DUGOMMIER

1738-1794

 

CHAPITRE III. — TOULON.

 

 

Fortifications de Toulon. — Travaux des alliés. — Leurs troupes. — Leurs renforts. — Dissentiments. — L'armée assiégeante. — Bonaparte. — Tentative contre l'Eguillette (22 septembre). — La redoute anglaise ou le Petit-Gibraltar. — Carteaux. — La Poype. — Petits échecs. — Lenteurs. — Rappel de Carteaux. — Doppet. — Ricord à Paris. — Affaire du 15 novembre. — Arrivée de Dugommier au quartier général (16 novembre).

 

Toulon passait, en 1793, pour une des bonnes places d'Europe[1].

Du côté de la mer, le fort La Malgue barrait l'accès de sa Grande Rade, et la Grosse-Tour, ainsi qu'à l'opposé de la Grosse-Tour, les forts Balaguier et de l'Éguillette sur le promontoire du Caire, fermaient l'entrée de sa Petite Rade.

Du côté de la terre, la ville était couverte par une enceinte de sept bastions et par des ouvrages qui couronnaient de hautes collines. A la vérité, ces ouvrages assez mal faits ne se soutenaient pas mutuellement. Mais, à l'ouest, le fort Malbousquet balayait la route d'Italie ; an nord, sur un contrefort de la rocheuse montagne du Faron — que les contemporains nomment presque tous le Pharaon — le fort Saint-Antoine avec ses deux redoutes, la redoute Rouge et la redoute Blanche, la redoute Saint-André, le fort des Pommets, un de ceux dont le tracé était le plus vicieux, dominaient la vallée des Favières ; au nord-est, sur un autre contrefort du Faron, étaient le fort l'Artigue et le fort Sainte-Catherine ; à l'est, dans le plat pays qui s'étend du Faron à la. mer, le fort La Malgue, bâti avec grand soin, pourvu de quatre bastions, et regardé comme la citadelle de Toulon, battait la route d'Italie aussi bien que la Grande Rade.

Les alliés, que les Toulonnais, exaspérés contre la Convention, avaient appelés à la fin du mois d'août 1793, augmentèrent peu à peu cet ensemble de défenses. Pour protéger la Grande Rade, ils construisirent une redoute sur la hauteur du cap Brun et des fortifications dans l'isthme très étroit des Sablettes qui sépare la terre ferme de la Croix des Signaux, au Lazaret et à Saint-Elme. Pour protéger la Petite Rade, ils établirent un camp qu'on nomma le Grand Camp ou le camp de Balaguier[2], sur le promontoire du Caire, au-dessus des forts Balaguier et de l'Éguillette, qui n'étaient que des batteries de côte. Mêmes travaux du côté de la terre. Ils mirent Malbousquet à l'abri d'un coup de main par un chemin couvert entouré de chevaux de frise et d'abatis, et Malbousquet, qui n'était d'abord qu'une redoute, devint un véritable fort. Ils dressèrent des batteries derrière Malbousquet sur les deux hauteurs de Missiessy. Ils garantirent Saint-Antoine par un retranchement en murs de pierres sèches. Ils élevèrent une redoute à la Croix de Faron, sur le point le plus haut de la montagne, et placèrent un détachement à l'issue des gorges d'Ollioules, au pas de la Masque, passage extrêmement difficile par la nature du terrain et la raideur de la pente, défilé très scabreux, comme on disait, par oh l'ennemi ne pouvait arriver sans être vu ou entendu.

Ils avaient, pour garder les forts et le port, des troupes et une flotte.

L'escadre anglaise avait à sa tête lord Hood, qui fut, avec le général O'Hara et sir Gilbert Elliot, un des trois commissaires du roi d'Angleterre ; l'escadre espagnole, don Juan de Langara ; L'escadre napolitaine, le général Forteguerri.

Lord Mulgrave, puis O'Hara, puis David Dundas commandèrent les troupes anglaises ; l'amiral Gravina, secondé par Izquierdo et Raphaël Valdès, les Espagnols ; le prince de Pignatelli de Cerchiera, les Napolitains ; M. de Foras, puis le chevalier de Revel, puis le brigadier de Huiler, les Piémontais.

Ces troupes étaient bonnes. Seuls les Napolitains, à l'exception des grenadiers royaux qui se montrèrent partout avec bravoure, firent preuve de couardise. Ils avaient belle mine et ils portaient de brillants uniformes ; on les aurait pris, à leur tenue irréprochable, pour des Allemands ; mais ils n'aimaient pas le danger. On les entendait dire : Ô ma belle Naples, nous ne te reverrons plus, et un officier de l'armée assiégeante les jugeait mauvais et peu entreprenants.

