La victoire d’Orléans. — Le cercle de fer. — Le plan Trochu-Ducrot. — Contre-ordres. — Bataille de Villiers. — Les voix d’airain. — Remuons la terre ! — Les funérailles de Champigny. — L’attaque du 2 décembre. — Fatalités. — La nuit terrible. — En retraite.Deux jours après la promulgation du décret qui, mobilisant la garde nationale, donnait cent mille soldats, non plus à la défense, mais à l’attaque, une dépêche heureuse, — la première de cette guerre néfaste, — venait élever à son paroxysme la lièvre patriotique. Aux coins des rues, au-devant des édifices, on s’étouffait littéralement pour lire, relire et relire encore l’affiche qui portait : Gambetta à Trochu. L’armée de la Loire, sous les ordres du général d’Aurelle de Paladines, s’est emparée hier d’Orléans après une lutte de deux jours. Nos pertes, tant en tués qu’en blessés, n’atteignent pas 2.000 hommes ; celles de l’ennemi sont considérables. Nous avons fait plus d’un millier de prisonniers, et le nombre augmente par la poursuite. Nous nous sommes emparés de deux canons, modèle prussien, de plus de 20 caissons de munitions attelés, et d’une grande quantité de fourgons et voitures d’approvisionnement. La principale action s’est concentrée autour de Coulmiers, dans la journée du 9. L’élan des troupes a été remarquable, malgré le mauvais temps. Tours, le 11 novembre 1870. Enfin ! l'armée de la Loire venait donc d’affirmer son existence par un triomphe ! Un horizon d’espérances nouvelles s’ouvrait aux veux et exaltait les cœurs. Paris se sentait envahi par un immense désir de vaincre. La victoire du 10 novembre, semblait avoir secoué définitivement la torpeur de nos chefs. Il ne se passait plus vingt-quatre heures sans qu’une, tentative ne vint, de leur côté aussi, affirmer l’existence d’une armée. Chacun oubliait privations et fatigues, en suivant d’un ardent regard les progrès de la défense. Le feu des forts ne discontinuait pas. L’air, autour de la ville, avait une odeur de poudre. L’ennemi, hardiment attaqué, laissait, sur plus d’un point, refouler ses avants- postes. Nos compagnies de chemins de fer travaillaient activement au rétablissement de la circulation là où nous avions pu recouvrer la sécurité. Nous avions reconquis, dans un certain espace, la liberté de nos mouvements : la ligne de Vincennes s’avançait jusqu’à Nogent-sur-Marne ; le chemin du Nord allait être en mesure bientôt d’envoyer ses wagons jusqu’à Saint-Denis ; la voie de l’Ouest, de reprendre son service jusqu’au delà d’Asnières. Le travail, partout mené de front, ne permettait nulle part de s’arrêter à une hypothèse précise sur l’objectif réel. On pressentait vaguement que le plan entrait enfin dans la phase de mise en œuvre ; mais, pour une fois, on avait bien gardé le secret. Des observateurs soigneux eussent pu remarquer, cependant, la besogne particulièrement active dont la presqu’île de Gennevilliers était le théâtre. On y remuait la terre sans relâche. Des redoutes s’y élevaient, disposées de manière à croiser leurs feux sur tous les points suspects de la rive adverse. En arrière du fleuve, on armait des batteries destinées à battre la presqu’île de Houilles, ainsi que les coteaux d'Orgemont et de Sannois. Petit à petit, on en rapprochait les cantonnements des troupes. Le plan Trochu, — que le gouverneur de Paris devait un jour loyalement appeler le plan Trochu-Ducrot, — consistait en effet à percer le cercle d’investissement vers la basse Seine, en y jetant cinquante ou soixante mille hommes choisis parmi les meilleures troupes et organisés ii l’aide des meilleurs cadres, tandis qu’un effectif égal eût opéré, vingt-quatre heures auparavant, dans la direction diamétralement opposée, une diversion assez énergique pour attirer à lui une portion considérable de l’armée assiégeante. Cette combinaison offrait une indiscutable valeur. Vers le cours inférieur de la Seine, l’occupation allemande ne dépassait guère Pontoise et Mantes ; en deux jours, on pouvait se trouver en territoire libre, gagner Rouen, grand centre de ravitaillement, puis la mer, base d’opérations universelle ; on pouvait également, selon les circonstances, courir se souder aux troupes, en formation vers le nord, et, avec les 80 ou 100.000 hommes réunis de la sorte, menacer la ligne de communications de l’ennemi. L’application, toutefois, demeurait subordonnée aux mouvements des années de province. On comptait que trois ou quatre divisions de l’armée de la Loire seraient dirigées sur Rouen pour accueillir l’armée de secours que Paris aurait tirée de son propre sein. L’armée qui se formait derrière la Loire, 150.000 hommes environ, pouvait tenter de délivrer Paris, objectif suprême des efforts de la France, de