Déjà associé au trône depuis cinq ou six ans, après la mort de son frère aîné, et marié avec sa sœur Laodice, Antiochos II, maintenant fils unique, succéda sans compétition à son père. Sous son règne se continue — et désormais par larges emprises — le démembrement de l’empire des Séleucides. Il avait alors de vingt-quatre à vingt-cinq ans. Phylarque, une des plus mauvaises langues de l’époque, le dépeint comme un crapuleux ivrogne, qui s’enivrait le matin, dormait le jour tout habillé et se réveillait le soir pour recommencer à boire avec ses favoris, les Cypriotes Aristos et Thémison, l’Hercule du roi, qui gouvernaient à sa place. Ses résolutions, dit-il, il les prenait rarement de sens rassis, le plus souvent en état d’ébriété[1]. Quel que soit le fonds de vérité déformé par cette caricature, nous aurons occasion de constater que le jeune monarque manquait plutôt de ténacité et de suite dans les idées que d’ambition et de volonté. Se trouvant en présence d’une sorte de ligue présidée par le roi d’Égypte, qui groupait contre lui les appétits et les craintes des roitelets de Pergame, de Bithynie, de Pont, d’accord avec les villes libres de Rhodes, de Byzance et d’Héraclée, il ne pouvait songer à venger la défaite et l’humiliation de son père. En revanche, il paraît avoir conçu le projet hardi de reprendre pied en Thrace, d’où il pourrait à son tour dominer les mers du nord, la Propontide et le Pont-Euxin. La Thrace, entre les prétentions théoriques d’Antigone de Macédoine et des Séleucides, était sans doute indépendante en fait, partagée en territoires autonomes, dans un état voisin de l’anarchie et exposée aux incursions des Galates établis sur les deux versants de l’Hæmos. Antiochos II y fut probablement appelé, en libérateur plutôt qu’en prétendant, par des nobles thraces, comme Tiris et Dromichœtès, qui l’aidèrent à prendre Cypséla. Il s’était donc avancé dans l’intérieur des terres jusqu’à l’Hèbre, frontière des États d’Antigone. C’est le seul renseignement que nous ayons sur cette campagne et le seul point qu’on peut considérer comme acceptable — encore est-il contesté — dans les laborieuses combinaisons proposées par Droysen[2]. Nous ignorons absolument quel avantage put tirer Antiochos d’une expédition qui risquait de le mettre en conflit avec les alliés de Byzance, avec Antigone et les Thraces eux-mêmes. Sans la possession ou l’amitié de Byzance, il devait renoncer à tous projets visant la mer Nuire. Si l’on ne veut pas mêler ici le conflit qui parait avoir éclaté plus tard, à propos de la succession de Bithynie (vers 250), entre Antiochos II et les Byzantins, il faut admettre que le roi de Syrie s’aperçut à temps des complications qui allaient surgir, et que, somme toute, si ce ne l’ut pas une entreprise inconsidérée, ce fut une entreprise manquée. Ce qui est hors de doute, c’est que la Thrace ne fut pas annexée par Antiochos II. Lorsque, plus tard, Antiochos III éleva des prétentions sur la Thrace, il les fit dater de la conquête de Séleucos Nicator[3] . § I. — DEUXIÈME GUERRE DE SYRIE (258-250 ?) Il était plus opportun, sinon plus facile, de reprendre enfin la Cœlé-Syrie et les possessions égyptiennes qui cernaient de divers côtés les frontières de l’empire. Ptolémée Philadelphe semblait considérer comme définitivement acquises non seulement la Syrie méridionale, mais la Cilicie, où il fondait les villes de Bérénice, Philadelphie, Arsinoé ; la Pamphylie, où il bâtissait une Ptolémaïs ; la Lycie même, où l’on rencontre une Arsinoé Patara. Cependant, l’accommodement qu’on suppose intervenu il la fin du règne d’Antiochos Ier ne pouvait être qu’une suspension d’armes imposée à la lassitude des belligérants. Antiochos II prit l’offensive. Sur cette deuxième guerre de Syrie, nous n’avons, en fait de renseignements, qu’un texte des commentateurs de Daniel, texte incontrôlable et qui doit toute sa valeur à ce qu’il est unique. Antiochus, y est-il dit, fit contre Ptolémée Philadelphe, le second souverain d’Égypte, nombre de guerres et combattit avec toutes les forces de Babylone et de l’Orient[4] . D’où S. Jérôme (ou Porphyre) a-t-il tiré cette vague et hyperbolique information, on ne sait, et l’on récuserait volontiers son témoignage s’il n’apparaissait par la suite qu’il y eut vraiment hostilité perpétuelle entre les deux royaumes. Ici, tout est donc encore matière à conjectures ; l’occasion, la date, les péripéties de cette guerre. Le fait que l’ère d’Arados part de l’an 259/8 a. C. donne lieu de supposer que le roi de Syrie essaya d’entraîner à la défection les villes phéniciennes en concédant l’autonomie à la seule qui fût encore en son pouvoir[5]. Peut-être la mort de Magas de Cyrène (258) fut-elle l’occasion prochaine qui