En revanche, les Anglais, les Espagnols ; les Piémontais se battirent bien, et les officiers, quoique dénués d'expérience, les soldats, quoique médiocrement aguerris, méritèrent les éloges de leurs généraux : les Anglais, froids, solides, tenaces ; les Espagnols, petits, mal vêtus, lents pillards et, dans leur misère, éventrant de nuit les sacs à terre pour les enlever et les vendre trois sous, mais ardents et parfois téméraires ; les Piémontais, alertes, résolus, endurants, parfaitement disciplinés[3].

Il y avait dans la place, à la fin du siège, 20.000 hommes de troupes : 2.500 Anglais, 7.000 Espagnols, 2.500 Piémontais, 6.500 Napolitains et 1.500 émigrés français. Mais 4.000 étaient malades, la plupart des Napolitains ne valaient rien, et Dundas ainsi qu'Elliot ne comptaient que 12.000 hommes capables de faire leur devoir et de manier le mousquet. 3.000 étaient dans Toulon, soit pour garder la ville, soit pour porter secours où besoin serait. 9.000 étaient à l'extérieur. 600 tenaient le cap Brun et 1.500 campaient entre le cap Brun et le fort La Malgue. 600 autres, postés au Lazaret et à la gorge des Sablettes, protégeaient le mouillage des escadres. 3.000 occupaient le promontoire du Caire, l'Éguillette et Balaguier ; 800, le fort Malbousquet ; 800, les deux Saint-Antoine, la redoute Saint-André et le fort des Pommets ; 500, la Croix de Faron, le fort Faron et le pas de la Masque ; 700, les forts l'Artigue et Sainte-Catherine ; 2.000, le fort La Malgue ; 400, la Grosse-Tour[4].

Les coalisés n'étaient donc pas assez nombreux pour défendre Toulon et son immense pourtour. Ils formaient une garnison, non une armée, et ils durent confier quelques-uns de leurs postes aux équipages des vaisseaux ; ils durent, parce qu'ils manquaient d'artilleurs, appeler des marins au service des batteries de terre.

On annonçait la venue de 1.200 Anglais de Gibraltar et de 5.000 Autrichiens du Milanais que l'amiral Cosby irait prendre à Livourne. Mais le gouverneur de Gibraltar, sir Robert Boyd, refusa de s'affaiblir, et, bien que le cabinet de Londres eût déclaré que les Autrichiens, les premiers soldais de l'univers, soutiendraient par leur courage exercé les troupes novices de Toulon, la cour de Vieillie n'envoya pas les quatre bataillons qu'elle avait promis de fournir : elle allégua que Toulon avait plus de inonde qu'il n'en fallait, qu'elle devait concentrer ses forces, pourvoir à la sûreté du Milanais. Lord Hood et Elliot finirent par s'adresser aux Français émigrés en Piémont, en Suisse, en Allemagne ; mais, la semaine d'après, Toulon succombait, et le régiment de Royal-Provence dont le colonel eût été le comte de Grasset, n'exista que sur le papier.

Aussi les généraux anglais ne cachaient pas leurs craintes, et d'un bout à l'autre du siège ils pronostiquèrent un désastre. O'Hara, d'ailleurs nerveux et, selon Elliot, aussi peu fait que personne pour la situation, disait hautement que les choses tourneraient mal, qu'il ne répondait de rien s'il ne recevait des renforts. David Dundas, vieux, maladif, accablé par le fardeau soudain du commandement, réclamait à grands cris un successeur et voyait, comme O'Hara, tout en noir. Pas un officier supérieur qui ne crût que la possession de Toulon était précaire et qu'il faudrait, pour conserver la ville, 56.000 hommes de plus. Le 12 décembre, Sidney Smith écrivait que les postes, très éloignés les uns des autres, étaient toujours sur pied et qu'on ne pourrait secourir à temps celui qui serait forcé par l'ennemi ; ne vous étonnez pas d'apprendre, marquait-il à lord Auckland, que  les Français aient réussi dans une tentative de ce genre.

Du reste, les coalisés n'étaient pas d'accord. Les Anglais affectaient une suprématie qui blessait les autres nations ; ils s'étaient emparés de tout et ils puisaient librement dans les magasins ; s'ils avaient grande confiance dans les Piémontais et fraternisaient avec eux, ils traitaient les Espagnols de gueux avides et rapaces, les blâmaient de leur négligence et de leur laisser-aller, les accusaient de n'avoir ni courage ni discipline et de n'être dangereux que pour leurs amis. Par contre, les Espagnols reprochaient aux Anglais leur orgueil, leur impertinence, leur inaction, l'insuffisance de leurs moyens, et ils insinuaient que la Grande-Bretagne désirait faire de Toulon un second Gibraltar. Les journaux français avaient donc tort de dire que les prétendus alliés se fusillaient dans les rues de Toulon, mais ils avaient raison d'affirmer que la morgue castillane et la rudesse britannique mettaient la discorde entre les assiégés. Quand le Comité général des sections demanda que le comte de Provence vînt à Toulon pour être proclamé régent du royaume, Langara applaudit à ce dessein ; Hood, O'Hara, Elliot le désapprouvèrent : n'était-ce pas dépouiller le roi Georges de son autorité ? Chacun tirait à soi. Malgré les protestations de Langara, lord Hood nomma un Anglais, Goodall, gouverneur de la place. Le commandement en chef des troupes de terre avait été donné à l'amiral Gravina ; mais les Anglais exigèrent bientôt qu'il fût déféré au major général O'Hara, successeur de Goodall ; O'Hara reçut le brevet de lieutenant général, et lorsque le roi d'Espagne promut Gravina au même grade, le cabinet de Londres déclara que la commission d'O'Hara était antérieure à celle de Gravina.

