Première visite de Dugommier au camp de l'Union (20 janvier 1794). Ses impressions. — Impatience de Barère. — Mesures de Dugommier. — Service des ambulances. — Cavalerie. — Artillerie volante. — Infanterie. — Dugommier et Bonaparte. — Bataillons d'élite. — Grenadiers. — Chasseurs. — Première ligne. — Deuxième ligne ou ligne d'inertie. — Les collaborateurs de Dugommier. — Le chef d'état-major Lamer. — Cosson, Compans, Grézieu, Clauzel. — Les trois divisionnaires, Augereau, Pérignon et Sauret. — Les généraux de cavalerie, La Barre et Dugua. — Le commandant de l'artillerie, Fabre de La Martillière. — Andréossy. — Lemoine, Quesnel, Bougé, Chabert. — Victor, Despinoy, Micas, Guillot, Pelletier, Martin. — Davin, Guieu, Bon, Mirabel. — Banel, Beyrand, Causse, Charlet, Point, Robert. — Bessières, Dessaix, Destaing, Duphot, Lannes, Papin. — Ardeur de l'armée. — Témoignages des généraux et des officiers.La première visite de Dugommier au camp de l'Union se fit avec éclat. Elle eut lieu le 20 janvier, à dix heures du matin. Les représentants l'accompagnaient. Les tambours battaient aux champs. Les troupes de service étaient sous les armes. Les autres avaient mis les fusils en faisceaux et, officiers en tête, s'alignaient devant les tentes. Généraux de brigade, chefs de brigade, adjudants-généraux, chefs de-bataillon s'étaient placés à leur ordre de bataille. A mesure que Dugommier et les conventionnels passaient sur le front de bandière, les soldats s'écriaient, selon les instructions qu'ils avaient reçues : Vive la liberté ! Vire la Montagne ! Vive le vainqueur de Toulon ![1] Quelques jours plus tard, après avoir vu le reste des cantonnements, Dugommier résumait ses impressions. Unes grande partie des troupes était déguenillée ou n'avait pas de souliers. Les bataillons d'ancienne formation ne comptaient plus que très peu de vieux soldats. La plupart des nouveaux n'avaient pas d'armes, n'avaient pour se défendre que les ongles et les dents. Les sept huitièmes des fusils manquaient de baïonnettes ; 8.000 étaient avariés, délabrés, et Dugommier prenait sur lui de nommer un commissaire chargé d'aller partout, jusqu'à Saint-Étienne et à Tulle, pour acheter les garnitures qui leur rendraient la vie. D'autres fusils arrivaient ; mais ils étaient couverts de rouille ou de mousse, et il fallait les envoyer à l'atelier de réparation. Encore n'étaient-ils pas d'un calibre semblable ; fusils de chasse et fusils de munition, tout avait été confondu, et le même bataillon offrait une incroyable variété d'armes[2]. Ainsi que dans toutes les armées de la République, la cavalerie était et devait rester faible ou, comme on l'avouait, nulle. Elle ne se composait que de recrues sans aucune instruction. Au commencement d'avril, le 22e régiment de chasseurs comptait cinquante chevaux blessés et ses deux escadrons n'étaient en état de servir qu'au bout d'un mois. Au 19e régiment nombre d'hommes n'avaient même pas d'éperons. Je suis chagrin, écrivait le général La Barre, d'avoir une cavalerie aussi mauvaise sur tous les points et je ne prévois que du déshonneur pour celui qui la commandera. Le représentant Gaston et le chef d'état-major Chaillet de Verges ne disaient-ils pas, en décembre 1793, qu'ils attendaient toujours de la cavalerie et que sitôt qu'elle arrivait, le défaut de subsistances obligeait de la renvoyer sur les derrières ? Il fallut diminuer fréquemment la ration de foin, les chevaux n'eurent pas d'avoine dans la dernière semaine de janvier, et vainement des adjudants-généraux, des adjoints coururent de divers côtés et même fort loin pour obtenir des fourrages. Que de fois dans le cours de cette campagne Dugommier s'écria qu'il ne pouvait bouger sans cette partie essentielle ! Aussi la majeure partie des chevaux et des mulets de l'artillerie, des ambulances et du service des vivres était dans un état pitoyable. On dut réformer les uns et envoyer les autres loin de l'armée pour les reposer et les refaire. Cette opération terminée, il resta 800 à 900 chevaux, et l'artillerie seule en exigeait 3.000 ! Il est impossible, disait Dugommier, que la chose aille sans un meilleur ordre[3]. Enfin, les hôpitaux présentaient l'image la plus triste. Dugommier s'indignait de leur insalubrité : un désordre révoltant ; des salles toujours ouvertes ; la malpropreté la plus dégoûtante dans les draps, dans les chemises, sur les personnes ; des cours pleines d'immondices ; les cuisiniers employant des casseroles de cuivre mal étamées et exposées au vert-de-gris ; plus de cinq cents malades enlevés à la vie, du 21 décembre au Pr février, par cette criminelle négligence. La santé la plus robuste, concluait Dugommier, y serait ruinée en peu de jours, et quand vous sortez du foyer pestilentiel, vous êtes encore poursuivi au dehors par des miasmes infects capables de propager la putridité dans les corps les mieux constitués[4]. Il n'était donc pas en mesure d'attaquer. Barère,
impatient, lui faisait la leçon. Le 12 février, l'orateur du Comité annonçait
que les républicains avaient eu l'avantage à Saint-Jean-de-Luz : Quelle est cette armée qui a fait reculer les hordes de
l'Espagne ? Est-ce l'armée des Pyrénées-Orientales qui est renforcée par
l'armée victorieuse de Toulon et qui est forte de 60.000 hommes ? Non, c'est
l'armée des Pyrénées-Occidentales qui vient de fournir 3.000 hommes à la
Vendée et qui a envoyé 7.000 hommes à l'armée qui est devant Perpignan.
