guère à ces tracasseries que dans les maisons
princières ou royales, parce qu'alors ce sont d'importants personnages, hauts
fonctionnaires et nombreux[56]... La
mère, au contraire, se fait l'amie du précepteur, et par ce moyen exerce sur
lui une influence sensible ; elle l'entoure d'égards affectueux. Ce sont deux
alliés naturels, les deux êtres faibles et opprimés, qui cherchent un appui
dans les idées belles, que le mari ne comprend pas ; en sa qualité d'homme
lettré, le précepteur penche vers le féminisme, et il goûte doublement, pour
lui et pour son élève, les attentions, la bienveillance soigneuse dont une
mère entoure l’œuvre de l'éducation. Nombre de précepteurs spéciaux passèrent
ainsi par Amboise, chez Louise de Savoie, pour pénétrer François Ier
d'esthétique ; ils conservèrent de leur séjour le plus chaud souvenir. C'est
que la jeune princesse les gâtait, les choyait presque ; elle les prenait à
sa table, au lieu de les laisser parmi les chambellans et les artistes, elle
les faisait causer, elle causait avec eux[57]... Malgré
toutes les résistances, l'éducation des hommes se transforma ainsi peu à peu
dans les pays cultivés. Au lieu de se tenir comme autrefois sur le pied d'une
grave réserve, qui ressemblait à la timidité, et de vénérer de loin tout le
monde, surtout les personnes âgées, au lieu, notamment, de rester vis-à-vis
des femmes dans une gamme de respect, depuis le respect profond jusqu'à la
courtoisie profonde[58], la plupart des jeunes gens
entrèrent de plain-pied dans la vie avec des allures plus exquises ; ils
laissèrent l'armure de l'étiquette hiérarchique, ils furent souples,
aimables, gracieux, habiles à plaire. Une foule de livres de civilité, dont
Erasme a publié, pour sa part, un bon spécimen, leur enseignèrent la science
de la politesse, un peu négligée autrefois. Du reste, comme l'éducation a
toujours été le grand objectif des hommes qui veulent exercer sur les idées
une influence sérieuse, c'était à qui dirait son mot et préconiserait son
système sur la direction de la jeunesse ; Cordier, Sadolet, Vivès, Luther,
Calvin, Erasme, pour ne citer que les principaux, s'en sont fort préoccupés[59]. Nous n'avons pas à suivre ici
leurs vastes discussions ; elles ne sont que le développement de la lutte
engagée entre l'esprit idéaliste et l'esprit positif. A l'extrême frontière
des deux mondes, Zwingle, établi pour ainsi dire en grand'garde, défend la
tactique allemande ; sans nier les douceurs de l'esthétisme, il tient pour
une éducation cloîtrée, sévère, pour des programmes de sciences exactes et de
raisonnement, il préfère des hébraïsants ou des hellénistes savants à de
jolis latinistes[60]. Erasme,
au contraire, marque la frontière romaine. Il estime qu'on n'aboutit qu'à
dessécher l'intelligence des enfants en voulant la tirer au cordeau ; il n'apprécie
ni la production de la vérité à l'état squelettique, telle qu'elle florissait
dans les écoles du moyen âge, ni le pur apprentissage d'utilitarisme auquel
incline Zwingle. Le sentiment du beau, à son avis, présente dans la vie un
immense avantage, celui de soutenir l'esprit et de consoler ; dans
l'éducation, il n'y a pas d'autre procédé pour étendre, polir et élever les
intelligences[61]. L'impulsion nouvelle, il
l'approuve entièrement. Il ira
même très loin. Au lieu
de bannir l'idée de la femme, il admet à merveille qu'on explique aux jeunes
gens qu'il y a deux amours, l'un bon, l'autre mauvais, et qu'on leur donne
des sujets de composition comme celui-ci : « Faut-il ou non se manier ?[62] » Hutten s'amuse beaucoup
des professeurs pudibonds qui ont soin d'expurger la mythologie, qui
voudraient voiler les Muses et en faire des anges, ou qui comparent Diane à
la sainte Vierge[63]. En
réalité, comme les programmes d'éducation sont très individuels et ne
dépendent ni des théories ni du caprice de personne, tout ce beau feu ne
produit guère que des modifications de détail. Ainsi on reste fidèle à la
gymnastique et à tous les sports, cheval, chasse, pêche, paume, peut-être
même aux sages déambulations philosophiques à la mode de saint Grégoire de
Nazianze. Mais on a moins horreur de la danse[64], et l'amour du jeu fait des
ravages[65]. La
musique triomphe de ses détracteurs, qui la représentaient comme un élément
d'effémination et de sensibilité voluptueuse : on y voit au contraire le plus
noble délassement d'un enfant et une précieuse ressource pour former son
esprit[66]. L'enseignement du dessin