fit dégénérer l’hostilité des cieux potentats en lutte ouverte. En effet, la reine Apama, sœur d’Antiochos II, rompit alors le pacte par lequel sa fille Bérénice avait été promise à l’héritier présomptif de Ptolémée Philadelphe en vue d’amener pacifiquement la réunion de la Cyrénaïque et de l’Égypte. Elle avait vu cet arrangement avec déplaisir ; maintenant qu’elle était libre, elle fit offrir la main de sa fille à Démétrios dit le Beau, frère d’Antigone Gonatas et, par sa mère Ptolémaïs, petit-fils de Ptolémée Soter. Nous ne saurions dire si ce prétendant était alors veuf d’Olympias, fille de Polyclète de Larissa, qui lui avait donné un fils, le futur Antigone II Doson ; mais il n’y avait pas là pour lui matière à scrupules. Démétrios s’installa à Cyrène, et, en attendant le mariage, il était au mieux avec sa future belle-mère[6]. On ne croira pas aisément que Apama ait improvisé une combinaison aussi opportune pour Antiochos et pour Antigone. Démétrios, dont Justin fait un bellâtre fier de ses avantages, était aussi brave que beau : il avait hérité de la hardiesse et de l’ambition pétulante de son père Démétrios Poliorcète. Six ou sept ans auparavant, il avait sauvé d’une ruine totale Antigone Gonatas, qui, pour avoir entrepris de conquérir l’Hellade, avait failli perdre son royaume de Macédoine, envahi par Alexandre d’Epire allié aux Étoliens. Démétrios avait chassé l’Épirote et n’avait pas cherché à supplanter son frère. Antigone ne se défiait pas de lui, sans doute ; mais il eût été fort aise de le voir pourvu quelque part et satisfait. Il avait dû peut-être conseiller, certainement favoriser l’équipée aventureuse et amoureuse de son frère. Ptolémée Philadelphe se trouva ainsi avoir devant lui un adversaire déclaré, qui le menaçait de Cyrène, et deux autres en perspective : le Macédonien, le vainqueur de Leucolla, qui lui disputait depuis longtemps l’hégémonie maritime dans l’Archipel, et le Séleucide, pour qui la Cœlé-Syrie était une tentation perpétuelle. Mais ce plan si bien concerté se heurta à l’imprévu : Cyrène rentra tout à coup dans l’alliance de Ptolémée. Démétrios le Beau s’y était rendu odieux à son entourage par son arrogance et ses relations suspectes avec la mère de sa fiancée. Ce fut la jeune reine Bérénice elle-même qui prit soin de venger ses injures, et surtout de défaire la combinaison politique ainsi amorcée sans son consentement. Elle fit tuer sous ses yeux Démétrios dans la chambre même de sa mère et se déclara aussitôt prête à tenir les engagements contractés par son père (258 ?)[7]. Antigone, de son côté, n’avait pas trop de toutes ses forces pour tenir en respect l’Hellade, où la Ligue achéenne, constituée une trentaine d’années auparavant, avait grandi pendant qu’il était occupé ailleurs. Il avait réussi à vaincre une coalition des Hellènes à laquelle Sparte et Athènes assuraient le concours de Ptolémée, battu l’armée péloponnésienne à Corinthe[8] et la flotte égyptienne à Cos. Maintenant, entré de vive force à Athènes, il cherchait à apaiser les rancunes de l’orgueilleuse cité en retirant sa garnison du Musée (255 ?) et en lui rendant l’autonomie ; mais il sentait bien que les Athéniens ne pardonneraient pas à l’homme qui avait abattu les Longs Murs et dont les garnisaires continuaient à occuper les ports. D’ailleurs, son frère une fois disparu, il n’avait plus un intérêt immédiat à appuyer une entreprise manquée. Bien que l’entente entre Antiochos II et Antigone se fût resserrée par une nouvelle alliance de famille, le mariage de l’héritier du trône de Macédoine, Démétrios II dit plus tard l’Étolique, avec Stratonice, sœur d’Antiochos[9], Antigone Gonatas, toujours prudent, ne paraît pas avoir pris une part active à la lutte, dont tout le poids retomba sur le roi de Syrie. C’est du moins la conclusion qui s’impose à qui rie croit pas devoir retarder d’une dizaine d’années la bataille navale de Cos. La longue durée des hostilités ainsi engagées entre les rois de Syrie et d’Égypte indique que les succès et revers furent balancés de part et d’autre. Antiochos ne manqua pas d’attirer dans son parti les villes grecques du littoral, en accordant la liberté à celles qui étaient sous sa dépendance et aidant les autres à la conquérir. De cette série de conflits dispersés, suspendus peut-être par des négociations, repris et menés à l’aventure, nous ne connaissons que quelques incidents anecdotiques. C’est, dit-on, pour avoir mis à mort Timarchos, improvisé tyran de Milet, qu’Antiochos II reçut des Milésiens le surnom de dieu (Θεός). Les honneurs divins étaient alors la monnaie courante de l’adulation : si le titre de dieu lui resta, c’est sans doute parce que l’affranchissement des cités ioniennes lui valut