I. Landremont. — II. Décrets du 16 et du 23 août. La réquisition et la levée en masse. Proclamations des représentants et des généraux. Illusions de Landremont. Désertion des agricoles. Parodie du mouvement de 1792. Témoignage d'un Alsacien. — III. Pandourades de Wurmser et sa colère contre les Prussiens.I. Landremont servait depuis trente-cinq ans et comptait sept campagnes. Tous ses grades, jusqu'à celui de colonel, avaient été gagnés dans le même régiment, le 17e dragons, ci-devant Schomberg. Noble comme Beauharnais et dévoué, comme lui, au système populaire, il avait obtenu, comme lui, l'éclatante et prompte récompense de son civisme. Une année lui suffit pour devenir successivement colonel, général de brigade, général de division et général d'armée. Peu d'officiers ont eu, sous la Révolution, un avancement plus rapide. Il gardait néanmoins son franc-parler et osait critiquer Bouchotte. Ses lettres, qu'il termine volontiers par les mots salut et victoire, respirent l'amour de la République, l'ardeur de combattre, le désir de sauver l'Alsace et la confiance dans le succès. Nous tiendrons ferme, écrivait-il, et mourrons là ; il faudra que l'ennemi nous passe sur le ventre ; je ne redoublerai ni de zèle ni de soins ; j'ai toujours joué tout mon jeu. Il joint à son fervent patriotisme un esprit réfléchi qui pressent les dangers et calcule toutes les chances : il met Schauenburg en garde contre une surprise ; il ne s'abuse pas sur la force réelle de son armée et sur la valeur des lignes de Wissembourg ; il propose à Bouchotte de tâter Frédéric-Guillaume pour le détacher de la coalition ; mais Bouchotte répond que cette politique est peu éclairée, peu nerveuse et que les despotes ne traiteront jamais avec la France que pour la tromper ! Par malheur, la tâche qu'acceptait Landremont était immense, et, comme on l'a dit, il fallait plus que du courage et du talent pour commander l'armée du Rhin dans un pareil état de désorganisation et de crise. Si Landremont ne manquait ni de bravoure ni d'activité, il n'avait pas l'expérience du monde ; il ne connaissait pas les hommes ; il n'avait pas encore dirigé de grandes opérations : aussi prit-il quelquefois d'imprudentes mesures et fit-il de mauvais choix[1]. II. Il eut d'abord à surmonter les obstacles qu'il rencontra dans la levée en masse. La Convention avait décrété le 16 août que le peuple français se lèverait tout entier pour défendre son indépendance et que les autorités constituées marcheraient à sa tête. Les généraux, disait Barère, méconnaissaient le tempérament national et laissaient leurs troupes mollir dans l'oisiveté des camps. L'irruption soudaine était le seul moyen qui convint aux Français. Ils devaient attaquer les tyrans et les foudroyer ; au lieu de prolonger patiemment le tournoi, de jouer un jeu de calcul et de combinaison, d'opposer tactique à tactique, ils devaient, comme les Gaulois, n'employer que la rudesse et la bravoure ; ils devaient, par leur impétuosité naturelle, abattre le colosse de la coalition ; plus de guerres des rois ; il fallait faire la guerre de la liberté ! Semblable à l'inondation, la liberté couvrirait des flots bouillonnants du courage et du patriotisme les hordes ennemies et renverserait en un instant les digues du despotisme ! Le 23 août paraissait un nouveau décret moins vague et emphatique. Tous les Français étaient en réquisition permanente ; pendant que les hommes mariés forgeraient des armes et transporteraient des subsistances, que les femmes feraient des tentes et des habits, que les enfants mettraient le linge en charpie, que les vieillards prêcheraient la haine des rois, pendant que les maisons nationales se changeraient en casernes, les places publiques en ateliers et les caves en mines de salpêtre, les jeunes gens de dix-huit à vingt-cinq ans iraient au combat, et se formeraient en bataillons, sous