Enfin, Toulon même n'était pas de cœur avec les alliés. Ils y formèrent des troupes dont ils louèrent le courage et la fidélité ; deux compagnies de chasseurs toulonnais[5] et le régiment Royal-Louis qui eut à sa tête le major Hustin. Toutefois ils se méfiaient des Français. Ils auraient pu se renforcer de 15.000 hommes en profitant de la bonne volonté des milices urbaines et des troupes hostiles à la Convention, infanterie de ligne, marine, garde nationale ; ils n'osèrent les employer. Ils n'ignoraient pas qu'un parti républicain existait dans Toulon et ils craignaient une insurrection des ouvriers de l'arsenal. Au mois de décembre, ils firent désarmer tous les habitants sans distinction et licencièrent ce qui restait de la garde bourgeoise[6].

Pourtant la Convention mit plus de trois mois à prendre Toulon. C'est que, lorsque l'investissement commença, les hommes et le matériel faisaient défaut. Bonaparte, qui reçut, le 16 septembre, le commandement de l'artillerie à la place de Dommartin blessé, ne trouva d'autres pièces de siège que 2 canons de vingt-quatre, 2 canons de seize, 2 mortiers, et ce ne fut qu'au bout d'un mois, au 18 octobre, qu'il disposa de 4 mortiers et de 24 bouches à feu imparfaitement approvisionnées. Quant à l'armée républicaine ou, comme on la nommait aussi, l'armée révolutionnaire, elle comprenait deux corps assez éloignés l'un de l'autre et qui n'avaient entre eux qu'une communication difficile : le corps de droite ou division de l'ouest — l'ancienne armée du Midi qui s'était naguère emparée d'Avignon et de Marseille — commandé par Carteaux et installé de Faubrégas au Baou de Quatre-Heures ; le, corps de gauche ou division de l'est — c'était une division détachée de l'armée d'Italie — établi sous les ordres de La Poype entre Sainte-Marguerite et Tourris et relié par Revest à la division de droite. Or ces deux divisions ne comptaient, au milieu d'octobre, que 10.000 combattants. Elles avaient quelques bonnes troupes : le 59e ci-devant Bourgogne, le 2e bataillon de la Côte-d'Or, le 2e bataillon du Mont-Blanc, le 3° bataillon de l'Isère et la légion des Allobroges. Mais la plupart des hommes étaient de la réquisition.

La moitié des bataillons n'avaient pas d'armes ou ne pouvaient s'en servir utilement. Les volontaires de l'Ardèche ne-savaient même pas charger leur fusil. Les grenadiers des Bouches-du-Rhône quittaient le camp pour se divertir à Ollioules. Les officiers allaient à Marseille sans permission courir les muscadines.

Le moyen le plus rapide de réduire Toulon, c'était évidemment de chasser les navires qui tenaient les rades et appuyaient de leurs canons les canons des forts. Cette idée s'imposait à tous les esprits. Elle avait frappé les représentants du peuple, lorsqu'après s'être saisis des gorges d'Ollioules, ils virent au loin la cité rebelle que la Convention les chargeait de punir. Le 4, le 9, le 13 septembre, ils écrivent qu'il faut, pour soumettre Toulon, battre le port et la flotte, brûler la ville et les escadres, obliger les-vaisseaux à la retraite en leur jetant des boulets rouges. Mais nul n'avait discerné le point d'où l'artillerie maîtriserait les deux racles et empêcherait l'ennemi de mouiller-devant Toulon ; ce point, c'était le promontoire du Caire, et le capitaine Bonaparte l'avait discerné. Dès le lendemain de son arrivée, il s'était rendu au promontoire encore inoccupé et il avait sur-le-champ, comme il disait, conçu son projet.

Généraux et conventionnels voulaient attaquer, à l'est, le Faron et, à l'ouest, le fort des Pommets, puis disposer sur la côte des forges et des grils ; ils pensaient même qu'il serait aisé de prendre successivement tous les forts de Toulon, qui n'avaient chacun qu'une très faible et médiocre garnison. Bonaparte leur déclara qu'il fallait, pour balayer les rades, se saisir de la pointe de l'Éguillette.