trois manières différentes, a écrit en 1878 le général Ducrot. La première, demandée avec instance par le gouvernement de Paris, consistait à faire exécuter il l'armée de la Loire un grand mouvement du sud au nord derrière un rideau de troupes couvrant tout l’espace entre Beaugency, Châteaudun, Nogent-le-Rotrou... Ce mouvement, facilité par la voie ferrée : Tours, le Mans, Alençon, Caen, jetait dans le Calvados 100.000 hommes environ ; soit par mer, soit par la ligne de fer Lisieux-Bernay, cette armée venait s’établir en avant de ; Rouen sur le plateau de l’Andelle et dans la forêt de Rouvray, où nos 60.000 hommes de Paris allaient les rejoindre après avoir brisé la ligne d'investissement de la presqu’île d’Argenteuil. Ces 160.000 hommes donnaient la main aux 20 ou 30.000 de l’armée du Nord, et nous avions ainsi une concentration de près de 200.000 hommes entre Rouen et Amiens ; ce seul fait eût produit, est-il besoin de le dire, un effet moral des plus puissants. Déjà enflammés par ce premier avantage, nous serions venus très-probablement à bout des corps de l'armée assiégeante lancée à notre poursuite, eussent-ils été appuyés par le corps de Manteuffel, qui alors marchait sur la Somme. Ce succès obtenu, nous montions vers le nord par Amiens, Péronne, Saint-Quentin, et prenant pour nouvelle base d’opération le réseau de nos forteresses de Picardie, de Flandre, nous nous jetions par Laon, Reims et Châlons sur les lignes d’opération de l’armée allemande. C’était une seconde phase de la guerre qui se dessinait... Une bataille gagnée sur les derrières de l’armée assiégeante la mettait dans une situation tellement critique, que la seule crainte d’une si terrible aventure l'aurait sans doute déterminée à quitter Paris[1]. Quant à la réalisation matérielle, de la première partie de la combinaison, — la trouée, — tout annonçait qu’elle était possible en un seul jour d'efforts : le méandre de la Seine, vers l’ouest, protégeait l’ennemi de nous comme il nous protégeait de lui. De ce côté, ses dispositifs se montraient incontestablement moins redoutables qu’ailleurs, aussi bien que la quantité de troupes qu’il avait à nous opposer. Mais la nouvelle de la reprise d’Orléans dictait d'autres résolutions. L’armée de la Loire tendait la main à Paris ; Paris devait tendre la main à l’armée de là Loire. Toute stratégie contraire se fût désagrégée sous l’explosion du sentiment public. Le gouvernement, irrésolu, attendait qu’une nouvelle dépêche confirmât, avec quelques détails, la victoire de Coulmiers. Le 18, cette dépêche arriva. Le 20, on notifia au général Ducrot, nommé commandant en chef des opérations, la décision prise de tenter la fortune vers le sud. Il fallait renoncer aux avantages d’une action mûrement réfléchie, patiemment et silencieusement préparée ; il fallait se retourner soudain d’une extrémité à l’autre du diamètre du cercle allemand ; faire traverser deux fois Paris, par d’étroites issues, à un matériel immense. C’était dur. Le général Ducrot en prit néanmoins son parti. — Attaquer de front les hauteurs hérissées d’obstacles qui barraient la route d'Orléans était plus que hasardeux ; le colonel de Miribel suggéra l'idée de tourner ces positions inexpugnables, par les plateaux de la Marne surpris à la faveur d’un rapide passage de la rivière. On se rangea à cet avis. Il présentait l’inconvénient de masser les troupes sur un terrain étroit en arrière des ponts, de les concentrer, pour un certain nombre d’heures, le long d’une espèce de défilé ; mais, la rivière franchie, on pouvait espérer se rendre maître de Chennevières, de Noisy- le-Grand et, dès lors, occuper un front suffisant pour développer nos bataillons. Tout dépendait de la promptitude du passage sur la rive gauche. Le 22 novembre, le terrain était reconnu, les points de passage précisés, l'emplacement des brigades arrêté. Dans la matinée du 23, le commandant en chef dictait à son secrétaire, M. Victor de Lesseps, tous les ordres de préparation et de mouvement, ordres où, pour mieux assurer le secret, le nom des lieux et la désignation des corps devaient, jusqu’à la dernière minute, demeurer en blanc. Dès le 25, les grandes artères parisiennes étaient sillonnées de convois militaires. Pendant trois jours, le pavé de la rue Lafayette et le macadam des boulevards ne cessèrent de trembler sous les trépidations des charrois d’artillerie et des voitures de munitions. Ce fut un défilé continuel de troupes, de canons, de véhicules mis en réquisition pour le service des vivres ou le transport des blessés. Pendant la nuit du 29 au 30, le feu commença sur tout le périmètre extérieur. Jamais, peut-être, depuis l’heure où, pour la première fois, l'artillerie