une bannière qui porterait l'inscription : le peuple français debout contre les tyrans. Mais les représentants avaient devancé les décrets de l'Assemblée et proclamé la levée en masse. Le Comité, plus sage, ne mettait sur pied que les citoyens dits de la première réquisition, les célibataires de dix-huit à vingt cinq ans, qui s'organiseraient à peu près comme les volontaires de 1791, en bataillons de district, composés chacun de neuf compagnies, commandés par un chef de bataillon et payés comme les autres troupes d'infanterie[2]. Les représentants allèrent plus loin. Le 21 août, Lacoste et Guyardin appelaient aux armes les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle et des Vosges : les administrateurs devaient se répandre dans les communes ; de toutes parts retentiraient les cloches et les tambours ; le tocsin sonnerait ; les habitants, munis de leurs instruments offensifs, se dirigeraient à grands pas vers les centres de rassemblement. Les généraux se joignaient aux représentants. Schauenburg sommait ses compatriotes de défendre leurs montagnes. Les tyrans, disait-il, se vantaient de conquérir l'Alsace et la Lorraine ; mais devant la massue du peuple disparaîtrait cet échafaudage de ruses. Il donnait des instructions détaillées : tous les hommes désignés par les représentants se réuniraient au chef-lieu du district où ils trouveraient un officier d'état-major qui les conduirait à leur poste, et il prescrivait de tirer de ces attroupements les gens les plus entreprenants, de mettre à leur tête d'anciens militaires qui seraient en même temps de chauds républicains et de les placer dans les défilés et les bois. Landremont agitait des mesures plus hardies. Il voulait amalgamer à ses bataillons les braves campagnards. Il envoyait à la découverte, avec ses tirailleurs, vingt-cinq villageois de Bischwiller, et il projetait de faire la guerre de paysans, d'attaquer crânement les Autrichiens avec huit à neuf mille montagnards qu'il attendait des Vosges. Les représentants Borie, Milhaud et Ruamps approuvaient Landremont. Ils s'étaient transportés à Wissembourg et ils voyaient avec joie les lignes de la Lauter se hérisser de piques et de faux manchées ; ils passaient en revue plus de vingt mille agricoles accourus à leur voix ; ils croyaient que cet élan soudain allait refouler les Austro-Prussiens ; ils se glorifiaient de lever une armée révolutionnaire capable, dans une bataille rangée, d'enfoncer l'adversaire et de l'anéantir pour jamais. Leur collègue Lacoste, plus éloigné de la frontière, s'imaginait déjà que l'invasion était repoussée et osait écrire de Nancy à la Convention que plus de cent quarante mille hommes armés et formés en bataillons se rendaient sur la Lauter, que rien n'égalait leur intrépidité, que les citoyens du district de Wissembourg s'étaient battus comme des lions, et avaient fait une boucherie des Impériaux, qu'un maire avait tué dix-sept ennemis et un autre patriote neuf[3]. On n'a pas besoin, disait Rühl, d'être discipliné pour vaincre des brigands enrégimentés[4]. Il fallut bientôt en rabattre. Schauenburg reconnut que la levée du département de la Moselle ne serait pas aussi nombreuse qu'on l'avait cru ; il vit, en parcourant les postes, les deux tiers des hommes armés de fourches ou de longues perches surmontées d'un morceau de fer ; il avoua que les bandes du pays de Briey inspiraient plus de pitié que de peur[5]. Il en fut de même à l'armée du Rhin. Non seulement quelques communes du district de Barr se révoltèrent, et l'on dut dépêcher contre elles un bataillon de la garde nationale et les menacer du sort de la Vendée, déclarer dans une proclamation que tous les rebellés seraient passés au fil de l'épée, leurs maisons rasées et les forêts où ils se retranchaient, livrées aux flammes. Mais au bout d'un mois, tous ces nouveaux Spartiates qui, selon le mot des