Commandant de l'artillerie parce qu'il était le seul capitaine dans les premières semaines du siège, chef de bataillon au mois d'octobre, dirigeant le génie et l'artillerie tout ensemble, Bonaparte était, après Carteaux et La Poype, le personnage le plus important de l'armée, et les représentants Gasparin et Saliceti n'agissaient que sur ses avis. Il avait pris sur les deux commissaires un irrésistible ascendant, et, dit un témoin, tout lui était soumis, rien ne s'exécutait que par son influence. Gasparin admirait son incessante activité, son impérieuse volonté, son merveilleux coup. Saliceti était son compagnon et frère d'armes ; il avait fait, de concert avec le jeune officier, la révolution en Corse ; il s'était avec lui prononcé contre Paoli ; il avait juré de le pousser, d'aider autant que possible à sa fortune militaire, et lorsque Bonaparte, allant de Marseille à Nice, était venu voir au Bausset son ami le représentant, le représentant avait retenu Bonaparte, l'avait requis de remplacer Dommartin. On peut même dire que, sans Saliceti, Bonaparte n'eût pas joué dans les opérations un rôle prépondérant. Gasparin tomba malade, et les autres conventionnels, appelés, tantôt à Marseille et sur divers points de la Provence, tantôt à l'armée de Nice, ne parurent devant Toulon qu'à de rares intervalles. Saliceti, et par suite Bonaparte, mena tout.

Gasparin et Saliceti approuvèrent donc le plan de Bonaparte, et, comme il a dit, le protégèrent, le sanctionnèrent de leur autorité. Ils décidèrent d'occuper les sommités du Caire pour fulminer de là l'escadre austro-espagnole. Mais une attaque que Delaborde[7] tenta, le 22 septembre, contre l'Éguillette, fut conduite sans vigueur, et les alliés, comprenant l'importance du promontoire, y établirent des redoutes. La principale passa bientôt pour formidable. Les Anglais la nommèrent le fort Mulgrave[8]. On l'appela dans le camp français la redoute anglaise ou la redoute des Anglais ou le Petit-Gibraltar. C'est ainsi qu'à la même époque d'autres Français baptisaient du nom de Petit-Luxembourg une redoute construite par les Autrichiens devant Maubeuge. Elle n'avait pas la puissance que lui prêtent certaines relations, et Dundas avoue que c'était un poste temporaire, qui ne pouvait opposer une durable résistance à des hommes déterminés. Son profil était faible et son tracé, défectueux ; les ingénieurs, Français pourtant, lui avaient ménagé des flancs, et les républicains, qui l'attaquèrent le 17 décembre, purent se rallier dans son fossé. Mais trois autres redoutes l'appuyaient : la redoute de Grasse ou de Saint-Louis au-dessus de l'Éguillette ; la redoute Saint-Philippe, située sur un mamelon en arrière, à l'est du fort Mulgrave ; la redoute Saint-Charles, sur la hauteur Sauvaire au-dessus de Balaguier. Longue de 150 mètres, elle avait des parapets revêtus au dedans et au dehors de troncs de pin placés horizontalement, des embrasures aux jours garnis de planches, 20 canons et 4 mortiers de gros calibre qui formaient plusieurs batteries séparées par de nombreuses traverses, un fossé de 3 mètres de profondeur sur 5 mètres de largeur, et, en avant de ce fossé une double file de chevaux de frise et une rangée d'abatis.

Bonaparte était outré. Les Anglais, s'écriait-il, eussent dû être égorgés dans leur descente à l'Éguillette la fatalité ou notre ineptie voulut qu'elle réussit ; l'affaire de Toulon est manquée ! Néanmoins il ne démordit pas de son idée et jusqu'à la fin, avec une extrême ténacité, il poursuivit son but, envoyant ordre sur ordre et réquisition sur réquisition, demandant de la poudre et du matériel de tous côtés, établissant un arsenal, une salle d'artifices, un atelier de réparation et une fonderie4ormant un parc d'artillerie, dressant sur la hauteur du Brégaillon une batterie qui balayait la moitié de la Petite Rade, armant d'autres batteries qui devaient éteindre le feu de la redoute anglaise et faire brèche dans l'ouvrage, dirigeant contre le fort Mulgrave les deux tiers de ses canons. Par instants, Gasparin et Saliceti, découragés, proposaient d'entamer un siège dans toutes les règles, et ils priaient le ministre de leur dépêcher un bon ingénieur qui conduirait l'opération. Bonaparte leur remontait le moral. Prendre l'Éguillette, répétait-il, voilà le seul moyen de prendre Toulon : que l'artillerie réduise au silence les batteries de l'Éguillette et que l'infanterie enlève la redoute anglaise, qu'on attaque en même temps le mont Faron, qu'on ruine le fort Malbousquet qui domine l'arsenal et la ville et qu'on lui donne l'assaut, qu'on canonne le fort l'Artigue et le front de l'enceinte, qu'on produise une commotion générale, et Toulon est à nous !