paraît une nécessité pour des hommes appelés à vivre parmi les objets d'art,
et qui, faute d'expérience pratique, deviendraient fatalement la proie du
faux bibelot[67]. Du
reste, nous ne saurions nier qu'un développement trop exclusif de la
sensibilité n'ait produit chez certains jeunes gens des effets fâcheux, ou
même désastreux. L'instruction s'est fort répandue : tout le monde veut en
avoir, plutôt par amour-propre que pour correspondre à des besoins réels ; il
en résulte qu'on se préoccupe moins d'armer fortement quelques intelligences
d'élite, et davantage de vernir superficiellement la banalité des esprits. Le
monde est encombré d'aimables jeunes hommes, types de correction mondaine,
saluant bien, dansant bien, se tenant bien à table[68], pourvus d'ailleurs de quelques
bribes latines ou grecques, élégamment oisifs, et, dans cet état, orgueil du
bon commerçant qui a eu l'honneur de leur donner le jour et de leur assurer
des revenus. Leur côté faible, c'est qu'encore imberbes ils connaissent trop
la vie ; l’esthétisme ne les a menés ni aux illusions, ni à l'enthousiasme ;
mais ils sont docteurs en évaluation marchande de telle demoiselle à la mode
et de son mobilier. A
quinze ou seize ans, tous ces jeunes gens, bons ou mauvais, prennent leur
volée dans les sens les plus divers, et échappent pour toujours à leur mère. Elle
les voit partir ! les uns, les plus huppés, pages brillants à la cour, tout
rutilants d'or et de velours ; les autres dans un château quelconque, où ils
cumulent la direction de la chasse avec celle de l'écurie, et où ils dînent à
la cuisine, en attendant que leur maître les couche sur son testament. D'autres,
soutenus par un père plus subtil, reçoivent mission de « parvenir à la
vertu et à l'honneur que le savoir acquiert aux gentilshommes[69] ». Ah ! les gaillards !
ils vont, à grands frais, s'établir à Padoue, à Bologne ou ailleurs. Là, en
fait de Pandectes, ils approfondissent surtout le pour et le contre de
Mlle Angela ou de Mlle Camilla. Un de ces bons apôtres, fils d'un conseiller
de Paris, met en fuite le propre précepteur attaché à sa personne. Tant que
la bourse de voyage suffit, le père se montre indulgent, et même,
secrètement, un peu fier des fredaines de son héritier. Ne faut-il pas que jeunesse
se passe ? Un père facétieux adresse une lettre à son fils « étudiant à
Padoue, ou envoyé pour étudier[70] ». Beaucoup
de personnes attribuent le laisser aller de la jeunesse à la direction
nouvelle de l'éducation. Calvin trouve qu'on a beaucoup trop rapproché les
jeunes gens des femmes[71] ; Henri Estienne charge
l'éducation esthétique de tous les vices de l'époque. C'est aller un peu loin,
et il serait tout aussi équitable de rejeter les mauvais résultats de
l'éducation sur les vices de l'époque. Pourtant, malgré certains progrès,
l'éducation du XVIe siècle a commis des erreurs qu'il a fallu payer. La
discipline s'est relâchée[72]. On se plaignait que les études
s'abaissassent à force de se vulgariser[73] ; la nouvelle éducation a pris
les écoliers trop jeunes, elle les a poussés à outrance sur des programmes
trop étendus, elle leur a donné le goût de l'à peu près, l'habitude de ne
rien pénétrer à fond, elle a fait des gens superficiels et paradoxaux. Deux
femmes, issues des principes les plus opposés, Louise de Savoie, Anne de
France, se défièrent de cet entraînement : l'une voulut faire élever son fils
sous ses yeux, l'autre éleva elle-même son futur gendre[74]. C'est la preuve que toutes les
femmes ne peuvent être responsables de certains abus. Quelque
paradoxale que l'idée paraisse, il semble que le système d'éducation aurait
dû être plus complètement retourné. Il aurait fallu, ou maintenir l'ancien
principe d'élever les garçons pour en faire des hommes, ou bien, bravement,
nettement, en émettre un nouveau, que d'ailleurs nous n'avons vu indiqué
nulle part : c'est qu'il serait bon qu'un fils soit élevé par sa mère,
puisqu'il doit vivre avec une femme, et une fille par son père, puisqu'elle
doit vivre avec un homme. Cette
éducation-là aurait quelque chose de plus intime, de plus juste, de plus
naturel, et peut-être de plus profitable. On reconnaît entre mille les hommes
élevés par une mère sérieuse et les femmes élevées par un père attentif. Malheureusement,
les habitudes sociales créaient un obstacle absolu. Outre les craintes de
sensibilité exagérée, dont nous avons parlé, le dur principe de famille
voulait que le fils appartînt à la famille et non à sa mère. C'est un homme !