une large et durable popularité. Pendant des siècles, les Ioniens gardèrent un souvenir reconnaissant de la liberté à eux octroyée par Antiochos II[10]. La défaite de Timarchos entraîna celle de son complice et allié, le Ptolémée — probablement un bâtard de Philadelphe — que son père avait installé comme gouverneur à Éphèse[11]. Ce jeune ambitieux, comptant sur la fidélité de ses mercenaires thraces, avait voulu, à la faveur de l’anarchie régnante, se rendre indépendant. Il avait donc fait cause commune avec Timarchos. Mal lui en prit : ses gardes se révoltèrent, eux aussi, et le massacrèrent, avec sa maîtresse Irène, dans l’Artémision, où il avait cru trouver un asile inviolable. Mais le fruit de la rébellion de Ptolémée ne fut pas perdu pour Antiochos : Éphèse prit parti pour le Séleucide (255 ?)[12]. Entre temps, Antiochos se ménageait aussi des alliances par le procédé traditionnel. Il maria sa fille Stratonice avec le fils du dynaste Ariamne ou Ariaramne de Cappadoce, le futur roi Ariarathe III, légalisant ainsi une usurpation depuis longtemps accomplie. La Cappadoce, agrandie peut-être de la Cataonie, fui érigée en royaume pour Ariarathe, qui fut aussitôt associé au trône par son père (257)[13]. Peu de temps après, la mort du roi de Bithynie, Nicomède Ier fils de Zipœtès (278-252 ?), offrit à Antiochos II une occasion d’exploiter peut-être avec avantage les troubles suscités par sa succession, que se disputaient les fils de deux lits, et de reprendre les projets qui l’avaient mis naguère en conflit avec Byzance et Héraclée. En mourant, Nicomède avait déshérité Ziaélas, le fils qu’il avait eu d’une première femme Ditizèle, au profit des enfants de sa seconde femme Etazéta, et il avait placé cette espèce de pragmatique sanction sous la protection de Ptolémée, d’Antigone, de Byzance, de Cios et d’Héraclée de Pont. Ziaélas, depuis longtemps chassé de la cour et réfugié en Arménie, en était revenu à la tête de bandes de Galates Tolistoages et avait engagé une lutte finalement victorieuse contre les alliés d’Etazéta. Héraclée fut pillée par ses Gaulois, et ses compétiteurs allèrent chercher asile en Macédoine auprès d’Antigone[14] Du moins, Polybe cite le nom d’un Tibœtès (Zipœtès) réfugié en Macédoine, que les Byzantins en ramenèrent plus tard pour l’opposer à Prusias Ier, fils de Ziaélas[15]. Il a été dit plus haut que la date de la mort de Nicomède Ier est des plus incertaines, oscillant, au gré d’opinions inconciliables, dans une intervalle de plus de dix ans, de 262 à 250. Si la guerre engagée contre l’Égypte avait été une série continue d’opérations militaires, il serait difficile d’admettre que Antiochos II eût pu distraire une partie de ses forces pour essayer de reprendre pied en Thrace et de s’attaquer à une ville aussi puissante que Byzance. Mais la lutte contre l’Égypte, traînant en longueur, a été évidemment dispersée, menée au hasard des incidents, suspendue de temps à autre par des arrêts plus ou moins concertés, parfois reportée sur des comparses. Memnon d’Héraclée, qu’on doit supposer bien informé de l’histoire de sa ville natale ou patrie adoptive, affirme que Ziaélas eut à combattre les renforts envoyés par les curateurs associés à la cause de ses concurrents. Intervenir dans la querelle, c’était encore pour Antiochos une façon de combattre ses propres adversaires. Il paraît avoir prudemment attendu que Ziaélas fût victorieux pour venir à la rescousse en déclarant la guerre aux Byzantins. C’est aussitôt après la paix rétablie en Bithynie que Memnon mentionne l’agression d’Antiochos contre Byzance. Ce fut pour le Séleucide une déception de plus. Les Héracléotes, qu’il pouvait croire à bout de ressources, expédièrent quarante trières an secours de Byzance, et, par leur fait, la guerre n’alla pas plus loin que les menaces. En fin de compte, au bout de sept ou huit ans d’hostilités ondoyantes, dans lesquelles les escarmouches et les surprises remplaçaient les batailles, les deux adversaires songèrent à traiter. Le plus las des deux était Ptolémée : du moins, d’après S. Jérôme, c’est de lui que vinrent les propositions de paix. Il s’apercevait qu’il était en train de perdre par morceaux le protectorat des Cyclades, que lui disputait Antigone Gonatas, parent et allié d’Antiochos. Sans doute, Antigone était pour le moment inquiété par la révolte de son neveu Alexandre fils de Cratère, qui l’obligeait à reconquérir le Péloponnèse [note 1] : mais Ptolémée avait appris à ses dépens qu’Antigone savait poursuivre plus d’une tâche à la fois[16]. Le Séleucide avait des raisons plus graves encore de se prêter à une transaction. Pendant qu’il s’obstinait, en dépit de ses mécomptes, à reconquérir la Cœlé-Syrie, les provinces