exerça dans le monde ses terribles ravages, jamais oreilles humaines n’entendirent une canonnade pareille à celle qui, durant cette nuit et la journée suivante, tint Paris en émoi. Dix-huit heures de suite, dans toutes les directions, au nord, au sud, à l’ouest et à l’est, l’air ne cessa de retentir du bruit sourd et continu que jetaient vers l’espace les milliers de pièces que la défense avait accumulées autour de nous. La nuit, après un long silence, s’était élevée tout d’un coup celle clameur formidable du canon rugissant au loin. Que de fenêtres on vit s'éclairer soudain le long des murailles obscures ! Que d’insomnies, que d’angoisses ! Que de terreurs, et aussi que d’espérances ! Combien de femmes, se jetant à genoux, les yeux en pleurs, les mains levées au ciel, priaient le Dieu des armées en implorant une victoire ! Spectacle terrible et splendide à la fois, que cette immense illumination de la ligne entière des forts. Tous les points de l’horizon, sillonnés tour à tour de jets de flamme, semblaient les mailles étincelantes d’une gigantesque chaîne de feu. Paris, de tous les côtés de sa ceinture défensive, vomissait les obus et les bombes. Le jour, un jour à la fois radieux et glacial, se leva sans que la canonnade eût discontinué un instant... Soleil d'Austerlitz, disait-on malgré soi en saluant Castre qui, dès le matin, inondait la ville de ses rayons éclatants mais sans chaleur. Et l’on écoutait, au milieu des coups incessants de l’artillerie répercutés par mille échos, entre deux bouffées du vent qui apportait jusqu’au cœur de la cité le grincement des mitrailleuses ; on écoutait fiévreusement la lecture des proclamations de Trochu et de Ducrot, géminées sur un même placard : Citoyens de Paris, Soldats de la Garde nationale et de l’Armée, La politique d’envahissement et de conquête entend achever son œuvre. Elle introduit en Europe et prétend fonder en France le droit de la force. L’Europe peut subir cet outrage en silence, mais la France veut combattre, et nos frères nous appellent au dehors pour la lutte suprême. Après tant de sang versé, le sang va couler de nouveau. Que la responsabilité en retombe sur ceux dont la détestable ambition foule aux pieds les lois de la civilisation moderne et de la justice. Mettons notre confiance en Dieu, marchons en avant pour la patrie. Général TROCHU. Soldats de la deuxième Armée de Paris, Le moment est venu de rompre le cercle de fer qui nous enserre depuis trop longtemps et menace de nous étouffer dans une lente et douloureuse agonie ! A vous est dévolu l’honneur de tenter celte grande entreprise : vous vous en montrerez dignes, j'en ai la certitude. Sans doute, nos débuts seront difficiles ; nous aurons à surmonter de sérieux obstacles ; il faut les envisager avec calme et résolution, sans exagération comme sans faiblesse. La vérité, la voici : dès nos premiers pas, touchant nos avant-postes, nous trouverons d’implacables ennemis, rendus audacieux et confiants par de trop nombreux succès. Il y aura donc là à faire un vigoureux effort, mais il n’est pas au- dessus de vos forces : pour préparer votre action, la prévoyance de celui qui nous commande en chef a accumulé plus de 400 bouches à feu, dont deux tiers au moins du plus gros calibre ; aucun obstacle matériel ne saurait y résister, et pour vous élancer dans cette trouée, vous serez plus de 150.000, tous bien armés, bien équipés, abondamment pourvus de munitions, et, j’en ai l’espoir, tous animés d’une, ardeur irrésistible. Vainqueurs dans cette première période de la lutte, votre succès est assuré, car l’ennemi a envoyé sur les bords de la Loire ses plus nombreux et ses meilleurs soldats ; les efforts héroïques et heureux de nos frères les y retiennent. Courage donc et confiance ! Songez que, dans cette lutte suprême, nous combattrons pour notre honneur, pour notre liberté, pour le salut de notre chère et malheureuse patrie, et, si ce mobile n’est pas suffisant pour enflammer vos cœurs, pensez à vos champs dévastés, à vos familles ruinées, à vos sœurs, à vos femmes, à vos mères désolées. Puisse cette pensée vous faire partager la soif de vengeance, la sourde rage qui m'animent, et vous inspirer le mépris du danger. Pour moi, j’y suis résolu, j’en fais le serinent devant vous, devant la nation tout entière : je ne rentrerai dans Paris que mort ou victorieux ; vous pourrez me voir tomber, mais vous ne me verrez pas reculer. Alors, ne vous arrêtez pas, mais vengez-moi. En avant donc ! en avant, et que Dieu nous protège ! Général DUCROT. A la lecture de cet appel dont chaque syllabe sonnait la charge, le sang se brûlait dans les veines. Un souffle de victoire passait sur les tètes, en même temps qu’un