qu'il galope, qu'il chasse, qu'il soit soldat ! On aime mieux le voir pécher
par brutalité que par douceur. En réalité, beaucoup de mères n'exercèrent sur leurs fils qu'une influence indirecte et peu efficace. Les fils sont trop séparés d'elles et partent trop vite... Les mères sont-elles faites pour les enfants, ou les enfants pour les mères ? D'après la situation de bien des ménages qui ne durent que par les enfants, on pourrait croire qu'ils sont faits pour les mères ; et cependant, si une femme a trop compté sur cette ressource, elle restera cruellement seule. |
[1]
JJ. 230, 208.
[2]
Une de ces exemptions, du 19 février 1507, publiée dans les Archives
historiques, 1er juillet 1891.
[3]
Montaigne.
[4]
Champier.
[5]
Traciaculi sive Opusculi.
Quattuor sunt
que mulieres suname cupiunt.
A formosis
amati juvenibus,
Pollere
fillis pluribus,
Ornari
preciosis vestibus,
Et dominari
pre ceteris in domibus.
[6]
Montaigne.
[7]
Guevara : Les XV joyes : Bouchet, etc.
[8]
Erasme, De Pueris instituendis, I, 423.
[9]
Pasolini, III, 91.
[10]
Müntz, les Plateaux d'accouchée, pp. 11 et suiv. : p. 279 ; Secrets
et lois de mariage ; Enseignements d'Anne de France, p. 61 ; Sermon
nouveau.
[11]
Castiglione.
[12]
Sc. de Sainte-Marthe, Pædotropia ; Sadolet, Traité d'éducation,
pp. 103 et suiv.
[13]
De Ratione studii, p. 111.
[14]
Dolce.
[15]
Guevara, Vivès, Emme, Bouchet, Triumphes, f° 21.
[16]
Les Cris de Paris.
[17]
Montaigne raconte qu'il fut mis en nourrice chez des paysans, « me dressant à
la plus basse et commune façon de vivre ».
[18]
JJ. 230, f° 31 v°.
[19]
Rod. a Castro, p. 319 ; Cardano, II, pp. 249 et suiv. ; Sadolet : Guevara.
[20]
Comptes princiers divers : Louise de Savoie : Arch. de La Trémoille, not. ordre
du 1er janvier 1505 anc. st. ; Pérégrin, f° 4.
[21]
Revue des autographes, n° 37286 (rapport â Anne de Bretagne).
[22]
Ms. de Saint-Pétersbourg, 221.
[23]
Ms. Moreau, 714, 112.
[24]
Sadolet.
[25]
Vegio, ch. XVIII.
[26]
Vivès ; Vegio, liv. I, ch. X.
[27]
Vegio. ch. V à VIII.
[28]
Vegio, ch. IX, XVI, XIX. Le livre de Vegio, que nous citerons, souvent édité
depuis 1491, et publié en traduction française en 1508, est très remarquable et
a exercé une influence majeure. Il semble pourtant avoir échappé aux recherches
des historiens de l'enseignement. Maffeo Vegio, de Lodi, disciple et
chroniqueur de saint Bernardin de Sienne, secrétaire du pape Martin V, fut un
très éminent humaniste du commencement du XVIe siècle. 11 ajouta à l'Enéide un
livre supplémentaire. On le mettait fort au-dessus de Pétrarque (Paul Jove. Elogia,
p. 127).