représentants, juraient de mourir à leur poste, avaient décampé ; c'était, non plus la levée en masse, mais la désertion en masse. Douze cents tenaient la position de Weiler ; le jour suivant, ils n'étaient plus que cent cinquante ; chaque commune avait laissé deux ou trois des siens pour garder les baraques et les armes. De Lauterbourg à Scheibenhard, on n'en trouvait plus un seul, et ceux qu'on avait aperçus n'étaient que des enfants. A Lauterbourg, sur six mille qu'on annonçait, trois cents seulement se présentaient, et, la semaine écoulée, ils se hâtaient de rentrer au logis ; d'un bataillon du district de Strasbourg, il ne restait que trois hommes. Les agricoles des Vosges avaient été envoyés à Schleithal ; mais ils partaient les uns après les autres ; vainement l'adjudant général Wolff les formait en compagnies et leur faisait nommer des chefs provisoires : après avoir refusé de remplir leurs fonctions, parce qu'ils n'étaient que provisoires et ne touchaient pas la paye de leur grade, les chefs improvisés de la levée vosgienne regagnaient leurs montagnes. La procession ou la navette, comme dit le fils de Landremont, était continuelle ; les agricoles arrivaient un jour et détalaient le lendemain sans qu'on put les retenir ; ils atteignirent une fois le nombre de huit à neuf mille, mais dans l'après-midi, la moitié disparaissait et vingt-quatre heures plus tard ils n'étaient pas deux mille. Ils finiront tous par s'évader, s'écriait Dubois[6]. Aussi Landremont fut-il aise de se débarrasser de ces
auxiliaires qu'il avait exaltés d'abord et qui ne lui donnaient plus que du
dégoût ; s'ils étaient restés avec nous,
disait-il, ils nous auraient peut-être causé une
déroute. Plusieurs passèrent à l'ennemi. Des pelotons entiers se
mêlèrent aux bataillons autrichiens dans la forêt de Bienwald. Et pour ceux
qui semblaient patriotes, avaient-ils la résolution
de combattre intrépidement ; avaient-ils une
vive ardeur de tomber sur l'adversaire ; montraient-ils une contenance ferme ? Landremont ne garda que les
bataillons de Chaumont, de Mirecourt, de Neufchâteau, de Toul ; encore
étaient-ils presque incapables d'un service régulier[7]. Gouvion-Saint-Cyr raille justement cette parodie du mouvement de 1792[8]. Ces hommes enlevés à leurs familles, sans volonté décidée, sans ordre, sans discipline, presque sans chefs, oublièrent bientôt les grands mots avec lesquels on les avait persuadés. La plupart n'étaient pas encore hors de leur banlieue qu'ils retournèrent dans leurs foyers, entraînés par leurs femmes et leurs enfants. Ceux qui joignirent l'armée étaient mécontents et en si mauvais état qu'il parut impossible d'en tirer le moindre service, de sorte que quand les plus éloignés arrivèrent, ils avaient déjà croisé en route les premiers qui avaient été renvoyés. Loin d'être utile aux armées, la levée en masse leur fit un tort considérable en leur ôtant une partie de leurs subsistances. Elle a, disait Euloge Schneider, causé des frais énormes, amené la disette et rendu la France ridicule aux yeux de l'adversaire[9]. Les Allemands ne faisaient que rire de ces immenses et grotesques rassemblements. Ne tremblez pas pour les alliés, mandait-on de Sarrebrück ; la levée en masse ne les vaincra pas ; ce n'est au fond qu'une farce dont les soldats français se moquent eux-mêmes, un spectacle nouveau pour amuser le peuple et détourner ses regards de la situation ; ou bien ces hordes pacifiques fuiront à la vue de l'ennemi, ou bien le mal qu'elles feront, forcera le gouvernement de les envoyer à leurs troupeaux : le paysan mange en un jour la ration de quatre soldats. Et bientôt le même témoin ajoutait : La farce n'a duré que trente jours, et pendant ces trente jours, les paysans ont consommé des vivres pour plus de trois mois et demi[10]. Un Alsacien a décrit en traits saisissants cette levée d'hommes de tout âge et de