Le commandant en chef était Carteaux, et cet ancien soldat, peintre de tableaux, peu instruit et dénué de l'esprit de discernement, devenu général par son jacobinisme, très fier de sa prestance et de ses faciles succès sur les fédéralistes du Midi, présomptueux, fanfaron, ne voulait en faire qu'à sa tête[9]. Il disait qu'il attaquerait Toulon sur tous les points, qu'il emporterait à l'arme blanche et avec une poignée de braves gens ces redoutes défendues par trois nations, et c'était lui qui, par sa mollesse et parce qu'il craignait sottement de s'étendre sur sa droite, avait, au 22 septembre, causé l'échec de Delaborde à l'Éguillette.

La mésintelligence éclata bientôt entre Carteaux et La Poype. Soutenu par son beau-frère, le représentant Fréron, La Poype ne pensait qu'à contrecarrer Carteaux et à le supplanter. Le 1er octobre — le jour même où le drapeau blanc était arboré solennellement dans Toulon aux acclamations réitérées de Vive le roi — La Poype, sans informer Carteaux de son opération, emportait le pas de la Masque gardé par une centaine d'Espagnols et, après un combat oh se signalait le chef de bataillon Victor, la redoute de la Croix de Faron. Les alliés s'émurent. Il fallait réoccuper la montagne ou quitter Toulon. Quelques heures plus tard, lord Mulgrave et Gravina débouchaient, le premier par Saint-Antoine ; le second par Valbourdin, tandis que le prince Pignatelli marchait sur le Faron, à mesure que les deux autres gagnaient les hauteurs. La Poype essuya, de son propre aveu, une déroute complète ; ses troupes s'enfuirent, au cri de Sauve qui peut, sur le revers du Faron, et plus de 200 Français se tuèrent en tombant des rochers.

Carteaux remplaça son indocile lieutenant par La Barre.. Mais lés commissaires de la Convention réintégrèrent La Poype et, le 15 octobre, La Poype attaquait la hauteur du cap Brun qui domine le fort La Malgue ; il l'enleva, et Saliceti, exultant de joie, mandait qu'il aurait raison des batteries de La Malgue et deviendrait maitre d'un des points les plus importants de Toulon. De nouveau, comme deux semaines auparavant,  La Poype fut chassé de ce poste par deux colonnes qui menacèrent de l'envelopper.

Les alliés triomphaient, et, s'ils avaient eu un chef énergique qui tint toutes les troupes sous son autorité, ils auraient pu culbuter l'assiégeant, accabler l'une après l'autre ses deux divisions encore faibles et qui ne communiquaient derrière le Faron que par des chemins malaisés et presque impraticables, détruire au moins la division de l'est qui ne formait que le tiers de l'armée révolutionnaire et qui ne compta longtemps que 4.000 à 5.000 hommes. Ils ne firent que des reconnaissances et, comme disaient les Toulonnais, que des escarmouchades. Dans la nuit du 8 au 9 octobre, à la faveur du mot d'ordre Robespierre livré par des déserteurs, ils dispersaient aux Sablettes un bataillon de nouvelle levée et enclouaient la batterie. Dans la matinée du 14 octobre, ils surprenaient l'avant-garde républicaine établie sur les plateaux des Arènes, des Graux et de la Goubran.

Le siège traînait, et, comme s'exprimait Bonaparte, cela allait lentement. Les représentants Saliceti et Gasparin écrivirent à Paris qu'ils ressentaient la plus mortelle inquiétude ; qu'ils n'avaient qu'une armée encore incertaine, inexercée et indisciplinée contre de bonnes troupes retranchées derrière de bonnes fortifications ; que Toulon serait bientôt pour la France ce qu'était Gibraltar pour l'Espagne, serait une seconde Vendée d'autant plus dangereuse qu'elle recevait par la Méditerranée des secours de toute sorte. Sur les sollicitations de Bonaparte, ils demandèrent le rappel de Carteaux. Le général était-il à la hauteur de sa mission ? Était-il capable de saisir les opérations d'une armée assiégeante ? Ne s'entourait-il pas de gens ignares et entêtés qui ne connaissaient Pas les hommes, les machines militaires et leurs effets ? N'avait-il pas, le 22 septembre, à l'Éguillette, commis une faute bien cruelle et fait échouer le seul plan praticable ? Ne manquait-il pas à la fois de moyens personnels et de bonne volonté ? Et si l'expédition de Toulon, qui devait être menée avec intelligence et rapidité, devenait une affaire de longueur qui ne réussirait plus que par le temps et par le nombre, quel était le coupable, sinon Cadeaux[10] ?