Espérons que l'armée des Pyrénées-Orientales sentira bientôt l'exemple qui
lui est donné par celle des Pyrénées-Occidentales ; les républicains sont solidaires
de gloire. Dugommier laissa dire Barère tout en remarquant au ministre que son armée était bien éloignée des 60.000 hommes qu'on lui avait supposés dans la tribune de la Convention. Il faisait son plan, calculait ses moyens, assurait tant bien que mal ses subsistances et munitions de toute espèce. Avant de frapper un coup décisif, il voulait refondre, régénérer cette armée où, disait-il, l'intrigue et l'égoïsme avaient longtemps régné[5]. Sur ses instances, de Toulouse à Perpignan, les villes et les bourgs transformèrent leurs édifices publics et leurs places en ateliers de réparation des armes, et les fonderies d'Albi, les manufactures de Bergerac, les fabriques de baïonnettes d'Alais et d'Anduze se remplirent d'ouvriers. Des réquisitions prudemment ordonnées garantirent aux troupes leurs subsistances. Il fut plus difficile d'avoir des fourrages. Dugommier s'était hâté, avec l'autorisation du Comité, d'envoyer à Lyon deux commissaires, un fournisseur des charrois, Pey, et le lieutenant de hussards Collet. Les représentants qui se trouvaient à Lyon répondirent qu'ils ne pouvaient rien livrer qu'a l'armée des Alpes. Votre mission, dirent-ils à Pey et à Collet, ne signifie rien, et vous venez nous tirer le sang des veines. Dugommier, indigné, déclara que cet égoïsme était presque aussi funeste que le fédéralisme, et, à force d'arrêtés menaçants, Milhaud et Soubrany arrachèrent le foin et l'avoine qui manquaient. Le service des ambulances laissait encore à désirer. Les chirurgiens n'étaient pas assez nombreux, on n'avait pas de civières et de brancards en grande quantité ni en bon état, et Dugommier se plaignait au mois de mai que l'administration, faute de prévoyance et d'activité, eût fait languir plusieurs blessés devant Saint-Elme. Mais le général avait convoqué, le 12 février, les médecins de l'armée, et le Comité de santé établit, de concert avec les chefs de bataillon, les moyens curatifs et préservatifs les plus convenables ; il avait payé les infirmiers ; il avait obtenu des remèdes et des médicaments ; il avait mis dans de bons cantonnements les bataillons où les maladies avaient le plus sévi ; il avait affecté-dans chaque bataillon une tente particulière aux galeux ; il avait décidé que les volontaires qui n'avaient pas d'armes. et ne connaissaient pas le métier militaire seraient formés en détachements et chargés spécialement de porter les blessés aux ambulances. Deux hommes dont il louait le dévouement et qui, disait-il, étaient tout entiers à leurs fonctions, le médecin en chef Roussillon et le chirurgien en chef Bénezet le secondaient activement. A la fin de là campagne, les hôpitaux qu'il avait qualifiés de tombeaux, étaient bien aérés, très proprement tenus, et les malades y recevaient les meilleurs soins[6]. La cavalerie ne pouvait s'améliorer qu'avec le temps. Si Dugommier était satisfait du 1er régiment de hussards et du ne régiment de dragons, il ne comptait nullement sur le 14e et le 22e régiment de cavalerie. Du moins fit-il attacher au 1er hussards une batterie d'artillerie volante. Les canonniers, écrivait-il, sont ici pour la plupart amis et camarades des hussards, ils se protègent mutuellement. Mais il se contenta des cavaliers qu'il avait et qui ne servaient que depuis plusieurs mois : pas de recrues, ou très peu ; elles devaient, avant de venir à l'armée, s'exercer dans les dépôts et, s'affermir sur leurs étriers ; si elles faisaient la moitié et même le tiers de chaque régiment, marquait-il au représentant Beauchamp, elles perdraient la chose indubitablement. L'artillerie volante lui inspirait les mêmes inquiétudes. On lui avait envoyé trois compagnies qu'on donnait comme parfaites ; or la troisième était hors d'état de servir, ses canonniers ne savaient rien du tout, et les deux autres compagnies avaient une instruction si incomplète qu'il s'estimait heureux de pouvoir les fondre en une compagnie à peu près passable[7]. Toute son attention s'était portée sur l'infanterie. Pas un instant n'avait été perdu dans les camps et cantonnements pour l'instruction du soldat. Les fusils, les baïonnettes, les cartouches qu'il attendait avaient fini par arriver. Il les demandait à Toulon au général d'artillerie Bonaparte, qu'il nommait son cher camarade, son brave et sincère ami : J'espère bien que mon brave ami Bonaparte ne négligera aucun des soins qu'il pourra nous donner, et il invoquait le patriotisme du jeune général en même temps que son affection : Tu mériteras de la patrie, je te jure, et ton sincère ami te remerciera[8]. Il s'était, dès les premiers jours de son commandement, étonné de l'énorme quantité de recrues, et il comprit sur-le-champ que l'armée avait été battue en 1793 parce qu'elle se composait de jeunes gens timides et faibles, nullement aguerris, encore moins disciplinés, qui n'avaient pas eu le temps de s'exercer et de s'habituer au feu. C'était l'avis de Flers qui n'avait cessé de réclamer des troupes expérimentées qui donneraient confiance aux troupes nouvelles. C'était l'avis de Hardy, l'agent du Conseil exécutif : lui aussi écrivait qu'il n'y avait à l'armée que des bataillons de la masse qui désertaient continuellement. Qu'est-ce que la masse peut faire ? disait-il une fois, et il plaignait ce troupeau de réquisitionnaires, vêtus d'habits de toile et malmenés par les généraux qui n'avaient pour eux qu'orgueil et dureté. C'était l'avis des représentants : ils mandaient après l'affairé du Mas-Deu qu'il y avait dans l'armée trop de gardes nationaux neufs, pusillanimes, insubordonnés, qui se débandaient au plus petit échec. Gaston avait. exprimé cette opinion avec force : ce qui manquait, selon lui, c'était non seulement les munitions de guerre et de bouche, mais des hommes choisis et déjà formés au maniement des armes, des troupes éprouvées, quelques bons bataillons d'infanterie, et il attribuait les revers aux masses, qui fuyaient devant l'ennemi en criant sauve qui peut, qui jetaient ou brisaient leur fusil et qui refusaient, malgré les pressantes sollicitations et les vigoureuses mesures des conventionnels, de revenir au combat. Dugommier avait acquis la même conviction ; il croyait que l'armée des Pyrénées-Orientales avait été défaite parce que les représentants et les généraux mêlaient imprudemment le bon et le mauvais. Bouchotte prétendait que tous les bataillons républicains étaient bons et qu'il ne s'agissait que de les bien mener. Je ne suis pas de ceux, lui répondait franchement Dugommier, qui disent que tous les bataillons sont bons ; c'est une erreur qui peut ruiner une armée. Il s'attacha donc avant tout à former de bons bataillons. À Utelle, à Gilette, devant Toulon, il avait vu de ses yeux ce que valaient les compagnies de grenadiers et de chasseurs. A l'armée des Pyrénées-Orientales, il les embataillonna[9]. Il constitua d'abord six bataillons de grenadiers réunis. Mais, le 21, mars, il renvoyait toutes les compagnies à leur bataillon. Un seul bataillon, le 1er, commandé par Lagrange, fut excepté de cette mesure ; encore ses compagnies durent-elles, le 13 octobre, rejoindre leur corps. Il eut sans doute la même désillusion que Custine et d'Oyré. Ces compagnies d'élite étaient solides, vigoureuses à la tête de leur bataillon et, après leur retour, elles donnèrent l'exemple de la bravoure et des vertus militaires. Toutefois leur départ avait affaibli, énervé les corps auxquels elles appartenaient, et mises ensemble, elles formaient de médiocres bataillons qu'il était difficile de plier à une discipline exacte. Custine, à l'armée du Rhin, et d'Oyré, au siège de Mayence, avaient fini par dissoudre leurs régiments de grenadiers, et en juin 1793, Beaupuy écrivait qu'une pareille organisation était vicieuse, que chaque compagnie apportait avec elle son esprit particulier et que l'esprit général, l'esprit utile à la République, manquait[10]. Par contre les bataillons de chasseurs subsistèrent. Il y en eut d'abord six, deux par division, et les commandants furent nommés par les trois divisionnaires Augereau, Pérignon et Sauret parmi les officiers supérieurs de chaque division et dans les bataillons où il y avait deux chefs. Tous les bataillons de l'armée fournirent Chacun une compagnie. Cette compagnie avait son conseil d'administration et sa comptabilité propre ; elle se composait de 67 hommes, officiers compris ; elle devait toujours être au complet ; les absents étaient aussitôt remplacés par des postiches tirés des compagnies de fusiliers, et si des volontaires ne se présentaient pas, le commandant du bataillon choisissait les plus dispos, les plus aguerris, ceux qui aimaient l'activité et les bonnes aventures. Les officiers et sous-officiers étaient élus par le conseil d'administration sur tous ceux du bataillon et leur place restait vacante. Les soldats étaient triés autant. que faire se pouvait par proportion égale dans chaque compagnie de fusiliers ; mais ils ne servaient que de leur consentement et pour la durée de la campagne ; ils comptaient toujours à leur corps. Ils portaient l'épaulette verte. Le chef d'état-major Lamer assure que dans la plupart des bataillons tous les fusiliers désiraient être chasseurs pour marcher constamment à l'avant-garde et frapper les premiers coups. Angereau témoigne que, malgré le tableau des fatigues et des périls que les vétérans leur mettaient sous les yeux, une foule de jeunes gens alertes, résolus, avides de se signaler, entrèrent dans les compagnies de chasseurs, et ceux qui formèrent l'avant-garde de sa division se couvrirent de gloire ; il les appelle plus d'une fois, non sans raison, pendant cette année 1794, ses héroïques, ses invincibles chasseurs[11]. La première ligne de l'armée comprit les bataillons de chasseurs et, selon le mot de Dugommier, les meilleurs bataillons et la meilleure portion des autres. Il ne voulut, sous aucun prétexte, que cette ligne se confondit avec la deuxième : lorsqu'il sut, au commencement de juin, que Augereau avait un instant mêlé les deux lignes, il exprima son étonnement : Voilà donc la confusion que je désirais éviter, établie ; je ne ferai pas un pas en avant que nous n'ayons organisé de nouveau la ligne qui doit marcher ! La deuxième ligne, c'était la réquisition, la masse. Elle demeurait en arrière, dans des postes retranchés