invincible désir de savoir, de suivre les péripéties de la lutte, d’en deviner l’issue, envahissait les âmes. Bientôt cent mille Parisiens, gravissant à la file les pentes escarpées des buttes Chaumont, de Montmartre ou du Père-Lachaise, fouillaient du regard les profondeurs de l’horizon. On n’apercevait rien, par delà l’épais nuage de fumée qui enveloppait les forts. — On n’apercevait rien, mais on entendait. Dans ce vaste concert où se mêlaient à la fois le bruit des canons, des mortiers, des obus fendant l’air, des bombes éclatant avec rage, des mitrailleuses roulant leurs trilles meurtriers, des fusées cinglant l’espace, il semblait qu’une harmonie étrange unit toutes les voix ; elles vibraient aux oreilles comme les notes d’une monstrueuse partition... Les poitrines étaient haletantes. Les mains s’entre-serraient avec des étreintes convulsives. Les cerveaux en lièvre évoquaient des souvenirs. Les imaginations. qu’un inexprimable mélange d'espoir et d’angoisse troublait, se repaissaient de tableaux. On voulait comprendre la mêlée de là-bas. on se penchait pour deviner ce que l’on ne pouvait voir. On nommait des généraux, des officiers ; on disait leur passé, leurs actes de bravoure. D’entre les lèvres crispées, d’autres noms, par instants, s’échappaient : les noms dont Paris avait voulu baptiser les pièces d’artillerie dues à ses souscriptions. Un son lent, prolongé, se répercutait : C’est la Populace, murmurait-on ; la Populace qui représente, sou à sou, l'offrande des plus pauvres ! — Un bruit étouffé arrivait, poussé par le vent : C’est Châteaudun ! Châteaudun redisant l’agonie de la ville en s’ébranlant pour la venger ! — Un éclat strident dominait la rumeur : Le Châtiment ! Le Châtiment qui frappe ! Une nouvelle détonation, plus violente : Ton nom est Vengeance, et le bronze dont tu es faite, c’est notre haine à tous, monnayée et jetée au fond d'un creuset ! Dans tout cerveau, germait un grain de sublime folie. Cependant, le fracas s’apaisait. En même temps que les premières ombres du crépuscule descendant sur Paris semblaient éloigner davantage de nous le théâtre de la lutte, le silence se faisait peu à peu. La canonnade ne vibrait plus que par intermittences. Le combat durait-il encore ? Nos soldats reculaient-ils ou avaient-ils fait reculer l’ennemi ? Voici, en réponse à ces questions, la dépêche qu’adressait au gouvernement le général Trochu : La droite a gardé les positions qu’elle avait brillamment conquises. La gauche, après avoir un peu fléchi, a tenu ferme, et l’ennemi, dont les pertes sont considérables, a été obligé de se replier en arrière des crêtes. La situation est bonne. L’artillerie, aux ordres du général Frébault, a magnifiquement combattu. Si l’on avait dit, il y a un mois, qu’une armée se formait à Paris, capable de passer une rivière difficile en face de l’ennemi, de pousser devant elle l’armée prussienne retranchée sur des hauteurs, personne n’en aurait rien cru. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Je passe la nuit sur le lieu de l’action, qui continuera demain. Comment nos forces avaient-elles été engagées ? Tout avait été combiné pour que l’action s’ouvrît brusquement le 29 novembre à la première heure. En cinq jours, on avait exécuté d'immenses travaux. Le génie auxiliaire, sous la direction de Viollet-Le Duc, s’était multiplié. L’artillerie unie à la marine avait réalisé des prodiges. Le matériel de sept ou huit ponts avait pu être transféré de Gennevilliers au canal Saint-Maur, prêt à être jeté sur la Marne. La marine avait apporté des pièces puissantes destinées à prendre place sur le plateau d’Avron, position dominante commandant un vaste terrain et dont il fallait avant tout s’emparer. Deux cents pièces de gros calibre ou de calibre moyen s’étaient étagées sur la rive droite. En quarante-huit heures, plus de 80.000 hommes, avec leur artillerie, avaient pu sans bruit opérer leur concentration. Dans la soirée du 28, la 2e armée tout entière campait sur la rive droite de la Marne : Le l or corps, général Blanchard — divisions Faron et de Malroy —, dans le bois de Vincennes et aux alentours ; Le 2e corps, général Renault — divisions de Susbielle, Berthaut et de Maussion —, vers Fontenay-sous-Bois, Saint- Mandé et Charenton ; Le 3e corps, général d’Exéa — divisions de Bellemare, Mattat et d’Hugues —, du fort de Nogent au fort de Rosny. A droite, le 1er corps, qui ne comptait que deux divisions[2], devait franchir la Marne à Joinville, puis marcher droit sur Champigny. Au centre, le 2e corps, affaibli de sa 1re division (Susbielle) chargée de diriger, entre la Seine et la Marne, une vigoureuse diversion sur Montmesly, passerait la Marne à hauteur de Nogent et se