Le général n'ignorait pas les critiques dont il était l'objet, et il se plaignait très amèrement des représentants et de Bonaparte. Les représentants, disait-il, ne lui marquaient pas d'égards ; ils lui suscitaient mille tracasseries et jalousies ; ils protégeaient La Poype, ce ci-devant, ce général de toilette, qui visait à l'indépendance et dont les exploits n'avaient d'autres résultats que des enterrements, cet orgueilleux qui disait après ses échecs sur un ton de persiflage : qu'il voudrait avoir une pareille affaire tous les jours. Quant. à Bonaparte, Carteaux le surnommait le Capitaine Canon et, sans oser le punir, l'accusait d'indiscipline et de rébellion : L'artillerie ne m'est pas soumise, et son chef Bonaparte fait tout en sens contraire ; mais l'attaquer, c'est attaquer les représentants eux-mêmes.

D'autres conventionnels, Barras et Fréron, représentants dans les départements méridionaux, Ricord et Augustin Robespierre, représentants à l'armée d'Italie, joignirent leurs récriminations à celles des représentants près l'armée-révolutionnaire. Ricord et Augustin Robespierre affirmaient que l'éloignement de Carteaux serait une victoire, qu'il existait dans l'armée de ce fameux général le plus grand désordre, que personne ne connaissait l'effectif de ses troupes et l'état de ses subsistances et munitions. Barras et Fréron déclaraient que Carteaux ne possédait aucune notion militaire, qu'il avait déjà perdu deux mois, qu'il échouerait certainement. Ils proposaient de donner le commandement, à La Poype, et Fréron, son beau-frère, assurait qu'il était un vrai jacobin, qu'il n'avait dans son état-major que des Marseillais du 10 août, qu'il aurait à l'affaire du Faron et à celle du cap Brun conservé les positions si Carteaux l'avait, secouru, bref qu'il ferait de la bonne besogne. Mais la femme et la fille de La Poype étaient détenues dans Toulon à l'hôpital du Saint-Esprit, et une partie de l'armée croyait qu'il ne pouvait agir avec ardeur et franchise. Il a sous les yeux, disait l'amiral Truguet, une ville qui renferme ce qu'il a de plus cher ; saurait-il se défendre d'un mouvement de sensibilité ? Nombre de jacobins s'opposaient donc à la nomination de La Poype. Le journaliste Hébert rappelait qu'il ne fallait plus de nobles dans les armées, et il blâmait. Fréron de devenir aristocrate et muscadin, de traiter durement les patriotes, de mettre en évidence son marquis de beau-frère et de lui attribuer tous les succès. Maximilien Robespierre jugeait que ces restes de noblesse, qu'on reprochait à La Poype, étaient effacés par des services, par des alliances avec la sans-culotterie ; mais, ajoutait-il, l'opinion est si contraire au général que le Comité n'ose pas le nommer[11].

Le 23 octobre, le Comité de salut public arrêtait que Carteaux prendrait le commandement de l'armée, d'Italie, et Doppet, le commandement de l'armée devant Toulon. Carteaux partit le 7 novembre en disant qu'il cédait sa place à. de plus heureux, non à de plus habiles, qui profiteraient de ses labeurs. Mais, comme s'exprimait un ami de Bonaparte et de Saliceti, il n'emportait les regrets de personne, et il aurait fini par désorganiser l'armée. L'amiral Hood n'écrivait-il pas qu'il garderait Toulon contre mille Carteaux[12] ?

Doppet arriva le 12 novembre au quartier général d'Ollioules. Cet ancien médecin et homme de lettres n'avait ni talents ni expérience. Il écrivait et parlait beaucoup ; il avait, aux Jacobins, déclamé contre les généraux aristocrates et proposé que chaque armée eût un comité de propagande qui préserverait les soldats de l'influence des feuillants. Savoyard et chef de brigade de la légion des Allobroges, il avait été nommé général durant la campagne de Carteaux dans le Midi et, pour avoir montré à la tète de, l'avant-garde quelque célérité, chargé de commander l'armée des Alpes et de brusquer la prise de Lyon. Il s'entendait clone aussi peu que Carteaux au métier de la guerre. Toutefois il avait plus d'esprit et moins de présomption. Il déclara d'emblée qu'il ne possédait pas les connaissances nécessaires à la conduite d'un siège de grande importance, comme le siège de Toulon. Voilà, s'écriait Saliceti, le commandement dans un état précaire et de nouveau la stagnation ! Quand aurons-nous un homme qui pousse les choses vigoureusement ?[13]

Mais Ricord avait gagné Paris et, après plusieurs conférences avec le Comité de salut public, il avait obtenu que lui-même et Augustin Robespierre, Saliceti et Gasparin, Barras et Fréron se réuniraient pour se concerter sur les moyens de rendre promptement Toulon à la République[14], que l'armée révolutionnaire recevrait l'artillerie dont elle avait besoin, qu'elle serait renforcée par les troupes qui venaient d'entrer dans Lyon et par quelques bataillons de l'armée des Alpes, qu'elle aurait pour chef Dugommier qui commanderait en même temps l'armée d'Italie.