où elle pouvait s'armer, se discipliner, s'accoutumer, suivant l'expression
de Dugommier, a son nouvel état. Ne fallait-il pas, pour en tirer parti, la
regarder comme une force d'inertie, jusqu'à ce que l'exercice et l'habitude
du métier l'eussent rendue active et capable de combattre ? Comment, écrivait le général à Bouchotte, veut-on raisonnablement qu'un homme sache avant
d'apprendre ? Non qu'il faille à nos républicains une fine tactique pour
vaincre l'ennemi, mais il faut que le plus grand nombre voie que tous les
coups de fusil ne tuent pas, et lorsqu'un bataillon est tout neuf, il est
bien difficile qu'il ne s'ébranle pas au premier feu, surtout quand il ne
connaît ni droite ni gauche, et à peine la charge de ses armes, qui font même
peur à celui qui les porte. Vois une troupe faire l'exercice à feu pour la
première fois, tu remarqueras la peur des soldats tournant la tête quand le coup
part. Crois-tu que le bruit des balles et des boulets les rassurerait ?[12] Ce tableau de l'armée des Pyrénées-Orientales, telle que Dugommier l'avait trouvée et telle qu'il la réorganisa, serait incomplet si l'on ne connaissait les collaborateurs qu'il sut choisir ou garder. Le général Lamer, qui fut, sous l'Empire, inspecteur aux revues, était chef de l'état-major. Il avait déjà fait ses preuves à l'armée des Pyrénées-Orientales. Le commissaire Hardy le qualifiait de bon républicain. L'agent Revest le jugeait patriote, intelligent, courageux, et le 10 janvier 1794, les représentants Milhaud et Soubrany, comptant sur son zèle et son dévouement, le nommaient général en chef provisoire jusqu'à l'arrivée de Dugommier. C'était un très bon administrateur, et il contribua grandement aux succès de la campagne. À cette époque, la principale fonction du chef d'état-major, c'était d'exercer la police de l'armée et d'assurer ses besoins ; le généralissime concevait les plans. et dirigeait les opérations. On voit donc Lamer, durant le cours de l'année 1794, se prodiguer, se multiplier ; il est tantôt ici, tantôt là ; il a, dit-il, sur les bras une armée de 60.000 hommes, qui s'étend sur un terrain immense, et il désire être partout ; il visite les cantonnements et les hôpitaux ; il envoie les mauvais sujets aux prisons de Perpignan ; il stimule, il tance le commissaire-ordonnateur et les. adjudants-généraux ; il transmet de tous côtés les ordres du général en chef. Rarement il accompagne Dugommier. Il n'assiste pas au siège de Collioure, et il écrit qu'il souhaite de se trouver à la reddition de cette place pour établir le plus grand ordre et sauver à la République les magasins et effets. Actif, agissant, infatigable, il recommande à ses auxiliaires sa propre activité, fiévreuse, incessante : Il faut faire en ce moment comme faisait Moïse. Il a son franc parler et il proteste courageusement contre les réquisitions des représentants qui désorganisent parfois les bataillons et les saignent. Dans certains, 150 à 200 hommes sont absents. Il semble, remarque Lamer, que tous les genres de métiers s'y trouvent ; les armées ne sont-elles donc composées que de maçons, de manouvriers et de charpentiers ? Il est simple dans ses goûts, ménager des deniers publics, soucieux d'accroître les ressources du trésor national, et il prie l'administration du district de Perpignan de vendre les meubles précieux que renferme la maison de l'émigré Campredon, occupée par l'état-major : Nous n'avons pas besoin de glaces et de fauteuils ; des tables, des escabelles nous suffisent. Il s'attacha sincèrement à Dugommier, et peut-être l'avait-il connu jadis, car il avait fait trois campagnes à la Martinique, de 1770 à 1772. Ce qu'on sait, c'est que plus tard il évoquait volontiers l'ombre de son immortel ami planant dans le séjour céleste de la vertu. En 1794, lorsqu'il apprend que Dugommier a reçu devant Saint-Elme une contusion, ta contusion, écrit-il affectueusement, sera, comme à Toulon, le présage d'une seconde victoire. Il sait que Dugommier ne peut supporter le pain de munition qui contient du sable ; il lui fait envoyer chaque jour deux ou trois petits pains blancs fabriqués à l'ambulance. C'est, dit-il, une attention que je prends avec lui pour le dédommager, s'il est possible, des peines qu'il éprouve au bivouac. Il lui réserve dans le butin espagnol un bon lit et de bons matelas. Qui mieux que toi, lit-on dans une de ses lettres à Dugommier, a le droit de profiter de ces petits avantages ? Je voudrais deviner ce qui peut t'être agréable en tout genre pour te prouver mon dévouement et mon pur attachement. Lamer avait de bons collaborateurs. Tous les officiers de l'état-major qui ne pouvaient remplir leurs fonctions et qui ne savaient faire les reconnaissances topographiques ou tracer les directions des colonnes et les mouvements de l'armée, étaient rentrés dans leurs corps. Ceux qui restaient reçurent des instructions rigoureuses, et Lamer leur rappela fréquemment leurs devoirs : procéder avec méthode et clarté, tenir la main à l'exécution des lois et des arrêtés des représentants, s'occuper sans relâche de l'organisation de leur division, s'efforcer, par leur vigilance et leur zèle, d'atteindre à la perfection de l'ordre et de la discipline[13]. Les principaux étaient Cosson, Compans, Grézieu, Clauzel. Cosson, ancien aide de camp de Flers, nommé en octobre 1794 adjudant-général chef de brigade sur la demande de Dugommier, par Milhaud et Soubrany, était chargé de la partie de l'infanterie et de la cavalerie. Revest, Lamer, Pérignon, Schérer, firent son éloge. Revest assurait qu'il était bon patriote, et Lamer, qu'il servait avec la plus grande distinction ; Pérignon le croyait propre à tous les emplois, et Schérer disait plus tard qu'il n'y avait qu'une voix dans l'armée sur son compte. Compans, naguère capitaine au 3e bataillon de la Haute-Garonne, avait été promu, après le siège de Toulon, adjudant-général chef de bataillon ; c'est le Compans d'Austerlitz, de Leipzig et de Waterloo. Grézieu, lieutenant-colonel de la légion des Pyrénées, noté par Revest comme patriote et bon militaire, était grand ami de Pérignon, qui le jugeait fait pour servir d'exemple à tous égards et qui l'emmena dans sort ambassade d'Espagne ; c'est un des rares officiers de cette époque qui refusèrent le grade de général : l'emploi d'adjudant-général, disait-il modestement, me rassure contre la juste défiance que j'ai de mes forces. Clauzel était le futur maréchal, l'homme que Napoléon regrettait de n'avoir pals nommé en 1815 ministre de la guerre, l'homme qui par ses moyens et sa vigueur semblait au prisonnier de Sainte-Hélène capable de renverser les Bourbons et de se mettre à leur place. Sous-lieutenant d'infanterie, capitaine de cavalerie dans la légion des Pyrénées, devenu bientôt, grâce à Pérignon et à son oncle le conventionnel, adjudant-général chef de brigade, il attirait déjà l'attention. Lamer louait ses talents et son zèle pour le bien de la chose publique ; Pérignon le regardait comme excellent, très brave, et quoique jeune, digne de sa place, plein des qualités qui rendent un citoyen cher à la patrie. Les principaux lieutenants de Dugommier étaient les trois divisionnaires auxquels il avait confié les trois divisions de son armée : Augereau qui commandait la droite, Pérignon qui commandait le centre, Sauret qui commandait la gauche. Augereau avait aux yeux de l'armée un incontestable mérite
: son républicanisme avéré. Le conventionnel Sergent, qui le connaissait par
son beau-frère Marceau — Augereau et Marceau avaient servi côte à côte dans
la légion germanique — l'avait recommandé vivement à Bouchotte comme honnête homme, plein de franchise et de courage,
habitué au métier et né dans le faubourg Saint-Marcel. Ami de Turreau qui
l'avait emmené aux Pyrénées-Orientales, l'adjudant-général Augereau attira
par ses lettres l'attention du ministre : il écrivait en novembre 1793 que
les troupes manquaient de tout, que le plus grand désordre régnait dans les
administrations des vivres et des charrois, que personne ne se trouvait à son
poste, que les représentants se faisaient généraux et que les généraux étaient nuls ou peu de chose. Le 23
décembre, Bouchotte le nommait général de division en assurant au Comité
qu'il était patriote et qu'il avait des moyens militaires. Augereau marchait
alors vers Toulon à la tête des bataillons envoyés de Toulouse ; il revint
sur ses pas. Dans ton grade nouveau, lui
marquait Bouchotte, tu seras plus à même de développer
tes talents guerriers et civiques pour le service de la République.