toute condition, vêtus de blouses noires, blanches ou vertes, suivis de bœufs et de moutons, traînant avec eux des voitures chargées de sacs de farine et de blé. Les généraux, dit-il, virent sur-le-champ que de pareils guerriers ne pourraient soutenir la moindre attaque et ils les postèrent en seconde ligne, sans doute pour augmenter le désordre, si la retraite devenait nécessaire. Cet Alsacien faisait partie d'un bataillon qui campait entre Bitche et la Petite-Pierre, dans un défilé, bien loin derrière l'armée, sans artillerie et sans autres armes que des fusils de chasse ou des instruments de labourage. On se mit d'abord à son aise. On avait construit des huttes avec des branches d'arbres, comme à la fête des tabernacles ; on couchait paresseusement sur la paille ; on mangeait le pain de la nation, et le dimanche les femmes et les filles du village, juchées sur des charrettes, apportaient à leurs hommes des jambons, des gâteaux et des fruits. Mais on eut des paniques, de fausses alertes, tantôt parce qu'un chien aboyait dans le lointain, tantôt parce qu'une sentinelle avait tiré sur un renard qui flairait la soupe du bivouac ou sur un charbonnier qui passait. La viande, les légumes, le vin, la bière, l'eau-de-vie finirent par manquer. On ne touchait pas un sou. Le bruit du canon se rapprochait. Peu à peu tout le bataillon s'esquiva ; il ne resta que les officiers[11]. Voilà où aboutit la levée en masse. Nous avions fait poser un cordon à Haguenau, disent les représentants, pour arrêter les fuyards ; en peu de jours, nous fûmes réduits à nos premières forces. Dès le 28 août, ils autorisaient le général en chef à renvoyer dans les communes les boulangers, les meuniers et leurs premiers garçons ainsi que les hommes nécessaires au battage et au transport des grains, et le 23 septembre, ils arrêtaient que les citoyens de la deuxième et de la troisième classe retourneraient dans les campagnes pour faire la vendange et ensemencer les terres. Seuls, les jeunes gens de la première classe de la réquisition devaient s'organiser en bataillons et ne s'absenter de l'armée sous aucun prétexte. Mais ceux-là mêmes se laissaient entraîner par le courant de la désertion, et une nuit, malgré les ordres des représentants, la cavalerie du Bas-Rhin, nombreuse, bien montée, bien armée, quitta le camp de Wissembourg pour ne plus revenir[12]. III. Ce ne fut donc pas la levée en masse qui sauva l'armée du Rhin dans les journées du 20, du 24, du 22 et du 23 août, lorsqu'elle était aux prises avec Wurmser. Les soldats luttaient sur un sol accidenté, et animés par la présence des représentants Milhaud, Borie et Ruamps, qui se portaient au milieu du feu le plus vif de mousqueterie, ils disputaient le terrain pouce à pouce avec une vaillance obstinée. L'artillerie française qui, selon le mot de Saint-Cyr, était alors ce qu'il y avait de plus instruit, ne cessait de riposter à l'artillerie autrichienne et d'entretenir des canonnades dont plusieurs, ignorées aujourd'hui, égalaient en intensité celle de Valmy. Enfin, et surtout, Wurmser agissait seul et ne recevait des Prussiens que plaintes et railleries. Frédéric-Guillaume lui reprochait de s'isoler et de s'enfoncer trop loin. Lucchesini demandait qu'on ôtât cette pierre d'achoppement. Les officiers de l'état-major se moquaient de ses pandourades, le traitaient de spadassin et de ferrailleur, disaient plaisamment qu'il allait tous les jours à la chasse aux Français et supputaient avec une joie maligne les pertes qu'il avait essuyées : er muss sehr geschlagen sein. Et, en effet, que pouvait Wurmser avec ses 30.000 Impériaux contre toute l'armée du Rhin ? Il n'avait pas assez de monde, et Waldeck le blâmait justement de mettre dans ses mouvements plus de housarderie que de prudence : On se canonne et se chamaille journellement, écrivait Waldeck, et on sacrifie inutilement des