d’Extrême-Orient se détachaient de son empire : la Bactriane ne lui obéissait plus, et la révolte gagnait la région qui sépare la Bactriane de la Médie. Il s’est passé là, entre 256 et 248 environ, des événements considérables dont nous pouvons nous faire une idée approximative, grâce à quelques textes heureusement complétés par des indications numismatiques. Abstraction faite des anachronismes et contradictions de détail, les textes de Justin et de Strabon s’accordent suffisamment en ce qui concerne la date et l’auteur de la révolte de la Bactriane (Afghanistan septentrional)[17]. Ce fut moins un soulèvement national qu’une défection tramée et accomplie par Diodotos ou Théodotos, satrape de la province, vers 250 avant notre ère [note 2]. Si l’on se met en quête des motifs, il est aisé d’en trouver de plausibles. On sait que, du vivant même d’Alexandre, en 325, des vétérans d’origine hellénique, répartis dans les colonies qu’avait fondées le conquérant dans ces régions frontières, avaient songé à revenir en Grèce. Alexandre, qu’ils croyaient perdu dans l’Inde, en était revenu, et les mécontents n’avaient plus osé remuer ; mais, à sa mort (323), ils avaient déserté, au nombre de plus de vingt mille hommes, ces régions maudites où ils étaient comme déportés. Ces insoumis furent exterminés en Médie par ordre de Perdiccas, et, pendant trois quarts de siècle, il n’y eut plus de troubles dans ces Marches où les villes hellénisées avaient besoin de toutes leurs forces pour résister à la poussée des Touraniens. Mais des rancunes couvaient sous la cendre, nourries à la fois par l’orgueil hellénique des descendants des vétérans et le patriotisme bactrien. La Bactriane se vantait d’être la patrie de Zoroastre [Zarathoustra] : elle avait toujours été, sous les Achéménides, une province privilégiée, une sorte d’apanage royal. Un satrape intelligent a pu exploiter ces vieux souvenirs. Le fait est que les rois bactriens sont toujours considérés par les auteurs comme des Hellènes et distingués à ce titre des Macédoniens. Diodotos choisit pour se proclamer indépendant le moment où Antiochos II était trop engagé dans sa querelle avec Ptolémée II pour pouvoir surveiller l’Extrême-Orient. Cette révolution dut être par conséquent toute pacifique. Il y eut là une période de transition durant laquelle Diodotos reconnut la suzeraineté d’Antiochos et se contenta d’une indépendance de fait. C’est ce qu’attestent les premières monnaies bactriennes, frappées avant la défection ouverte, qui sont encore à l’effigie du roi Antiochos et portent seulement au revers le Zeus Promachos des Diodotides. A partir de 250, Diodotos prit le titre de roi, avec le prédicat de Soter, et substitua son effigie à celle du Séleucide. Il reste cependant un doute sur l’identité du roi Diodotos qui s’arrogea ainsi la pleine souveraineté et qui pourrait être Diodotos II (vers 238). La Sogdiane (Bokhara) au N., la Margiane (Merv) au S.-O. de la Bactriane, durent nécessairement se rallier au nouveau royaume. On dit que Diodotos comptait un millier de villes (?) dans son domaine. L’ébranlement causé par la défection de la Bactriane eut son contrecoup dans les régions limitrophes. Si l’ambition d’un satrape grec avait pu détacher sans coup férir de l’empire syrien une de ses plus fertiles provinces, cet exemple donné par l’étranger était bien fait pour enhardir ceux qui détestaient le joug de l’étranger lui-même. Ainsi éclata en Astauène, ou Astabène, entre les provinces de Parthie (Khorassan) et d’Hyrcanie (Mazanderan), une révolte qui allait donner naissance au royaume des Parthes (vers 249 ou 248 a. C.). En raison des divergences qu’offrent les textes anciens, il faut renoncer à savoir au juste qui étaient et d’où venaient les fondateurs de la dynastie des Arsacides, Arsace et Tiridate. La tradition qui parait la plus ancienne fait d’eux des Scythes qui, à la tête d’une bande de nomades Parnes ou Aparnes appartenant à la tribu des Dahes, envahissent la satrapie de Parthyée ou Parthyène et s’en rendent maîtres, après avoir tué le satrape d’Antiochos. Les Arsacides eux-mêmes ont contribué à modifier cette tradition, de façon à écarter de leurs origines ce nom mal famé de Scythes et à légitimer leur dynastie. Arsace est ainsi tantôt un Bactrien ; tantôt un Parthe qui est Scythe, mais seulement à la façon de ses compatriotes, c’est-à-dire descendant de Scythes amenés dans le pays par les conquérants assyriens ; tantôt un Perse, descendant des Achéménides[18]. La rébellion même d’Arsace et de Tiridate est devenue un acte de légitime défense contre la brutalité lascive du satrape, qu’on appelle tantôt Phéréclès, tantôt Agathoclès, tantôt Andragoras. On sait qu’Andragoras fut nommé satrape de