Tous les jacobins des Pyrénées-Orientales applaudirent à cette promotion. Nous voyons au moins, s'écriait Hardy, un général sans-culotte ! Mais Augereau avait
d'autres et admirables qualités. Il fut le héros de la campagne de 1793, et
il ne devait pas déployer seulement l'intrépidité, l'énergie impétueuse ; il
jugeait d'un coup d'œil ferme et prompt une situation ou un terrain.
Extraordinairement actif, il ne cessait de visiter ses positions, d'observer
les mouvements de l'ennemi, de concevoir des manœuvres hardies et rapides ;
il devinait, flairait le danger des siens et paraissait toujours à propos
pour les tirer d'embarras. Ses soldats ne juraient que par lui, et pourtant
il les traitait sévèrement et leur imposait une rigoureuse discipline : Il faut, disait-il, de
l'ordre dans une armée, et il faut de plus, dans une armée républicaine, un
zèle ardent et un dévouement sans bornes. Dugommier le prit en
affection et le préférait de beaucoup à Pérignon et à Sauret. Évidemment il
aimait la chaleur révolutionnaire d'Augereau et son heureuse audace, sa
vigueur de main : il avait en lui la plus grande confiance. Je suis, lui mandait-il une fois, d'autant plus tranquille que tu sauras tirer parti des
circonstances où tu te trouveras ; et à la veille de la bataille du
Boulou : Je me repose parfaitement sur toi[14]. Pérignon, déjà noté comme un vaillant officier, intelligent, zélé et bon à tout lorsqu'il n'était que sous-lieutenant aux grenadiers royaux du Quercy, où il faisait les fonctions d'adjudant-major, Pérignon, membre de l'Assemblée législative où il connut de prés les hommes et apprit à les manier, lieutenant-colonel de la légion des Pyrénées qu'il se piquait d'avoir présentée chaque jour à l'ennemi et non sans succès, Pérignon montrait à la fois bravoure et décision. A la défense du camp de l'Union, il avait ramené sa légion au combat en courant, le fusil d'un blessé à la main, se joindre aux grenadiers du régiment de Champagne qui résistaient encore ; à l'attaque du plateau de Peyrestortes, il commandait le centre de la division d'Aoust ; à Trouillas, il était à la tête de la gauche ; à Saint-Luc, le 21 décembre, il arrêtait par sa froide ténacité l'élan des Portugais qui fondaient sur notre droite, et c'était lui qui formait l'arrière-garde, qui au soir couvrait la retraite. Aussi, sur la recommandation de Revest et de Turreau, fut-il promu général de division : Revest le jugeait patriote et bon militaire, et 'Turreau avait écrit qu'on pouvait également compter sur ses talents et son civisme. Sauret, disait Lamer, jouissait à juste titre de la meilleure réparation ; Bouchotte, Revest, Turreau le regardaient comme excellent officier. Il servait depuis 1756, et il avait reçu à Rossbach un coup de sabre sur la tête : c'est pourquoi il était sais-lieutenant avant la Révolution. Devenu colonel de son régiment, le régiment de Champagne, en 1793, il avait combattu vaillamment contre Ricardos. Le 20 avril, à Céret, il donnait aux fuyards le temps de s'écouler par la route du Boulou. Le 19 mai, au Mas-Deu, il obtenait des représentants, pour sa conduite ferme et courageuse, le grade de dut' de brigade. A la reprise de Villelongue, où il commandait la seconde colonne, il était atteint d'un coup de feu à la jambe gauche. A la retraite du 21 décembre, il luttait vigoureusement au Pla del Rey contre Las Amarillas. Il fut le surlendemain, de même que Pérignon, promu général de division par Bouchotte. Deux brillants généraux commandaient la cavalerie : La Barre et, après la mort de La Barre, Dugua. La Barre fut une des figures les plus originales de cette armée. Né au fort du Missouri, dont son père était gouverneur, il avait fait la campagne d'Amérique comme lieutenant de dragons et reçu sous les murs de Savannah une blessure qui lui valut la croix de Saint-Louis et le brevet de capitaine. Colonel en 1791, il obtint le grade de général de brigade à l'armée d'Italie et devant Toulon. Carbaux voulait lui confier la division de l'est à la place de La Poype. Il était noble et ne faisait pas mystère de sa nobles ; on le savait gentilhomme de la province de Normandie, et il avait été, au mois de juillet 1792, inscrit sur la liste des émigrés de la Seine-Inférieure. Mais sa haute taille, ion air résolu et pourtant empreint de douceur et de bonté, sa bravoure, sa belle ardeur, l'énergique discipline qu'il imposait à ses troupes, ses qualités aimables, l'urbanité de ses m4nières et cette politesse d'ancien régime que les officiers de la Révolution appréciaient encore, l'entraînante gaieté, de sa conversation, le feu qu'il portait dans l'amitié, tout h rendait populaire et cher, à ses entours[15]. Dugua, naguère chef d'état-major de Dugommier au siège de Toulon, s'était déjà signalé dans la campagne de 1793. Avec ses gendarmes, il avait, à la bataille de Perpignan, appuyé notre droite hésitante et refoulé les escadrons espagnols. Après la prise de Toulon, il fut chargé par Saliceti, Barras et Fréron, de conduire la légion des Allobroge et les renforts destinés à l'armée des Pyrénées-Orientales. Employé par Milhaud et Soubrany, il commanda d'abor la cavalerie de l'aile droite, puis tonte la cavalerie. Brive, chargeant l'adversaire quand s'offrait l'occasion, et incapable, disait-il, de faire autrement, il se vantait de n'avoir obtenu qu'au milieu des coups de fusil les grades de général de brigade et de division que lui avaient donnés les représentants. Il sut à la fin de la campagne conserver tant bien que mal, à force de soins et d'expédients, la cavalerie qui manquait de fourrages et que Schérer trouvait, en 1795, dans le meilleur état possible. Inspecteur général de l'armée et commandant de diverses provinces en Égypte, préfet du Calvados où il acquit l'estime et l'affection des habitants, il unissait, témoigne Pérignon, à la valeur, aux talents et à l'expérience une grande fermeté jointe à l'esprit de conciliation. Mais sagace, mordant, mécontent de son inaction, Dugua se permit en 1794 de critiquer les opérations du général en chef. Dugommier le traita froidement et parfois- le tança. Dugua avait écrit directement au capitaine Bessières, adjoint du représentant Beauchamp, pour avoir des selles, et Bessières lui avait répondu ; Dugommier déclara que Bessières ne devait aucun compte à Dugua : Je ne vois pas la nécessité de correspondre avec un de mes subordonnés lorsqu'il s'agit d'un objet d'intérêt général ; ces demandes doivent arriver à moi, et c'est à moi à les adresser à qui de droit. Dugua avait apostillé une requête de l'artillerie volante aux représentants ; Dugommier remarqua que cette lettre concernait le service et devait être envoyée au général en chef qui la remettrait aux commissaires de la Convention : Voilà ajoutait-il, la marche qu'il faut suivre et sans laquelle l'ordre est renversé et le service troublé ; je ne suis point jaloux de mon autorité ; mais je dois l'exercer pour les intérêts de la République, et chacun doit se renfermer dans les bornes de la sienne[16]. Le commandant de l'artillerie était le sexagénaire Fabre de La Martillière, qui put parler à Dugommier de l'île de la Guadeloupe, où il avait passé quatre années, de 1761 à 1768. Il s'était prononcé de bonne heure pour la Révolution et il assurait qu'il professait depuis 1789 le plus pur patriotisme, qu'il n'appartenait pas à la caste ci-devant privilégiée. Colonel au mois d'octobre 1792 après avoir dirigé la fonderie des canons du citoyen Périer et les travaux du camp sous