Ce fut avec un sentiment de véritable soulagement que Doppet apprit qu'il était remplacé. Et pourtant il faillit, sans le vouloir, s'emparer du fort Mulgrave. Le 15 novembre, dans l'après-midi, une patrouille ennemie se présenta devant La Seyne où commandait Nicolas Brûlé, chef du 2e bataillon de la Côte-d'Or. Les postes avancés allèrent à sa rencontre. Un combat s'engagea. Des patrouilles, des compagnies accoururent de part et d'autre. Au bout d'une heure, dit Brûlé, c'étaient deux armées. Brûlé mit ses troupes en bataille, et fit battre la charge. Les Français, et parmi eux les volontaires du 26 bataillon du Mont-Blanc, fondirent sur les alliés avec une telle impétuosité qu'ils les refoulèrent jusqu'aux abords de la redoute. Ils chantaient le Ça ira, et quelques-uns tombèrent au pied des chevaux de frise qu'ils s'efforçaient d'arracher. Mais l'artillerie anglaise faisait un feu violent sur les assaillants ; une frégate et des chaloupes canonnières la secondaient ; le gouverneur de Toulon, O'Hara, qui, du pont de la Victory, assistait à l'action, vint de sa personne au fort Mulgrave animer la garnison ; un détachement du 1er régiment royal d'infanterie, conduit par le capitaine Duncan Campbell, exécuta coup sur coup deux vigoureuses sorties. Brûlé jugea qu'il serait imprudent de tenter un assaut ; quand il aurait profité de l'élan de ses bataillons pour emporter la redoute, aurait-il pu la conserver ? Le poste, disait-il, n'était d'aucune utilité pour le moment. Il recula sur La Seyne en très bon ordre. L'affaire avait duré cinq heures. Napoléon a prétendu plus tard qu'il l'avait dirigée et que Doppet, consterné par la mort d'un de ses aides de camp, avait ordonné la retraite ; sur quoi le jeune Corse, frémissant de rage, la figure ensanglantée par une légère blessure qu'il avait reçue au front, aurait galopé vers Doppet en l'apostrophant ainsi : Quel est le jean-foutre qui a commandé la retraite ? Toulon est encore manqué ! Mieux vaut croire Doppet qui, le jour même, écrit au Comité qu'il y a eu une affaire générale, qu'on s'est battu dans l'après-midi aux Sablettes, à Malbousquet, à Saint-Antoine, qu'il n'avait dressé aucun plan d'attaque, que ses forces étaient trop divisées pour qu'il pût espérer des avantages réels et durables, que chaque chef de colonne avait par suite regagné Ses positions. Mais le soldat crut Mi instant à la victoire ; il en voulut à Doppet, et le mot que Napoléon rapporte fut sans doute prononcé : Aurons-nous toujours pour généraux des peintres et des médecins ?

Doppet avait donc hâte de quitter le commandement. Un de ses officiers alla prier Dugommier de faire diligence et. le rencontra au-delà de l'Estérel. De Fréjus, Dugommier répondit à Doppet qu'il ne perdait pas un instant et, le 16 novembre au soir, il arrivait au quartier-général d'Ollioules. La Société populaire de Marseille venait d'écrire aux Jacobins de Paris et dans son adresse, que le représentant Ricord lut au club le 23 novembre, elle demandait que Doppet, l'indispensable Doppet, eût toujours la direction du siège et que Dugommier fût envoyé à l'armée des Pyrénées-Orientales. Mais Saliceti protesta vivement et déclara que le club de Marseille comptait, à côté d'excellents citoyens, des faux frères, des hommes qui n'avaient pas l'amour du bien public. Doppet, non sans effroi, désapprouva les Marseillais. Quelques-uns s'étaient rendus à Moules pour lui communiquer leur pétition. Il les reçut avec froideur et leur-dit nettement qu'il était affligé de leur démarche imprudente. Le peindre comme un être nécessaire, répétait-il, c'était lé compromettre et c'était compromettre la République ; il n'avait pas le rassemblement de talents militaires et de combinaisons qu'exigeait une tâche si ardue ; il refusait d'accepter cette responsabilité effrayante, et, si on le forçait à rester, il servirait sous Dugommier. Dès le 17 au matin, il avertissait le chef d'état-major de ne plus donner d'ordre en son nom, et, lorsqu'il partit, il eut soin de passer à Marseille pendant la nuit pour ne pas être vu de ces fâcheux Jacobins qui voulaient, malgré son peu de moyens, malgré la Convention et le Comité, l'obliger à prendre Toulon[15].

