DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
MON CHER MAÎTRE, EN inscrivant votre nom en tête de ces petits volumes, nous remplissons un devoir strict : votre influence en a suggéré l'idée, votre appui en a permis la réalisation. Ennemi des formules où se renferme mal la réalité complexe, vous nous avez toujours recommandé de laisser la parole aux contemporains chaque fois que l'occasion s'en présenterait, afin de rendre le passé plus vivant et l'étude de l'histoire plus attrayante pour nos élèves. Partisans convaincus de ces principes pédagogiques, nous avons regretté les obstacles qui — surtout en ce qui concerne la période moderne et contemporaine — s'opposent souvent à son application, et dont le principal est la difficulté de se procurer les textes nécessaires. Le défaut de recueils classiques de documents nous a paru une lacune grave de notre outillage historique, et c'est pour y remédier que nous avons entrepris cette petite collection. Le but nous en imposait le plan : nous l'avons conçue sous la forme de fascicules peu étendus, dont chacun serait relatif à un grand problème de l'histoire moderne. Parmi les textes que nous avons choisis, beaucoup sont d'ordre narratif ; car si les sources narratives doivent être critiquées sévèrement, elles présentent des avantages tels qu'aucune autre ne peut les remplacer : elles montrent ce que les contemporains pensaient d'un problème et comment ils vivaient ; elles sont seules vraiment évocatrices. Pour éviter au lecteur la fatigue qu'eût entraînée pour lui, à coup sûr, une succession d'extraits discontinus, nous avons relié nos citations par quelques lignes, de manière à donner à l'ensemble l'aspect d'un récit ou d'une exposition synthétique : le même souci nous a conduits à expliquer brièvement, mais avec précision les passages obscurs et les expressions difficiles à saisir. Enfin, ne pouvant produire tous les textes intéressants, nous avons inséré dans nos petits volumes une bibliographie pratique, où les ouvrages qui gardent une valeur actuelle seront seuls mentionnés, et nous indiquons les passages que le défaut de place nous aura empêchés d'insérer, mais dont il est utile de connaître la référence pour s'y reporter au besoin. Tout ce travail, long et délicat, demandait une compétence avertie : aussi avons-nous confié à des spécialistes le soin de traiter chaque question. Peut-être la diversité des auteurs introduira-t-elle dans la rédaction des fascicules quelque variété ; mais elle ne saurait présenter d'inconvénient réel, ni compromettre l'unité de l'ensemble, puisque tous observent la même méthode, qu'ils sont animés du même esprit scientifique, qu'ils n'espèrent — pour prix de leur effort — que la certitude d'avoir fait œuvre utile. Et si quelque chose pouvait leur donner à penser que leur espoir ne sera pas déçu, ce serait les encouragements que vous n'avez cessé de prodiguer à notre entreprise, et dont nous vous sommes profondément reconnaissants. Accepter, mon cher maître, l'expression de mes sentiments profondément respectueux et dévoués. Le Secrétaire de la Collection, Léon CAHEN, Professeur au Lycée Condorcet. |