Paris, il fut promu général de brigade au mois d'août 1793. Il avait décidé. du gain de la bataille de Perpignan. Flers affirmait qu'à force de soin et de fatigue, malgré la pénurie totale d'officiers de son armée, il avait su dans cette journée pourvoir à tout, et les représentants ajoutaient qu'on ne pouvait trop faire son éloge. A Peyrestortes, ce fut encore lui qui mena et plaça l'artillerie. Je sers, écrivait-il, avec tout le zèle possible et avec une activité supérieure, j'ose le dire, à celle de mon âge. Il était probe, modeste, estimé de chacun pour ses qualités et ses vertus. Pérignon, qui lui fit obtenir, en avril 1795, le grade de général de division, déclarait qu'il avait la chaleur d'un jeune homme, qu'il rendait des services inappréciables, que jamais militaire n'avait mieux mérité de la patrie, et lorsqu'il fut nommé sénateur, Berthier vanta ses talents et le dévouement qu'il avait montré au blocus de Gênes et aux armées du Rhin-et-Moselle, d'Allemagne, de Mayence et du Danube. Le génie était représenté par le chef Fournier-Verrières, directeur à Perpignan, et par un homme qui joua plus tard un grand rôle, le chef de bataillon Andréossy. Il avait activement conduit les travaux du camp de l'Union en 1793, et Dugommier lui témoigna sa confiance. Lorsque le généralissime allait au mois de juillet à Narbonne, à Leucate et à Agde fixer les points de la côte qu'il faudrait défendre et armer, il emmenait Andréossy avec lui. Outre Andréossy et La Martillière, outre La Barre et Dugua, Sauret, Pérignon et Augereau, il y avait encore à cette armée nombre de généraux de brigade dignes d'être mentionnés. C'était Lemoine, récemment chef du 1er bataillon de Mayenne-et-Loire, nommé général par Bouchotte pour sa conduite au siège de Lyon ; mais, au mois d'octobre, il dut quitter les Pyrénées pour aller à Saumur respirer l'air natal et rétablir sa santé. C'était Quesnel, adjudant-général chef de brigade après l'attaque de la batterie du Sang, promu naguère général sur la proposition de Pérignon, qui louait son patriotisme, son zèle, ses talents militaires et le regardait comme un de ses meilleurs officiers. C'était Rougé qui, selon l'expression de Pérignon, méritait son avancement par sa valeur et l'estime de l'armée par ses vertus morales. Lieutenant-colonel du 7' bataillon de la Haute-Garonne, commandant des chasseurs de la division du centre, il fut nommé général à la fin de 1795 par les représentants Delbrel et Vidal, pour sa bravoure rare et ses talents précieux. C'était Théodore Chabert, chef du 4e bataillon des grenadiers de Villefranche ; comme Lemoine, il s'était signalé au siège de Lyon, et le représentant Reverchon attestait qu'il avait sauté le premier dans une redoute et coupé le bras à un canonnier qui se préparait à mettre le feu à une pièce chargée à mitraille. Il se distingua de nouveau devant Saint-Elme, devant Collioure, et Pérignon assure qu'il joint l'activité à la valeur, qu'il s'est comporté dans toutes les opérations avec le courage d'un républicain et l'intelligence d'un bon officier. C'étaient ceux qui devaient leur grade de général à Dugommier et qu'il avait appelés presque tous de l'armée d'Italie à celle de Toulon et de celle de Toulon à celle des Pyrénées-Orientales : Victor, Despinoy, Micas, Guillot, Pelletier, Joseph Martin. Victor commandait la réserve, et Pérignon lui rendait alors cet hommage, qu'il avait de grands talents et réunissait toutes les qualités qu'on peut désirer dans un général. Despinoy, capitaine au 91e, nommé adjudant-général chef de bataillon par les représentants Barras, Baille et Beauvais, s'était, témoigne Dugommier, comporté supérieurement à Utelle. La blessure qu'il reçut devant Toulon — il disait lui-même qu'il avait été blessé mortellement ! — lui valut le grade de général. Il remplit au siège de Collioure les fonctions de chef d'état-major, et ce fut lui qui proposa et régla les articles de la capitulation. Micas, chef d'état-major de la division de l'est devant Toulon, commandait la colonne qui, au 17 décembre, avait, suivant ses propres termes, seule emporté les retranchements du Faron, et sur-le-champ Barras le promut général pour la bravoure et l'intelligence qu'il avait déployées dans cette journée. J'ai été nommé, disait Micas, sur la montagne du Faron. Il se signala de même à l'armée des Pyrénées-Orientales, et Pérignon certifiait qu'il était rempli de talent et de vertu, qu'on ne saurait trop faire son éloge. Guillot a été loué par Bonaparte, qui le jugeait un excellent militaire, et par Pérignon, qui voyait en lui un bon et brave officier, très propre à commander une avant-garde. Pelletier, naguère capitaine de grenadiers au régiment du Maine, avait été bombardé général sur la recommandation de Dugommier. Joseph Martin, plus tard membre du Conseil des Cinq Cents[17] et préfet du département des Pyrénées-Orientales, regardé dès 1795 par Lamer comme très propre au commandement d'une division territoriale par son caractère et son exactitude, unissait les qualités de l'administrateur à celles du militaire. Il est très intéressant sous tous les rapports, disait Pérignon, et susceptible de bien bonnes combinaisons pour des opérations en grand. Les généraux qui servirent plus spécialement sous Augereau, Davin, Guieu, Bon, Mirabel, ont une place à part. Davin, sergent-major au 4e régiment d'artillerie, était entré dans les bataillons de volontaires et il commandait le 3e de la Drôme lorsqu'il fut appelé devant Lyon. Il se distingua durant le siège ; il dut, dit-il, remplir à la fois les fonctions d'officier supérieur de l'artillerie et du génie et de commandant des colonnes d'infanterie. Aussi fut-il, avec Lemoine et Chabert, promu au grade de général par le ministre Bouchotte. Il reçut à l'armée des Pyrénées-Orientales les éloges de Dugommier, qui le jugea bon, intelligent et actif[18]. Guieu, ancien soldat au 7e régiment d'artillerie, élu en 1791 capitaine et en 1792 lieutenant-colonel du 1er bataillon des Hautes-Alpes, chef de brigade en 1793, général depuis le 25 décembre, passait pour un excellent officier. Scherer le trouvait très bon et très brave, et Pérignon assurait qu'il s'était toujours conduit avec beaucoup de valeur et d'intelligence, qu'il possédait toutes les connaissances militaires. Bon, qui mourut devant Saint-Jean d'Acre, était un ancien soldat de Bourbon-Infanterie, élu en 1792 chef du 1er bataillon des grenadiers de la Drôme et placé par Dugommier à la tête du 40 bataillon de chasseurs. D'un bout à l'autre de la campagne de 1794, il ne cessa de se mettre en évidence. Partout où il a été employé, dit Augereau, il a développé les plus grands talents militaires, la plus rare intelligence, et la conduite de ses chasseurs, qui ont dans toutes les occasions fait des prodiges de valeur, est au-dessus de tout éloge. Il donne, à Oms des preuves du plus beau sang-froid, et bien qu'il reçoive deux coups de feu, il ne quitte l'action que lorsqu'elle est finie. Au 19 mai, à l'affaire de la Fonderie qui lui vaut le grade d'adjudant-général chef de brigade, et le 13 août, à la journée de Saint-Laurent de la Mouga, il est un de ceux qui contribuent le plus puissamment au succès. Le 17 novembre, à la Montagne Noire, il guide l'avant-garde, et le 20 où il est blessé, les représentants Delbrel et Vidal le nomment général, parce qu'il s'est signalé par les traits de bravoure les plus éclatants. Mais le plus remarquable des lieutenants d'Augereau et,