Parthie par Alexandre[19], et des monnaies de ces régions portent en légende le nom d’Andragoras (ΑΝΔΡΑΓΟΡΟΥ) ; mais on ne saurait dire si ces monnaies n’ont pas été frappées par un second Andragoras, celui qu’aurait tué Arsace. En tout cas, le satrape qui battait monnaie à son nom affectait déjà les allures d’un dynaste indépendant, et Arsace ne fit qu’achever le mouvement séparatiste commencé avant lui. D’après les documents cunéiformes, l’ère des Arsacides a pour point de départ l’automne de l’an 248 avant notre ère, date officielle, fixée après coup et qui ne correspond pas nécessairement à la réalité des faits. Il n’est pas probable que les Parthes aient ainsi conquis d’emblée leur indépendance, et il paraît bien que la dynastie ne fut réellement assise que par le second Arsacide (Tiridate), à la faveur des troubles qui réduisirent à l’impuissance le successeur d’Antiochos II [note 3]. Il est prudent d’écarter les versions qui tendent à rattacher les Arsacides aux Achéménides. On voit trop l’intérêt qu’y avait la nouvelle dynastie. D’autre part, il faut se garder d’adjuger tous les Scythes et tous les nomades à la race touranienne, sans autre argument qu’un nom dépourvu de toute signification ethnologique. Les Grecs appelaient Scythes tous les peuples du Nord, comme ils appelaient Celtes tous ceux de l’Europe centrale et Éthiopiens tous ceux de l’Extrême-Sud. Quand même il serait démontré que les Arsacides étaient des Scythes, on n’aurait pas le droit d’en conclure qu’ils n’étaient pas de race iranienne et ne représentaient que par accident la réaction des mœurs et de la religion de l’Iran contre la conquête gréco-macédonienne. Aucun indice ne permet de constater entre les Parthes et leurs rois une hétérogénéité quelconque, pas plus qu’entre les Parthes et leurs voisins de Margiane, Bactriane, Sogdiane, tous pays où le fonds de la population était iranien. Nous ne sommes guère mieux renseignés sur les faits et gestes du fondateur de la dynastie, que les auteurs confondent souvent avec son frère et successeur. Ces confusions sont d’autant plus difficiles à éviter que tous les Arsacides portaient, en tant que rois, le nom d’Arsace, comme tous les Lagides le nom de Ptolémée. C’est ainsi que Justin fait mourir Arsace Ier dans un fige avancé, en pleine paix ; Ammien Marcellin, dans la force de l’âge ; Arrien (cité par le Syncelle), après un court règne de deux ans, dans une rencontre qui aurait coûté la vie au premier Arsacide et obligé le second à chercher un asile chez les Scythes. On ne dit pas si ce combat fut livré à des troupes envoyées par le Séleucide, ou si Arsace n’eut pas peut-être à lutter contre des villes hellénisées, comme la populeuse Hécatompylos, la future capitale, qui ne voulaient pas avoir le Scythe pour maître. De ces humbles commencements, si modestes que les Arsacides n’ont pas cru devoir substituer sur leurs monnaies leur ère dynastique à celle des Séleucides, devait sortir la puissante monarchie qui assura l’indépendance de l’Asie centrale en la défendant à la fois contre les nomades du Nord et les conquérants de l’Ouest. Ainsi l’obstination avec laquelle Antiochos Il s’était buté à l’idée de reprendre la Cœlé-Syrie lui avait coûté une bonne partie de ses provinces orientales. La facilité avec laquelle ce démembrement s’était opéré était d’un fâcheux augure pour l’avenir de la monarchie séleucide. Antiochos le comprit sans doute, car il se hâta de faire la paix avec Ptolémée. Cette fois, ce fut bien un traité en forme, et il fut ou parut être tout à l’avantage d’Antiochos. Autant qu’on en peut juger par les faits postérieurs, Ptolémée abandonnait toute prétention sur les villes ioniennes, et il se dessaisissait de ce qu’il avait pu prendre sur les côtes de Cilicie et de Pamphylie. Quant à la Cœlé-Syrie, objet principal du litige, les clauses la concernant sont enveloppées pour nous dans les mystérieuses combinaisons que suppose l’étrange marché proposé par Ptolémée et accepté par Antiochos. Si le Lagide se montrait facile aux concessions, c’est qu’il entendait contracter alliance avec le Séleucide ; il lui offrit la main de sa fille Bérénice. Sans doute il avait fait de ce mariage une condition expresse du traité, et il avait dû y attacher des avantages plus capables de séduire Antiochos que les charmes d’une princesse qui avait largement dépassé la trentaine[20]. Antiochos était marié avec sa sœur Laodice, et de cette union étaient nés des enfants légitimes [note 4]. Philadelphe, qui avait épousé sa sœur, la défunte Arsinoé II, ne pouvait trouver irrégulier le ménage royal et prétendre disqualifier les fils de Laodice. Il est difficile cependant de lui prêter d’autre, arrière-pensée que le désir d’introduire