porterait sur Villiers. Quant au 3e corps, auquel était réservé le rôle décisif, il devait, après avoir franchi la Marne à Neuilly, marcher sur Noisy-le-Grand, s’en emparer et pousser. Alors une brigade jusqu'à Champs pour battre à coups de canon le pont de Gournay et dégager définitivement le plateau de la Brie. Le plan était précis : faire effort contre la gauche et le centre opposés, que les obstacles naturels et artificiels accumulés sur le front rendaient très solides ; mais déraciner la droite prise en flanc et à revers, par un mouvement tournant bien conduit, exécuté à temps, à la réussite duquel était attaché le succès de la journée. A dix heures du soir, toute la batellerie s’accrochait à ses remorqueurs. A onze heures, M. Krantz, l’ingénieur éminent auquel était dévolue la tâche de l’établissement des ponts du côté de Joinville, donnait l’ordre d’avancer. Les hélices commencèrent à battre l’eau silencieusement. Cependant, à mesure que progressait la flottille, le courant semblait s’accentuer ; des remous se produisaient ; on percevait des clapotements de sinistre augure ; on croisait des débris tournoyants, des branchages emportés à la dérive. Une crue subite se manifestait[3]. Les matériaux du pont de Joinville, détruit au début du siège, avaient obstrué en partie le lit de la rivière. Enjambant cette sorte de digue, le courant gagnait en rapidité ce qu’il perdait en profondeur. Une seule arche était demeurée libre. Le vapeur la Persévérance, commandant Rieunier, attaqua le passage et s’engagea avec son convoi sous cette arche. Une barre s’était produite à l’amont. Rejetée violemment contre les piles, la Persévérance dut faire machine en arrière. On força le feu, on chargea les soupapes, on relâcha quelque peu les amarres des bateaux pour en rendre la ligne moins rigide. Une deuxième fois, on s’engagea sous le pont ; une deuxième fois, le remorqueur heurta la maçonnerie. N’importe, on gagnait visiblement. Tout à coup, trois pontons sombrèrent avec leur équipage. Il fallut encore rétrograder. On chargea la soupape à outrance ; on força le feu jusqu’à la limite d’éclatement de la chaudière ; on revint désespérément. La barre fut franchie... Mais on avait perdu un temps précieux. Il était impossible que les ponts fussent en place avant l’aube. Descendre la rivière, tendre les ponts en aval de Joinville, sous le feu de Chennevières ? C’eût été les offrir en holocauste, dès la première lueur de soleil, à l’artillerie adverse. La fatalité nous imposait un retard de vingt-quatre heures. Les opérations indépendantes du passage de là Marne suivaient leur cours. Déjà, à l'extrême gauche, l’amiral Saisset., avec 3.000 marins soutenus par la division d’Hugues, avait surpris sans coup férir le plateau d’Avron. Déjà le colonel Stoffel y disposait l’éventail gigantesque dont 60 bouches à feu braquées vers Gournay, Noisy-le-Grand et Milliers allaient former les branches. Le 29 au matin, le général Vinoy faisait exécuter une sortie sur l’Hay par la division de Maud’huy, en même temps que le brave amiral Pothuau, enlevant ses marins suivis de près par quatre bataillons de guerre de la garde nationale[4], s’emparait de la Gare-aux-Bœufs de Choisy- le-Roi. Toutefois, étonné de ne point entendre le-canon de Ducrot, le chef de la 3e armée s’arrêtait, indécis. Aucun contre-ordre ne lui avait été notifié. Négligence inexcusable, ont dit depuis les uns ; calcul dont le résultat devait être de tromper l'ennemi, ont affirmé les autres. Négligence ou calcul, un tel silence était inquiétant pour le général Vinoy, et, en tout cas, mal fait pour le stimuler dans un rôle qui, de quelque façon qu'on l’envisageât, demeurait secondaire. Tout au loin, le général de Beaufort commençait les opérations de l’ouest en dirigeant une reconnaissance sur Buzenval et les hauteurs de la Malmaison, tandis que devant Bezons les troupes du général de Liniers, opérant dans la presqu’île de Gennevilliers, se livraient à un simulacre de passage de la Seine. Le 30 novembre, aux premières lueurs du jour, sur les ponts jetés enfin devant Nogent et Joinville, à l’île de Beauté et à l’île Fanac, les deux premiers corps de la 2e armée effectuaient rapidement le passage de la rivière. Le fort de Nogent, les redoutes de la Faisanderie et de Saint-Maur, les batteries élevées sur les pentes descendantes, couvraient de projectiles le plateau de Villiers, Champigny, le bois du Plant, Bry. — Avron, avec ses gros calibres, écrasait de feux Neuilly-sur-Marne, la Ville- Evrard, la Maison-Blanche. A huit heures et demie, quatre divisions tenaient la rive gauche. On attaque Champigny, qui est bientôt à nous. La fusillade s’engage vers le bois du Plant. Là, le remblai