avec Augereau et La Barre, le plus populaire de tous les 'généraux de cette
armée, c'était Mirabel. Il avait servi pendant quatre années au régiment des
dragons de Languedoc et il était peseur au bureau des douanes d'Agde lorsqu'il
fut nommé par les représentants du peuple lieutenant instructeur de la
cavalerie nationale du Gard et de l'Hérault, puis capitaine instructeur de
toute la cavalerie nationale et de l'artillerie légère de l'armée des
Pyrénées-Orientales. Il déploya sur les champs de bataille de 1793 une
bravoure extraordinaire. Dans l'espace de cinq mois, il reçut quatre
blessures : le 19 mai, un coup de feu à la jambe ; le 17 juillet, un coup de
sabre à l'épaule ; le 29 août, un coup de sabre à la tête ; le 17 septembre,
un coup de sabre à la main. Devant Perpignan, seul contre sept cavaliers
espagnols, il en avait tué deux, démonté le troisième et mis en fuite les
quatre autres. A Peyrestortes, c'était lui qui, au galop de son cheval, avait
porté les ordres de Cassanyes et de Fabre à la division Goguet. Aussi
devint-il avant la fin de l'année commandant des flanqueurs à cheval, et le
23 décembre, Bouchotte, reconnaissant qu'il ne cessait de se distinguer, lui
envoya le brevet de général. Nul, même Augereau, ne l'égalait en ardeur belliqueuse
et en flamme martiale. Je ne te parle pas,
écrivait-il le 13 mars 1794 à Bouchotte, de ce que
produira le zèle des généraux sans-culottes ; ils feront leur devoir ; ce mot
embrassa tout. Les représentants ne s'exprimaient sur son compte
qu'avec admiration. Nous l'avons connu,
disaient Milhaud et Soubrany, sous les rapports les
plus avantageux du républicanisme et du courage. Aux jours de
bataille, il se multipliait, on le rencontrait partout, et les Espagnols, qui
ne voyaient que lui dans la mêlée, le prenaient pour le général en chef.
Lorsqu'il mourut, Dugommier lui paya un juste tribut de regrets. Ses soldats
l'enterrèrent dans le camp avec les plus grands honneurs au pied de l'arbre
de la Liberté, et ils témoignèrent leur douleur d'une façon naïve et
touchante dans un procès-verbal qui recueillit un nombre considérable de
signatures : Ami sincère du soldat, aussi prompt à
l'obliger que zélé défenseur de ses droits, il sut toujours lui rendre
justice et lui servir de père ; aussi a-t-il emporté au tombeau les larmes de
ses frères d'armes, et ils ont cru, par ce faible narré, donner à ce brave
homme des marques de leur estime et de leur attachement. Les habitants
du pays où il faisait la guerre, s'étaient pris pour lui d'une vive sympathie
; ils le nommaient, à cause de sa moustache, le général Moustachou, et la
mémoire de Mirabel vécut longtemps dans la vallée de la Mouga. Il avait
relevé de ses ruines la chaumière d'un jeune et pauvre ménage de La Guardia ;
le soir du combat où il périt, dans la gorge de Terradas, la femme qu'il
avait secourue alla prier et pleurer sur son cadavre, et plus d'un
demi-siècle plus tard, lorsque, vieille et infirme, elle montrait à un
Français l'endroit oti Mirabel était mort, elle s'agenouillait et de nouveau
elle priait en pleurant pour son bienfaiteur[19]. Comme Mirabel, plusieurs généraux de cette armée devaient mourir pour la patrie — non pas à l'armée des Pyrénées-Orientales, mais à l'armée d'Italie — c'étaient Banel, Beyrand, Causse, Charlet, Point, Robert[20]. Banel, ancien sergent au régiment de Vintimille, chef d'un bataillon de l'Aude, s'était fait remarquer dans la campagne de 1793, au combat d'Orle, à la bataille de Peyrestortes, à la reprise de Villelongue. Il périt, en 1796, à l'attaque du château de Cossaria. C'est, disait Lamer, un homme plein d'ardeur qui, à la tête des avant-gardes, rend et rendra d'inappréciables services ; et Pérignon le tenait pour un des officiers les plus valeureux de la République, pour un de ceux avec lesquels on ne peut que vaincre, parce qu'il s'était distingué particulièrement dans une infinité d'actions. Beyrand, ancien soldat de Bassigny et de Touraine, capitaine au 2e bataillon de la Vienne, alors adjudant-général, devait, après avoir décidé du combat de Lodi, succomber à Castiglione, eu menant ses soldats à l'attaque des hauteurs ; les représentants Delbrel et Vidal le nommèrent général à la fin de novembre 1791, à cause de sa bravoure éprouvée et, ajoutaient-ils, de sa grande application et des vues très saines qu'il avait toujours montrées. Causse, ancien sergent-major au régiment de Boulonnais, promu lieutenant et adjudant-major par la Révolution, alors lieutenant-colonel du 1er bataillon du Mont-Blanc, reçut en 1796, à Dego, une blessure mortelle. Pérignon a dit de lui qu'il était excellent officier et servait avec un zèle et une exactitude dignes d'éloges. Charlet s'était signalé, dès 1782, comme sergent au régiment de Penthièvre en sauvant ses compagnons naufragés sur la côte de Cadix, et il mourut d'un coup de feu à la tête en pénétrant à Loano dans les retranchements ennemis. L'agent Revest le notait lion militaire et Dugommier rendit hommage à ses talents. Charlet, écrit Pérignon, a donné plusieurs fois des preuves de son expérience à la guerre, et il remplira toujours ses devoirs avec honneur et à l'avantage de la République. Point, adjudant de Royal-Champagne cavalerie, chef du 4.2e bataillon du Mont-Blanc, général de brigade depuis le mois d'octobre 1793, fut tué en 1798, dans les Abruzzes, au pont de Popoli. Robert, garde-française et vainqueur de la Bastille, alors adjudant-général, fut, à la fin de 1794, général de brigade, et il devait tomber au pont d'Arcole, en poursuivant les Autrichiens. Augereau disait de lui qu'il avait déployé constamment du patriotisme et du courage, et Pérignon, qu'il était capable de bien mener une brigade. D'autres officiers de cette armée, destinés à la gloire, ne furent généraux que plus tard : Bessières, Dessaix, Destaing, Duphot, Lannes, Papin. Bessières, capitaine des grenadiers de la garde nationale de Prayssac, sa ville natale, avait servi dans la garde constitutionnelle de Louis XVI. Mais nul n'était, en 1793 et en 1794, plus jacobin que lui. Il assurait qu'il avait, durant son séjour à Paris, assidument fréquenté le club : Je n'étais, écrit-il alors, jamais plus content que lorsque je siégeais dans son sein. Au sortir de la garde constitutionnelle, il s'enrôla dans le bataillon de la section de la Fontaine de Grenelle, et au 10 août, il marcha contre les Tuileries. Adjudant sous-officier dans la cavalerie de la légion des Pyrénées, il se signala par ses motions à la Société populaire d'Auch et s'attira, dit-il, la haine de Ramel, son chef d'escadron : Ramel était le plus scélérat et le plus traître de tous les conspirateurs ; il m'opposait son autorité, j'opposais mon patriotisme et une conduite irréprochable ; il a péri sur l'échafaud, peine due à ses forfaits ; j'ai le bonheur de servir encore la patrie. Envoyé à Toulouse pour hâter la confection des uniformes de la légion, il alla, sur l'ordre du représentant Chaudron-Roussau, arrêter le girondin Dardignac, et il se vantait d'avoir opéré cette arrestation malgré l'insolence et la supériorité d'un parti effréné et aristocratique. Employé à l'armée des Pyrénées-Orientales, élu par ses camarades sous-lieutenant, puis lieutenant, puis capitaine de la cavalerie légère de la légion, devenue le 22e chasseurs, il fut adjoint de l'adjudant-général Quesnel et, durant trois mois, du représentant Beauchamp, qui loua son zèle et sa connaissance des détails[21]. Dessaix, qu'on a surnommé le Bayard de la Savoie, Dessaix, blessé naguère devant Toulon, au 21 