troupes dont le sang est si précieux à l'Etat[13]. Aussi Wurmser dut-il s'arrêter. Il n'engagea le 25 août que des escarmouches insignifiantes dans les environs de Schaidt et se borna, le 26, à faire une grande reconnaissance vers Steinfeld et Schweighofen[14]. Il ne renonçait pas toutefois à son dessein de forcer les lignes de Wissembourg. Il avouait que les Français étaient extraordinairement retranchés et pourvus d'une nombreuse artillerie ; qu'ils occupaient une avantageuse position. Mais, à diverses reprises, il pria Brunswick d'attaquer Wissembourg sur les derrières : le duc, assurait-il, ne trouverait pas une vigoureuse résistance, et l'armée du Rhin, prise à dos, ne saurait repousser les assauts que les Impériaux tenteraient sur son front en différents points. Frédéric-Guillaume, de plus en plus irrité contre l'Autriche, répondit sèchement à Wurmser qu'il attendait un plan d'opérations ; qu'il ne bougerait pas tant que Lehrbach ne serait pas arrivé ; que Brunswick n'avait pas emporté le camp de Hornbach et ne pouvait, en conséquence, tourner les lignes de Wissembourg ; que Wurmser devait reculer, se poster entre Jockgrim et Offenbach, se lier davantage avec le corps d'armée que le roi commandait à Edenkoben ; je ne vous donne pas un ordre exprès, disait le monarque, faites ce que bon vous semble, mais vous aurez l'entière responsabilité de vos actes. Wurmser répliqua poliment qu'il resterait où il était ; qu'il avait conquis le Bienwald après d'extrêmes efforts et ne désirait pas le reconquérir au même prix ; qu'il espérait obtenir encore des succès marqués ; qu'en se repliant sur Jockgrim, il abandonnait à l'adversaire un avantage infini. Mais il exhala son indignation dans ses rapports au cabinet de Vienne. Quoi ! il regagnerait son ancienne position pour se lier au roi, comme si cette liaison, cette Verbindung, servait à quelque chose ! Non, il tiendrait ferme ; il ne ferait pas les démarches si nuisibles que Frédéric-Guillaume exigeait à cause des affaires politiques ; il ne lâcherait pas, à son regret et à sa honte, le terrain qu'il avait arrosé du sang de ses braves troupes et si chèrement payé ! Et il maudissait ces Prussiens qui le tracassaient continuellement, ces perfides alliés qui se fourraient dans leurs cantonnements et n'avaient plus envie de tirer un coup de fusil. Il était navré de voir comme l'empereur, son bon souverain, était joué et trompé[15] ! |
[1] Cf. Landremont à Bouchotte, 31 août ; Bouchotte au Comité, 17 sept, et note de Legrand (A. G.). Chartes-Hyacinthe Le Clerc de Landremont était né à Fenestrange, le 21 août 1739. Engagé à la fin de 1758, au 17e dragons, cornette le 23 août 1760, lieutenant en second le 2 mars 1762, lieutenant en premier, le 1er décembre 1763, capitaine, le 25 avril 1772, et pourvu d une compagnie le 5 mai suivant, commandant le dépôt des recrues à la formation de 1776, capitaine en second le 30 janvier 1778, capitaine-commandant, le 5 avril 1780 ; Landremont était chef d'escadron depuis le 1er mai 1788, lorsqu'éclata la Révolution. Pendant l'année 1790, avec cent dragons, il fut détaché dans le Limousin pour protéger la circulation des grains et y organisa les volontaires. Il rejoignit son régiment, en 1791, et l'année suivante le mena dans l'Argonne. Sa nomination de lieutenant-colonel date du 23 novembre 1791, et celle de colonel, du 12 juillet 1792. Général de brigade, le 5 octobre 1792, il commanda successivement l'avant-garde de l'armée de la Moselle, sous Ligniville, puis celle de l'armée du Rhin, sous Custine et Beauharnais. Cf. sur lui, Mayence, p. 85 et 110, et son Exposé de la conduite de Landremont. Nous étions, dit-il dans l'Exposé (p. 71), neuf, à l'armée du Rhin, de la même famille, non compris cinq qui servaient à l'armée du Nord, et deux à l'armée de la Moselle ; pas un n'a émigré et ne porte les armes contre sa patrie.