du chemin de fer de Mulhouse forme obstacle. Sous une voûte, une barricade solidement gabionnée intercepte le chemin. Nos jeunes soldats hésitent. Le général en chef court sur la barricade, ébranle les gabions : Tenez, mes enfants, ce n’est pas plus difficile que ça ! Nos troupiers se ruent sur le retranchement, l’emportent. Le remblai est franchi. Au delà, on bouscule tous les postes allemands. De nombreux prisonniers restent entre nos mains. On se jette sur les premiers échelons du plateau de Villiers. Malgré la mitraille qui les crible, à dix heures on parvient à couronner les crêtes. L’entreprise décisive était la conquête du plateau. Sur un terrain absolument découvert, des batteries ennemies postées au loin envoyaient une grêle serrée d’obus. A un demi-kilomètre de la crête, le mur du parc de Villiers développait ses quatre cents mètres de créneaux précédés d’un fossé et d’une haie, suivis de retranchements intérieurs battant le plateau tout entier. Successivement, quatre batteries divisionnaires s’élancent pour faire brèche dans le mur. Chevaux et servants sont renversés avant qu’on ait seulement fait pivoter les attelages. Le parc de Villiers, véritable citadelle, est cependant la clef du champ de bataille. C’est pourquoi le corps du général d’Exéa a reçu l’ordre de tourner par le nord. Attaquée de front et prise en flanc, la position cédera. On s’informe du 3e corps avec une fébrile anxiété. A onze heures, on apprend que d’Exéa n’a pas même commencé son passage de rivière ! Des ordres pressants sont transmis. En attendant que le 3e corps se meuve, on ne peut songer à laisser nos soldats subir passivement une pluie de feu. L’assaut est ordonné. Avec une bravoure héroïque, nos recrues se précipitent en avant, semant le sol de blessés et de morts. Effort vain ! A leur tour, les Wurtembergeois s’élancent. On les rejette dans le parc. Vers midi, nouvelle tentative des Allemands, nouvelle reculade derrière leurs abris. Soudain, les nôtres aperçoivent au loin, longeant le bord du plateau, des masses humaines. Est-ce Grouchy ? Est-ce Blücher ? Quelques éclaireurs Franchetti poussent au galop vers le point où sans doute apparaît d’Exéa. A cinq cents mètres, une bordée de mousqueterie les accueille.... Ce sont des Saxons qui nous arrivent. Ducrot fait coucher tout son monde, intime l’ordre de ne pas brûler une cartouche sans commandement. Avec un calmé superbe, nos soldats obéissent. La ligne saxonne se rapproche. A cinquante mètres : Debout ! Feu ! Une fusillade furieuse cingle les bataillons allemands. Nombre de Saxons tombent. Les autres s’arrêtent, tourbillonnent. Nos hommes s’abattent sur eux, baïonnette basse ou sabre en avant ; généraux, états-majors, officiers, cavaliers d'escorte, tout est de la partie. Les Saxons fuient en désordre. — Mais le mur de Villiers, avec ses batteries et son terrible alignement de créneaux, se trouve démasqué par ce mouvement. Une fois encore, le centre du plateau reste vide, tandis que les Saxons, modérant leur course vers le bois, vont en arrière se reformer. Sur les pentes de Cœuilly et de Chennevières, où lutte le 1er corps, la bataille n’est pas moins ardente. Le plateau de Cœuilly, comme le plateau de Villiers, est commandé par un parc sillonné de retranchements, formidablement garni d'artillerie et d’où les volées de mitraille jettent bas pièces et servants à mesure que nos batteries font halte pour essayer d’ouvrir brèche. Là aussi, les Wurtembergeois, tentant l’offensive, sont ramenés avec une vigueur telle que quatre cents des leurs restent sur le terrain, tués, blessés ou prisonniers. Le 35e les poursuit jusqu’à une redoute qu’ils nous abandonnent. Mais ici, accumulés sur un espace restreint, nos soldats sont assaillis de face par la mitraillade du parc, de flanc par les obus de batteries plus lointaines. Une vingtaine de canons français, à grand’peine, sont parvenus à s’établir sur le plateau. En quelques minutes, leurs feux s'éteignent. Certaines pièces ont tous leurs chevaux tués ; des canonniers et des fantassins les ramènent à bras. Des officiers, — les servants étant morts, — s’attellent à une mitrailleuse. Le sol disparaît littéralement sous les cadavres. Sans brèches ouvertes, la position est inabordable. Jusqu'à ce que nos canons parviennent à battre efficacement la deuxième ligne de défense ennemie, il nous faut reculer vers les positions conquises déjà. Au nord du plateau de Cœuilly, la gauche du 42e, conduite par le commandant Cahen, gagnait, cependant. Postée dans les vignes, derrière les haies, sous les bouquets d’arbres, refoulant mètre à mètre la ligne opposée, elle n’attendait que le moment favorable pour s’élancer contre le parc. On ne