la discorde au foyer du Séleucide et d’en profiter. L’appât tendu était la dot promise à Bérénice, dot digne de l’opulence proverbiale de son père, et si magnifique que la princesse égyptienne fut appelée la porte-dot. N’y avait-il pas joint une concession qui expliquerait beaucoup mieux qu’Antiochos ait cru tirer de ce mariage un bénéfice évident, incomparable, tel enfin que Laodice elle-même le reconnaîtrait et accepterait à ce prix sa déchéance ? C’est faire beaucoup d’honneur à saint Jérôme que de peser et retourner en tous sens chaque mot de son texte ; mais enfin, il y est dit que Ptolémée accompagna sa fille jusqu’à Péluse. Il semble que Péluse soit à ce moment sa frontière et qu’il considère la Cœlé-Syrie comme ne lui appartenant plus. La cession de cette province, sans cesse revendiquée et convoitée par les Séleucides depuis un siècle et demi, aurait donc été l’irrésistible séduction qui emporta le consentement d’Antiochos II comptant sur l’adhésion présumée de Laodice. La Cœlé-Syrie, apanage de Bérénice, serait désormais rattachée aux possessions des Séleucides en la personne de Bérénice, comme une sorte d’État neutre intercalé entre les deux royaumes, qui passerait après elle à ses enfants. Cette théorie spécieuse, ou quelque autre analogue, comme celle qui plus tard fit prélever sur la Cœlé-Syrie la dot de Cléopâtre, fille d’Antiochos III, décida Antiochos II à courir le risque d’offenser cruellement sa sœur-épouse et de s’aliéner l’affection de ses enfants. § II. — LA VENGEANCE DE LAODICE. Ce qui est certain, c’est que le mariage se fit, à une date qui flotte aux environs de 250. Il n’est pas nécessaire d’admettre, sur la foi de Jérôme, que Antiochos ait formellement répudié Laodice, déclarant qu’il prenait Bérénice pour reine et gardait Laodice comme concubine : ainsi que Stratonice sous le règne précédent, Laodice passait au rang de reine douairière, diminuée sans doute, mais non disqualifiée. Si l’on peut se fier à la date maintes fois discutée de l’inscription de Durdurkar en Phrygie, il semble qu’Antiochos II voulut consoler sa chère sœur la reine Laodice en lui décernant les honneurs divins et un culte officiel associé au sien. Il prodigue à Laodice les éloges et les expressions affectueuses dans cette lettre adressée à Anaximbrotos, satrape ou stratège de Phrygie, pour lui enjoindre d’organiser le nouveau culte, dont la prêtresse sera — dans sa province — Bérénice, fille de Ptolémée fils de Lysimaque, apparentée à la dynastie [note 5]. Ce décret, qui a dû être signifié de même dans les autres satrapies, sera gravé sur le marbre et exposé dans les localités les plus marquantes, afin, dit le roi, que maintenant et par la suite apparaisse évidente pour tous, même en ces choses, notre intention à l’égard de notre sœur[21]. Mais Laodice goûta peu cette façon de l’ensevelir prématurément dans l’apothéose. Pendant que Bérénice entrait avec une suite brillante à Antioche, elle s’éloigna, la rage au cœur, emmenant avec elle ses enfants à. Éphèse, qui paraît avoir été sa résidence ordinaire. Ses fils étaient en âge de comprendre l’outrage fait à leur mère et le tort fait à leurs droits. Le cadet, Antiochos, n’avait que huit ans environ ; mais l’aîné, Séleucos, était un adolescent destiné à affronter bientôt de rudes épreuves. Il faut croire qu’Antiochos oublia auprès de sa nouvelle épouse les dommages qu’avait subis son autorité dans l’Extrême-Orient ; il n’est aucunement question d’une entreprise quelconque exécutée ou préparée par lui dans les dernières années de son règne. Échangea-t-il réellement des politesses avec le roi de Patalipoutra, Açoka Piyadasi, apôtre zélé du bouddhisme, qui se flatte d’avoir concilié à sa propagande la faveur des princes occidentaux, y compris le roi des Iona Antiyaka, il se peut [note 6]. Depuis le temps de Séleucos Ier et de Tchandragoupta, les Séleucides entretenaient des relations pacifiques avec les rois de l’Inde et ne songeaient plus à leur disputer ce morceau de l’empire d’Alexandre. Les anecdotiers se sont chargés de trouver des occupations à Antiochos II. Ils parlent de ses débauches et orgies, de ses mignons, du médecin que Ptolémée lui avait donné pour veiller sur sa santé, et autres bavardages pillés pour la plupart dans Phylarque de Naucratis, un contemporain qu’on soupçonne d’avoir été l’organe du parti égyptien[22]. C’est cependant de Polybe lui-même qu’Athénée dit tenir un détail assez curieux de la vie privée des souverains à Antioche. Ptolémée, paraît-il, envoyait à sa fille Bérénice de l’eau du Nil, afin qu’elle n’en bill pas d’autre que de ce fleuve. Si l’eau du Nil avait alors, comme plus tard, la réputation d’être prolifique, on dut penser que Ptolémée voulait