septembre, lorsque Delaborde essaya de prendre l'Éguillette, était alors chef de la légion allobroge, et il a glorifié dans ses lettres non seulement l'enthousiasme de ses hommes pour la République et la haine. de la tyrannie qui se gravait de plus en plus dans leurs cœurs, mais le dévouement de toute l'armée et le courage qu'elle montra pendant les campagnes de 1794 et de 1795, privée de solde, réduite à la demi-ration et supportant les privations sans se plaindre[22]. Destaing, neveu de Delzons, était procureur à Aurillac, sa ville natale, lorsqu'il entra comme lieutenant dans le 1er du Cantal. Élu bientôt chef de bataillon, nommé par Soubrany et son compatriote Milhaud adjudant-général chef de brigade, il passait pour un excellent républicain : Carrier disait qu'il était camarade de Destaing en Révolution, qu'il avait avec Destaing et Milhaud consolidé dans le Cantal le règne de la liberté. Lamer n'aimait pas Destaing et ne lui reconnaissait ni talents ni moralité. Mais Dugommier le jugeait aussi instruit que brave, et Pérignon déclarait qu'il était valeureux et remplissait bien ses fonctions. Destaing se distingua surtout au siège du fort Saint-Elme ; blessé d'un éclat de bombe au poignet droit, il refusa de quitter le bivouac. Il devait être promu en Égypte général de brigade pour le courage dont il fit preuve à la bataille des Pyramides et général de division pour les grands services qu'il rendit à l'armée d'Orient. Mais il périt tragiquement, le 5 mai 1802, dans un duel où Reynier était son adversaire. Duphot, ancien sergent au régiment de Vermandois et adjudant-major au 1er bataillon du Cantal, alors adjudant-général, sauta le premier, à la bataille du 20 novembre 1794, dans la redoute de Notre-Dame del Roure. Lannes, capitaine de grenadiers au 2e bataillon du Gers, avait été blessé, le 7 décembre 1793, dans la surprise de Villelongue, et bien que sa plaie ne fût pas fermée, il avait quitté l'hôpital pour prendre part, le 19 décembre, à la reconquête du plateau ; c'était .lui qui commandait l'avant-garde de la première colonne ; il avait avec Laterrade et Garin rallié ses compatriotes du Gers, et il déploya tant de bravoure que les représentants Gaston et Cassanyes le nommèrent sept jours plus tard chef de brigade. Il a bien voulu, disait d'Aoust, se trouver à l'action malgré une blessure ouverte. Lannes devait se distinguer dans les campagnes suivantes, et le chef d'état-major Lamer lui rendait ce témoignage en juin 1795 : Il a donné depuis le commencement de la guerre les preuves de la plus grande valeur et l'exemple des actions les plus intrépides et les plus sagement combinées ; tout ce qu'on peut dire de lui est infiniment au-dessous de ce qu'il mérite. Papin est moins connu. Pourtant, dans les campagnes des Pyrénées, il joua son bout de rôle. Lieutenant-colonel du 8e bataillon de la Gironde, il reçut des habitants de Bordeaux, sa patrie, pour sa conduite en Cerdagne, un sabre d'honneur avec cette inscription : au brave Papin, et ce fut lui qui, dans l'expédition dirigée par Doppet, fit enfoncer les portes de Ripoll. Passé à la division de droite sous Augereau, il commanda les chasseurs à l'avant-garde, devint adjudant-général et refusa, comme Grézieu, le grade de général de brigade. Il quitta le service après la paix ; mais, royaliste de cœur, il conspire, et le 14 décembre 1805 il est condamné à mort par la commission militaire de Nantes pour avoir fait partie d'une agence anglaise qui travaillait dans l'Ouest à renverser le gouvernement. Papin s'était réfugié en Amérique. Louis XVIII le nomma maréchal de camp[23]. Avec de pareils chefs, l'armée des Pyrénées-Orientales, une fois reconstituée, pouvait espérer la victoire. Avant l'arrivée de Dugommier, elle était, selon le mot d'Augereau, dans un état inconcevable de découragement et d'abaissement. Dugommier avait ranimé sa confiance et lui avait redonné du cœur. Sous l'influence du nouveau généralissime, qu'elle connaissait énergique et attentif ; sous l'impression des terribles exemples que les représentants avaient statués, elle s'était transformée. Elle sentait la nécessité d'une discipline ferme, de cette discipline que les volontaires du camp de l'Union qualifiaient, en 1793, de chaîne et d'une chaîne bonne au plus pour les esclaves du tyran de Castille. Doppet avait dit que dans cette armée, au moment de l'attaque, tout le monde voulait commander, que chacun proposait ce qu'il fallait faire et que rien ne se faisait ; on savait désormais qu'un seul homme commandait, qu'un seul homme décidait de ce qu'il fallait faire. Un agent du Conseil exécutif vantait la tenue de la division Augereau : supérieurs et subalternes contents les uns des autres, les soldats aimant leur fusil et s'exerçant avec zèle, toutes les tentes alignées et garnies de paille, pas une ordure dans les rues, chaque bataillon ayant son poteau auquel est attaché le bulletin de la Convention, une grande partie de la maison on loge Augereau convertie en un hôpital de convalescents qu'un sergent dirige sans qu'il en coûte un sol à la République. Par une discipline sévère, rapporte Augereau, et par les soins les plus constants que je me donnais pour l'instruction du soldat, je parvins à rendre dans la suite ma division respectable à l'ennemi et un objet d'émulation pour tous nos frères d'armes. Il en était à peu près de même dans les deux divisions Pérignon et Sauret. Les témoignages sont unanimes sur l'entrain des troupes, sur leur obéissance, sur leur patriotisme. Mirabel informait Bouchotte que l'armée n'offrait plus un aspect affligeant, que l'ordre et la subordination qui régnaient faisaient présager les plus brillants avantages : L'avant-garde est le modèle de toutes les vertus militaires ; avec des soldats libres, courageux et disciplinés, on vient à bout de tout. Dessaix écrivait à la même date que l'armée avait bonne figure ; elle est dans les meilleures dispositions ; nous avons des généraux sans-culottes, dignes des soldats qu'ils ont l'honneur de commander, et avec eux on est sûr de la victoire. Dans une lettre du 10 avril, Milhaud et Soubrany annonçaient à la Convention que l'armée était régénérée et pourvue de tout, que son excellente organisation et son ardeur promettaient le triomphe, que jamais troupes n'avaient été mieux tenues ni plus républicaines, qu'officiers et soldats montraient la même valeur, le même amour de la patrie, la même fraternité philanthropique. Lamer marquait que l'armée désirait se battre, qu'on ne parlait de la liberté qu'avec enthousiasme dans tout le camp, que les sages arrêtés des représentants et l'active vigilance du général en chef avaient heureusement introduit et maintenaient la discipline. Dugommier voyait l'impatience généreuse de ses bataillons, et il n'hésitait pas à leur dire : Patience et constance, camarades, il nous manque encore quelque chose pour un plein succès ! Plusieurs années plus tard, l'interprète Pontet évoquait ainsi les souvenirs de la campagne commençante : Dugommier visitait souvent son armée et lui inspirait cette énergie patriotique, ce brûlant courage qui animaient son âme. L'armée en était imbue. Elle avait le sentiment de ses propres forces. Nos camps offraient un spectacle terrible et bien consolant en même temps ; toutes les vertus semblaient s'y être réfugiées, la tendre amitié, une confiance entière, le désintéressement le plus absolu, un dévouement sans bornes à la cause de la liberté ![24] |
[1] Ordre du jour du 20 janvier (A. G.).