pouvait sacrifier celle brave troupe, seule en proie à toute l’artillerie ou à toute la mousqueterie de la pointe du plateau. L’ordre de retraite arrive. Désespérés, les soldats montrent l’enceinte d’où 200 mètres à peine les séparent, puis les corps de leurs camarades, dont plus de six cents ensanglantent le sol. Ils obéissent pourtant... Magnifique spectacle que celte retraite du 42e, effectuée en échelons sous les coups précipités de l’ennemi : L’emplacement de chaque arrêt successivement marqué par des jalonneurs, comme à une revue ; le clairon Ranc et le tambour Chevalier, qui n’ont cessé de battre et de sonner la charge pendant le combat, se transportant l’un après l’autre au niveau des jalonneurs, ut, au signal précis du commandant, sonnant halte, puis battant en retraite aussi paisiblement qu’à l’exercice[5] ! L’Allemand, lui, accumulait des masses de plus en plus compactes, des files de plus en plus profondes. Prévenu depuis la veille par l’occupation d’Avron, il expédiait renfort sur renfort. Et d’Exéa ? Trop tard entré en mouvement, d’Exéa, parvenu sur la rive droite de la Marne à l’heure où il eût dû posséder l’autre rive, apercevait étagées, sur les coteaux de Bry, les batteries plongeantes des Prussiens. Deux ponts, établis avec une froide bravoure par nos marins que déciment les feux opposés, sombrent presque simultanément, défoncés par les obus. On parvient à en jeter deux autres, près de Neuilly. A deux heures, les têtes de colonnes du 3e corps atteignent la rive gauche. A trois heures, d’Exéa entrait en ligne. — Trop tard. Rien ne pouvait plus réparer les fautes commises. Le commandant du 2e corps, Renault, — Renault l’arrière-garde, Comme l’appelaient ses vieux camarades d’Afrique, — était tombé pour ne plus se relever. Tombé aussi, l’héroïque Franchetti ! Et combien d’autres ! La plupart des régiments engagés avaient perdu leurs chefs. Les plus sanglants efforts, allaient-ils rester stériles ? Sur quatre-vingt mille hommes, quarante-cinq mille à peine avaient pu combattre. Le lendemain, la 2e armée tout entière pouvait prendre part à la lutte. — Mais le lendemain, combien d’adversaires ne trouverait-elle pas en face d’elle ? Les fausses attaques avaient épuisé toute leur valeur stratégique. La division Susbielle, avec une réserve de trente-trois bataillons de marche de la garde nationale, s’était portée en avant de Créteil et avait enlevé à l’ennemi les positions de Mesly et Montmesly, qu’elle allait occuper jusqu'au soir. Cette diversion sur la droite de la 2e armée, soutenue par de nouvelles sorties opérées vers Choisy-le-Roi et Thiais par les troupes du général Vinoy, avait trouvé les Prussiens en force. Au nord, l’amiral La Roncière avait occupé Drancy et la ferme de Groslay ; de grosses colonnes ennemies avaient ainsi été retenues sur les bords du ruisseau de Morée, en arrière du pont Iblon. Vers deux heures, l’amiral, traversant Saint-Denis et se portant de sa personne à la tête de nouvelles troupes, dirigeait l’attaque d’Epinay que nos soldats, secondés par les batteries de la presqu’île de Gennevilliers, occupaient victorieusement. Là, soixante-douze prisonniers, des munitions et deux pièces tombaient entre nos mains. Mais on ne pouvait recommencer des feintes désormais démasquées. Sur les bords de la Marne, nous étions en possession de la ligne des crêtes. L'arrière des plateaux, avec les parcs, restait aux Prussiens, aux Wurtembergeois et aux Saxons. Dans le feu du combat, avec les efforts et les reculs alternatifs, des régiments s’étaient confondus. Il fallait les réorganiser. Il fallait réapprovisionner les batteries ; trouver des attelages pour les canons, des conducteurs pour les attelages. D’héroïques obstinés disaient : Demain ! Ceux-là n’entendaient pas les charrois d’artillerie prussiens ébranlant au loin les routes. La nuit, sévit un froid terrible. Une fatalité de plus !.Brusquement, le thermomètre descendit à 10 degrés au- dessous de zéro. Nos soldats transis et exténués virent le sang de leurs camarades se congeler sur le sol rougi. Contre ce nouvel et redoutable antagoniste, le froid, l’on ne possédait point d’armes. On était insuffisamment prémuni contre cet autre : la faim ! — Des vivres, des lainages, n’eût été le sort implacable, on en eût trouvé après le premier jour de marche. Mais des cartouches et des boulets, où et quand en eût-on rencontré ? Nul n’eût pu le dire. Donc, tout avait été sacrifié au but final, à l’effort suprême. Et voilà pourquoi les hommes fléchissaient sous le poids des cartouches, pourquoi les voitures crevaient sous le poids des obus ; et pourquoi aussi la ration de biscuit était maigre, pourquoi nos escouades n’avaient point de tentes, pourquoi