 

 

 



[1] Voir, sur le siège de Toulon, les documents des archives de la guerre : — le rapport de Marescot (Relations des principaux sièges de Musset : Pathay, 312-323) ; les Mém. de Doppet et le livre de Pons, Mém. pour servir à l'histoire de Toulon en 1793 ; — les lettres des représentants dans le recueil Aulard, et de Dugommier dans Vauchelet et Pineau ; — la Corresp. de Napoléon, I, et ses Mémoires ; — le rapport de Ricord ; — les Mém. de Marmont et ceux dits du duc de Bellune ; — Krebs et Moris, Campagnes dans les Alpes, I, 373-387 ; — G. Duruy, Mémoires de Barras, I, Préface ; — Du Teil, Napoléon Bonaparte et les généraux Du Teil ; — A. Chuquet, la Jeunesse de Napoléon, III ; — Colin, l'Éducation militaire de Napoléon, et surtout Coffin, Toulon et les Anglais en 1793 et la Nouvelle Revue rétrospective, Mém. de Grasset, de Florindorf, de Pasquier et de Vernes (oct. et nov. 1898, janv. et mai-sept. 1899). — Voir aussi les lettres de sir Gilbert Elliot, II ; — la Corresp. de lord Auckland, III ; — Thaon de Revel ; — Mém. sur les guerres des Alpes ; — la Gazette de Madrid, etc.

[2] Ou encore le grand camp de Caire. Il faudrait dire rigoureusement le promontoire Caire ou de Caire. Les relations toulonnaises donnent l'origine de ce nom ; près la maison de M. Caire, — dans un bien-fonds appartenant à M. Caire.

[3] Florindorf, 345 et 348 ; — Elliot, II, 204 ; — Revel, 161 ; — Cf. les Mém. de Napoléon.

[4] Lettres de Dundas, 12 déc. (C. A.) ; — Elliot, II, 203 ; — Conforti, Napoli dal 1789 al 1796, 161. Le fort La Malgue était commandé par le capitaine Elphinstone, depuis vicomte Keith ; le fort Malbousquet par le colonel Moreno et le camp attenant par le colonel comte del Puerto, le Grand Saint-Antoine par le lieutenant de vaisseau don Mariano Mendinueta et le Petit Saint-Antoine par le capitaine de frégate Charte.

[5] Le capitaine d'une de ces compagnies franches était un capitaine au 8e bataillon du Var et aide de camp du général Brunet, nommé Isnardon ; il se qualifie capitaine de la compagnie franche des grenadiers royaux, et il fut à la fin du siège, le 28 novembre, nommé capitaine du futur régiment de Royal-Provence.

[6] Elliot, II, 188, 191-192, 195, 198, 203 ; — Auckland, III, 157 ; — témoignage de Maturana (J. G. de Arteche, Carlos IV, 273) ; — Lettres de Dundas (A. G.) ; — Vivenot-Zeissberg, Quellen, III, 295, 362, 381-385 ; — Pons, 138 ; Mon., 11 déc. 1793, et 1er févr. 1794 ; — Cottin, passim ; — Mém. de Vernes.

[7] Napoléon ne lui tint pas rancune. Il le nomma comte de l'Empire et gouverneur du château de Compiègne. Le 21 mars 1798, il lui donnait ce certificat : J'ai connu le général Delaborde au siège de Toulon, c'est un officier de la plus grande distinction.

[8] Du nom du commandant des troupes anglaises, Henry Phipps, alors baron Mulgrave, qui devint l'année suivante, pair du Royaume-Uni ; il était colonel et flood l'avait nommé provisoirement brigadier-général. Il quitta Toulon pour ne pas servir sous O'Hara, et aussi, dit Elliot (II, 192), parce qu'il voyait que les difficultés approchaient. Quoique d'un caractère hautain et difficile, il s'entendait avec Gravina, son intime ami, et il ne put, lorsque Gravina fut blessé à l'affaire du Faron le 15 octobre, s'accommoder avec Izquierdo, homme d'honneur, brave et instruit, mais entêté, pointilleux et querelleur.

[9] En 1795, Aubert-Dubayet lui reproche également, outre ses cris d'alarme, ses fanfaronnades.

[10] Cf. Rec. Aulard, VII, 80, 338, 393, 406.

[11] Rec. Aulard, VII, 319, 406 ; — A. Chuquet, la Jeunesse de Napoléon, III, p. 299 ; — Mon., 11 et 28 nov.

[12] Lettre d'Aurèle Varese, 8 nov. (Archives des Aff. étrangères, 1538). — Elliot, II, 164 ; — Cottin, 217.

[13] Rec. Aulard, VII, 406 ; VIII, 412 ; — Cf. Aulard, la Société des Jacobins, V, 25.

[14] La Convention avait décrété le 11 octobre qu'il y aurait quatre représentants près les troupes dirigées contre Toulon : Gasparin, Saliceti, Robespierre jeune et Ricord. Le 29, elle leur adjoignit Barras et Fréron.

[15] Doppet, Mém., 207-215 : — et lettres à Bouchotte et à Peyron, 17 nov. (A. G.) : — Mon., 28 nov. ; — Rec. Aulard, VIII, 516 ; — Cottin, 267 ; Chuquet, 298 ; — cf. sur l'affaire du 15 novembre, le rapport de Brûlé et la lettre de Doppet au Comité, 15 nov. (A. G.).