[2] Dugommier à Bouchotte, 1er février ; — au Comité, 1er et 27 février ; — à Bonaparte, 3 février ; — à Doppet, 12 mars (A. G.).
[3] La Barre à Dugommier, 6 avril ; — Chaillet de Verges à Doppet, 10 décembre ; — Dugommier au Comité, 20 février (A. G.) ; — Rec. Aulard, IX, 456.
[4] Dugommier aux représentants, 20 janvier, au Comité et au ministre, 1er février (A. G.).
[5] Dugommier à Bouchotte, 28 mars, et à Doppet, 6 février (A. G.).
[6] Ordres des 11 et 13 février ; — Dugommier au Comité, 10 mai, 11 septembre et 3 novembre ; — lettre d'Augereau, 17 août ; — mémoire de Desdorides (A. G.).
[7] Dugommier à Beauchamp, 17 février, et au Comité, 9 et 11 avril (A. G.).
[8] Famet, Carnet de la sabretache, 1902, p. 473-415.
[9] Cf. Rec. Aulard, IV, 261, 427 ; V, 279 ; VII, 460 ; VIII, 686 ; IX, 456, 577 ; X, 59, 607 ; — Flers à Sauviac, 14 juillet ; — Hardy à Bouchotte, 2, 7, 11 décembre ; — Dugommier à Bouchotte et au Comité, 17 février ; Bouchotte à Dugommier, 23 janvier (A. G.).
[10] A. Chuquet, l'Expédition de Custine, 234 ; et Mayence, 208.
[11] Cf. Dugommier à Bouchotte, 17 février, et au chef du 7e bataillon de chasseurs, 28 avril ; — mémoire d'Augereau, 18 septembre ; — instruction pour la formation d'une compagnie de chasseurs par bataillon ; — correspondance de Lamer, 18 et 28 mars, 22 avril (A. G.). — Voici, du reste, la composition de ces bataillons de chasseurs au mois d'avril, dans la première partie de la campagne ; ils furent formés par des compagnies de chasseurs tirés des bataillons suivants : 2e bataillon : 7e, 35e, 79e, 1er Côtes maritimes, 2e Ardèche, 4e Haute-Garonne, 4e Mont-Blanc, 5e Vaucluse, 7e Ariège ; — 3e bataillon : 2e et 3e bataillon de la 39e demi-brigade, 8e Bec d'Ambez, 2e et 3e Côtes maritimes, 3e Haute-Garonne, 6e Hérault, 9e Drôme ; — 4e bataillon : 28e, 1er Gard, 1er Béziers, Amis du peuple, 1er Cantal, 4e Côtes maritimes, 5e et 6e Bec d'Ambez, 6e Montagne ; 5e bataillon : 53e, 1er Ariège, 2e Haute-Garonne, 3e et 4e Tarn, 3e Haute-Vienne, 4e Aude, 4e Lot, 5e Haute-Garonne ; — 6e bataillon : 70e, 3e et 4e Pyrénées-Orientales, 4e Gard, 5e, 6e et 7e Aude, 1er Hautes-Alpes, 5e Haute-Garonne ; — 7e bataillon : 1er, 2e et 3e bataillons de la 147e demi-brigade, 3e Ardèche, 4e Ariège, 6e et 7e Côtes Maritimes, braconniers montagnards. Il semble que le 1er bataillon n'ait jamais été formé et que les six bataillons de chasseurs aient porté les n° 2, 3, 4, 5, 6 et 7. Nous avons retrouvé les noms de quelques-uns de ceux qui les commandèrent. Le 2e bataillon de chasseurs eut pour chef Barbota le 3e, Compans ; le 4e, Bon ; le 5e, Sempé ; le 6e, Laforge ; le 7e, Rabié. Deux de ces chefs, Compans et Bon, sont connus. Laforge (François-Denis), capitaine au 10e d'infanterie, nommé devant Toulon adjudant-général, chef de bataillon par les représentants, mourut à Perpignan le 26 octobre 1791. Rabié, ancien fourrier au régiment d'Agenois, chef du 5e bataillon de la Gironde, devint colonel et commandant d'armes au Havre. Lagrange, que Pérignon jugeait excellent officier, était à la tête du 1er bataillon de grenadiers. Noguès, qui devint général de brigade (capitaine au 2e bataillon des Hautes-Pyrénées, il avait été fait chef de bataillon après Peyrestortes), conduisit le 2e bataillon de grenadiers ; il reçut un coup de feu à la bataille de Saint-Laurent de la Mouga ; Pérignon le nomme un des plus braves et des meilleurs officiers de l'armée. Il s'est, dit Pérignon, distingué dans toutes les actions et ne doit son avancement qu'à son mérite.
[12] Dugommier à Lamer, 14 février ; à Bouchotte, 17 février ; — au Comité, 31 mars ; — à Augereau, 2 juin (A. G.).
[13] Hardy à Ronsin, 12 décembre ; — Lamer aux administrateurs du district de Perpignan, 21 mars ; — à Bonnet, 26 mars ; — à Motte, 6 mai ; — à Clauzel, 7 mai ; — à Dugommier, 9 et 11 mai ; — à Cros, 14 mai (A. G.).
[14] Augereau à Sergent, 8 novembre ; — et Bouchotte à Augereau, 23 décembre ; — Hardy à Bouchotte, 4 janvier ; — ordre du jour d'Augereau, 23 août ; — Dugommier à Augereau, 28 avril et 1er mai (A. G.).
[15] Cf. un mémoire de Baudart (A. G.).
[16] Dugommier à Dugua et à Bessières, 3 et 6 juillet (A. G.).
[17] Il fit, le 14 décembre 1797, un rapport sur la maison militaire des Invalides.
[18] Dugommier à Augereau, 28 juin (A. G.).
[19] Dugommier à Augereau, 15 août (A. G.) ; — Fervel, II, 155-156.
[20] Voir sur ces généraux (tous généraux de brigade à l'exception de Charlet, général de division depuis le 23 décembre 1793), le livre de J. Charavay, les Généraux morts pour la patrie, passim.
[21] Cf. un mémoire de Bessières à Milhaud et Soubrany (A. G.).
[22] Folliet, les Volontaires de la Savoie, 37, 52, 55.
[23] Papin, nommé maréchal de camp le 1er février 1817, est mort à Agen le 5 août 1825.
[24] Mémoire d'Augereau, 18 septembre ; — Hardy à Bouchotte, 11 février ; — Mirabel à Bouchotte, 13 mars ; — Lamer à Ricord, 19 avril ; ordre du jour du 12 avril ; — Mémoire de Pontet (A. G.) ; — Revilliod, Portraits et Croquis (1882), I, 158 ; — lettre des représentants, 10 avril, Moniteur du 19 ; — Doppet, Mém., 253 ; — un des meilleurs bataillons était le 3e bataillon de l'Ardèche, fort de 1.100 hommes, bien armé, bien équipé et composé d'une très belle jeunesse (Lettre de Lamer, du 6 mars).