nos officiers n’avaient point de manteaux et pourquoi nos soldats n’avaient point de couvertures. Cependant, pour la première fois, les Prussiens nous laissaient la triste satisfaction de compter leurs morts, avec le soin de les ensevelir. Pendant la nuit les frères, assistés des infirmiers des ambulances de la presse et d’un certain nombre de soldats, procédèrent à cette lugubre opération. Scène saisissante : la plaine, revêtue d’une épaisse couche glacée, apparaissait çà et là pointillée de taches noires, — des cadavres, — autour desquelles la blancheur du linceul commun semblait refléter moins vivement les rayons du ciel étoilé. Le sang, en s’échappant de tant de blessures, avait en effet commencé à fondre la neige tout autour, creusant ainsi comme une sépulture des premiers instants. Sur cette terre où gisaient, mêlés les uns aux autres, les corps de nos soldats et de leurs adversaires, erraient les fossoyeurs. A chaque instant on voyait une longue et noire silhouette se pencher, puis se relever comme doublée d’une autre silhouette ; et, à entendre glisser sans bruit les deux ombres, on n’eût su dire si le vivant portait entre ses bras le mort, ou si le mort entraînait le vivant. Quelques soldats avaient creusé en peu d’heures une large fosse où les frères descendaient un à un les cadavres, non sans avoir recherché avec soin les papiers pouvant servir à les reconnaître, et trié les vêtements que les trous de balles ou les déchirures d’obus avaient laissés encore mettables... N’était-il pas des vivants presque aussi glacés que ces morts ? Le 1er décembre se passa sans combat. Le lendemain, à l’aube, l’ennemi attaquait les positions du général Ducrot avec la plus grande violence, en se développant, par une manœuvre rapide, depuis Champigny jusqu’à Bry-sur-Marne. Soutenues par un ensemble d’artillerie considérable, nos troupes, malgré les pertes qui les décimaient opposèrent ferme résistance. La lutte fut longue et acharnée. Nos batteries arrêtèrent les colonnes allemandes sur le plateau ; nos soldats, dont deux nuits glaciales n’avaient pu éteindre l’ardeur, les rejetèrent jusque dans leurs retranchements. Dès onze heures, les efforts de l’ennemi étaient entièrement vaincus. La 2e armée avait gagné une bataille, — victoire défensive dont le seul avantage pour nous était de permettre aux troupes d’effectuer leur retraite sans être inquiétées. Le 3 décembre, 80.000 hommes repassaient la Marne, laissant les Prussiens, cette fois, relever leurs morts. Nous conservions le plateau d’Avron. Triste conquête pour un général parti avec l’idée de ressaisir la France ! Nos troupes rentrées dans Vincennes et Nogent, il ne nous restait plus qu’une désillusion à subir. — Elle ne tarda pas à nous arriver sous cette forme laconique : Versailles, 5 décembre 1870. Il pourrait être utile d'informer Votre Excellence que l'armée de la Loire a été défaite hier près d’Orléans et que cette ville est réoccupée par les troupes allemandes. Si toutefois Votre Excellence juge à propos de s’en convaincre par un de ses officiers, je ne manquerai pas de le munir d’un sauf-conduit pour aller et venir. Agréez, mon général, l’expression de la haute considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant serviteur. Le chef d'état-major, Comte DE MOLTKE. Communication à laquelle le gouverneur s’empressait de répondre : Paris, 6 décembre 1870. Votre Excellence a pensé qu’il pourrait être utile de m’informer que l’armée de la Loire a été défaite près d’Orléans, et que cette ville a été réoccupée par les troupes allemandes. J’ai l’honneur de vous accuser réception de cette communication, que je ne crois pas devoir faire vérifier par les moyens que Votre Excellence m’indique. Agréez, mon général, l’expression de la haute considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant serviteur. Le gouverneur de Paris, Général TROCHU. Cette variante académique du mot de Cambronne eut quelque peine à dérider le front des Parisiens. On n’osait douter de la reprise d’Orléans par l’ennemi. |
[1] Le général Ducrot : La Défense de Paris.
La délégation de Tours avait reçu communication de ce plan par M. Ranc, parti en ballon le 14 octobre, mais on ne l’avait considéré que comme un ensemble d’idées à creuser, et non comme une résolution expresse.
[2] La division de Maud’huy avait être détachée à la 3e armée (général Vinoy) qui sans ce renfort se fût composée presqu’uniquement de bataillons de mobiles !
[3] Les crues de la Marne sont souvent fugaces. En temps normal, des observateurs postés sur le haut cours de la rivière, les annoncent.
[4] Sous le commandement du colonel Roger (du Nord).
[5] Ces deux soldats ont été décorés après la bataille.