supplanter à bref délai, par des héritiers de son sang, les enfants de Laodice. Quand nous retrouvons Antiochos deux ou trois ans plus tard, vers 247, père d’un nouvel héritier que lui a donné Bérénice, il est en Asie Mineure, non loin d’Éphèse, et nous rencontrons dans son entourage Sophron, le gouverneur d’Éphèse, dont la femme ou la maîtresse, Danaé, était, au rapport de Phylarque, sur le pied d’intimité avec Laodice. D’après S. Jérôme, Antiochos, ressaisi par son amour pour Laodice, la ramena à sa cour (regiam) avec ses enfants. On peut prendre avec ce texte la liberté de croire qu’Antiochos ne ramena pas sa première femme à Antioche, mais qu’il se plut dès lors à l’aller visiter souvent à Éphèse. Ce retour de tendresse pour sa famille délaissée pourrait bien avoir coïncidé avec la mort de Philadelphe (246). Antiochos se sentait délivré d’une surveillance qui lui avait longtemps pesé et libre d’essayer de quelque expédient pour concilier ses anciennes affections avec ses nouvelles obligations. Alors commence une tragédie domestique en plusieurs actes, encombrée d’assertions contradictoires, et qu’il est impossible d’amener à l’état de récit purgé de conjectures. On ne sait oui situer le premier acte, qui se passa probablement à Éphèse, chez Laodice. Après avoir fait sans doute reconnaître officiellement ses droits d’épouse légitime et ceux de ses enfants, elle aurait jugé bon de rendre irrévocable cette espèce de testament en faisant empoisonner Antiochos. On ne put croire qu’un homme de quarante ans, mais miné par les excès et relevant d’une grave maladie, fût mort de mort naturelle. Phylarque ajoute à l’assassinat une supercherie imaginée pour tromper l’opinion sur les volontés dernières du roi. Cachant le cadavre encore chaud, Laodice aurait fait coucher dans le lit royal un certain Artémon, qui ressemblait d’une façon frappante au défunt, et c’est ce prétendu moribond qui, en présence d’une grande affluence de peuple, aurait recommandé à la loyauté de ses fidèles sujets Laodice et ses enfants[23]. Mais la vengeance de Laodice n’était pas complète. Elle aurait voulu frapper tous ceux qui avaient contribué ou applaudi à sa disgrâce, et surtout sa rivale, qui trônait à Antioche. A Antioche, où l’Égyptienne n’avait jamais été populaire, les gardes du corps, spontanément peut-être ou gagnés par Laodice, tuèrent le fils de Bérénice. On raconte qu’en apprenant ce forfait, Bérénice monta sur son char, et, fendant les flots d’une foule hostile, se lança à la poursuite du meurtrier, un certain Cæneus. Elle le manqua avec sa lance, mais l’abattit d’un coup de pierre et fit passer sur le corps les roues de son char[24]. Polyen, qui voit des stratagèmes partout, prétend que les assassins usèrent de supercherie. Ils promenèrent par les rues, en grand appareil, un autre enfant, pour tromper le peuple et la reine. Ils persuadèrent ainsi à Bérénice que l’agitation se calmerait si elle se retirait, avec une garde de mercenaires gaulois, dans le château-fort de Daphné : puis, quand la reine, sur le conseil de son médecin Aristarque, eut accepté le pacte, ils l’assiégèrent et la mirent à mort. Suivant Justin, Bérénice, sachant que des assassins avaient été envoyés par Séleucos II pour la tuer, s’enferma à Daphné avec son fils. Elle y fut assiégée ; mais elle aurait pu résister jusqu’à l’arrivée des secours que lui expédiaient en toute hâte les cités d’Asie, émues de son infortune, et son frère Ptolémée, si elle n’avait été prise par trahison. L’infortunée Bérénice fut massacrée au milieu de ses femmes, dont bon nombre périrent avec elle. Polyen croit savoir qu’après ce massacre, quelques suivantes substituèrent au cadavre de Bérénice une figurante dont elles firent semblant de panser les blessures et maintinrent ainsi dans le devoir la population d’Antioche jusqu’à l’arrivée de Ptolémée. Ptolémée —qui est pour Polyen le vieux Philadelphe — entre dans le jeu des rusées commères, envoie dans les provinces des messages au nom de Bérénice et de son fils et s’empare ainsi sans coup férir de tout l’empire séleucide depuis le Taurus jusqu’aux frontières de l’Inde ! Il faut laisser ces étranges histoires aux compilateurs qui les ont recueillies. Que Bérénice fût ou non morte quand les nouvelles d’Antioche parvinrent à Alexandrie, elle allait être vengée, non par un vieillard cauteleux et des soubrettes effrontées, mais par son frère Ptolémée III, le seul homme de guerre — et encore ne le fut-il que par occasion — qu’ait produit la dynastie des Lagides. |
[1] Phylarque, fr. 7 (FHG., I, pp. 535-53G) : cf. Ælien, Var. Hist., II, 41. Pytherm., fr. 2, in FHG., IV, p. 488. On s’accorde, depuis Niebuhr, à reconnaître ici Antiochos II et non Antiochos Ier.