[29]
Vegio, ch. XIV ; Vivès.
[30]
La grant Nef.
[31]
Thibaut, p. 69.
[32]
Sadolet, pp. 103 et suiv.
[33]
Eustorg de Beaulieu, XXXI ; Navis stultifere, f° 7 v°, 40.
[34]
Vegio, liv. II, ch. II.
[35]
Notre Histoire de Louis XII.
[36]
Vegio, liv. II, ch. II ; Gaguin, De varias vitæ... incommodis.
[37]
Montaigne, liv. II, ch. III.
[38]
Champier, Gouvernement de mariage, ch. XIX ; Lalanne, pp. 8, 9.
[39]
Pontanus, Opera (en prose), p. 16.
[40]
Le P. Chérot, p. 538.
[41]
Castiglione, p. 155.
[42]
Montaigne.
[43]
Vegio.
[44]
Poésies, édition Le Franc, p. 272.
[45]
Bouchet, les Triumphes. Vegio, ch. VI ; Fauste Andrelin. Epistolæ,
VII.
[46]
Vincenzo da Monferra à Caterina Sforza. 21 septembre 1507 ; Pasolini, III, n°
1312.
[47]
30 décembre 1507. Pasolini, III, n° 1314.
[48]
30 décembre 1507. Pasolini, III, n° 1315.
[49]
Liv. II, ch. IV.
[50]
Illustrations de Gaule, liv I.
[51]
Lasca.
[52]
Voir le fort curieux mémoire de M. Arturo Graf, I Pedanti, dans Atlraverso
il Cinguecento, pp. 197 et suiv.
[53]
Guevara ; Champier, le Doctrinal du père de famille
; Bouchet, Epistres, f° 24.
[54]
Montaigne.
[55]
Montaigne.
[56]
Guidobaldo d’Urbin eut ainsi trois précepteurs, dont le savant Louis Odasio, de
Padoue (Pinetti-Odasio).
[57]
Louise de Savoie ; sc. de Sainte-Marthe ; Castellanus.
[58]
Vegio, liv. II, ch. XIII, X et suiv.
[59]
Voir aussi Castiglione, Curiono, Sabba di Castiglione, le Tasse, etc.
[60]
Opera, I, p. 218 v°, 284.
[61]
Comme sciences exactes, il admet l'astrologie ; cf. Bouchet.
[62]
De Ratione instituendi, pp. 109, 112, 114.
[63]
Epistolæ obscurorum, p. 42.
[64]
Vegio, lie. III, ch. V, VII.
[65]
Louise de Savoie.
[66]
Vegio, liv. Ill. ch. III ; Bouchet, Epistres, f° 24.
[67]
Vegio, liv. III, ch. IV.
[68]
Bonaffé, p. 619.
[69]
Hept., Nouvelle 18.
[70]
H. Estienne ; Menot et autres prédicateurs ; le P. Chérot, p. 539 ; Massebieau,
pp. 84 et suiv. ; Cl. Marot.
[71]
Lettres à Pierre Favre, avril 1556 ; aux Français, 24 juillet 1547 (Epistolæ,
p. 178, 76).
[72]
Mes élèves ne veulent qu'agir à leur tête ; la plupart du temps ils piochent la
terre, écrit un malheureux précepteur, en parlant du dauphin de France : « je
foys grand double qu'ilz n'en vaudront de rien mieulx. » (Les La Trémoille
pendant cinq siècles, t. III, p. 85.)
[73]
On écrivit en France et en Allemagne de nombreux dialogues latins pour enfants
Les deux plus connus ont été imprimés par Robert Estienne sous ce titre : Pædologia
Petri Mosellani Prolegensis, Dialogi XXXVII. Dialogi pueriles Chrislophori
Hegendorphini XII. Lutetiæ, 1548 (in-16). Voir Massebieau, les Colloques
scolaires du XIVe siècle.
[74]
Marillac (édition Buchon), p. 132.