[2] Armée de la Moselle : Moselle, 9 bataillons ; Meurthe, 9 ; Vosges, 9 ; Haine-Marne, 6 ; Côte-d'Or, 7 ; Nièvre, 9. Armée du Rhin : Bas-Rhin, 4 ; Haut-Rhin, 3 ; Doubs, 6 ; Haute-Saône, 6 ; Jura, 6 ; Ain, 9 ; Saône-et-Loire, 7 ; Allier, 7 ; Indre, 6 ; Rhône-et-Loire, 6. (Moniteur, 9 septembre.)
[3] Borie au Comité ; Ruamps et Milhaud à Borie, 22 août ; Schauenburg, proclamation du 24 août et lettre à Landremont, 28 août, et aux administrateurs de la Moselle, 31 août ; Landremont à Bouchotte, 28 août ; Borie, Milhaud, Ruamps au Comité, 28 août et 19 août (Moniteur, du 24) ; Moniteur, du 8 sept. (lettre des représentants près l'armée de la Moselle) ; Lacoste au Comité, 13 août (A. G., et Moniteur, 6 sept.) ; Rousset, Les Volontaires, 241.
[4] 29 août (Moniteur du 31).
[5] Schauenburg à Bouchotte, 7 septembre (A. G.).
[6] Renkin et Berger à Bouchotte, 28 août (Moniteur 3 sept.) ; proclamation de Ruamps à Milhaud, 24 août (A. N. AF II, 135) ; Wolff à Landremont, 9 sept. ; Offenstein et Gilot à Landremont, 10 sept. ; Dubois à X..., 22 sept. ; Landremont à Bouchotte, 10 et 22 sept. ; Duvignau aux représentants, 15 sept. ; mémoire du fils de Landremont, 9 nov. (A. G.) ; Rousset, Les Volontaires, 246-254.
[7] Cf. les lettres de Landremont, et Gouvion Saint-Cyr, Mém., I, 79-80. Mais voyez la confiance que les Mémoires doivent inspirer. D'après Saint-Cyr qui loue volontiers ses compatriotes toulois, le bataillon de Toul se composait presque entièrement d'anciens militaires et n'avait pas perdu le tiers de son effectif pendant la route. Or, Carez, commandant du bataillon, écrit qu'il est parti de Toul avec 525 hommes ; à Blamont, il n'en avait plus que la moitié et le plus grand nombre voulaient reconduire le drapeau à Toul ; à Climbach, il n'a plus que 264 hommes, et, le 13 septembre, il ne commande qu'à 150 hommes peu ou point exercés ! (A. G.)
[8] Saint-Cyr, I, 79-80.
[9] Argos, 1er octobre 1793, p. 317.
[10] Die Franzosen im Saargau, 96-97.
[11] Die Frankenrepublik, Briefe ueber Frankreichs gegenmärtigen Zustand und ueberden Feldzug von 1793 mit besonderer Rücksicht auf das Elsass, von einem Augenzeugen, 1793, p. 126-156
[12] Arrêtés des représentants du peuple, 28 août et 23 septembre (A. G.) ; Compte rendu par Ruamps, Borie, etc., p. 14 ; cf. Véron-Réville, Hist. de la Révolution française dans le département du Haut-Rhin, 1865, p. 124.
[13] Saint-Cyr, I, 76 ; Zeissberg, I. 208, 209, 227 ; Massenbach, I, 186 ; raufen, Raufer, Raufsinn, tels sont les mots que les Prussiens emploient toujours en parlant de Wurmser ; cf. le Briefwechsel des Herzogs Karl August mit Gœthe, 1863, I, 181 (le duc de Weimar parle ainsi de Wurmser : er that alles dieses für sich, ohne Befehl vom König dazu zu erbalten, oder von seinem Vorhaben zu avertiren ; so stockt die Sache).
[14] Zeissberg, I, 213 ; Gesch. der Kriege, I, 211 ; Gebler, 124 ; Wurmser établit son quartier-général à Freckenleld ; Waldeck et Condé campèrent sur les hauteurs de Barbelroth ; Hotze se trouvait au centre, à Bichelberg, dans le Bienwald ; Jellachich, à gauche, s'adossait au Rhin.
[15] Zeissberg, 215-217.