[2] Polyen, IV, 16, 1. Voyez Droysen, III, pp. 303-309. Plaçant entre 263 et 260 la mort de Nicomède Ier de Bithynie, Droysen associe l’expédition de Thrace (contre les Thraces et les Galates) à la guerre contre Byzance, et admet que la Syrie prit enfin formellement possession du sud de la Thrace, c’est-à-dire d’une région allant jusqu’au territoire de Byzance d’un côté et, de l’autre, jusqu’aux frontières de la Macédoine. Niese (II, p. 137-138) et R. Bevan (I, p. 176), en abaissent la date vers 255 (Niese) et 250 (Bevan). La prise de Cypséla attribuée à Antiochos Hiérax (Niebuhr, Ad. Schmidt).
[3] Polybe, XVIII, 34, 5.
[4] Hieronym., In Dan., 11, 6.
[5] Strabon, XVI, p. 154.
[6] Justin, XXVI, 3.
[7] Justin, loc. cit. La date ne peut pas être placée longtemps après 258. Bérénice, que Catulle appelle parva virgo (LXVI, 26), pouvait alors avoir une quinzaine d’années (?), donc nubile, et la raison qui retardait le mariage fut bien vite notoire.
[8] En 265/4, date de la mort du roi de Sparte Areos (Diodore, XX, 29, 1).
[9] Eusèbe, I, p. 249 Sch. Justin, XXVIII, 1, 2.
[10] Joseph., Ant. Jud., XII, 3, 2.
[11] Sur l’identité problématique de ce Ptolémée, voyez Hist. des Lagides, I, pp. 206-203. L’autre thèse, Ptolémée fils de Lysimaque et d’Arsinoé adopté par Philadelphe, a rallié aussi des suffrages. Dittenberger (OGIS., I, pp. 354-355) me parait avoir dit le dernier mot. On rencontrera malheureusement plus loin une autre énigme, greffée sur celle-ci, à propos de Ptolémée de Telmesse.
[12] Trogue-Pompée, Prol., 26. Appien, Syr., 65. Athénée, XIII, p. 593 b. La liberté et la démocratie restituées à Milet (Dittenberger, OGIS., 226). Peut-être est-ce Antiochos II qui assiégea Éphèse, avec l’appui d’une flotte rhodienne (Frontin., Strateg. III, 9, 10).
[13] Eusèbe, I, p. 251. Diodore, XXXI, 19, 6. Strabon, XII, p. 534.
[14] Memnon, 22 (FHG., III, p. 537-538).
[15] Polybe, IV, 50.
[16] Il est presque inutile d’avertir que la concordance entre des dates toutes discutables est des plus problématiques. L’écart des opinions va de 265 (Droysen) à 245 (de Sanctis) ! Je me rallie à l’opinion moyenne, qui place la défection d’Alexandre entre 252 et 250.
[17] Justin, XLI, 4. Strabon, XI, p. 515.
[18] D’après Suidas (s. v. Σώστρίς), les Parthes descendaient de 50.000 Scythes amenés par Sésostris, roi d’Égypte, soi-disant conquérant de toute l’Asie et de l’Europe. Le nom patronymique, Arsace, est un diminutif d’Artaxerce.
[19] Justin, XII, 4, 12. Il faut dire que l’existence d’un premier Andragoras est assez problématique. Il a pu être inventé pour justifier les prétentions du contemporain d’Antiochos II.
[20] Elle était fille d’Arsinoé I fille de Lysimaque, répudiée par Philadelphe, au plus tard en 218/7 a. C.
[21] Inscr. publiée en 1885 par Holleaux et Paris (BCH., IX, p. 324 sqq.) ; Michel, 50. Dittenberger, OGIS., 224. Pour la date, le débat est entre A. II et A. III. L’identité de ce Ptolémée fils de Lysimaque, celle de Bérénice, etc., autant de questions litigieuses qui s’enchevêtrent, depuis Ptolémée d’Éphèse jusqu’à Ptolémée de Telmesse (ci-après, ch. VI).
[22] Athénée, II, p. 45 c. Pline, VII, §123. XXIX, § 5. cf. Droysen, III, pp. 362-3.
[23] Voyez Histoire des Lagides, I, pp. 246-248. Les textes dans Hieron., In Dan., II, 6. Phylarque ap. Athénée, XIII, p. 593 b. Pline, VII, § 53. Val. Maxime, IX, 14, Ext. 1. Justin, XXXII, 1. Appien, Syr., 65. Polyen, VIII, 50. Eusèbe Arm., I, p. 251 Schœne. Eusèbe ne parle pas de poison ; le fait était donc discutable. On assure que la ruse de Laodice fut imitée plus tard par l’impératrice Plotine, pour faire adopter Hadrien par Trajan après décès.
[24] Valère Maxime, IX, 10, Ext. 1. Jérôme croit savoir que le crime a été commis, à l’instigation de Laodice, par Icadion et Genneus (= Cæneus) Antiochiæ principibus. Polyen donne le nom du médecin Aristarque, qui trompa Bérénice, et les noms des suivantes, Panariste, Mania et Géthosyne, qui cachèrent la mort de leur maîtresse et avertirent Ptolémée (πατήρ τής άνηρημένης, c’est-à-dire Philadelphe). Jérôme parait croire aussi que Philadelphe était encore en vie, mais il ne le fait pas venir en Syrie (occisa Berenice et mortuo Ptolemæo Philadelpho patre ejus in Ægypto).